D’un sang l’autre, quelques remarques en guise de conclusion
p. 271-277
Texte intégral
1Le développement récent d’une histoire et d’une anthropologie symbolique du corps s’est accompagné de la parution de très nombreuses études, valorisant le corps dans tous ses aspects, de son apparence à ses composantes, mais procurant souvent l’impression d’un émiettement des savoirs, d’une fragmentation des réalités corporelles. C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de l’organisation et de la publication de ce colloque qui se donne pour ambition d’appréhender le sang antique dans toutes ses connotations et de questionner ainsi les relations tissées entre cette multitude d’usages et de significations. Qu’il me soit permis ici, en guise de conclusion, de développer quelques réflexions personnelles générales, inspirées par l’écoute puis la lecture de chaque contribution.
2Les communications rassemblées en témoignent page après page, le sang est omniprésent dans nos sources, quelle que soit la nature de ces dernières, et ses connotations paraissent au premier abord infinies et contrastées, renvoyant à des domaines sociaux comme religieux, aux transgressions comme à la pureté… Chargé de significations et de valeurs sociales, politiques, morales, médicales, culinaires, religieuses, le sang se livre ainsi à nous dans sa dimension biologique et parentale, renvoie au monde des émotions et des passions, coule dans la guerre comme dans les sacrifices…
3Mais de quel sang parlons-nous ? Notre propre imaginaire du corps s’inscrit aujourd’hui dans un univers scientifique et technique qui n’a bien entendu plus rien à voir avec celui de l’Antiquité, et notre compréhension de son fonctionnement interne, de ses éléments les plus cruciaux, s’inscrit d’une part dans un dualisme opposant âme et corps, spirituel et matériel, dualisme que nous avons en fait peine à retrouver tel quel chez les Anciens1, et d’autre part dans un paradigme génétique (d’ailleurs contestable et contesté2) qui conçoit sa composition et son organisation en renouvelant profondément les représentations qui ont prévalu jusqu’à l’époque contemporaine.
4Le corps des Anciens n’est pas le nôtre, mais de plus, aujourd’hui comme hier, le sang ne prend son sens qu’au sein de l’ensemble des substances considérées comme naturelles et constitutives du corps, et plus particulièrement qu’au sein de ces humeurs, de ces liquides ou fluides, qui paraissent dans le monde gréco-romain indispensables à son bon fonctionnement et à sa reproduction, tels que l’eau, la bile, le phlegme, mais aussi le sperme, le lait ou bien encore le pneuma (le « souffle »)… En fonction du rôle que les médecins ou les philosophes vont attribuer à chacun de ces fluides, le sang prend plus ou moins d’importance, voit ses définitions et son rôle évoluer.
5Le sang s’inscrit déjà ainsi dans une pluralité3 ; mais derrière notre propre terme se dévoilent également plusieurs termes antiques, que les communications de ce colloque évoquent au fil des pages. Ce sont ainsi les termes latins sanguis, cruor, sanies, tabum4, les termes grecs haima, ikhôr ou luthron par exemple5, mais aussi le riche vocabulaire relatif à l’écoulement périodique de sang féminin, avec par exemple les termes gunaikeia, physika, katamênia… .
6Pour comprendre les différents sens de ces termes, leurs différents usages, il convient de prendre en compte toute une série d’oppositions qui organisent les manières antiques de concevoir le sang, donnons-en une liste, assurément non exhaustive : humain/divin, masculin/féminin, pur/impur (corrompu), vivant/mort, sain/malade, fécondant/mortifère, intérieur/ extérieur, immobile/en mouvement (écoulement), liquide/solidifié, chaud/ froid, visqueux/fluide, épais/clair, abondant (excessif)/ténu (insuffisant)…
7C’est par le jeu de ces oppositions que les représentations antiques du sang se construisent et que les valeurs qui lui sont attribuées peuvent s’inverser, témoin le sang des femmes, valorisé lorsqu’il nourrit l’enfant à naître ou participe de sa constitution, dévalorisé lorsqu’il devient une manifestation des déséquilibres et des inaptitudes du corps féminin ; porteur de qualités morales et religieuses, le sang, selon les contextes, peut nous être présenté comme pur, sain, vigoureux, et ainsi exprimer une forme d’excellence, ou bien au contraire être présenté comme porteur de souillures, maladif voire mortifère, et devenir ainsi un élément stigmatisant.
