Annexes
p. 307-318
Texte intégral
ANNEXE I
Notices biographiques des épistolières et mémorialistes
Adélaïde Augé de Luzarche
1Adélaïde Augé de Luzarche est une femme dont on sait peu de choses. Elle est une amante parisienne d’André-Jean-Louis Perrinet Des Franches, le comte de Bossey (1753-1794), colonel des gardes suisses et fils de Charlotte de Bégon. Pour les années 1770, on dispose de sa brève correspondance avec cet homme. On ne sait rien de sa situation matrimoniale lors de ces échanges. Elle souhaite, dans tous les cas, avoir un enfant avec lui.
2Sources : correspondance active d’Adélaïde Augé de Luzarche avec son amant, 1770.
Charlotte de Bégon, épouse Perrinet Des Franches
3Charlotte-Louise de Bégon (1729-1796) est la fille de Jean de Bégon, bourgeois genevois et de Louise Gourgas. De confession protestante, elle est très religieuse. Elle épouse, en 1749, Horace-Bénédict Perrinet Des Franches (1725-1791) issu d’un lignage de négociants et de financiers. Avocat genevois établi à Paris, il y est chargé des intérêts de la République helvétique de 1776 à 1785. Ami de Mme Geoffrin et de la marquise de La Ferté-Imbault, sa fille, il fait aussi partie des administrateurs de la Manufacture royale des glaces. Au cours des années 1770, Charlotte veut rejoindre son mari à Paris et lui en demande l’autorisation. Lui semble atterré par ce projet, sans que l’on sache exactement la nature de leur conflit. Théodore Tronchin, ami d’Horace, écrit même une lettre à Charlotte pour lui dire les conséquences de sa venue sur la santé de son époux. Cela n’arrange en rien les relations de cette femme avec le médecin, qu’elle consulte toutefois pour ses maux. L’intérêt de la correspondance de Charlotte de Bégon avec son époux et avec son fils André-Jean-Louis Perrinet Des Franches (1753-1794), colonel des gardes suisses, au cours des années 1770-1780 repose sur l’expression d’un fort sentiment d’isolement et d’abandon qui imprègne la narration de ses maux. Ses plaintes se font nombreuses et ses jugements sur les capacités des médecins et des chirurgiens parfois très acerbes. Elle livre également un témoignage éclairant de sa propre vision de la ménopause, n’hésitant pas à s’opposer aux dires des médecins.
4Sources : correspondance active de Charlotte de Bégon avec son époux et son fils, 1770-1780 ; consultation épistolaire de Charlotte de Bégon adressée à Théodore Tronchin.
Jeanne Bellamy, épouse Prévost
5Jeanne Bellamy (1725-1785) appartient à une bonne famille genevoise qui lui fait épouser, à l’âge de vingt et un ans, le ministre Abraham Prévost (1716-1784). Tous deux résident dans un appartement de la cour Saint-Pierre à Genève. Ils ont deux fils : René (1749-1816) et Pierre (1751-1839). Femme cultivée, lectrice de Buffon, de livres pieux, mais aussi du Journal encyclopédique et du Journal des beaux-arts, Jeanne souffre visiblement d’habiter en ville. Enfermée dans les murs de Genève, elle aimerait rejoindre « sa » campagne, Saconnex. Ses journées sont parfois monotones, rythmées des « embarras de ménage », de promenades et de visites à sa société. Elle se plaît alors à magnifier la vie champêtre et ses bienfaits sur la santé. Cette femme vieillissante livre aussi un témoignage rare du vécu de la ménopause et de ses conséquences dans un journal rédigé à l’âge de quarante-sept ans. On dispose également du journal d’éducation composé par son fils aîné pour ses deux enfants, éclairant les soins infantiles et l’adhésion aux théories rousseauistes.
6Sources : journal de Jeanne Bellamy-Prévost (1772-1773), journal d’éducation des enfants de René Prévost (1780).
Julie Bondeli
7Julie Bondeli (1732-1778) est une femme de lettres bernoise. Fille de Friedrich, du Grand Conseil, et de Julie Berseth. Elle reçoit une éducation rare pour l’époque en langues, mathématiques et philosophie. Grande lectrice, Julie est au fait des débats philosophiques européens et s’intéresse aussi aux sciences et à l’économie. Dans les années 1750-1760, elle anime un salon à Berne où se pressent les patriciens éclairés, des bourgeois, des savants reconnus et quelques femmes de l’aristocratie. Julie entretient une correspondance suivie avec Johann Zimmermann, Sophie La Roche, Leonhard Usteri, Johann Kaspar Lavater, Christoph Martin Wieland ou encore Jean-Jacques Rousseau. Plutôt que de se marier, elle fait le choix de demeurer célibataire et meurt à l’âge de quarante-six ans. Ses échanges avec le médecin Johann Zimmermann renseignent les liens d’amitié tissés entre praticiens et patientes, comme les pratiques de recommandation des femmes aisées.
