La formation de Jean Errard, de Nancy à Sedan, en passant par Heidelberg
p. 57-72
Résumé
Jean Errard de Bar-le-Duc (1554-1610), ingénieur du roi Henri IV chargé des frontières de Picardie, est également l’auteur d’ouvrages de géométrie et du premier traité de fortification établissant ses principes sur des bases scientifiques. Si ses réalisations sur le terrain sont assez bien connues, les conditions de sa formation d’ingénieur restent obscures. Il est certain qu’il fut étudiant à Heidelberg dans les années 1570 puis de retour vers 1580 en Lorraine, où il entra au service du duc Charles III. Une lecture comparative de ses ouvrages et de documents de son époque permet la formulation de nouvelles hypothèses sur ses années de formation. Trois ingénieurs pourraient ainsi avoir été les maîtres de Jean Errard : Roch Guérini, Comte de Linar, créateur de la forteresse de Spandau, Daniel Specklin, architecte de la ville de Strasbourg et Aurélio de Pasino, architecte du duc de Bouillon à Sedan.
Texte intégral
1Il en va de certains personnages historiques comme des hommes ordinaires dont les historiens tentent de retracer le parcours : les faits avérés sont si peu nombreux que des pans entiers de leur biographie restent inconnus, ne laissant place qu’à des supputations plus ou moins heureuses. Jean Errard est l’exemple même de ce type de personnage essentiel dans l’histoire d’une discipline, en l’occurrence la fortification géométrique, mais dont la vie reste mal connue. Cet article vise à présenter et étayer de nouvelles hypothèses à propos de sa formation et des premières années de sa carrière d’ingénieur militaire dans les dernières décennies du xvie siècle1.
2Les sources disponibles à propos de Jean Errard sont rares, qu’il s’agisse de documents d’archives ou d’études sur sa personne. L’ouvrage de référence reste la biographie établie par deux historiens lorrains de la fin du xixe siècle, Marcel Lallemend et Alfred Boinette2, mais ceux-ci donnent des faits qu’ils relatent des interprétations trop marquées par l’esprit revanchard de leur époque pour être admises sans examen. Leur approche participe en effet de ce que François Dosse a nommé l’âge héroïque de la biographie3 : un récit axé sur la participation supposée de leur héros à tous les épisodes glorieux de la reconquête du royaume par Henri IV contribue à le présenter comme un précurseur de Vauban. Il paraît cependant peu légitime de postuler, comme ils le font, sa présence sur tous les champs de bataille4, voire sa direction des opérations, alors qu’aucun document de l’époque ne vient l’attester.
3 Nous devons pourtant reconnaître des circonstances atténuantes à Lallemend et Boinette, car les écueils de la recherche bio-bibliographique à la fin du xixe siècle sont difficiles à imaginer au xxie siècle. À cet égard, la consultation des archives de leur principal documentaliste, Léon Maxe-Werly5, nous permet de mesurer le fossé qui sépare ses méticuleuses enquêtes des simples clics qui suffisent de nos jours à localiser des documents dans les bibliothèques du monde entier. Errard lui-même ne lui a pas rendu la tâche facile, car à l’instar de Calvin s’effaçant devant son œuvre pour la plus grande gloire de Dieu6, il n’a laissé que ses écrits de mathématiques et de fortification.
4L’un des grands mérites de l’ouvrage de Lallemend et Boinette est de porter à notre connaissance des documents inédits issus des archives des descendants de l’ingénieur. Ainsi une série de lettres d’Henri IV l’enjoignant à se rendre sur tel ou tel chantier de fortification nous permet de retracer partiellement son parcours au service du roi de France. Mais aucun de ces documents n’a trait à sa période de formation.
5Une méthodologie plus rigoureuse est à l’œuvre dans les travaux d’historiens contemporains, à commencer par ceux de David Buisseret, qui étudie en détail la fortification en France avant Vauban et le service des fortifications à l’époque de Louis XIII7. Nous disposons également d’une étude d’Hugues Marsat sur l’engagement religieux de Jean Errard8 qui éclaire son parcours de 1572 à 1580. Mais l’ouvrage le plus marquant dans notre recherche est La gloire des ingénieurs, dont un chapitre est consacré à Jean Errard pour sa réduction en art9. Hélène Vérin ne s’y livre à aucune spéculation biographique, mais se fait exégète du texte de la Fortification reduicte en art et demonstrée10, et circonscrit ainsi la méthode particulière de Jean Errard en analysant ses écrits mêmes, et non des commentaires de deuxième main. L’étude comparative à laquelle elle se livre met en évidence les spécificités du projet errardien tout en le replaçant dans les problématiques communes des ingénieurs de son époque.
6 En définitive, nous avons suivi Hélène Vérin dans l’une des caractéristiques majeures de son approche, la primauté accordée aux écrits de l’auteur même. C’est donc essentiellement dans le texte de la Fortification, mais aussi dans ceux de son théâtre de machines11 et de sa Geometrie12, que nous tirons les principaux indices qui nous permettent de formuler nos hypothèses. Ainsi nous éloignons-nous des règles ordinaires de la biographie, puisqu’il ne s’agit pas de raconter une histoire vraie, ni « d’investiguer » la personne de Jean Errard13, mais de proposer des pistes plausibles au sujet de sa formation d’ingénieur et de mathématicien.
7La détermination de la date de naissance d’Errard a suscité quelques errements : le grand portrait anonyme qui orne le salon de l’hôtel de ville de Bar-le-Duc précise « (1549-1620) », ce qui correspond en fait à la vie d’un autre grand ingénieur de l’époque, Simon Stevin14. L’historien et libelliste lorrain François-Antoine Chevrier donnait la date fantaisiste du 15 juin 156615, faisant par ailleurs mourir Errard le 18 juin 1623…
8En l’absence de document officiel nous devons nous référer à une pièce de la collection des œuvres de Thomas de Leu, célèbre graveur parisien de la fin du xvie siècle16 : son portrait de Jean Errard est daté « AD 1600 » et indique « A(E) T(ATIS SUÆ) 4617 ». Comme l’artiste a également gravé de nombreux portraits de la famille royale, dont une vingtaine du roi Henri IV lui-même, sa proximité avec les cercles du pouvoir est incontestable et donne un fort crédit à l’annotation mentionnée. Il paraît donc acquis que Jean Errard est né en 1554, à Bar-le-Duc, en Lorraine et sa jeunesse se passe par conséquent au moment où la Lorraine est marquée par les premières guerres de religion, du massacre de Wassy en 1562 à l’organisation de la Ligue en 1576.
