« Ce vaste massacre fait notre orgueil, mais nous permet de parler haut. » Les Corses et l’impôt du sang, autour de 1914-1918
p. 249-262
Texte intégral
1Le centenaire de la Première Guerre mondiale vient d’être pour les universitaires l’occasion de s’emparer d’une question encore très vive aujourd’hui dans ce que l’on pourrait appeler la « mémoire diffuse1 » du conflit, celle de la disparité régionale des pertes2. S’il est bien un territoire pour lequel elle a une écrasante centralité, c’est la Corse, qui partage avec la Bretagne la singularité de cultiver la douloureuse certitude d’avoir enduré des sacrifices supérieurs aux autres régions, certitude qui s’est traduite en chiffres gravés dans le marbre et plus durablement encore dans les consciences3. Venu de plusieurs horizons, de l’histoire scientifique comme de la recherche d’amateurs éclairés, un aggiornamento salutaire a pourtant réussi à faire admettre des chiffres plus conformes à la réalité et par ailleurs largement diffusés, on le verra, dès les années 1920. Il est désormais admis que 10000 à 12000 insulaires ont trouvé la mort du fait du conflit. Cependant, ces travaux ne sont pas réellement parvenus à faire reculer l’idée d’une participation plus forte que la moyenne à un effort de guerre dont les conséquences auraient été plus tragiques encore qu’ailleurs.
2L’intérêt de la question ne repose pas tant, on l’aura compris, dans une réfutation comptable que la numérisation systématique des bases de données de pertes a désormais mise à la portée du plus grand nombre. C’est bien plus la généalogie de cette perception insulaire de la guerre qui reste à préciser. Commentant la récente étude de la « Géographie économique des morts de 14-18 en France », André Loez et Nicolas Mariot l’ont appelée de leurs vœux. D’après eux, « il y aurait une belle étude d’histoire culturelle et politique à réaliser pour mieux connaître les origines, les acteurs, les ressorts et les relais de ces discours sur le “massacre” des Bretons ou des Corses, dont l’émergence doit sans doute être reliée, en partie du moins, aux revendications régionalistes développées depuis les années 19704 ». Le présent travail entend modestement apporter une nouvelle contribution à ce projet5, en l’inscrivant toutefois dans une perspective plus large. Car l’engagement insulaire dans le conflit ne peut être réduit à un objet de discours. Il s’agit d’un fait social total, qui engage autant les réalités matérielles et politiques qui régissent la société corse de l’époque que le système de représentations dans lequel elle se projette, dans son imaginaire propre comme dans l’imaginaire français.
3De fait, il y a bien eu une « mobilisation rêvée » des Corses, mobilisation ostentatoire et sacrificielle d’un territoire périphérique en pleine recherche de légitimité au sein d’une République impériale dans laquelle « l’île oubliée », comme on la nommait souvent, peinait à trouver sa place. Elle ne doit cependant pas occulter une « mobilisation vécue », entachée d’irrégularités, dont les modalités se sont très vite distinguées de celle des autres départements, notamment du fait d’une pression accrue des autorités militaires sur les effectifs mobilisables. Une « mobilisation oubliée » pourtant par les Corses, comme si cette tache était indigne de leur patriotisme, la question des pertes tenant lieu d’exutoire finalement assez consensuel à une quête de reconnaissance renouvelée et très partagée sur place.
La mobilisation rêvée des Corses
« Les populations de l’île ont répondu à l’ordre de mobilisation avec entrain. Dans les centres et particulièrement les chefs-lieux d’arrondissement, l’état d’esprit du public s’est traduit par les manifestations patriotiques spontanées des foules extrêmement impressionnables qui extériorisent volontiers les sentiments belliqueux du caractère corse6. »
4Ce rapport du préfet, qui dresse un bilan des premières semaines de la mobilisation, ne fait pas l’économie d’un stéréotype déjà ancien. C’est que le premier personnage de l’État dans l’île a payé de sa personne, quelques jours auparavant, pour faire cesser une émeute qui prenait pour cible des « sujets de puissances ennemies » retenus au cœur d’Ajaccio, à quelques centaines de mètres de sa résidence. Des manifestations similaires s’étaient déroulées, à Bastia et à Corte dans les jours précédents, et on avait dû procéder à plusieurs dizaines d’arrestations. La Corse, présentée depuis des décennies comme une terre d’hospitalité, semble avoir oublié ces principes tant vantés dans les guides touristiques, et balayés par une « explosion chauvine7 » remarquable par son ampleur. Il ne faut sans doute pas surinterpréter ces événements, urbains et limités dans le temps. Le peu de sources dont nous disposons à propos du monde rural indique la prédominance d’une gravité inquiète et peu démonstrative. Mais ces manifestations, outre qu’elles ont fortement impressionné les observateurs, apparaissent comme la crête d’une vague qui paraît emporter une bonne partie de la société insulaire. Ainsi, tandis que la presse, comme ailleurs, bruisse de proclamations patriotiques, les premiers tenants du régionalisme culturel se joignent unanimement au mouvement. Les instituteurs qui venaient de fonder la revue A Cispra, dans l’unique numéro duquel on pouvait lire quelques mois avant la déclaration de guerre « la Corse n’est pas un département français, c’est une nation vaincue qui doit renaître », exigent désormais la Revanche et l’extermination de l’adversaire8.
