Introduction
p. 9-24
Texte intégral
1L’expulsion de France puis l’accueil de réfugiés politiques espagnols en République démocratique allemande (RDA) est un fait peu connu aussi bien des historiens que du grand public.
2En règle générale, l’accueil de réfugiés politiques est principalement pensé à travers la réception par les démocraties occidentales d’individus fuyant les démocraties populaires. La nouveauté de cette étude réside dans le renversement de cette interrogation : il est en effet ici question d’un groupe de personnes expulsées de l’Ouest (la France) vers l’Est (la RDA) à l’heure de la division Est/Ouest de l’Europe. Aussi, cette expulsion ne fut-elle pas le résultat de négociations ou de pourparlers entre la RDA et la France (ces deux pays n’entretenant en 1950 aucune relation diplomatique), mais une décision unilatérale, prise par la France, qui décida simplement d’envoyer ce groupe d’Espagnols « de l’autre côté du rideau de fer », sans se préoccuper du pays qui finira par les accueillir.
3Une autre particularité de l’objet de cet ouvrage réside dans le fait que ce mouvement migratoire ne concerna que des groupes numériquement faibles, raison qui poussa la majorité des historiens à délaisser jusqu’à ce jour l’émigration politique dans le bloc de l’Est. Les réfugiés espagnols sont le plus petit groupe d’émigrés que la RDA ait jamais accueilli et, en juin 1951, le département « relations internationales » du comité central (CC) du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, Parti socialiste unifié d’Allemagne) n’enregistre que quatre-vingt-six émigrés politiques espagnols présents sur son territoire, la quasi-totalité étant installée à Dresde. Pourtant, la taille réduite du groupe étudié ouvre de nouvelles perspectives : étudier l’exil politique en prenant le parti de se concentrer sur des histoires de vie et établir ainsi une analyse fine des itinéraires individuels.
4L’exil des Espagnols en RDA permet par ailleurs d’appréhender différentes questions connexes : la politique française à l’égard des communistes étrangers réfugiés sur son territoire à l’aune de la guerre froide, la politique d’intégration est-allemande, les relations entretenues entre le SED et le PCE (Partido Comunista de España, Parti communiste d’Espagne) et l’impact de l’exil sur la construction identitaire. Cet ouvrage est conçu comme une contribution à l’histoire de l’exil espagnol depuis la fin de la guerre civile en livrant un pan très mal connu de cette histoire et au renouvellement de la recherche sur le communisme, et plus précisément, sur l’État est-allemand.
5Pour ce faire, les archives de multiples pays, aussi bien en France, en Allemagne, qu’en Espagne, ont été consultées et des entretiens ont été conduits à Berlin, Paris et Barcelone auprès des enfants de la première vague de réfugiés politiques espagnols accueillis en RDA. L’étude entend ainsi restituer une histoire collective sans pour autant perdre de vue la diversité des trajectoires individuelles. Comme le souligne Emile Témime :
« Dans l’exil politique, chaque individu représente un cas d’espèce, suit une trajectoire particulière qu’il convient de suivre ou d’expliquer. L’étude de ces trajectoires est en effet fort éclairante et même indispensable pour comprendre l’ensemble du phénomène1. »
Politique migratoire et droit d’asile en RDA
6L’accueil d’étrangers constituait une exception en RDA. Jusqu’en 1989, il n’existait aucunes données officielles relatives aux étrangers vivants en RDA. Selon Andrzej Stach et Hussain Saleh2, ce sujet était traité comme un « secret d’État ». Grâce aux études récentes sur l’histoire migratoire de la RDA, nous savons aujourd’hui que quelque 190000 citoyens étrangers vivaient sur le territoire est-allemand en 1989, année de la réunification et la proportion d’étrangers se limitait à 1 % de la population totale3. Comme le souligne Kim Christian Priemel, bien que ces chiffres laissent à penser que la population étrangère était « quantité négligeable », ils n’incluent pas les quelque quatre millions d’Allemands déplacés des pays d’Europe centrale et orientale venus s’installer après 1945 dans la zone d’occupation soviétique en Allemagne (Sowjetische Besatzungszone, SBZ)4 ou encore les dizaines de milliers de frontaliers polonais ou tchèques qui, chaque jour, passaient la frontière pour venir travailler dans les entreprises est-allemandes5.
7La plupart des étrangers accueillis en RDA étaient des « Vertragsarbeiter » (travailleurs sous contrat), le pendant des « Gastarbeiter » (travailleurs invités) ouest-allemands. Leur nombre s’élevait à environ 93000 personnes6. La RDA signa divers traités bilatéraux pour régulariser les séjours des travailleurs étrangers et notamment avec la Pologne (1963), la Hongrie (1967), l’Algérie (1974), Cuba (1978), le Mozambique (1979), le Vietnam (1980), la Mongolie (1982), l’Angola (1985) et la Chine (1986)7. Suivent les apprentis et les étudiants étrangers, puis, en dernière position, les réfugiés politiques, appelés également les « Polit’Migranten », abréviation de « Politische Emigranten », ou « émigrés politiques ». Selon Patrice Poutrus, ce terme avait une double signification :
« D’un côté, ils devaient quitter leur pays pour des raisons politiques et étaient donc des réfugiés politiques ; d’un autre côté, ils avaient été choisis par le SED pour être accueillis en RDA en raison de leur appartenance politique8. »
8Ils représentaient une infime partie de la population étrangère présente sur le territoire est-allemand, puisqu’ils ne furent pas plus de quatre mille à y vivre durant les cinquante années d’existence de la République démocratique allemande.