9C’est dans cette atmosphère que Jean Errard se forme aux mathématiques et à l’art de la fortification, quittant la Lorraine pour le Palatinat calviniste, où il est inscrit au registre des étudiants français de l’université d’Heidelberg le 30 mars 157318. Son départ de Lorraine a suscité bien des interrogations, les historiens mettant en avant des motivations soit religieuses, soit universitaires. L’explication religieuse se base sur l’injonction faite aux protestants de Bar-le-Duc en décembre 1572 de partir ou de se convertir19, et sur l’inscription d’Errard au registre (rôle) de la communauté réformée francophone de Heidelberg pour la période 1572-157620. L’autre explication trouve écho dans un extrait de la Géométrie de 1594, dans lequel l’auteur se réjouit du projet de fondation par Henri IV d’une Académie à Paris, et « de veoir resusciter & revivre les sciences, de long temps mortes en ce Royaume, & que les Gentils-hommes françois ont esté contraincts cercher & aller mendier es pays estranges21 ». Hugues Marsat a montré que la réalité des persécutions religieuses fut sans aucun doute bien plus complexe que l’image d’Épinal de ducs ligueurs boutant les hérétiques hors du Duché22 et qu’il a été possible pour les protestants de rester en Lorraine sans souffrir de graves préjudices, du moins jusqu’à l’adhésion de Charles III à la Ligue en 1584. Les motivations du départ de Jean Errard nous restent donc imparfaitement connues, mais sont probablement à la fois d’ordre spirituel, intellectuel et professionnel. Remarquons cependant qu’il est déjà référencé en qualité d’ingénieur dans le registre d’Heidelberg déjà cité23, c’est-à-dire avant 1576, ce qui supposerait, contrairement à ce qui a été avancé jusqu’alors, un apprentissage antérieur à son retour en Lorraine.
1572-1580 : une formation d’ingénieur en Allemagne ?
10Jean Errard peut-il s’être formé à ce métier en Allemagne, voire dans d’autres pays ? Cette hypothèse mérite d’être examinée, car les cas de jeunes protestants parcourant l’Europe à cette époque ne sont pas rares. Citons par exemple l’humaniste et diplomate Hubert Languet, qui, de la Suède de Gustave Wasa à la cour de Renée de France à Ferrare, tisse tout un réseau politique dans l’Europe de la Réforme24. Ce réseau lui permettra de favoriser les déplacements des jeunes protestants à travers l’Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas, qu’il s’agisse de les accueillir comme réfugiés ou de les introduire auprès de souverains bienveillants25.
11Nous devons surtout mentionner un des intimes de Languet26, Roch Guerini, Comte de Linar27, architecte militaire italien du prince-électeur de Saxe, Auguste Ier. En effet, Errard lui rend dans sa Fortification un hommage qui n’a aucun équivalent dans toute sa production, à propos d’une façon de protéger les flancs des forteresses, « laquelle invention est de deffunct Seigneur Roch comte de Linar, homme fort expert & subtil en telles sortes de fortifications, que j’ay voulu icy nommer pour honorer sa memoire28 ». Cet éloge exceptionnel nous amène à questionner la place qu’a pu occuper Guerini dans l’itinéraire professionnel d’Errard. L’examen de la biographie de l’Italien29 rend plausible l’hypothèse de leur rencontre, voire d’un parcours commun, comme nous allons le montrer.
12Né en 1525 en Toscane, Roch Guerini a été éduqué à la cour de Ferrare en compagnie de Cosme Ier de Medicis, duc de florence, à l’amitié duquel il doit d’être reçu en 1542 comme Gentilhomme de la Chambre du Dauphin de France (le futur Henri II). Ses compétences le font nommer Inspecteur général des forteresses de France et il prend part à la défense de Metz contre Charles Quint en 1552. Il participe à plusieurs campagnes militaires avant d’être chargé en 1556 du projet de la citadelle de Metz, qui sera construite sous sa direction en 1560-1564. Blessé en 1557 au siège de Saint Quentin, il participe en 1558 à celui de Thionville, dont il donne le plan30. Ses missions diplomatiques pour la cour de France lui feront parcourir la Saxe, Le Brandebourg, la Hesse, et se lier d’amitié avec le Comte palatin Jean-Casimir. Ses voyages ne l’empêchent pas de prendre une part active aux guerres de religion dans les rangs réformés (en 1562 au Havre et à Dreux, en 1567 dans l’armée du Prince de Condé, en 1572 à Angoulême), mais poursuivi en tant que chef huguenot, il quitte Metz en 1569 pour trouver refuge à Heidelberg où il parvient à persuader l’Électeur Frédéric III d’autoriser l’établissement d’un culte français réformé dès 157031. En 1569, Guerini est appelé à Dresde par l’Électeur Auguste de Saxe, qui lui confiera la rénovation des fortifications, le commissariat de l’artillerie et la réalisation d’ouvrages hydrauliques sur l’Elbe et de bâtiments militaires. En 1575, victime d’intrigues à Dresde, il est sollicité par Guillaume d’Orange pour épauler les protestants sur les champs de bataille des Pays-Bas et par le Prince de Condé en France32. Lazare de Schwendi, commandant en chef de l’armée de l’Empereur Maximilien, souhaite l’engager en 1577 dans sa campagne contre les Turcs33. Mais à plus de 50 ans, alors qu’il avait perdu un œil au siège de Thionville, il refusera toutes ces propositions et choisira de rester travailler comme ingénieur et architecte militaire à Leipzig, Weissenburg (citadelle de Wülzburg), Berlin, Kostrzyn, etc. Il avait entrepris une théorisation de la fortification dès 1575, présentant à la cour de Saxe des plans de citadelles idéales, qui ont été perdus34. Il avait en projet la publication d’un ouvrage en réponse à l’Architectura von Vestungen de Daniel Specklin35, sur le sujet de « la construction, la fortification et le siège des forteresses, l’usage de toutes sortes de poudres, salpêtres, charbons, feux d’artifice et la castramétation36 ». Linar meurt fin 1596, gouverneur de la citadelle de Spandau (Brandebourg), son chef-d’œuvre. Il aura été un ingénieur combattant aussi bien qu’un architecte de talent, militant infatigable de la cause évangélique auprès des princes allemands qu’il avait servis37.