5Cette exaltation guerrière traduite en paroles et en actes, loin de n’être, comme le pense le préfet, que l’expression du « caractère » insulaire, s’enracine largement dans l’identité corse telle qu’elle s’est construite au cours du siècle précédent. Siècle de l’histoire, il a ancré dans l’imaginaire des Corses une galerie de personnages illustres dont la vertu militaire est le trait de caractère le plus saillant, et jusqu’à une devise dénichée au Vatican, « Cyrnorium fortia bello pectora » (les Corses au cœur intrépide pour la guerre) qui leur assure qu’ils sont nés pour le métier des armes. Siècle de l’industrie, il a entraîné la décomposition de l’économie agro-pastorale de l’île, précipitant nombre d’entre eux sur les chemins de l’émigration. La « soif de places » que les observateurs des « choses de Corses » ne manquent jamais, depuis le Second Empire, de relever, en est la conséquence directe. Dans une société bien mal desservie par l’école de la République – la Corse produit un peu plus de bacheliers que la moyenne, mais elle a en 1913 le plus fort taux d’illettrisme de France, avec plus de 50 % d’illettrés et « quasi-illettrés9 » –, l’armée est devenue un précieux vecteur d’ascension sociale. Elle offre en effet des possibilités de carrière, en son sein mais aussi dans une fonction publique qui s’étoffe et ouvre ses portes. Dans l’empire comme en métropole, les forces de l’ordre, l’administration pénitentiaire, les postes ou les arsenaux militaires sont facilement accessibles après quelques années de service. Ces opportunités inestimables dans une société pauvre, fermée et souvent inégalitaire, expliquent qu’un nombre croissant de jeunes insulaires contractent des engagements volontaires ou « rempilent » à l’issue de leur service. D’après les Comptes-rendus sur le recrutement de l’armée, près de 17 % des jeunes Corses de la classe 1888 s’étaient engagés. Un quart de siècle plus tard, plus de 24 % des jeunes gens de la classe 1914 ont intégré l’armée avant la mobilisation générale10, près de quatre fois plus que la moyenne nationale de 7 % qui, elle, prend en compte les « engagements patriotiques » de l’été 191411. La presse militaire des années d’avant-guerre témoigne d’ailleurs régulièrement du fait que la Corse est une terre de fort recrutement. La littérature elle-même n’est pas en reste, avec l’émergence du stéréotype souvent peu reluisant du sous-officier corse, incarnation au mieux des rigueurs de la vie de caserne, au pire du garde-chiourme cruel dont Biribi, « roman des bagnes militaires », a livré en 1890 un portrait terrifiant.
6Pas question en Corse de dénigrer ces hommes, qui deviennent pour une société fragilisée un emblème. Tandis qu’un projet de monument « aux Corses morts pour la patrie » initié en 1901 s’enlise, une politique mémorielle centrée sur ces figures nouvelles se développe peu avant la guerre. Le sergent Casalonga, héros de l’expansion coloniale dont la mort à Madagascar en 1904 a fait la une des gazettes, est célébré en 1909 par l’érection d’une statue au cœur de son village, puis le rapatriement solennel de ses cendres. Jusqu’en 1913, trois de ses camarades tombés au Maroc ou à Madagascar sont à leur tour à l’honneur. Pour chacun d’entre eux, une même démarche, entre amour de la « Grande Patrie » et esprit de clocher, puisque des ligues patriotiques locales s’appuient sur la commune d’origine du héros pour promouvoir sa mémoire auprès du Conseil général qui contresigne avec enthousiasme. Comme le rappelle l’un de ses élus, le député Henri Pierangeli, « il est très intéressant de trouver sur les places de nos communes rurales un monument rappelant la mort d’un enfant de la Corse tombé au service de la France12 ». Le calendrier de cette nouvelle et éphémère passion mémorielle – quelques années et une guerre mondiale plus tard les monuments aux morts seront de mise partout – ne doit cependant rien au hasard. C’est cinq ans après la mort de Casalonga que l’on se décide à l’honorer. Or cette date correspond à un retour de la « question corse » dans l’actualité nationale, avec la parution du « rapport Clemenceau » qui, tout en dénonçant la misère de l’île, est très critique envers la société insulaire. Dans le discours enflammé, très applaudi et publiquement affiché qu’un conseiller général consacre à l’héroïque sergent, il est aussi question de dénoncer « les contempteurs de la race corse13 » et de rejeter la rumeur d’une « agitation séparatiste14 ». Ce n’est pas nouveau. Les Corses d’avant 1914, périodiquement renvoyés à une altérité qui leur est insupportable dans la mesure où elle remet en question leur identité française ou leurs espoirs de « relèvement économique », ont déjà largement usé de l’argument du sang versé, et cela au moins depuis la chute du Second Empire, quand quelques tribuns avaient trouvé opportun de se débarrasser du « berceau des Bonaparte ». Dans la lignée d’un Nonce Rocca, publiciste oublié auteur en 1871 d’un libelle sur La part des Corses dans la défense nationale, ils ont également pris l’habitude de chiffrer leur engagement. « Si tous les départements avaient donné autant que cette Corse, si vilipendée à Paris et ailleurs, l’armée française eût dépassé le chiffre énorme de TROIS MILLIONS d’hommes », pouvait-on lire dans ce plaidoyer15, et les 30000 soldats que l’île était censée avoir mobilisés en 1870 furent fréquemment rappelés après lui. Ceux de 1914 n’ont plus qu’à prendre leur place, et ce patriotisme des gros bataillons, unique à notre connaissance, donne le ton de la mobilisation insulaire. La Jeune Corse du 1er octobre 1914 l’affirme, « nous sommes bien 40000 sous les drapeaux, dont les trois quarts aux armées combattantes », et l’on fait à la jeunesse ce vibrant rappel :
