« Mes estats estant situés entre l’Allemagne et la France il faudra prendre de l’un et de l’autre1 » Vienne, Versailles, Lunéville : réflexions sur les « modèles » de cour au début du xviiie siècle
p. 151-165
Texte intégral
1Dès sa souveraineté retrouvée, le jeune duc Léopold réinstalle une cour, à Nancy d’abord, puis, la capitale étant occupée par les Français en 1702, dans la localité voisine de Lunéville où subsistait une ancienne résidence ducale. Interface consciente entre la France et l’Empire et, sous l’effet du parcours même du jeune duc, interface entre Vienne et Versailles, la Lorraine s’inscrit alors dans un entre-deux à l’équilibre précaire qui n’est pas sans rappeler le cas bavarois pour lequel la question des modèles curiaux s’est posée avec acuité et a été pertinemment travaillée2. À la lumière de la pluralité des focus adoptés comme l’usage de l’espace ou le cérémonial, ces travaux ont nuancé la tradition historiographique qui fait de Versailles le modèle curial européen par excellence. Qu’en est-il du cas lorrain ? Épigone versaillais comme le laisse penser l’appellation de « Versailles lorrain » dont on glorifie Lunéville, cour soumise à une bipolarité Vienne-Versailles effective, ou encore entre-deux à la trajectoire propre, mais influencé par de puissants voisins ?
2À partir de l’observation de l’organisation de la Chambre ducale et, en particulier, de l’étude du groupe des chambellans dont le fonctionnement a fait l’objet d’ajustements au cours du règne de Léopold, il s’agit ici d’évaluer les influences ou les emprunts qui ont pu nourrir la cour de Lorraine dans sa résurrection et, au-delà, de poser la question de la validité des « modèles » versaillais ou viennois auxquels le duc fait référence3. Dans le cas précis de la cour de Lorraine, ces « modèles » ont-ils une véritable consistance ou ne résultent-ils que d’une construction historique a posteriori, masquant la capacité d’une cour à élaborer ses propres pratiques et à expérimenter sans reproduire servilement, au gré des nécessités fonctionnelles ?
La cour de Lorraine sous Léopold, une cour fondamentalement héritière
3Lorsque Léopold écrit qu’il « faudra prendre de l’un et de l’autre », il suggère l’élaboration ex nihilo d’une cour qui réponde à cette position géopolitique d’interface, mais aussi un certain équilibre entre deux influences. Le duc affirme dans une note non datée « sur la nécessité d’établir un cérémonial de la cour de Lorraine » que « comme jusques à présent, il n’y a eu encore aucun cérémoniel réglé en Lorrayne, ou du moins il ne reste aucun héritage des anciens, il est très important d’en faire un général qui est un object considérable et d’application pour mettre tout en règle ce cérémoniel se remontrant à tous moment4 ». Le jeune duc déplore cependant l’absence de documentation susceptible de donner des informations sur la manière d’appréhender les relations entre courtisans au quotidien5. Il s’agit donc de recourir à des modèles existants pour produire un cérémonial, dont l’efficacité découlerait de leur exemplarité, qui permettrait surtout de résoudre l’épineux problème des relations entre courtisans, davantage que de reconfigurer intégralement la cour ducale, même si le duc s’impose une réflexion sur « une esthiquet pour attribuer à toutes les charges leurs fonctions, rang et privilèges », qui nécessite de repenser l’ordonnance et le contenu des charges6.
4Telle qu’elle apparaît dans la comparaison des listes établies dans les livres des gages, la permanence des structures fondamentales de la cour de Lorraine est assez flagrante entre les années 1600, période d’apogée du fonctionnement d’une cour de Lorraine dont le cérémonial était déjà réputé « excessif7 », et le début du règne de Léopold. En 1698, sans doute pour parer au plus pressé, l’organisation de la cour reproduit assez fidèlement le schéma du xviie siècle, vraisemblablement sur la base des livres des gages qui en avaient conservé la teneur. Par la suite, si l’on excepte la création d’emplois spécialisés et techniques dans les différents services, et les fluctuations des effectifs afférents, rien n’apparaît fondamentalement modifié. La cour de Léopold s’inscrit donc fondamentalement dans l’héritage de ses prédécesseurs, d’autant plus que l’organisation de la cour de Lorraine ne diverge guère de ses homologues voisines. On constate en effet une certaine similarité entre les organigrammes français, habsbourgeois et lorrain, qui n’est guère étonnante puisque l’organisation de toutes ces cours découle d’une matrice médiévale qui a progressivement structuré les nécessités fonctionnelles – l’hôtel qui gère le logement, la Bouche et la Table, la Chambre qui protège l’intimité du souverain, l’Écurie ou encore la Vénérie8.
