De la haute noblesse à la semi-noblesse. Formes d’existence nobiliaires en Europe au xviiie siècle
p. 47-68
Texte intégral
1Au xviiie siècle, les membres de la République des Lettres se faisaient une image bien précise des nobles, et tout particulièrement des nobles allemands : il s’agissait d’hommes trapus au visage rougeaud, qui frappaient leurs serviteurs, leurs filles et leurs maîtresses, mais s’occupaient bien de leurs chiens, afin de pouvoir les lâcher, si besoin, contre leurs paysans. Il s’agissait de familles qui pour tout bien de valeur ne possédaient qu’une misérable tapisserie, mais qui manifestaient une arrogance phénoménale et une passion sans bornes pour la généalogie. On ne connaît que trop bien l’image de la noblesse de Westphalie donnée par Voltaire dans son conte le plus fameux, Candide, en la personne du baron Thunder-ten-Tronckh1. Ceci était évidemment caricatural, et c’était bien là l’objectif : critiquer un groupe à la fois marginal et arriéré, qui n’avait pas grand-chose en commun avec les lecteurs du conte, hommes distingués pétris de l’esprit des Lumières, et cette différence n’était pas seulement nationale mais également sociale.
2En dépit du caractère brutal de la critique voltairienne, la noblesse n’avait pas l’impression d’être véritablement attaquée, et ce pour une raison très simple : la noblesse n’existait plus au xviiie siècle, ou, pour être plus exact, elle existait moins que jamais2. Cela vaut surtout pour la France. L’ordre se déployait en un éventail infini de formes différentes. On sait que l’Encyclopédie énumère 83 formes de noblesse, allant de la « noblesse ancienne » à la « noblesse par lettre », en passant par la « noblesse verrière », c’est-à-dire la noblesse accordée – ou qu’il aurait fallu accorder – aux artisans verriers3. Dans le traité intitulé Der Adel (La noblesse) publié en 1752, Johann Michael von Loen analyse avec pertinence le processus de différenciation en jeu, tout au moins pour le cas allemand. Loen évoque non seulement la haute, la moyenne et la petite noblesse, mais aussi la semi-noblesse, qu’il définit ainsi :
« J’appelle semi-noblesse celle dont le rang est encore incertain, si bien qu’on se représente celui qui en est, parfois comme noble, puis comme non noble, et que l’on se trouve donc entre les deux. Parfois, sa dignité est trop grande pour qu’on le place parmi le commun des mortels [den gemeinen Mann], parfois sa naissance est trop petite pour qu’on le prenne pour un gentilhomme, parfois il est d’aussi bonne noblesse que l’empereur, et il est dans un aussi grand besoin que le journalier. Parfois on le nomme noble parce qu’il dispose d’une lettre de noblesse et qu’il s’écrit “Herr von”, ce faisant, il exerce cependant encore l’activité la plus infâme, parfois il est un bon marquis français accompagné d’un maître de langues. […] Parfois, il est un baron de naissance qui épouse par humilité sa servante parce qu’ils sont aussi pauvres l’un que l’autre. Tout ce mélange entre noblesse et populace engendre une noblesse hermaphrodite, ou semi-noblesse […]. Cet ordre intermédiaire a beaucoup d’aspects contrariants. Ces personnes ne se sentent à l’aise nulle part4. »
3 Von Loen, juriste anobli, était lui-même le meilleur exemple de cette « semi-noblesse ». Il avait été avocat à la Chambre impériale avant de devenir président du gouvernement prussien du comté westphalien de Lingen. Mais il était surtout un homme de lettres fortuné. fils et petit-fils de négociants de Francfort, il portait la particule, prétendant au titre de baron et menant une vie nobiliaire. Pourtant, à l’exception d’une grand-mère Bassompierre, son arbre généalogique semblait bien bourgeois, tout comme les terres et les biens dont il avait hérité. Patricien, il l’était certainement – noble, certainement pas ; même si, très naturellement, il cherchait à prouver le contraire5. Malgré cela, son fils parvint à épouser une véritable princesse, Agnès d’Anhalt, mais cette alliance était moins spectaculaire qu’elle n’y paraissait, car le prestige de cette maison était fortement affaibli par de nombreuses mésalliances6.
4Loen n’est que l’un des innombrables auteurs qui, tout au long du xviiie siècle, regrettèrent le déclin de la noblesse, tentant d’en saisir la véritable nature et développant des propositions visant à son rétablissement. Les transformations de la noblesse allaient de pair avec une discussion publique qui, dans l’ensemble, interprétait ce processus comme un déclin. Ce sont les deux dimensions, réelle et idéelle, de ce déclin, qui seront analysées ici.
Ascension, déchéance et nébuleuse
5En Allemagne, on ne comptait pas 83 formes de noblesse, mais si l’on considère l’ordre corporatiste de la noblesse chapitrable (Stiftsadel) étudié par Christophe Duhamelle7, ou si l’on regarde simplement la structure constitutionnelle à deux étages de l’Empire et des États territoriaux, on aboutit aussi à un nombre considérable de groupes et de groupuscules. La Deutsche Enzyklopädie, parue entre 1778 et 1804, définissait la noblesse de façon sommaire comme « honneur ou dignité éminente, qui résulte non seulement de la naissance, mais aussi de la fonction », et distinguait cinq couples antagonistes : noblesse acquise ou héritée, noblesse ancienne ou nouvelle, noblesse haute ou basse, noblesse spirituelle ou profane, et noblesse immédiate ou médiate8.
6On peut s’étonner que figure sur cette liste, de façon explicite, une noblesse d’office, de fonction, qu’on pouvait trouver en France sous forme de la robe, ou encore au Danemark et en Russie9. Mais cette forme particulière de noblesse n’existait pas en Allemagne, tout au moins d’un point de vue juridique. On y trouvait en revanche cette semi-noblesse évoquée par Loen : l’honorabilité (Ehrbarkeit) wurtembergeoise ou le patriciat d’État (Staatspatriziat) hanovrien en fournissent des exemples. Il s’agissait de familles qui s’étaient élevées grâce au service du prince, occupant des offices importants et disposant d’une renommée sociale considérable, mais qui ne pouvaient pas gravir la dernière marche vers l’incorporation dans la véritable noblesse, soit parce que celle-ci le refusait, soit parce que le prince n’avait pas intérêt à favoriser cette promotion10. Pourtant, les directeurs de la Deutsche Enzyklopädie, qui étaient des professeurs de l’université de Gießen, dans le landgraviat de Hesse-Darmstadt, caressaient apparemment l’idée que, en tant que détenteurs du noble office professoral, ils appartenaient eux-mêmes à une sorte de groupe robin anobli par la fonction…
7Du reste, bien souvent l’anoblissement lui-même ne servait à rien. Ainsi, en Hesse-Cassel, en Saxe et dans les États héréditaires de l’Empereur, en Autriche, anoblissement et possession de terres ne permettaient pas d’entrer dans la chevalerie (Ritterschaft) et d’accéder aux états provinciaux (Landstände)11. C’est ce type de repli nobiliaire que Christophe Duhamelle évoque quand il parle du corporatisme, du fractionnement et de la fermeture de la noblesse allemande12.
8Cependant, il serait faux de croire que de telles stratégies et de tels mécanismes étaient propres à un Saint-Empire politiquement pétrifié. La Suède, véritable république nobiliaire, connaissait elle aussi ce phénomène d’ascension sociale s’arrêtant juste avant l’accès à une noblesse qui, comme dans le Saint-Empire, fonctionnait de manière corporatiste. En effet, si en théorie le roi avait le pouvoir d’anoblir, la noblesse suédoise devait ensuite admettre en son sein le nouveau venu. Et souvent elle le refusait. À long terme, ce choix fut d’ailleurs assez néfaste pour la noblesse, car elle ne se renouvela plus et perdit en poids économique et social13.
9Ces constellations suédoises, saxonnes, hessoises ou autrichiennes contrastaient avec le monde nobiliaire français dans lequel les frontières sociales étaient beaucoup plus perméables14. Certes, la robe et l’épée pouvaient s’opposer, mais elles constituaient moins des corps radicalement distincts que des nébuleuses qui s’interpénétraient. Ces cercles finirent d’ailleurs par inclure la finance, qui avait pourtant une piètre renommée. La pratique de l’argent qui épousait le sang s’appliquait plus facilement dans une noblesse qui se définissait de façon patrilinéaire que dans le monde des « quartiers » et des contrôles d’arbres généalogiques (Aufschwörungen) où toute l’ascendance devait être prouvée. Ainsi, si Gabrielle de Durfort de Lorges, l’épouse de Louis de Saint-Simon, descendait par son père des Bouillon, des Orange et des Hohenzollern, elle venait par sa mère de Nicolas de Frémont, un financier dont la réputation était aussi douteuse que la particule15. L’aversion et la jalousie qui existaient entre la robe et l’épée provenaient surtout de cette dernière, alors que la première s’efforçait de se rapprocher de l’idéal aristocratique en vivant noblement, en acquérant des terres et en plaçant ses puînés dans l’armée16. De toute façon, à la cour c’était la faveur du roi qui amalgamait les groupes, ou tout au moins leurs représentants les plus éminents.
10Pourtant, ni l’introduction de robins dans l’armée, ni leur présence à la cour, ne permettaient de ressouder le second ordre. Il en résultait des plaintes constantes de l’épée, depuis les États généraux de 1614 jusqu’à ceux de 1789. De son point de vue, tout le système de la vénalité des offices était funeste, au moins dans la mesure où il concernait l’armée. Car la robe, en aspirant à prendre des places d’officiers, commençait à occuper des postes sur lesquels l’épée pensait avoir un droit naturel et exclusif. La même chose valait pour l’accès à la cour17. La constitution d’une « noblesse présentée » ne changea rien aux plaintes des intéressés : d’une part, parce que les conseils royaux en étaient de toute façon exemptés, d’autre part, parce que le monarque pouvait dispenser sa faveur à qui bon lui semblait18. Le fermier général Bouret, pour citer un exemple bien connu, prit ainsi part au lever de Louis XV, chose qui dans le Saint-Empire aurait été impensable19.
