L’histoire d’un déclin ou les limites de la puissance ? La France face aux reconfigurations géopolitiques de l’Europe du Nord au tournant des xviie et xviiie siècles
p. 63-76
Texte intégral
1Dans l’histoire de l’Europe du Nord, la seconde moitié du xviie siècle est la période de l’apogée de la puissance suédoise. La Suède est alors considérée comme une grande puissance grâce à son empire qui s’étend sur l’ensemble de l’espace baltique, ainsi qu’au statut de prince d’Empire et garant des traités de Westphalie de son souverain. L’avènement de la Suède repose en partie sur l’alliance française qui est inaugurée par le traité de Bärwalde (1631) marquant l’intégration du royaume scandinave dans le dispositif français des alliances de revers destiné à lutter contre la maison d’Autriche. La Suède protestante doit servir de contre-feu sur le flanc nord de l’Empire. Ce schéma, qui structure les relations entre la France et la Suède pendant le règne de Louis XIV, se trouve au cœur des interventions de sa diplomatie dans les conflits nordiques de la seconde moitié du xviie siècle. Au cours de cette période, les agents du roi de France en Baltique sont des acteurs déterminants de la « balance du Nord ». Vu de France, l’équilibre régional s’organise autour de la puissance suédoise qui s’appuie, avant tout, sur ses territoires du nord de l’Empire acquis lors des traités de Westphalie en 1648. L’alliance suédoise contraint la diplomatie française à veiller aux nombreuses tensions entre Stockholm et ses voisins pour éviter qu’elles ne dégénèrent en guerre ouverte. À ce titre, la conclusion de la paix d’Oliva, entre la Suède et la Pologne en 1660, marque l’apogée de l’influence diplomatique française dans la région1. Le traité est garanti par Louis XIV qui apparaît, plus que jamais, comme le pacificateur du Nord. La Suède est alors, selon les mots du marquis de Feuquières, ambassadeur à Stockholm dans les années 1670, « l’aînée des alliés de la France ».
2Mais les choses changent à partir des années 1680 par la suite d’une conjonction d’évolutions régionales et continentales. La compréhension de la politique française en Europe du Nord au tournant des xviie et xviiie siècles impose de jouer sur les échelles spatiales et de tenir dans une même réflexion, d’une part, les enjeux régionaux concernant les acteurs baltiques et, d’autre part, les enjeux plus larges qui motivent, avant toute chose, la politique des grandes puissances européennes. La réorientation de la politique étrangère suédoise sous le règne de Charles XI (1660-1697), l’influence toujours plus importante de l’Angleterre secondée par les Provinces-Unies sous l’autorité de Guillaume III puis, au début du xviiie siècle, la révélation de la puissance russe suivie de l’effondrement de la Suède, modifient profondément les ambitions autant que les moyens de la politique française dans le Nord. Je voudrais montrer que, dans ces circonstances, le temps n’est plus aux arbitrages autoritaires, mais à une diplomatie fine et opportuniste devant faire des sacrifices pour préserver l’essentiel.
Les changements des années 1680
3La révolution anglaise dite « Glorieuse » de 1688 est un événement majeur dans l’histoire européenne car, auparavant, France, Angleterre et Provinces-Unies étaient toutes trois en rivalité dans le Nord et sur les mers. L’avènement au trône d’Angleterre de Marie II Stuart et de son époux Guillaume III, prince d’Orange et Stathouder des Provinces-Unies, modifie profondément l’équilibre des forces sur mer par la réunion des flottes anglaise et néerlandaise qui permet de renforcer l’emprise économique des deux pays dans le Nord. L’espace baltique est essentiel pour leur approvisionnement en matériaux de marine et en céréales. C’est pourquoi, à Londres comme à La Haye, on veille tout au long du siècle à préserver la balance du Nord qui repose sur la souveraineté suédo-danoise du détroit du Sund, ainsi que sur le partage des débouchés des zones de production que sont les grands ports de la Baltique.
4Pour les Français, les choses sont différentes, car leur commerce direct avec l’Europe du Nord n’a jamais été très nourri2. Les produits septentrionaux n’en demeurent pas moins très importants pour le royaume, en particulier pour la marine de guerre. En retour de ces importations, repartent vers le Nord sels, vins, eaux-de-vie, produits méditerranéens et coloniaux. L’essentiel de ces échanges est assuré par les Anglais, les Hanséates et surtout les Néerlandais. La politique française dans le Nord est avant tout guidée par des considérations géostratégiques. Louis XIV considère en effet que la France et la Suède ont le même ennemi naturel : l’influence de la Maison d’Autriche dans l’Empire3. C’est la raison pour laquelle il veille à préserver les territoires allemands du roi de Suède, y compris en intervenant militairement comme en 1679. Les troupes françaises contraignent alors le Danemark et le Brandebourg à restituer les territoires poméraniens dont ils venaient de s’emparer. Sous prétexte de cette double intervention, les diplomates français imposent aux belligérants une paix quasiment blanche sans prendre en compte l’opinion du souverain suédois4. Charles XI est vexé d’avoir été traité avec si peu d’égards, à l’instar d’un simple condottiere ou même d’un vassal qui se trouverait dans une dépendance humiliante vis-à-vis de Louis XIV5. Par la suite, la politique des Réunions, qui prive le roi de Suède de certains de ses territoires patrimoniaux d’Allemagne, puis la révocation de l’édit de Nantes achèvent de convaincre Charles XI de la nécessité de réorienter sa politique extérieure6. Les relations franco-suédoises se dégradent à tel point qu’il n’y a plus d’ambassadeur de France en titre à Stockholm entre 1682 et 16917.