8Sources : correspondance de Julie Bondeli avec son ami et médecin Johann Zimmermann (1760).
Catherine Chandieu, épouse Charrière de Sévery
9Catherine-Louise-Jacqueline Chandieu (1741-1796) descend en ligne directe d’Antoine Chandieu, théologien et aumônier de Henri IV, et du lieutenant général Charles Chandieu. Elle est la tante de Benjamin Constant et l’aînée des quatre filles de Benjamin Chandieu, coseigneur de l’Isle, capitaine d’une compagnie au régiment suisse de Bettens, en France, et de Marie de Montrond. En 1766, âgée de vingt-cinq ans, elle épouse Salomon Charrière (1724-1793), seigneur de Sévery et de la coseigneurie de Mex. Il officie en tant que gouverneur du comte Frédéric-Guillaume, fils du prince régnant d’Isenbourg-Birstein, puis du prince héréditaire de Hesse-Castel (futur landgrave Guillaume IX) et de ses deux frères, avant de devenir conseiller privé dudit landgrave en 1772, puis chambellan de la princesse royale Marie d’Angleterre. Membre des deux Conseils de Lausanne, il est aussi capitaine de milices de Leurs Excellences de Berne. Catherine Charrière est très liée à son époux – en dépit de ses infidélités – comme en témoignent ses lettres et sa profonde tristesse lors de son décès. Ils ont ensemble deux enfants, Guillaume l’aîné (1767-1838) et Angletine (1770-X). Cette femme anime un salon rue du Bourg à Lausanne où se presse la bonne société lausannoise, ainsi que l’ami de la famille Samuel-Auguste Tissot. Catherine est très intéressée par les sciences médicales et a conservé, aidée de sa famille, plusieurs centaines de recettes médicinales.
10Sources : correspondance d’Élisabeth Charrière avec des membres de son entourage, sa mère Françoise Chandieu, sa sœur Anne de Nassau, sa tante Angletine Chandieu-Villars, ses amies Mme Polier de Corcelles et Mme Crommelin (1760-1770), journal intime de Catherine Charrière (1750-1790), réflexions laissées à ses enfants (1790).
Angletine Charrière de Sévery, épouse Effinger de Wildegg
11Angletine-Livie-Wilhelmine (1770-1848) est la fille de Salomon et de Catherine Charrière de Sévery. Elle hérite de sa mère sa pratique compilatoire (de nombreuses recettes de sa main ont été conservées) et l’habitude de tenir un journal intime. Commencé à l’adolescence, ce dernier renseigne l’acquisition des savoirs de santé dès le plus jeune âge. Il est aussi l’occasion de marquer d’une croix la périodicité de ses règles. Angletine ne se marie qu’à trente-quatre ans, contrairement aux usages de son milieu voulant que les femmes se marient assez jeunes. Tout au long de ses années de célibat, elle entretient une correspondance avec Pauline Liquier, épouse d’Albis (1769-1832). Elle épouse finalement Sigismond-Bernard-Guillaume Effinger de Wildegg, seigneur de Holderbank (Argovie), ancien capitaine au service des Pays-Bas et membre du Conseil de la ville et république de Berne, avec qui elle n’a pas d’enfant. Comme sa mère, elle est une amie et une patiente de Samuel-Auguste Tissot.
12Sources : correspondance passive avec Pauline d’Albis (1780-1790), recettes médicinales d’Angletine Charrière (xviiie-xixe siècle), journal intime d’Angletine (1780-1790).
Élisabeth Du Clerc, épouse Charrière de Sévery
13Élisabeth Charrière (1700-1754) est la fille de Marie et de Jean Du Clerc, médecin de Castres. De confession protestante, il quitte la France pour Lausanne en 1688. Élisabeth est née en Suisse, mais est marquée par la culture du Sud-Ouest français ; elle parle d’ailleurs l’occitan. Son père lui a certainement donné le goût des sciences médicales, car elle ne cesse de dispenser des conseils de santé. À l’âge de vingt ans, en 1720, elle épouse Frédéric Charrière (1699-1730), seigneur de Sévery. Ensemble, ils ont trois enfants : Henriette, qui meurt en bas âge l’année suivant le mariage, Jean-Charles, né en 1722, qui subit le même sort que sa sœur, et Salomon Charrière, né en 1724, seul enfant survivant du couple. À la mort de son mari en 1730 de la petite vérole, Élisabeth se voue entièrement à l’éducation de son fils. On dispose de leur correspondance de 1740 à 1752, alors que Salomon est âgé de seize à vingt-huit ans. Âgée d’une cinquantaine d’années lors de la rédaction de ces lettres, Élisabeth mentionne petit à petit la vieillesse qui l’assaille. Elle évoque les troubles du corps et en propose souvent une lecture religieuse. Avec son fils, elle a noué une relation complice et n’hésite pas à lui demander de faire le récit de ses amours. Elle s’entretient aussi avec lui de divers médecins, parmi lesquels Samuel-Auguste Tissot et Théodore Tronchin, mais aussi d’empiriques, montrant la diversité des thérapeutes sollicités. Élisabeth Charrière décède en 1754, avant que son fils ne soit marié.
