L’émergence d’une conscience terminologique : regard métalexicographique porté sur l’Entwurf der algemeinen Technologie de Johann Beckmann (1806)1
p. 199-219
Texte intégral
Considérations métalexicographiques
1Lorsque nous examinons en 2017, à plus de deux cents ans d’intervalle, l’Entwurf der algemeinen Technologie de Beckmann, nous avons besoin de grilles de lecture pour nous guider. Celle qui est proposée ici s’inspire directement de la métalexicographie, c’est-à-dire de l’étude de la confection des dictionnaires, encyclopédies et autres ouvrages de référence ainsi que de leur analyse et de leur évaluation, sans oublier la métadictionnairique qui est, selon la terminologie de Bernard Quemada, l’étude de l’ouvrage-dictionnaire dans son ensemble.
2Même si Beckmann n’avait pas l’intention de rédiger un dictionnaire, son ouvrage s’apparente sous de nombreux aspects aux dictionnaires ou autres ouvrages de référence de son époque ; de plus, conformément à sa qualité de précurseur dans ce domaine lexicographique, il préfigure plusieurs fonctions lexicographiques et terminologiques appelées à être pleinement développées bien plus tard seulement. Il se trouve tout simplement que Beckmann exploite des méthodes qui avaient fait leurs preuves, en particulier celles des dictionnaires et des encyclopédies, qu’il connaissait bien, comme on le voit dans ses notes ou ses commentaires.
3C’est donc par le prisme de la métalexicographie, discipline relativement récente, qui a émergé de manière plus ou moins indépendante dans plusieurs pays européens, que ce chapitre entend analyser comment cet ouvrage s’inscrit dans le contexte intellectuel de son époque et en quoi il annonce des méthodes et des buts développés bien plus tard. En France elle relève de la dictionnairique2, étroitement liée à la réalisation d’ouvrages lexicographiques. Elle a été influencée également par les buts et méthodes du romaniste allemand Franz Josef Hausmann, principal artisan de l’encyclopédie Wörterbücher/ Dictionaries/Dictionaires, qui propose une méthode d’analyse de toutes sortes de dictionnaires et encyclopédies3. Cet ouvrage monumental oriente vers un autre courant allemand de l’analyse métalexicographique, développé par Herbert Ernst Wiegand4, qui se focalise sur les fonctions du dictionnaire et sur leur mise en œuvre. Son analyse lexicographique se place dans un cadre plus vaste, qui montre bien la parenté entre dictionnaires de langue, qui comportent toujours des éléments encyclopédiques, et encyclopédies, qui ne peuvent faire abstraction de considérations linguistiques.
4Cette approche est largement reconnue dans les pays de langue allemande, mais elle est en quelque sorte concurrencée aujourd’hui par un développement ultérieur que nous devons à Henning Bergenholtz, fondateur d’un centre de lexicographie à l’université danoise d’Aarhus, et qui poursuit la recherche sur les principes d’analyse fonctionnelle de dictionnaires et d’encyclopédies, tout en concevant lui-même des dictionnaires5.
5Une dernière source de principes d’analyse est fournie par la terminologie théorique, telle qu’elle a été définie surtout par Eugen Wüster6. Wüster met l’accent sur l’organisation conceptuelle du vocabulaire spécialisé.
6Aux études de Hausmann et de ses collègues nous devons la distinction entre la macrostructure d’un dictionnaire (les mots à inclure ou nomenclature, le mode de présentation – alphabétique ou conceptuelle –, les principes de circulation d’un article à l’autre, ainsi que le péritexte, principalement l’introduction) et la microstructure, relative à chaque entrée. Les travaux de Wiegand soulignent l’importance des fonctions, c’est-à-dire des informations que l’utilisateur est en droit de chercher dans l’ouvrage de référence, et qui sont surtout d’ordre linguistique et factuel. On pourrait être tenté de ne pas tenir compte des fonctions d’encodage ou de décodage dans une langue étrangère, mais elles figurent bien dans l’Entwurf, même si c’est sous une forme relativement marginale. Plus important est l’accès à des connaissances pratiques, mais ordonnées, connaissances qui rapprochent l’Entwurf des encyclopédies ainsi que de la terminologie théorique.
7L’analyse qui suit aborde dans un premier temps la structure matérielle de l’ouvrage. Nous examinons ensuite les buts explicites et implicites de l’auteur, qui le rapprochent de ceux de la lexicographie. Une dernière partie permet d’évoquer les méthodes d’analyse terminologique mises en œuvre.
L’Entwurf analysé comme dictionnaire de spécialité
8Le dictionnaire prototypique, surtout pour un public francophone, est le dictionnaire de langue, accompagné le cas échéant d’un supplément, encyclopédique ou non7. Son but principal est de renseigner sur la langue, pour pouvoir la comprendre, et l’employer correctement. L’entrée dans le dictionnaire se fait par le biais du lexique : les vedettes, ou mots d’entrée, sont en principe rangées par ordre alphabétique. Les dictionnaires d’encodage renseignent l’utilisateur sur la manière de parler et surtout d’écrire, et dans ce but les renseignements fournis dépassent le cadre strict du lexique : prononciation, conjugaison, etc. Les dictionnaires de décodage, pour leur part, comportent une nomenclature importante, et de ce fait s’ouvrent à une perspective encyclopédique.
9Les dictionnaires de spécialité, en revanche, ont pour but de présenter le vocabulaire d’un domaine donné, qu’il soit vaste, comme celui de la chimie ou de la physique, ou plus restreint, comme la terminologie des options négociables en bourse. Comme les dictionnaires de langue, ils peuvent être monolingues, bilingues ou plurilingues ; les entrées peuvent être rangées par ordre alphabétique ou de manière thématique. Le dictionnaire de spécialité le plus simple est le lexique, constitué tout simplement de listes de termes accompagnées d’un équivalent dans une ou plusieurs langues étrangères. Le glossaire est un dictionnaire de spécialité sélectif, qui ne retient que des termes censés poser problème à l’utilisateur, et il est souvent attaché à un document principal. L’index est une simple liste des items lexicaux ayant pour but de faciliter l’accès aux informations dans un document principal. Les dictionnaires de spécialité sont enfin destinés à un public diversifié, mais qui comporte souvent des apprenants du domaine traité, ainsi que des traducteurs.
10Du point de vue strictement matériel, on constate que plusieurs traits rapprochent l’Entwurf d’un dictionnaire de spécialité.
11On peut distinguer, dans la macrostructure d’un dictionnaire, deux parties : le péritexte et l’ensemble lexicographique à proprement parler.
Le péritexte
12En ce qui concerne ce premier critère d’analyse, il apparaît que les treize pages d’introduction à l’Entwurf jouent un rôle similaire à celui de l’introduction à un dictionnaire, où sont exposés les buts et les méthodes de l’ouvrage. Cette introduction est particulièrement importante ici, puisqu’elle représente à elle seule le quart de l’ouvrage. Ce choix de Beckmann se justifie, nous semble-t-il, par son effort d’explication en mots du métier, et par son besoin de les accompagner d’exemples, de nature encyclopédique et lexicale à la fois.