« Pour nous, Corses, la France sera toujours la grande patrie, celle que nos pères ont aimée et servie fidèlement depuis Charlemagne [sic]. Elle doit être contente puisque 40000 des nôtres sont à la frontière et s’y conduisent en vaillants16. »
7Pour le Conseil général :
« Étroitement unie à la mère Patrie, la Corse donne sans compter ses enfants pour faire à la France un rempart de leurs poitrines robustes. Son patriotisme est à la hauteur de ses espoirs. Elle veut sa large part de sacrifices joyeusement consentis pour amener le triomphe définitif de la cause de la civilisation et du droit17. »
8Le Journal de la Corse est plus grave mais tout aussi martial :
« La Corse paie, généreusement, son large tribut de sang. Quand les auxiliaires auront été rappelés et les réformés incorporés avec les classes 1914 et 1915, il ne restera plus, dans nos villages, que les enfants, les vieillards et les femmes. Les Corses sont fiers de cette priorité devant le danger18. »
Une mobilisation subie ?
9En fait de fierté, c’est avec stupeur que les Corses découvrent la mobilisation qui leur est réservée. Dès le 28 août 1914, le gouverneur militaire de la Corse demandait par voie de presse aux auteurs anonymes dénonçant « erreurs et abus » d’être plus circonstanciés. Il est rapidement entendu. Le 17 octobre, trois conseillers généraux et deux conseillers d’arrondissement télégraphient au préfet :
« À la suite nombreuses protestations familles réservistes et territoriaux prenons liberté vous signaler situation spéciale résultant pour département de mobilisation générale – non seulement hommes appartenant à la territoriale ont été mobilisés dès premier jour et maintenus sous drapeaux mais réservistes armée territoriale âgés de 46 à 48 ans la plupart pères de familles quelques-uns pères de 8 et 10 enfants ont été incorporés à régiment 373 et envoyés au feu19. »
10Cette anomalie s’explique d’abord par la situation stratégique de l’île. Enclavée dans un espace maritime bien plus italien que français, prise en étau entre La Spezia et La Maddalena, deux ports de guerre d’un ennemi potentiel puisque l’Italie appartient à la Triple-Alliance, elle risquait en cas de conflagration européenne l’isolement, voire l’invasion. Sa défense faisait en conséquence l’objet de mesures spécifiques dont le dernier avatar, un plan de 1910, prévoyait la mise sur pied de « bataillons de supplément » affectés à sa défense. Y seraient versés les hommes des classes les plus anciennes, les « réservistes de l’armée territoriale » (RAT), âgés de 43 à 47 ans, amalgamés avec des volontaires de moins de 20 ans et encadrés par des sous-officiers en retraite qui ne manquent pas sur place. Ces instructions sont appliquées à la lettre. Les avis de mobilisation précisent que « les hommes de 18 à 20 ans et les hommes valides de plus de 45 ans sont autorisés à contracter des engagements volontaires pour la durée de la guerre et pour servir en Corse », tandis que l’encasernement de l’ensemble des classes soumises aux obligations militaires est effectif dès les premiers jours d’août. Il se prolonge, à la surprise de beaucoup, peu au fait des obligations inhérentes au statut de place forte qui affecte leur île. Visiblement dépassé par sa tâche, pressé d’envoyer des renforts aux unités du front, le gouverneur militaire puise sans distinction d’âge et de situation dans le réservoir ainsi constitué. Les jeunes « engagés volontaires pour servir en Corse » sont très vite embarqués, et 897 RAT se retrouvent versés dans les unités recrutées dans l’île, le 373e régiment de réserve, et de là, pour certains, le 173e d’active, ou dans des régiments du sud de la France, le 145e régiment d’infanterie territoriale de Nîmes et le 117e de Nice par exemple, où ils se rendent compte qu’ils font figure de doyens. Le Conseil général puis les parlementaires insulaires, saisis par certains d’entre eux ou leurs proches, s’adressent rapidement au ministre de la guerre, qui doit ouvrir une enquête20. Mais la gestion erratique des effectifs insulaires ne paraît pas s’améliorer. En mars 1915, de nouveaux territoriaux corses sont désignés pour partir en renfort après une visite de contrôle dont auraient été exclus 300 de leurs homologues continentaux entretemps affectés sur l’île. L’année suivante, les commissions de réforme visant à récupérer les inaptes sont violemment critiquées. Si l’on en croit les députés, qui en font état en séance en octobre 1916, des consignes de sévérité auraient été données par les autorités de la XVe région militaire, dont dépend l’île. Elles se seraient traduites sur le terrain par des scènes ubuesques de visites collectives sans avis médical fondé. La rigueur de la politique de récupération des réformés corses semble confirmée par les statistiques, qui attestent d’un taux deux fois supérieur à la moyenne nationale21.