11À Versailles, on créa une sphère d’exclusivité aristocratique autour du monarque qui détruisit ce qui, d’après Louis XIV, avait justement fait le propre de la monarchie française : l’accès simple et libre au souverain, l’« honnête familiarité » qui le liait à ses sujets de qualité, pour reprendre les mots du roi dans les Mémoires pour l’instruction du Dauphin20. La cour avait tendance à exclure ou à éloigner aussi bien la noblesse provinciale que les habitants de la capitale. Ces derniers étaient jusque-là impliqués dans la vie de cour en tant que spectateurs. Leur rôle n’était pas négligeable si l’on prend en compte l’aspect théâtral de la monarchie moderne. Les grandes fêtes du xvie siècle et du début du xviie siècle furent des événements parisiens, rayonnant en ville et à travers la ville. La glorification de Louis XIV prit d’autres chemins21. La cour de Versailles stupéfiait l’opinion publique et éblouissait les rivaux. Cependant, elle avait l’inconvénient, non seulement de perpétuer, mais aussi d’amplifier la division entre les proches du souverain et les hobereaux de province. Les conséquences allaient se faire ressentir après Louis XIV, quand le trône fut non seulement « assiégé », selon l’expression de Leonhard Horowski, mais aussi isolé22.
12En deçà de la cour, il paraît tout de même exagéré de dire que la noblesse française pouvait être définie « à volonté » par le monarque, car les voies de l’anoblissement ne relevaient pas uniquement du bon plaisir du roi23. Là encore, les recherches de noblesse, et même la vénalité des offices qui, en principe, partait elle aussi de la couronne, faisaient que les conditions étaient bien différentes de celles du Saint-Empire24. Entrer dans une des multiples noblesses en France était souvent une question d’argent et de connivence royale, alors qu’en Prusse « on n’anoblissait pas des gaillards qui n’avaient rien fait que de s’enrichir », pour reprendre les mots de Frédéric le Grand. Sa majesté prussienne considérait qu’elle disposait d’« assez de gentilshommes », et elle n’avait donc « aucun intérêt à les multiplier25 ».
13La déclaration du Grand Roi fut, comme souvent, sans appel. Mais la vigueur du verbe cachait une réalité bien plus complexe. Dans le reste du Saint-Empire, les choses se présentaient d’une façon bien plus laxiste, et dans la deuxième moitié du siècle l’anoblissement était fréquent. Il finit d’ailleurs par en être de même en Prusse. Pourtant, la fermeture de la noblesse et la constitution politique de l’Empire firent en sorte que les noblesses allemandes n’étaient certainement pas plus homogènes que celles de France, mais les structures et les statuts des groupes nobiliaires y restaient bien plus stables. C’est ce que ressentaient, non sans une pointe de nostalgie, les porte-paroles de la noblesse d’épée française, et notamment Boulainvilliers26. Les représentants des Lumières voyaient les choses d’une façon semblable27. Au-delà des disparités confessionnelles, régionales et juridiques dans des territoires multiples, entre noblesse médiate et immédiate, entre princes d’Empire, comtes et chevaliers, cette stabilité corporatiste avait comme conséquence que ce monde de « mille Altesses [et] anciens barons » perdurait d’une manière remarquable28.
14C’était le cas tout du moins si l’on considère la mobilité sociale ascendante. Toutefois, un problème restait commun de part et d’autre du Rhin : le problème de la noblesse pauvre. La définition juridique et administrative de la noblesse s’était largement imposée en Europe, rendant plus complexe l’acquisition comme la perte du titre de noblesse. Et c’était bien là l’objectif. En anoblissant un serviteur, le prince n’entendait pas seulement s’attacher un individu plus ou moins méritant, mais aussi fidéliser une famille tout entière29.
15La noblesse pauvre, de toute évidence, n’était pas ou n’était plus capable de vivre noblement, ce qui remettait en question sa capacité à servir le roi. Il s’agissait d’un côté d’une ancienne noblesse déclassée, et d’un autre côté d’anoblis qui n’avaient jamais eu de terre, dont la particule n’était associée à aucun revenu supplémentaire, et que l’ascension avait donc placée dans une situation inconfortable30. Or, tant que la noblesse se considérait comme un ordre seigneurial, et que la terre ne signifiait pas uniquement propriété, mais aussi droits féodaux, il était difficile d’imaginer l’idée d’une noblesse sans terres31. Le baron von Stein, instigateur des réformes prussiennes de l’après-1806 et lui-même représentant de la vieille noblesse immédiate de l’Empire, dressait un portrait peu flatteur de ce groupe :
« Ce grand nombre de nobles pauvres, sans bien ou endettés est extrêmement pénible pour l’État ; il est inculte, nécessiteux, prétentieux, il se fraye le chemin vers tous les postes […] et il entrave le chemin de toutes les autres classes citoyennes […], il descend plus bas qu’eux du fait de sa pauvreté […] et de son peu de culture32. »
16Un arrêté royal du 1er septembre 1798, qui allait dans le même sens, faisait déjà le constat suivant :
« Il existe une classe d’hommes qui pèsent comme un poids sur l’État […], qui revendiquent en vertu de leur naissance des avantages et des avancements, qui doivent cependant en être absolument exclus du fait d’une formation négligée, car […] ils ne savent pas s’y affirmer. Les forces de l’État ne sont pas suffisantes pour soulager les officiers pauvres de l’éducation de leurs enfants33. »
17En France, Chamfort, pourtant homme des Lumières, employait lui aussi des termes très rudes pour décrire la « cohue épouvantable » de cette noblesse appauvrie34.
18Mais c’était là le point de vue de l’État. La noblesse pauvre elle-même, dans la mesure où elle était éventuellement consciente de son ancienneté, de son rang et de ses mérites, ne voyait pas les choses de la sorte. Ces gentilshommes encore plus ou moins campagnards se considéraient comme les victimes d’un processus d’exclusion et de marginalisation au profit de l’aristocratie de cour et des parvenus35.
Différenciation dysfonctionnelle, protection de la noblesse et réforme nobiliaire
19Ce processus de différenciation non pas fonctionnelle mais profondément dysfonctionnelle, entre aristocratie et plèbe nobiliaire, posait un problème fondamental. Les propositions pour le résoudre n’étaient pas nombreuses, et leur efficacité très limitée. La politique de protection de la noblesse, telle qu’elle fut menée surtout en Prusse, n’arriva pas à des résultats très convaincants. En défendant le principe que seulement des nobles pouvaient acquérir des terres, elle contribua in fine à une dévaluation de toutes les propriétés terriennes, au détriment, surtout, de la noblesse. Et en soutenant le principe juridique qu’un noble même dépossédé restait toujours un noble, elle contribua directement à la création de la « cohue épouvantable » évoquée par Stein ou Chamfort36.
20Néanmoins, cette politique de protection et de privilèges parvint à transformer la petite noblesse traditionnelle en une « noblesse de service » (Dienstadel) fonctionnelle en tant qu’élite37. Malgré ses lacunes, cette politique trouva donc un équivalent français mis en place après la guerre de Sept Ans à travers une série de réformes militaires dont le but était de réserver le corps des officiers à la noblesse d’épée. Pourtant, vers 1750, on avait cherché de façon exactement contraire à institutionnaliser une noblesse militaire qui, associée à un grade, à la durée du service et aux distinctions obtenues, devait incorporer à la noblesse les bourgeois méritants38.
21En privilégiant la vieille noblesse, le but était toutefois moins d’agir contre les arrivistes bourgeois que contre les riches robins qui achetaient des charges, ou encore, et peut-être surtout, contre les favoris de la cour. On sait que cette politique dans la mesure qu’elle visait à apaiser les tensions sociales en France, ne fut pas tout à fait heureuse39. Privilégier en principe et sur le papier une noblesse pauvre, campagnarde et éventuellement ancienne, ne servait finalement qu’à très peu de chose, car pour obtenir un poste et le garder, il était indispensable de vivre noblement, et donc de s’habiller convenablement, or, le prix d’une tenue d’officier s’élevait à 235 livres40.
Le modèle britannique et la question de la noblesse commerçante
22Une autre voie était celle de la noblesse commerçante. Aucune interdiction théorique ne retint jamais un grand seigneur de faire de l’argent par des investissements dans le commerce41. Pour les hobereaux et la plèbe nobiliaire, la situation était toute différente. Dans le commerce comme dans l’industrie, on gagnait de l’argent si l’on en possédait déjà, car il fallait pouvoir investir des capitaux. Or les petits nobles n’en disposaient pas. Leur marge de manœuvre économique et sociale était insuffisante, et il n’était pas possible de risquer son capital social dans des activités douteuses.
23Le débat autour de la noblesse commerçante parvint en Allemagne par l’intermédiaire du texte de l’abbé Coyer (1756), rapidement traduit, et par la réplique du chevalier d’Arcq42. En fait, Johann Michael Loen, alors encore sans particule, avait déjà traité de cette question dès 1742. Il avait défendu le Kaufmanns-Adel, mais sans enthousiasme43. Loen considérait noblesse et négoce comme compatibles, mais la noblesse commerçante restait pour lui une semi-noblesse qu’il valait mieux tenir éloignée de la noblesse véritable44. De plus, il lui semblait nécessaire que le commerçant riche, finalement anobli, consolidât sa position par l’acquisition de terres et par l’adoption d’un train de vie nobiliaire. En fait, Loen demandait que le nouveau noble quitte en tout son ancien ordre, le Kaufmanns-Stand45. C’était là justement le chemin que devait suivre Loen lui-même, et qu’avait emprunté le patriciat de Francfort ainsi que bien d’autres élites citadines pour réussir l’étape finale de leur ascension.
