Le sort des vaincus pendant les dernières guerres de Louis XIV : les limites de la culture de la reddition honorable
p. 157-171
Texte intégral
1À Lille, en 1708, les clauses de la capitulation accordée au maréchal de Boufflers après une défense de trois mois et seize jours reconnaissent les mérites extraordinaires des assiégés. Les vaincus sortent avec les honneurs de la guerre : enseignes déployées, avec armes, bagages, tambour battant, balle en bouche, mèche allumée par les deux bouts et des munitions pour tirer dix coups. Ils emportent en outre six canons pour gagner Douai. Ces marques d’honneur s’accompagnent de nombreuses garanties. D’après l’article 16 de la capitulation, aucun soldat de la garnison ne pourra être débauché par les vainqueurs. Les auxiliaires administratifs nécessaires au bon fonctionnement de l’armée ne sont pas oubliés : commissaires ordonnateurs des guerres, trésoriers de l’extraordinaire, commissaires des vivres, chapelains, aumôniers ou chirurgiens sont également protégés. Les Alliés fournissent une centaine de chariots, dont deux couverts et des bateaux pour le transport des malades, des blessés et des bagages. L’article 6 précise que ceux qui sont trop gravement atteints pour être évacués peuvent rester dans Lille « logés, convenablement soignés, nourris, comme ils le seraient dans hôpitaux du roi Très Chrétien1 ». Les vainqueurs prennent ainsi en charge les soins des blessés, comme ils l’ont fait à Nice, en janvier 1706, où 200 blessés ennemis hors d’état d’être transportés sont traités aux dépens du roi2.
2De telles redditions honorables participent à la perception des guerres de Louis XIV comme des guerres réglées et limitées, qui verraient, par contrastes avec les conflits religieux du siècle précédent et avec la guerre de Trente Ans, une limitation de la violence3. La question du sort des vaincus à l’issue des combats et des sièges joue un rôle décisif dans cette perception de conflits limités et chevaleresques. Le règne de Louis XIV serait marqué par une amélioration du sort des vaincus4. Pourtant, des capitulations aussi favorables sont finalement rares et une telle perception des guerres de Louis XIV s’apparente largement à une déréalisation de la guerre. En effet, si la reddition honorable s’impose effectivement comme une norme, au sens d’horizon d’attente à l’issue des sièges, pendant les premières guerres de Louis XIV, le tableau change complètement dès que l’on s’éloigne du cadre rassurant et normé des sièges royaux pour s’intéresser aux autres formes prises par la guerre sous le règne du Roi-Soleil, en particulier pendant les deux derniers conflits du règne, la guerre de la Ligue d’Augsbourg et la guerre de Succession d’Espagne, qui mettent aux prises l’Europe coalisée et la France du Grand Roi qui, isolé et contraint par les nécessités opérationnelles et stratégiques, durcit la guerre5. Construisant des figures de l’ennemi permettant la radicalisation de la guerre, la propagande française accompagne cette montée aux extrêmes.
3Bien loin de constituer un âge d’or des guerres limitées, réglées, courtoises et chevaleresques, prémices au mythe déréalisant de la guerre en dentelles, les dernières guerres de Louis XIV voient une modification en profondeur du traitement des vaincus, dans un processus d’ensauvagement, de radicalisation, voire de « totalisation », entendu comme processus de montée aux extrêmes et mobilisation de plus en plus ordinaire de moyens extraordinaires dans la conduite des conflits6. Les entorses et les transgressions graves à la culture de la reddition honorable, commises au nom de l’intérêt tactique, opérationnel, stratégique ou politique, se multiplient.
4Comment les dernières guerres de Louis XIV renversent-elles le paradigme de guerres chevaleresques, courtoises et limitées pour remettre en cause cette culture de la reddition honorable et tendre vers l’émergence d’une « totalisation » de la guerre ? Quels facteurs expliquent ces remises en cause ?
5La guerre de siège pendant les dernières guerres de Louis XIV est marquée par d’évidentes limites à la régulation de la violence : alors que la captivité de guerre se généralise, les assauts, de plus en plus fréquents, se soldent par des massacres récurrents, tandis que la multiplication des procès de gouverneurs pour lâcheté et trahison à l’issue de reddition jugées hâtives témoigne d’une volonté de durcir la conduite des opérations. Des micro-cultures transgressives valorisant la violence à l’égard des vaincus persistent et démontrent que pendant ce siècle de fer, « la raison du plus fort est toujours la meilleure7 ». D’autant qu’il est des théâtres d’opérations où se construisent des figures de l’ennemi propices aux massacres et au rejet de la culture de la reddition honorable, à l’image du Palatinat, de la guerre contre les Barbets ou des opérations contre les camisards.
Guerre de siège et montée aux extrêmes
Déni de reddition, assauts et capitulations enfreintes
6La guerre de siège elle-même, qui fait pourtant figure de conflit encadré par des normes très strictes, n’échappe pas à la tentation de la transgression et de la remise en cause des règles de la reddition honorable. Un siège ne se résume pas à l’attente passive d’une capitulation annoncée. La reddition n’est pas une issue systématiquement accordée à des assiégées vaincus et les assauts sanglants sanctionnent fréquemment des redditions jugées trop tardives, afin de faire un exemple : les pillages sont permanents en Espagne pendant la guerre de Succession d’Espagne et les villes prises d’assauts font les frais du grippage du système fisco-financier8. L’Espagne est loin de Versailles et les troupes, pour s’approvisionner, sont livrées à elles-mêmes : Elche en 1706, comme Lérida en octobre 1707, en paient le prix9.