13En outre, chacune des deux grandes sections thématiques qui suivent cette grande introduction comporte elle-même une riche introduction méthodologique et encyclopédique, qui énonce de manière détaillée les principes de présentation.
La partie centrale de l’ouvrage
14Les pages de l’Entwurf correspondant à la partie proprement lexicographique d’un dictionnaire thématique offrent effectivement, et de manière récurrente, des similitudes frappantes avec un dictionnaire. En somme, l’Entwurf est d’organisation mixte : à la fois de nature conceptuelle, encyclopédique, renseignant sur les véritables buts de l’auteur, et plus linguistique, proposant des termes, informant sur les mots, voire sur leurs relations, aspects que l’on retrouve particulièrement développés dans les répertoires à orientation proprement terminologique.
15Les deux sections de cette partie centrale sont inégalement réparties et exposées. Une première section du lexique a pour titre Zerkleinern, et commence à la page 45 (dans la version française : La fragmentation, p. 76). Après une longue introduction (p. 76 à 81), l’ensemble des articles, numérotés de 1 à 31 (p. 82 à 96), est en réalité partagé en six sous-ensembles, dont les titres sont respectivement : Spröde Körper, p. 50 à 54 (Les corps cassants, p. 82), Weiche Körper, p. 55 (Les corps mous, p. 88), Faserichte Körper, p. 55-56 (Les corps fibreux, p. 89-90), Metalle, p. 56 à 59 (Les métaux, p. 90 à 95), Salze, p. 59-60 (Les sels, p. 95-96), et Wasser, p. 60 (L’eau, p. 96). La seconde section porte le titre rassembleur de Glätten, Schlichten, Glänzen, Poliren (Lisser, unir, lustrer, polir) et commence à la p. 60 (p. 96 pour la version française). Elle offre elle aussi une longue première partie (p. 60-63, soit p. 96-99 pour le français) qui peut être considérée comme une introduction, suivie d’un sous-lexique détaillé de 19 articles numérotés (p. 63 à 65, et, pour le français, p. 99 à 102). Aux quinze premières pages de l’introduction générale à l’ouvrage s’ajoutent donc deux ensembles qui sont des introductions partielles.
Une structuration conceptuelle
16L’organisation de l’ouvrage de Beckmann est d’abord conceptuelle, comme celle de nombreux dictionnaires de spécialité ou encyclopédiques. Certains thèmes sont privilégiés pour la structuration conceptuelle du domaine, en particulier ceux de la fragmentation ou la division d’un côté et du lissage de l’autre.
• (a) Le thème de la fragmentation
17Un thème prédomine, c’est celui de la « fragmentation » (Zerkleinern, p. 14). Il est amplement traité dans l’introduction à la première section :
« Hier genüget uns die Erfahrung, daß alle Körper in Teile zerlegt oder zerkleinert werden können »(p. 45).
« Ici, on se contente de l’expérience qui nous apprend que tous les corps peuvent être décomposés ou fragmentés » (p. 76).
18Six des sept attestations du terme Zerkleinern, neuf des douze attestations de zerkleinert (-) ainsi que les quatre attestations de Zerkleinerung (fragmentation) se trouvent dans cette introduction, très ciblée sur ce thème.
19Il faut noter le grand nombre de ces formes en Zer-. Ce préfixe marque la division, la séparation, le morcellement, la destruction. On remarque à propos des formes linguistiques privilégiées par Beckmann, qui présente ici une isonymie entre langue et référent, l’unité dans la description des opérations. L’expression unifiée est due à cet emploi systématique et répété du préfixe zer- :
Zerbeissen, Zerbrechen, Zerbröckeln, Zerdrehen, Zerdrücken, Zerfeilen, Zerhacken, Zerhauen, Zerhobeln, Zerkauen, Zerkleinern, Zermahlen, Zerraspeln, Zerreiben, Zersägen, Zerschlagen, Zerschneiden, Zerspalten, Zerstampfen, Zerstoßen, Zertreten, Zerwalzen, Zerzupfen.
20Considérons aussi les emplois en Teil (partie), corollaire de zerkleinern (fragmenter). Aux vingt-deux formes en zertheil- il convient d’ajouter les vingt-huit attestations de theil, theile ou theilen, les treize diminutifs Teilchen (littéralement : petites parties), dont Eisentheilchen (particules de fer), Goldtheilchen (particules d’or) et Wassertheilchen (particules d’eau). S’y ajoutent les quatre occurrences de Bestandtheile. La forme zertheil- est, on l’a dit, présente vingt-deux fois dans l’ouvrage (six zertheilen, huit zertheilt et huit Zertheilung), on la lit une seule fois dans l’introduction générale (fein-zertheilte Masse, p. 37), douze fois dans l’introduction à la première section et les autres attestations se trouvant dans la première série d’articles, ceux numérotés de 1 à 31. Cette variation de formes et cette répartition montrent l’intérêt général que Beckmann porte de manière renouvelée aux notions de « fragmentation » et de « partie ».
• (b) Le thème du lissage
21Quant à ce que nous appelons l’introduction à la seconde section, elle met l’accent sur les thèmes liés aux actions de lisser, d’unir, de lustrer ou de polir (désignées par Glätten, Schlichten, Glänzen, Poliren, p. 60). Ici aussi, les buts et principes sont énoncés, avant que soient édictées les méthodes pour y parvenir :
« Körper, welche durch die Hitze flüssig werden, nehmen eine desto größere Glätte an, je glätter die Fläche ist, worauf sie durch die Erkältung fest werden. Deswegen werden die Spiegeltafeln auf einer glatten Platte von Metall gegossen; so werden die Lichter glätter in gläsernen Formen »(p. 62).
« Le poli des corps qui se liquéfient sous l’action de la chaleur augmente à mesure que la surface sur laquelle ils se solidifient par refroidissement est plus lisse. C’est pour cela que l’on coule les glaces sur une table de métal bien polie8. Et c’est pour cela que les chandelles sont plus lisses quand elles sont coulées dans des moules de verre » (p. 98).
22Ces pages d’introduction à la deuxième section sont de nature très différente les unes des autres. Elles se décomposent en vingt-huit alinéas de courte taille. Ici encore, une certaine isonymie est à signaler. En effet, vingt-trois de ces alinéas attestent des formes en glatt (-) :
glatt, glatte, glatten, glätter, glättesten, geglättet, geglättete, Glätte, Glätten
23totalisant finalement trente-neuf occurrences. Plusieurs de ces formes, syntagmes récurrents, pourraient aussi bien, dans un dictionnaire de spécialité du xxie siècle, donner lieu à des entrées autonomes :
glatte Körper (cinq occurrences), sehr glatte Körper (deux occurrences),
glatte Kruste, glatte Platte,
sehr glatt, völlig glatt,
Grad der Glätte (deux occurrences),
gleiche Glätte, große Glätte, größere Glätte (deux occurrences), vorzügliche Glätte,
besser geglättet, warm geglättet,
Bedeutung des Glätten.