8Mais c’est également à partir de ces oppositions, dans des combinaisons et selon des modalités variables, que le sang peut produire pleinement son rôle symbolique en jouant sur les multiples domaines dans lesquels il intervient. C’est ainsi, pour prendre ce seul exemple, que si le sang qui s’écoule d’une blessure est un sang fétide qui entre en putréfaction et qui annonce la mort, c’est un mariage hors de son groupe, de sa catégorie sociale ou statutaire, qui corrompt le sang d’un individu et de sa descendance, et en altère gravement la pureté. Dans les deux cas, le sang ne reste donc pur et pourvoyeur de vitalité que s’il ne franchit pas certaines frontières, frontières du corps, frontières du groupe social, le partage du même sang assimilant les individus au groupe dont ils sont membres, associant identités individuelles et identités collectives. Les réseaux métaphorique et métonymique que tisse le sang paraissent bien pouvoir s’étendre de manière infinie, lui permettant ainsi d’entrer en résonance avec tout ce qui constitue l’humain et le vivant, d’exprimer la quintessence d’un être comme de jouer un rôle médiateur ou ségrégatif, que ce soit entre humains, entre vivants et défunts, ou entre mortels et immortels.
9Au-delà de cette richesse, de cette puissance symbolique, au-delà de la compréhension intellectuelle, par les Anciens, de son rôle et de ses qualités, ce qui est frappant tout d’abord à la lecture de ce volume, c’est la matérialité du sang : c’est d’abord de manière substantielle, matérielle, qu’il se présente à nous, c’est tout d’abord une expérience sensible que les sources partagent, et c’est dans son apparence même qu’il permet le développement d’analogies avec des liquides de même couleur, de même texture (pensons notamment au vin). Le sang est ainsi une matière qui mobilise les sens, que l’on voit, que l’on touche, que l’on sent, et qui semble se métamorphoser au gré des circonstances : décrit comme épais, visqueux, gluant, gras, ou bien fluide, léger, il peut également être froid ou bouillant et dégage une odeur fétide. De même, sa couleur est changeante et il peut ainsi apparaître rouge, violet, noir (noir brillant, noir sombre), translucide, blanchâtre (lorsqu’il est assimilé au pus par exemple), ou bien encore vert pâle…
10Comme le montrent les pages qui précèdent, cette dimension matérielle est essentielle, car c’est aussi en tant que matière qu’il est manipulé et devient le sujet de l’action : il s’écoule, jaillit, gicle, bouillonne, se corrompt…, et dès lors c’est également en mobilisant ses caractéristiques matérielles (essentiellement liquides, mais avec également la possibilité de s’épaissir, de se solidifier6) et ses dynamiques propres, que son rôle est compris et qu’il devient un facteur explicatif. Le sang circule, se transforme, se mélange, et acquiert ainsi la capacité de créer du lien, de relier entre elles les humeurs du corps dont il peut être à l’origine, ainsi le lait ou le sperme, de nourrir les embryons ou les défunts, de relier entre eux les individus, généalogiquement ou matrimonialement, en se transmettant ou en se mélangeant… Et comme le mariage provoque un mélange des sangs, la proximité généalogique devient une affaire de proportions, de même que la santé des corps dépend également d’un équilibre, d’une juste mesure ; c’est en tant que liquide plus ou moins pur, non mélangé ou équilibré, que le sang peut être ou non valorisé, hiérarchisé socialement ou médicalement, mais c’est aussi en s’écoulant, en circulant et en se transmettant que le sang peut être porteur de souillures et contaminer (selon des logiques qui peuvent donc être généalogiques ou contagionistes).