7Les infractions à la parole donnée et aux capitulations signées, fréquentes au xvie siècle, n’ont pas disparu : à Limerick, en 1691, les Orangistes rechignent à fournir les navires prévus par la capitulation afin de dissiper les troupes franco-irlandaises jacobites10. À Carmagnole, en Italie, la même année, la garnison française est pillée par les troupes savoyardes et bavaroises11. À Bouchain, en 1711, Marlborough, une fois maître des portes de la ville, capture la garnison française contre la parole de l’émissaire anglais chargé des négociations, qui avait promis aux vaincus une capitulation honorable12.
8La tentation de transgression est grande, y compris en présence de Louis XIV. À Namur, en 1692, le roi envisage d’enfreindre la capitulation qu’il a lui-même signée et qui précise que la citadelle ne doit pas être attaquée du côté de la ville13. Or elle est quasiment imprenable de front. Vauban conseille au roi d’attaquer par la ville, quitte à renier sa parole et à mettre son honneur entre parenthèses. Les courtisans se livrent déjà à de maladroites arabesques rhétoriques pour tenter de sauver la gloire du monarque. Les dommages en termes de capital symbolique et politique risquent de s’avérer irréparables14. Lorsque Vauban réclame l’autorisation d’attaquer le château par la ville, en rompant ainsi les articles de la capitulation, il met en balance le déshonneur né de l’infraction à la capitulation et celui qu’il y aurait d’être obligé de lever le siège. L’alternative engage la réputation et l’honneur de Louis XIV, roi de guerre et de gloire. Les travaux sont entamés du côté de la ville en infraction à la capitulation, « mais Dieu permit que le roi […] se garantit d’être parjure à sa parole15 », écrit La Colonie dans ses Mémoires. En effet, un assaut surprise sur une brèche jugée inaccessible permet d’emporter un ouvrage avancé et provoque la reddition de la place avant que l’attaque ne soit lancée du côté de la ville. L’anecdote révèle une tension permanente entre respect de la parole donnée et intérêt militaire de la transgression. La perspective de l’infraction infamante est comparée aux bénéfices tactiques et stratégiques offerts par la transgression. La fin justifie les moyens et le roi comme Vauban estime que tout doit être entrepris pour éviter un déshonneur plus grave qui naîtrait de l’échec militaire devant une place assiégée. Émerge ainsi une économie de la transgression, qui s’insère dans un calcul rationnel mettant en balance le coût social et politique de la faute et son intérêt militaire. Significativement, Vauban et Louis XIV sont prêts à sacrifier la bonne foi sur l’autel de l’efficacité militaire. La défaite leur apparaît à la fois plus infamante et plus grave que la transgression. Cette affaire est ainsi l’indice d’un nouveau rapport à l’infraction, hautement problématique, qui montre qu’en définitive seul l’intérêt dicte l’attitude des vainqueurs.
9Dans le cadre des guerres coloniales, l’éloignement, l’étirement des lignes logistiques, qui impose l’autosuffisance aux troupes, et l’affaiblissement du risque de représailles banalisent pillages et infractions : en 1706, à Saint-Kitts-et-Nevis, dans les petites Antilles, Iberville refuse toute possibilité de reddition aux vaincus et incendie les plantations anglaises16.
10Ces risques de violences pèsent également sur les non-combattants et l’insertion dans certaines capitulations de clauses garantissant le respect de l’honneur des femmes, comme à Saint-Venant en 1710, atteste en creux la persistance des risques de viol17. Les blessés peuvent également être l’objet d’un chantage de la part des vainqueurs : Villars maître de la ville de Fribourg, en 1713, menace d’utiliser les femmes et les blessés comme boucliers humains pour hâter la reddition de la citadelle18. Il sait la fin de la guerre proche et le risque de représailles minime.
La captivité de guerre
11Sans même évoquer les transgressions et les refus de reddition, les capitulations se soldent de plus en plus fréquemment par des clauses plus dures pour les vaincus, qui remettent en question l’idée d’une large diffusion de la culture de la reddition honorable : la captivité de guerre est une issue de plus en plus fréquente au cours des dernières guerres de Louis XIV19. L’attrition devient une composante essentielle de la conduite de la guerre et la capture des vaincus se généralise dans une logique de réciprocité et de représailles. Exceptionnelle auparavant, la captivité d’une garnison défaite à l’issue d’un siège tend peu à peu à se banaliser jusqu’à devenir, pendant la guerre de Succession d’Espagne, une nouvelle norme. L’usage qui autorisait les garnisons à quitter leur place « vie et bagues sauves » est supplanté par la captivité de guerre, une issue qui devient sinon une règle, du moins une habitude admise par tous et un risque assumé par ceux qui se sont rendus. La guerre de Succession d’Espagne, lutte pour la survie du royaume, marque à cet égard un tournant : les garnisons de la Mirandole en 1702, de Limbourg en 1703, de Mortaigne, Anzin, Saint-Amand et Marchiennes en 1712, sont contraintes de se constituer prisonnières de guerre20. Cette généralisation de la captivité de guerre pour les garnisons vaincues, dont on pourrait multiplier les exemples à l’infini, témoigne d’un durcissement de la conduite de la guerre.