11Mobilisation initiale calamiteuse et illégale, comportements douteux envers les mobilisés insulaires, le tableau est bien sombre. Peut-il être nuancé ? Seul le mécanisme de l’erreur qui a frappé les réservistes âgés est complètement documenté. Le reste ne nous est connu que suite aux démarches de certains soldats et des parlementaires insulaires qui, de novembre 1914 à février 1917, se sont engagés dans un long bras de fer avec les autorités militaires locales et les différents ministres de la guerre. Dans des dizaines d’adresses aux ministres et d’interventions en séance, les termes employés trahissent leur agacement, puis leur colère. Le sénateur Gabrielli l’affirme dès novembre 1914, « mes compatriotes servent leur patrie avec bonheur et plus de quarante mille d’entre eux sont actuellement sous les drapeaux. Ils désirent connaître toutefois les raisons qui leur ont fait appliquer un traitement qui peut être considéré comme une punition ». Le député Landry adresse en mars 1915 un memorandum sur « la mobilisation en Corse » qu’il conclut ainsi : « L’extrême rigueur dont on use en toutes circonstances envers les Corses, les inégalités de traitement qui apparaissent en Corse entre eux et les continentaux, provoquent un profond étonnement, et ne peuvent manquer de produire les conséquences les plus fâcheuses. » Son collègue Giordan explose en séance en octobre 1916 :
« Les faits qui se sont produits en Corse dépassent toutes les limites du bon plaisir et de l’arbitraire. Messieurs, ces abus ont provoqué dans l’île un vif mécontentement, qui s’est traduit par une certaine effervescence. Le conseil général, au cours de sa session d’août, s’en est ému et il a tenu à protester, par une motion longuement motivée qui a été appuyée par tous les représentants de la Corse auprès de M. le ministre de la guerre22. »
12Landry appuie son propos et conclut, « comme représentant d’un département français, je ne saurai admettre que, dans ce département, certains chefs militaires prennent, vis-à-vis de la population mobilisée, des libertés qu’apparemment ils n’oseraient pas prendre ailleurs23 ».
13Si durement interpellées qu’elles soient, les autorités ne sont jamais en mesure de démentir formellement les abus reprochés, mais se montrent très pusillanimes. Incapable en 1914 de rapatrier les RAT des plus vieilles classes du fait de la fin de non-recevoir du général en chef qui refuse de dégarnir des unités du front « pour des raisons d’ordre moral et matériel », le ministre promet à tout le moins de cesser de ponctionner les réservistes territoriaux insulaires. Forcé en 1915 d’appliquer une politique nationale de récupération qui désormais les inclut, il indique avoir émis une circulaire interdisant toute distinction d’origine entre les réservistes des dépôts de Corse. Saisi du scandale des commissions de réforme, il procède en 1916 à la nomination d’une commission d’enquête qui finira par invalider une partie des décisions prises24. Comme preuve de sa bonne foi, il avoue alors avoir envisagé de placer à sa tête le général Graziani, ancien sous-chef de l’État-major qui avait enquêté sur la question des RAT en 1914, mais dont le principal mérite est, cette fois, qu’il « n’est certainement pas suspect aux yeux des Corses25 » du fait de ses origines familiales. Brandi devant la représentation nationale par un ministre de la République, ce curieux atout peut surprendre. Le ministre, de fait, prend maladroitement acte d’un sentiment de discrimination qui est loin d’être l’apanage des seuls élus.