5L’abandon de l’alliance française doit être replacé dans le cadre d’une réorientation générale de la politique extérieure suédoise. Pour Charles XI, il ne s’agit plus de conquérir de nouvelles provinces, mais de conserver celles déjà acquises et de rétablir les finances de la Couronne8. Dans ces conditions, il n’a besoin ni de l’appui militaire de la France pour soutenir ses visées expansionnistes, ni de subsides pour l’entretien de son armée. Le mécontentement envers la France, la fin des ambitions continentales et la structure maritime de l’empire suédois amènent Charles XI vers l’alliance de l’Angleterre et des Provinces-Unies pour obtenir une assistance navale en cas de guerre. En 1688, l’envoyé anglais à Stockholm souligne : « The friendship of England, or Holland, or both, has ever been accounted indispensably necessary to Sweden, in regard of its weakness by sea9. »
6Lorsque la guerre de la Ligue d’Augsbourg éclate, Louis XIV n’a plus d’alliance dans le Nord susceptible d’animer une attaque de revers. Il doit limiter ses ambitions à tirer le meilleur profit de la neutralité scandinave. L’objectif est d’intégrer le Danemark et la Suède dans un « tiers party » regroupant les princes du nord de l’Allemagne qui ne contribueraient à l’effort de guerre ennemi qu’à la hauteur des contingents dont ils sont redevables à Léopold Ier au titre de la constitution impériale10. Christian V de Danemark accepte l’arrangement en signant un traité « très secret de neutralité » avec Louis XIV en date du 27 mars 1691. Il obtient, en retour, des subsides français et la reconnaissance du droit au libre commerce pour ses sujets11. En Suède, la diplomatie française n’espère rien au-delà de la neutralité de son roi, mais il faut encore s’assurer que celle-ci sera bienveillante12. Pour l’agent français à Stockholm, La Piquetière, la difficulté ne consiste pas tant dans le fait d’obtenir la neutralité du roi de Suède mais plutôt de « convenir en quoi cette neutralité doit consister13 ». Or, il semble qu’elle ne sera pas exagérément favorable aux ennemis puisque Charles XI « souhaite passionnément de procurer la paix à l’Europe » en se faisant accepter comme médiateur, affirme l’ambassadeur français d’Avaux14.
7La neutralité scandinave s’avère finalement avantageuse pour la France, car elle permet de mettre en échec la stratégie ennemie de traque du commerce et d’isolement du royaume. En effet, la réunion des marines de guerre et des corsaires anglais et néerlandais permet à Guillaume III d’ériger la chasse systématique au commerce français comme principe central de la guerre sur mer. Dès lors, il n’y a que les marines neutres qui puissent continuer à assurer les échanges extérieurs du royaume. D’ailleurs, en 1691, l’intendant de Guyenne assure que Danois et Suédois sont « ceux qui font le plus gros commerce » à Bordeaux15. Le 10 mars 1691, la Suède et le Danemark concluent un traité pour la sécurité et la protection mutuelle de leur commerce et de leur navigation16. Le traité est renouvelé deux ans plus tard, le 17 mars 1693, dans le même esprit que le précédent mais avec des menaces de représailles plus explicites17. Bien que, dans les faits, cette alliance n’ait pas été en mesure de protéger réellement la navigation scandinave, elle devient un moyen d’action pour la diplomatie française dans le Nord. Après la défaite française à La Hougue (29 mai 1692), qui donne aux ennemis de Louis XIV la maîtrise de la Manche, les représentants du roi à Copenhague et à Stockholm insistent sur les « attentats », les « insultes », les « affronts » que les marines anglaise et néerlandaise infligent aux pavillons scandinaves en saisissant leurs navires18.
8À la différence des guerres de Trente Ans et de Hollande, Louis XIV n’est pas parvenu à conclure une alliance offensive dans le Nord. Ses ambitions se sont limitées à éviter que la Suède et le Danemark ne basculent du côté de ses ennemis. C’est la traduction du renforcement de l’influence maritime anglo-néerlandaise et de la trop grande discrétion française, navale et commerciale, dans la région qui contraint Louis XIV à adopter une stratégie diplomatique défensive. Le recul de l’influence française en Suède est à replacer dans un mouvement plus général qui concerne l’ensemble de l’Europe du Nord. En Allemagne, depuis la paix de Nimègue (1678), Louis XIV ne fait plus figure de protecteur des droits des princes du Saint-Empire face au pouvoir hégémonique de Vienne. L’attitude hautaine du Roi-Soleil, la politique des Réunions, la révocation de l’édit de Nantes ont ramené vers l’Empereur une grande partie des cours d’Allemagne du Nord en particulier19. Plus à l’est, en Pologne, Louis XIV ne parvient pas à imposer son candidat lors de l’élection de 1697. C’est au contraire Auguste II, électeur de Saxe, qui est élu roi de Pologne grâce au soutien du tsar et l’Empereur.
9Après l’échec de l’élection polonaise, Louis XIV doit repenser sa politique nordique et retrouver un allié dans la région dans la perspective de la crise probable qu’ouvrira la succession espagnole. Cette même année 1697, la mort de Charles XI de Suède et l’exaspération suédoise nourrie par les saisies anglaises et néerlandaises au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg laissent espérer un retour en grâce des intérêts français à Stockholm. L’entourage du jeune roi Charles XII est divisé entre, d’une part, les tenants de la continuité en politique étrangère qui préconisent une proximité avec les puissances maritimes et, dans une moindre mesure, l’Empereur ; d’autre part, les partisans de l’alliance française appelés par dérision fransöske magar (littéralement les estomacs français)20. Le véritable obstacle à un rapprochement franco-suédois est l’hésitation du gouvernement français sur la question du Holstein-Gottorp qui constitue la principale pomme de discorde entre la Suède et le Danemark21. Pour les Suédois, ce duché est une pièce essentielle de leur système défensif, car il permet de menacer le Danemark par le sud. Mais Louis XIV ne comprend pas l’importance stratégique de cette question pour Charles XII et déplore que « les intérêts du duc de Hosltein faussent le jugement des Suédois » qui sont prêts à entrer en guerre « seulement pour l’intérêt particulier de ce prince sans que la Suède n’y trouve aucun avantage22 ». Louis XIV refuse d’adopter une position claire. En cherchant à ménager les deux cours scandinaves, il n’en satisfait aucune. En revanche, lors des périodes de crise autour de la question du Holstein-Gottorp, Guillaume III parvient à imposer un accord (conférences de Pinneberg, 1699) qui fait de lui, pour un temps, l’arbitre des dissensions entre le Danemark, le Holstein et la Suède au moment où les tensions s’accumulent en Baltique.