La multiplication des procès de gouverneurs pour lâcheté et trahison
12Autre illustration de cette radicalisation de la guerre à l’œuvre dans les derniers conflits du règne, la guerre de Succession d’Espagne voit se multiplier des affaires qui avaient connu une certaine éclipse pendant les premières guerres de Louis XIV : les procès de gouverneurs accusés de lâcheté et de trahison pour reddition hâtive et défense jugée insuffisante21. Cette criminalisation de la reddition, qui met en branle la justice extraordinaire rendue par commissaires, place les gouverneurs sur les cornes d’un dilemme : se rendre trop tôt revient à encourir le procès, la dégradation infamante et la mort sociale, se rendre trop tard signifie risquer la captivité de guerre ou l’assaut meurtrier. La guerre de Succession d’Espagne constitue une période de flambée des procès d’officiers pour lâcheté et trahison. En 1706, le gouverneur de Goito accusé de s’être rendu précocement est arrêté et jugé à Mantoue22. La Boulaye, le gouverneur d’Exilles, est embastillé en janvier 1709 pour répondre de l’accusation de mauvaise défense de la place dont il avait la garde23. La Jonquière est également accusé de s’être rendu trop tôt à Port-Mahon. La Mothe, gouverneur de Gand, est lui aussi soupçonné d’une reddition précoce. S’il échappe au procès, il est promis à la mort sociale et condamné à l’exil intérieur, loin de la cour24. En 1712, La Badie rend Le Quesnoy, ce qui lui vaut un séjour à la Bastille pour répondre d’une reddition jugée déshonorante25. La guerre de Succession d’Espagne voit donc se multiplier les procès intentés à des officiers particuliers ou à des gouverneurs de place accusés de trahison et de lâcheté. Entre 1702 et 1714, Saint-Simon relève un nombre d’affaires presque équivalent au pic que constitue la guerre de Trente Ans. Les années 1708-1709 marquent un paroxysme imputable à une situation militaire catastrophique. La monarchie aux abois cherche désespérément des coupables à jeter en pâture à l’opinion. En criminalisant la reddition et la défaite, elle entend aussi provoquer un sursaut moral parmi les combattants ; la peur du châtiment doit servir d’aiguillon à l’honneur. Les adversaires de Louis XIV se mettent au diapason et adoptent les mêmes pratiques répressives : en 1703, d’Arco, gouverneur impérial, est décapité pour avoir mal défendu Brisach26.
Des cultures de guerre refusant la reddition : troupes d’assaut et spécialistes de la petite guerre
Les troupes d’assaut
13Certaines unités, comme les troupes d’assaut lancées contre les brèches, grenadiers ou mousquetaires, se caractérisent par une faible propension à épargner l’adversaire.
14La compagnie des grenadiers à cheval de la Maison du roi se targue ainsi de ne point faire quartier27. Cette troupe de choc employée en première ligne lors des assauts forge une culture de guerre adaptée aux exigences de la guerre de siège et aux opérations d’assauts de brèche. Elle ne fait pas de prisonniers et revendique cette culture du massacre jusque dans sa devise, Unique terror, undique lethum28. Son recrutement méritocratique et sa composition sociologique expliquent pour une part cette culture de guerre et ce rapport aux vaincus. Cette unité compte en effet de nombreux roturiers, sélectionnés uniquement pour leurs aptitudes physiques et guerrières. Ces combattants d’exception renversent et refusent, comme un moyen de se singulariser, les codes d’honneur de la « bonne guerre » chevaleresque et aristocratique. Mais c’est surtout la nature de leur mission qui les oblige à n’épargner personne. Les premières phases d’un assaut sont caractérisées par la violence, la confusion et l’indécision. Dans ce moment critique, les assaillants ne peuvent s’encombrer de prisonniers sans courir de graves risques pour leur propre sécurité si le combat venait à changer d’âme et si l’adversaire présumé vaincu reprenait les armes contre son vainqueur. L’impact psychologique du massacre peut aussi susciter une panique puis une déroute fatale aux survivants29. En outre, l’arsenal de ces tueurs laisse peu de chance à leurs adversaires : les grenades, les tirs délivrés à bout portant et les armes blanches causent des blessures souvent mortelles. Ces troupes attestent la persistance d’une « culture du carnage » sous le règne de Louis XIV. La réputation de ces unités d’élite les précède et bien souvent, la peur fait lâcher pied précocement à leurs adversaires, terrifiés à l’idée du sort qui les attend. C’est ce qui advient à Namur en juin 1692, lorsque mousquetaires, grenadiers à cheval et grenadiers lancent l’assaut sur une redoute de la citadelle. Barbezieux écrit au maréchal de Lorges que « les ennemis, quoiqu’en fort grand nombre, ne firent aucune défense, et après avoir fait leur décharge, prirent la fuite : ce fut là qu’il y eut plusieurs de tués à coup de sabre et d’épée30 ».
15Or, les troupes de la maison du roi constituent des modèles d’excellence martiale pour l’ensemble des armées françaises. Ainsi, au cœur même du dispositif militaire de la monarchie absolue, au plus près du roi de guerre, la culture du carnage supplante la culture de la reddition honorable. Elle est un habitus pour des forces d’élite comme les grenadiers, que leur rôle de fer de lance lors des assauts ne prédispose pas à la clémence : le champ lexical du massacre accompagne chacun de leurs engagements même s’il est difficile de dégager la part du lieu commun littéraire dans cette représentation. Ainsi, en janvier 1704, les grenadiers marchent sur Castel Novo, tenu par les Impériaux. Retenant leur feu, ils essuient la décharge ennemie, avant de submerger le village. On compte 700 tués pour seulement 300 prisonniers, soit un ratio d’1 pour 2,531.
Les acteurs de la petite guerre : le déni de reddition chez les partisans et les hussards
16Ce déni de reddition se retrouve fréquemment chez les acteurs de la petite guerre, dont l’une des missions consiste pourtant paradoxalement à capturer des prisonniers pour recueillir des informations sur l’adversaire32.
17Cela n’empêche pas les exécutions de captifs. Le 7 mai 1704, un officier français rapporte la capture de M. de Vaubonne, « fameux partisan qui en a usé si malhonnêtement et si cruellement avec les officiers et les soldats qu’il a pris sur nous, en ayant fait tuer plusieurs après les avoirs pris33 ».
18Le contexte tactique de l’affrontement de deux partis opposant quelques dizaines d’hommes les uns aux autres, très différent d’un combat en ligne ou d’une opération de siège au cours de laquelle plusieurs centaines de combattants sont aux prises en un point donné du champ de bataille, explique cette radicalité. Le combat singulier y tient une place plus grande et la « petite guerre » devient le refuge des valeurs d’héroïsme et d’exploit guerrier. Dans ces duels où chacun lutte pour sa survie, tous les coups sont permis. Les taux de pertes dans ces escarmouches sont souvent bien plus élevés que lors d’une bataille ou d’un siège. Ainsi, en août 1702, un parti du sieur de la Croix rencontre dix-sept Hollandais. L’engagement se solde par huit morts, quatre prisonniers et cinq fuyards34.