24Cette seconde section de l’ouvrage comporte également des formulations définitoires exemplaires, comme :
« Glat heißen Körper, auf deren Oberfläche keine Erhebungen und Vertiefungen sind »(p. 60).
« On qualifie un corps de lisse quand sa surface ne présente ni élévations ni dépressions » (p. 96).
25Cette formulation, donnée dès le premier alinéa, est très proche de la définition « canonique » pratiquée par la lexicographie des xxe ou xxie siècles. On peut, à titre d’exemple de la pratique terminographique de nos jours, citer l’extrait suivant, modèle de définition d’un adjectif terminologique, acrique, proposé dans le manuel de rédaction de définitions par l’Office québécois de la langue française :
« acrique [adj.] <géologie> : qualifie un sol dont le taux de saturation et la capacité d’échange cationique sont très faibles9 ».
26Le modèle de définition de Beckmann et celui proposé par un document représentatif de la terminologie telle qu’elle s’exerce au xxie siècle présentent des ressemblances incontestables, voire frappantes si l’on pense à l’écart temporel ainsi qu’épistémologique qui caractérise en principe les deux entreprises.
27Après l’étude de ces textes, il reste à analyser près de la moitié de l’ouvrage, qui emmène le lecteur dans de véritables articles de dictionnaire, ceux, en tout cas, qui sont repérables par des indices lexicographiques et dictionnairiques.
Des vedettes
28Plus typique encore d’un dictionnaire est l’organisation des entrées sous des vedettes, ou mots d’entrée.
• (a) Soixante-dix entrées de dictionnaire
29Les vedettes de la première section sont par exemple regroupées en grandes catégories, elles aussi numérotées. Ainsi, en I, les Spröde Körper (Les corps cassants), avec les entrées numérotées de 1 à 15 ; en II, les Weiche Körper (Les corps mous), avec les entrées 16 à 18 ; en III, les Faserichte Körper (Les corps fibreux), avec les entrées 19 à 25 ; en IV, les Metalle (Les métaux), avec les entrées 26 et 27 ; en V, les Salze (Les sels), avec les entrées 28 et 29 ; et enfin en VI, les Wasser (L’eau), avec les entrées 30 et 31.
30En tout, l’ouvrage de Beckmann propose soixante-dix termes en entrées. Rappelons, à titre de comparaison, que les vocabulaires très spécialisés de l’Office québécois de la langue française comportent fréquemment entre cinquante et cent entrées, soit un nombre tout à fait comparable.
31Sept titres apparaissent en grandes capitales, qui se démarquent des quarante autres entrées. Mais l’un des titres en capitales présente quatre entrées (« Glätten, Schlichten, Glänzen, Poliren », p. 60). Une entrée est triple, huit autres sont des entrées doubles. Quarante articles, enfin, ont pour vedette une seule entrée : c’est une entrée simple, mais il arrive aussi que des entrées simples revêtent la forme de syntagmes, comme dans les trois extraits suivants :
« Das Brechen des Flachses und Hanfs »(p. 55). « Broyer le lin et le chanvre »(p. 89).
« Poliren mit der Hand »(p. 64).
« Polir à la main »(p. 101).
« Poliren mit Glätmaschinen »(p. 65).
« Les machines à polir »(p. 101).
32Le premier de ces trois exemples présente une particularité : un article défini vient préciser le syntagme servant d’entrée. La substantification du verbe est ainsi soulignée. L’article défini introduit aussi chacune des entrées suivantes : Fachen, Flacken, Hecheln, Kardetschen, Wolf (p. 55-56).
33Ces modulations dans l’aspect matériel de l’ouvrage de Beckmann montrent qu’il s’agit d’un art nouveau, en développement, dont les règles, naturellement, ne sont pas du tout établies et encore moins fixées. Mais elles montrent surtout l’intérêt de Beckmann pour ce nouvel art et nous avons l’impression d’assister en direct à la construction d’un dictionnaire.
34L’ouvrage prend parfois l’aspect d’un glossaire10 (qui n’a donc pas de prétention d’exhaustivité), comme parfois celui d’un lexique11 (en somme un dictionnaire bilingue ou multilingue qui comporte uniquement l’équivalent de vedettes, à l’exclusion de toute définition), ou encore d’une liste de mots, voire d’un simple index12.
• (b) L’ordre alphabétique
35Bien que la présentation générale soit avant tout thématique, certaines vedettes sont partiellement classées par ordre alphabétique. Ainsi, dans la première série des termes de cette première section, qui sont numérotés de 1 à 31, les entrées 3 à 6 suivent l’ordre alphabétique, tout comme les entrées respectives des trois dernières séries : 26 et 27, 28 et 29, 30 et 31. Les entrées de la seconde section présentent de ce point de vue la particularité de réunir, au début, la plupart des termes commençant par la lettre A-. Voici, conformément à l’ordre de présentation de ces entrées, sept des huit premiers articles consacrés à des termes commençant par A- :
Abhobeln (Raboter), Abdrehen (Ôter en tournant), Abfeilen (Limer), Abreiben (Écurer, Frotter), Abschaben (Racler), Abscheuern, Abschleifen (Polir), […], Absengen (Flamber).
• (c) Des verbes en vedette
36Comme on aura pu le remarquer à la lecture des exemples qui viennent d’être donnés, une originalité toute particulière mérite d’être signalée : c’est le choix de verbes en tant que vedettes.
37Les dictionnaires de spécialité ainsi que les terminologies développées au xxe siècle privilégient très largement les substantifs comme entrées d’articles, et ce n’est que depuis une vingtaine d’années, vers le tournant du xxie siècle, que l’on reconnaît l’importance des verbes spécialisés13. C’est le cas dans les terminologies qui visent plus particulièrement des processus, la visée même du projet de Beckmann, qui les introduit par le biais de verbes, généralement substantivés, bien que cette distinction entre verbes et verbes substantivés ne soit pas nécessairement pertinente dans ce contexte.
38Il est remarquable que, d’emblée, la première section, qui a pour titre un verbe : Zerkleinern (La fragmentation), propose dès la fin du premier alinéa une mise en contexte de ce verbe :
« Hier genüget uns die Erfahrung, daß alle Körper in Teile zerlegt oder zerkleinert werden können »(p. 45).
« Ici, on se contente de l’expérience qui nous apprend que tous les corps peuvent être décomposés ou fragmentés » (p. 76).
39D’autre part, les titres des six sous-ensembles de cette première section revêtent le plus souvent des formes verbales, parfois des verbes substantivés. Sont présentées comme substantifs les formes suivantes (que nous faisons suivre de leurs versions françaises respectives) :
Gradiren (Graduer), Granuliren (Granuler), Pressen (Presser), Schlagen (Battre), Versprützen (Arroser), Zerschneiden (Dépecer), Zerzupfen (Effiler).
40Pour le premier de ces six sous-ensembles, la liste est éloquente. Les quinze entrées attestent exclusivement des verbes (dix-neuf en tout) :
Reissen (déchirer), Zerbeissen (mordre), Zerbrechen (casser), Zerbröckeln (morceler), Zerdrehen (casser en tournant), Zerdrücken (écraser), Zerfeilen (limer), Zerhauen (hacher), Zerhobeln (raboter), Zerkauen (mâcher), Zermahlen (moudre), Zerraspeln (raper), Zerreiben (triturer), Zersägen (scier), Zerschlagen (briser), Zerspalten (fendre), Zerstoßen (concasser), Zertreten (piétiner), Zerwalzen (laminer).