Les tensions et la guerre en Europe baltique au début du xviiie siècle
10L’empire suédois s’est constitué entre 1560 et 1660 par l’acquisition de territoires aux dépens de puissances voisines. Il en résulte une accumulation de rancœurs chez les autres pays riverains de la Baltique qui sont avides de revanche à la fin du xviie siècle. En 1688, l’agent anglais en Suède, John Robinson en témoigne clairement : « all the neighbours of Sweden are thereby disobliged, and watch all opportunities to retrieve their loses, so that Sweden can never firmly depend upon the friendship of Denmark, Poland, Muscovy or any other neighbouring prince23 ». Le Danemark est le grand perdant de l’avènement de la puissance suédoise car, entre 1645 et 1658, il a dû céder à son voisin les riches provinces méridionales de la péninsule scandinave et renoncer à la domination unilatérale sur le Sund. Du point de vue danois, les progrès du voisin suédois posent des problèmes croissants de sécurité. À partir du mariage de Charles X avec Hedvig-Eléonore de Holstein-Gottorp, en 1654, le duché devient, de fait, un quasi-protectorat suédois ce qui parachève l’encerclement du Danemark par le Sud. Cette situation nourrit une peur obsidionale à Copenhague qui se cristallise autour de la question du Holstein24. L’autre grand perdant des progrès suédois dans le Nord est la Rzeczpospolita polonaise qui a dû céder la riche Livonie et son port de Riga, pour ne conserver que le seul débouché de Dantzig sur la Baltique. Le troisième voisin menaçant de la Suède est la Moscovie dont le tsar, Pierre Ier, reprend les ambitions de ses prédécesseurs en cherchant à procurer à son pays une ouverture sur la mer libre. Plus encore que pour les Polonais, il s’agit de pouvoir établir des échanges directs avec l’étranger et de profiter à plein de la croissance de la demande occidentale qui fait augmenter le prix des céréales et des matériaux de marine25. Enfin, il y a encore des princes allemands qui regardent les possessions suédoises de leur voisinage avec envie, que ce soit le Brandebourg qui n’a jamais réellement renoncé à contrôler Stettin et l’embouchure de l’Oder, ou le Hanovre qui ambitionne d’obtenir un débouché sur la mer du Nord dont il est séparé par les territoires suédois de Brême et de Verden.
11Dans les dernières années du xviie siècle, le contexte semble plus favorable que jamais pour les voisins de la Suède. Les grandes puissances occidentales sont préoccupées par la mort imminente de Charles II d’Espagne, alors que depuis 1697 le trône de Suède est occupé par un adolescent qui ne présente apparemment pas de dispositions particulières pour assumer sa tâche26. Il faut y ajouter le profond mécontentement des nobles baltes qui ont perdu une partie de leurs terres au profit de la Couronne de Suède dans les opérations de la reduktion, et qui sont prêts à favoriser le renversement du joug suédois27. Une coalition tripartite regroupant Auguste II de Pologne, Frédéric IV de Danemark et Pierre Ier de Russie se forme sur la base d’une attaque des possessions suédoises. Le 11 février 1700, les troupes d’Auguste II attaquent la Livonie suédoise. Cette offensive est suivie de l’entrée de l’armée danoise dans le Holstein gottorpien. Immédiatement, Charles XII rassemble ses forces et prend la route du sud.
12Les gouvernements occidentaux, obnubilés par le sort de l’héritage espagnol, sont pris de court par le déclenchement de la guerre. Français et Anglais n’ont considéré la Baltique qu’à l’aune de leurs préoccupations respectives et ont sous-estimé les tensions entre les pays de la région. Dépassés par les événements, Versailles et Londres assistent à l’embrasement de la Baltique, alors que durant le siècle écoulé, avec les Néerlandais, ils avaient pesé de manière décisive sur les rapports de force entre les pays du Nord. La Grande Guerre du Nord commence au moment de la conclusion du second traité de partage de la succession espagnole entre la France, l’Angleterre et les Provinces-Unies, en mars 1700. Même si le risque d’une guerre à l’ouest reste élevé, il ne saurait être question pour la France de compromettre le fruit de longues et difficiles négociations avec les puissances maritimes en intervenant inconsidérément dans le Nord. Louis XIV se contente de proposer sa médiation, alors que la flotte anglo-néerlandaise se dirige vers le Sund. Le roi de France tient tout d’abord à rassurer Guillaume III et le Grand Pensionnaire Heinsius sur le sens de son intervention et, ensuite, à profiter de sa médiation pour obtenir la garantie du traité de partage par les deux couronnes scandinaves. La prudence du roi est d’autant plus nécessaire que l’Empereur fait connaître son rejet de tout traité de partage de la succession espagnole. Au même moment, alors que les Suédois attaquent Copenhague, Guillaume III impose le retour de la paix. Il empêche la chute de la capitale danoise pour éviter une domination unilatérale autour du Sund et prive ainsi Charles XII d’une partie de sa victoire. Le roi d’Angleterre fait figure de grand vainqueur des événements de 1700, puisqu’il est parvenu à restaurer la paix en Holstein tout en éclipsant ce qui pouvait rester de l’influence française dans la région. Louis XIV, n’ayant pas voulu se prononcer, a déçu Frédéric IV et s’est attiré la suspicion de Charles XII.
