Chapitre I. Les thèses dans le cursus universitaire
p. 19-26
Texte intégral
1Le mot thèse désigne à la fois la soutenance et le travail écrit1. Ainsi, en 1694, le Dictionnaire de l’Académie françoise en donne la définition suivante :
« Thèse, Proposition, question sur laquelle on discourt […] vous sortez de la thèse […] On appelle thèse une Feuille imprimée qui contient plusieurs propositions tant générales que particulières de Philosophie, Théologie, Droit, Médecine & c. Belle thèse, thèse de satin, thèse magnifique, il faut que j’aille à son acte, il m’a envoyé une thèse2. »
2Les thèses se soutenaient dans les quatre facultés – arts, théologie, médecine et droit –, dont le cursus, qui comprenait trois grades (baccalauréat, licence et doctorat), imposait aux étudiants la soutenance d’une ou plusieurs thèses qu’ils dédiaient parfois à un même personnage. Ainsi Roger de Courtenay, Saint-Pol, Yzoré d’Hervault en offrirent deux au roi et le duc d’Albret trois3.
La faculté des arts
3De la septième à la rhétorique, le collégien était exercé aux joutes oratoires. Le professeur choisissait chaque année ses meilleurs élèves pour défendre devant une nombreuse assemblée des exercices sur l’histoire, la littérature ou la géographie, bien souvent lors de la distribution des prix. Ces soutenances prenaient parfois le nom de thèses. Retenons celle que des élèves du collège de Castelnaudary dédièrent au roi en 1690, décrite par le Mercure galant :
« Ce qui vient de se passer à Castelnaudary, Capitale de Lauragais en Languedoc, en est une preuve, M. la Rivière de Laudun, jeune gentilhomme âgé seulement de onze ans, & [qui] a étudié dans cette ville là au collège des Pères de la Doctrine Chrétienne, y a répondu publiquement durant trois jours sur la géographie universelle, sur l’histoire sainte, sur celle de la France, de Rome & de Grèce, sur le blason, sur la sphère, sur les Fables de Phedre & sur les plus belles odes d’Horace. Sa thèse étoit dédiée au Roy4. »
4Ce genre d’exercice se poursuivait jusqu’aux classes de philosophie qui marquaient l’entrée des étudiants dans la faculté des arts. L’enseignement était dispensé dans les collèges, qu’ils soient partie de l’université ou agréés, comme ceux des Jésuites. Mais la collation des grades était l’apanage de l’université. L’enseignement de la philosophie se déroulait sur deux ans avec deux thèses à défendre : la première, sur la philosophie, la physique, la métaphysique, la morale, la logique et les mathématiques, donnait le grade de bachelier ès arts ; la seconde, sur la philosophie, celui de licencié. Le doctorat n’était qu’une cérémonie coûteuse à l’issue de laquelle l’étudiant recevait le bonnet. Les plus nombreuses et les plus luxueusement illustrées sont les thèses de théologie et de philosophie et ce sont celles qui donnent lieu à l’apparat le plus imposant.
5Il arrivait que la soutenance fût collective, ce qui n’empêchait pas certains candidats de se présenter seuls une seconde fois. Parfois, la même illustration et les mêmes propositions, car elles étaient souvent écrites par le professeur lui-même, servaient pour différentes thèses. Il en fut ainsi à Rennes le 11 juillet 1696, quand Jean-Baptiste Le Tavernier réutilisa la planche montrant Louis XIV devant le parlement de Rennes, qui avait orné la thèse d’André Brunel, soutenue le 25 juillet 1691, gravée en 1690 pour un autre candidat inconnu5. Au sortir de la faculté des arts, les étudiants étaient âgés de 18 ans environ, mais parfois beaucoup plus jeunes : Jean-Baptiste Colbert de Croissy n’en avait que 14 (cat. 92), le prince de Conti, Jules-Paul de Lionne et le comte de Saint-Pol (cat. 9, 41, 36) seulement 15 et Colbert de Seignelay 16 (cat. 63).