Catégorisation des réfugiés politiques
9Les réfugiés politiques ne constituent pas un groupe homogène et peuvent être décomposés en plusieurs catégories. Une première catégorie est constituée de membres des partis-frères (partis communistes), qui rassemble sous cette appellation trois collectivités très diverses soit un millier d’enfants grecs accueillis en 1949 ; une centaine d’Espagnols expulsés de France, puis par la suite, dans les années 1970, environ deux mille Chiliens fuyant la dictature militaire de Pinochet.
10Une deuxième catégorie englobe les membres de divers mouvements de libération : du Front de libération nationale (FLN) algérien, du Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud, de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ou de l’Organisation du peuple du sud-ouest africain de Namibie (SWAPO), dont on sait très peu de chose.
11Cet accueil de Polit’Migranten fait partie intégrante de la politique extérieure est-allemande et du principe d’« internationalisme prolétarien » revendiqué par la RDA : d’un côté, ce soutien va dans le sens du mouvement communiste mondial, en offrant son aide à des partis communistes réprimés dans leurs pays ; d’un autre côté, la RDA soutient des mouvements émancipateurs ouvertement en lutte contre le « joug impérialiste et colonialiste », dont elle pourrait tirer profit si leurs leaders arrivaient au pouvoir dans leurs pays respectifs. Cependant, comme le souligne Patrice Poutrus, la politique extérieure ne constitue pas le seul moteur de cet accueil : « La frontière entre politique extérieure indirecte, aide humanitaire et aide au développement était fluide et les intérêts nationaux de la RDA figuraient au premier plan9. »
12Cette thèse est également soutenue par Luitgard Trommer, qui déclare que le droit d’asile n’était accordé que rarement et à la condition que cela soit utile aux intérêts de la RDA10. Les chiffres confirment ce jugement : selon Dirk Jasper, en 1989, seuls 455 réfugiés reconnus comme tels par l’État est-allemand vivaient encore en RDA11.
Quel droit d’asile ?
13Il est opportun d’interroger les bases juridiques de cet accueil, étant donné que la RDA n’avait pas ratifié la convention de Genève de 1951, comme du reste l’ensemble du camp socialiste.
14Mais, l’article 10 de la constitution de la RDA de 1949 garantit le droit d’asile aux étrangers : « Les citoyens étrangers ne seront ni expulsés ni extradés, s’ils sont persécutés à l’étranger du fait de leur lutte pour les principes contenus dans cette constitution12. » Il n’existe cependant dans la jurisprudence est-allemande aucune procédure pour solliciter le droit d’asile, comme dans la plupart des pays à cette époque. La « constitution socialiste » de 1968 limite par ailleurs le droit d’asile en le transformant en une simple « possibilité » :
« La République démocratique allemande peut accorder l’asile à des citoyens d’autres États ou à des apatrides s’ils sont persécutés en raison de leur activité politique, scientifique ou culturelle pour la défense de la paix, de la démocratie, de l’intérêt des travailleurs ou en raison de leur participation à une lutte de libération sociale et nationale13. »
15Le droit d’octroyer ou de refuser une demande d’asile n’est attribué à aucune institution précise : dans les faits, ce sont les cadres dirigeants du SED qui se prononcent sur cette question. Dans le cas de l’accueil des Espagnols en RDA, différentes instances sont appelées à statuer selon les situations : parfois, il s’agit du bureau politique (BP), à d’autres occasions, du secrétariat du comité central (CC) du SED. La police populaire allemande (Deutsche Volkspolizei, DVP) prend quant à elle en charge la délivrance et la prolongation des autorisations de séjour et seul le ministère de l’Intérieur peut prononcer la caducité d’une autorisation de séjour14.
16Le « règlement relatif au séjour des étrangers sur le territoire de la République démocratique allemande » du 14 décembre 1956 accorde à tous les étrangers munis d’une autorisation de séjour le droit de se déplacer sur le territoire est-allemand et ce, à leur convenance et sans limite dans le temps15. De plus, les étrangers disposent des mêmes droits que les citoyens est-allemands, qui, dans le contexte de la RDA, sont le droit de travailler, le droit à un logement, le droit de percevoir des aides sociales16, mais n’incluent pas le droit de vote17. Les réfugiés communistes espagnols sont contrôlés politiquement par le département des « relations internationales » du CC du SED et, s’ils peuvent se déplacer sur le territoire est-allemand, ils ne le font qu’à de rares occasions par manque de moyens de transport. Aussi, en ce qui concerne l’égalité des droits, nous verrons qu’il y avait une différence de traitement entre le citoyen est-allemand et l’émigré politique. Néanmoins, cette « inégalité » jouait souvent à l’avantage des émigrés politiques qui étaient, dans bien des domaines, privilégiés. En effet, les personnes étant sous la protection du droit d’asile jouissaient d’un permis de séjour illimité dans le temps, étaient avantagées pour l’attribution de logements et se voyaient octroyer des aides financières très substantielles pour s’installer18.
17Cependant, ce tableau idyllique est nuancé par d’autres historiens tel que Patrice Poutrus, qui avance que la RDA percevait le séjour d’étrangers sur son territoire comme un problème sécuritaire19, que les étrangers n’étaient appréhendés qu’en tant que collectivité comme l’illustre non seulement le cas des Espagnols mais également des Grecs et qu’ils faisaient l’objet d’une énorme pression sociale et politique pour s’adapter20.