13Nous avons vu qu’Errard lui avait rendu un hommage appuyé dans sa Fortification, il en existe une autre mention dès le premier chapitre, au tout début duquel il cite le « Seigneur de Linar » pour ses expériences d’artillerie faites en Allemagne « environ l’an 157238 ». De plus, dans les rares exemples donnés, les fortifications de Metz sont les plus citées après celles de Sedan, et l’auteur s’y réfère en tant que témoin oculaire. Si l’on ajoute son immatriculation à Heidelberg sous le titre d’ingénieur dès son arrivée en Allemagne, tout cela nous entraîne à formuler notre hypothèse de la manière suivante : Errard faisait partie du cercle de Roch Guerini, même avant son départ de Lorraine, départ motivé par l’existence du refuge palatin et par l’assurance d’y trouver l’accueil du comte de Linar.
14Une similitude troublante vient renforcer cette hypothèse, elle se rapporte à la forme de la citadelle de Spandau (Berlin) créée par Guerini. Un plan, de la main même de l’auteur, conservé à la Fondation du patrimoine culturel prussien à Berlin39 peut être comparé à la gravure de la Fortification d’Errard représentant le carré fortifié (fig. 1).
Figure 1. – Comparaison des citadelles carrées d’Errard et Guerini.

15Les proportions des longueurs des courtines et des bastions y sont identiques, ainsi que les angles flanqués, c’est-à-dire ceux des pointes des bastions. Les plans des deux citadelles sont donc construits géométriquement de la même façon, à l’exception de la position de l’angle droit. Chez Guerini, le flanc du bastion est perpendiculaire à la courtine, tandis que chez Errard, il est perpendiculaire à la face du bastion (fig. 1). C’est l’une des spécificités de la forme errardienne, qui rend les démonstrations géométriques aisées sur le papier, mais donne une taille trop étroite à la gorge des bastions, ce qui fera abandonner cette forme rapidement après la disparition de l’auteur en 1610.
16La principale caractéristique de la forme errardienne est le choix de l’angle droit comme angle flanqué. Là encore, nous trouvons une parenté avec les constructions de Guerini, comme l’atteste le plan de la citadelle de Wültzburg en Bavière (fig. 2), sur lequel les bastions ont des formes proches du carré. Notons qu’ici les flancs des bastions sont globalement perpendiculaires aux faces, à la manière errardienne. Si l’on excepte les différences de taille entre les bastions, ce qui n’était pas forcément à l’origine de la construction mais peut résulter d’un remaniement ultérieur, ce plan aurait tout à fait pu être tracé par Jean Errard.
Figure 2. – Plan de la citadelle de Wültzburg [Openstreetmap].

17Ce choix de l’angle droit comme angle flanqué n’est donc pas une exclusivité de Jean Errard. Un fortificateur germanique est resté célèbre pour ce choix, il s’agit de Daniel Specklin, autre inspirateur possible d’Errard.
18Né à Strasbourg dans une famille de graveurs sur bois en 1536, Daniel Specklin40 présente de telles qualités de dessinateur que sa famille le destine au métier de brodeur ; il se forme à la gravure, mais lorsqu’il part faire le tour d’Europe en 1552, il s’ouvre à l’architecture militaire : il est en 1554 en Hongrie, où il travaille aux fortifications de Comorra (actuellement Komàrno) et Rabe (Györ), puis poursuit sa formation à Vienne pendant quatre ans jusqu’à devenir lui-même entrepreneur de fortifications ; il est donc à Vienne et en Hongrie au même moment que l’ingénieur italien Carlo Theti, sans que l’on sache précisément quand il le rencontre. Il est à Anvers en 1560, puis en Scandinavie, Pologne, puis de nouveau en Hongrie et à Vienne. Son retour à Strasbourg est provisoire, car il continue à voyager pour travailler. Son troisième déplacement à Vienne en 1569 est à l’invitation de Theti, qui a sans doute été son maître, mais qui devient son adversaire41. Specklin bénéficiera heureusement de l’appui du Comte Lazare de Schwendi, et par là même d’une situation stable à Strasbourg et en Alsace à partir de 1577.
19Specklin restera célèbre dans le monde germanique pour son choix obstiné de l’angle droit malgré l’opinion de tous les autres fortificateurs. Il l’aura défendu envers et contre tous lors d’un colloque d’architectes militaires présidé par Schwendi à Ratisbonne en 1576, comme se plaît à le raconter Menno van Coehoorn, « le Vauban hollandais » cent ans plus tard : « on disputa sur les Angles trop obtus, & trop aigus des Bastions, qui entre les Ingenieurs de ce tems-là, causoient beaucoup de disputes, & que Speckle rejetta comme très-nuisibles, ce qu’il offrit de démontrer par divers desseins. Son excellence Schwendi lui dit, qu’il devoit prendre garde à ce qu’il faisoit, puisque tous les Ingenieurs du monde se conformoient à l’opinion contraire, & qu’il trouveroit des adversaires42 ». Cela n’empêchera pas Specklin de conserver avec obstination l’angle droit contre « tous les ingénieurs du monde », c’est-à-dire principalement les Italiens dont les conceptions rencontraient un franc succès dans le nord de l’Europe.
20Specklin et Errard se sont-ils rencontrés ? Cela est très probable, car on sait qu’Errard fréquenta la cour du comte Georges-Jean de Palatinat-Veldenz à la Petite-Pierre (Lützelstein) en Alsace43. Or ce prince protestant avait fondé la ville de Phalsbourg en 1568 pour accueillir les réfugiés calvinistes de France et de Lorraine, et avait eu recours aux services de Specklin pour ce projet, ainsi que pour la mise en état de défense du château de Lützelstein. Ainsi, dans ses voyages entre Bar-le-Duc, Nancy et Heidelberg, Errard a-t-il certainement rencontré Specklin, ou du moins a-t-il eu connaissance de ses travaux. La prépondérance accordée à l’angle droit les place en tout cas dans une même école de fortification.