6À Paris, les collèges de plein exercice se trouvaient sur la rive gauche. Les trente-six thèses de philosophie offertes au roi entre 1639 et 1704 ont été soutenues dans les huit collèges les plus importants. D’abord au collège d’Harcourt6, où entre 1660 et 1684 quatorze thèses dédiées au roi furent présidées par Louis Noël et Guillaume des Auberis7 : Racine, Boileau, Perrault, Melchior de Polignac et Hercule de Fleury y firent leurs humanités. Jules-Paul de Lionne, l’abbé Jacques-Nicolas Colbert et Colbert de Croissy, Louis-Nicolas et Louis-François Le Tellier, les frères d’Aligre y dédièrent des thèses au roi en présence d’un public prestigieux.
7Tenu par les Jésuites – bannis de France après l’attentat de Jean Chatel et rappelés en 1603 –, le collège de Clermont8 était son rival. Louis XIII y avait envoyé ses deux frères adultérins et y assista à leurs thèses le 25 janvier 16259. Dans sa jeunesse, Louis XIV s’y rendit à plusieurs reprises, s’en déclara le fondateur en lui témoignant de son appui par des dons et des exemptions fiscales et en lui accordant en 1682 le nom de Louis-le-Grand. C’était l’institution la plus recherchée et la plus aristocratique de Paris. Ainsi les princes de Conti et de Turenne, le comte de Saint-Pol, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay et Michel-François Le Tellier y dédièrent leurs thèses au roi. Comme le souligne Marie-Madeleine Compère10, les Jésuites contribuèrent à l’élaboration du culte institué autour de la personne du roi par la multitude des pièces de circonstances écrites par les régents. Le collège de Clermont participa à la célébration des événements du règne par des fêtes publiques éblouissantes, dont le Mercure et la Gazette se firent l’écho et que les pères eux-mêmes éternisèrent par la gravure : en 1682, Étienne Gantrel grava le feu d’artifice organisé dans la cour du collège pour célébrer la naissance du duc de Bourgogne.
8Le collège de Navarre11, où sept thèses dédiées au roi furent soutenues entre 1661 et 1667, présidées pour la plupart par Étienne Léger et par Charles Touraine, entretenait lui aussi des relations privilégiées avec la monarchie. Roger de Courtenay y dédia deux thèses à Louis XIV, l’une de philosophie en 1664, l’autre de théologie en 1668 (cat. 50, 62), sous la présidence de Georges d’Aubusson de La Feuillade, évêque d’Embrun. Ce collège pratiquait une stricte sélection12. En 1663, Montpla, noble du Gévaudan, en atteste : « Nous avons commencé le cours de philosophie à la compagnie de la plus belle jeunesse de France, entre lesquels il y a trois ou quatre fils de princes ou ducs et pairs de France et quantité d’autres des plus grands de la Cour13 ». Si le collège accueillait aussi des élèves d’origine plus humble, les cinq étudiants qui dédièrent leur thèse au roi appartenaient à l’élite : Clermont-Tonnerre de Cruzy (cat. 34), La Tour d’Auvergne (cat. 33), Hervault (cat. 54), Guénégaud de Sémoine (cat. 61 ; fig. 1) et Courtenay (cat. 50, 62).
9Le collège du Plessis fut réuni en 1646 à la Sorbonne sous le nom de Plessis-Sorbonne : les professeurs de philosophie étaient choisis parmi les bacheliers hôtes de la Sorbonne et, entre 1657 et 1674, les frais de la remise à neuf de bâtiments sur les plans de Lemercier furent partagés entre le collège et la faculté14. Devenu très recherché de la noblesse, il fut le cadre de trois thèses de philosophie dédiées au roi entre 1676 et 1687 par Antoine d’Aquin (cat. 78), l’abbé François du Montal de Montsaulnin (cat. 87), et Jean-Thomas Hue de Miromesnil (cat. 112).