19Les consignes venues du sommet de l’État expliquent également les gestes de ces massacreurs. Ainsi le 1er juillet 1693, Barbezieux adresse à La Valette, qui sert en Flandres, un « ordre criminel », justifié aux yeux du ministre par des impératifs stratégiques. À l’approche d’une bataille qu’à Versailles on espère décisive, Neerwinden, il est primordial de masquer les manœuvres françaises et d’aveugler l’armée adverse en lui interdisant l’envoi de partis en reconnaissance. La fin justifie les moyens et les partis français reçoivent l’ordre de ne pas faire de prisonniers : « À l’égard des partis ennemis que l’on trouvera en deçà de l’Escaut, l’intention de Sa Majesté est que vous ne leur donniez aucun quartier, afin de les désaccoutumer à le passer impunément35. » La consigne est réitérée trois semaines plus tard36. De tels ordres ont sans doute contribué à une montée aux extrêmes, chaque exaction entraînant à son tour son lot de représailles, et partant, à façonner un habitus de bourreaux chez les partisans.
20Au sein des acteurs de la petite guerre, les hussards tiennent une place à part37. L’image singulière de ces troupes doit beaucoup à la réputation de vainqueurs impitoyables qui les accompagne. En juillet 1711, lors de l’attaque nocturne surprise des campements alliés installés entre Goeuzlin et Douai, où logent dix bataillons et douze escadrons alliés, les hussards qui mènent le raid n’accordent aucun quartier. La vitesse d’exécution est la clé du succès et les assaillants ne peuvent s’offrir le luxe de s’encombrer de captifs. Les sentinelles sont sabrées, les officiers et cavaliers alliés tués dans leurs tentes. L’incursion permet de ramener 2200 chevaux, mais très peu de prisonniers38. Comme le raconte Villars au roi le 12 juillet, « le comte de Gassion est tombé avant la pointe du jour sur le camp des ennemis, dont la plupart n’a pas eu le temps de prendre les armes, et généralement tout a été pris ou tué. On a fait très peu de quartier ; nos hussards disent qu’ils ont tué chacun cinq ou six hommes et vu l’agilité avec laquelle ces messieurs se servent d’un sabre, on peut croire qu’ils ne s’éloignent pas de la vérité39 ».
21Le contexte tactique, attaque surprise et coup de main, explique l’attitude des vainqueurs, mais la culture de guerre spécifique des troupes qui participent à l’action ne doit pas être négligée. Ces hussards ont forgé une identité qui puise dans la mythologie du guerrier « oriental » et ressuscite la figure du « Cravate » de la guerre de Trente Ans, ce cavalier originaire des Balkans, passé au service de l’empereur puis de la France. Ils incarnent les transferts de pratiques et de techniques de combat fantasmées de la cavalerie légère turque. Leur tenue folklorique et leur arme de prédilection, le sabre, ressuscite la figure du Hun ou du cavalier des steppes barbares. Cette culture de guerre génère une forme d’honneur paradoxal, du moins anti-chevale-resque, une culture de la prouesse, du fait d’armes, qui valorise le massacre d’adversaires désarmés et surpris, exécutés « à la hussarde ». Comme les grenadiers à cheval de la Maison du roi, ils revendiquent l’honneur de ne pas faire quartier et rejettent la culture de l’honneur aristocratique dominante propre aux unités ordinaires. Gassion rend compte au roi de l’opération en évoquant le « peu de prisonniers, presque tous ayant été passés au fil de l’épée, les ayant trouvés dans leur lit et hors d’état de les emmener dans cet état-là40 ». Le plus significatif est l’approbation royale sans réserve de ces exécutions sommaires. Louis XIV répond en effet à Villars que « l’affaire a été parfaitement bien conduite et exécutée par le comte de Gassion41 ». Leur réputation de massacreur expose toutefois les hussards aux représailles de l’adversaire. Perçus comme des barbares, ils se voient fréquemment interdire toute possibilité de reddition. Socialement dévalorisés, vus comme des étrangers, associés à la canaille et à la transgression, ils ne sont pas perçus comme des combattants réguliers. Leurs pratiques, réelles ou fantasmées, les excluent des règles de la bonne guerre. Pour La Colonie, « les hussards sont à proprement parler des bandits à cheval qui n’ont rien de réglé dans leur manière de faire la guerre42 ». À ce titre, ils ne méritent pas les égards dus à un adversaire légitime. Lorsqu’ils tombent aux mains de l’ennemi, ils sont victimes d’exactions. Tout un discours, adossé à un imaginaire de violence débridée permet de les extraire de l’humanité. Qualifiés de « bandits », ils sont exclus de la bonne guerre : en mars 1703, les Impériaux exécutent les hussards au service de Villars qu’ils capturent43. De même, en 1705, trois hussards sont pendus en Italie, ce qui pousse leur capitaine à exercer de sanglantes représailles sur un prisonnier allemand, abattu d’une balle en pleine tête44.
Des théâtres d’opérations et des figures de l’ennemi propices aux exactions : les cas du Palatinat, de la guerre contre les Barbets et des opérations contre les Camisards
22Les représentations de l’ennemi et les mots employés pour le qualifier influent considérablement sur son traitement et viennent battre en brèche l’idée d’une diffusion généralisée de la culture de la reddition honorable pendant les dernières guerres de Louis XIV.