14Sources : correspondance d’Élisabeth Charrière avec son fils Salomon (1740-1750), livre de comptes d’Élisabeth Charrière (1740).
Félicité Du Crest de Saint-Aubin, épouse de Genlis
15Félicité Du Crest de Saint-Aubin, comtesse de Genlis et marquise de Sillery (1746-1830) est la fille de Pierre Ducrest, criblé de dettes de jeu. Sa tante, Mme de Montesson, l’introduit à la cour après son mariage secret avec le comte de Genlis (1737-1793) qui fait scandale. Ils auront ensemble quatre enfants. Âgée de vingt et un ans, elle ouvre son salon à Paris où elle reçoit notamment Jean-Jacques Rousseau. Elle est ensuite nommée dame de compagnie de la duchesse de Chartres et devient la maîtresse du duc de Chartres, futur Philippe Égalité (1747-1793). Quelques années plus tard, Félicité se lance dans la carrière littéraire en écrivant des comédies pour ses deux filles aînées, Caroline et Pulchérie. Ces écrits coïncident avec son retrait de la vie mondaine : Félicité se replie à Bellechasse où elle apprécie l’intimité de son bureau. En 1782, elle est nommée gouverneure des princes de la maison d’Orléans, poste jusqu’ici toujours dévolu à un homme. Félicité expose ses talents d’éducatrice dans Adèle et Théodore. Partisane de Jean-Jacques Rousseau, elle promeut toutefois une éducation religieuse précoce. Son aversion pour Marie-Antoinette et Mme de Polignac, de même que ses divergences avec certains philosophes, la maintiennent hors de la cour, mais elle peut compter sur le soutien du duc de Chartres. À la fin de sa vie, Mme de Genlis exprime une nostalgie profonde et renie les idées réformistes dans ses mémoires (publiés en 1825) rédigés avec l’appui de ses journaux intimes. Elle y décrit la sénescence physique (Félicité est âgée de soixante-six ans au début de la rédaction) et y témoigne de son goût immodéré pour la lecture, notamment d’ouvrages médicaux.
16Sources : mémoires de Félicité de Genlis.
Élisabeth Daliès, épouse Du Bourg
17Élisabeth Du Bourg (1721-1794) est une femme de la noblesse toulousaine catholique, fille de Jeanne Brunet de Pujols de Castelpers et de François Daliès, seigneur de Mondonville. Âgée de vingt-quatre ans, elle se marie avec Valentin Du Bourg (1720-1778), futur président à mortier du parlement de Toulouse. Leur union est heureuse et ils ont une nombreuse descendance. L’aîné, Mathias (1746-1794), tient une place centrale parce qu’il partage avec sa mère la passion des sciences médicales. Ensemble, ils mettent au point des expérimentations, s’enthousiasment des découvertes d’Anton Mesmer et du somnambulisme. Ils partagent aussi un secret : leur engouement pour l’illuminisme et leur participation aux Élus Cohen. Au gré des lettres qu’elle échange notamment avec son amie Marie de Livry sur plusieurs décennies, on voit apparaître les enfants d’Élisabeth et les relations qu’elle entretient avec eux. Philippe Du Bourg (1751-1822), en pension au collège d’Harcourt, n’échappe par pour autant à la surveillance et aux soins de sa mère. De ces filles et belles-filles, il est moins question, si ce n’est à l’occasion de leurs accouchements et fausses couches. Son fils cadet, Bruno (1761-1812), est en revanche très présent : fruit d’une grossesse tardive, il est l’objet de mille attentions et permet à Élisabeth de suivre les préceptes rousseauistes.
18Sources : correspondance familiale d’Élisabeth Du Bourg (1760-1790), correspondance de Marie de Livry avec Élisabeth Du Bourg (1760-1790), inventaire des biens de la famille Du Bourg, recettes médicinales et autres documents médicaux.
Catherine Duclos, épouse Polastron La Hillière
19Catherine Duclos est la fille de M. Duclos, conseiller au parlement de Toulouse. Elle épouse, en 1743, Jean-François-Joseph Polastron La Hillière avec qui elle a quatre enfants. Dans sa correspondance avec son directeur spirituel, malheureusement anonyme, elle évoque ses problèmes personnels – elle répugne à se soumettre au devoir conjugal – et même sa pratique de la masturbation. L’homme d’Église demeure intraitable et la sermonne à de nombreuses reprises. Cet échange rare est l’occasion de considérer le discours religieux sur la sexualité et d’approcher des pratiques tues dans les écrits du for privé.
20Sources : correspondance passive de Catherine Polastron La Hillière avec son directeur spirituel (1740), correspondance familiale (1740-1750).