13Dans l’immédiat, le théâtre de la Grande Guerre du Nord se déplace vers la Baltique orientale. Outre la lointaine Moscovie, ce sont deux anciens alliés de la France, la Suède et la Pologne, qui s’affrontent. Louis XIV doit trouver un soutien dans le nord-est de l’Europe qui soit susceptible d’agir sur les arrières de l’Empereur. Fidèle à ses « maximes », le roi de France commence à rechercher Charles XII tout en prenant garde à ne pas délaisser Auguste II, dont l’alliance présente l’avantage de procurer un appui dans l’Empire et sur le flanc nord des possessions patrimoniales des Habsbourg. Une alliance devient d’autant plus urgente une fois que le testament de Charles II d’Espagne est connu, le 2 septembre 170028. Il est temps, écrit Louis XIV, de « faire des alliances capables de donner de justes inquiétudes à ce prince [l’Empereur] s’il fait quelqu’entreprise contraire à la paix29 ». Or, il déplore que la Suède soit apparue jusqu’à présent « plus attachée qu’aucune autre aux intérêts de la maison d’Autriche », et que Charles XII ne témoigne que « lenteur et froideur » pour les propositions qui lui sont faites30. Louis XIV se tourne alors vers Auguste II qui est susceptible d’agir dans et hors de l’Empire, permettant ainsi de concilier la politique allemande et la politique nordique de la France. C’est François de Callières qui est chargé de conduire des négociations aboutissant à un traité d’alliance signé le 17 décembre 170031. Moyennant subsides, Auguste II s’engage en sa double qualité de roi de Pologne et d’électeur de Saxe à entrer en guerre à la demande de Louis XIV contre tous ceux qui contesteraient l’accession de Philippe V au trône d’Espagne. La conclusion de cette alliance est précipitée par un coup de tonnerre venu de Baltique orientale : la victoire de Charles XII sur les troupes du tsar devant Narva le 30 novembre 1700. Après une marche forcée d’une semaine, une armée suédoise d’environ 8000 hommes défait près de 35000 Russes32. Le jeune roi de Suède signe le premier grand exploit militaire de sa jeune carrière, stupéfiant l’Europe entière à l’image de Leibniz qui confie son désir de le voir régner « jusque dans Moscou et jusqu’au fleuve Amour33 ». Momentanément débarrassé de la menace moscovite, plus confiant que jamais dans la supériorité de ses armes, Charles XII prépare maintenant son offensive contre Auguste II. Celui-ci, après avoir fait croire qu’il accepterait la médiation de Louis XIV dans sa guerre contre la Suède, se rapproche de la Russie pour continuer à combattre Charles XII dont les troupes sont sur le point d’entrer en Pologne.
14En 1702, quand la guerre de Succession d’Espagne commence, Louis XIV n’a aucun allié dans le Nord où il a été clairement surclassé par la diplomatie de ses ennemis. Frédéric IV et Auguste II se sont liés à l’Empereur, alors que Charles XII affiche une neutralité bienveillante envers les puissances maritimes. Cette situation confirme le recul de l’influence française dans le Nord depuis les deux dernières décennies du xviie siècle, au profit, principalement, de l’Angleterre.
La Grande Guerre du Nord au temps de la guerre de Succession d’Espagne
15À partir de 1702, l’armée suédoise circule en Pologne sans parvenir à porter un coup décisif à Auguste II qui reconstitue son armée à partir de son électorat saxon. Ce n’est qu’en 1706 que, finalement, Charles XII se décide à entrer en Saxe et établit son camp près du petit village saxon d’Altranstädt dans un contexte particulièrement difficile pour la France. 1706 est, en effet, l’« annus horribilis » (John A. Lynn) pour la France. Les armées de Louis XIV sont chassées des Pays-Bas après le succès de Marlborough à Ramillies (23 mai 1706), Marsin est bloqué devant Turin par les manœuvres du prince Eugène, alors qu’en juin l’archiduc Charles entre à Madrid. Charles XII, à la tête d’une armée invaincue de 30000 hommes, est plus que jamais à la croisée des efforts diplomatiques des belligérants de la guerre de Succession d’Espagne et fait figure, selon l’expression consacrée, « d’arbitre de l’Europe ». Louis XIV estime inévitable une rupture du roi de Suède avec Vienne : « il est presque impossible qu’étant armé au milieu de l’Empire, dans le voisinage des États héréditaires de la maison d’Autriche, ayant passé à travers la Silésie sans consulter l’Empereur, il ne s’élève bientôt entre ces deux princes des plaintes réciproques, capables de porter tout d’un coup les affaires à une rupture ouverte34 ». Les diplomates français rejoignent à Altranstädt le ballet diplomatique qui, selon l’expression du secrétaire d’État suédois Olof Hermelin, « bourdonne [autour du roi de Suède] comme des guêpes sortant d’un nid qu’on vient de transpercer35 ». Une nouvelle fois, la diplomatie française échoue à impliquer Charles XII dans la guerre occidentale puisque le roi de Suède choisit, en 1707, de mener compagne en Russie « un pays hors du commerce des Hommes » selon l’expression du diplomate français Besenval36. Dès lors, les nouvelles se font de plus en plus incertaines37. La défaite de Poltava, le 8 juillet 1709, suivie d’un long séjour dans l’Empire ottoman sort Charles XII de l’horizon diplomatique français pendant près de cinq années, même si Louis XIV se refuse à abandonner complètement le roi de Suède38.