1580-1585 : de Nancy à Sedan
21Errard est de retour en Lorraine au début des années 1580, il n’est pas possible d’être plus précis faute de documents. Sa qualité d’ingénieur lui permet de se mettre au service du duc Charles III, à l’époque où la capitale lorraine fait l’objet de grands travaux et nécessite l’expertise d’ingénieurs italiens. En effet, la ville de Nancy, ce grand centre de pouvoir, est également un lieu de passage important et un enjeu territorial et politique majeur pour la France et l’Empire, d’où des tensions et menaces nécessitant la protection de la ville par des remparts à la nouvelle manière italienne44. Avant même la création de la Ville-Neuve, des ingénieurs italiens ont travaillé auprès des ducs : Ambrosio Precipiano a la charge de visiter les forteresses lorraines en 1545 ; dans les années 1550, Antonio da Bergamo crée la première enceinte bastionnée de Nancy45. Outre l’enseignement universitaire suivi à Heidelberg et son apprentissage supposé aux côtés de Roch Guerini, Errard aurait donc complété sa formation pratique en Lorraine, en compagnie des Italiens dont il semble qu’il connaissait bien la langue. En effet, il écrit à la fin de sa Fortification qu’il espère « avec layde de Dieu de publier en bref, les versions Italiene, & Allemande, de cet œuvre, accompagné de quelque autre traicté, de semblable subjet46 ».
22Cette affirmation a laissé supposer à ses biographes qu’il s’était formé en Italie, mais cela n’était pas nécessaire pour qu’il connaisse les théories italiennes, qui avaient été reprises par les auteurs allemands. En outre, sa proximité supposée avec Guerini, mais surtout sa collaboration attestée avec les architectes italiens Citoni et Stabili47 sur les chantiers de Nancy suffirait à justifier sa maîtrise de la langue italienne. Quoi qu’il en soit, sa bonne connaissance de la fortification italienne ne fait aucun doute à la lecture de son œuvre, et ce milieu d’ingénieurs dans lequel il a baigné est peut-être celui qui lui a permis d’accéder directement aux textes dans leur version d’origine. Si nous ne savons pas quel a été son rôle exact au service de Charles III, nous pouvons supposer qu’il a travaillé sur un pied d’égalité avec les architectes italiens et fréquenté la cour du prince, étant donné d’une part sa qualité d’ingénieur et d’autre part la position de sa famille dans le Barrois.
23Malgré sa place à la cour de Lorraine, il semble pourtant qu’Errard se soit trouvé relativement désœuvré et qu’il ait mis à profit cette situation pour publier en 1584 le Premier livre des Instruments mathematiques mechaniques48. Il déclare en effet dans la dédicace au duc de Lorraine : « il y a ja long temps qu’ayant cest honneur d’estre receu au service de vostre alteze, j’esperoy y employer ce peu qui m’y avoit faict entrer, mais comme le temps a permis que je sois demeuré jusques a present inutil, aussi n’ay je sceu demeurer tellement oyseux que je n’aye voulu reprendre & continuer les erres de mon premier labeur, pour avec une meilleure attente me rendre plus digne du lieu qu’il luy avoit pleu moctroyer49 ». Portons notre attention sur les termes mêmes de l’auteur, qui n’ont pas été suffisamment relevés par ses biographes. D’abord, il déclare être depuis longtemps au service de Charles III et avoir été engagé sur la base de ses compétences, même s’il s’oblige à les taxer de « peu ». Cela confirme l’estimation d’un retour d’Errard en Lorraine au plus tard en 1582 et l’hypothèse selon laquelle il était déjà reconnu comme ingénieur ou architecte militaire50. Une recommandation de Roch Guerini aura pu jouer en sa faveur. En effet, Guerini avait pris part à la défense de Metz et au siège de Thionville sous le commandement de François de Guise et, bien qu’ils se soient retrouvés dans des camps opposés au siège de Dreux, des liens d’estime devaient exister entre eux, d’autant que Guerini avait été élevé à la cour de Ferrare en compagnie d’Alphonse d’Este, le beau-frère de François de Guise. Sa réputation et ses nombreux liens d’amitié dans les cours d’Europe ne pouvaient que jouer en faveur d’Errard.
24Par-delà la modestie rhétorique d’usage courant à son époque, les termes qu’emploie ce dernier dans sa dédicace laissent planer le doute sur les conditions mêmes de son recrutement, puisqu’il regrette de ne pas avoir été très utile dans ses nouvelles fonctions. En outre, l’évocation d’un retour à ses premières recherches montre que son emploi n’était pas celui d’un ingénieur généraliste. Ne nous méprenons pas sur le qualificatif d’erres : il s’agit d’une métaphore cynégétique51 qui indique la position du chasseur suivant les traces du gibier, et non un état erratique d’inventeur sans guide, bien au contraire. En affirmant « reprendre les erres de(s) on premier labeur », Errard met en avant l’aspect méthodique et dynamique de ses recherches, qu’il oppose à l’oisiveté qui lui est imposée. Nous lisons dans ce texte la déception de n’être pas employé à sa juste valeur malgré une position apparemment enviable, et le désir de prouver ses compétences d’ingénieur.
25Dans cette perspective, l’ouvrage présente une grande variété de domaines, ce qui montre qu’Errard n’était pas alors spécialisé dans les fortifications, mais se situait dans la lignée des ingénieurs de la Renaissance, en particulier de Jacques Besson. La parenté unanimement reconnue52 entre le Premier livre d’Errard et les ouvrages de Jacques Besson53 ne doit pas nous amener à considérer notre auteur comme un simple suiveur. Héritier direct54 certainement, mais avant tout héritier d’un mode d’exposition et de présentation, ce qui se voit dans la similitude matérielle des ouvrages : même construction privilégiant le discours graphique aux explications textuelles, même type de légendes latines gravées directement en en-tête des planches.