5L’apparente analogie de l’organisation générale de la cour de Lorraine avec ses illustres voisines ne doit pas dispenser d’une observation plus fine et d’abord de prendre garde à ne pas extrapoler la réalité des charges que nous observons. Comme le note justement Mathieu da Vinha dans une tentative de comparaison des charges curiales à l’échelle européenne, une similarité onomastique ne garantit en rien l’analogie de la fonction, ni originelle, et encore moins sujette à d’éventuelles modifications au cours du temps9. Dans le cas qui nous intéresse, l’étude de la réalité et de l’agencement des charges, mais aussi des pratiques qui les animent, peuvent éclairer ce qui demeure invisible à l’échelle de la structure globale de la cour.
6Si l’on observe le service de la Chambre, une anomalie réside dans le doublement des groupes effectuant le service domestique. Si le livre des comptes de 1600 ne mentionne que des gentilshommes de la Chambre ainsi que des chambellans, placés sous l’égide du grand chambellan, un premier gentilhomme fait son apparition en 1620. Lorsque Léopold ranime la Chambre ducale en 1698, il reprend cette scansion du service : grand chambellan/premiers gentilshommes/chambellans/gentilshommes ordinaires/valets. Cette complexification du service de la Chambre laisse désormais apparaître des doublons évidents contrairement à ses homologues européens. En France, les chambellans initiaux ont disparu au profit des gentilshommes de la Chambre dont la fonction est clairement différenciée des valets, et notamment du premier valet, lequel exerce toutefois une part importante des attributions des chambellans, nous y reviendrons10. Les Habsbourg, quant à eux, conservent l’organisation initiale : grand chambellan/chambellans/valets. Cette densification du service de la Chambre est à l’image de la complexification croissante de la maison ducale. On ne peut certes pas exclure un trompe-l’œil archivistique produit par l’optimisation progressive d’un outil administratif princier initialement lacunaire, mais la précocité de l’outil comptable lorrain rend cette hypothèse peu probable. En revanche, les chambellans ont disparu des listes de 1629 et de 1630, sans que l’on sache s’ils sont remplacés par d’autres serviteurs.
Tableau 1. – Comparaison de l’organisation des Chambres royale, ducale et impériale.

7Le service de la Chambre ducale semble donc se trouver à la croisée des influences voisines, prenant « de l’un et de l’autre ». Le choix de conservation du groupe des chambellans et son fonctionnement sous le règne de Léopold posent la question d’une éventuelle influence viennoise sur la cour de Lorraine.
Le cas des chambellans ducaux : une influence habsbourgeoise ?
8Étudier spécifiquement un groupe dans sa dimension fonctionnelle comme sociale permet de mettre en lumière le détail des pratiques curiales, dans leurs modulations et leurs réajustements. Les archives ducales, qu’il s’agisse des livres de gages qui restituent les listes des chambellans, et en filigrane informent sur le fonctionnement du groupe, ou les écrits du duc qui verbalisent les volontés princières, offrent la possibilité de cerner les évolutions curiales dans le temps court de l’expérimentation comme dans le temps long du règne. Contrairement à la constance que suppose la reprise confiante d’un modèle, l’étude du groupe des chambellans révèle la complexité de la mise en équation des contraintes pratiques, cérémonielles, symboliques et sociales qui font de la cour un laboratoire socio-culturel assujetti à l’irrégularité et à la rupture autant qu’à la permanence et à la stabilité.
9Une brève description du lever et du couvert met en lumière les pratiques curiales et en particulier les attributions de chacun des serviteurs du duc à des moments clef du cérémonial :
« À l’égard de ma levée, personne n’entre dans ma chambre que je ne me sois levé, hors le Grand chambellan, à son défaut le premier gentilhomme de la chambre et au défaut de tous deux, le chambellan de service. Quand après je demande à m’habiller, le Grand maître de Garde-robe entre avec deux valets de chambre et les valets de garde-robe qui apportent toutes mes hardes ; les valets de chambre me chaussent, le Grand chambellan (et au défaut comme ci-dessus) me donne la serviette, le chambellan de garde tient la soucoupe pour me laver, après quoi le Grand chambellan me donne la chemise et l’ordre, le Grand maître de la garde-robe me met le justaucorps, la cravatte, l’épée, me donne mes gants et mon chapeau. Quand je suis habillé tout le monde sort, il n’y entre pendant que je m’habille aussi personne dans ma chambre sans s’être fait annoncé. L’huissier se tient à la porte et avertit qui est dehors dans l’antichambre et après le Grand chambellan me les a nommées, je fais entrer qui bon me semble et ne se refuse à personne de distinction ou de charge auprès de moi11. »
10Les chambellans sont donc deux, un chambellan de « service » assiste le duc à son lever et sert à table, l’autre, chambellan de « garde », fait fonction d’huissier. La charge du chambellan, similaire à celle du chambellan viennois12, peut être également rapprochée de celle du valet du roi de France dans la mesure où elle place l’individu qui l’exerce dans l’intimité du souverain. L’importance de la figure du valet de chambre du roi de France qui effectue une bonne part des tâches dévolues en Lorraine comme en Autriche aux chambellans et règne sur l’intime du souverain, est désormais bien connue13. Et ce n’est pas un hasard si plusieurs des gentilshommes qui accompagnaient Léopold en Autriche, ou certains de leurs proches, furent nommés chambellans dans les années qui suivirent le retour à Nancy et demeurèrent des intimes du duc14.