16Dès le lendemain de la bataille de Poltava, la guerre renaît en Baltique, puisque Frédéric IV et Auguste II reprennent les armes. Par ailleurs, la Prusse et le Hanovre s’apprêtent également à rejoindre la coalition anti-suédoise. À l’est, depuis 1710, les troupes russes occupent les provinces baltes et chassent les Suédois de la région. Ceux-ci reculent également au sud de la Baltique et ne contrôlent plus que la forteresse poméranienne de Stralsund. Sur le plan européen, avec la conclusion de la paix d’Utrecht, le Nord cesse d’être un espace de rivalité des diplomaties française et anglaise. Tout au contraire, Versailles comme Londres ont un intérêt commun à éviter la ruine de la Suède et à préserver la « balance du Nord ». Mais pour les Anglais, l’heure n’est plus aux interventions autoritaires en raison de la présence russe sur le littoral de la Baltique qui donne au tsar le plein contrôle des débouchés des productions russes de matériaux de marine. La politique anglaise dans la région est soumise à des impératifs contradictoires entre la nécessité géostratégique de secourir la Suède et le besoin de préserver de bonnes relations avec la Russie pour assurer l’approvisionnement en matériaux de marine. De leur côté, les Français veulent préserver la présence suédoise dans le nord de l’Allemagne mais, comme les Anglais avec lesquels ils se concertent, ils sont dépourvus de moyens d’action.
17La dernière année du règne de Louis XIV est marquée par deux changements importants dans le Nord. Le premier est l’accession de George-Louis de Hanovre à la couronne de Grande-Bretagne à la suite de la mort de la reine Anne le 1er août 1714. Le second changement est la fin de l’exil ottoman de Charles XII qui fait son retour sur les bords de la Baltique dans la nuit du 11 novembre 1714.
18L’avènement de George Ier change profondément la donne dans le Nord. Ses bonnes relations avec Frédéric IV de Danemark et Pierre de Russie sont connues, tout comme ses ambitions sur Brême et Verden pour procurer une façade maritime à l’électorat de Hanovre39. Au motif de protéger ses sujets britanniques des corsaires suédois, le nouveau roi obtient du parlement de Londres l’envoi d’une escadre en Baltique. Cette décision est pratiquement contemporaine de l’annonce de l’arrivée de Charles XII à Stralsund, dernière forteresse suédoise de Poméranie. Dès la nouvelle connue, Louis XIV lui dépêche un ambassadeur qui n’est autre que Colbert de Croissy, frère de son secrétaire d’État des Affaires étrangères Colbert de Torcy40. Il est chargé d’exercer la médiation de Louis XIV entre Charles XII et Frédéric-Guillaume de Prusse qui est décidé à s’emparer de la Poméranie. Mais Croissy arrive dans le Nord alors que la marche à la guerre est irrémédiablement enclenchée. Sur terre, les troupes prussiennes et danoises ont entamé un nouveau siège, profitant de la présence d’une escadre anglaise au large de la Poméranie qui interdit toute relation entre la dernière possession suédoise au sud de la Baltique et sa métropole. Stralsund tombe finalement le 23 décembre 1715, pendant que Charles XII fait voile vers la Suède. À quelques semaines près, Louis XIV n’a pas assisté à l’expulsion de la Suède du sol allemand, alors même que son règne avait été inauguré par l’installation des Suédois dans l’Empire. La Grande Guerre du Nord s’achève finalement par une série de traités de paix conclus entre 1719 et 1721. Si la Suède ne conserve, selon l’expression d’un diplomate suédois, qu’« un pied en Allemagne41 », la Russie est bel et bien devenue la première puissance de l’Europe du Nord.
La France face aux mutations géostratégiques de l’Europe du nord au tournant des xviie et xviiie siècles
19Si l’on considère les mutations des équilibres stratégiques de l’Europe du Nord générées par les guerres des décennies encadrant le passage du xviie au xviiie siècle, l’expression de « grand tournant » est tout à fait idoine. Elle l’est davantage encore si l’on envisage ces changements dans la perspective de la politique française. Lors des guerres de Trente Ans ou de Hollande, l’alliance de revers suédoise avait fonctionné. En revanche, au cours de la période 1688-1715, les entreprises diplomatiques françaises ont été globalement inopérantes car, à aucun moment, Louis XIV n’est parvenu à obtenir une diversion militaire sur le flanc nord de l’Empire. Ses diplomates ont, d’abord, taché d’éviter que les pays de la Baltique ne soutiennent les puissances maritimes. Ils sont ensuite intervenus pour que la Suède demeure présente sur le sol allemand. Dans ces conditions, il peut sembler juste de parler d’un déclin de l’influence française dans le Nord. Cependant, au-delà des épisodes particuliers, il faut s’interroger sur les causes structurelles de cette évolution en se demandant si les moyens dont Louis XIV disposait pouvaient lui permettre de jouer un rôle majeur en Baltique au tournant des xviie et xviiie siècles. Jusqu’aux années 1670, les subsides combinés avec la menace militaire avaient permis à la diplomatie de Louis XIV d’être « l’arbitre du Nord ». Mais les choses sont fort différentes dans le contexte des années 1710. Au fond, que peut bien faire Louis XIV pour les intérêts de Charles XII, d’Auguste II, de Frédéric IV ou de Pierre Ier ? Il ne peut plus verser de subsides, ni faire intervenir ses armées de terre ou de mer. Ses ennemis anglo-néerlandais peuvent non seulement fournir des assistances financières, mais disposent encore de flottes de guerre dont le concours pèse de manière décisive sur l’équilibre des forces en Baltique. L’intervention des bâtiments anglais et hollandais lors de la première campagne de la Grande Guerre du Nord permet à Guillaume III d’imposer la paix entre la Suède et le Danemark. La collaboration des puissances maritimes permet au roi de Suède d’être, selon les mots de son ministre Karl Piper, « respectable par mer, tandis que ses armes le rendent redoutable par terre42 » ; l’alliance de Louis XIV ne saurait avoir les mêmes avantages.