Sophie Effinger de Wildegg, épouse d’Erlach
21Sophie Effinger de Wildegg (1766-1840) est la fille de Niklaus Albrecht von Wildegg (1735-1803), membre du Grand Conseil de Berne, et de Katharina Sophie von Graffenried, fille de Sigmund, capitaine au service des Provinces-Unies. La mère de Sophie meurt alors qu’elle est en bas âge. Son père se marie en 1770 avec Magdalena Élisabeth Tscharner, puis conclut un troisième mariage avec Rosina von Bonstetten en 1778. Se souciant visiblement peu de sa fille, c’est la grand-mère maternelle, d’origine hollandaise, qui élève Sophie. À sa mort, elle est placée dans une institution à Genève. Son père l’emmène ensuite dans ses voyages, en Hollande et en France notamment. À l’âge de seize ans, en 1782, elle épouse Abraham Friedrich von Erlach (1761-1845) avec qui elle ne s’entend pas. Il est le fils d’Abraham IV (1716-1782) et de Suzanne de Masson (1735-1805). En 1782, elle met au monde une fille, Adélaïde-Sophie d’Erlach (1787-1818), puis un fils, Albert-Friedrich von Erlach (1788-1816). Subissant un isolement pesant et l’absence continuelle de son époux, elle livre le tableau d’une maternité contrariée témoignant des aspirations des femmes bercées par les ouvrages rousseauistes, comme des méandres de la vie conjugale. Elle raconte notamment ses deux couches, poignantes de solitude. Sophie consulte Samuel-Auguste Tissot ainsi que l’empirique Schüppach, et est très réservée quant aux mérites d’Anton Mesmer.
22Sources : mémoires de Sophie d’Erlach, copiés par William Charrière au début du xxe siècle.
Marie-Thérèse Geoffrin, épouse de La Ferté-Imbault
23Marie-Thérèse est la fille de François-Louis Geoffrin (1665-1749), écuyer et lieutenant-colonel des milices bourgeoises de Paris, administrateur de la Manufacture royale des glaces de Saint-Gobain, et de Marie-Thérèse Rodet (1699-1777), plus connue sous le nom de Mme Geoffrin. Elle épouse en 1731 Philippe-Charles d’Estampes, marquis de La Ferté-Imbault (1712-1737), colonel de cavalerie. Marie-Thérèse met au monde Marie-Charlotte d’Estampes en 1736. Sa vie est ensuite frappée d’une succession de décès : son beau-père, puis son époux. La jeune veuve décide de ne pas se remarier et de vivre rue Saint-Honoré avec sa mère et sa fille. Mais cette dernière meurt à son tour d’une phtisie à l’âge de treize ans, en 1749, suivie de M. Geoffrin, son père. Marie-Thérèse fréquente à cette époque le cardinal de Bernis, le prince de Condé, les Pontchartrain, la princesse de La Roche-sur-Yon, le roi de Pologne Stanislas Leczinski ou encore Mme de Pompadour. Elle côtoie l’entourage de Mme Adélaïde grâce à Mme de Marsan. En 1771, Marie-Thérèse devient préceptrice de philosophie auprès de Mme Élisabeth et de Mme Clotilde. Elle est également une membre active du Sublime Ordre des Lanturelus qui attire gens du monde et diplomates étrangers jusqu’au seuil de la Révolution. Marie-Thérèse tente d’impulser une dynamique antiphilosophique au sein de ce cercle pour freiner l’influence grandissante des philosophes au Parlement, mais c’est un échec. Dans sa correspondance avec son petit-cousin Louis d’Estampes (1735-1815), elle met en scène de la vieillesse, au cours des années 1770-1780, pendant lesquelles elle a entre cinquante-cinq et soixante-cinq ans. On y retrouve la gaieté et l’humour célèbres de cette femme.
24Sources : correspondance active avec le marquis d’Estampes (1760-1780).
Élisabeth Gilly, épouse de Jaucourt
25Élisabeth-Sophie Gilly (1735-1774) est la fille unique de Simon Gilly, ancien député de la province du Languedoc, directeur de la Compagnie des Indes, et de Marie-Anne Harenc. Elle épouse en 1752 Louis Pierre, comte de Jaucourt (1726- 1813). Elle subit plusieurs fausses couches ou des naissances d’enfants non viables, ce qui encourage sa belle-mère, Suzanne de Jaucourt, à s’immiscer dans la gestion de la descendance de son fils par ses conseils et ses exhortations. La naissance d’Élisabeth-Suzanne en 1755 et de François-Arnail deux ans plus tard ne modèrent pas les intrusions de la belle-mère qui ne cesse de rappeler la nécessité d’avoir une nombreuse descendance. Les tensions qui apparaissent entre les deux femmes, mais aussi la place de Louis de Jaucourt, révèlent les contraintes qui pèsent sur le corps génésique et la gestion familiale de la reproduction. Pour autant, Élisabeth fait montre d’une grande indépendance en décidant de se faire inoculer sans l’accord préalable de son époux, indiquant ainsi sa grande détermination à décider de ses soins.