Études migratoires et spécificités de l’exil
18Les études migratoires sont un champ de recherche qui se veut trans-disciplinaire et transnational. Cependant, comme le souligne Maria José Fernandez Vicente, ce champ est jusqu’à maintenant resté cloisonné et les travaux s’y rattachant sont réticents au « mélange des genres » :
« Il y a d’une part les travaux faits du point de vue du pays d’arrivée et ceux qui prennent uniquement en compte le pays de départ ; puis il y a ceux qui portent sur les aspects politiques de cette migration, face à ceux qui se focalisent sur l’émigrant et son parcours migratoire ; et il y a aussi ceux qui portent un regard macroscopique sur le flux migratoire, face à ceux qui plaident pour une échelle microscopique21. »
19L’ambition de cette recherche est d’échapper à ces cloisonnements et de répondre au défi de l’interdisciplinarité et de l’interconnexion en proposant une histoire sociale de l’exil de gens ordinaires, inconnus certes, mais pas anonymes pour autant.
20En faisant un tour d’horizon des recherches sur la migration, il apparaît que ces dernières étaient peu nombreuses en RDA. Marianne Krüger-Potratz dénonçait en 1991 le fait que les étrangers et les minorités n’avaient jamais fait partie du débat public est-allemand ni fait l’objet d’étude scientifique aussi bien en RDA qu’en RFA22. Il est vrai que, jusqu’à la réunification, il était très difficile de collecter des informations sur ce sujet, tabou en RDA. D’ailleurs, en 1992, Klaus J. Bade23 regrette que l’histoire de l’assimilation des étrangers et des expulsés en RDA ne soit pas mise à jour et, selon lui, la faute en incombe à la dictature du SED qui a longtemps bloqué les recherches portant sur la population étrangère accueillie en Allemagne de l’Est. Il y eut cependant quelques articles publiés en RDA sur les travailleurs étrangers et sur la politique de développement du régime24.
21En RFA, la situation était similaire, les chercheurs ouest-allemands n’avaient que peu d’intérêt pour cette question et se penchaient le plus souvent sur l’histoire de l’émigration et non de l’immigration en privilégiant les travaux sur la migration en Allemagne de l’ouest25. Seule une étude est parue sur cette thématique, portant sur la condition juridique des étrangers en RDA26.
22Avec la chute du mur, alors que jusqu’alors les questions relatives aux étrangers et aux minorités avaient été occultées, de multiples études parurent sur les conditions de vie et de travail des étrangers en RDA ou encore sur la politique migratoire de ce pays27. L’ouvrage le plus complet sur le thème de l’immigration en RDA est un ouvrage collectif, paru en 2003, intitulé « Fremde und Fremdsein in der DDR28 ». Cette étude ne se concentre pas seulement sur les étrangers, mais aussi sur la société d’accueil. Ce ne sont pas les groupes d’étrangers présents en RDA qui sont mis en perspective, mais les structures qui ont constitué « l’étrangeté » dans la dictature du socialisme d’État. L’étude de « l’étranger » est ici perçue comme une composante intégrale de l’histoire de la vie quotidienne. Ce travail se penche sur la catégorisation de l’étranger en RDA, qui n’était pas défini exclusivement sur des critères ethniques, mais aussi en fonction du combat contre l’ennemi de classe, et interroge également les comportements xénophobes dans les nouveaux Länder et le rôle qu’a alors pu jouer la société est-allemande dans ce phénomène. Très récemment, en juillet 2011, est paru le premier ouvrage abordant exclusivement, et sous de multiples angles, l’immigration en RDA29.
23Quelques historiens se sont également intéressés dernièrement à ces questions : Harmut Heine, par exemple, établit une présentation générale de l’exil communiste espagnol en RDA en se focalisant sur l’aide importante dont ils bénéficièrent, rattachant ce traitement privilégié au rôle joué par la guerre civile espagnole, un des mythes fondateurs de la RDA30. En contrepartie, Patrice Poutrus perçoit l’émigration espagnole comme un corps étranger surveillé dans une société nationale est-allemande31. Axel Kreienbrink quant à lui donne une interprétation médiane et souligne dans son étude l’ambivalence des autorités est-allemandes à l’égard de cette population32, thèse également soutenue par Monique da Silva et Jean Mortier. Ils évoquent également un sentiment de xénophobie au sein de la population est-allemande ainsi que des problèmes internes au collectif33. Johanna Drescher s’interroge sur le collectif espagnol de Dresde, mais exclusivement selon la perspective du pays d’accueil, délaissant les causes de l’exil et traitant peu de la question du retour ou de l’impact de l’exil sur ces personnes34.
24L’exil d’Espagnols en RDA sera questionné aussi bien à l’échelle individuelle, nous focalisant alors sur le modèle du cycle de vie en nous interrogeant sur les raisons de leur migration, sur leur intégration, sur la question du retour, qu’à l’échelle systématique installant au centre de notre réflexion la fonction de la migration pour le système « société » et nous interrogeant donc sur les interférences entre patrie et culture étrangère, entre phénomènes d’acculturation et phénomènes de pertes culturelles.
« Kommunismus-Forschung »
25Le second objectif est de non seulement contribuer à une histoire renouvelée de la RDA mais aussi d’éclairer sous un autre angle les relations entre « parti-frères » à l’époque de la guerre froide tout en suivant le conseil de Thomas Lindenberger, selon qui il est possible d’en apprendre plus sur la société est-allemande en analysant les groupes qui évoluent à sa marge35.
26Il y eut différentes étapes dans les recherches s’attachant à comprendre la RDA et la plupart des travaux français portant sur la société est-allemande les retracent en détail36.