20Nous touchons aux limites de la puissance de la France en tant qu’actrice des relations internationales, la puissance étant définie ici selon les termes de Raymond Aron comme « la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités43 ». Bien que Charles XII mène une guerre dont les effets peuvent coïncider avec les intérêts français, comme lors du séjour à Altranstädt en 1706-1707, la simultanéité des tensions ne signifie pas la confusion des objectifs. Les arguments français insistant sur la nécessité de rétablir la « balance de l’Europe » menacée par la Grande Alliance et la défense des libertés germaniques face aux ambitions de l’Empereur sont sans effet sur Charles XII44. Sa guerre se déroule à l’Est. À Versailles, à la différence des diplomates qui sont sur place, les Français ne perçoivent pas les enjeux de la progression russe sur les côtes baltes, car cette région n’a que fort peu d’intérêt pour Louis XIV, en raison de la faible présence du pavillon français dans les ports de Baltique orientale. Or, les questions baltes sont au centre des préoccupations de Charles XII, puisqu’il s’agit de contenir les appétits russes sur le littoral du golfe de Finlande et dans les provinces voisines, ce qui est le leitmotiv de la politique suédoise depuis la seconde moitié du xvie siècle. L’Europe est alors séparée en deux théâtres distincts avec chacun ses enjeux propres : à l’Ouest l’héritage espagnol avec, à l’arrière-plan, la prépondérance européenne ; à l’Est, l’hégémonie en Baltique.
21Les guerres en Baltique du xviie siècle opposaient la Suède à des voisins désunis qui, de toute façon, ne pouvaient dicter les conditions d’une paix dans le Nord sans l’aval de Versailles, de Londres ou de La Haye. En ce sens, il y avait entre l’Ouest et le Nord un rapport du type « centre-périphérie ». Ce modèle sert à caractériser des rapports de puissances dissymétriques entre des ensembles spatiaux entretenant des flux déséquilibrés45. En un mot, la France, l’Angleterre et les Provinces-Unies avaient des capacités d’intervention en Baltique qui biaisaient l’équilibre des forces régional dans la seconde moitié du xviie siècle. Mais au début du xviiie siècle, l’implication des puissances occidentales dans une guerre de grande ampleur laisse les mains libres aux puissances riveraines de la Baltique qui vont pouvoir se mesurer réellement entre elles sans que des éléments extérieurs ne viennent perturber une confrontation d’où sortira un nouvel ordre régional. Il se profile à partir de 1710 un équilibre plus conforme aux rapports de force véritables entre les pays de la région.
22Cette fois, l’émergence de la puissance russe remet en cause le modèle « centre-périphérie » du xviie siècle. Les difficultés qu’éprouvent les Anglais et les Français pour trouver un moyen de restaurer la paix dans le Nord après Utrecht sont révélatrices d’un profond changement des rapports de force en Europe. Tant que la guerre de Succession d’Espagne se poursuivait, les capacités d’intervention des puissances occidentales étaient limitées. C’est pourquoi les ennemis de la Suède ont vu avec soulagement l’échec des pourparlers de Gertruydenberg (1710), craignant qu’une fois la paix rétablie à l’Ouest, Français et Anglais « ne contraignent le Nord à recevoir les conditions de paix telles qu’ils la lui voudront prescrire46 ». Or, pour Torcy, le rétablissement de la Suède et de la « balance du Nord » est dans l’intérêt de l’Europe entière47. C’est au nom de ces principes que les Occidentaux étaient intervenus à plusieurs reprises en Baltique au cours du xviie siècle. Mais au lendemain de la paix d’Utrecht, le rapport de forces entre puissances n’est plus favorable aux Occidentaux. Ils ne peuvent plus imposer leur conception de l’équilibre dans le Nord.
23Le changement fondamental est l’irruption de la Russie sur les littoraux de la Baltique orientale. Avec la Russie, il ne s’agit plus, comme avec la Suède, d’un pays à l’assise démographique étroite et aux ressources financières limitées qui doit sans cesse chercher la protection d’une puissance occidentale pour maintenir son empire. Voilà pourquoi, à la différence du siècle précédent, la guerre en Baltique s’est poursuivie malgré les efforts des Occidentaux pour la circonscrire ou du moins pour l’atténuer. Finalement, en 1721, le tsar dicte ses conditions de paix à une Suède réduite aux abois. Aucune puissance n’a été capable de peser suffisamment sur le tsar pour le convaincre, ou le contraindre, à modérer ses revendications. Il fonde un nouvel équilibre des forces en Baltique fondamentalement différent de celui de l’époque de Louis XIV. C’est dans cette nouvelle configuration que la France doit repenser ses objectifs et les modalités de son action en Europe du Nord, notamment vis-à-vis de la Russie où Louis XIV n’avait jamais eu d’ambassadeur permanent. Il faut nécessairement s’adapter aux nouveaux équilibres au sein desquels le tsar est devenu un acteur incontournable pour le Nord, en particulier, mais aussi plus généralement pour le continent. C’est, dès lors, l’Europe du xviiie siècle qui commence à se dessiner.
Notes de bas de page
1 Eric Schnakenbourg, « Au lendemain du Déluge : Paix du Nord et équilibre baltique en 1660 », dans Lucien Bély, Stéphane Jettot et Bertrand Haan (dir.), 1659. La Paix des Pyrénées ou le triomphe de la raison politique, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 389-405.
2 Pierrick Pourchasse, Le commerce du Nord. Les échanges commerciaux entre la France et l’Europe septentrionale au xviiie siècle, Rennes, PUR, 2006 et Marie-Louise Pelus-Kaplan, « Navigation française et commerce français en mer Baltique aux xvie et xviiie siècles (1562-1715) : l’enseignement des registres du Sund », dans Alain Lottin, Jean-Claude Hocquet et Stéphane Lebecq (dir.), Les hommes et la mer dans l’Europe du Nord et du Nord-Ouest de l’Antiquité à nos jours, Villeneuve-d’Ascq, Revue du Nord, 1986, p. 323-341.