11Surtout, la charge de chambellan revêt une fonction stratégique qui pose la question fondamentale pour la société curiale de l’accès au souverain, dont la gestion est très différente à Versailles et à Vienne. Son caractère domestique confère naturellement au chambellan du duc l’accès au prince, cumulant les avantages des valets français et des chambellans viennois. Des premiers, il retire l’exposition puisqu’il semble que le lever du duc soit public, comme le suggère le passage cité par Zoltan Harsany. Le chambellan participe ainsi ostensiblement à la geste cérémonielle, contrairement à Vienne où la cérémonie du lever est strictement privée et maintenue à l’écart des yeux des courtisans. L’inclusion de la chambre dans la partie publique de l’appartement ducal renforce la théâtralisation de l’intimité du duc, à l’imitation des habitudes françaises. Toutefois, la noble extraction de la très grande majorité des chambellans officiant, comme à Vienne, nous y reviendrons, procure au chambellan ducal un surcroît de légitimité dans la représentation, et surtout la possibilité de suppléer le grand chambellan ou le premier gentilhomme s’ils sont absents15. Leur qualité sociale leur offre aussi le privilège de prendre part aux cérémonies dynastiques, qui mettent ainsi en scène la fidélité de la noblesse au prince et, en contrepartie, matérialisent la prééminence sociale et politique des grands lignages auxquels appartiennent les chambellans au sein du duché. Lors du baptême du prince Louis en 1704, les chambellans portent les ustensiles liturgiques, fonction qui n’aurait pu être dévolue à de simples valets16. La gestion de l’espace au cours des cérémonies laisse aussi clairement apparaître le rôle d’interface que revêt le chambellan entre le souverain et le reste des sujets. Cette position d’interface lui est conférée par la charge d’huissier qui lui assure le contrôle de l’accès au prince. Plusieurs visiteurs de l’empereur soulignent en effet la grande influence acquise par les chambellans à la cour de Vienne à la fin du xviie siècle, au détriment du grand maître de la cour qui se voit dépossédé de la maîtrise des audiences17. Sans doute la rotation des individus par le système des quartiers – à Lunéville comme à Vienne du reste – limitait, en théorie du moins, la capacité d’action, ou de nuisance, des chambellans de garde, tout comme les sorties fréquentes du duc du cadre palatial qui rendaient sa personne plus abordable18.
12C’est cependant l’observation du fonctionnement du groupe sur le temps du règne qui nous permet d’approcher au plus près le degré d’absorption éventuelle d’un modèle curial. La rotation des individus pose la question de la dimension numérique de l’accès au souverain. Il faut ici noter la grande différence entre les deux usages convoqués par le duc Léopold : si les effectifs des serviteurs dont la charge procure l’accès à la chambre sont précisément déterminés à la cour de France (tableau 1), il n’en est rien à la cour du Habsbourg, lequel ne parvient pas à limiter le nombre des individus auxquels la charge de chambellan confère la potentialité de servir, oscillant entre honneur et réalité du service19. Cette disposition n’est pas sans paradoxe avec la volonté des Habsbourg de réduire l’accès au souverain à quelques occasions bien précises. Léopold de Lorraine se trouve ainsi confronté à une double contrainte : d’une part maintenir l’accessibilité du souverain pour une noblesse habituée aux pratiques cérémonielles françaises ; d’un autre côté incorporer un nombre important de gentilshommes dans une cour qui n’a que peu de charges à offrir. De fait, le duc opte pour l’usage viennois et dispense largement la charge, à tel point que de nombreux chambellans ne sont pas rémunérés à l’image de ce qui est pratiqué à Vienne, n’étant pas appelés à servir à la Chambre, mais seulement à participer ponctuellement aux grandes cérémonies dynastiques20.
Tableau 2. – Effectifs, service, service restitué (1698-1729).