10Le collège Mazarin eut également un rôle important. Créé par le cardinal à qui Le Vau15 avait présenté un premier projet dès 1657, il se trouvait, contrairement aux autres, en bord de Seine face au Louvre. Les travaux commencèrent en 1663 sur de nouveaux plans réalisés par François d’Orbay et il n’ouvrit qu’en octobre 1688. Garnie de tribunes, la salle des actes était située dans la seconde cour au rez-de-chaussée, près de la salle à manger et des deux salles de cours16. Comme les collèges de Navarre et du Plessis, le collège Mazarin fut agrégé à la Sorbonne qui était chargée de son entretien. En 1692, Camille Le Tellier de Louvois (cat. 128) y dédia sa thèse au roi. Il n’y en eut également qu’une au collège de Presles-Beauvais, situé dans le faubourg Saint-Jacques dans l’actuelle rue des Carmes17, celle de Claude-François Pellot (cat. 81) que présida en 1676 Guillaume Guénon, professeur de philosophie. Une thèse dédiée au roi encore Dauphin fut également soutenue au collège de la Marche, situé rue de la Montagne-Sainte-Geneviève18, celle d’Alexandre Courtois (cat. 3) en 1639. Mais le collège Mazarin brillait de ses derniers feux. De 1642 à 1682, après une longue période de troubles, le collège de Lisieux19 connut un moment de tranquillité sous le principat de Jacques Despérier. C’est alors que le comte de Montbrison, fils aîné de Guénégaud, secrétaire d’État, y dédia sa thèse au roi le 27 août 1661 (cat. 31).
Figure 1. – Robert Nanteuil, Tèse de Philippe-César de Guénégaud de Sémoine, 1667.

11Ce bref panorama montre les liens des collèges parisiens avec le pouvoir royal, dont la volonté était d’assurer la prééminence scolaire parisienne et d’imposer une politique d’excellence, dont le collège de Clermont apparaît comme la clé de voûte20. D’autres thèses de philosophie furent dédiées au roi en province : quatre à Rouen, deux à Rennes, une à Poitiers, toutes dans des collèges de Jésuites, et postérieures aux années 1685-1686 ; après 1696 on n’en trouve plus. Contrairement à ce qui se passe à Paris, l’initiative de la dédicace vient en général des collèges et non des étudiants. Signalons également trois thèses de philosophie dédiées à Louis XIV à l’étranger : à Mayence en 1652 (cat. 18), à Sienne en 1681 (cat. 94) et à Turin en 1687 (cat. 114).
La faculté de théologie
12Près de quarante thèses de théologie, la plupart soutenues à Paris, à la Sorbonne, et plus rarement au couvent des Cordeliers, furent dédiées à Louis XIV entre 1644 et 1704. Huit autres furent soutenues en province – une à Dijon, une à Lille et une à Ath, cinq à Marseille chez les Minimes – et huit aussi à Rome.
13Pour être reçu bachelier en théologie, il fallait être âgé de 23 ans révolus et né de « légitime mariage », fournir des certificats de bonnes mœurs21, avoir reçu la tonsure ecclésiastique, suivi trois années de théologie et réussi deux examens longs de quatre heures. Le candidat suppliait alors l’assemblée ordinaire pour le baccalauréat. Il soutenait d’abord une tentative, premier essai de théologie, où il était interrogé pendant trois heures sur la philosophie et une heure sur la théologie. À la fin de l’acte, dix-sept censeurs déposaient leurs suffrages dans une boîte nommée la capse. Un bulletin défavorable l’obligeait à subir un examen particulier portant sur sa thèse, deux à un examen public et trois l’excluaient pour deux ans. Onze au moins sur les quarante-deux thèses dédiées au roi sont des tentatives22.
14Devenu bachelier de licence, l’étudiant avait deux ans pour soutenir trois autres thèses, d’abord la majeure ou sorbonique, sous peine d’une amende de 50 livres, puis la mineure, ainsi appelée car c’était la plus courte et elle ne durait que cinq heures, de sept heures à midi ou de une heure à six heures du soir. De mineures dédiées au roi, on ne connaît que celle de Pierre Berthe, présidée en 1685 par l’archevêque François de Harlay (cat. 110).