14Car en des années où les récriminations de tous ordres et venues de tous les horizons ne manquent pas d’émailler la mise sous les drapeaux de millions de Français, les Corses, eux, se sentent stigmatisés en tant que tels. Dès l’automne 1914, leurs courriers le disent. L’épouse d’un père de six enfants versé au 373e écrit que « si la levée en masse n’avait pas été faite en Corse comme elle n’a pas été dans les autres départements [sic] mon mari faisant partie de la réserve de l’armée territoriale aurait été affecté à quelques services en Corse et non envoyé à la frontière26 ». Pour la mère d’un jeune « volontaire pour servir en Corse », « on a violé cette loi. car on a fait partir nos enfants après vingt jours de caserne au feu et ont les mait en premiere ligne. Alors que ceux du continent sont toujours a leur poste, mais la corse a etait préférait d’envoyer jeunes et vieux sur la ligne de feu27 [sic] ». Même révolte chez des territoriaux ajacciens qui ont appris qu’à la différence de leurs camarades venus du continent, ils étaient susceptibles de partir en renfort. Ils dénoncent « une mesure qui met les Corses en marge des citoyens français », et concluent :
« Nous ne pouvons admettre une telle injustice qui constitue pour nous une insulte. Nous sommes de ceux qui feront vaillamment leur devoir de citoyens Français si la Patrie a besoint [sic] de nous, mais à la condition que l’on ne nous traite pas en parias. Nous tenons à être traités de la même façon que nos camarades du continent28. »
15La précocité de ce type de remarque suffit à montrer que ce ressenti n’est pas neuf. Rien en droit ne laissait prévoir, pourtant, une discrimination qui n’avait dans les faits aucun intérêt militaire29. Elle ne se comprend que si l’on tient compte d’un faisceau complexe de facteurs. Les effectifs mobilisables de l’île ont subi une forte pression du fait des nécessités de sa défense, nécessités bien mal comprises puisqu’une partie de ses défenseurs est allée garnir les tranchées. Panique des premières semaines de la guerre ? Le gouverneur militaire de la Corse en cause, Paul Brundsaux, figure haute en couleur de condottiere colonial connu pour ses exploits à la tête de colonnes de la légion étrangère, et la sévérité de ses verdicts lorsqu’il présidait le conseil de guerre d’Alger en 1905, passe pour un officier fantasque mais brutal30. On ne sait rien des cadres subalternes mis en cause en 1915 et 1916, mais la rigidité dont ils font preuve, couverts par le commandant de la XVe région pour qui les Corses renâclent à partir au front, peut rappeler les rapports rugueux que certains d’entre eux entretenaient avant guerre avec la population locale, au point d’émailler l’actualité insulaire d’incidents parfois violents31. Ce que ces hommes, enfin, n’ont pas pu ou voulu comprendre, c’est que le vivier militaire de la Corse était en partie asséché, dès avant la guerre, par une formidable propension au volontariat, et plus largement à l’émigration. C’est sur une population où étaient par définition surreprésentés les auxiliaires, inaptes et réservistes âgés qu’ils ont exercé leur zèle. L’émergence précoce d’une désertion endémique, dont se plaint en septembre 1916 le président du conseil de guerre de Marseille32, n’a sans doute rien fait pour les encourager à la modération.
16Ces différentes réalités cadraient décidément bien mal avec l’image héroïque qui, en Corse, devait prévaloir. On s’empresserait donc d’en oublier les conséquences.
Une mobilisation oubliée
17L’oubli, le déni même des conditions dans laquelle la mobilisation s’est déroulée n’est en effet pas le moindre des paradoxes de la participation insulaire à la Grande Guerre. Conseillers généraux, députés, sénateurs, il n’est pas un représentant insulaire qui n’ait, sous une forme ou une autre, émis de protestation durant la guerre. L’opinion publique elle-même en a été tenue informée par voie de presse. Malgré la censure en effet, quelques entrevues données par les élus sur la question sont parues dans les journaux locaux dès novembre 1914. En mai 1916 encore, refusant le retrait des prisonniers de guerre affectés dans l’île, les députés y ont rappelé les avanies de la mobilisation :
« Nous n’ignorons pas qu’on va invoquer l’intérêt de la Défense Nationale. Nous nous sommes toujours inclinés toutes les fois qu’on a donné cette raison pour expliquer, sinon pour justifier, les mesures irrégulières prises en Corse, et en Corse seulement33. »
18Enfin, leur virulente intervention d’octobre 1916 à la Chambre a été reproduite in extenso dans la presse34, et, reçus par la commission d’enquête nommée par le ministre, ils ont indiqué avoir « rappelé la longue série d’irrégularités qui ont été commises en Corse depuis le 1er jour de la mobilisation35 ».
19On est pourtant frappé de l’amnésie collective qui s’empare de l’île sitôt le conflit achevé. Seuls les autonomistes, groupés autour du journal A Muvra, rappellent les spécificités de la mobilisation corse, dont ils font un de leurs principaux griefs. Jeune officier ancien combattant, resté dans l’armée au début des années 1920, Lucien Orsini évoque sous pseudonyme « les trop nombreux mobilisés corses », et fulmine.
« Les insulaires n’auraient peut-être pas dû donner deux fois plus que les autres. Aussi aurait-on dû se borner à faire appel à leurs traditions militaires avant de les embarquer comme des Sénégalais, sous la férule des Brundsaux et des Deleuze36, et les sarcasmes de leurs officiers limogés37. »
20L’écrivain Pierre Bonardi, un temps leur compagnon de route, rappelle l’affaire des RAT dans un roman :
« Au moment de la déclaration de guerre, un certain général B… était gouverneur de l’île. Il recruta et embarqua illégalement avec une allégresse sauvage tous les hommes mobilisables jusqu’aux extrêmes limites de la réserve territoriale et envoya des hommes de 48 ans pères de six enfants se faire massacrer38. »
21Mais au-delà de cette sphère militante, le scandale est très rapidement plus qu’étouffé : il disparaît de la mémoire insulaire en tant que tel. Un responsable ancien combattant trouvera plus opportun de le revendiquer : « La longue hérédité guerrière qui marque l’âme corse a tressailli à l’appel de la France en danger, et tous d’un même élan, jusqu’à 47 ans ils sont partis39 », déclare le président du Comité fédéral des victimes de guerre et anciens combattants de la Corse quelques années après l’armistice, sans que cette claire allusion ne suscite de commentaire.