13Le gonflement rapide initial – nous ne pouvons comptabiliser que les chambellans listés parce que gagés – correspond en effet à une phase d’intégration et de fidélisation de la noblesse dans la cour, comme l’a montré Anne Motta dans son étude sociologique des officiers de la Chambre ducale21. Cette pratique peut être rapprochée du cas viennois dans la mesure où le Habsbourg avait fait de la fonction de chambellan le premier stade du cursus honorum curial, menant ensuite les plus chanceux vers les charges de cour, militaires ou politiques de premier plan. Le caractère pléthorique du groupe – on dénombre ainsi autour de 500 chambellans à un moment « t » pour la période contemporaine du règne de Léopold de Lorraine22 – répondait à l’objectif d’intégration, au moins virtuelle, des noblesses issues des différentes couronnes de la monarchie. Non seulement l’empereur convoquait et fidélisait ainsi, et à moindre coût, des élites nobiliaires profondément hétérogènes mais, de surcroît, cette charge commune lui permettait de produire des listes sans fin dans les almanachs, célébrant, sur le papier tout du moins, l’ampleur numérique de la cour de Vienne. À une moindre échelle, les chambellans du duc de Lorraine assemblés lors des cérémonies dynastiques, augmentaient le lustre de la cour ducale. Les funérailles de Madame Palatine, mère de la duchesse, organisées en 1723, sont ainsi l’occasion de déployer les effectifs curiaux : soixante chambellans prennent alors part au cortège funèbre23.
14La nette diminution des effectifs des chambellans lorrains à partir de 1713 (tableau 2) est justifiée par Léopold en raison de difficultés financières qui nécessitent du reste également la réduction des gages de 225 à 150 livres par quartier24. Si le duc envisage également de réviser la libéralité dont il a fait preuve dans la distribution de la charge de chambellan, quand « ces employes nauroient deu estre que pour les gens de la premiere condition25 » – et l’on croit lire ici une ordonnance de l’empereur Ferdinand II datant de 1626 qui, dans une situation comparable, stipulait que « nul n’obtienne la clé, qui ne soit de race immémoriale26 » – il n’en fait rien et maintient un recrutement socialement hétérogène, quand bien même les effectifs baissent.
15Plutôt que d’opérer une fermeture sociale du groupe, le duc tente plutôt de jouer sur la distribution du service pour résoudre le problème de l’inflation des chambellans, non sans difficultés qui transparaissent des sources et rendent visibles les expérimentations auxquelles le groupe des chambellans a été soumis au cours du règne de Léopold. Il faut d’emblée noter que l’on n’observe pas de saisonnalité dans les effectifs convoqués, ce qui suggère le maintien d’un cérémonial régulier tout au long de l’année, qu’il s’agisse du début du règne, quand Léopold impose une bi-résidence à la cour qui n’est pas sans rappeler les pratiques viennoises, hivernale à Nancy et estivale à Lunéville, comme ensuite lorsque l’occupation française de Nancy contraint le duc à la permanence de la résidence lunévilloise et de ses satellites27. Le chambellan n’officie qu’épisodiquement et le service est très astreignant dans les premières années en raison du faible nombre de chambellans, moins par la suite, à mesure que les effectifs gonflent (tableau 2). Le service ne connaît cependant jamais de réelle stabilité puisque les effectifs fluctuent d’une année à l’autre et nécessitent de constants réajustements qui maintiennent peu ou prou la mécanique bien huilée du service de la Chambre : la durée du service est ainsi élastique selon les années et peut également varier au cours d’une année puisque certains services sont raccourcis, et les gages ajustés en conséquence en fonction des besoins quotidiens et de la disponibilité des individus. Surtout, il semblerait qu’une partie seulement des chambellans gagés serve effectivement : la mention de chambellans surnuméraires dans les livres de gages pour les deux derniers trimestres de 1718 suggère qu’une moitié des chambellans listés n’accomplissait de service qu’en cas de défaillance d’un titulaire. S’agit-il d’une mesure ponctuelle ou de la verbalisation tardive d’une pratique plus ancienne ? L’apparition de cette mention qui coupe soudainement des listes similaires aux précédentes en deux paraît surprenante. L’hypothèse d’une pratique ancienne non verbalisée permettrait d’expliquer la rupture quantitative des effectifs, qui passent de 13 à 22 entre avril et juillet 1705. Quant à la non-verbalisation de la pratique, elle pourrait provenir du simple fait qu’il n’y avait pas lieu pour les comptables d’opérer de distinction entre des individus semblablement rémunérés, quelle que soit la réalité de leur fonction, distinction rendue du reste complexe dans la pratique par la vraisemblable fluctuation du service selon les quartiers. Après une période de rodage, le service d’un chambellan s’établirait par la suite (1708-1725 env.) entre 6 et 10 jours/quartier, compte tenu du double service, durée qui paraît plus crédible (tableau 2). Cette estimation est confirmée par la proposition de réforme du service de 1704 qui envisageait de ne conserver que 6 chambellans par quartier, chacun servant donc environ 30 jours dans l’année28. La présence des surnuméraires, que le document de 1704 suggère sans être explicite29, rapproche encore une fois du cas viennois, même s’il faut rester prudent pour ne pas forcer le trait : à Vienne les chambellans de service étaient effectivement doublés de suppléants, fort utiles car il apparaît que les contraintes du service de la Chambre rebutaient bon nombre de titulaires qui se faisaient porter pâles, notamment pendant les mois d’été30. Or le document de 1704 reproche justement la trop grande liberté dans les allées et venues des chambellans à la cour31. La lassitude de certains chambellans du duc qui officient depuis plusieurs années maintenant, ainsi que la période de l’année – nous sommes justement à la saison estivale – pourraient éclairer l’inflexion constatée en 1705 dans la distribution du service.