11Dans tous ces exemples, la « physique du sang7 » devient l’un des éléments essentiels de ce qui permet de penser les liens, les appartenances, les exclusions, de ce qui définit les individus ou les groupes, dans leur passé, leur présent ou leur avenir, de ce qui les unit ou les différencie ; c’est à partir de la nature même du vivant, de l’humain, que se tissent les relations sociales et les liens religieux, c’est bien en tant que matière que le sang entre en ligne de compte dans la définition du social et dans le déroulement des rituels (le sang matérialise par exemple la souillure, la rend visible, et procéder à une purification, c’est tout d’abord nettoyer ce sang). Au cœur des constructions religieuses et sociales, le sang, dans ses dimensions matérielles, physiologiques, révèle ainsi combien les individus sont affectés, dans leur devenir, par les substances avec lesquelles ils entrent en contact, qui les constituent ou les traversent. Ce traitement symbolique des qualités matérielles et naturelles prêtées au sang se retrouve également au niveau individuel avec la détermination de tempéraments particuliers, la prise en compte de ses couleurs et de sa chaleur permettant aisément, par exemple, d’associer le sanguin à une absence de maîtrise de soi, à la violence, à la guerre, à l’exacerbation des passions, à la transgression, en résumé, à des formes paroxystiques de comportements et d’événements… Les pages de cet ouvrage en donnent de multiples exemples.
12De nouvelles approches anthropologiques en termes d’« affordance », présentées dans ce volume, et de manière plus générale l’anthropologie symbolique du corps se sont précisément développées en prêtant une grande attention à cette dimension matérielle (ce qui a pu être mal compris par une communauté scientifique davantage habituée à prendre pour point de départ de ses interprétations le social et l’intellectuel). Pensons par exemple aux analyses proposées par F. Héritier, pour laquelle « la matière première du symbolique est le corps. La mise en contact intime des corps est nécessaire pour procréer, et il n’existe pas de sociétés humaines où l’on ne pense et n’articule le fait que, lors de cette mise en contact, des substances humorales sont amenées à se toucher, à circuler de l’un à l’autre, voire à s’échanger8 ».
13 Mais pensons aussi aux recherches, peut-être moins connues en France, que l’anthropologue britannique V. Turner mena dès les années 1960, et qui furent elles aussi attentives à la dimension matérielle des symboles9. Les cultures humaines se représentent le sang de manière très variée, mais lui attribuent toutes cependant un certain nombre de traits communs et un rôle essentiel dans les rituels. C’est en tant que matière du vivant précisément que le sang peut « condenser », selon V. Turner, un grand nombre de significations, associer expérience sensible et constructions intellectuelles, et devenir un opérateur rituel, acquérant ainsi une dimension tout à la fois sacrée et sociale et une capacité indéniable à susciter des émotions.
14Ces travaux soulignent le rôle essentiel joué par le « sang » dans cette dialectique nature/culture qui occupe historiens et anthropologues de fort longue date : c’est un sang culturellement défini et construit, chargé d’une puissance symbolique sans cesse réactualisée, qui dans le même temps « naturalise » les normes et pratiques sociales, donne au monde un sens inscrit dans des évidences naturelles. Les contributions de ce livre confrontent à la pluralité des significations qui peuvent lui être données, divergentes selon les cultures, les périodes, les auteurs, les acteurs d’un événement, les associations symboliques mobilisées dans telle ou telle construction narrative ou figurative, mais quel que soit le contexte le sang conserve ce caractère d’évidence naturelle, sa forte charge symbolique et émotionnelle et sa capacité à lier entre elles des catégories hétérogènes10. C’est par l’intermédiaire de cette omniprésence dramatique et de cette polysémie du sang qu’il devient possible de penser ensemble des phénomènes relevant du parental, du politique et du religieux, d’analyser la manière dont se construisent rituellement les identités individuelles et collectives, en prenant en compte par exemple les discours et pratiques autour du thème de la « pureté », du sang pur à la purification par le sang.
15C’est toujours et encore la question de l’« efficacité du symbolique » qui est ainsi posée, c’est-à-dire de la manière dont la recherche doit prendre en compte la matière même des corps, et plus spécifiquement ici cette matérialité du sang, la manière dont le sang, en tant que matière, parce que matière et doté de qualités sensibles particulières, acquiert son « efficacité », sa capacité, de fait, de devenir « sacré » et de symboliser le social ; pour le dire autrement, si du point de vue des chercheurs, les représentations du sang et de ses effets jouent un rôle essentiel dans la manière dont les sociétés « naturalisent » le social, du point de vue des acteurs sociaux eux-mêmes, c’est bien en tant que « nature », parce qu’il possède des propriétés naturelles particulières, que le sang peut être culturalisé, socialisé. Insistons encore une fois sur l’idée que c’est en tant que matière, et non pas simplement de manière métaphorique, que le sang circule, s’échange, se transmet, se transforme, tissant au fil de ces cheminements du social et du religieux et les inscrivant dans une temporalité ; de même, c’est la dimension « matérielle » des rituels – de ce qui très concrètement, matériellement, doit circuler dans les rituels pour qu’ils deviennent efficaces –, qui est ainsi questionnée, et c’est donc bien la « physique » des choses qu’il convient de prendre en compte, au moins tout autant que leur « métaphysique ».