26Malgré le soutien du duc pour la publication du Premier livre, Errard va quitter la Lorraine pour se placer au service du duc de Bouillon à Sedan dès 1585. L’inoccupation forcée de l’auteur à Nancy peut expliquer sa décision d’abandonner sa position, mais aucun témoignage ne permet de connaître avec certitude les raisons de ce départ. Deux événements de la fin de l’année 1584 l’ont favorisé : la disparition d’Aurelio de Pasino à Sedan55 laissant ainsi vacante sa place d’ingénieur militaire de la principauté, et le durcissement de la politique religieuse de Charles III, qui signe le traité de Joinville (décembre 1584) avec les Espagnols et proclame la seconde Ligue le 31 mars 1585. Errard quitte donc Nancy l’année qui suit la parution du Premier livre et se met au service de la maison protestante de Bouillon, recevant de l’argent de la ville de Sedan pour son installation en avril 158556. Les émoluments d’Aurelio de Pasino lui seront dorénavant versés57.
Errard au service du roi de France : un géomètre dans l’armée ?
27Résidant définitivement à Sedan, Errard reprend les travaux de Pasino et participe à la défense de la Principauté. Épisode crucial pour sa réputation d’architecte militaire, le siège de la ville de Jametz (de janvier 1588 à juillet 1589) a marqué l’époque de par sa longueur et la position stratégique de la ville. Lallemend et Boinette en ont donné une reconstitution épique, faisant la part belle à Errard qu’ils décrivent comme un Archimède moderne usant de son génie pour repousser les assauts des ennemis. Qu’en est-il exactement ? Les deux biographes reconnaissent implicitement qu’aucun document ne vient justifier leur version des événements. Marsat remet même en question la résidence d’Errard à Jametz dans la mesure où, à la même époque, l’ingénieur habitait à Sedan où trois de ses enfants naissent, en 1585, 1587 et 158958. Cependant, un an après la capitulation de Jametz, un témoin présent lors de l’intégralité du siège59 mentionne la réfection des murailles de la ville au début de 1588 « faites par l’artifice & industrie de M. Jean Errard, homme notable en son art60 ». Selon toute vraisemblance, il a donc participé aux travaux de fortification de la ville de Jametz, mais ne s’est pas illustré lors des combats. De plus, la nature des travaux qui lui sont confiés confirme qu’il devait avoir une compétence reconnue en architecture militaire, mais en va-t-il de même pour la défense « active » de la place ? Comme au commencement du siège seul le bourg était sous la pression de troupes lorraines peu nombreuses, il lui était facile d’aller et venir entre le château de Jametz (non assiégé) et la ville de Sedan, distante d’une quarantaine de kilomètres seulement61. Il n’y a donc pas lieu de le présenter comme l’artisan principal de la défense de la place.
28Quoi qu’il en soit, le siège de Jametz attire l’attention d’Henri de Navarre, qui suivait de près la succession de Robert de la Marck à Bouillon. Le futur Henri iv réussira à imposer en 1591 le mariage de l’héritière, Charlotte de la Marck, avec Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, l’un de ses très proches compagnons d’armes, qui sera aussi le dédicataire du second livre de la Géométrie et practique generalle d’icelle62. De par ses relations personnelles avec des intimes du roi, Errard lui fut donc certainement assez vite présenté, et même si nous ne connaissons pas précisément les circonstances de son recrutement ni les premières campagnes auxquelles il a pu participer, il était aux côtés d’Henri IV au moins à partir de 159163.
29Or, même si la plupart des villes assiégées ne présentaient quasiment aucun système de défense bastionné lors de la reconquête intérieure du royaume par Henri IV, la situation changea quand les campagnes militaires se déplacèrent vers les frontières du nord de la France : les Français allaient faire face à des cités construites à la moderne, et la conduite des sièges exigerait de nouvelles aptitudes64. Peu de Français étaient aussi compétents qu’Errard en matière de fortification à l’italienne, il dut donc être consulté à maintes reprises et rendre de nombreux services au roi, puisque celui-ci lui octroya le 28 janvier 1591 à Sancerre un privilège de battre monnaie signé de sa propre main65. On sait qu’Henri IV avait très peu de ressources financières, ce privilège est donc illusoire66 mais il reste cependant une faveur exceptionnelle qui tend à montrer une confiance déjà solide envers un homme précieux. Il pourrait s’agir d’une facilité accordée à Errard pour payer les ouvriers employés sur les chantiers qu’il dirigeait. Il est également possible que le nouveau roi ait souhaité remplacer les ingénieurs italiens de ses prédécesseurs (Ramelli, Castriotto…) par des compatriotes (voire des coreligionnaires) de confiance. Errard partage cette confiance royale avec Claude Chastillon (1560-1616)67, qui est le plus souvent référencé seul dans les chroniques militaires comme ingénieur et topographe ayant dirigé les assauts des armées du roi.
30Faut-il penser avec Lallemend et Boinette68 que les documents d’époque ont volontairement passé sous silence le rôle d’Errard dans la conduite des sièges ? L’intense activité militaire qui lui est attribuée nous paraît en contradiction avec une autre dimension fondamentale de son travail : la recherche mathématique et l’écriture d’ouvrages. Dès 1594 , il fait en effet paraître sa Geometrie dont les contenus originaux, les résultats présentés et l’écriture très travaillée nous semblent avoir nécessité temps et réflexion ; elle sera suivie de celles d’une édition des Éléments d’Euclide et de la Fortification, ouvrages ayant également nécessité un temps d’élaboration conséquent. Certes, nous avons au moins un témoignage de leçons de mathématiques données dans un contexte militaire : c’est celui de Maurice de Nassau, qui, dans les années 1590, emporte avec lui les travaux et exercices de Stevin dans les campements autour des villes assiégées69. Il nous paraît cependant plus juste d’imaginer Jean Errard à son cabinet d’étude que dans les tranchées, même si les compétences qu’il a acquises en matière de fortification proviennent en partie de l’expérience du terrain. Notons également que le chapitre consacré à la conduite des sièges dans la Fortification70 ne représente qu’un peu moins de deux pages sur soixante-dix-huit et n’est centré que sur des principes généraux.