26Sources : correspondance d’Élisabeth et Louis de Jaucourt avec Suzanne de Jaucourt (1750), consultation épistolaire d’Élisabeth adressée à Théodore Tronchin.
Élisabeth Guiguer, épouse de Mestral
27Élisabeth-Sophie Guiguer (1748-1801) est la fille de Jean-Georges Guiguer, baron de Prangins, et d’Élisabeth Darcy. Elle épouse en 1768 Charles-Albert de Mestral (1740-1809). Ils ont ensemble quatre enfants au cours des années 1770 à 1778 : Henri, Armand, Charles et un dernier fils qui meurt âgé de neuf jours. Après avoir élevé ses trois garçons, Élisabeth, très pieuse, se plaît à mener l’éducation de sa nièce Mathilde Guiguer, née en 1787. On dispose de sa correspondance avec elle des années 1790 à sa mort en 1801. Mathilde est très jeune quand leur échange commence. Elle reçoit de sa tante une véritable éducation épistolaire touchant divers sujets : morale calviniste, vie quotidienne, valeurs familiales, économie domestique, éducation des enfants… Élisabeth entend former une jeune femme digne de son rang, aussi instruite et modeste que doit l’être une femme animée de principes pieux. L’intérêt de ce témoignage repose sur la mise en valeur des dynamiques de transmission des savoirs de santé. On dispose également du livre de raison d’Élisabeth Guiguer au cours de l’année 1780 ; elle y énumère les thérapeutes sollicités.
28Sources : correspondance d’Élisabeth Guiguer avec sa nièce Mathilde (1790-1800), livre de raison d’Élisabeth Guiguer (1780).
Charlotte d’Heiden, épouse de Schwerin
29Charlotte-Louise de Schwerin (1684-1732) est une femme de la noblesse terrienne du duché de Clèves, de confession calviniste. Elle est la fille de Johann Sigismund, baron de Heyden et d’Anna Quad von Landskron qui décède deux ans après sa naissance. Charlotte est élevée par sa tante, Élisabeth Van Arnhem, à Rosendael. Son père se remarie en 1691 avec Louise de Schwerin. La fillette voyage à Paris et à La Haye et lorsqu’elle a douze ans, le père de sa belle-mère la demande en mariage pour son fils Friedrich, âgé de dix-huit ans. Au cours des huit années qui séparent la promesse de mariage de la célébration de l’union, Charlotte séjourne à Berlin et est introduite à la cour de Prusse. Âgée de vingt ans, en décembre 1704, elle épouse Friedrich, comte de Schwerin. En 1719, elle fait sa profession de foi catholique qui lui vaut d’être expulsée de Prusse, rejetée par la famille de son époux et séparée de ses enfants en 1721. Dans un écrit intitulé Histoire de ma vie, elle retrace les différentes étapes de son existence tumultueuse ; ces mémoires ont été rédigés dans les années 1723-1724. Charlotte est alors âgée d’une quarantaine d’années. Ses écrits témoignent d’une réinterprétation mystique des événements marquants de sa vie ; parmi ceux-ci figurent de nombreuses grossesses malheureuses.
30Sources : histoire de la vie de Mme de Schwerin par elle-même pour ses enfants, 1731.
Thérèse Lecomte de Lastrene, épouse d’Albis de Belbèze
31Thérèse Lecomte de Lastrene (1757-1836) est la fille de Guillaume Marie, capitaine aide-major au régiment de la Couronne, marquis de Lastrene et de Noé, et de Renée-Thérèse de Charlari. À l’âge de vingt ans, en 1777, elle épouse Denis d’Albis de Belbèze (1730-1804), conseiller au parlement de Toulouse âgé de quarante-sept ans. Ils emménagent dans un hôtel particulier de la rue Montgaillard. Le couple vit surtout grâce à la récolte des grains, la vente des foins et des chevaux ; la charge de d’Albis s’élève toutefois à 21000 livres. Dans la correspondance conjugale qu’ils ont laissée lors des déplacements professionnels de Denis dans sa juridiction, point de sciences, point d’engouements littéraires, mais quelques bons mots et surtout une familiarité particulière. Thérèse d’Albis met au point une méthode contraceptive originale, dès sa deuxième grossesse, en exhortant son époux au libertinage. Sa correspondance avec sa mère renseigne aussi la place de la parenté dans la gestion de la reproduction. Dans ses lettres, Thérèse évoque également les soins qu’elle porte à ses enfants, surnommés Poulou, Lili et Joujou, ainsi que ses relations thérapeutiques et amicales avec le médecin Sol et le chirurgien Frizac.
32Sources : correspondance de Thérèse et Denis d’Albis de Belbèze (1780), correspondance familiale (1780), inventaire de la bibliothèque de Thérèse et Denis d’Albis de Belbèze.