24Coyer voulait aller dans une tout autre direction. Pour lui aussi, il s’agissait de relever une noblesse pauvre qui voyait « tomber en ruine le château de ses pères », mais il entendait le faire justement par le renvoi aux métiers bourgeois et par l’investissement dans le commerce46. C’est ainsi que, selon lui, on pourrait aider non seulement la noblesse besogneuse, mais aussi le pays tout entier. Si l’on observait l’Angleterre, on s’apercevait que le bien-être de la nation avait beaucoup gagné à ce que la noblesse eût cessé de perdre son temps dans les joutes et les tournois pour mieux embrasser des carrières utiles.
25Johann Heinrich Gottlob von Justi, l’éditeur allemand de Coyer, qui était d’ailleurs lui aussi un semi-noble, se rangea également à cette opinion47. La conviction de l’exemplarité de la constitution nobiliaire anglaise valait pour la quasi-totalité des théoriciens allemands du xviiie siècle, y compris Johann Michael von Loen48.
26En Angleterre, il n’existait ni interdiction de commercer, ni dérogeance, ni aucune définition juridique de la noblesse, au-delà des seuls pairs du royaume, le peerage49. Loen, en invitant les commerçants anoblis à acquérir une propriété terrienne et à se retirer des affaires, se rapprochait des réalités anglaises. La définition informelle de la classe dirigeante anglaise avait pour conséquence que la pratique sociale continuait à déterminer l’appartenance à l’élite sociale, ce qui signifiait presque toujours : possession de terres, exercice de droits seigneuriaux et vie menée à la hauteur de son rang. L’ouverture formelle de l’élite anglaise, tant exaltée par l’histoire whig traditionnelle, lui permit donc de conserver sa cohérence interne, de façon informelle, si l’on en croit l’observation révisionniste de Lawrence Stone50. Si pour la France valait l’adage « nulle terre sans seigneur », en Angleterre il fallait dire « nul seigneur sans terre51 ».
Services, arts, utilité. La « noblesse scientifique »
27Bien que, au sein des noblesses françaises et allemandes le diagnostic de division et d’appauvrissement de l’ordre fût partagé, les conclusions que l’on en tira n’étaient pas celles de Loen, Justi ou Coyer. Au moment même où ce dernier rédigeait son texte, paraissaient en Allemagne des « propositions patriotiques pour trouver des moyens raisonnables et suffisants par lesquels on pourra aider la noblesse allemande tombée en déclin, et en même temps, tous ceux qui se consacrent aux arts et aux sciences52 ». L’auteur anonyme de ce texte, qui se qualifiait de « noble de haute Saxe » et se déclarait « homme, chrétien et citoyen », voulait libérer la noblesse des inconvénients et des préjugés qui étaient, selon lui, liés à sa condition53. Entendant « rendre les gens heureux dans leur ordre », sans leur indiquer le chemin des métiers bourgeois54, il plaidait pour toute une série de recettes traditionnelles : amélioration de l’éducation nobiliaire dans les académies équestres, mise en place d’établissements de formation militaire, renoncement aux dépenses non nécessaires et amélioration de la gestion des biens55. L’auteur voulait laisser à la noblesse un accès privilégié aux charges de la cour et aux grades dans l’armée, non seulement parce que les bourgeois ne se sentaient pas à l’aise dans le monde curial raffiné, mais aussi parce qu’il y avait « quelque chose dans le sang des nobles qui les poussait particulièrement au métier des armes ». Cependant, les bourgeois n’étaient pas absolument exclus de l’armée, mais il fallait plutôt leur accorder des postes administratifs, comme quartiers-maîtres et juges militaires. La noblesse, de son côté, était tenue de laisser aux bourgeois l’exercice du commerce et des arts mécaniques, métiers aussi respectables que lucratifs.
28Le « noble de haute Saxe » considérait en revanche qu’il y avait un autre domaine dans les métiers bourgeois qui devait intéresser la noblesse : les sciences. Noblesse et science avaient en effet beaucoup de choses en commun :
« Tout comme les actes courageux se trouvent à la source des héros […], c’est le désir de s’élever par l’intelligence et l’épanouissement des manières de penser qui est à la source des lettres. C’est là quelque chose d’attrayant que de comprendre beaucoup de choses […] et de partager ainsi avec Dieu le plaisir de la vérité. C’est là quelque chose de grand que, de poser l’un en face de l’autre d’anciens événements et ceux qui sont contemporains, et de pouvoir en tirer des conclusions […]. La noblesse devrait-elle prendre la résolution de s’éloigner de la beauté des sciences, du plus grand repos, de la plus grande nourriture et admiration de l’âme, et de les laisser comme propriété à l’ordre bourgeois ? Puissions-nous éviter cela56 ! »
29Là n’était pas l’opinion dominante. En témoigne ce qu’écrivait Ernst Brandes, un important juriste hanovrien, en 1787 : « L’ordre des lettrés a gardé si peu, présentement, de ses prérogatives ! Seule la noblesse se tient entièrement à ses dispositions originaires, auxquelles les sciences n’appartiennent pas57. » Néanmoins, il s’agissait d’un exemple bien contraire aux caricatures de la Aufklärung : le stupide baron westphalien, Thunder-ten-Tronckh, ou ses camarades Siegfried von Lindenberg, hobereau borné de Poméranie, et Samuel von Schaafskopf, imbécile conseiller d’État palatin, dont le portrait particulièrement féroce a été brossé d’ailleurs par un noble, le baron Adolph Knigge58.
30La noblesse était dans son ensemble bien éloignée de toute « pédanterie », mais elle n’était aucunement opposée aux lettres et à la culture, comme le proclamaient ses critiques. Au cours du xviiie siècle, on assista à la fois à une hausse de l’« académisation » de la noblesse et à un anoblissement des académies et, tout au moins en Allemagne, des universités59. Si l’on pense à la vie et à l’œuvre des frères Humboldt, on voit que le principe de la « noblesse scientifique » pouvait faire ses preuves. L’idéal scientifique des Humboldt était parfaitement aristocratique : insistance sur la formation intellectuelle et la recherche libres de toute contrainte, refus du travail abrutissant, de l’utilitarisme et de l’orthodoxie bornée60. Par conséquent, et non sans raison, le « noble de haute Saxe » recommandait aux érudits de chercher à leur tour d’être plus à l’aise dans la société, d’avoir plus de générosité et moins d’étroitesse d’esprit61. Il concluait par un appel à la noblesse campagnarde qui montre clairement que l’existence oisive des Thunder-ten-Tronkh, Lindenberg et al. n’était absolument plus compatible avec les idéaux de la noblesse, de l’État ou de la morale commune :
« Soyez des membres utiles de l’État, des hommes dignes, des pères remplis d’amour pour leurs enfants, des surveillants attentifs de vos valets et servantes […], veillez avec honneur sur vos sujets […], soyez des serviteurs de la religion, des gens honnêtes. Soyez compréhensifs, gardez un œil sur vos affaires et vos gens, donnez à tous ceux qui le méritent de bons conseils et agissez avec bonté ; des veuves, des orphelins, des nécessiteux doivent se réunir dans vos maisons, et vous y trouver sans arrière-pensée ni égoïsme […]. Les moqueries à propos de la noblesse campagnarde, sur les chevaliers de la saucisse ou les héros du vin, de la bière et de l’eau-de-vie, à propos des bagarreurs, des fantaisistes et des soiffards, vont vite […] appartenir à l’Histoire62. »
31En fin de compte, tout cela n’était pas sans rappeler Loen : il s’agissait d’une position nuancée, voire ambiguë. En principe, un non-noble devait se tenir à l’écart du corps militaire, et il en allait de même pour le noble à l’égard des métiers bourgeois. Pourtant, un noble devait administrer ses biens avec adresse, et c’est avec la même adresse qu’il devait servir l’État. Dans cette prise de position somme toute plutôt vague, une chose restait cependant claire : la noblesse du xviiie siècle avait besoin d’une reconnaissance allant au-delà du clocher de son village ou du domaine voisin. Et pour l’obtenir, il fallait non seulement être, mais agir.
Un « citoyen en cuirasse » ? La noblesse militaire et l’idéal chevaleresque
32Répondant directement aux propositions de l’abbé Coyer sur la noblesse commerçante, le chevalier d’Arcq, petit-fils de Louis XIV, n’était ni vague ni ambiguë : il demandait que le métier des armes soit réservé à la noblesse. Il vantait les prédispositions belliqueuses du second ordre, son amour de l’honneur, son ethos du service, et proclamait qu’il était prêt à payer l’impôt du sang63. Il admettait que l’on pouvait considérer le commerce comme une activité respectable et importante, mais rappelait que la république commerçante de Carthage avait été vaincue par Rome. Il plaidait donc pour que l’armée soit réservée à la noblesse, ordre guerrier au service de la couronne, de l’État et de la nation64 :
« L’État nourrit ses membres, il faut que tous les membres servent l’État. Le citoyen oisif, par conséquent inutile, est criminel envers sa patrie […]. Le Gentilhomme est citoyen avant d’être Noble, et le seul privilège que lui donne la Noblesse, c’est le choix parmi les services importants que l’État peut et doit en attendre65. »
33C’est pourquoi le modèle nobiliaire restait, selon l’auteur, celui du chevalier Bayard66.
34Ni le chevalier d’Arcq, ni le « noble de haute Saxe », n’auraient souscrit à l’argument de Justi selon lequel l’abandon des joutes et des tournois avait maintenu la noblesse anglaise à la tête de la société67. Selon eux, c’est bien le déclin de la culture chevaleresque, qui avait transformé la noblesse en une classe « molle et efféminée », pour reprendre les termes d’un officier prussien de souche française et lui aussi théoricien de la noblesse, Adrien Verdy du Vernois68. Ce verdict s’adressait non seulement à la noblesse française ou prussienne, mais à la noblesse européenne en général. Il ne se distinguait pas par son originalité : d’innombrables auteurs étaient déjà arrivés aux mêmes conclusions, notamment Jean-Baptiste de La Curne de Sainte Palaye, dont les Mémoires sur l’ancienne chevalerie parurent en 1759, eurent un impact important en France comme en Allemagne69.
35Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, on continua de considérer la chevalerie et les tournois comme l’école de la vraie noblesse. Si l’on parvenait à leur redonner vie, alors la noblesse connaîtrait un redressement. En 1788, Louis-Hyacinthe-Nicolas Chérin, généalogiste du roi, déclarait encore avec ferveur que l’« institution si utile et si célèbre » de la chevalerie avait des effets bénéfiques sur les mœurs, la morale, la beauté et la force de combat70. À partir de 1800, cette posture irrigua l’esprit romantique en Allemagne et en Angleterre. En 1839, Archibald Montgomerie, 13e comte d’Eglinton, organisa même un tournoi au pied de son château écossais71. L’événement était destiné à ressusciter la valeur et la grandeur de l’ancienne chevalerie. Coyer et Justi en auraient été fortement surpris.
36C’est surtout dans les ordres de chevalerie et non dans les tournois, jugés trop coûteux, que la noblesse cherchait à regagner un passé qui risquait de s’évanouir. Plusieurs ordres furent établis en Allemagne, de même que la Société des Cincinnati, fondée par des officiers américains et français72. Ces derniers, qualifiés de nouveaux « chevaliers errants » par les contemporains73, créèrent en 1783 l’ordre héréditaire de Cincinnatus, approuvé l’année suivante par Louis XVI. Il y avait une grande part de tradition rhétorique dans les plaintes sur la décadence de la chevalerie. Au xve siècle déjà, on entendait s’élever le même genre de voix74. Mais ce discours apparaissait bien archaïque quand Joseph von Eichendorff, dans La noblesse avant la Révolution, déclarait que la soi-disant chevalerie de la fin du xviiie siècle n’était rien d’autre qu’une caricature de la véritable chevalerie :
« Le costume […] donne déjà un signalement caractéristique de ce nouveau chevalier. L’armure s’est peu à peu réduite en un harnois, le harnois en une simple cuirasse, et celle-ci finalement en un minuscule petit bouclier, large comme la main, que le chevalier portait, pour ainsi dire en souvenir de l’armure disparue, juste en dessous du cou, comme on le fait en ce moment par exemple avec l’ordre de seconde classe75. »
37Eichendorff s’en prenait à une actualisation dysfonctionnelle, et de son point de vue ridicule, de l’ancienne chevalerie. Comme beaucoup de Romantiques, il réprouvait la copie pour mieux vénérer l’original. En fait, jusqu’à la fin du xixe siècle, on continua à travers toute l’Europe à louer la chevalerie médiévale comme un idéal. Le chevalier devint alors un vestige glorieux d’une époque révolue, tel que le montre le Goetz de Goethe. Il quitta le quotidien pour entrer dans l’histoire76.
38Cet engouement pour la chevalerie, tout comme les plaintes sur son déclin, fait apparaître d’une façon très claire comment la noblesse s’identifiait à l’histoire. Une identification qui en entraîna d’autres : d’une part, à la couronne et à la dynastie régnante, d’autre part, à l’État et à la nation. Car la noblesse, pour reprendre les termes d’Eichendorff, était « entièrement historique, ses arbres généalogiques prenant leurs racines justement dans le sol de leur patrie respective77 ». L’enthousiasme pour l’archéologie, qui ne fut pas propre à la noblesse française, montre d’ailleurs que l’intérêt pour le « sol [historique] de la patrie » devait être pris au pied de la lettre, et qu’il ne se limitait pas aux questions de droits seigneuriaux ou de propriété. Cela explique aussi que la révérence pour la dynastie royale était tenue pour une valeur certes importante, mais finalement relative78.
Des valeurs en mutation : ancêtres, couronne et nation
39Depuis le xviie siècle, la noblesse insistait de plus en plus sur son arbre généalogique et sur sa lignée. L’ancienneté n’était ni plus ni moins qu’un moyen de distinction face aux homines novi79. Cependant, elle continuait à miser si ce n’est sur la valeur, tout du moins sur le mérite. Jay M. Smith attribue à la noblesse militaire française une culture du mérite bien spécifique qui, tout en préservant l’ancien idéal du service personnel, se transforma petit à petit en un nouveau rapport, plus abstrait, de service et de loyauté à l’égard de l’État et de la nation.
40Si le sentiment national faisait désormais pleinement partie de l’essence nobiliaire française, la fidélité à la couronne, elle, reculait. En ce sens, on fêtait la « vieille constitution » pré-absolutiste et l’ancienne « liberté franque » d’une noblesse qui ne devait pas sa position au monarque, et on faisait en même temps du « chevalier » un « citoyen ». C’est particulièrement frappant chez le comte Louis-Gabriel du Buat-Nançay, diplomate spécialiste de l’Allemagne, ambassadeur à la diète de Ratisbonne, et l’un des fondateurs de l’Académie des sciences de Munich. Ses écrits se trouvent à mi-chemin entre libéralisme et réaction, nostalgie féodale et espoir de progrès80.
41William Godsey a montré au sujet du Saint-Empire, et surtout de sa noblesse chapitrable que, là aussi, historicisation et nationalisation de la noblesse allaient de pair81. Ses travaux permettent de comprendre comment est apparu, au cours de la seconde moitié du xviiie siècle, le concept d’ancienne noblesse (Uradel) qui reposait sur l’ancienneté en ligne directe masculine, plutôt que sur les seize ancêtres nobles de la génération des arrière-grands-parents. La maison nobiliaire devenait ainsi intrinsèquement reliée à l’histoire allemande82. On composa désormais des histoires familiales répondant à des critères « scientifiques ». L’exemple le plus précoce et le plus connu est celui des Münchhausen, dont l’histoire fut réalisée par Gottlieb Samuel Treuer en 174083.
42En Allemagne, la noblesse parvint donc à surmonter le basculement qui eut lieu entre 1750 à 1850, d’une nation d’Empire (Reichsnation) hiérarchique, reposant sur des institutions et des constitutions impériales ou territoriales, à une nation culturelle de la modernité bourgeoise84. En 1800 encore, il n’était pas totalement certain qu’un tel basculement réussirait, car une séparation entre noblesse et nation n’était alors pas complètement exclue. En témoignent les craintes exprimées par le ministre hanovrien August Wilhelm Rehberg dans son essai Sur la noblesse allemande (1803), qui déclare que l’endogamie nobiliaire porte préjudice au patrimoine héréditaire, nourrit l’orgueil et sépare la noblesse de la nation85.
43Bien sûr, la noblesse allemande ne se « nationalisa » pas seulement à partir de 1789. Le mouvement avait commencé bien auparavant. Au xviiie siècle déjà, certaines représentations étaient de moins en moins partagées, comme celle qui voulait que la noblesse fût la seule véritable « nation politique ». Mais cette idée avait de toute façon été plus largement diffusée au-delà des frontières de l’Empire, en Pologne ou en Hongrie, en Espagne ou, bien entendu, en France86. C’était notamment le cas lorsque la noblesse en question se considérait comme une « nation » distincte du point de vue de son sang. D’un autre côté, cependant, l’horizon des nobles s’élargit et leur besoin de reconnaissance s’étendit au-delà de l’échelle locale ou régionale. Ainsi, dans les années 1750, la chevalerie d’Osnabrück, qui se trouvait aux marges de l’Empire, dut défendre avec énergie et assiduité ses intérêts à la cour de Vienne, théâtre visible depuis toute l’Allemagne87. Du reste, la noblesse médiate, tout comme la noblesse immédiate, savait fort bien, déjà à l’époque des guerres de Louis XIV, ce qui était réputé teutsch et ce qui ne l’était pas88.
Formes et réformes de la noblesse au xviiie siècle
44« Noblesse » au xviiie siècle est un singulier collectif, désignant un ensemble de groupes sociaux divers et en partie antagonistes. Cela est particulièrement manifeste lorsqu’on compare le paysage nobiliaire du Saint-Empire, régional, corporatif et divisé constitutionnellement, à celui de la France, plus centralisé et plus ouvert, mais aussi dispersé et dysfonctionnel.
45La noblesse n’a pas connu de hausse quantitative au cours du xviiie siècle, malgré les achats d’offices et les anoblissements, mais en son sein les disparités se sont accrues. Si l’absence d’augmentation numérique s’explique simplement par des stratégies familiales visant à conserver les biens de la maison et éviter les partages, l’accroissement des disparités a pour cause le renforcement de la définition juridique de l’ordre nobiliaire. On acceptait l’existence de nobles appauvris, en marge de l’ordre, employés éventuellement dans des administrations très subalternes. Le concept de semi-noblesse permet de catégoriser de façon appropriée cette situation périphérique. La noblesse comme ordre historique, détenteur de droits seigneuriaux autonomes, fut largement vidée de sa substance et apparut obsolète89.
46Qu’elles prônent de manière progressiste le modèle social anglais et une gentrification de la noblesse commerçante, ou qu’elles idéalisent de manière conservatrice une noblesse militaire chevaleresque qu’il faudrait rétablir, les propositions de réforme de la noblesse possèdent toutes un aspect commun : elles entendent que la noblesse puisse conserver une fonction. L’ouverture même de la noblesse à la bourgeoisie avait pour but de préserver au-dessus d’un ordre intermédiaire, semi-noble, un noyau aristocratique apte au gouvernement et aux armes, activités exercées au service de l’État et de la nation. Seuls les services et les mérites justifiaient le rang et la préséance, postulat qui outre-Rhin valait d’ailleurs aussi pour le premier serviteur de l’État.
47Aux yeux de la cour, la vraie noblesse n’était que ce qu’elle acceptait en son sein. Aux yeux du peuple et de la noblesse campagnarde, la conclusion inverse s’imposait : à la cour, on ne trouvait plus de véritable noblesse, mais seulement une noblesse fausse et débauchée, éventuellement « étrangère au pays » comme cela fut souvent le cas dans les principautés du Saint-Empire.