31Nos hypothèses sur la formation de Jean Errard reposent sur ses propres écrits et sur une lecture de son parcours liée à son choix religieux et à ses compétences techniques exposées dès 1584 dans le Premier livre. Certes, la publication de la Fortification reduicte en art et demonstree est un aboutissement pour son auteur, mais elle ne représente pas l’essentiel de son héritage, davantage marqué par la géométrie que par les affaires militaires. Si, comme nous le pensons, il s’est initié à la fortification en suivant Roch Guerini, c’est à l’époque où ce dernier ne prend plus part aux campagnes militaires, mais concentre son activité sur l’ingénierie et l’architecture et entreprend une théorisation de la fortification. De même, son passage à Nancy a eu lieu en période de paix, par conséquent rien ne semble indiquer qu’il avait à ce moment une quelconque expérience de la guerre. En revanche, ses écrits montrent une solide connaissance de la géométrie, dont il use en expert dans la fortification. C’est cette expertise favorisée par les mathématiques que nous retenons avant tout.
32Errard donna la preuve de cette qualité d’expert en 1594, lors d’une ambassade solennelle de la République de Venise. Les ambassadeurs venaient assurer le nouveau roi du soutien de leur cité71, ils l’interrogèrent à propos de la forteresse à neuf bastions qu’ils avaient construite à Palma Nova dans le Frioul. Le roi délégua ce travail à Errard, qui répondit en suivant les préceptes qu’il allait rédiger six ans plus tard dans La fortification reduicte en art et demonstree. Celui-ci en témoigne d’ailleurs dans le texte même de son traité, en précisant qu’il a procédé selon les termes de l’art, affirmant ainsi qu’il possède l’art de la fortification aussi bien que les Italiens, au point de pouvoir apporter un regard critique sur leurs constructions. Il écrit en effet à propos de l’usage de ravelins devant les courtines droites72 :
« Mais cecy ne se doit pratiquer qu’és places qu’on racommode, & non és places neufves & taillées en plein drap, pour les raisons qui s’ensuivent, & lesquelles sont deduites au long en la response que le Roy a faicte aux Venitiens l’an 1594, sur l’advis qu’ils luy demandoient, touchant la forteresse de neuf boulevers de la nouvelle Aquilée autrement Palma, qu’ils ont bastie en Friule, tant contre les Turqs que contre ceux d’Austriche. Laquelle response fut par moy redigée & couchée, selon les termes de l’art, suyvant le commandement que sa Majesté men fit. »
33Poussés par leur désir de présenter Errard comme le spécialiste incontesté des fortifications italiennes, Lallemend et Boinette ont cité le texte de manière incorrecte, modifiant le temps du verbe pour suggérer que l’expertise portait sur une construction à venir : « Palma, qu’ils allaient bastir en Frioule tant contre le Turc que contre ceux d’Autriche73. » Nous avons pu vérifier qu’aucune des éditions de la Fortification, même en allemand, ne laisse entendre que la forteresse n’était qu’en projet et que les plans en seraient donnés par l’auteur. La suite du texte de la fortification est pourtant bien claire : Errard justifie son opinion sur les ravelins en question en démontrant qu’ils offrent moins de résistance que ses profils à lui : « Le dessein est tel : Les deux Bastions sont flancquez du milieu […] A quoy je responds, que la Forteresse ne doit point seulement estre considerée en ses flancs, mais en toute la suite des flancs […] Il reste donc de montrer, que la premiere manière de fortifier, décrite & demontrée au second Livre, est meilleure que celle-cy74. » Ce texte est probablement celui-là même qui a été confié aux ambassadeurs vénitiens.
34Cet épisode est significatif de la position d’expert en art militaire qu’occupait Errard à la cour de France. Nous ne voyons pas de contradiction entre ce constat et notre vision d’un homme occupé à promouvoir les mathématiques, puisqu’Errard est le premier géomètre à avoir donné sa dimension scientifique à la fortification. Son apprentissage dans le sillage de Roch Guerini et de Daniel Specklin l’a rendu apte à réduire en art les pratiques de son temps, tout en proposant des constructions établies sur l’analyse scientifique des forces en présence et justifiées par des démonstrations géométriques.
35Nous noterons qu’il a sans doute également voyagé aux Pays-Bas. En effet, il donne en référence dans sa Fortification les places de Zélande et de Hollande, sans citer nommément lesquelles, mais en apportant des précisions sur leur situation, leur construction et les ouvrages hydrauliques qui les environnent75. Rappelons qu’Hubert Languet était aussi un intime de Philip Sidney, gouverneur de flushing (Vlissigen, en Zélande à proximité d’Anvers), ce qui a pu faciliter des liens avec Errard, qui, comme d’autres jeunes protestants, a pu profiter des réseaux de Languet ou d’autres personnalités similaires. Ses fréquents déplacements à Calais à la demande du gouverneur Dominique de Vic le rapprochaient en outre des Provinces-unies et lui ont peut-être permis de rencontrer Simon Stevin, que de Vic avait aussi sollicité pour un projet de fortification par écluses.
36Ainsi, Jean Errard aura-t-il lui aussi dû voyager pour se former au métier d’ingénieur militaire. En l’absence d’université accessible en Lorraine ou d’académie militaire instituée, son parcours l’aura mené d’Allemagne aux Pays-Bas, en passant par l’Alsace et Sedan, ce qui nous paraît en adéquation avec la mobilité des ingénieurs du xviie siècle, dont témoignent les études les plus récentes76. C’est bien cette mobilité qui a permis le transfert des connaissances et l’amélioration incessante des formes des forteresses, face au renouvellement des techniques de siège et au perfectionnement de l’artillerie.
Notes de bas de page
1 Il s’appuie sur la thèse soutenue par son auteur en décembre 2016, et préparée sous la direction d’Evelyne Barbin à l’université de Nantes et de Bruno Belhoste à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.
2 Lallemend Marcel, Boinette Alfred, Jean Errard de Bar-le-Duc, « premier ingénieur du très Chrétien Roy de France et de Navarre Henry IV », sa vie, ses œuvres, sa fortification (lettres inédites de Henry IV et de Sully), Paris, Thorin & Dumoulin/Bar-le-Duc, Comte-Jacquet & Boinette, 1884.