Le Palatinat pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg
23Le sac du Palatinat, étudié par Émilie Dosquet, provoque la destruction de nombreuses villes et villages rhénans et les gazettes allemandes fabriquent l’image de troupes françaises composées de pillards et d’incendiaires au service du suppôt du Grand Satan, Louis XIV45. Face à ces destructions, de nombreux paysans prennent les armes contre les troupes françaises et se voient désigner comme « Schenappan », de l’allemand Schnapphahn, maraudeur.
24Perçus comme des francs-tireurs irréguliers et des pillards, les Schenappans du Palatinat sont victimes d’exactions commises par les troupes régulières françaises, qui leur dénient tout droit à la reddition. La qualification de Schenappan vaut arrêt de mort. En juin 1689, 300 hommes détachés de la garnison de Philippsbourg attaquent le village de Loussen « où des Schenappans s’étaient retranchés ». Chamlay écrit que « le lieutenant de roi les y attaqua, ils ne voulurent point de quartier et on les tua tous hors un à qui on donna la vie46 ». Traités comme des rebelles et des brigands, ces combattants illégitimes, paysans sortis de la fonction que leur assigne la tripartition fonctionnelle de la société d’ordre, sont exclus de la guerre réglée. Les négociateurs du cartel de 1691-1692 avec les Impériaux reçoivent l’ordre expresse du roi d’excepter les « Schenappans » des garanties offertes aux combattants légitimes. Tombés aux mains des troupes françaises, ils ne sont pas traités en prisonniers de guerre, mais « réputés comme voleurs et particuliers47 ». Le droit devient une fabrique de l’altérité, qui classe et ostracise. La sémantique rejette ces combattants hors de la bonne guerre. Ce processus permet l’articulation entre histoire d’« en haut » et histoire d’« en bas » : si les soldats français exterminent les Schenappans, c’est non seulement parce qu’ils haïssent un ennemi qu’ils se représentent comme un sauvage et un massacreur qui transgresse l’ordre social voulu par Dieu, mais aussi parce qu’ils appliquent les ordres reçus.
25Les représailles allemandes à la politique de destruction systématique ordonnée par Versailles sont par ailleurs brutales. En janvier 1689, 200 dragons allemands décapitent des soldats français malades dans un avant-poste. Rejoints par les troupes de Feuquières, les coupables sont à leur tour massacrés48. En août, un parti au service de l’empereur tombe par surprise sur un détachement de fourrageurs français. Les exactions réelles et fantasmées des Français expliquent le traitement qui leur est réservé. Les cavaliers sont déshabillés, leur nudité contribuant à leur déshumanisation et à leur animalisation, avant d’être exécutés. Ces représailles allemandes justifient la riposte française. Louvois ordonne à Duras « de donner ordre aux partis que vous enverrez d’en user de même jusqu’à ce que les Allemands se soient mis sur le pied de faire autrement la guerre : et s’ils vous font des plaintes, vous devez leur répondre que tout le monde sait que les Français ne commettent de pareilles inhumanités qu’à regret ; mais que tant que les Allemands leur donneront de mauvais exemples sur cela, on ne manquera pas de les suivre49 ».
La lutte contre les Barbets
26Le Palatinat est loin d’être une exception. Sur une échelle certes plus modeste, mais sur une durée beaucoup plus longue, les troupes royales mènent en Savoie des opérations brutales contre les Barbets pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Les hommes de Catinat y conduisent une guerre d’extermination. Si ces adversaires déconsidérés et haïs sont parfois épargnés, ils sont le plus souvent massacrés50. John Lynn n’hésite pas à employer le terme de « génocide » pour qualifier ces affrontements51. Le terme « barbet » désigne les combattants irréguliers Vaudois qui s’opposent aux troupes françaises dans les vallées alpines. Réputés protestants, ils sont accusés de venir en aide aux réfugiés huguenots chassés par la révocation de l’édit de Nantes. Le nom donné par les Français à ces adversaires s’inscrit d’emblée dans une entreprise d’animalisation. Furetière rappelle en effet qu’un barbet est d’abord un « chien à gros poil et frisé qu’on dresse à la chasse des canards52 ». Le vocabulaire choisi pour désigner l’ennemi convoque un imaginaire cynégétique très important pour comprendre l’attitude des Français à l’égard de ces adversaires délégitimés. Dans une lettre à Catinat, Victor-Amédée de Savoie, alors allié de la France, réclame au maréchal des nouvelles troupes dans la vallée de Praly, « pour achever de nettoyer ces obscénités53 ». Réduits par les mots au rang d’ordures, de déchets abjects, les Barbets sont ainsi exclus de l’humanité. Ils sont perçus comme des ennemis illégitimes qui se singularisent par les formes de guerres dévalorisées qu’ils pratiquent. Ils refusent la bataille et misent sur les coups de main, les embuscades, la guérilla et la ruse en transgressant les codes de la guerre réglée. Eux qui n’offrent aucun quartier aux soldats français qu’ils considèrent comme des envahisseurs et des bourreaux n’ont pas non plus la moindre clémence à espérer. Le récit par Catinat de la prise de Cahours en août 1690 témoigne de l’extrême violence déployée contre ces adversaires :
« On passa au fil de l’épée tout ce qui se présenta […] : rien n’échappa à la fureur de nos soldats qui, d’eux-mêmes et sans d’autres ordres que la présence des officiers qui les conduisaient attaquèrent la montagne et firent un grand carnage d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’y trouvèrent. On fit pourtant ce que l’on put pour les retenir. La ville fut pillée et brûlée, il y eut plus de six cents personnes tuées tant dans la ville que dans la montagne54. »