27Dans un premier temps, ces recherches ont été dominées par la théorie totalitariste et le système a été essentiellement analysé sous l’angle de son appareil de domination, si bien que la RDA est principalement apparue comme un État de non-droit37. Dans une deuxième étape, les recherches se sont tournées vers la vie quotidienne en RDA, essayant de définir les limites auxquelles le système s’était confronté38. A alors été développée la notion d’« Eigen-sinn », concept difficile à traduire en français, qui défend l’idée que chaque individu est créateur de son histoire et que chaque personne peut toujours donner le sens qu’elle veut à ce qu’elle fait. Gardant obstinément son initiative propre, son autonomie, l’individu continue à être acteur et non pas simple objet. Cette deuxième approche est, comme le souligne Konrad H. Jarausch, le résultat de la tension existant entre la mémoire d’expériences individuelles partiellement positives (tant que l’on n’était pas un opposant au régime39) et l’image d’un État est-allemand de non-droit, focalisée sur le caractère dictatorial de la RDA. Notre démarche rejoint résolument le plaidoyer de Konrad H. Jarausch pour une histoire différenciée de la RDA :
« Seule une historicisation critique peut aider à neutraliser les controverses idéologiques et à établir des passerelles entre l’expérience individuelle et la recherche historique. Quelle que soit l’ampleur des souffrances qu’il a causées, le régime du SED appartient, plus d’une dizaine d’années après sa triste fin, au passé et il ne doit plus, en conséquence, être traité comme un objet présent. […] Le pari central, lié à la mise à plat du passé est-allemand, consiste donc à mener de pair une critique sans ménagement de l’inhumanité bien réelle du régime et une reconstruction différenciée du quotidien, en partie “normal” qu’il était possible de vivre en RDA40. »
28L’étude de la vie quotidienne de ce groupe d’étrangers en RDA nous permet d’accéder à un autre type de connaissance sur la société est-allemande, ses règles, ses lois et ses perceptions.
29Les relations entre communistes espagnols et communistes est-allemands constituent un autre champ jusqu’alors peu abordé.
30S’il existe de nombreux travaux sur le SED41 et sur le PCE42, pris chacun indépendamment l’un de l’autre, peu d’études se penchent sur les relations entre ces deux partis. Durant de nombreuses années, la thèse selon laquelle le parti communiste d’Union soviétique (PCUS) régissait totalement les relations entre partis-frères en tant que modèle et moteur du système communiste mondial domina. Selon cette thèse, les partis au pouvoir dans les démocraties populaires ne disposaient que de peu d’autonomie et apparaissaient alors comme des pantins aux mains du PCUS43. Cette théorie a depuis été remise en question et de plus en plus d’études s’intéressent aux relations entre les « partis-frères ». Si, dans un premier temps, les historiens se sont attachés à analyser les relations entre « pays » (RDA/France44, RDA/Italie45, RDA/Grande-Bretagne46), ces dernières années, les relations entre « partis » sont sur le devant de la scène. Cependant, s’il existe des travaux offrant une vue d’ensemble sur les relations entre le SED et le PCF47, entre le SED et le PCI48 ou même entre le SED et le KKE (parti communiste grec)49, il n’en va pas de même pour les relations entre le SED et le PCE. Les travaux existants se limitent à étudier les effets de l’« internationalisme prolétarien », en analysant les formes de solidarité dont bénéficia le PCE de la part du SED50, sans réellement mettre en perspective l’évolution des relations entre ces deux partis, surtout suite aux événements de 1968. Grâce à cette focale inter-partisane, il est possible de tirer des enseignements non seulement sur l’évolution interne au PCE mais aussi sur le fonctionnement du SED et de sa politique extérieure, ouvrant ainsi la voie à une histoire transnationale de ce parti51.
31Cette recherche délaisse le mode de pensée substantialiste qui tend à focaliser l’attention sur les idéologies, les programmes, les structures d’organisations au profit d’une histoire sociale du politique, déconstruisant l’acteur collectif afin de reconstituer les processus historiques et sociaux par lesquels les acteurs individuels, dans leur diversité, s’agrègent, s’excluent et s’institutionnalisent.
32« Histoire de la migration, histoire du communisme » : ces deux thématiques s’imbriquent et cette étude interroge des objets multiples, relevant de ces deux domaines de recherche, parlant d’identité, de migration, de politique étatique, de socialisation, d’adaptation, d’expulsion, d’exil, de repli communautaire, mais également de mécanismes de décision, d’identité politique, de conflits, de croyances et d’illusions.
Micro-histoire et Histoire du quotidien
33Pour appréhender l’échelle individuelle, les procédés de la micro-histoire ont été privilégiés : analyser les expériences des individus à travers les traces, les discours, les indices qu’ils ont laissé afin de reconstruire les réseaux de relations, les comportements et l’identité aussi bien individuelle que collective52 et ainsi reconstituer la vie quotidienne de ce groupe particulier.
34Cette approche par l’histoire du quotidien facilite une prise de distance critique par rapport à une approche macrosociale de l’histoire, privilégiant ainsi l’analyse du vécu. L’objet de recherche de l’histoire du quotidien tel qu’énoncé par Winfried Schulze résume les ambitions qui prévalaient à cette recherche :
« En premier, nous devons nommer : le retour de l’individuel, le nouvel intérêt pour les hommes portant un nom et ayant des histoires différentes. […] Les limites de l’objet – l’individu – permettent (dans la limite des sources disponibles) d’éclairer sous tous les angles possibles ses mobiles et ses convictions, ses capacités et ses actions, ses relations familiales, locales et supra-locales, ses schèmes de pensées et ses croyances, et tout cela à partir de son milieu socioculturel, dans lequel l’individuel vit et agit. De là découle le fait que – deuxième variante – l’individu peut également être analysé comme exemple ou représentant d’un groupe […]. Enfin – troisième variante -, la généralité, la normalité peuvent justement être déchiffrées à l’aide du particulier, de la déviance, à partir de l’individu qui s’est singularisé53. »
35Aussi, Patrick Farges déclare-t-il qu’une histoire du quotidien des exilés doit permettre de montrer la latitude d’action des « gens ordinaires » : En effet, même ces migrants contraints, apparemment totalement soumis à des forces qui les dépassaient, n’étaient pas totalement dépourvus de moyens d’action et de leviers pour modifier leur environnement social et institutionnel54.