22On peut concevoir qu’après cinquante-deux mois de conflit et une effrayante accumulation de deuils militaires et civils, le destin de quelques milliers de réservistes, inaptes et auxiliaires mis sous les armes dans des conditions douteuses ait perdu de son intérêt, en tout cas de sa dimension polémique. Il apparaît surtout que l’on assiste dès l’après-guerre au retour à un bien confortable statu quo ante, dans lequel il n’a pas sa place. Un article quasi programmatique du Petit Bastiais l’annonçait dès juin 1918. Après avoir récusé au nom de l’union sacrée l’idée d’une participation supérieure aux autres départements, il rappelait néanmoins l’engagement massif des insulaires. « Ce ne sont pas seulement nos vieux territoriaux et nos valeureux réservistes qui ont fait la guerre chez nous, mais c’est aussi cette légion d’officiers et de sous-officiers qui ont été fauchés à tous les âges, dans l’exercice de la profession qu’ils avaient choisie. » Mais ce rappel se voulait optimiste, car « nos morts glorieux seront toujours là pour permettre, à ceux qui leur auront survécu, de poursuivre avec succès le programme de nos revendications futures. Avec eux […] on pourra vraiment dresser le cahier de ces revendications, et le présenter sans ostentation, mais avec une légitime fierté, à la Mère-Patrie qui sera reconnaissante40 ». Une visite du président de la République, en 1922, est l’occasion pour ce discours de se déployer pleinement. « Sur ces côtes battues par les vagues, sous les châtaigneraies de ces montagnes, dans ces vallées où court l’eau vive des torrents, il n’existe encore, à l’heure actuelle, qu’une seule vraie richesse : les hommes. Cette richesse-là, Monsieur le Président, la Corse, chaque fois qu’il a fallu, l’a apportée à la France sans compter41 ! », déclare le président du Conseil général. Le temps n’est clairement pas à la dissidence, « la dernière guerre avec les 30000 Corses, dont les cadavres jonchent le sol de la France après l’avoir arrosé de leur sang pour sa défense ont étroitement resserré les liens, et l’accord doit être unanime pour recevoir le chef de l’État42 ». On retrouve bien là un discours déjà rodé avant guerre, jusque dans sa dimension chiffrée. Au poids d’une mobilisation qui prêtait le flanc à la critique, on préfère celui des morts, argumentaire éprouvé depuis des décennies et finalement bien plus acceptable de chaque côté de la Méditerranée.
23Il restait néanmoins à l’évaluer. Les autonomistes, toujours sous la plume de Lucien Orsini, ont évoqué « quarante mille morts […], argument terrible [jeté] à la face des faux Corses qui ont attaché notre malheureuse Cyrnos au char sanglant des Marbeuf et des Brundsaux43 ». Mais ce total qui est sans doute l’écho inconscient des « 40000 mobilisés » vantés sur place dès les premières semaines de guerre n’est pas repris par ailleurs. Le début des années 1920, avec notamment la parution du Livre d’Or des Corses tombés au Champ d’honneur, promus dans la Légion d’Honneur ou cités à l’ordre de l’Armée pendant la Guerre de 1914-1918 (1924), est plutôt le moment d’un décompte réaliste. En témoignent les différents discours tenus lors de l’inauguration du monument aux morts d’Ajaccio, en 1926. Si le député Adolphe Landry, normalien, universitaire et démographe chevronné, se montre étonnamment prudent et parle d’une « foule immense que nous ne saurions dénombrer », les autres orateurs citent 12000, voire 10000 tués44. Les muvristes eux-mêmes finissent par accepter ce décompte. Pour leur avocat lors du procès des autonomistes de Colmar, en 1928, « la Corse qui ne compte que 280000 habitants a fait son devoir. Nous pleurons 12000 morts et comptons 30000 blessés et pourtant nous sommes autonomistes45 ».
24C’est avec les années 1930, et largement sans les autonomistes, que l’inflation mémorielle reprend. En octobre 1933, l’inauguration à Ajaccio de la Borne dite « de la Terre sacrée » donne lieu à l’évocation de « 48000 Corses tombés au champ d’honneur46 ». En 1935, lors de celle du monument aux morts de Bastia, « 30000 Corses tombés pour la défense de la France47 » sont honorés. La parole de quelques intellectuels plus raisonnables ne pèse pas lourd48. C’est que le contexte a changé. L’Italie dissimule de moins en moins ses visées irrédentistes. En novembre 1938, les députés fascistes revendiquent ouvertement l’île à l’occasion d’un discours du Comte Ciano, ministre des Affaires étrangères. Les élus, les partis politiques, la presse, les anciens combattants et les puissantes associations corses du continent et de l’empire communient dans un « debout les morts » vibrant et unanime qui invoque les mânes de quarante mille tués. Daladier lui-même, lors d’une tournée qui doit réaffirmer la souveraineté française en Méditerranée, veut conforter les Corses en leur assurant la reconnaissance de la République :
« Vous avez donné Bonaparte à la France et elle vous a rendu Napoléon. Mais vous lui avez donné aussi des hommes de la terre et de la mer, des paysans et des marins, des soldats et des fonctionnaires. Vous lui avez donné surtout vos 40000 morts de la Grande guerre49. »
25C’est donc parce qu’il a servi d’ultima ratio face au péril irrédentiste, et non parce qu’une poignée d’autonomistes l’a forgé, qu’un bilan démesuré s’inscrit durablement dans la mémoire insulaire.