41Il s’agit donc là d’une parenthèse intéressante, puisque cet usage n’est pas vraiment typique d’un dictionnaire de spécialité classique. Le choix de verbes comme vedettes, portes d’entrée dans la connaissance spécialisée, est une indication claire du fait qu’il s’agit chez Beckmann d’un savoir pratique, débouchant directement sur une analyse de l’action.
• (d) La définition
42La définition figure parfois en début d’article, comme on la trouve au xxie siècle, dans la tradition des dictionnaires de langue générale :
« Der Wolf. Ein Kasten, worin die Wolle, durch eine gezähnte Winde und durch die an den innern Wänden des Kastens befestigten Haken über einer Horde, aus einander und durch einander gezogen wird »(p. 56).
« Le loup. C’est une caisse, dans laquelle la laine est séparée et entremêlée par un guindal armé de dents et par des crochets fixés à l’intérieur de la caisse, au-dessus d’une claie » (p. 89-90).
« Körnen, Granuliren. Darunter versteht man die Mittel, Metallische Substanzen in Körner oder Granalien zu verwandeln »(p. 56).
« Grenailler, granuler. On désigne ainsi les opérations de transformation des substances métalliques en grains ou granules » (p. 90).
43Notons cependant qu’elle est loin de s’appliquer de manière régulière au terme en entrée, comme le voudrait la règle des dictionnaires d’aujourd’hui. Ainsi, dans l’extrait suivant, alors que l’entrée est vraisemblablement un verbe, le terme définisseur est un verbe substantivé :
« Zerschneiden. Das Zerstücken der Hadern mit dem sogenanten Lumpenschneider » (p. 55).
« Dépecer. Le découpage des chiffons à l’aide de ce que l’on nomme le dérompoir » (p. 88).
44Ou bien, alors que l’entrée est un verbe, c’est une autre partie du discours qui peut être définie… En effet, nous avons déjà évoqué la définition exemplaire d’un adjectif, glatt (lisse), qui est conforme aux normes d’aujourd’hui. Or, si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que la pratique de notre auteur est moins exemplaire qu’elle devrait l’être, car il choisit comme vedette un verbe, et non un adjectif, celui-ci étant inséré dans la définition :
« GLÄTTEN […] Glat heißen Körper, auf deren Oberfläche keine Erhebungen und Vertiefungen sind »(p. 60).
« LISSER […] On qualifie un corps de lisse quand sa surface ne présente ni élévations ni dépressions » (p. 96).
45On écrirait plutôt, dans une présentation canonique, au xxie siècle : « Lisse : se dit de corps qui… »
46De plus, dans un certain nombre de cas, un équivalent dans une langue étrangère est proposé. Le but de cette précision n’est pas d’offrir à l’utilisateur la possibilité de s’exprimer dans une langue étrangère – ce n’est pas un dictionnaire d’encodage –, mais plutôt de renseigner sur l’usage linguistique d’une innovation réalisée en dehors du monde germanique, comme par exemple Abziehpflug pour rendre en allemand l’anglais draining plough14. Il est certes important en tant que témoignage de l’équipement de l’allemand : le mot d’entrée allemand peut donc être considéré comme proposition d’équivalent pour un néologisme ayant pour source un mot étranger. De ce point de vue, il s’agit plutôt d’un équivalent de la note étymologique des dictionnaires.
47Enfin, il n’est pas rare que des indications soient fournies sur des relations sémantiques ou analogiques. Elles peuvent être exprimées de manière implicite, par exemple par des entrées multiples pour un même article, comme dans Abscheuern, Abreiben (Écurer, frotter), ou encore Wischen, Bohnen (Frotter, cirer). Dans ce dernier exemple, des proximités de sens sont à signaler, sans aucune marque de distinction entre les deux termes :
« vornehmlich hölzerner Hausgeräthe mit Polirwachs. Auch kan man hieher ziehen das Schlichten und Glasiren mancher Zeuge und Handschuhleder mit Gummitragant, mit einem Breye von feinem Mehle, Eyern, Milch. Das Uebertünchen »(p. 65).
« principalement les meubles en bois, en les encaustiquant. On pense aussi aux opérations d’unir et de glacer certaines étoffes et le cuir de poule, au moyen de la gomme tragacanthe ou d’une bouillie de farine, d’œuf et de lait. Aussi l’opération de crépir à la chaux » (p. 101).
48Le même genre de remarque s’impose pour Zerbeissen, Zerkauen (Mordre, mâcher). Mais la synonymie n’est pas du tout avérée dans ces cas. C’est ce que l’on remarque aussi avec Körnen, Granuliren (Grenailler, granuler), termes pour lesquels une définition initiale commune est pourtant exprimée, mais suivie d’une distinction donnée en fin de définition :
« Darunter versteht man die Mittel, metallische Substanzen in Körner oder Granalien zu verwandeln »(p. 56).
« On désigne ainsi les opérations de transformation des substances métalliques en grains ou granules » (p. 90).
49Sans doute est-ce le même genre de distinction que l’on est amené à établir à propos des entrées Zerraspeln, Zerfeilen (Râper, limer), pour lesquelles le début de la définition est sous-entendu, et où l’article commence par :
« Sowohl mit Raspeln, als Reiben und Feilen »(p. 51). « Au moyen de râpes, aussi bien que de ratisseurs et de limes » (p. 83),
50cette précision expliquant la faible valeur distinctive entre les deux termes, appelés à désigner fondamentalement les mêmes actions.
51Dans l’extrait suivant, la distinction est clairement posée entre les deux termes, et l’ambiguïté d’une éventuelle synonymie est vite effacée, grâce aussi à l’élément métalinguistique heißt (s’appelle) :
« Zerspalten, Reissen.
Das Holz besteht aus Fibern oder Fasern, welche sich leichter nach der Länge, als nach der ihr entgegengestelleten Richtung, trennen lassen. Jenes heißt Spalten, letzteres Brechen »(p. 53).
« Fendre, déchirer.
Le bois se compose de fibres ou filaments, qui sont plus faciles à séparer en longueur qu’en sens contraire. La première opération s’appelle fendre, la seconde casse » (p. 86).
52On note une sorte de synonymie-paronymie exprimée au moyen de l’entrée double Glasiren, Glasuren (Glacer, vernisser). C’est un cas particulier, puisque Beckmann n’a pas rédigé d’article correspondant à cette entrée ; d’ailleurs, si glasiren apparaît une fois et glasirt deux fois, ni glasüren ni la famille de ce terme ne sont attestés dans le texte. Autre cas particulier avec Zerbrechen, Zerbröckeln (Casser, morceler), double entrée demeurée par ailleurs sans article pour en parler. Notons enfin la triple entrée Verzinnen, Versilbern, Vergolden (p. 65) (Étamer, argenter, dorer) (p. 101), dont les termes relèvent partiellement du même champ sémantique, et pour laquelle le corps de l’article est, lui aussi, inexistant.