36L’histoire orale, dont l’idée centrale est de créer une nouvelle source pour saisir la vie, les représentations et l’histoire de catégories sociales qui ont laissé peu de traces dans les archives officielles, prend dès lors une place importante dans ce travail. En effet, bien que les exilés espagnols fussent au centre d’une abondante correspondance en RDA, elle ne pénètre que rarement à l’intérieur de cette communauté et ne permet pas de comprendre son style de vie ou de capter son système de valeurs, de croyances. Néanmoins, le terme de « sources orales », qui prévaut également en Espagne (testimonios orales), a été préféré à celui d’histoire orale, percevant le témoignage oral comme source historique, démarche qui s’inscrit dans le mouvement de récupération mémorielle à l’œuvre en Espagne depuis la célébration des vingt-cinq ans de la fin du franquisme et de l’avènement de la démocratie, moment où de nombreux historiens espagnols se sont tournés vers l’analyse de l’exil espagnol en employant les procédés de l’histoire orale afin de remédier à plus de soixante années d’oubli. Ces témoignages, informations de première main, contribuent non seulement à augmenter la connaissance historique et à l’enrichir et sont, comme le souligne Angeles Egido Leon, spécialement dans le cas de la répression et de l’exil, « si non pas uniques, les sources disponibles les plus directes afin de reconstruire un passé qui, dans bien des cas, a été intentionnellement effacé55 ».
37L’intérêt central de l’usage de sources orales est qu’elles nous renseignent sur l’expérience subjective de l’individu et nous permet d’approcher une « histoire objective de la subjectivité » pour reprendre les termes de Robert Frank56. L’utilisation de témoignages oraux permet en effet d’analyser la façon dont les événements historiques et structurels sont vécus, interprétés et assimilés par les protagonistes eux-mêmes. Loin d’être réductible à une source d’informations secondaires et complémentaires, cette approche se penche sur la vie des individus qui évoluent au sein d’un système, d’un univers particulier. Pour y parvenir, il faut néanmoins s’entourer de nombreuses précautions, sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.
Reconstruction biographique
38La collecte de témoignages oraux constitue une source importante afin d’appréhender l’histoire de ce groupe d’Espagnols. Ces entretiens furent confrontés aux documents archivistiques émanant du SED, de la FDGB (Freier Deutscher Gewerkschaftsbund, Confédération syndicale libre allemande), des VVN (Vereinigung der Verfolgten des Naziregimes, association des persécutés du régime nazi), mais aussi aux autobiographies rédigées de la main de ces réfugiés politiques. Cette source – la mémoire orale des réfugiés espagnols – n’est pas uniquement la vision subjective des faits mais est objectivée grâce à cette analyse critique.
39Aussi, ces témoignages oraux remplirent-ils une double fonction : celle de témoignage informateur, apportant un éclairage nouveau sur l’enchaînement événementiel et celle de témoignage révélateur, révélant une ambiance et un état d’esprit57.
40Cependant, il y a un biais dans ce matériau d’histoire orale découlant de la question générationnelle. En effet, le groupe au sein de cette étude ne constitue pas une génération homogène et, en 1951, les membres du collectif de Dresde sont âgés de 1 à 70 ans. Les personnes que nous considérons comme notre « première génération » (elle-même divisée en plusieurs « sous-générations ») et qui étaient donc âgées d’au moins 25 ans à leur arrivée en RDA, sont toutes décédées et les entretiens ont été uniquement conduits avec les Espagnols issus de la seconde génération. De ce fait, c’est à travers leurs discours que l’on découvre l’histoire de leurs parents. La sélection des enquêtés, issus d’une classe d’âge homogène (tous sont nés entre 1935 et 1942) a été en partie arbitraire, se faisant au gré des rencontres, suite à un premier contact par l’intermédiaire du PDS (Parti du socialisme démocratique, qui prit part à la vie politique allemande de 1989 à 2007 et qui était considéré comme le successeur du SED). Les entretiens, qualitatifs, sont restés autant que possible ouverts et non-directifs. Il s’agissait avant tout de laisser aux témoins la possibilité de « raconter leur vie », faite de déplacements géographiques multiples, de diversité linguistique et culturelle.
41Les entretiens se déroulèrent généralement en deux phases : lors d’une première rencontre, l’entretien se déroulait librement et se concentrait sur les grandes lignes de leur vie, de leur naissance à leur situation actuelle (leur vie en Espagne ou en France, leur arrivée en RDA, leur parcours depuis, leur réaction à la mort de Franco, leur désir – ou non-désir – de retour). Cette première rencontre servit de base à la préparation d’un schéma d’entretien, de « repérage ». Lors d’un deuxième entretien, des thématiques plus précises étaient abordées (les relations au sein du collectif, les relations avec la population allemande, les perceptions qu’ils en avaient, les relations au SED, au PCE, l’impact de leur expérience transnationale sur leur vie quotidienne, la manière dont ils se définissaient etc.). Les souvenirs – sans être similaires – se recoupent sur certaines « affaires » internes au collectif et permettent d’établir certaines vérifications. Ils fournirent aussi quelques phrases « chocs », reflétant des sentiments communs sur des thèmes généraux comme, par exemple, celui de l’enfermement ; celui de l’écart entre la réalité de la situation en Espagne et la perception qu’en avaient les militants communistes à l’extérieur du pays ; ou encore celui des problèmes identitaires propres aux enfants d’expulsés politiques, qui ne connurent pas – ou peu – leur pays d’origine et furent déplacés de pays d’accueil en pays d’accueil.