3 Dosse François, Le pari biographique. Écrire une vie, Paris, Éditions La Découverte, 2005, p. 133-211.
4 Voir par exemple l’épisode du siège de Chartres dont Lallemend et Boinette contestent contre toute évidence la conduite par Claude Chastillon au profit d’Errard (Lallemend M., Boinette A., Jean Errard de Bar-le-Duc…, op. cit., p. 94-96) ou celui du siège d’Amiens (ibid., p. 134).
5 Fonds Maxe-Verly/Jean Errard/Biographie à la Médiathèque Jean Jeukens, Bar-le-Duc.
6 Dosse F., Le pari biographique…, op. cit., p. 322-323.
7 Buisseret David, Les ingénieurs du roi au temps de Henri IV. Paris, ministère de l’Éducation nationale, Comité des travaux historiques et scientifiques, Bulletin de la section de Géographie, tome LXXVII, année 1964, Paris, Bibliothèque nationale, 1965 ; Ingénieurs et fortifications avant Vauban : l’organisation d’un service royal aux xvie-XVIIe siècles, Paris, ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2000.
8 Marsat Hugues, « Jean Errard, entre loyauté dynastique et engagement confessionnel », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, n° 153/1, janvier-février-mars 2007, p. 9-20.
9 Vérin Hélène, La Gloire des ingénieurs. L’intelligence technique du xvie au xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 1993, chap. iv : « La réduction en art : la fortification », p. 131-180.
10 Errard Jean, La fortification reduicte en art et demonstree par I. Errard de Bar-le-Duc, Ingénieur du très chrestien Roy de France et de Navarre. Dediee à sa Maiesté. Paris, s. n. [l’auteur], 1600 ; seconde édition, Paris, à la Rose blanche, 1604 ; troisième édition (posthume), revue et augmentée par Alexis Errard : Paris, s. n. [Pierre Delon imprimeur], 1620.
11 Errard Jean, Le Premier Livre des Instrumens mathematiques mechaniques de I. Errard de Bar-le-Duc. A tres illustre Prince Monseigneur le Duc de Calabre, Lorraine, Bar, Gueldres, & c. Nancy, Jan-Jansson, 1584.
12 Errard Jean, La Geometrie et practique generalle d’icelle, Au Tres-Chrestien Roy de France & de Navarre, par I. Errard de Bar-le-Duc, Ingénieur de sa Maiesté, Paris, David Le Clerc, 1594.
13 Lee Hermione, Biography : A Very Short Introduction, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 6-18.
14 L’année de naissance de Stevin est en fait 1548.
15 Chevrier François-Antoine, Histoire civile, militaire, ecclésiastique, politique et littéraire de Lorraine et de Bar…, Bruxelles, 1758, cité par Léon Maxe-Werly dans ses notes pour Marcel Lallemend.
16 Linzeler André, Adhémar Jean, Inventaire du fonds français, graveurs du seizième siècle, tome I, Paris, 1932, p. 461-546 (portrait d’Errard, n° 285, p 513) ; tome II, Paris, 1638, p. 373-380.
17 Disponible en ligne sur le site du fitzwilliam Museum de Cambridge (UK) [http://webapps.fitzmuseum.cam.ac.uk/explorer/index.php?oid=133636] (site consulté en mars 2017).
18 Voir Pfister Christian, Histoire de Nancy, Paris & Nancy, Berger-Levraut, 1909, tome II, p. 170 ; Marsat H., « Jean Errard… », art. cit., p. 10.
19 Marsat H., « Jean Errard… », art. cit., p. 12.
20 Ibid., p. 11.
21 Errard J., La Geometrie…, op. cit., « Au Roy », feuillet signé ãij (non paginé). Lallemend Marcel, Boinette A., Jean Errard de Bar-le-Duc…, op. cit., p. 109.
22 Marsat H., « Jean Errard… », art. cit., p. 18.
23 Ibid., p. 11, note 14.
24 Nicollier-De Weck B., Hubert Languet (1518-1581) : un réseau politique international de Mélanchthon à Guillaume d’Orange, Genève, Librairie Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance » n° 293, 1995.
25 Ibid., p. 200-201, p. 342, passim.
26 Ibid., p. 547.
27 Connu sous le nom de Rocco Guerrini, Conte de Linari en Italie, Roch Guerini Comte de Linar en France et Rochus Quirinus Graf zu Lynar en Allemagne.
28 Errard J., La fortification reduicte en art et demonstree…, op. cit., p. 70.
29 Korn Richard, Kriegsbaumeister Graf Rochus zu Linar, sein Leben und Wirken, Dresden, Heinrich, 1905 ; Biller Thomas, « Rochus Guerini Graf zu Lynar », in Wolfgang Ribbe, Wolfgang Schäche (dir.), Baumeister, Architekten, Stadtplaner : Biographien zur baulichen Entwicklung Berlins, Berlin, Historische Kommission zu Berlin, Stapp, 1987, p. 13-34 ; Mazauric Roger, « Un ingénieur huguenot au xvie siècle et ses rapports avec l’Église réformée messine », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, CVIe année, 1960, p. 173-185.
30 Mazauric Roger, « Un ingénieur huguenot au xvie siècle… », art. cit., p. 175-176.
31 Ibid., p. 183.
32 Biller T., « Rochus Guerini Graf zu Lynar », op. cit., p. 20.
33 Nicollier-De Weck B., Hubert Languet…, op. cit., p. 291, note. 75.
34 Korn R., Kriegsbaumeister Graf Rochus zu Linar…, op. cit. p. 69.
35 Specklin Daniel, Architectura von Vestungen. Wie die zu unsern zeiten mögen erbawen werden, an Stätten Schlössern, un[nd] Clussen, zu Wasser, Land Berg, und Thal…, Strasbourg, Bernhart Jobin, 1589.
36 Korn R., Kriegsbaumeister Graf Rochus zu Linar…, op. cit., p. 70.
37 Nicollier-De Weck B., Hubert Languet…, loc. cit., note 76.
38 Errard J., La fortification reduicte en art et demonstree…, op. cit., p. 4. La mention de la date disparaît à partir de la deuxième édition (1604).