53Des synonymes peuvent en revanche être clairement introduits par oder (ou, ou bien), ce qui est un cas fréquent, ou bien ils sont exprimés au moyen d’une simple apposition. C’est ce que l’on remarque dans l’exemple suivant, où pourtant l’analyse lexicale et sémantique concerne seulement de manière indirecte le terme qui fait l’objet de l’article (präcipitiren, précipiter) :
« Auch der sogennante Goldkalk, oder das Präcipitat de Cassius, der Goldpurper, mineralischer Purpur, welcher zum Rubinglase dient, ist das aus Königswasser durch Zinauflösung niedergeschlagene, fein zertheilte Gold »(p. 59).
« De la même manière, l’or dit calciné, ou précipité de Cassius ou pourpre d’or ou pourpre minéral, qui sert à la préparation du rubis doré, c’est l’or finement divisé que l’on a fait précipiter de l’eau régale par l’addition d’une solution d’étain » (p. 94).
54On a ici une triple synonymie, l’or dit calciné étant donc synonyme de précipité de Cassius, de pourpre d’or et de pourpre minéral.
Les visées de Beckmann (de type dictionnaire/encyclopédie/terminologie)
55La structure de l’Entwurf correspond donc de plusieurs points de vue à celle d’un ouvrage lexicographique. Si l’on considère les visées ou buts exprimés par l’auteur, ces ressemblances sont encore plus frappantes. Le livre commence par une présentation des buts pratiques et encyclopédiques qui motivent l’auteur, exprimée en termes résolument encyclopédiques, voire dictionnairiques :
« Nun wünsche ich ein Verzeichnis aller der verschiedenen Absichten, welche die Handwerker und Künstler bey ihren verschiedenen Arbeiten haben, und daneben ein Verzeichniss aller der Mittel, durch welche sie jede derselben zu erreichen wissen »(p. 37-38).
« Or, je souhaite dresser un catalogue de tous les buts poursuivis par les artisans et les artistes au cours de leurs diverses opérations, ainsi qu’un catalogue de tous les moyens par lesquels ils savent atteindre chacun de ces buts » (p. 68).
56Il s’agit de faire des relevés exhaustifs de ce qui s’annonce naturellement comme étant des dénominations d’activités techniques, présentées de manière organisée : en somme, un répertoire de projets techniques et d’informations sur les techniques. Mais ce double « catalogue » devient aussi bien un ensemble organisé de dénominations et d’informations sur ces dénominations.
Un double registre
57L’ouvrage est donc conçu en double registre, qui entraîne une double nomenclature : l’auteur expose d’abord ses buts et principes, puis ses méthodes. Ainsi, à propos de l’action du lissage (Glätten), on lit :
« Wenn sich Sachen nicht an einander anlegen sollen, nicht zarte Waaren an den Umschlag, so muß dieser geglättet werden. In dieser Absicht wird Goldschaum zwischen das mit feinem Bolus überwischte Papier gelegt »(p. 62).
« Si on ne veut pas que les choses s’attachent entre elles, par exemple les marchandises délicates à leur enveloppe, il faut que celle-ci soit lissée. À cet effet on intercale l’oripeau entre des papiers enduits avec un bol précieux » (p. 98).
58ou encore :
« Körper, welche Spiegel werden, oder einen Spiegelglanz erhalten sollen, müssen so stark als möglich geglättet werden. Deswegen sind auch nur die festesten Körper, und unter diesen vorzüglich diejenigen, welche keine oder die weisseste Farbe haben, zu Spiegeln geschickt »(p. 62).
« Les corps destinés à être transformés en miroirs ou à recevoir un lustre superbe doivent être polis le plus énergiquement possible. Pour cette raison, seul les corps les plus solides sont propres à la miroiterie, et parmi eux ceux qui n’ont point de couleur ou qui sont d’une parfaite blancheur sont préférables » (p. 98).
59Et c’est ce double registre, lié à cette double nomenclature, que Beckmann appelle « la technologie générale ». L’ouvrage se subdivise aussi en sections, et les différents métiers font, là encore, l’objet de descriptions.
Le modèle de la pharmacopée, division et amélioration
60Un aspect systématique des données que Beckmann cherche à diffuser est souligné dès l’introduction. Le modèle précis est celui des médicaments, les materia medica, ou pharmacopée, et plus particulièrement tel qu’il est évoqué dans l’ouvrage de Johann Ludwig Leberech Löseke15 :
« Die algemeine Technologie, welche ich vorschlage, scheint mir, in der Einrichtung und Nutzung, grosse Aehnlichkeit mit dem systematischen Verzeichnisse der Arzneymittel, der sogennanten Materia medica, zu haben » (p. 41).
« La technologie générale que je propose me paraît présenter une grande ressemblance, quant à sa structure et son emploi, avec le catalogue systématique des médicaments, la materia medica comme on dit » (p. 71).
61L’ouvrage monumental de Löseke réunit sans doute davantage de traits proprement lexicographiques que l’Entwurf. La classification y est strictement conceptuelle, et sans aucune possibilité de consultation au moyen de l’ordre alphabétique. Mais sous chaque rubrique sont rangées des entrées, elles-mêmes ordonnées de manière conceptuelle, ce qui correspond assez étroitement à la microstructure d’un dictionnaire encyclopédique classique.
• (a) La division
62Nous avons vu que le trait conceptuel que Beckmann exploite très largement dans l’ensemble de son texte est la division. Celui-ci se retrouve au sujet des médicaments, notamment dans leur classification, celle utilisée pour leur analyse et leur exposition : elle est basée sur les effets qu’ils produisent, et présentée de manière que le médecin « praticien » puisse consulter l’ouvrage qui les décrit avec profit.
• (b) Le « technologue »
63Beckmann fait un parallèle explicite avec le « technologue », qui recourt à son ouvrage de la même façon que le médecin exploite les Materia medica. L’auteur s’adresse donc à celui qui souhaite améliorer sa pratique, pour le guider dans ses choix, ce qui implique une connaissance des principes et leur compréhension.
• (c) Recherche de correction et d’amélioration
64La quête de la « correction », de l’« amélioration » représente un autre thème largement développé tout au long du texte. Le parallèle avec les index de médicaments est poursuivi dans cette introduction à l’Entwurf : tout comme les pharmaciens ont dû rechercher des corrigentia, des médicaments qui corrigent les effets néfastes d’autres médicaments, les technologues doivent trouver des moyens de corriger les effets indésirables suscités par des activités technologiques, ou enregistrés dans un tel cadre. Dans les articles consacrés aux différentes opérations, il est fait mention de certains aspects des médicaments et de leurs principes, contre lesquels il convient de lutter le mieux possible16. En somme, les corrigentia des pharmaciens sont à adapter aux technologies.
L’éloge de la source, de la référence et de l’illustration
65Sans pour autant mentionner de manière explicite un modèle lexicographique, Beckmann recourt largement à des ouvrages de référence dont les usages se rapprochent des usages des auteurs de dictionnaires et d’encyclopédies.