48La noblesse dut également affronter un processus de bureaucratisation qui fragilisait l’idée d’une communauté entre le monarque et des gentilshommes servant sur la base d’un lien personnel. L’absence d’équilibre économique entre noblesse pauvre et aristocratie de cour fut très certainement déterminante. Toutefois, l’absence d’un idéal ou d’un modèle nobiliaire commun ne fut pas moins décisive. Car comme le disait Friedrich de La Motte Fouqué, un autre des grands « Romantiques » allemands (de souche française, en l’occurrence), la noblesse n’avait pas seulement besoin de terres, elle avait surtout besoin d’une « idée90 ». Au début du xviie siècle encore, l’individualité héroïque et l’autonomie seigneuriale faisaient office de modèles pour l’existence nobiliaire. Depuis la fin du xviie siècle existait le modèle du courtisan aristocratique, mais celui-ci ne s’imposa pas longtemps, car contrairement au chevalier, l’aristocrate-courtisan n’était pas seulement un produit de l’imagination sociale mais une réalité qui, le plus souvent, restait hors de portée. L’inaccessibilité même de cet idéal nuira finalement à son attractivité et le rendit inapproprié91.
49Les équilibres à l’intérieur de l’ordre, ou entre la couronne et la noblesse, s’étaient déplacés. Le cadre social tout entier s’était modifié. À la fin de l’Ancien Régime, non seulement la noblesse comme ordre ou comme élite était critiquée, mais des alternatives avaient émergé92. Le nouveau modèle social était désormais celui du citoyen. On demandait au noble d’être citoyen, mais on n’attendait plus, pour autant, du citoyen d’être noble93.
50Avant la Révolution, les différentes noblesses ne jouaient plus un rôle de soutien de la monarchie car elles défendaient leurs intérêts particuliers, s’opposant les unes aux autres et s’opposant toutes ensemble à la couronne. Comme le remarquait un observateur averti, Mirabeau, en 1789, les privilégiés ne s’accordaient plus que sur une seule chose : « Diminuer les privilèges du Roi, mais à la charge de se doter de tout ce qu’ils lui enlèveront94. » Et en cela, la suppression de la vénalité des offices et des privilèges, ainsi que la mise en place du principe de mérite, notamment dans l’armée, ne représentaient pas du tout une défaite de la noblesse, mais plutôt une victoire longtemps espérée de la vieille noblesse terrienne sur les parvenus et leurs alliés de la cour95.
51La Révolution transforma la noblesse en une notabilité qui ne reposait plus sur la cour, mais sur les racines et les propriétés terriennes, d’une part, et sur le mérite et l’engagement au service de l’État et de la nation, d’autre part96. La noblesse effectua donc une mue : d’ordre seigneurial, elle devint une élite fonctionnelle, ancrée dans le service militaire et l’administration. Simultanément, elle prit le caractère d’une communauté de mémoire (Erinnerungsgemeinschaft) spécifique, préservant ainsi non seulement sa position sociale mais aussi le je-ne-sais-quoi de l’essence nobiliaire, constatation qui ne s’applique pas seulement à la France, mais aussi à l’Allemagne97.
52La crise de confiance entre noblesse et couronne ne connut pas d’équivalent immédiat en Allemagne. Mais un siècle plus tard, une partie des Junkers prussiens annoncèrent à leur empereur et roi la fin de leur loyauté. Ils choisirent alors la voie d’un radicalisme politique plutôt borné, essentiellement tourné vers leurs seuls intérêts économiques98. Ce fut là une conséquence rationnelle de la dissolution lente mais sensible de la société d’ordres et des loyautés verticales qui la faisaient tenir. Pourtant, les comtes du Buat ou de Mirabeau auraient sans doute pu avertir leurs homologues wilhelmiens des dangers d’un tel tournant.
Notes de bas de page
1 Sur la noblesse de Westphalie, voir H. Reif, Westphälischer Adel 1770-1860, Göttingen, 1979 ; M. Weidner, Landadel in Münster 1600-1760, Münster, Aschendorf, 2000 ; Zwischen Revolution und Reform. Der westphälische Adel um 1800, Münster, 2005. Sur la représentation voltairienne de l’Allemagne, voir P. Brockmeier, R. Desné et J. Voss (dir.), Voltaire und Deutschland. Internationales Kolloquium zum 200. Todestag, Stuttgart, Metzler, 1979.
2 Sur la perméabilité sociale entre les deuxième et troisième ordres à la fin du Moyen Âge, voir K. Andermann et P. Johanek (dir.), Zwischen Adel und Nichtadel, Stuttgart, Thorbecke, 2001.
3 L. de Jaucourt, art. « Noblesse », in Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, Neuchâtel, 1765, t. XI, p. 166-181. De façon significative, l’ouvrage de référence en matière d’histoire de la noblesse, porte un titre au pluriel : M. Figeac, Les noblesses en France du xvie au xixe siècle, Paris, A. Colin, 2013.
4 J. M. von Loen, Der Adel, Ulm, 1752, p. 62-63 (toutes les traductions sont de l’auteur, M. W.).
5 A. Elschenbroich, art. « Loën, Johann Michael von », in Neue Deutsche Biographie, vol. 15, Berlin, 1987, p. 47-48 ; C. Büchel, « Der Offizier im Gesellschaftsbild der Frühaufklärung. Die Soldatenschriften des Johann Michael von Loen », in D. Hohrath et K. Gerteis (dir.), Die Kriegskunst im Lichte der Vernunft. Militär und Aufklärung im 18. Jahrhundert, 2 vol. (Aufklärung 11/2 et 12/1), Hambourg, Meiner, 1999-2000, t. I, p. 5-23. À propos de la qualité nobiliaire in corpore qui était revendiquée par une partie du patriciat de Francfort (dans laquelle on ne comptait pas Loen), et qui fut reconnue par l’empereur Charles VII en 1743, voir H. Voelcker, « Berufliche und soziale Gliederung der Einwohner », in Id. (dir.), Die Stadt Goethes. Frankfurt am Main im 18. Jahrhundert, Francfort, Hauserpresse, 1932, p. 83-103 (p. 97-101) ; A. Hansert, Geburtsaristokratie in Frankfurt am Main. Geschichte des reichsstädtischen Patriziats, Cologne, Böhlau, 2014.
6 M. Sikora, « Über den Umgang mit Ungleichheit. Bewältigungsstrategien für Mesalliancen im deutschen Hochadel der Frühen Neuzeit. Das Haus Anhalt als Beispiel », in M. Wrede et H. Carl (dir.), Zwischen Schande und Ehre. Erinnerungsbrüche und die Kontinuität des Hauses. Legitimationsmuster und Standeskultur des europäischen Adels in der Frühen Neuzeit, Mayence, von Zabern, 2007, p. 97-124.
7 C. Duhamelle, L’héritage collectif. La noblesse d’Église rhénane, 17e-18e siècles, Paris, EHESS, 1998 ; Id., « Les noblesses du Saint-Empire du milieu du xvie au milieu du xviie siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. XLVI, 1999, p. 146-170.
8 Art. « Adel », in Deutsche Encyklopaedie oder Allgemeines Real-Wörterbuch aller Künste und Wissenschaften, vol. 1, Francfort-sur-le-Main, 1778, p. 217-221 (p. 217). Sur la Deutsche Enzyklopädie, voir W. Goetschl et al., « The Deutsche Enzyklopädie », in F. A. Kafker (dir.), Notable Encyclopedias of the Late Eighteenth Century : Eleven Successors of the Encyclopédie, Oxford, Voltaire Foundation, 1994, p. 257-333.
9 Pour la France, voir la contribution d’É. Haddad à ce volume. Sur les noblesses de fonction danoise et russe, voir K. J. V. Jaspersen, « The Rise and Fall of the Danish Nobility 1600-1800 », in H. M. Scott (dir.), The European Nobilities in the Seventeenth and Eighteenth Centuries, Londres, Palgrave, 1995, 2 vol., t. II, p. 41-70 ; I. de Madariaga, « The Russian Nobility in the Seventeenth and Eighteenth Century », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. II, p. 223-273 ; A. Bérélowitch, La hiérarchie des égaux. La noblesse russe d’Ancien Régime (xvie-xviie siècles), Paris, Le Seuil, 2001.
10 J. Lampe, Aristokratie, Hochadel und Staatspatriziat in Kurhannover. Die Lebenskreise der höheren Beamten an den kurhannoverschen Zentral- und Hofbehörden 1714-1760, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1963, 2 vol. ; W. Gebhardt, Bürgertum in Stuttgart. Beiträge zur « Ehrbarkeit » und zur Familie Autenrieth, Neustadt s/Aisch, Degener, 1999 ; E. Schubert, « Adel im ausgehenden 18. Jahrhundert. Nordwestdeutsche Edelleute und süddeutsche Reichsritter im landesgeschichtlichen Vergleich », in J. Canning et H. Wellenreuther (dir.), Britain and Germany Compared : Nationality, Society and Nobility in the Eighteenth Century, Göttingen, Wallstein, 2001, p. 141-229.
11 J. Lampe, Aristokratie, Hochadel und Staatspatriziat in Kurhannover, op. cit., p. 282 ; C. Lebeau, Aristocrates et grands commis à la cour de Vienne. Le modèle français, Paris, CNRS, 1996, p. 38 ; G. W. Pedlow, The Survival of the Hessian Nobility 1770-1870, Princeton (N. J.), Princeton UP, 1998, p. 18-21 ; A. Flügel, Bürgerliche Rittergüter. Sozialer Wandel und politische Reform in Kursachsen, 1680-1844, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2000, p. 71-83 ; E. Conze et al. (dir.), Adel in Hessen. Herrschaft, Selbstverständnis, Lebensführung vom 15. bis ins 20. Jahrhundert, Marbourg, Elwert, 2010.
12 C. Duhamelle, « Les noblesses du Saint-Empire », art. cit., p. 169. À propos des différentes formes de noblesse dans le Saint-Empire, voir E. Schubert, « Adel im ausgehenden 18. Jahrhundert », art. cit. ; M. Sikora, Der Adel in der Frühen Neuzeit, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2009 ; R. Endres (dir.), Adel in der Frühneuzeit. Ein regionaler Vergleich, Cologne, Böhlau, 1991.