16D’autres pistes de recherche apparaissent, bien entendu, au fil de la lecture des pages de ce volume, on peut en retenir deux ici. L’une des questions qui revient le plus souvent de la part des historiens travaillant sur des périodes plus récentes, lorsqu’ils sont confrontés aux recherches des antiquisants, est celle des évolutions qui pourraient être mises en valeur au cours de la période antique, qui couvre, il est vrai, plus d’un millénaire, du début de l’époque archaïque grecque jusqu’à l’Antiquité tardive. Durant toute cette période, les principes de base régissant les représentations du corps se retrouvent aisément dans nos sources, grecques comme romaines, et sont même inlassablement répétés ; à cette impression de permanence s’ajoute bien sûr la rareté de nos sources, qui oblige les Antiquisants à travailler dans la longue durée en utilisant des documents d’époques très variées, et bien souvent à privilégier les approches anthropologiques et non pas à proprement parler historiques. Si le corps homérique diffère grandement du corps classique (lui-même très contrasté d’un auteur à l’autre), puis du corps chrétien des premiers siècles de notre ère, pour retenir ces trois étapes sans doute décisives, il n’est pas aisé de repérer des évolutions univoques tout au long de la période ; nous constatons plutôt, à partir de principes de base, déjà formulés en grande partie dans les textes homériques, un foisonnement de théories plus ou moins disparates, plus ou moins élaborées, plus ou moins diffusées dans la société. L’une des tâches à venir, dans la continuité des analyses présentées ici, est d’aller plus loin dans l’étude comparée de documents homogènes, de même nature, afin d’en préciser les évolutions. Les textes de nature historique, pour prendre cet exemple, dans leur narration des événements, des guerres ou de faits de violence, accordent plus ou moins d’importance au sang versé ou aux violences extrêmes ; l’interprétation de ces variations, dans la longue durée, impliquerait alors de mobiliser au moins quatre registres, à savoir l’écriture de l’histoire elle-même, les modes de narrativité choisis par les auteurs ; l’histoire des représentations du corps et des substances qui le composent, le rôle attribué au sang au sein de ces représentations ; une approche culturelle du politique, analysant les symboles identitaires que choisissent les cités, les États, pour construire leur propre histoire et lui donner du sens ; et enfin, une histoire des sensibilités. Nul doute, que le point essentiel, dont dépendent les autres, est la prise en compte des modes de production, de construction et de transmission, des écrits comme des images, des conventions auxquels ils obéissent ; au risque dès lors de se perdre dans une analyse purement interne de notre documentation, en oubliant la démarche comparative.
17Les problèmes spécifiques que posent les sources antiques ont été évoqués à de nombreuses reprises au long de ces pages, mais d’autres sont présents d’hier à aujourd’hui, et peuvent être formulés dans les mêmes termes. Au cours des dernières décennies, les techniques et savoirs relatifs au sang ou bien aux processus reproductifs ont profondément modifié les pratiques médicales et ouvert de nouvelles perspectives. Un échange particulièrement intense s’est alors instauré entre les chercheurs en sciences sociales et les acteurs ou les bénéficiaires de ces évolutions scientifiques, afin de comprendre comment les représentations savantes du corps, de ses composantes et de sa reproduction, ont pu modifier les représentations au sein de la société, et produire en retour de nouvelles pratiques, de nouvelles normes. Cette question de l’articulation du « savant » et du « populaire11 » concerne tout autant les historiens de l’Antiquité, confrontés à des sources qui émanent bien souvent de traités philosophiques ou médicaux, mais de manière plus générale, c’est la question de la définition et de la méthodologie des approches « culturelles » des faits sociaux qui est ainsi posée, permettant d’interroger à nouveaux frais, encore et toujours, des notions telles que celles de « mentalités », de « représentations », de « croyances », de « science »… Les hellénistes et romanistes, comme le montre cet ouvrage, contribuent amplement à ces débats, et le sang est très certainement un thème particulièrement stimulant pour repenser les relations entre ce qui relève du symbolique et ce qui relève du social, ou, pour reprendre une tripartition proposée jadis par Michel de Certeau, s’interroger sur les relations entre régimes de pratiques, régimes de croire et régimes de valeurs12.