66L’histoire de la terminologie et des langues de spécialité invite à remonter à des travaux de médecine et de botanique, tels les travaux de Konrad Gessner, avec l’histoire des plantes (Historia plantarum, 1541) ou l’histoire des animaux (Historia animalium, 1551)17. On peut citer, à partir du xviiie siècle, les œuvres de Linné (Systema naturae), de Lavoisier (Méthode de nomenclature chimique) et de Lomonossow (terminologie de physique et de chimie, en russe).
67Ces exemples ont ouvert la porte à des travaux comme ceux de ce philosophe et économiste qu’était Johann Beckmann, et qui cherchait à systématiser des connaissances scientifiques et à les classer pour en faire une terminologie technologique.
68Ces avancées ont ensuite permis l’éclosion des travaux et principes de la terminologie moderne, tels qu’ils sont énoncés par Eugen Wüster à partir des années 1930. L’importance de la documentation est fondamentale en terminologie18. Les renvois à d’autres sources, primaires ou secondaires, constituent en effet une fonction essentielle des ouvrages de référence. Beckmann annonce dès l’introduction que les approfondissements des sujets traités se trouvent signalés dans les différentes sections. Il s’émerveille d’ailleurs de la quantité de sources disponibles. Ces renvois se situent généralement à la fin des articles.
69Les sources de Beckmann sont nombreuses : sources directes ou sources d’inspiration, il les cite volontiers. Il fait déjà référence précisément à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert dans son manuel de technologie de 1777, notamment au sujet de la relation entre la spéculation et la pratique d’un art. On peut dire que dans l’Entwurf est adopté le programme de Diderot. Comme une encyclopédie, l’Entwurf ne prétend pas remplacer l’apprentissage pratique sur le terrain, mais expose les principes et explique les méthodes. Ce que recherche Beckmann c’est l’organisation rationnelle des méthodes, avec une présentation par catégories. Et c’est cela qui le rapproche en vérité des buts de la terminologie du xxe siècle.
70Beckmann recourt aussi à plusieurs encyclopédies de langue allemande, notamment à l’Encylopädie des Maschinenwesens de H. Poppe, ou à la Krünitz Encyclopädie (p. 44). Celle qu’il cite nommément comme modèle de perfection lexicographique est en fait l’œuvre de Gessner – il parle des Gessnerschen lateinische Wörterbücher (p. 45) – donc un dictionnaire de langue. Les nomenclatures sont également évoquées expressément, comme la taxonymie de S. Westrumb (Arzeney-Taxen). À cela on peut ajouter des sources anglaises, comme le Repository of arts and manufacturers de Ackermann. Beckmann se montre toutefois critique à l’égard de ceux qui se bornent à traduire les innovations réalisées à l’étranger, sans en avoir eux-mêmes une réelle connaissance. Certains des buts qu’il poursuit correspondent clairement à ceux des ouvrages qu’il cite. Il les utilise aussi bien pour les illustrations graphiques qu’ils offrent :
« Ferner, soll die algemeine Technologie den größten Nutzen, den sie zu leisten fähig werden kan, leisten, so müssen, wenn nicht immer, doch oft, die Bücher angezeigt werden, in welchen man die Arbeiten und Werkzeuge beschrieben und abgebildet finden kan »(p. 44).
« De plus, pour que la technologie générale porte les fruits qu’elle contient en germe, il faut indiquer, sinon toujours, du moins souvent, les livres où l’on peut trouver les descriptions et dessins des opérations et outils en question » (p. 74).
71Les illustrations jouent un rôle important dans la lexicographie de spécialité, comme en témoignent notamment les planches de l’Encyclopédie.
Les buts lexicographiques de Beckmann
72Les visées encyclopédiques de Beckmann sont évidentes, puisqu’il se place ouvertement dans la filière des encyclopédistes. Mais ses visées strictement lexicographiques sont par endroits exprimées avec tout autant de clarté. Il donne ainsi sa conception d’un article de dictionnaire. Il est intéressant de noter à ce sujet que lorsqu’il déclare dans l’introduction quelle sera la microstructure de l’ouvrage, il emploie le terme d’article dans son sens spécifiquement lexicographique :
« Jeder Abschnitt oder Artikel der algemeinen Technologie, müßte, nach meiner Meynung, aus zwey Teilen bestehn, aus dem algemeinen und besondern. Jener müßte die gemeinschaftlichen und besondern Absichten der im andern Teile aufgeführten Arbeiten und Mittel abzeigen, die Gründe erklären, worauf sie beruhen, und sonst noch dasjenige kurz lehren, was zum Verständniß und zur Beurteilung der einzelnen Mittel, und zu ihrer Auswahl bey Uebertragungen auf andere Gegenstände, als wozu sie bisjetzt gebraucht sind, dienen könte.
Dieß würde den Künstlern und Handwerkern gründliche und algemeine Begriffe von den Gegenständen, welche sie bearbeiten, und von dem dazu gebräuchlichen Verfahren, erleichtern, und überhaupt eine Uebersicht gewähren, welche erfinderische Köpfe zu neuen nützlichen Verbesserungen hinleiten könte » (p. 43).
« À mon avis, chaque paragraphe ou article composant la technologie générale devrait consister en deux parties, l’une générale et l’autre spécifique. La première devrait indiquer les buts communs et particuliers des opérations et des instruments présentés dans la seconde partie, tout en expliquant les principes sur lesquels ils sont fondés. Ensuite, la partie générale devrait encore expliquer brièvement ce qui pourrait servir à la compréhension et à l’évaluation des outils spécifiques, ainsi qu’à leur sélection, quand ils sont transférés à d’autres objets que ceux pour lesquels ils étaient utilisés jusqu’alors.
Ceci aiderait les artistes et les artisans à acquérir des notions générales sur les objets qu’ils travaillent et sur les procédés usuels qu’il faut suivre, et à leur garantir au moins une orientation qui pourrait guider les esprits inventifs vers de nouveaux perfectionnements utiles » (p. 74).
73Cette citation montre bien que l’ouvrage de Beckmann ressemble à plusieurs égards à un dictionnaire, il ne s’inscrit pas dans le schéma lexicographique moderne. Parmi ses préoccupations figure le souci de faire comprendre les principes qui régissent les pratiques, qu’il présente avec les outils appropriés. Et c’est pour cette raison, comme il l’explique dans la citation ci-dessus, qu’il conçoit des articles longs, dont une partie est consacrée à l’explication des principes en jeu. Or les bases de la lexicographie spécialisée moderne préconisent de placer les énoncés de principes généraux dans le péritexte introductif plutôt que directement dans les articles19. Plus généralement, Beckmann ne se réclame pas du modèle lexicographique dans la mesure où son ouvrage est conçu pour être lu comme un livre, et non pour être consulté ponctuellement, notamment comme un dictionnaire. Même s’il est conçu comme un ouvrage de référence, il suppose de la part des usagers une lecture suivie – au moins en partie. Les articles ne sont pas tout à fait autonomes, comme ils le seraient dans un dictionnaire classique. Il déroge donc à deux fondements de la lexicographie : les articles exposent des principes généraux, et il suppose que le livre va être lu d’un bout à l’autre. S’il énonce comment chaque article doit être constitué, en fonction des techniques et des outils décrits, le principe de base reste toujours le même : la première partie de l’article doit énoncer les principes, et la seconde, la manière de les réaliser dans la pratique.