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26Son ancrage dans les consciences, bien après la Seconde Guerre mondiale, devait être durable malgré la disparition du danger qui l’avait exacerbé. N’avait-il pas reçu l’onction solennelle de l’ensemble du monde politique insulaire et d’un président du Conseil ? Pilier du journalisme parisien, l’essayiste Pierre Dominique, Lucchini à l’état civil, en avait finalement résumé l’esprit, dès 1938 justement.
« Pour 300000 habitants de l’île doublés de 300000 autres Corses qui vivent sur le continent comme nous disons ou en Afrique du Nord, nous avons eu, nous autres, 40000 morts. Quarante mille. Si la France avait souffert dans la même proportion que le peuple Corse, elle aurait perdu […] le double de ce qu’elle a perdu. Ce vaste massacre fait notre orgueil, mais nous permet de parler haut, à l’Italie comme à tout le monde50. »
27Sur le long terme, c’est bien ce « tout le monde » qui est le plus significatif, et c’est sans doute parce qu’elle ne s’est pas départie du besoin de « parler haut » que la société corse, dans toutes ses composantes, conserve la certitude très tôt acquise51 d’avoir payé un prix plus élevé que les autres. La sévère mobilisation qui lui a été imposée, devenue une arme entre les mains des partisans de la rupture, et une menace pour le rétablissement de l’économie du don qui régissait depuis longtemps les rapports de l’île à la République, ne devait pas avoir la même postérité. Elle reste, aujourd’hui encore, difficile à évoquer.
Notes de bas de page
1 La notion est définie par Rousso H., Le syndrome de Vichy (1944-1987), Paris, Le Seuil, 1987, chapitre 7, p. 287 et suiv.
2 Gilles H. et al., « Géographie économique des morts de 14-18 en France », et le commentaire de cet article par Loez André et Mariot Nicolas, « Tous égaux devant “l’impôt du sang” ? L’approche spatiale de la mort de masse en 1914-1918 et ses enjeux », Revue économique, vol. 65, n° 3, 2014, p. 519-542.
3 Ainsi, le monument de Vignola près d’Ajaccio, « borne de la Terre sacrée » qui portait depuis son inauguration en 1933 la mention de « 48000 Corses tombés au champ d’honneur », n’a-t-il été corrigé, à l’occasion d’une rénovation, que dans les années 1970. En 1996, la section corse de l’Office national des anciens combattants obtenait de la gendarmerie un décompte systématique des noms portés sur les monuments aux morts, cela afin, nous a indiqué en 2005 son président de l’époque, « de mettre fin à la polémique ».
4 Loez A. et Mariot N, « Tous égaux… », art. cit., p. 535.
5 Sa dimension culturelle a été récemment traitée par Rey D., « La Corse, ses morts et la guerre de 1914-1918 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 121, 2014/1, p. 49-59.
6 Archives départementales de Corse du Sud, 1 M 128, rapport au ministre, 21 août 1914.
7 L’expression est de Becker J.-J., 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences politiques, 1977, p. 513.
8 On le retrouve dans les poèmes en langue corse de certains d’entre eux. Cf. Gherardi e. F.-X, « Voici notre monde ! Maîtres et élèves de Corse à l’épreuve de la Grande Guerre », S. Gregori et J.-P. Pellegrinetti (dir.), Les Corses et la Grande Guerre, Ajaccio-Corte, Albiana-Musée de la Corse, 2014, p. 148.
9 Données présentées par A. Dessoye, député et président de la Ligue de l’enseignement, dans une tribune publiée dans La Lanterne du 11 décembre 1913. Il reprend les résultats d’une enquête portant sur la classe 1912 parue au Journal officiel, qui révèle qu’il y a 14,7 % d’illettrés et 35,6 % de « quasi-illettrés » en Corse, la moyenne nationale étant de 3,5 et 18,5 %.
10 Décompte effectué dans les registres de livrets matricules de la classe 1914, Archives départementales de Corse du Sud, 1R467.
11 Philippe Boulanger, La France devant la conscription de 1914 à 1922, Géographie historique d’une institution républicaine, Paris, Economica-Institut de Stratégie Comparée, 2001, p. 149.