27Malgré ces sanglants massacres, ou plus sûrement à cause d’eux, les troupes françaises ne parviennent pas à sécuriser la région. Constatant l’échec de la stratégie cynégétique de la traque des Barbets, considérés comme un gibier qu’on poursuit dans son environnement naturel, Tessé se prononce en faveur d’une stratégie de l’endiguement, de l’interdiction, de la clôture ou du parcage55. Il s’agit de contenir le sauvage hors de la cité, « tenir ces gens-là dans leur montagne » en leur interdisant l’accès aux vallées et aux plaines. L’affût doit remplacer la battue et le pistage. Tessé plaide pour un repli sur les axes de communication, les villes et les villages. Il convient de leur interdire les pôles et les axes, en leur abandonnant le contrôle d’espaces marginaux de toute façon inutiles. Au-delà de cette stratégie contre-insurrectionnelle, Tessé défend une guerre d’extermination et d’éradication totale des Barbets. Ces adversaires font l’objet d’un tel mépris et d’une telle haine que Tessé plaide pour leur anéantissement, non par la violence physique directe mais par l’impossibilité de la reproduction. Il s’agit d’extirper l’ennemi à venir, en l’empêchant de naître56. Tessé vise l’extinction de la race ennemie :
« L’objet principal et le plus utile auquel il me semble qu’il est expédient de travailler, c’est à leur rendre la vie si dure et si pénible en les tenant à la montagne, que le froid, le temps, la misère et le manque de génération, n’ayant avec eux que peu ou point de femmes, les détruisent plutôt que le coup de fusil, qui jusque à présent, à ne vous rien dissimuler, ne nous a pas été avantageux avec eux, parce que dès qu’on marche à eux, ils gagnent le sommet des montagnes et n’attendent jamais. Que si l’on se porte audit sommet des montagnes, tout comme eux, ils ont le temps et le jarret pour en gagner un autre. En un mot ils se retirent et nous évitent jusqu’à ce que le temps de nous retirer nous-mêmes leur donne une occasion certaine d’attaquer avec avantage notre arrière-garde. Ce manège leur a toujours réussi, et probablement leur réussira. L’on a si totalement ruiné leurs habitations, qu’ils n’ont plus que des caves ou des masures à se fourrer, et j’estime enfin qu’il faut les tenir ainsi, tâcher à leur dresser quelques embuscades, les harceler dans la plaine, tâcher à les recoigner dans leurs tanières et croire qu’ils ne sauraient être pris où ils sont, et ne les y aller chercher que peu ou point57. »
28L’emploi du mot « tanière » par Tessé est significatif. La tanière est l’antre souterrain de l’animal sauvage, du puant nuisible, prédateur et menaçant qu’il convient d’éradiquer avec toute sa descendance. Ces Barbets qui vivent dans des « tanières » sont comme ces bêtes féroces craintes pour les ravages qu’elles infligent à l’homme et aux troupeaux : le renard, le loup, le putois ou l’ours. Le discours autorise une violence totale à l’égard d’adversaires réduits au rang d’animaux ; le Barbet n’est pas un adversaire légitime, mais un sauvage, un fauve, qu’il convient d’exterminer, d’éradiquer. Cela revient à exclure ces adversaires du droit à toute reddition. Une telle représentation de l’ennemi déclenche des cycles d’exactions d’une rare brutalité.
29Au-delà de l’impact local, l’expérience de la guerre contre les Barbets semble fondatrice. Elle conduit à un ensauvagement des vétérans de ces opérations, qui réitèrent contre des combattants pourtant légitimes leurs habitudes de massacreurs. À La Marsaille, en 1693, Catinat ordonne à ses hommes de n’épargner personne. Sourches, évoquant le combat, écrit qu’on « ne put retenir la furie des soldats français qui […] tuèrent un grand nombre qui demandaient quartier58 ». Le bilan est lourd et les troupes semblent avoir appliqué les consignes : entre 6000 et 10000 tués pour seulement 1500 prisonniers côté alliés, sur un effectif de départ de 30000 hommes. Ce processus de radicalisation est cumulatif, en vertu du principe de représailles et de réciprocité et La Marsaille n’est pas une exception pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Les grandes batailles de la guerre sont en effet caractérisées par des chiffres de pertes élevés, comme toujours soumis à caution. Le 27 mai 1694, la victoire de Noailles à la bataille du Ter en Catalogne aurait coûté aux Espagnols 8000 tués et blessés et 3000 prisonniers, des chiffres comparables à ceux de La Marsaille l’année précédente59. Les phases de corps-à-corps et de poursuites semblent ainsi peu propices à la reddition.
La répression des Camisards cévenols
30Les mêmes logiques d’animalisation et de construction rhétorique d’un ennemi radical et illégitime, autre à la fois d’un point de vue social et confessionnel, qui plus est traître et cinquième colonne, ennemi de l’intérieur, légitiment et justifient les violences commises dans la répression des Camisards des Cévennes.
31Berwick présente les Camisards comme des bourreaux assoiffés de meurtre, ignorant des codes de la « bonne guerre60 ». Leur comportement horrifie les troupes régulières dépositaires d’une culture de la reddition honorable battue en brèche. Qualifiés de « fanatiques », réputés égorgeurs et incendiaires, « furieux et acharnés », les Camisards sont perçus comme des bêtes sauvages qu’il convient d’exterminer61. L’objectif est de les « détruire », comme on éradique un animal enragé car ce sont des « monstres » face auxquels toute clémence est coupable62. Berwick conduit ainsi à l’échelle d’une province une guerre d’anéantissement contre un adversaire déshumanisé, incarnation d’une sauvagerie maligne, diabolique et primitive.