15La majeure commençait à huit heures du matin et se terminait à huit heures du soir. On y analysait l’Écriture, les conciles, l’histoire ecclésiastique, la chronologie sacrée, la Religion et l’Église. Le président ouvrait l’acte en proposant trois arguments, puis les licenciés argumentaient. Au moins trois majeures ont été dédiées à Louis XIV : celle de Charles-François de Loménie de Brienne en 1664 (cat. 45), d’Emmanuel-Théodose de La Tour d’Auvergne, duc d’Albret, plus connu sous le nom d’abbé de Bouillon avant de devenir cardinal, en 1667 (cat. 60), et de Jacques-Nicolas Colbert en 1677 (cat. 84).
16La sorbonique se déroulait à la Sorbonne entre juillet et décembre, de six heures du matin à six heures du soir. Contrairement à la mineure et à la majeure, elle n’avait pas de président. Portant sur la théologie scholastique, sur la Grâce, l’Incarnation, les vertus des actes humains et les péchés, elle était ouverte par le prieur de Sorbonne qui argumentait pendant deux heures23. Comme pour la majeure, à l’heure du repas, le président, le candidat et ses amis allaient festoyer pendant une heure dans une pièce voisine24. On ne connaît qu’une sorbonique dédiée entre 1683 et 1686 à Louis XIV, celle de l’abbé de Polignac qui fut illustrée, mais pour une raison inconnue ne fut pas soutenue (cat. 100). Après ces trois thèses, l’étudiant était licencié en théologie.
17Après la soutenance d’une vespérie, qui se déroulait l’après-midi, le plus souvent entre trois et six heures, le candidat recevait le bonnet de docteur et devait présider l’expectative, sa première soutenance, sur une thèse dite aulique. C’est une aulique qu’Antonio Pinto et l’abbé Roze (cat. 115) soutinrent à la Sorbonne en 1687. Ensuite, devant le chancelier, le nouveau docteur jurait sur l’autel de défendre l’Église25.
18Docteurs et étudiants en théologie avaient obligation d’assister aux thèses et d’y disputer. Selon La Vergne de Tressan26, ils étaient en infraction :
« S’ils se sont absentés pendant un temps considérable, en sorte qu’ils n’aient point assisté à beaucoup d’Actes de leur licence. Les statuts de la faculté27 portent que ceux qui s’absentent deux mois pendant le cours d’une licence, sans en avoir obtenu permission, soient chassés de la licence [… de même si] ils ont manqué à disputer lorsqu’ils ont été nommés pour le faire selon leur rang de principe. »
19Si on l’en croit, les risques de tricherie de la part de l’impétrant ou de ses camarades n’étaient pas négligeables. L’une des pratiques consistait à se communiquer les arguments lors de la soutenance :
« Il est visible qu’on ne peut faire cela sans commettre un très grand crime. Aussi dans la Faculté de Théologie l’on a obligé tous les Bacheliers de jurer qu’ils se communiqueroient les uns aux autres ; & on a de plus ordonné que ceux qui seroient trouvés en avoir communiqué, ou s’en être fait communiquer, seroient les uns et les autres chassés du corps de la Faculté sans espérance de retour28. »
20Durand de Maillane renvoie aux statuts du 1er novembre 1675 et précise que la mise en garde vaut pour les thèses de tentative et de licence. Par ailleurs, l’étudiant doit être prêt à argumenter à toutes, sauf à l’aulique et à la resumpte29, où seuls les docteurs interviennent. « Même la maladie la plus dangereuse, connue et avérée, n’exempte point de l’amende » : il encourt une exclusion de deux mois30.
21Les thèses de licence en théologie étaient sanctionnées par un certain nombre de billets blancs ou noirs, que bacheliers et professeurs déposaient dans la capse, pour témoigner de la « suffisance ou de l’insuffisance du répondant31 ».