3 Andrew Lossky, « Maxims of State in Louis XIV’s Foreign Policy in the 1680’s », dans John Bromley et Ragnhild Hatton (dir.), Essays 1680-1720 by and for Mark A. Thomson, Liverpool, Liverpool Univesity Press, 1968, p. 11-12.
4 Birger Fahlborg, « Sverige på fredskongressen i Nijmegen, 1676-78 », Historisk Tidskrift, 1944, p. 212.
5 Anthony Upton, Charles XI and Swedish Absolutism, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 27-28 et Bengt Liljegren, Karl XII. En biografi, Lund, Historiska Media, 2000, p. 44.
6 Klaus Malettke, Les relations entre la France et le Saint-Empire au xviie siècle, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 421 et Anthony Upton, Charles XI and Swedish Absolutism, op. cit., p. 95 et 153.
7 Recueil des instructions aux ambassadeurs, Suède, éd. par Auguste Geffroy, Paris, Felix Alcan, 1885, p. 141.
8 « Charles XI led her back into the grey light of everyday existence, gave her policies appropriate to her resources and her real interests, equipped her to carry them out, and prepared for her a future of weight and dignity as a second-class » (Michael Roberts, « Charles XI », History, n° 169, juin 1965, p. 166).
9 John Robinson, Account of Sweden, 1688, Stockholm, Karolinska Förbundets Årsbok, 1996, p. 63, et Bengt Ahslund, « Sweden’s Alliances and the Structure of her Armies Forces (1680-1700) », dans Forces armées et systèmes d’alliances, Colloque de Montpellier, 1981, Cahiers de la Fondation pour les études de défense nationale, 1983, t. I, p. 253-269.
10 Christian V, roi de Danemark et de Norvège, est aussi membre de l’Empire en qualité de duc de Holstein, de comte d’Oldenbourg et de Delmenhorst. Quant à Charles XI, il est roi de Suède et duc de Poméranie. Janine Fayard, « Les tentatives de constitution d’un “tiers party” en Allemagne du Nord (1690-1694) », Revue d’histoire diplomatique, 1965, p. 338-372.
11 Holger Reedtz, Répertoire historique et chronologique des traités conclus par la couronne de Dannemarc depuis Canut-le-Grand jusqu’à 1800, Gottingen, Dieterich, 1826, p. 150-152.
12 « Je ne crois pas qu’on pu jamais le porter [Charles XI] à entrer en quelque traité qui fut directement contraire à ceux qu’il a fait avec les ennemis de la France de sorte, Monseigneur, que je suis persuadé que tout ce qu’on peut obtenir de lui pendant cette guerre est qu’il demeure dans une neutralité et qu’il poussa sa médiation avec assez de vigueur pour la faire accepter », AAE [Archives des Affaires étrangères, La Courneuve], CP [Correspondance politique], Suède, vol. 70, fol. 174, La Piquetière à Louis XIV, 22 août 1691.
13 AAE, CP, Suède, vol. 70, fol. 282, La Piquetière à Croissy, 9 janvier 1692.
14 AAE, CP, Suède, vol. 74, fol. 145, d’Avaux à Louis XIV, 9 septembre 1693.
15 André Rebsomen, Recherches historiques sur les relations commerciales entre la France et la Suède, Bordeaux, Féret, 1921, p. 37.
16 Ove Bring, Neutralitetens uppgang och fall, Stockholm, Atlantis, 2008, p. 54. Les articles du traité se trouvent dans AAE, MD [Mémoires et Documents], Danemark, vol. 37, fol. 85-87,
17 Jean Dumont, Corps universel diplomatique du droit des gens, Amsterdam-La Haye, 1731, vol. 7, part. 2, p. 325-327 et AAE, CP, Suède, vol. 73, fol. 128, d’Avaux à Louis XIV, 1er avril 1693.
18 AAE, CP, Suède, vol. 75, fol. 40, Louis XIV à d’Avaux, 7 février 1694 et CP, Danemark, vol. 52, fol. 405, Louis XIV à Bonrepaus, 22 septembre 1695. Voir Eric Schnakenbourg « La première neutralité scandinave : Danemark et Suède face aux grandes puissances pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, 1688-1697 », Revue d’histoire nordique, 2012, vol. 14, p. 23-38.
19 Des pamphlets se diffusent qui comparent le roi de France au Grand Turc. Voir Klaus Malettke, Les relations entre la France et le Saint-Empire au xviie siècle, op. cit., p. 384 et Alexandre Yali Haran, « Le dénigrement de la France en Allemagne à la fin du xviie siècle à travers les ouvrages d’expression française », Histoire, Économie et Société, 1996, n° 2, p. 203-219.
20 Stellan Dahlgren, « Karl XI », dans Kungar och Krigare. Tre essäer om Karl X Gustav, Karl XI och, Karl XII, Stockholm, Atlantis, 1992, p. 122 ; Bengt Liljegren, Karl XII. En biografi, op. cit., p. 55.
21 Au milieu du xve siècle, une partie des duchés de Schleswig et de Holstein est détachée pour constituer un apanage pour une branche cadette de la famille Oldenbourg, les Holstein-Gottorp. Or les deux territoires, liés à perpétuité par une convention de 1460, ne relèvent pas du même suzerain. Le Schleswig est un fief du roi de Danemark, alors que le Hosltein fait partie du Saint-Empire et relève donc de l’Empereur. Sur le plan administratif, les deux duchés sont divisés en trois types de régions imbriquées les unes dans les autres : celles relevant du duc de Hosltein comme prince d’Empire, celles dépendant directement de Copenhague, mais qui ne font pas partie du royaume danois, et enfin celles où l’autorité du duc et du roi s’exercent conjointement.