39 Biller Thomas, Der » Lynarplan « und die Entstehung der Zitadelle Spandau im 16. Jahrhundert. Berlin, Bürgerbeirat Zitadelle Spandau, 1981.
40 Peter Rodolphe, « Daniel Specklin (1536-1589) et l’art des fortifications », in Grandes figures de l’humanisme alsacien : courants, milieux, destins, Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, collection « Grandes publications », tome XIV, Strasbourg, Librairie Istra, 1978, p. 203-219.
41 Ibid., p. 215, note 25.
42 Coehoorn Menno van, Nouvelle fortification tant pour un terrain bas et humide que sec et élevé…, La Haye, Henri van Bulderen, 1706, p. **7 v° (non paginée, préface).
43 Marsat H., « Jean Errard… », art. cit., p. 12.
44 Pfister C., Histoire de Nancy, op. cit., tome II, chapitre viii « Les fortifications de Nancy du xvie siècle à nos jours », p. 373-430.
45 Tassin Raphaël, Ambrosio Precipiano et Antonio da Bergamo, les deux premiers fortificateurs italiens en Lorraine (1545-1569), Projet en ligne « Empreinte militaire en Lorraine, Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire », université de Nancy (dir. Laurent Jalabert), 2009 [http://ticri.univ-lorraine.fr/wicri-lor.fr/index.php/Empreinte_militaire_en_Lorraine_ (05-2014)_ Rapha % C3 % ABl_Tassin], consulté en mars 2017.
46 Errard Jean, La Fortification demonstree et reduicte en art par Jean Errard de Bar-le-Duc, Ingénieur du très chrestien Roy de France et de Navarre. Edition seconde, revue et augmentée, Paris, à la Rose blanche, 1604, p. 130.
47 Pfister C., Histoire de Nancy, op. cit., p. 380-381 ; Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 13-15.
48 Errard J., Le premier livre…, op. cit.
49 Ibid., fol. signé A2.
50 Marsat H., « Jean Errard… », art. cit., p. 11-12.
51 « Les chasseurs suivent les erres, les traces du gibier », Antoine Furetière, Dictionnaire universel…, Rotterdam, 1690, p. 965.
52 Ravier Benjamin, Voir et concevoir : les théâtres de machines (XVIe-XVIIIe siècle), thèse de doctorat en histoire moderne, thèse de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2013, p. 37-38 ; Vérin Hélène, Dolza Luisa, « Les théâtres de machines : une mise en scène de la technique », Alliage, n° 50-51, décembre 2000, p. 11.
53 Besson Jacques, Theatre des instrumens Mathematiques & Mechaniques de Jaques Besson Dauphinois, docte Mathematicien. Avec l’interpretation des figures d’iceluy par François Beroald, Lyon, Barthelemy Vincent, 1578. En ce qui concerne la forme, l’ouvrage d’Errard est très ressemblant à la première version du Théâtre : Besson Jacques, Livre premier des Instruments mathematiques et mechaniques servants à l’intelligence de plusieurs choses difficiles & necessaires à toutes Republiques. Inventées (entre autres) avec infinis labeurs, par Jaques Besson, Daulphinois, professeur & ingenieux és sciences mathematiques, s. l. n. d. [Paris, fleury Prevost, vers 1571 (privilège de 1569)].
54 Ravier B., Voir et concevoir, op. cit., p. 37-38.
55 Philippoteaux A., Recherches sur la vie et l’œuvre de M. Aurelio de Pasino (1533-1585). Architecte italien des La Marck, Sedan, Imprimerie André Suzaine, 1930, chapitre xii, « La disparition de Pasin », p. 71-77.
56 Ibid., p. 75.
57 Ibid., loc. cit.
58 Marsat H., « Jean Errard… », op. cit., p. 17-18.
59 Scoffier Jean de, Brief et veritable discours de la guerre & siege de la ville & chasteau de Jamets, le sieur de Schelandre y commandant, s. l. s. n., 1590. Adresse « à mademoiselle de Bouillon ».
60 Scoffier J. de, op. cit., version des Memoires de la ligue…, 1758, p. 617.
61 Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 33 sq.
62 Errard J., La Geometrie…, op. cit., p. 12.
63 Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 87.
64 Ibid., loc. cit.
65 Ibid., p. 92.
66 Ibid., p. 93.
67 Ravaux Jean-Pierre, Claude Chastillon (1560-1616) et sa Topographie française, à l’aide de renseignements inédits. Catalogue de l’exposition « Châteaux et fortifications dans l’œuvre de Claude Chastillon », Châlons-en-Champagne, Éditions de la Société des amis des musées de Châlons-en-Champagne, 1998.
68 Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 95.
69 Stevin Simon, Memoires mathematiques, Contenant ce en quoy s’est exercé le tres-illustre tres-excellent Prince & Seigneur Maurice Prince d’Orange, Conte de Nassau, Catzenellenboghen, Vianden, Moers & c. Leyde, Jan Paedts Jacobsz., 1608, fol. *2 (non paginé, préface).
70 Errard J., La fortification reduicte en art et demonstree…, op. cit. (1600), Premier Livre, chapitre x, « De l’art d’assaillir », p. 17-19.
71 Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 119. Nulle trace d’une demande de conseil en fortification n’a été retrouvée à Venise pour cette ambassade.
72 Errard J., La fortification reduicte en art et demonstree…, 1600, op. cit., p. 68 (troisième livre, chap. vi, « Des flancs fichans »).
73 Lallemend M., Boinette A., Jean Errard…, op. cit., p. 119.
74 Errard J., La fortification reduicte en art et demonstree…, 1600, op. cit., loc. cit.
75 Ibid., p. 79.
76 Virol Michèle, « La circulation des savoirs des ingénieurs militaires (xviie-xviiie siècles) », in Pilar González Bernaldo et Liliane Hilaire-Pérez (dir.), Les savoirs-mondes. Rennes, PUR, 2015, p. 251-259 ; Martens Pieter, Van de Vijver Dirk, « Engineers and the Circulation of Knowledge in the Spanish Netherlands », in Sven Dupré, Bert De Munck, Werner Thomas, Geert Van Paemel (dir.), Embattled Territory. The Circulation of Knowledge in the Spanish Netherlands. Gand, Academia Press, 2015, p. 73-106.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008