Pauline Liquier, épouse d’Albis
33Pauline d’Albis (1769-1832) est une Millavoise protestante, arrière-petite-fille de l’historien Paul de Rapin-Thoyras (1661-1725) par sa mère et donc descendante de huguenots émigrés. Elle est la fille de Marie de Cazenove (1736-1795) et d’Antoine Liquier (1732-1810), consul général de Hollande à Naples. Elle a un frère, Antoine, né à Genève en 1762. Vers 1785, elle passe un à deux ans chez sa grand-mère maternelle, Marie de Rapin-Thoyras, à Lausanne. On la présente alors à Angletine Charrière avec qui elle se lie d’amitié. Pauline croise dans les salons de grands esprits de son temps comme Gibbon ou Mme de Staël, mais ses parents la rappellent en Rouergue au printemps 1786 pour la marier. C’est la marquise de Frégeville, une parente catholique, qui est chargée de lui trouver un époux. En 1788, le choix est fixé sur François d’Albis (1770-1832), fils d’un médecin d’une vieille famille millavoise huguenote restée dans l’Aveyron malgré la révocation de l’édit de Nantes. Ils ont ensemble onze enfants, de 1789 à 1806. Avec son amie Angletine Charrière, Pauline évoque ses nombreuses grossesses, l’allaitement maternel et les affres de l’inoculation.
34Sources : correspondance de Pauline d’Albis avec Angletine Charrière (1780-1790).
Angélique de Mackau, épouse de Bombelles
35Angélique de Mackau (1762-1800) est la fille du baron de Mackau, gentilhomme lorrain, et d’Angélique de Ficte de Soucy (1723-1801), sous-gouvernante des Enfants de France dès 1771. Orpheline de père à l’âge de neuf ans, elle est élevée à Versailles où elle se lie d’amitié avec Mme Élisabeth et côtoie sa préceptrice, Marie-Thérèse de La Ferté-Imbault. En 1778, le mariage entre Angélique, alors âgée de seize ans, et Marc de Bombelles (1744-1822), de dix-sept ans son aîné, est conclu. Un mois après cette union, le marquis rejoint son poste de ministre de France à la Diète de Ratisbonne, tandis que son épouse est retenue à Versailles par sa charge de dame de compagnie de Mme Élisabeth. Le couple entretient alors une longue correspondance, au rythme d’une lettre hebdomadaire de 1778 à 1782, que complètent les échanges épistolaires d’Angélique avec sa mère et le journal que Marc de Bombelles débute à la naissance de son fils. Dans ces écrits se dessine une jeune femme incarnant les maternités magnifiées du second xviiie siècle, fortement influencée par les idées rousseauistes. Elle allaite ses enfants et les entoure de toutes ses attentions sous le regard bienveillant de son époux. Elle promeut l’inoculation et consulte les plus grands médecins, parmi lesquels Théodore Tronchin et Samuel-Auguste Tissot. Angélique décède lors de son septième accouchement, en 1800.
36Sources : correspondance d’Angélique et Marc de Bombelles (1770-1780), correspondance de Mme de Mackau avec sa fille et son gendre (1770-1780), journal de Marc de Bombelles (1780).
Marie de Maniban, épouse de Livry
37Marie-Françoise de Maniban (1715-1804) est la seconde fille de Gaspard de Maniban dont le mariage avec Mlle de Lamoignon a facilité le rapprochement avec les milieux parlementaires parisiens. Âgée de vingt-six ans, elle épouse Paul Sanguin, marquis de Livry et colonel du régiment du Perche. Il décède dix-sept ans plus tard ; le couple reste stérile. Cela n’empêche pas Marie de Livry de s’intéresser à l’éducation, comme en témoigne l’inventaire de sa bibliothèque, contenant plusieurs milliers d’ouvrages. C’est une femme du monde qui oscille entre Rousseau et Voltaire ; avec ce dernier, elle partage un certain scepticisme à l’égard des miracles. Plus réservée que sa correspondante Élisabeth Du Bourg au sujet des innovations de son siècle, comme l’inoculation et le mesmérisme, elle se passionne toutefois pour les sciences physiques. Dans ses lettres, c’est aussi une femme vieillissante qui retrace entre humour et amertume la déchéance progressive du corps.
38Sources : correspondance de Marie de Livry avec Élisabeth Du Bourg (1760-1790), inventaire de la bibliothèque de Marie de Livry.
Sophie Silvestre, épouse de Bonnard
39Anne-Charlotte-Sophie Silvestre (1764-1799) est la fille de Jacques-Augustin Silvestre (1719-1809), maître de dessin du roi, et de Louise Férès. Elle épouse Bernard de Bonnard (1740-1784) en 1780, appartenant à une famille de la petite noblesse de Sémur. Après avoir été élève à l’école d’artillerie de Bapaume, il devient lieutenant au régiment royal de Besançon. Félicité de Genlis l’introduit chez le duc et la duchesse de Chartres qui lui confient, en 1777, l’éducation de leurs trois fils. Révoqué en 1782 à son grand désarroi et en quelque sorte évincé par la nomination de Félicité de Genlis, il cherche en vain un emploi militaire, mais meurt quelque temps plus tard, en 1784, de la petite vérole. Sophie trouve en cet homme un époux éclairé avec qui lire l’Émile. Tous deux sont favorables à l’inoculation, comme à l’allaitement qu’elle pratique pour ses deux enfants, Auguste et Anne, nés en 1781 et 1783. L’engouement de Sophie pour les théories rousseauistes est ainsi conforté par la sensibilité de son époux pour ces questions.