Orientation terminologique
74Si la terminologie n’a pris forme, en tant que discipline, qu’au xxe siècle, les bases théoriques et pratiques en étaient déjà jetées au xviiie siècle, sous la forme des nomenclatures scientifiques. Citons tout d’abord celle de l’histoire naturelle représentée surtout par Linné, et celle de la chimie sous la plume de Guyton de Morveau et de Lavoisier. Leur but était de refléter la structure conceptuelle du domaine dans les termes qui composent sa nomenclature. Tel n’était pas le but de Beckmann, mais il partageait avec les scientifiques du xviiie siècle un certain nombre de vues et notamment le souci de la cohérence conceptuelle.
75L’insistance sur le niveau conceptuel de la technologie doit d’abord être soulignée. Beckmann cherche à présenter les concepts généraux et essentiels des objets étudiés, comme on l’a vu dans cet extrait déjà cité plus haut :
« Dies würde den Künstlern und Handwerkern gründliche und algemeine Begriffe von den Gegenständen, welche sie bearbeiten […], erleichtern »(p. 43).
« Ceci aiderait les artistes et les artisans à acquérir des notions générales sur les objets qu’ils travaillent… » (p. 74).
76Le moyen de saisir l’essentiel des concepts est la classification, par parties et sous-parties, qui sert constamment d’outil pédagogique, comme dans cet extrait :
« Von diesen trennen sich mehre Teile… »(p. 46). « Ceux-ci se brisent en plusieurs parties… » (p. 76).
77Beckmann reconnaît d’entrée de jeu l’ampleur de la tâche lorsqu’il s’agit de classifier les travaux et les outils qui y sont associés :
« Die Arbeiten der sämtlichen Handwerke und Künste und die dazu gehörigen Werkzeuge und Maschinen sind viel zu zahlreich, als daß irgend jemand glauben dürfte, sie alle zu kennen und richtig classificiren zu können » (p. 44).
« Les opérations de tous les arts et métiers, et les outils et machines afférents, sont trop nombreux pour que quelqu’un puisse imaginer les connaître tous et les classifier correctement » (p. 75)
78et il lance un appel aux « connaisseurs » de ces outils, pour solliciter leur aide. Il envisage une organisation hiérarchique des éléments :
« Es gibt Körper, welche aus vielen Fasern, oder über einander liegenden Blättern oder Schuppne, bestehn […]. Es gibt Körper, welche dem Drucke oder der Beugung nachgeben […]. Endlich gibt es Körper, deren Teile sich mit der geringsten Gewalt, nach jener Richtung, trennen lassen… » (p. 46).
« Il existe des corps qui consistent en un grand nombre de fibres, ou de feuilles ou d’écailles superposées […]. Il existe des corps qui, cédant aux forces de pression ou de flexion, subissent une déformation […]. Enfin, il existe des corps dont les parties peuvent être séparées par l’action de la plus faible force qui soit dans un sens quelconque… » (p. 76-77).
79Il prône une organisation par « degré », par « niveau », comme par niveau de « dureté » :
« Sie alle [die Körper] unterscheiden sich nur durch die Grade der Härte, der Sprödigkeit, der Elasticität » (p. 46).
« Les corps ne se distinguent entre eux que par le degré de dureté, de fragilité ou d’élasticité » (p. 77).
80Certes, de tels modes d’organisation et de distinction servent la présentation de Beckmann, mais l’auteur témoigne d’abord de la volonté de proposer une classification opératoire pour la pratique, tout en identifiant le moyen le plus approprié d’y parvenir.
Conclusion
81Cette analyse métalexicographique de l’Entwurf fait ressortir une étroite parenté avec les ouvrages lexicographiques et encyclopédiques de l’époque de Beckmann, et annonce, avec le souci de classification de l’auteur, des principes qui seront mis en pratique dans la terminologie du xxe siècle. L’exemple le plus frappant de cette proximité, et qui résume les ambitions de Beckmann, est à chercher dans la motivation du mot-clé de sa réflexion, technologie. On observe dès les premières lignes de l’ouvrage une métonymie révélatrice : le livre est décrit comme un « catalogue » (ein Verzeichnis), ce qui renvoie à un ouvrage conçu comme un dictionnaire, pour la consultation. Or, c’est cet ouvrage qu’il se propose d’appeler Technologie (« So einem Verzeichnisse würde ich den Namen der algemeinen Technologie […] geben. », « Je dénommerais un pareil catalogue la technologie générale »), qui est le nom qu’il a donné dès 1777 à la discipline, qu’il cherche par ailleurs à définir et surtout à illustrer. Ce deuxième sens de technologie, où la métonymie est facile à retrouver, s’agissant de la discipline et de son inventaire, est proche de celui du xviiie siècle, où il s’agissait d’une… terminologie20. Beckmann explique dans son introduction qu’il s’est inspiré d’ouvrages de type terminologique, comme Materia medica, mais il se garde de calquer l’intitulé sur celui du modèle. Il n’y aura donc pas de Materia technologica : en effet, allgemeine Technologie, en langue vulgaire, suffit. Le catalogue dont Beckmann parle dès les premières lignes est en fait un ensemble raisonné qu’il compare au « systematisches Verzeichnis » ou catalogue systématique des Materia medica, dans lequel les principes de catégorisation sont énoncés. L’importance accordée aux aspects de classification annonce une des préoccupations majeures de la terminologie telle qu’elle est conçue au xxe siècle. Beckmann manie par ailleurs la terminologie d’autres domaines qui contribuent à constituer le nouveau champ d’action qu’est la technologie, tout en fournissant un pont entre les pratiques. C’est ainsi qu’il indique à la fois le nom usuel dans la discipline source et qu’il en propose des équivalents en allemand.
82Même si l’Entwurf n’a pas été conçu comme un dictionnaire, il en comporte de nombreuses fonctions, notamment des définitions, des explications sur les mots, des équivalents dans d’autres langues, ainsi que, plus généralement, une réflexion sur les questions de dénomination. Il est visiblement l’héritier, entre autres, des acquis de la lexicographie encyclopédique du xviiie siècle.
83De plus, il préfigure des ambitions proprement terminologiques, dans la mesure où il présente l’ensemble d’un vocabulaire spécialisé, ordonné de telle façon que les relations conceptuelles sont explicitées. L’entrée en technologie par l’apprentissage se fait donc par le truchement des termes, véritables vecteurs non seulement de connaissances, mais aussi de pratiques.