12 Rapports et délibérations. Conseil général de la Corse, 2e session de 1913, p. 256.
13 Ibid., 2e session de 1909, p. 17-20.
14 Très peu représentée, l’idée est cependant brandie par une partie de l’élite locale qui reproche à la République son peu d’empressement à œuvrer pour le « relèvement économique » de l’île. en 1911, les États généraux de la Corse s’achèvent ainsi sur la reprise d’un vieux slogan de l’unité italienne, « Corsica farà da sè », nettement et exagérément perçu comme une menace.
15 Rocca N., La part des Corses dans la défense nationale, Paris, chez l’auteur, 1871, p. 4.
16 Discours de rentrée prononcé devant les élèves du lycée de Bastia par M. Fumaroli, directeur d’école, Le Petit Bastiais, 4 novembre 1914.
17 Le Petit Bastiais, 2 octobre 1914.
18 Journal de la Corse, 28 septembre 1914.
19 Archives départementales de la Corse du Sud, 1 M 38.
20 C’est le dossier relatif à cette enquête, conservé au SHD sous la côte 7 N 419, qui nous a permis de reconstituer le mécanisme de cette mobilisation. Sauf précision, l’ensemble des références citées en provient.
21 Boulanger P., op. cit., p. 153.
22 Journal officiel de la République française. Débats Parlementaires, 14 octobre 1916, p. 3019-3023, intervention de M. Giordan.
23 Ibid., intervention de M. Landry.
24 Le Petit Bastiais, 4 février 1917.
25 Journal officiel de la République française. Débats Parlementaires, 14 octobre 1916, p. 3019-3023, réponse du ministre de la Guerre
26 SHD, 7 N 419, lettre au sénateur Gabrielli, 19 novembre 1914.
27 SHD, 7 N 419, lettre au sénateur Gabrielli, 20 novembre 1914.
28 SHD, 7 N 419, lettre au sénateur Gabrielli, 28 mars 1915.
29 Au contraire, les unités de recrutement local en pâtissent. Dans les premières semaines de la guerre, le 173e RI doit absorber en urgence des centaines de réservistes âgés qui donnent bien peu satisfaction à ce régiment d’active. Le 373e, réduit à deux bataillons, doit assigner à l’arrière-front l’un d’eux dont la moyenne d’âge est trop élevée.
30 Voir notamment Képi blanc décembre-noël 1978 – n° 374, Tahon général, Avec les bâtisseurs d’empire (1882-1918), Paris, Grasset, 1947, et sur les conseils de guerre, L’Humanité des 19 septembre et 13 décembre 1905 ; L’Aurore, 5 janvier 1906.
31 Dernier d’une succession de petits scandales locaux avant la guerre, l’émeute déclenchée à Ajaccio en mai 1913 après qu’un officier ait traité de « Corse sauvage » un muletier.
32 Archives départementales de Corse du Sud, 1M42, lettre du député Giordan au préfet de la Corse, 25 septembre 1916. Le constat est confirmé par nos travaux statistiques en cours sur les livrets matricules.
33 Le Petit Bastiais, 6 mai 1916, signalé par Gregori S., « Une captivité insulaire. Prisonniers de guerre et internés civils en Corse, 1914-1918 », Cahiers de la Méditerranée, n° 80, décembre 2010, p. 165-189.
34 Le Petit Bastiais, 17 octobre 1916.
35 Ibid., 28 octobre 1916.
36 Le général Deleuze est un des successeurs de Brundsaux.
37 Rocca P., Orsini d’Ampugnani, Rocca M., Coranu M., Catachisimu corsu (cathéchisme corse), Ajaccio, Stamparia di A Muvra, 1922, p. 16-17.
38 La mer et le maquis, Ajaccio, DCL, 1999 (1re édition 1923), p. 107.
39 La Jeune Corse, 14 mai 1926, discours du Président du Comité fédéral des victimes de guerre et anciens combattants de la Corse à l’occasion de l’inauguration du monument aux morts d’Ajaccio.
40 Le Petit Bastais, 23 juin 1918.
41 Le Petit Bastais, 5 mai 1922, discours du député et président du Conseil général Antoine Gavini.
42 Le Petit Bastais, 5 mai 1922.
43 Rocca P., Orsini d’Ampugnani, Rocca M., Coranu M., Catachisimu…, op. cit., 1922, p. 16-17.
44 La Jeune Corse, 13 et 14 mai 1926.
45 Le procès du complot autonomiste de Colmar, 1er-24 mai 1928. comptes-rendus des débats. Colmar, Éd. Alsatia, 1928, p. 207.
46 La Jeune Corse, 2 octobre 1933.
47 Journal des mutilés, réformés et blessés de guerre, 20 janvier 1935.
48 Commentant un article du Temps parlant du sacrifice de 40000 Corses, un rédacteur de la Revue de la Corse ancienne et moderne se met en devoir de le corriger : « L’auteur emploie ce mot pour désigner les intoxiqués, les mutilés et les morts » (novembre-décembre 1931, p. 73).
49 La Jeune Corse, 6 janvier 1939.
50 La Jeune Corse, 10 décembre 1938.
51 On peut lire dès novembre 1914, sous la plume d’un correspondant du sénateur Gabrielli, « nous sommes le département le plus éprouvé » (SHD, 7 N 419).
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