16L’élaboration d’un groupe de chambellans qui réponde aux exigences cérémonielles d’une cour princière et qui puisse servir de levier d’intégration des élites, anciennes ou plus récentes, oblige le souverain à régler la question de la hiérarchisation des individus qui y participent, d’autant plus que le groupe présente une hétérogénéité sociale croissante. Même si Léopold se repose sur l’existant en 1698, la mise en ordre de la cour est une contrainte dont le duc avoue dans son Cayer ne pas avoir pris d’emblée conscience, entendant régler les problèmes au cas par cas32. Les listes contenues dans les livres des gages fonctionnent cependant manifestement dès le début du règne selon un ordre clairement défini qui ne considère que l’ancienneté dans la charge, à l’exclusion de toute autre considération sociale (tableau 3). Lorsque certains sortent du groupe, appelés à d’autres charges, la liste se décale d’autant de places vers le haut.
17Cette mécanique de mise en ordre des individus est confirmée par la proposition de réforme de 170433 et est encore à rapprocher des pratiques habsbourgeoises. L’agrégation de noblesses d’horizons différents, présentant chacune sa propre hiérarchie nobiliaire, avait en effet obligé l’empereur à imposer une hiérarchie curiale qui soit capable de prévenir les contestations protocolaires. Reposant uniquement sur l’ancienneté dans la charge, la définition du rang était donc indépendante de toute autre considération, qu’il s’agisse de l’ancienneté, de la titulature ou de l’illustration du lignage ou de l’individu. Ce système devait permettre d’homogénéiser une cour profondément hétéroclite.
18Dans le cas lorrain, si dans un premier temps la corrélation entre hiérarchie curiale et hiérarchie sociale demeure, puisque le duc a d’abord puisé dans le vivier de l’ancienne chevalerie, des distorsions apparaissent ensuite avec la montée de chambellans de moindre extraction, agrégés plus tardivement. Face à cette hétérogénéité croissante, la solution viennoise, à laquelle Léopold avait du reste sans doute été confronté lors de sa participation aux cérémonies de la cour de son oncle l’empereur Léopold Ier, constitue une réponse pratique. Sa mise en œuvre s’avère visiblement empirique et n’offre pas de solution au problème d’absorption des effectifs croissants du groupe dans le service de la Chambre, on l’a vu. La substitution, en 1704, d’une liste déroulante à la réitération systématique de la liste à chaque trimestre (tableau 4) constitue une solution qui permet à tous de servir et montre bien le tâtonnement du duc dans la mise en œuvre des moyens lui permettant d’obtenir une « belle cour bien réglée34 ».
Tableau 3. – Proposition de restitution du système de hiérarchisation des chambellans à partir des livres des gages (1698-1729) (les flèches en pointillé indiquent que les chambellans n’ont pas officié une année ; en gras les familles lorraines anciennes, en italique les familles nobles d’origine étrangère aux duchés, en caractère romain les familles anoblies, de qualité moindre).

Tableau 4. – Adoption d’un nouveau système de roulement des chambellans (les numéros correspondent à la place hiérarchique que les chambellans occupent au mois de janvier 1705).

19En revanche, il est probable que cette modification ait accéléré la désagrégation de la hiérarchie sociale du groupe et ait eu des répercutions sur la hiérarchie telle qu’elle est retranscrite dans les livres des gages, justement au moment où le groupe des chambellans s’ouvre socialement. Le croisement des flèches sur le tableau 3, pour la période 1708-1713 pourrait en être un symptôme visible, entraînant le groupe dans une période d’instabilité hiérarchique qui justifierait, du reste, la volonté exprimée par le duc dans son Cayer de mettre de l’ordre afin de limiter les contestations protocolaires.