22On a vu que les étudiants des couvents pouvaient eux aussi soutenir des thèses. Ceux des ordres mendiants, « qui sont du corps de la Faculté, étaient contraints à un nombre limité de thèses par les statuts de la faculté et les arrêts du parlement32 ». Durand de Maillane indique qu’ils ne peuvent recevoir que cinq prédicateurs, quatre mineurs, trois augustins, trois carmes33. Les Carmes dédièrent au moins trois thèses à Louis XIV, à Rome en 1644 et 1704 et à Paris en 1666, les Cordeliers une en 168834. Plusieurs thèses ont aussi été dédiées au roi à l’occasion de chapitres généraux des ordres, comme à leurs saints fondateurs, aux papes et aux souverains protecteurs. Une relation de Casimir Freschot permettra d’en saisir l’esprit :
« Comme dans ce retour de l’Année Sainte, les religieux de tous les ordres cherchent à faire bien & à se distinguer de la foule, par quelques fonctions d’éclat, les Moines de Saint François qu’on nomme Observantins, tenoient leur chapitre général, & y avoient fait par conséquent des Religieux de toutes les Nations, desposez à qui mieux mieux à remporter le prix, au moins du bel esprit de la science dans des thèses publiques. Les Allemands avaient dédiés les leurs à l’Empereur & avoient fait graver en une grande planche à Augsbourg divers groupes de figures, qui représentoient & le triomphe de la Vierge, & les conquêtes de S.M. Impériale35. »
23Lors de leur chapitre général à Rome en 1650, les Dominicains dédièrent une thèse à Louis XIV de même qu’en 1685 les Minimes de France à leur assemblée générale de Marseille. La question « Quis est iste Rex gloriae, fortis & potens in praelio ? Psalm. 23 » (« Qui est ce roi de gloire ? [L’Éternel] fort et puissant, [l’Éternel puissant] dans les combats ») et la façon dont elle fut traitée firent alors grand bruit. À Rome, en 1688, lors de l’assemblée des Cordeliers, la maison de France offrit au roi des thèses, ce qui fut renouvelé la même année à Paris (cat. 120, 121).
La faculté de médecine et de pharmacie
24Ne connaissant qu’une thèse de médecine dédiée au roi, celle de Jean Poisson (cat. 97) en 1682, nous passerons rapidement sur l’organisation des études, qui duraient quatre ans, avec d’abord une thèse dite quodlibétaire pour le baccalauréat, une thèse dite cardinale la deuxième année, une deuxième quodlibétaire puis une thèse médico-chirurgicale qui donnait la licence. Le candidat présidait ensuite à des thèses pastillaires, puis, en l’espace de six semaines, soutenait sa vespérie et sa doctorie ; le doctorat venait enfin, qui n’était qu’une cérémonie où on lui rappelait ses devoirs et on lui remettait le bonnet36.
25Il n’y avait pas de baccalauréat, de licence ni de doctorat pour les étudiants en pharmacie qui, après un apprentissage d’environ trois ans et un examen devant la faculté de médecine, notamment devant le démonstrateur royal, recevaient les lettres dites testimoniales qui leur permettaient de travailler. Mais à Paris et dans les villes à jurande, il fallait accéder à la maîtrise pour exercer : après quatre stages chez différents apothicaires, l’aspirant devait exécuter un chef-d’œuvre dont il faisait imprimer le programme. Ce spécimen, appelé aussi carte, synthèse ou thèse, était remis aux médecins, gardes et maîtres. Trois thèses de pharmacie furent dédiées au roi37.
La faculté de droit
26Inutile d’être bachelier ès art pour entrer dans la faculté de droit. Âgés d’au moins seize ans, les étudiants devaient soutenir une thèse de baccalauréat, une thèse de droit canonique puis une thèse de droit français pour la licence, et un an plus tard la thèse de doctorat. Les soutenances se faisaient dans la grande salle des anciennes écoles de droit, rue Saint-Jean-de-Beauvais. Malgré les décrets royaux pour le réformer, au xviie siècle le droit n’était guère florissant38. Par un édit d’avril 1679, l’enseignement du droit civil fut rétabli à Paris où il était interdit depuis 1215, et en 1680 celui du droit français devint obligatoire. Une déclaration du 26 février 1680 précise que tous ceux qui veulent être reçus au serment d’avocat sont tenus de prendre la leçon de droit français pendant l’une des trois années d’études. L’obtention de la licence devint indispensable pour entrer dans la magistrature ou au barreau, ou siéger dans les cours de justice souveraines ou du ressort du parlement39.