40Sources : correspondance de Bernard de Bonnard avec ses cousines et une de ses amantes avant son mariage (1770-1780), correspondance de Bernard de Bonnard avec son épouse Sophie (1780) et avec sa cousine Mme Barbuot (1780).
Marie-Éléonore de Thézan, épouse de Tournier
41Marie-Éléonore de Thézan est la fille de Pons IX de Thézan, comte de Poujol, baron d’Olargues, seigneur de Nages, Boussagues et Murat, capitaine, puis maître de camp du régiment de la cavalerie de la reine en 1704, il a été page de Louis XIV et lieutenant en la province de Guyenne. Sa mère est Geneviève de Voleau, morte en 1746. Née dans les premières décennies du siècle, Marie-Éléonore épouse en premières noces Jean-François de Tournier (1686-1748) dit M. de Murel, comte de Vaillac, président à mortier du parlement de Toulouse en 1730, avec qui elle a quatre enfants. En secondes noces, elle épouse M. Dadvisard, seigneur de Saint-Girons. La correspondance de cette femme avec son frère, un abbé, révèle le poids des conceptions religieuses sur la santé et l’appréhension de la douleur. Marie-Éléonore est une dame charitable très active, responsable des soins portés aux pauvres dans la paroisse de la Daurade. Elle a également collecté diverses recettes médicinales.
42Sources : correspondance familiale de Marie-Éléonore de Thézan (1730), recettes médicinales.
Françoise Villard
43Françoise Villard (1751-1832) a laissé une « histoire de sa vie » rédigée en 1816, alors qu’elle est âgée de soixante-cinq ans. Elle poursuit sa rédaction jusqu’à l’âge de soixante-quatorze ans. Ce document est d’une grande richesse pour saisir les représentations de la vieillesse et pour appréhender une vie dans son ensemble, survolée par le regard de celle qui ne cesse encore de la vivre. La famille de Françoise est d’origine française ; c’est son grand-père François Villard, habitant du Vivarais, qui quitte la France pour fuir les persécutions protestantes. Il se marie avec la Genevoise Jeanne Durand. Elle lui donne quatre fils dont l’aîné, Georges Villard, est le père de Françoise. Il épouse en 1750 Jeanne d’André de Montfort, fille de Jacques-Scipion d’André de Montfort et de Françoise de Gentil. Françoise naît de cette union ainsi que son frère. Au gré des événements qui marquent sa vie, elle vit entre la France et la Suisse, éduquée par différents membres de sa famille à la mort précoce de sa mère. Grâce à son père qui l’emmène à Paris, elle rencontre de nombreux savants et se plaît à les écouter. Si des propositions de mariage lui sont faites, Françoise se montre résolue à ne pas se marier. C’est donc l’histoire d’une vieille femme célibataire qu’elle délivre dans ses mémoires. Elle mentionne également sa jeunesse et son éducation, mais aussi son âge mûr marqué par le refus du mariage ; trois âges de la vie sont ainsi évoqués.
44Sources : Mémoires de Françoise Villard adressés à Mme Mottet.
Suzanne de Vivans, épouse de Jaucourt
45Suzanne-Marie de Vivans (1702-1772), dame de Noailhac, de Saint-Christaud, de Puch et de Montluc est la fille de Jean, marquis de Vivans (X-1719), lieutenant général des armées du roi, et de Louise de Meuves (1674-1730). Elle épouse, en 1726, Pierre-Antoine II de Jaucourt (1687-1780), capitaine de cavalerie ; fils de Pierre-Antoine I (1658-1736) et de Marie de Monginot (1659-1732). Elle devient ainsi la belle-sœur de l’encyclopédiste Louis de Jaucourt (1704-1779) et d’Isabelle de Jaucourt (1703-X) avec qui elle se lie d’amitié sans toutefois comprendre son souhait de demeurer célibataire. Suzanne a trois fils, Louis, comte de Jaucourt, Étienne, vicomte de Jaucourt, et Armand. Tous trois sont destinés à une carrière militaire et leur mère n’a de cesse de les éduquer en ce sens. Dans ses lettres, elle s’enquiert de leur taille et de leurs forces, les exhortant à vaincre la mollesse. Une fois leur fils aîné marié, les Jaucourt quittent Versailles pour leur terre de Chantôme où ils apprécient de vivre leurs vieux jours loin des contraintes de la Cour. Suzanne n’en garde pas moins un contact régulier avec « le docteur », Théodore Tronchin, ami et médecin ordinaire de la famille. Cette femme livre un riche témoignage de son vieillissement et de sa volonté de contrôler la descendance de son fils aîné.