13 A. F. Upton, « The Swedish Nobility, 1600-1772 », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. II, p. 11-40.
14 D. Bohanan (Crown and Nobility in Early modern France, New York, Palgrave, 2001) remet en question les concepts de robe et d’épée. Le concept de bourgeoisie est également questionné par S. Maza, The Myth of the French Bourgeoisie : An Essay of the Social Imaginary 1750-1850, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2003.
15 D. Dessert et J.-L. Journet, « Le lobby Colbert. Un royaume ou une affaire de famille ? », Annales ESC, t. XXX, 1975, p. 1303-1336 ; G. Poisson, Monsieur de Saint-Simon, 4e éd., Paris, flammarion, 2000, p. 90. Sur les mariages entre robe et épée, voir J.-P. Labatut, Les ducs et pairs de France au xviie siècle, Paris, PUF, 1972, p. 186-191.
16 F. L. Ford, Robe and Sword : The Regrouping of the French Aristocracy after Louis XIV, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1953, p. 250 ; G. Rowlands, « The Ethos of the Blood and changing Values ? Robe, Épée and the French Armies, 1661 to 1715 », Seventeenth-Century French Studies, vol. 19, 1997, p. 95-108.
17 J. M. Smith, The Culture of Merit : Nobility, Royal Service, and the Making of Absolute Monarchy in France, 1600-1789, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1996 ; Id., Nobility Reimagined : The Patriotic Nation in Eighteenth-Century France, Ithaca, Cornell University Press, 2005.
18 M. Marraud, La noblesse de Paris au xviiie siècle, Paris, Le Seuil, 2000, p. 381-399 ; R. Blaufarb, The French Army 1750-1820 : Careers, Talent, Merit, Manchester, Manchester University Press, 2002, p. 42.
19 Y. Durand (Les fermiers généraux au xviiie siècle, Paris, Maisonneuve et Larose, 1996, p. 80) lui attribue une place de favori. Voir B. Hours, Louis XV et sa Cour. Le roi, l’étiquette et le courtisan. Essai historique, Paris, PUF, 2002.
20 Louis XIV, Mémoires pour l’instruction du Dauphin, éd. P. Goubert, Paris, Imprimerie nationale, 1992, p. 134.
21 P. Burke, Louis XIV. Les stratégies de la gloire, trad. fr., Paris, Le Seuil, 1995.
22 L. Horowski, Die Belagerung des Thrones. Machtstrukturen und Karrieremechanismen am Hof von Frankreich, 1661-1789, Ostfildern, Thorbecke, 2012, p. 302-349.
23 D. Bien, « Aristocratie », in F. Furet et M. Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, flammarion, 1988, p. 639-652. Sur les mutations de l’anoblissement, voir J.-M. Constant, « Les structures sociales et mentales de l’anoblissement », in L’anoblissement en France, xve-xviiie siècles. Théories et réalités, travaux du Centre de recherches sur les origines de l’Europe moderne, université de Bordeaux III, 1985, p. 37-67.
24 J.-M. Constant, « L’enquête de noblesse de 1667 et les seigneurs de Beauce », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. XXI, 1974, p. 548-566 ; Id., « Absolutisme et modernité », in G. Chaussinand-Nogaret (dir.), Histoire des élites en France, Paris, Tallandier, 1991, p. 145-216.
25 Cité d’après W. Hofmann, flegels haben wir genung im Lande. Friedrich der Große in Zeugnissen, Berichten und Anekdoten, Francfort-sur-le-Main, Ullstein, 1986, p. 284.
26 Boulainvilliers, Dissertation sur la Noblesse française servant de préface aux Mémoires de la maison de Croi et de Boulainvilliers (v. 1700), BnF, Ms fr 8195, fol. 118, p. 172-181 ; Id., Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye-Amsterdam, 1727, 3 vol., p. 321-328. Voir H. A. Ellis, Boulainvilliers and the French Monarchy : Aristocratic Politics in Early Eighteenth-Century France, Ithaca, Cornell University Press, 1988.
27 J. Voss, « Der Herzog von Saint-Simon und Deutschland », in Id., Deutsch-Französische Beziehungen im Spannungsfeld von Absolutismus, Aufklärung und Revolution. Ausgewählte Beiträge, Bonn-Berlin, Bouvier, 1992, p. 19-35 ; M. Wrede, « Das Reich und seine Geschichte in den Werken französischer Staatsrechtler und Historiker des 18. Jahrhunderts », Francia, vol. 27, n° 2, 2000, p. 177-211 ; G. Braun, La connaissance du Saint-Empire en France du Baroque aux Lumières, Munich, Oldenbourg, 2010.
28 Abbé G. F. Coyer, La noblesse commerçante, Londres (Paris), 1756, p. 12.
29 J. H. G. von Justi, « Abhandlung von dem Wesen des Adels und deßen Verhältnis gegen die Commercien », in Id., Der handelnde Adel Dem der kriegerische Adel entgegengesetzet wird. Zwey Abhandlungen […]. Aus dem Frantzösischen übersetzet […], Göttingen 1756, p. 241-288 (surtout p. 248-251) ; A. W. Rehberg, Ueber den deutschen Adel, Göttingen, 1803, p. 123-124 et 193-194. Voir J. Adams, « The Familial State. Elite Family Practices and State-Making in the Early-Modern Netherlands », Theory and Society, vol. 23, 1994, p. 505-539.
30 M. L. Bush, Rich Noble. Poor Noble, Manchester, Manchester University Press, 1988 ; M. Nassiet, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, xve-xviiie siècles, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1993, p. 362-370 ; R. Baury, « Sentiment et reconnaissances identitaires de la noblesse pauvre en France à l’époque moderne (xvie-xviiie siècles) », in L’identité nobiliaire. Dix siècles de métamorphoses, Le Mans, Publications du Laboratoire d’histoire anthropologique, 1997, p. 78-99.
31 R. G. Asch, « Der Adel als Herrschaftsstand zwischen Dreißigjährigem Krieg und Französischer Revolution », in H. Düselder (dir.), Adel auf dem Lande. Begleitband zur Ausstellung im Niedersächsischen Freilichtmuseum, Cloppenburg, Museumsdorf, 2004, p. 277-301.
32 Cité d’après G. H. Pertz, Das Leben des Ministers Freiherrn vom Stein, Berlin, 1851, t. II, p. 500. Voir Freiherr vom Stein, Briefe und amtliche Schriften, éd. W. Hubatsch, vol. 2/2, Stuttgart, Kohlhammer, 1960, p. 853.
33 C. O. Mylius, Novus Corpus Constitutionem Prussico-Brandenburgensicum, éd. par l’Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1753, cité d’après F. Martiny, Die Adelsfrage in Preußen vor 1806 als politisches und soziales Problem. Erläutert am Beispiele des kurmärkischen Adels, thèse, université Halle-Wittenberg, 1938, p. 82-83.
34 Cité d’après J. Meyer, La noblesse française à l’époque moderne, Paris, PUF, 1996, p. 97.
35 P. de Vaissière, Gentilshommes campagnards de l’ancienne France, Etrépilly, Bartillat, 1986 [1903].
36 R. Schiller, « Edelleute müssen Güter haben, Bürger müssen die Elle gebrauchen ». Friederizianische Adelsschutzpolitik und die Folgen », in W. Neugebauer et R. Pröve (dir.), Agrarische Verfassung und politische Struktur. Studien zur Gesellschaftsgeschichte Preußens 1700-1918. Hartmut Harnisch zum 65. Geburtstag, Berlin, Berlin-Verlag, 1998, p. 257-286 ; F. Martiny, Die Adelsfrage in Preußen vor 1806, op. cit., p. 34-35.
37 W. Neugebauer, « Der Adel in Preußen im 18. Jahrhundert », in R. G. Asch, Der europäische Adel im Ancien Régime. Von der Krise der ständischen Monarchien bis zur Revolution (1600-1789), Cologne, Böhlau, 2001., p. 49-76. Voir à ce sujet le travail complet de F. Göse, Rittergut – Garnison – Residenz. Studien zur Sozialstruktur und politischen Wirksamkeit des brandenburgischen Adels 1648-1763, Berlin, Berliner Wissenschafts-Verlag, 2005.
38 Service historique de la Défense, Vincennes, Ya 228 (édit de création d’une noblesse militaire, 9 novembre 1750) ; J.-F. Marmontel, Épître au roi sur l’édit pour la noblesse militaire, Paris, 1750. Voir L. Bourquin, « La création de la noblesse militaire (1750) : les enjeux d’une réforme en trompe-l’œil », in Les passions d’un historien. Mélanges en l’honneur de Jean-Pierre Poussou, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2010, p. 1213-1225.
39 D. C. O’Brien, « Traditional Virtues, Feudal Ties and Royal Guards. The Culture of Service in the Eighteenth-Century Maison Militaire du Roi », French Historical Studies, vol. 26, 2003, p. 19-49. Voir aussi D. Bien, « La réaction aristocratique avant 1789. L’exemple de l’armée », Annales ESC, t. XXIX, n° 1, 1974, p. 23-48 et t. XXIX, n° 2, 1974, p. 505-534 ; Id., « The Army in the French Enlightenment. Reform, Reaction and Revolution », Past and Present, vol. 38, 1979, p. 68-98.
40 M. Nassiet, Noblesse et pauvreté, op. cit., p. 366. Sur l’« armée des hobereaux », sa pratique du commerce des postes d’officiers, même subalternes, et les rapports entre revenus, dépenses et avancement, voir F. Bluche, La noblesse française au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1995, p. 123-131.
41 G. Richard, La noblesse d’affaires au xviiie siècle, Paris, A. Colin, 1997 [1974] ; B. Stollberg-Rilinger, « Handelsgeist und Adelsethos. Zur Diskussion um das Handelsverbot für den deutschen Adel vom 16. bis zum 18. Jahrhundert », Zeitschrift für historische Forschung, vol. 15, 1988, p. 273-315 ; J. Dewald, « The Ruling Class in the Market Place. Nobles and Money in Early Modern France », in T. L. Haskell et R. F. Teichgräber (dir.), The Culture of the Market : Historical Essays, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 43-65.