42Ces entretiens permirent d’instaurer une relation de confiance et de connivence. Le chercheur dut aussi répondre à quelques questions sur ses origines – pour quelles raisons une Française sans aucun lien avec l’Espagne s’intéressait-elle donc aux Espagnols accueillis en RDA ? –, sur sa manière de percevoir la RDA. La position biculturelle de l’auteur (franco-allemande) et sa pratique de trois langues également parlées par les interviewés (allemand, français, espagnol) ont permis un rapprochement avec ses interlocuteurs, partageant avec eux cette « multicuturalité » ainsi que certaines expériences qui s’y rattachent.
43L’interviewer développe de la sympathie pour ces personnes qui partagent leurs souvenirs, leurs émotions, leurs vies. Comme le souligne Carlo Ginzburg, « cet investissement émotionnel, idéologique même, nous oblige à multiplier les preuves ».
44Une fois l’entretien recueilli restait donc un important travail à accomplir : savoir ce qui sera pris comme tel, ce qui devra être réexaminé, écarté ou critiqué. Le mécanisme complexe de reconstruction du passé devait être pris en compte et les questions suivantes furent posées : Pourquoi taire ? Pourquoi dire ? Pourquoi transformer la réalité ? Comme le souligne Patrick Farges, « la mémoire biographique choisit et résume, reformule en fonction de schémas explicatifs acquis en cours de vie et stylise afin de rendre la communication attrayante58 ». Il existe des « effets pervers » au témoignage oral :
« Du côté de l’interviewé, on relèvera principalement les mécanismes de (re)construction, ainsi que ceux d’extrapolation, de rehiérarchisation et d’immédiateté. La (re)construction est le processus le plus classique, dans la mesure où qui dit mémoire dit construction, opérant sous l’effet des systèmes de représentations postérieurs (sans oublier qu’il s’agit de représentations, puisqu’on traque la mémoire d’un événement perçu, déjà médié) et de leurs déterminants. La mémoire collective – souvent les mémoires de groupes – interfère au premier chef59. »
45Les intérêts de cette méthode pour le chercheur (la relation directe qui s’établit à son objet d’étude, l’analyse compréhensive des problématiques, la « conscientisation » de l’acteur) contrebalancent les risques de ces « effets pervers ».
46Les sources archivistiques tout comme les sources orales ont été à la base de l’approche biographique, qui a permis de se pencher sur la constitution (réelle ou supposée) du collectif espagnol de Dresde, les trajectoires des individus, leur type de contact, de sociabilité et d’engagement politique.
47Le point de départ de cette approche fut la collecte des autobiographies présentes dans les archives de l’association des VdN à Dresde, ville dans laquelle le collectif espagnol fut accueilli. Si cette source ne permet pas d’embrasser le groupe dans sa totalité (ne regroupant que les personnes ayant demandé à être reconnus comme VdN en raison de leur engagement politique et de leur combat antifranquiste ou/et antifasciste et n’intégrant pas les enfants qui eux ne pouvaient bénéficier de ce statut), elle renferme des données sur la majorité d’entre eux.
48Ces autobiographies contenaient l’année et le lieu de naissance, la profession des parents, le métier exercé, l’année d’entrée au PCE ou/et dans d’autres organisations politiques, les actions politiques avant le déclenchement de la guerre civile (grèves, manifestations), un récit détaillé de leur situation et de leur action à partir du coup d’État de juin 1936 jusqu’à la Retirada de 1939, l’expérience des camps en France ou des lieux d’emprisonnement en Espagne, leur action durant la Seconde Guerre mondiale, le récit de leur expulsion en 1950, leur affiliation partisane, syndicale, associative et parfois leur situation sanitaire. Certaines biographies, plus détaillées, contiennent aussi la date et les circonstances de la rencontre avec le ou la conjoint(e), les naissances, des descriptions des conditions de vie dans les camps ou dans les prisons, les tortures subies, les événements jalonnant la vie familiale (mort d’un enfant, d’un mari, d’un père, d’une sœur). À cela s’ajoute les écrits autobiographiques plus longs de certains d’entre eux (comme Leandro Carro), les entretiens menés ainsi que les informations divulguées par les archives de la Stasi regroupées à la BStU.
49La reconstruction biographique n’a été possible que pour les trente et une personnes qui constituèrent le collectif de Dresde en décembre 1950, les informations relatives aux Espagnols arrivés ultérieurement étant malheureusement trop disparates. Une fois ces trente et une biographies reconstruites, elles furent mises en série et analysées de manière thématique à partir des catégories suivantes : données personnelles, expérience de la guerre, expérience migratoire, mobilité professionnelle, mobilité sociale et engagement politique. Cette sérialisation permit de mettre à jour les divergences, les convergences et les récurrences dans les différents parcours biographiques et a conduit à l’élaboration d’une catégorisation des réfugiés politiques espagnols expulsés de France et accueillis en RDA en septembre 1950.