*
32Vues de Versailles, les guerres de Louis XIV marquent l’apogée d’une culture de la reddition honorable. Mais sur le terrain, en changeant d’échelle et en s’éloignant du cadre de la guerre de siège, la dynamique de montée aux extrêmes est très nette. Contre des adversaires perçus comme illégitimes, la reddition honorable n’a pas cours. Pour les spécialistes du corps-à-corps qui jouent leurs vies dans les assauts ou les missions de reconnaissance, la culture de la reddition honorable apparaît dangereuse et contreproductive. Même dans le cadre apparemment réglé de la guerre de siège, la généralisation de la captivité de guerre pendant la guerre de Succession d’Espagne témoigne du rôle joué par les dernières guerres de Louis XIV dans la prise en compte de l’attrition comme composante décisive de la guerre. L’évolution menant à l’exploitation délibérée sur une grande échelle de la captivité de guerre comme stratégie d’attrition, c’est-à-dire d’usure des forces de l’adversaire, est déjà à l’œuvre63. Les guerres du xviiie siècle voient toutefois la généralisation de nouvelles formes de redditions honorables qui attestent l’intensification de la conduite des opérations : les honneurs de la guerre sont rendus aux vaincus jusque sur le glacis de la place. Après une sortie en armes, avec drapeaux et tambours, ils remettent leurs armes et entrent dans la condition de prisonnier de guerre à l’issue d’un rite de passage64.
Notes de bas de page
1 Jean-Jacques Pelet et François-Eugène de Vault, Mémoires militaires relatifs à la succession d’Espagne sous Louis XIV, Paris, Imprimerie royale, puis nationale, puis impériale, 1835-1862, 11 vol., t. 8, p. 520, « capitulation de la citadelle de Lille, 9 décembre 1708 ».
2 Guillaume Plantavit de la Pause, Mémoires du maréchal de Berwick, La Haye, Pierre Paupie, 1738, t. 2, p. 33.
3 Jean Meyer, « “De la guerre” au xviie siècle », Dix-septième siècle, n° 148, 1985/3, p. 267-290.
4 John U. Nef, La guerre et le progrès humain, Paris, Alsatia, 1954, p. 187-199.
5 Paul Vo-Ha, Rendre les armes. Le sort des vaincus, xvie-xviie siècles, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.
6 Forgée par Daudet et Ludendorff, souvent employée par les historiens contemporanéistes pour qualifier les guerres mondiales du xxe siècle, l’expression guerre « totale » est un concept-écran aux contours flous qui désigne une guerre impliquant la mobilisation complète des ressources économiques, humaines et morales d’une société pour remporter la victoire, élément de définition minimal auquel s’ajoute parfois l’idée clauswitzienne d’une guerre absolue, sans limite, visant à la destruction complète de l’ennemi, où toute distinction entre combattant et non-combattant a été abolie. Les travaux les plus récents insistent sur l’inachèvement d’un processus qui reste un horizon d’attente servant un discours de propagande visant à la mobilisation des civils. Voir par exemple Michel Fabreguet, « “Guerre totale” en Allemagne », dans Robert Franck et Alya Aglan (dir.), 1937-1947. La Guerre-monde, Paris, Gallimard, 2015, vol. 2, p. 1543-1577. L’introduction du concept par David Bell pour qualifier les guerres révolutionnaires et impériales s’appuie sur une perception problématique des guerres d’Ancien Régime comme conflits réglés et limités : David A. Bell, La première guerre totale. L’Europe de Napoléon et la naissance de la guerre moderne, Seyssel, Champ Vallon, 2010.
7 Jean de La Fontaine, « Le loup et l’agneau », Fables contes et nouvelles, Paris, Gallimard, 1991, p. 44.
8 Guy Rowlands, The Financial Decline of a Great Power. War, Influence and Money in Louis XIV’s France, Oxford, Oxford University Press, 2012.
9 Guillaume Plantavit de la Pause, Mémoires…, op. cit., t. 2, p. 66 ; Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Mémoires, Paris, Gallimard, 1987-1990, t. 2, p. 917-918.
10 SHD, GR A11081, fol. 194, commissaire Fumeron à Barbezieux, Limerick, 25 octobre 1691.
11 Louis-François du Bouchet de Sourches, Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV, Paris, Hachette, 1882-1893, t. 3, p. 477.
12 SHD, GR 1 M 126, « Mémoire de ce qui s’est passé dans les pourparlers concernant la reddition de Bouchain en 1711 ».
13 Jean-François Martin de La Colonie, Mémoires de Monsieur de la Colonie, Maréchal de camp des armées de l’Électeur de Bavière, Paris, Mercure de France, 1992, p. 62.
14 Sourches, Mémoires, op. cit., t. 4, p. 87.
15 La Colonie, Mémoires, op. cit., p. 67.
16 Sourches, Mémoires, op. cit., t. 10, p. 81.
17 Pelet et de Vault, Mémoires militaires, op. cit., t. 10, p. 315, « capitulation de Saint-Venant, 30 septembre 1710 ».
18 Ibid., t. 11, p. 391-394.
19 Paul Vo-Ha, « La captivité militaire dans les redditions de places au xviie siècle », dans Yann Lagadec (dir.), Prisonniers et captivité de guerre à l’époque moderne (seconde moitié du xvie siècle- 1815), journée d’étude du 21 mai 2011, Rennes, à paraître.
20 Joseph Stevin, comte de Quincy, Mémoires du chevalier de Quincy, Paris, H. Laurens, 1898-1901, 3 vol., t. 1, p. 255 ; John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, 1667-1714, Paris, Perrin, 2014, p. 375 ; La Colonie, Mémoires…, op. cit., p. 471.
21 Paul Vo-Ha, « Trahir le prince, la reddition de Naerden, 1673 », dans Laurey Braguier-Gouverneur et Florence Piat (dir.), Normes et transgressions dans l’Europe de la première modernité, Rennes, PUR, 2013, p. 159-172.
22 Sourches, Mémoires…, op. cit., t. 10, p. 161.
23 Saint-Simon, Mémoires, op. cit., t. 3, p. 327.
24 Ibid., t. 3, p. 326.
25 Ibid., t. 4, p. 506.
26 Ibid., t. 2, p. 429.
27 Rémi Masson, « La compagnie des grenadiers à cheval de Louis XIV : une culture du combat au service de la guerre de siège », dans Benjamin Deruelle et Bernard Gainot (dir.), Combattre à l’époque moderne, 136e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Paris, Éd. du CTHS, 2013, p. 41-50 ; Les mousquetaires ou la violence de l’État, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 90 ; Défendre le roi. La Maison militaire au xviie siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017, p. 277-284.