20Cette option est donc abandonnée au profit d’un retour au fonctionnement initial, la distinction opérée entre les chambellans de service et les surnuméraires permettant de résoudre la question de la distribution du service et, temporairement, le problème des hiérarchies (tableau 4). Si dans un premier temps, la relégation dans le statut de surnuméraire des chambellans qui figurent dans la seconde partie de la liste peut favoriser les chambellans d’ancienne noblesse en tête de liste, l’élévation mécanique des anoblis dans la hiérarchie à mesure que des places se libèrent dans le haut de la liste, accentue ensuite la divergence entre hiérarchie nobiliaire et hiérarchie curiale, puisque seule cette dernière est opératoire dans la mise en ordre de la cour, par exemple lors des grandes cérémonies, comme l’atteste la description de la procession funéraire qui mène Léopold au tombeau en 1729, distinguant des autres « les quatre plus anciens Chambellans35 ». Une liste datée de 1730 confirme cette capitalisation de l’ancienneté dans la charge en précisant pour chacun des chambellans la date de son entrée dans la charge36. Sans doute peut-on relever quelques infidélités à cette hiérarchie mais, au-delà du nombre de révérences, de marches à monter ou descendre, ou de la différence entre un fauteuil, une chaise ou un tabouret, le cérémonial était moins une science exacte que la résultante d’une tension sociale permanente.
21Si cette mécanique hiérarchique permettait de régler la question des préséances, elle risquait à long terme de provoquer la frustration de l’ancienne chevalerie et d’alimenter un sentiment de déclassement, similaire à celui qui avait poussé plusieurs princes à briller par leur absence lors des occasions de cour viennoises, puis à se retirer, ne supportant plus de devoir céder le pas à de simples comtes37. Il serait intéressant de traquer de probables arbitrages du duc Léopold entre des comtes offusqués et des anoblis clamant leur préséance auxquels fait allusion le baron Pöllnitz38. Quoi qu’il en soit, la liste de 1730 montre la capacité du système à outrepasser les contestations et à se perpétuer, au début du règne du duc François III.
22L’étude du groupe des chambellans offre donc la possibilité de discerner des emprunts de la cour de Lorraine à d’autres cours européennes. Si les trois cours évoquées utilisent manifestement la même matrice curiale, les pratiques de classement et de mise en espace ont toutefois connu des évolutions différenciées notables, dont témoigne la différence fondamentale de gestion de l’accès au souverain. La manière d’ordonner et de gérer le groupe des chambellans, comme son existence même, résulte d’élaborations empiriques et d’emprunts qu’il est encore difficile de clairement distinguer en l’absence de sources explicites, et dont les mécanismes restent à éclaircir. Les emprunts probables aux systèmes curiaux français (le cérémonial du lever) et habsbourgeois (les chambellans) ne doivent cependant pas masquer la capacité de la cour de Lorraine à proposer ses propres solutions cérémonielles, pas plus qu’il ne faut sous-évaluer le poids des héritages, ici tangible dans la structure même de la cour ducale.
23Cette contribution se veut donc une réflexion sur la circulation et le recours à des « modèles » de cour, dont il faut sans doute nuancer la consistance historique. Peut-être le terme de « modèle » est-il à relativiser en l’absence de mimétisme éloquent. Comme le suggère assez judicieusement Léopold dans son Cayer, chercher de l’un et de l’autre permettrait davantage de trouver des solutions à des problèmes récurrents que d’appliquer fidèlement, voire servilement, un « modèle » imposé.
Notes de bas de page
1 ADMM, HHStA/LHA 24.-56 : Note sur la nécessité d’établir un cérémonial, op. cit., f° 43.
2 Samuel J. Klingensmith, The Utility of Splendor. Ceremony, Social Life and Architecture at the Court of Bavaria, 1600-1800, Chicago, UP, 1993 ; Eva-Bettina Krems, Die Wittelsbacher und Europa. Kulturtransfer am frühneuzeitlichen Hof, Vienne, Cologne et Weimar, Böhlau, 2012.
3 Je renvoie aux réflexions proposées dans Jeroen Duindam, Myths of Power. Norbert Elias and the Early Modern European Court, Amsterdam, Amsterdam University Press, 1990 ; id., Vienna and Versailles. The Courts of Europe’s Dynastic Rivals, 1550-1780, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
4 ADMM, 1 MI 845, 8, f° 43.
5 ADMM, 3 F 315 : Cayer pour laisser a mon successeur, op. cit., f° 29.
6 Ibid.
7 Christian Pfister (éd.), Description de Lunéville, op. cit., p. 15.
8 Restitution de l’organigramme de la cour de Lorraine à partir des livres des gages. Par souci de commodité, nous indiquons ici les références des livres consultés (l’année est précisée entre parenthèses) : ADMM B 1187 (1580), B 1261 (1600), B 1410 (1620), B 1467 (1629), B 1534 (1698), B 1565 (1703), B 1573 (1705), B 1589 (1708), B 1604 (1711), B 1613 (1713), B 1625 (1716), B 1635 (1718), B 1673 (1721), B 1673 (1722-23), B 1694 (1727-29).