42 E. G. Ledos, « Philippe Auguste de Sainte Foy, Chevalier d’Arcq », in Dictionnaire de biographie française, Paris, 1939, t. III, p. 418-422 ; L. Adams, Coyer and the Enlightenment, Banbury, Voltaire Foundation, 1974.
43 J. M. von Loen, Der Kaufmanns-Adel, Francfort-sur-le-Main, 1745. Le texte est inséré in Id., Der Adel, op. cit., p. 77-162. Les citations proviennent de cette édition.
44 A. Linke, « Das Unbeschreibliche. Zur Sozialsemiotik adeligen Körperverhaltens im 18. und 19. Jahrhundert », in E. Conze et M. Wienfort (dir.), Adel und Moderne. Deutschland im europäischen Vergleich im 18. und 19. Jahrhundert, Cologne, Böhlau, 2004, p. 247-268.
45 Loen, Der Adel, op. cit., p. 158-159.
46 Coyer, La noblesse commerçante, op. cit., p. 10.
47 E. Dittrich, « Justi, Johann Heinrich Gottlob », in Neue Deutsche Biographie, Berlin, 1974, vol. 10, p. 707-708 ; H. Dreitzel, « Justis Beitrag zur Politisierung der deutschen Aufklärung », in H.-E. Bödeker et U. Herrmann (dir.), Aufklärung als Politisierung. Politisierung als Aufklärung, Hambourg, Meiner, 1987, p. 158-177.
48 Justi, op. cit., avant-propos et p. 241-288 (p. 283). Voir aussi J. Möser, « Warum bildet sich der deutsche Adel nicht nach dem Englischen ? » (1780), in Id., Patriotische Phantasien, t. IV (= Sämtliche Werke, t. VII), éd. L. Schirmeyer, Oldenburg-Berlin, Stalling, 1954, p. 203-213 ; A. W. Rehberg, Ueber den deutschen Adel, Göttingen, 1803, p. 193 sq. Rehberg était un ami de jeunesse du baron Stein et leurs vues sur les noblesses allemandes et anglaises coïncidaient largement (G. H. Pertz, Das Leben des Ministers Freiherrn vom Stein Pertz, op. cit., t. II, p. 157). Cf. Robert von Friedeburg, « Das Modell England in der Adelsreformdiskussion zwischen Spätaufklärung und Kaiserreich », in H. Reif (dir.), Adel und Bürgertum in Deutschland, Berlin, Akademie-Verlag, 2000-2001, 2 vol., t. I, p. 29-50.
49 Pour une vision d’ensemble de la noblesse anglaise, voir J. Cannon, « The British Nobility », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. I, p. 53-81. Sur la gentry, voir F. Heal et C. Holmes, The Gentry in England and Wales, 1500-1700, Basingstoke, Macmillan, 1994. Pour le xviiie siècle, voir J. M. Rosenheim, The Emergence of a Ruling Order : English Landed Society 1650-1750, Londres, Longman, 1998.
50 L. Stone et J. C. Fawtier Stone, An open Elite ? England 1540-1880, Oxford, Clarendon Press, 1986.
51 M. W. McCahill, « Open Elites. Recruitment to the French Noblesse and the English Aristocracy in the Eighteenth Century », Albion, vol. 30, 1998, p. 599-629 ; J. Neumann, « Der Adel im 19. Jahrhundert in Deutschland und England im Vergleich », Geschichte und Gesellschaft, vol. 30, 2004, p. 155-182.
52 Patriotische Vorschläge zu vernunftmäßigen und hinreichenden Mitteln wodurch dem in Verfall gerathenen Deutschen Adel und zugleich allen denjenigen, welche sich den Künsten und Wissenschaften widmen aufgeholfen werden kann. Aus zärtlicher Liebe zu der menschlichen Gesellschaft mitgetheilt von einem gebohrnen von Adel aus Ober-Sachsen, Berlin, 1760 (1755).
53 Ibid., avant-propos, fol. 4 r°.
54 Ibid., p. 189.
55 Ibid., p. 55-56, 81-91 et 168.
56 Ibid., p. 214-216.
57 E. Brandes, « Ist es den deutschen Staaten vortheilhaft, daß der Adel die ersten Staatsbedienungen besitzt ? », Berlinische Monatsschrift, 1787 (11. Stück, November), p. 395-439 (p. 417-418).
58 A. Freiherr Knigge, Des seligen Herrn Etatsraths Samuel Conrad von Schaafskopf hinterlassenen Papiere ; von seinen Erben herausgegeben, Francfort, Insel, 1965 [1792]. Knigge comptait parmi les « nobles ratés », radicalisés, de la période révolutionnaire. Voir A. Bethmann et G. Dongowski, Adolph Freiherr Knigge an der Schwelle zur Moderne, Hanovre, Hahn, 1994. Sur le rapport entre noblesse et culture dans le Saint-Empire, voir K. Murk, « Kulturelles Leben auf Adelsschlössern und Rittersitzen », in K. Andermann et S. Lorenz (dir.), Zwischen Stagnation und Innovation. Landsässiger Adel und Reichsritterschaft im 17. und 18. Jahrhundert, Ostfildern, Thorbecke, 2005, p. 135-152. Pour la dimension européenne, voir G. Walther, « Adel und Antike. Zur politischen Bedeutung gelehrter Kultur für die Führungselite der frühen Neuzeit », Historische Zeitschrift, vol. 266, 1998, p. 359-385.
59 J. Lukowski, The European Nobility in the Eighteenth Century, Basingstoke, 2003, p. 57-71 (p. 66-67). Sur la noblesse dans les académies, voir W. Pross, « Adel und experimentelle Naturwissenschaft. Die Rolle der Akademien im 18. Jahrhundert », in R. C. Schwinges (dir.), Artisten und Philosophen. Wissenschafts- und Wirkungsgeschichte einer Fakultät vom 13. bis zum 19. Jahrhundert, Bâle, Schwabe, 1999, p. 255-296 ; R. Vom Bruch, « Differenzierung und Professionalisierung. Von der Propädeutik zum Motor der modernen Forschungsuniversität », in ibid., p. 391-401.
60 E. Spranger, Wilhelm von Humboldt und die Reform des Bildungswesens, Tübingen, Niemeyer, 1960 ; E. Kessel, Wilhelm von Humboldt. Idee und Wirklichkeit, Stuttgart, Koehler, 1967.
61 Patriotische Vorschläge, op. cit., p. 119.
62 Ibid., p. 245. Voir D. Lohmeier, « Der Edelmann als Bürger. Über die Verbürgerlichung der Adelskultur im dänischen Gesamtstaat », in D. Lohmeier et C. Degn (dir.), Staatsdienst und Menschlichkeit. Studien zur Adelskultur des späten 18. Jahrhunderts in Schleswig-Holstein und Dänemark, Neumünster, Wachholtz, 1980, p. 127-149.
63 H. Drévillon, L’impôt du sang. Le métier des armes sous Louis XIV, Paris, Tallandier, 2005.
64 P. A. de Sainte-Foy, chevalier d’Arcq, La noblesse militaire opposée à la noblesse commerçante, s. l., 1756, p. iv sq., p. 5-6 et 202-205. L’« utilité publique » apparaît comme maxime fondamentale de l’éducation nobiliaire chez C. F. chevalier de Brucourt, Essai sur l’éducation de la noblesse, Paris, 1747, Préface. Voir R. Blaufarb, The French Army, op. cit., p. 16-37 ; C. Opitz-Belakhal, Militärreformen zwischen Bürokratisierung und Adelsreaktion. Das französische Kriegsministerium und seine Reformen im Offizierskorps von 1760-1790, Sigmaringen, Thorbecke, 1994, p. 158 sq.
65 D’Arcq, Noblesse militaire, op. cit., p. 188 sq.
66 Ibid., p. 290 sq. Voir S. Gal (dir.), Bayard. Histoires croisées du chevalier, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2007.
67 On retrouve le dicton programmatique de la noblesse qui savait « rester en tête » chez R. Braun, « Konzeptionelle Bemerkungen zum Obenbleiben. Adel im 19. Jahrhundert », in H.-U. Wehler (dir.), Europäischer Adel 1750-1950, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1990, p. 87-95.
68 A. M. F. de Verdy du Vernois, Recherches sur les carrousels anciens et modernes, [Kassel], 1784, p. 102 sq. et 116. Des informations biographiques sur Verdy du Vernois chez C. Denina, La Prusse littéraire sous Frédéric II, s. l. 1791, 3 vol., t. III, p. 435.
69 J.-B. de La Curne de Sainte Palaye, Mémoires sur l’ancienne chevalerie, considérée comme un établissement politique et militaire, Paris, 1759-1781, 3 vol. (trad. all. : Das Ritterwesen des Mittelalters nach seiner politischen und militärischen Verfassung, Nuremberg, 1786-1791, 3 vol.). Voir L. Grossman, Medievalism and the Ideologies of Enlightenment : The World and Work of La Curne de Sainte Palaye, Baltimore, Johns Hopkins Press, 1968.
70 L. H. N. Chérin, Abrégé chronologique d’édits, déclarations, règlements, arrêts et lettres patentes des rois de France de la troisième race, concernant les faits de noblesse, précédé d’un Discours sur l’origine de la Noblesse, ses différentes espèces, ses droits et prérogatives, la manière d’en dresser les preuves et les causes de sa décadence [1788], Versailles, Mémoire et documents, 2002, p. 7-8. Voir M. Wrede, Ohne Furcht und Tadel. Für König und Vaterland. Frühneuzeitlicher Hochadel zwischen familienehre, Ritterideal und Fürstendienst, Ostfildern, Thorbecke, 2012, ch. vi et vii.
71 I. Anstruther, The Knight and the Umbrella : An Account of The Eglinton Tournament 1839, Londres, G. Bles, 1963 ; M. Girouard, The Return to Camelot : Chivalry and the English Gentleman, New Haven, Yale University Press, 1981.