22 AAE, CP, Suède, vol. 89, fol. 79, Louis XIV à Guiscard, 5 août 1700.
23 John Robinson, Account of Sweden, 1688, op. cit., p. 59-60.
24 Göran Larsson, « “Den onde nabo” Maktbalansskiftet i Östersöomradet ur ett dansk perspektiv », dans Vägen till Westfaliska Freden. Sverige och trettioåriga kriget, Lund, Historiska Media, p. 135-159.
25 Jerzy Topolski, « Commerces des denrées et croissance démographique de la zone baltique aux xvie et xviie siècles », Annales ESC, mars-avril 1974, n° 2, p. 435 et I. P. Saskolskij, « New Phenomena in the Baltic Trade of Russia in the seventeenth century », Scandinavian Economic History Review, 1986, n° 14, p. 44.
26 Enfant taciturne et adepte des exercices physiques et violents, Charles XII reçoit une éducation soignée à laquelle son père veille avec attention. Elle est brutalement interrompue en 1697 lorsque le prince hérite de la couronne. La personnalité et l’œuvre de Charles XII ont été l’objet de nombreuses controverses. Pour une synthèse sur l’historiographie du règne de Charles XII, voir Sverker Ordesson, « Karls XII och det svenska stormaktsväldets fall i historieskrivning och tradition », dans Sverker Ordesson (dir.), Tsar Peter och kung Karl, Stockholm, Atlantis, 1998, p. 275-304. La meilleure biographie de Charles XII reste à ce jour celle de Ragnhild Hatton, Charles XII of Sweden, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1968.
27 La reduktion est un processus légal par lequel la Couronne de Suède récupère des terres considérées comme usurpées par les nobles. Pour une synthèse, voir Kurt Ågren, « The reduktion », dans Michael Roberts (dir.), Sweden’s Age of Greatness, Londres, Macmillan, 1973, p. 237-264.
28 Marie-Françoise Maquart, « Le dernier testament de Charles II d’Espagne », dans Lucien Bély (dir.), La présence des Bourbons en Europe xvie-xxie siècles, Paris, PUF, 2003, p. 111-124.
29 AAE, CP, Suède, vol. 89, fol. 158, Louis XIV à Guiscard, 23 septembre 1700.
30 Ibid., fol. 159.
31 Une copie de ce traité se trouve dans AAE, CP, Pologne, vol. 104, fol. 200 et suivants.
32 Les estimations des effectifs engagés dans ce combat varient fortement pour les Moscovites. Nous avons suivi les indications contenues dans la dernière étude spécifiquement consacrée à la bataille de Narva, par Margus Laidre, Segern vid Narva. Början till en stormakts fall, Falun, Natur och Kultur, 1996, p. 153.
33 Jean Baruzi, Leibniz et l’organisation religieuse de la Terre, Paris, Felix Alcan, 1907, p. 114.
34 Instructions à Ricous, 20 janvier 1707, dans Recueil des instructions aux ambassadeurs, Suède, op. cit., p. 225.
35 Hermelin à Beck, 16 juillet 1707 (ancien style), soit le 28 juillet, cité par Arne Munthe, Histoire de l’administration des Affaires étrangères de Suède, Uppsala, Almqvist & Wiksell, 1940, p. 205.
36 AAE, CP, Suède, vol. 110, fol. 70, Besenval à Louis XIV, 11 mars 1707.
37 Eric Schnakenbourg, « La chute de l’Alexandre du Nord : le gouvernement français et la campagne russe de Charles XII, 1706-1709 », dans Gunnar Åselius et Valérie Caniart (dir.), Quatre siècles de coopération militaire franco-suédoise/Svenskt-franskt militärt samarbete under fyra sekler, Vincennes, Service historique de la Défense, 2009, p. 265-282.
38 Eric Schnakenbourg, La France, le Nord et l’Europe au début du xviiie siècle, Paris, Honoré Champion, 2008, p. 103-115.
39 AAE, CP, Hambourg, vol. 34, fol. 263, Poussin à Torcy, 20 juillet 1714.
40 Sur cette mission, voir Eric Schnakenbourg, « La politique française dans le Nord à la fin du règne de Louis XIV : la mission du comte de Croissy près du roi Charles XII de Suède, mai-novembre 1715 », Revue d’histoire diplomatique, 1998, n° 3, p. 251-273.
41 Riksarkivet [Stockholm], Görtzska Samlingen, E 3803, fol. 11, Cronström à Mullern, 18 novembre 1717.
42 Extrait d’une conversation rapportée à Besenval (AAE, CP, Suède, vol. 111, fol. 237-238, Besenval à Torcy, 3 septembre 1707).
43 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann Levy, 1984, p. 58.
44 Sven Olsson, Olof Hermelin. En karolinsk kulturpersonlighet och statsman, Lund, Gleerupska Univ.-bokhandeln, 1953, p. 459-460.
45 Jean-Jacques Bavoux (dir.), Introduction à l’analyse spatiale, Paris, 1998, p. 32.
46 AAE, CP, Pologne, vol. 123, Besenval à Louis XIV, fol. 241, 24 juin 1710 et fol. 293, 8 juillet 1710.
47 « Je ne vois pas même qu’aucune puissance de l’Europe, hors le Danemark et la Moscovie, voient tranquillement les affaires de la Suède poussée à la dernière extrémité. […] Les engagements que le roi pourra prendre en faveur de la Suède sont de l’intérêt de son royaume et de toute l’Europe » (AAE, CP, Hambourg, vol. 34, fol. 74, Torcy à Poussin, 5 avril 1714).
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Les dernières guerres de Louis XIV
Ce livre est cité par
- Sussman, Sarah. (2018) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 41. DOI: 10.1215/00161071-6953743
Les dernières guerres de Louis XIV
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