9 Mathieu da Vinha, « Structures et organisation des charges de cour à l’époque moderne », The Court in Europe, Marcello Fantoni (éd.), Rome, Bulzoni, 2012, p. 275-289.
10 Mathieu da Vinha, Les valets de chambre de Louis XIV, Paris, Perrin, 2004.
11 Zoltan Harsany, La Cour de Léopold…, op. cit., p. 430.
12 Sur les fonctions des chambellans de l’empereur : Maria Breunlich-Pawlik, « Die Aufzeichnungen des Sigmund Friedrich Grafen Khevenhüller 1690-1738 », Mitteillungen des Österreichischen Staatsarchiv 26, 1973, p. 244 ; Gottfried Stieve, Europäische Hofzeremoniell, Leipzig, J. F. Gleditschensseel-Sohn, 1723, p. 265 sqq.
13 Mathieu da Vinha, Les valets…, op. cit., p. 24-29 : le premier valet de chambre de Louis XIV fait tout à la fois office de valet de lit, d’huissier et de confident du souverain. À la différence du chambellan du duc toutefois, il dort dans la chambre même du prince, ce qui lui offre la possibilité d’un tête-à-tête avec le souverain.
14 Lunati et Gourcy sont nommés dès 1698. S’y ajoutent ensuite Custine, Spada et de la Tour-Taxis, soit cinq des sept gentilshommes qui forment la suite rapprochée du prince. Il faut ajouter Apremont et Beauvau-Craon qui se greffent à la suite en cours de route et intègrent d’emblée le groupe des chambellans (liste des intimes du duc dans Zoltan Harsany, La Cour de Léopold…, op. cit., p. 36).
15 Le principe de substitution se vérifie par exemple dans un témoignage tardif de 1730 qui décrit le cérémonial d’audience publique accordée par le duc François à l’envoyé de Trèves (ADMM, 1 MI 845, art 24, f° 192).
16 Description du baptême du prince Louis de Lorraine, 22 juin 1704, par Henri de Lorraine, comte de Brionne, 16 juillet 1704, citée dans Zoltan Harsany, La Cour de Léopold…, op. cit., p. 72-73.
17 Par exemple : Casimir Freschot, Mémoires de la cour de Vienne, Cologne, chez Guillaume Étienne, 1705, p. 116-117 : « C’est encore pis quand quelque personne, qui n’est pas dans la faveur de ceux qui ont tout crédit à Vienne, se présente pour être ouïe : car alors quelque distinction & quelque mérite dont il soit revêtu, on va au devant de tous ses empressemens, & quelque soin qu’il prenne de percer la foule, il est tenu en arrière, ou s’il parle à l’Empereur, c’est pour avoir le chagrin d’une très mauvaise réception. On a des exemples tout recents de ces personnes […] qui n’ont jamais pu obtenir l’honneur de se présenter à lui. »
18 ADMM, 3 F 315, f° 33-46 : Notes autographes du duc Léopold sur son emploi du temps, s. d. La fréquence des mentions indiquant que le duc est en promenade ou à la chasse et séjourne dans l’une de ses demeures de campagne laisse à penser que le service des chambellans en était largement allégé et que sa position d’interface disparaissait au profit d’un contact a priori plus facile du souverain avec son environnement.
19 La charge de chambellan n’est effectivement exercée que par un nombre restreint de chambellans, dits « würklicher Kämmerer », qui portent la clef d’or et qu’il faut distinguer de l’énorme majorité du groupe qui n’a de la charge que le titre et les honneurs. Si seuls les premiers sont rémunérés, tous se doivent de prendre part, autant que possible, aux grandes cérémonies de la monarchie.
20 ADMM, 3 F 315, f° 29. Cela est confirmé par les descriptions des funérailles de Madame Palatine en 1723 et du duc Léopold en 1729 qui font mention de 60 chambellans quand 36 seulement sont rémunérés (ADMM, B 1673) ; Suite de la Clef ou Journal historique sur les matieres du tems, contenant aussi quelques Nouvelles de Litterature & autres Remarques curieuses, par le Sieur C. J., Juillet 1729, t. XXVI, Paris, 1729, p. 68 : aux funérailles de Léopold, 36 chambellans sont mentionnés et seulement 23 sont rémunérés (ADMM B 1694).