50Le recoupement des informations s’est avéré indispensable : la consultation des sources officielles et des dossiers personnels mais aussi les sources secondaires et la recherche d’informations éparses sont autant de moyens à notre disposition pour recouper les informations issues de la méthode biographique. Les témoignages eux-mêmes furent recoupés entre eux, vérifications qui sont elles-mêmes un gage d’authentification. Il faut évidemment s’interroger sur les sources permettant de reconstituer les biographies individuelles, relever les limites de telle ou telle source comme par exemple les dossiers qui s’interrompent sans raison, les informations passées sous silence, celles qui restent introuvables, mais ces limites ne sont des limites en soi car elles nous enseignent elles aussi quelque chose : la personne qui les a produites, à quel moment, comment, pour quelles raisons. Ces dossiers permettent aussi de relever ce qui n’est pas advenu à ces personnes.
51Tout au long de cet ouvrage, ces sources seront monopolisées parfois simultanément, parfois séparemment en fontion des thématiques abordées.
*
52La première partie de cet ouvrage se consacre à la préparation, au déroulement et aux conséquences de l’opération Boléro-Paprika. La seconde partie interroge la politique migratoire de la RDA en se penchant sur le statut juridique accordé à ces Espagnols et l’accueil qui leur fut réservé suite à leur arrivée, leur constitution en un collectif, puis leur installation progressive dans cette société qui leur était jusqu’alors inconnue.
53Pour finir, le couple « Exil » et « Identité » est placé au cœur du questionnement et la focale est portée sur la seconde génération et ce qui la motiva à quitter la RDA ou à y rester. En plaçant au centre de cette partie les biographies des enfants d’expulsés, les liens entre expérience de l’exil et intégration identificatoire y sont explorés.
Notes de bas de page
1 Témime E., « Émigration politique et émigration économique », in L’émigration politique en Europe aux xixe et xxe siècle, Rome, École française de Rome, 1991.
2 Stach A., Saleh H. (dir.), Ausländer in der DDR, Berlin, Die Ausländerbeauftragte des Senat, Verwaltungsdruckerei, 1991.
3 Hubert M., Deutschland im Wandel. Geschichte der deutschen Bevölkerung seit 1815, Stuttgart, Steiner Verlag, 1998, p. 324. Eva-Maria et Lothar Elsner livrent un chiffre encore plus précis en avançant le nombre de 191190 étrangers vivants en RDA au 31-12-1989, in « Zwichen Nationalismus und Internationalismus. Über Ausländer und Ausländerpolitik in der DDR (1949-1990) », loc. cit.
4 Pour plus d’informations sur le difficile accueil des personnes déplacées dans la zone d’occupation soviétique, voir Riebera J., « Forced migration in Central and Eastern Europe (1939-1950) », in The Journal of Communist Studies and Transition Politics, vol. 16, no 1, Illford, 2000.
5 Priemel K. C. (dir.), Transit/Transfer – Politik und Praxis der Einwanderung in die DDR (1945- 1990), op. cit., p. 10.
6 Badek J., Oltmer J. (dir.), Enzyklopedie. Migration im Europa. Vom 17. Jahrhundert bis zur Gegenwart, Munich, Ferdinand Schöningh Verlag/Wilhelm Fink Verlag, 2007, p. 162.
7 Schulz M., « Migrationspolitik in der DDR », in Priemelk P. (dir.), Transit – Transfer. Politik und Praxis der Einwanderung in die DDR (1945-1990), Berlin-Brandenburg, be. bran 2011, p. 143-168.
8 Poutrus P. G., « Polit.-Emigranten in der DDR », in Demke E., Schüle A.(dir)., Ferne Freunde – Nahe Fremde. Unterrichtsmaterialen zum Thema Ausländer in der DDR, Berlin, 2006, p. 59.
9 Poutrus P.G., « Asyl im Kalten Krieg », in Totalitarismus und Demokratie – Fluchtpunkt Realsozialismus, Politische Emigranten in den Warschauer-Pakt-Staaten, vol. 2, 2005, p. 277.
10 Trommer L., Ausländer in der DDR und in den neuen Bundesländern, Berlin, Max-Planck-Institut für Bildungsforschung, 1992, p. 23.
11 Jasper D., « Ausländerbeschäftigung in der DDR », in Krüger-Potratz M., Anderssein gab es nicht. Ausländer und Minderheiten in der DDR, op. cit, p. 171.
12 Article 10 de la constitution de la RDA (1949).
13 Article 23 de la constitution socialiste de la RDA (1968).
14 Verordnung über den Aufenthalt von Ausländern im Gebiet der DDR vom 14.12.1956, in Elsner E.-M., Elsner L., Zwischen Nationalismus und Internationalismus, op. cit., annexe p. 86-89.
15 Elsner E.-M., Elsner L., « Ausländerpolitik und Ausländerfeindlichkeit in der DDR », in Hessler M. (dir.), Zwischen Nationalstaat und multikultureller Gesellschaft, Berlin, 1993, p. 192.
16 Riebera J., Forced Migration im Central and Eastern Europe, op. cit., p. 154.
17 Elsner E.-M., Elsner L., Zwischen Nationalismus und Internationalismus, op. cit., p. 49.
18 Trommer L., Ausländer in der DDR und in den neuen Bundesländern, op. cit., p. 23.
19 Poutrus P.G., « Zuflucht im Ausreiseland – Zur Geschichte des politischen Asyls in der DDR », in Jahrbuch für Kommunismusforschung, 2004, p. 363 ; Patrice G. Poutrus, « Asyl im Kalten Krieg – Eine Parallelgeschichte aus dem geteilten Nachkriegsdeutschland », in Totalitarismus und Demokratie, Nr.2, 2005, p. 276.