46Sources : correspondance de Suzanne de Jaucourt avec Isabelle de Jaucourt (1730-1740), correspondance de Suzanne de Jaucourt avec ses fils et sa belle-fille (1750), correspondance avec Théodore Tronchin (1750).
ANNEXE II
Notice biographique de Samuel-Auguste Tissot
47Samuel-Auguste Tissot (1728-1797) est un médecin originaire du Pays de Vaud. Après une enfance rurale encadrée par son oncle pasteur David Tissot, il poursuit des études de médecine à Montpellier où il suit les enseignements de Boissier de Sauvages. Le jeune Tissot allie théorie et pratique en servant comme chirurgien à l’hôpital. En 1749, il obtient son doctorat, puis revient à Lausanne où son zèle à soigner les malades lors d’une épidémie de petite vérole lui vaut la reconnaissance de Leurs Excellences de Berne qui le nomment médecin des pauvres de la ville. Par la suite, il se passionne pour l’inoculation que pratique le Genevois Théodore Tronchin et rencontre un franc succès. Son premier ouvrage y est consacré : L’inoculation justifiée (1754). Ce livre lui vaut aussi bien des critiques que la notoriété : il noue des relations avec Charles de La Condamine (1701-1774), Mathieu Marty (1718- 1776) ou encore Johann Zimmermann (1728-1795).
48En 1755, il épouse Charlotte d’Apples (1724-1797) avec qui il n’a pas d’enfant. Samuel-Auguste Tissot adopte son neveu Marc d’Apples (1760-1846), âgé de deux ans, qui deviendra lui aussi médecin. En 1760, il écrit l’Onanisme dans lequel il fustige les pratiques masturbatoires, marqué par une forte morale calviniste. L’année suivante est celle de la parution de l’Avis au peuple sur sa santé. Samuel-Auguste Tissot, influencé par les physiocrates, y livre une critique du mode de vie des groupes aisés et oisifs, valorisant ainsi les masses laborieuses. Sa sensibilité et ses souvenirs d’enfance le poussent à écrire cet ouvrage destiné aux soins des plus démunis. L’Avis est suivi par un Plan d’instruction pour des médecins de village (1765) adressé à Leurs Excellences qui reste largement ignoré. Il y préconise la formation pratique des soignants ayant vocation à séjourner dans les campagnes au sein d’hôpitaux. En revanche, l’Avis est un véritable succès : il est constamment réédité au cours du siècle et jusqu’en 1885, et traduit en dix-sept langues. Après sa parution, Samuel-Auguste Tissot correspond avec Jean-Jacques Rousseau et devient célèbre dans toute l’Europe. De sa rencontre avec la clientèle européenne aisée, il compose deux ouvrages, De la santé des gens de lettres (1768) et Essai sur les maladies des gens du monde (1770).
49Au fils des années, Samuel-Auguste Tissot est devenu un homme reconnu, il reçoit gratuitement la bourgeoisie de Lausanne en 1762, est élu à la Société économique de Berne et devient membre de nombreuses académies européennes. Il reçoit des offres venant de Paris, Hanovre, Venise ou encore de Pologne, mais les refuse. Il est finalement nommé professeur honoraire de médecine de l’Académie de Lausanne en 1766. Au début des années 1770, malmené par une santé fragile et une charge importante de travail, il décide de voyager et rejoint les eaux de Spa, mais sa santé se détériore de nouveau et le médecin s’en va vivre à la campagne, à Montrion. Une fois rétabli, il est de nouveau courtisé : on le veut à Paris pour diriger l’hôpital que Mme Necker vient de fonder, il y séjourne quelques mois, mais est vite lassé par le mode de vie parisien. Par la suite, Tissot souhaite écrire des ouvrages destinés aux médecins en priorité, comme c’est le cas du Traité des nerfs et de leurs maladies (1778).
50En 1780, l’empereur Joseph II lui propose le poste de professeur de médecine pratique de l’université de Pavie. Il rejoint cette ville en 1781, accompagné de Marc d’Apples qui y parfait ses études de médecine. Son expérience italienne est à l’origine de l’Essai sur les moyens de perfectionner la médecine (1785). Il rentre à Lausanne en 1783 et, cinq années plus tard, prend la tête du Collège de médecine au sein duquel il tente de faire appliquer son dernier essai. Tissot traque les soignants parallèles, mais est freiné par la lenteur des procédures.
51Samuel-Auguste Tissot souffre par la suite de la tuberculose et est marqué par le décès, en 1790, de son petit-neveu Auguste d’Apples. L’enfant succombe à la petite vérole en dépit des deux inoculations pratiquées par son grand-oncle. Son ami Johann Zimmermann meurt en 1795 et Tissot, affaibli, écrit sa biographie qui paraît en 1797. Au cours des derniers mois de sa vie, il rédige De la police de la médecine, centré sur l’hygiène publique. Il meurt en juin 1797 sans avoir pu mener à bien ses réformes médicales.
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