21 Anne Motta, Noblesse et pouvoir princier dans la Lorraine ducale (vers 1620-1737), Paris, Garnier, 2016, p. 446-453.
22 E. G. Rinck, Leopold des Grossen Röm. Kaysers wunderwürdiges Lebens und Thaten aus geheimen Nachrichten eröffnet, Cologne, 1713 : cet ouvrage comporte une liste pour 1705 qui recense 422 chambellans ; Sur la question des effectifs des chambellans : Éric Hassler, Une cour sans empereur ? Les chambellans de l’empereur dans l’espace résidentiel. Vienne, 1683-1740, Paris I, thèse soutenue le 22 novembre 2010, p. 110 sq.
23 ADMM, 1MI 845, art 24, f° 72 : L’ordre observé dans la marche, Cérémonie et la Pompe funebre de très haute, très puissante et très auguste Princesse Elizabeth Charlotte Palatine Baviere… ; le mardy seize et le mercredy 17 février 1723.
24 ADMM, 3 F 315, f° 29v° : « Leurs gages jusques a present ont été de 900. Cela est suffisant mais aussy je ne vois pas que l’on en puisse donner moins cependant le dérengement de mes finances et la facilité que jay eu de augmenter si excessivement ce nombre m’ont obligé de retrancher leurs gages de 300. Si bien qu’ils n’en ont actuellement que 600. Je suis cependant dans la résolution de les remettre à 900 (corrigé) dès que pouray. »
25 Ibid., f° 29.
26 Cité dans Jean Bérenger, « La maison de l’empereur Léopold Ier dans les années 1670 », Jean-Pierre Poussou et al. (éd.), Monarchies, noblesses et diplomaties européennes, Mélanges en l’honneur de Jean-François Labourdette, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2005, p. 327-328.
27 Zoltan Harsany, La Cour de Léopold…, op. cit., p. 257.
28 ADMM, 3 F 235, f° 1.
29 Ibid. : « Qu’il n’y en ayt que 12 au plus qui soient couchés sur l’Estat des gages, et les derniers 10, sur l’Estat seulement des pensions, lesquelles finiroient par le décès des premiers qui viendroient à manquer. »
30 Oesterreichisches Staatstarchiv, Allgemeines Verwaltungsarchiv, Familienarchiv Harrach, K. 73, lettre du 21 septembre 1692 . « Je ne scais si Mr le Prince de Salm dispensera que vous demeuriez absent 6 ou 7 semaines come vous désirez, ayant fort peu des Gentishomes de la chambre du Roy, qui puissent ou veuillent servir. »
31 ADMM, 3 F 235, f° 1 : « Au lieu qu’ils [les chambellans] ne viennent à Luneville que bon leur semble. »
32 ADMM, 3 F 315, f° 28-29 : « Si bien qu’estant tant jeune et haïssant de mon naturelle toutte gesne, et le céremonial ne se pouvant conserver sans cela, j’ay différé le plus que jay pu a y apporter tout l’ordre et me suis contenté tout à fait qu’il arrivoit un cas nouveau de quelque cérémonie ou rang, je le réglois celon qu’il me semblait convenable et j’espère que l’on ne pourra rien objecter la dessus. »
33 ADMM, 3 F 235, f° 2 : « Qu’à mesure qu’un des 12 premiers chambellans vienne à être pourvu d’un autre employ, qu’il quitte celuy de chambellan, afin que V[otre] A[ltesse] R[oyale] ayt toujours un même nombre de chambellans de service qui le remplaceroient successivement par ceux de la queuë qui n’ont pas de gages et moyennant que V[otre] A[ltesse] R[oyale] auroit toujours une belle cour bien réglée. »
34 ADMM, 3 F 235, f° 2-3.
35 Suite de la Clef…, op. cit., p. 68.
36 ADMM, 3 F 235 : Liste des Chambellans de SAR suivant leur ancienneté.
37 Friedrich Carl von Moser, Teutsches Hof-Recht, Leipzig, Andreä, 1755, t. 2, VI, VIII, § 13, 2 : l’auteur rapporte les propos du maréchal de Villars à propos de la querelle de préséance qui eut lieu lors de l’entrée de la reine des Romains à Vienne en 1699 : « Les Princes ne parurent pas non plus à l’entrée, n’ayant aucune sorte de rang. Les Princes de Savoye, de Commercy et de Vaudémont furent avertis la veille, ils demandèrent si c’etoit par ordre de l’Empereur ; le Fourier de la chambre, dont la fonction est d’avertir de toutes les fêtes & cérémonies, leur dit qu’il avoit eu ordre de les avertir comme tous les autres Cavaliers. Ils allèrent à l’explication & il leur fut permis de ne se pas trouver à la cérémonie. »
38 Christian Pfister (éd.), Description de Lunéville…, op. cit., p. 18 : « Les anciens nobles ne méprisent pas seulement les nouveaux, mais encore ce qu’on appelle les gens de robe, ou les gens qui font profession de leur plume, même s’ils appartiennent à d’anciennes familles. »
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