Notes de bas de page
1 Meyer 1993, Noguès 2006 et 2013.
2 Dictionnaire de l’Académie françoise 1694, p. 560.
3 Voir la table des étudiants à la fin du catalogue.
4 Mercure galant, octobre 1690, p. 84.
5 Cat. 124, 127, 130.
6 Ce collège était situé à l’emplacement de l’actuel lycée Saint-Louis. Voir Bouquet 2010. L’auteur ne mentionne que la thèse des frères d’Aligre (cat. 89).
7 Voir la table des professeurs à la fin du catalogue. Prieur et régent de philosophie au collège d’Harcourt, en 1693, professeur de philosophie au Collège royal de 1663 à 1693, Louis Noël perçut à ce titre 600 livres annuelles des comptes des Bâtiments du roi, plus 440 livres supplémentaires (Comptes des Bâtiments du roi 1881, t. I, col. 878 et 879). Guillaume Des Auberis, professeur au collège d’Harcourt, occupa la chaire de philosophie grecque et latine au Collège royal de 1665 à sa mort en 1668.
8 Voir Dupont-Ferrier 1821-1825.
9 Gravée par Michel Lasne, la thèse d’Antoine de Bourbon, comte de Moret, le montre sur un trône dans le temple de la Justice orné des statues de Clovis, Saint Louis… (IFF 741).
10 Compère 2002, p. 381.
11 Situé rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, près de Saint-Étienne-du-Mont, il fut démoli en 1790. Voir Gorochov 1997.
12 Compère 2002, p. 284.
13 Ibid., p. 284 ; Mende, archives départementales de Lozère, F. 497.
14 Compère 2002, p. 303.
15 Lemonnier 1921.
16 Franklin 1901, p. 64.
17 Compère 2002, p. 316.
18 Les bâtiments furent détruits en 1855 lors du percement de la rue des Écoles.
19 Il se trouvait sur la Montagne Sainte-Geneviève, rue Saint-Étienne-des-Grès.
20 Voir Compère 2002.
21 La Vergne de Tressan 1670-1671, t. II, p. 175. Selon les statuts de février 1672, refondus en 1673 et 1675 (Grès-Gayer 2002, p. 230), l’âge requis était de 22 ans.
22 Elles ont été soutenues par les abbés de Lorraine (cat. 67), de Noailles (cat. 70), de Choisy (cat. 44), par Charles-Maurice Le Tellier (cat. 38) et Jules-Paul de Lionne (cat. 64).
23 Durand de Maillane 1761, t. II, p. 240, précise que « les thèses sont soutenues sans interruption. La faculté en a fait une loi formelle par sa conclusion du 4 septembre 1688 ».
24 Ibid. L’abbé Baston indique que pendant la soutenance le candidat avait à sa disposition limonade et café pour « se maintenir en activité » (Baston 1977, t. II, p. 100).
25 Voir le Mercure galant de septembre 1709 sur « L’Histoire du doctorat » (p. 22-77, p. 53-88, et plus particulièrement p. 31-72) et celui d’avril 1679 (p. 328) à propos de la thèse de l’abbé Colbert. Pour plus de détails, Meyer 2002, p. 58-59. Les thèses qui viennent après la sorbonique sont rarement illustrées. Nous n’en avons trouvé aucune dédiée à Louis XIV.
26 La Vergne de Tressan 1724, art. 8, 10 et 12 des statuts, p. 182-183.
27 Il renvoie à l’article 7.
28 Durand de Maillane (1761, t. I, p. 458) donne aussi ce nouveau règlement, qui a peut-être été réaffirmé, avec la date de 1681, et indique que depuis, cette conclusion s’observe avec beaucoup d’exactitude (p. 242).
29 Thèse de cinq heures qui permet d’assister aux assemblées de la faculté.
30 Durand de Maillane 1761, t. I, p. 239.
31 Ibid., p. 242.
32 Ibid., p. 184.
33 Ibid., t. II, p. 239.
34 Cat. 10, 136, 53 et 120.
35 Freschot 1705, t. I, p. 29.
36 Pour plus de détails, Meyer 2002, p. 59-62.
37 Cat. 28, 105, 122.
38 Meyer 2002, p. 65.
39 On ne connaît qu’une thèse de droit dédiée au roi (cat. 131).
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