72 L. de Contenson, La Société des Cincinnati de France et la Guerre d’Amérique 1778-1783, Paris, A. Picard, 1934. Pour une critique contemporaine du principe héréditaire de la société : H. G. de Riqueti, comte de Mirabeau, Considérations sur l’Ordre de Cincinnatus, Londres, 1784.
73 Comte de Tressan, Corps d’extraits de romans de chevalerie, Paris, 1782, 2 vol.
74 S. Anglo, « Le déclin du spectacle chevaleresque », in Arts du spectacle et histoire des idées. Recueil offert en hommage à Jean Jacquot, Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance, 1984, p. 21-35 ; M. Wrede, Ohne Furcht und Tadel, op. cit., p. 376-380.
75 J. von Eichendorff, « Der Adel vor der Revolution », in Gesammelte Werke, vol. 3, Novellen, Autobiographisches, Briefe, Berlin, Aufbau-Verlag, 1962, p. 555-577 (p. 556).
76 F. Martini, « Goethes “Götz von Berlichingen”. Charakterdrama und Gesellschaftsdrama », in F. van Ingen et al. (dir.), Dichter und Leser. Studien zur Literatur, Groningue, Wolters-Noordhoff, 1972, p. 28-46. Sur la crise de la petite noblesse allemande au début de l’époque contemporaine, que traduit la figure du chevalier Götz, voir K. Andermann (dir.), « Raubritter » oder « Rechtsschaffene vom Adel » ?, Sigmaringen, 1997. Sur les débuts de l’« historisme », U. Muhlack, Geschichtswissenschaft im Humanismus und in der Aufklärung. Die Vorgeschichte des Historismus, Munich, C. H. Beck, 1991.
77 Eichendorff, op. cit., p. 572.
78 D. Delouche, « Le rôle de la noblesse française dans la naissance de l’archéologie aux xviiie et xixe siècles », in B. Köpeczi et E. Balács (dir), Noblesse française-Noblesse hongroise, xvie-xixesiècles, Budapest-Paris, Akadémiai-Kiadó-CNRS, 1981, p. 109-119.
79 E. Schalk, L’Épée et le Sang. Une histoire du concept de noblesse [1986], trad. fr., Seyssel, Champ Vallon, 1996. Une critique précise de l’opposition un peu simpliste entre « valor » et « pedigree » chez M. Nassiet, « Pedigree and valor. Le problème de la représentation de la noblesse en France au xvie siècle », in J. Pontet et al. (dir.), La noblesse de la fin du xvie au début du xxe siècle. Un modèle social ?, Anglet, atlantica, 2002, 2 vol., t. I, p. 251-270.
80 L. G. du Buat-Nançay, Origines, ou l’ancien gouvernement de la France, de l’Allemagne et de l’Italie [1757], Paris, 1789, 4 vol., t. I, p. 20-21. Voir J. de Saint-Victor, Les racines de la liberté. Le débat français oublié, 1689-1789, Paris, Perrin, 2007, p. 221-222. Sur l’exclusion des aristocrates de la nation révolutionnaire, voir T. E. Kaiser, « Nobles into Aristocrats or How an Order became a Conspiracy », in J. M. Smith (dir.), The French Nobility in the Eighteenth Century : Reassessments and New Approaches, University Park, Pennsylvania State University Press, 2006, p. 189-224 (p. 222).
81 W. D. Godsey, « Vom Stiftsadel zum Uradel. Die Legitimationskrise des Adels und die Entstehung eines neuen Adelsbegriffes im Übergang zur Moderne », in A. V. Hartmann et al. (dir), Eliten um 1800. Erfahrungshorizonte, Verhaltensweisen, Handlungsmöglichkeiten, Mayence, von Zabern, 2000, p. 371-392 ; Id., « Noble Survival and Transformation at the Beginning of the Late Modern Era. The Counts of Coudenhove from Rhenish Cathedral Canons to Austrian Priests, 1750-1850 », German History, vol. 19, 2001, p. 499-524 ; Id., Nobles and Nation in Central Europe : Free Imperial Knights in the Age of Revolution, 1750-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.
82 B. Stollberg-Rilinger, « Nur ein bloßes Gedankending ? Der deutsche Adel in der Anpassungskrise um 1800 », in Zwischen Revolution und Reform, op. cit., p. 9-24 (p. 23).
83 G. S. Treuer, Gründliche Geschlechts-Historie des Hochadlichen Hauses der Herren von Münchhausen worinnen die Abstammung aller Vorfahren seit dem XII. Jahrhundert […] so zur Erläuterung vieler Fürstl. Gräfl. Adlichen Geschlechter dienen, Göttingen, 1740.
84 W. Godsey, Nobles and Nation in Central Europe, op. cit., p. 250.
85 Rehberg, Ueber den deutschen Adel, op. cit., p. 168.
86 Sur la noblesse « wisigothique » s’hispanisant au xviiie siècle, voir I. A. A. Thompson, « The Nobility in Spain, 1600-1800 », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. I, p. 174-236. Sur l’exemple polonais, voir Robert I. Frost, « The Nobility of Poland-Lithuania », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. II, p. 266-310 ; M. G. Müller, « Der polnische Adel von 1750 bis 1863 », in H.-U. Wehler, Europäischer Adel 1750-1950, op. cit., p. 217-242. Sur la noblesse dans le mouvement nationaliste hongrois, voir R. J. W. Evans, « The Nobility of Hungary in the Eighteenth Century », in H. Scott, The European Nobilities, op. cit., t. II, p. 249-265 (p. 260). Voir M. Wrede et L. Bourquin (dir.), Adel und Nation in der Neuzeit. Hierarchie, Egalität und Loyalität, 16.-20. Jahrhundert, Ostfildern, Thorbecke, 2016.
87 R. G. Asch, « “Wie die fledermäuse” ? Die Osnabrücker Ritterschaft im 18. Jahrhundert », Niedersächsisches Jahrbuch für Landesgeschichte, vol. 75, 2003, p. 161-184. Pour la transmission des vertus du sang noble, voir M. Wrede, « Blood (noble) », in Graeme Dunphy (dir.), Encyclopedia of Early Modern History Online, Brill Online, 2016, référence 03/02/2016 [http://0-referenceworks-brillonline-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/entries/encyclopedia-of-early-modern-history-online/blood-noble-COM_019658].
88 M. Wrede, « La germanité conjoncturelle et culturelle de la grande noblesse allemande au cours du xviie siècle », in M. Wrede et L. Bourquin, Adel und Nation, op. cit., p. 55-70.
89 E. Frie, « Adelige Lebensweisen in entsicherter Ständegesellschaft. Erfahrungen der Brüder Alexander und Ludwig von der Marwitz », in E. Conze et M. Wienfort, Adel und Moderne, op. cit., p. 273-288 ; Id., Friedrich August Ludwig von der Marwitz, 1777-1837. Biographien eines Preußen, Paderborn, Schöningh, 2001. Sur la baisse de la population noble en France voir M. Nassiet, « Le problème des effectifs de la noblesse dans la France du xviiie siècle », in Traditions et innovations dans la société française du xviiie siècle, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1995, p. 97-121.
90 F. de La Motte Fouqué, Etwas über den deutschen Adel, über Ritter-Sinn und Militair-Ehre in Briefen von Friedrich Baron de la Motte Fouqué und Friedrich Perthes, Hambourg, 1819, p. 29-30.
91 O. Royon, « La noblesse de province face à la noblesse de Cour, entre admiration et rejet, de l’imitation à l’élaboration d’un contre-modèle social dans la dernière moitié du xviiie siècle », in J. Pontet, La Noblesse, op. cit., t. I, p. 217-232.
92 W. Mager, « Von der Noblesse zur Notabilité. Die Konstituierung der französischen Notabeln im Ancien Régime und die Krise der Absoluten Monarchie », in H.-U. Wehler, Europäischer Adel 1750-1950, op. cit., p. 260-285 ; H. Carré, La noblesse de France et l’opinion publique au xviiie siècle, Paris, H. Champion, 1920.
93 G. Chaussinand-Nogaret, La noblesse au xviiie siècle. De la Féodalité aux Lumières, Bruxelles, Complexe, 1984, p. 54 sq. ; J. de Saint-Victor, Les racines de la liberté, op. cit., p. 236-248.
94 H. G. Riquetti, comte de Mirabeau, Lettres du Comte de Mirabeau à un de ses amis en Allemagne, s. l., 1792, p. 394 (17e lettre, 20 septembre 1788).
95 J. M. Smith, The Culture of Merit, op. cit., p. 246-260 ; Id., Nobility Reimagined, op. cit., p. 207-221 ; R. Blaufarb, The French Army, op. cit., p. 66-74. Pour la perspective traditionnelle, voir C. Opitz-Belakhal, Militärreformen, op. cit., p. 296-297, 309-310 et 343.
96 J. Dunne, « The French Nobility and the Revolution. Towards a virtual Solution to two age-old Problems », French History, vol. 17, 2003, p. 96-107. Sur l’effet unificateur de la Révolution, de la Terreur et de l’émigration dans les différents groupes et formes de la noblesse, voir Y. Durand a pu écrire : « Les tribunaux révolutionnaires avaient donc scellé l’unité des groupes dirigeants de l’Ancien régime en envoyant ensemble à la mort les financiers, les robins et les grands nobles, confondus sous l’étiquette d’aristocrates » (Les fermiers généraux, op. cit., p. 653).
97 S. Marburg et J. Matzerath, « Vom Stand zur Erinnungsgruppe. Zur Adelsgeschichte des 18. und 19. Jahrhunderts », in S. Marburg et J. Matzerath (dir.), Der Schritt in die Moderne. Sächsischer Adel zwischen 1763 und 1918, Cologne, Böhlau, 2001, p. 5-16.
98 T. Nipperdey, Deutsche Geschichte 1866-1918, vol. 2, Machtstaat vor der Demokratie, Munich, C.H. Beck, 1992, p. 540-541 et 586.
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