Notes de bas de page
1 La réflexion centrée sur l’ouvrage de Beckmann, à l’initiative et autour de Liliane Hilaire-Pérez, nous a incités à présenter un exposé sur Johann Beckmann dans le cadre de la Journée scientifique du GERALS, Groupe d’étude et de recherche en allemand de spécialité (Strasbourg, 26 mars 2013). L’article suivant est en cours de publication : Candel Danielle, Humbley John, « Johann Beckmann, pionnier de la terminologie allemande », in Günter Schmale (dir.), SSLF, Saarbrücker Schriften zu Linguistik und Fremdsprachendidaktik, Sarrebruck, à paraître. Il présente des développements sur les concepts de « technologie » et de « terminologie » chez Beckmann, dont on suit les cheminements, mettant en lumière des éléments de l’institutionnalisation de la technologie. Y figure une analyse du métalangage définitoire de Beckmann (v. heißen, nennen, Ausdruck, Bedeutung, Begriff, Name, etc.), qui ne seront donc pas évoquées dans les présentes pages.
2 Quemada Bernard, « Les données lexicographiques et l’ordinateur », Cahiers de Lexicologie, n° 56-57, 1990, p. 170-189.
3 Hausmann Franz-Joseph, Reichmann Oskar, Zgusta Ladislav, Wiegand Herbert Ernst (dir.), Wörterbücher/Dictionaries/Dictionnaires. Ein internationales Handbuch zur Lexikographie/ International Encyclopedia of Lexicography/Encyclopédie internationale de lexicographie, Berlin, New York, de Gruyter, 3 volumes, 1989-1991.
4 Wiegand Herbert Ernst, Wörterbuchforschung. Untersuchungen zur Wörterbuchbenutzung, zur Teorie, Geschichte, Kritik und Automatisierung der Lexikographie. Teilband 1, Berlin/New York, de Gruyter, 1998.
5 Bergenholtz Henning, Tarp Sven, « Two opposing theories : On H.E. Wiegand’s recent discovery of lexicographic functions », Hermes, Journal of Linguistics, n° 31, 2003, p. 171-196.
6 Wüster Eugen, Internationale Sprachnormung in der Technik, besonders in der Elektrotechnik (Die nationale Sprachnormung und ihre Verallgemeinerung), Bonn, Bouvier u. Co., 3e éd. [1931] 1970 ; id., Einführung in die allgemeine Terminologielehre und terminologische Lexikographie, Bonn, Romanistischer Verlag, 3e éd., [1971] 1991.
7 Des exemples de tels dictionnaires sont, en France, le Petit Larousse Illustré et le Petit Robert.
8 « Table servant à la coulée : une masse de bronze ou métal à canon d’environ 10 pieds de long sur 5 pieds de large et 6 à 7 pouces d’épaisseur, soutenue par un pied de charpente sur trois roues de fonte, qui en facilite le déplacement », Dictionnaire technologique, t. 10 (1827), p. 201 (note présente dans la version française du texte de Beckmann, p. 98).
9 Vézina Robert, Darras Xavier, Bédard Jean, Lapointe-Giguère Micheline, La rédaction de définitions terminologiques, Québec, Office québécois de la langue française, 2009, p. 11.
10 Un glossaire est un « Répertoire qui définit ou explique des termes anciens, rares ou mal connus » (Boutin-Quesnel Rachel, Bélanger Nycole, Kerpan Nada et Rousseau Louis-Jean, Vocabulaire systématique de la terminologie, Québec, Publications du Québec, 1985).
11 « Répertoire qui inventorie des termes accompagnés de leurs équivalents dans une ou plusieurs autres langues, et qui ne comporte pas de définitions » (Boutin-Quesnel et al.).
12 L’index étant, toujours selon Boutin-Quesnel et al., une « Liste alphabétique des termes tirés d’un répertoire et assortis d’une référence permettant leur repérage ». Quant au « dictionnaire technique », c’est, pour ces mêmes auteurs, un « Dictionnaire qui présente la terminologie d’un ou plusieurs domaines », sachant qu’« Un dictionnaire technique qui traite d’un seul domaine comporte généralement un haut degré d’exhaustivité ». Et le « vocabulaire », contrairement au « glossaire », vise l’exhaustivité du domaine concerné : ce peut être l’« Ensemble des termes propres à un domaine, à un groupe de personnes ou à un individu », ou encore un « Répertoire qui inventorie les termes d’un domaine, et qui décrit les notions désignées par ces termes ou moyen de définitions ou d’illustrations ». Ces différentes définitions permettent de mieux situer l’ouvrage de notre auteur.
13 L’Homme Marie-Claude, « Définition du statut du verbe en langue de spécialité et sa description lexicographique », Cahiers de lexicologie, n° 73 (2), 1998, p. 125-148 ; Kübler Natalie, Frérot Cécile, « Verbs in specialised corpora : From Manual Corpus-Based Description to Automatic Extraction in an English-French Parallel Corpus », UCREL Technical Papers, n° 16, 2003, p. 429-438.
14 D’autres exemples d’équivalents de termes étrangers en allemand sont également attestés : analysis et decompositio de la chimie deviennent Zerlegung et Zersetzung en technologie ; Hexenmehl, littéralement farine de sorcière, est employé pour pulvis lycopodii. Beckmann note par ailleurs les dénominations étrangères, telles qu’elles sont employées dans leur contexte d’origine, y compris dans leurs variantes locales : Celtis australis (en allemand : Zürgelbaum), qui correspond au fr. micocoulier, ou bois de Perpignan, qui est aussi dénommé à Perpignan fabre coulier.
15 Löseke Johann Ludwig Leberecht, Materia medica oder Abhandlung von den auserlesenen Arzneymitteln nach derselben Ursprung, Güte, Bestandtheilen, Maaße und Art zu würken : nebst Vorschriften wie dieselben aus der Apotheke zu verschreiben sind, Berlin, Stettin, 1785.
16 L’auteur cite à ce sujet, on le verra, Johann Friedrich Westrumb et sa Taxinomie des médicaments (1797).
17 Sur le Mithridates de Gessner, voir Colombat Bernard, « L’accès aux langues pérégrines dans le Mithridates de Conrad Gessner (1555) », Histoire Épistémologie Langage, vol. 30, no 2, 2008, p. 71-92. [http://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2008_num_30_2_3167].
18 Wüster Eugen, « L’étude scientifique générale de la terminologie, zone frontalière entre la linguistique, la logique, l’ontologie, l’informatique et la science des choses », in Rondeau Guy, Felber Helmut (dir.), Textes choisis de terminologie, vol. I : Fondements théoriques de la terminologie, Québec, Université Laval-Girsterm, 1981, p. 55-113.
19 Sur la composition du péritexte introductif, voir Fuertes-Olivera Pedro A., « Systematic introductions in specialised dictionaries. Some proposals in relation to accounting dictionaries », in Nielsen Sandro, Tarp Sven (dir.), Lexicography in the 21st Century : In honour of Henning Bergenholtz, Amsterdam, John Benjamins, 2009, p. 161-178.
20 Boiste Pierre-Claude-Victoire, Dictionnaire universel de la langue française, avec le latin et les étymologies. Manuel de Grammaire, d’orthographe et de néologie ; extrait comparatif, Paris, Verdière, 1800 ; Candel D., Humbley J., « Johann Beckmann, pionnier de la terminologie allemande », op. cit.
Auteurs
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