28 Rémi Masson, Les mousquetaires ou la violence d’État, op. cit., p. 96.
29 Jean Chagniot, « Une panique, les gardes françaises à Dettingen (27 juin 1743) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 24, 1977, p. 78-95.
30 Henri Griffet, Recueil de lettres pour servir d’éclaircissement à l’histoire militaire du règne de Louis XIV, La Haye, Paris, A. Boudet, 1760-1764, 8 vol., t. 8, p. 162-163, Barbezieux au maréchal de Lorges, Namur, 13 juin 1692.
31 Pelet et de Vault, Mémoires militaires…, op. cit., t. 3, p. 349.
32 Voir notamment Bertrand Fonck et George Satterfield, « The essence of war : French army and Small war in the Low Countries (1672-1697) », Small Wars and Insurgencies, vol. 25, août 2014, n° 4, p. 767-783.
33 Pelet et de Vault, Mémoires militaires…, op. cit, t. 4, p. 804, « Détail de l’attaque de l’arrière-garde des ennemis, 7 mai 1704 ».
34 SHD, GR A1 1575, fol. 57, M. de Saint-Aulais à Luxembourg, le 15 août 1702.
35 SHD, GR A1 1206, fol. 6, Barbezieux à La Valette, 1er juillet 1693.
36 SHD, GR A1 1206, fol. 180, Barbezieux à La Valette, 24 juillet 1693.
37 Raymond Boisseau, « La petite guerre et les hussards du roi », dans Yves-Marie Bercé, Philippe Contamine et André Corvisier (dir.), Combattre, gouverner, écrire. Études réunies en l’honneur de Jean Chagniot, Paris, Economica, 2003, p. 161-181 ; Benoist Bihan, Le renouveau de la cavalerie dans les armées occidentales à l’époque moderne. Le cas du développement des unités de hussards en France, 1693-1763, mémoire de Master 2 sous la direction de Bernard Gainot, Paris I Panthéon-Sorbonne, 2009.
38 Pelet et de Vault, Mémoires militaires…, op. cit., t. 10, p. 410.
39 Ibid., t. 10, p. 623, Villars au roi, camp du Prieuré Saint-Michel, 12 juillet 1711.
40 Ibid., t. 10, p. 624, Gassion à Voysin, au camp sous Arras, 13 juillet 1711.
41 Ibid., t. 10, p. 625, Louis XIV à Villars, Marly, 13 juillet 1711.
42 La Colonie, Mémoires…, op. cit., p. 235.
43 SHD, GR A1 1675, fol. 146, Villars à Chamillart, 22 mars 1703.
44 Quincy, Mémoires…, op. cit., t. 2, p. 98.
45 Émilie Dosquet, « “Les François réduisent tout en solitude” : le soldat français et le ravage du Palatinat dans les gazettes européennes de l’année 1689 », dans Bernard Gainot et Benjamin Deruelle (dir.), Combattre à l’époque moderne, op. cit., p. 51-60. Voir également la contribution d’Émilie Dosquet dans le présent volume.
46 Henri Griffet, Recueil de lettres…, op. cit., t. 6, p. 62, Chamlay à Louvois, camp d’Oppenheim près de Worms, 8 juin 1689.
47 SHD, GR A1 1156, fol. 33, Deshaleurs au marquis d’Huxelles, Bâle, 22 février 1692.
48 Charles Stevin, marquis de Quincy, Histoire militaire du règne de Louis le Grand…, Paris, Denis Mariette, Jean-Baptiste Delespine, Jean-Baptiste Coignard, 1726, 8 vol., t. 2, p. 168.
49 Henri Griffet, Recueil de lettres…, op. cit., t. 5, p. 275, Louvois à Duras, 16 août 1689.
50 Sourches, Mémoires…, op. cit., t. 3, p. 337.
51 John A. Lynn, « Honourable Surrender in Early Modern European History », dans Holger Afflerbach et Hew Strachan (dir.), How Fighting Ends. A History of Surrender, Oxford, Oxford University Press, 2012, p. 99-110, p. 108 ; John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, op. cit., p. 242-244.
52 Antoine de Furetière, Dictionnaire universel…, La Haye, Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690, 3 vol., t. 1, p. 227, article « barbet ».
53 Nicolas Catinat, Mémoires et correspondance du maréchal de Catinat, Paris, A. Costes, 1836, 3 vol., t. 1, p. 30-31.
54 Ibid., t. 1, p. 89.
55 SGD, GR A1 1100, fol. 139, Tessé, Pignerol, 5 décembre 1691, « Considérations sur la manière de combattre les Barbets ».
56 Christian Ingrao, Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Perrin, 2009, p. 180.
57 SHD, GR A1 1100, fol. 139, Tessé, Pignerol, 5 décembre 1691, « Considérations sur la manière de combattre les Barbets ».
58 Sourches, Mémoires…, op. cit., t. 4, p. 495.
59 Sourches, Mémoires…, op. cit., t. 4, p. 500, « Relation du passage du Teret de la victoire remportée le 27 mai 1694 par le maréchal de Noaille ».
60 Guillaume Plantavit de La Pause, Mémoires du maréchal de Berwick…, op. cit., t. 2, p. 7.
61 SHD, GR A1 1708, fol. 111, Montrevel à Chamillart, 16 septembre 1703.
62 SHD, GR A1 1708, fol. 113, Puech à Chamillart, 16 septembre 1703 et fol. 163, Puech à Chamillart, 7 octobre 1703.
63 Voir Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans (1756-1763), Paris, Perrin, 2015.
64 Daniel Krebs, « Ritual Performance : Surrender during the American War of Independence », dans Holger Afflerbach et Hew Strachan (dir.), How Fighting Ends, op. cit., p. 169-183.
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