Notes de bas de page
1 D. B. Martin, The Corinthian Body, New Haven-Londres, Yale University Press, 1995.
2 E. Fox Keller, Le siècle du gène, Paris, Gallimard, 2003.
3 À cette pluralité des humeurs, ajoutons que le sang lui-même peut se décomposer en plusieurs éléments, aqueux, séreux, fibreux, putride…
4 P. Moreau, « Sangs romains. Taxinomie du sang dans la Rome ancienne », dans F. Prost, J. Wilgaux (éd.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2006, p. 319-332.
5 J. Jouanna, P. Demont, « Le sens d’ikhôr chez Homère (Iliade V, v. 340 et 416) et Eschyle (Agamemnon, v. 1480) en relation avec les emplois du mot dans la Collection hippocratique », REA, 83, 1981, p. 197-209 ; M.-P. Duminil, « Les sens de ichôr dans les textes hippocratiques », dans R. Joly (éd.), Corpus Hippocraticum, Actes du colloque hippocratique de Mons, Mons, Éditions de l’université de Mons, 1977, p. 65-76.
6 N’oublions pas que pour les Anciens, l’hématite tire précisément son origine du sang, coagulé et solidifié jusqu’à former cette pierre.
7 S. Collet, « Faire de la parenté, faire du sang. Logique et représentations de la chasse à l’espadon », Études rurales, 115-116, 1989, p. 223-250.
8 F. Héritier, Résumé des cours au Collège de France, année 1984/5, p. 531-535 et dernièrement Sida. Un défi anthropologique, Paris, Les Belles Lettres, 2013.
9 Cf. par exemple V. W. Turner, The Forest of Symbols : Aspects of Ndembu Ritual, Ithaca, Cornell University Press, 1967 ; Le phénomène rituel. Structure et contre-structure, Paris, PUF, 1990. Pour une présentation de ses travaux, voir D. Arsenault, « Rites et pouvoirs. Perspectives anthropologiques et archéologiques », Anthropologie et Sociétés, 23/1, 1999, p. 5-19 ; S. Hugh-Jones, « Analyses de sang », Terrain, 56, 2011.
10 De ce point de vue, les travaux de Janet Carsten s’inscrivent dans la continuité des travaux de V. Turner. J. Carsten, « La « vie sociale » du sang (Penang, Malaisie) », Terrain, 56, 2011, p. 58-73, 59 : « Je suggère que le statut exceptionnel du sang repose sur une participation surdéterminée à différents domaines de la pratique, et sur sa fonction de vecteur entre des zones généralement maintenues séparées. » Voir également J. Carsten (éd.), Blood will out : essays on liquid transfers and flows, Wiley-Blackwell (Journal of the Royal Anthropological Institute Special Issue Book Series), 2013, ainsi que « Substance and Relationality : Blood in Contexts », Annual Review of Anthropology, 40, 2011, p. 19-35, synthèse magistrale, mais centrée sur la dimension parentale, alors que la dimension religieuse mériterait d’être tout autant prise en considération.
11 Deux catégories dont l’opposition est aujourd’hui relativisée, puisqu’entre autres raisons, au sein de toute culture les discours scientifiques s’inscrivent tout autant que les autres dans un imaginaire commun du corps.
12 E. Maigret, « Les trois héritages de Michel de Certeau. Un projet éclaté d’analyse de la modernité », Annales HSS, 55/3, 2000, p. 511-549 ; voir également, par exemple, P. Lagrange, « Pourquoi les croyances n’intéressent-elles pas les anthropologues qu’au-delà de deux cents kilomètres ? », Politix, 2012/4, 100, p. 201-220 ; R. Chartier, « La nouvelle histoire culturelle existe-t-elle ? », Les Cahiers du Centre de recherches historiques, 31, 2003, p. 13-24.
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