20 Poutrus P.G., « Asyl im Kalten Krieg… », op. cit. p. 280.
21 Fernandez Vicente M.J., Emigrer sous Franco. Politiques publiques et stratégies individuelles dans l’émigration espagnole vers l’Argentine et vers la France (1945-1965), thèse de doctorat en histoire, université Paris VII, 2004.
22 Krüger-Potratz M., Anderssein gab es nicht, DDR – Ausländer und Minderheiten in der DDR, Münster Waxmann, 1991.
23 Badek J. (dir.), Deutsche im Ausland – Fremde in Deutschland. Migration in Geschichte und Gegenwart, München, Verlag C. H Beck, 1992.
24 « Migration und staatliche Ausländerpolitik im 20. Jahrhundert, Materialen des 9. Rostocker Migrations-Kolloquiums 1987 », in Fremdarbeiterpolitik des Imperialismus, no 19, Rostock, 1988.
25 Gestrich A., Krauss M., Migration und Grenze, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1998 ; Gestrich A., Krauss M., Zurückbleiben. Der vernachlässigte Teil der Migrationsgeschichte, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2006 ; Kleinschmidt H., Menschen in Bewegung. Inhalte und Ziele historischer Migrationsforschung, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002 ; Oltmer J., Migrationsforschung und interkulturellen Studien, IMIS Schriften 11, Osnabrück, Universitätsverlag Rasch, 2002 ; Wenning N., Migration in Deutschland. Ein Überblick, Münster/New York, Waxmann, 1996.
26 Frowein J., Stein T. (dir.), Die Rechtsstellung von Ausländern nach staatlichem Recht und Völkerrecht, Tome 1 & 2, Würzburg, Springer Verlag, 1987.
27 Elsner E-M., Elsner L., Ausländer und Auslandpolitik in der DDR, Berlin, Hefte zur DDR-Geschichte, Abhandlungen 2, 1992 ; Elsner E-M., Elsner L., Zwischen Nationalismus und Internationalismus. Über Ausländer und Ausländerpolitik in der DDR (1949-1990), Rostock, Norddeutscher Hochschulschriften Verlag, 1994.
28 Behrends J. C., Lindenberger T., Poutrus P. (dir.), Fremde und Fremd-Sein in der DDR. Zu historischen Ursachen der Fremdfeindlichkeit in Ostdeutschland, Berlin, Metropol, 2003.
29 Priemel K. C. (dir.), Transit. Transfer. Politik und Praxis der Einwanderung in die DDR (1945- 1990), Berlin, be. bra, 2011.
30 Heine H., « El exilio republicano en Alemana oriental », in Migraciones y exilies, no 12.2, 2001, p. 111-121.
31 Poutrus P., « Mit strengem Blick – Die sogenannten Polit. Emigranten in den Berichten des MfS », in Jan C. Behrends, Thomas Lindenberger, Patrice G. Poutrus (dir.), Fremde und Fremdsein in der DDR, op. cit., p. 231-250.
32 Kreienbrink A., « Umgang mit Flüchtlingen in der DDR », in Totalitarismus und Demokratie – Fluchtpunkt Realsozialismus – Politische Emigranten in den Warschauer-Pakt-Staaten, Hannah-Arendt-Institut für Totalitarismusforschung Dresden, vol. 2, 2005.
33 Da Silva M., Mortier J., « L’exil espagnol en RDA », in Roger Bourderon (dir.), La Guerre d’Espagne – L’Histoire, les lendemains, la mémoire, Paris, Thallandier, 2007.
34 Drescher J., Asyl in der DDR. Spanisch-kommunistische Emigration in Dresden (1950-1975), Saarbrücken, 2008.
35 Behrends J. C., Lindenberger T., Poutrus P. (dir.), Fremde und Fremdsein in der DDR, op. cit., Introduction.
36 Entre autres : Kott S., Droit E. (dir.), Die ostdeutsche Gesellschaft, eine transnationale Perspektive, Berlin, Links, 2006 ; Rowell J., Le totalitarisme au concret. Les politiques du logement en RDA, Paris, Economica, 2006, Droit E., Vers un homme nouveau ? L‘éducation socialiste en RDA, Rennes, PUR, 2009.
37 Deutscher Bundestag, Materialen der Enquete-Kommission « Aufarbeitung von Geschichte und Folgen der SED-Diktatur in Deutschland », Francfort, Baden Baden, 1995 (9 tomes) ; Schroeder K. (dir.), Geschichte und Transformation des SED-Staates, Berlin, Akademie Verlag, 1994
38 Bessel R., Jessen R. (dir.), Die Grenzen der Diktatur. Staat und Gesellschaft in der DDR, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1996.
39 Selon Konrad H. Jarausch, la société en RDA se divise entre « marxistes », « suiveurs » et « opposants », qui ont, en fonction de leur statut, la vie plus ou moins dure en RDA.
40 Jarausch K.H., « Au-delà des condamnations morales et des fausses explications. Plaidoyer pour une histoire différenciée de la RDA », in Genèses, no 52, 2003, p. 94.
41 Dont le plus récent est : Gieseke J., Wentker H. (dir.), Die Geschichte der SED. Eine Bestandsaufnahme, Berlin, Metropol Verlag, 2011.
42 Estruch Tobella J., El PCE en la clandestinidad (1936-1956), Madrid, Siglo XXI de España, 1982 ; Moran G., Miseria y grandeza del Partido Comunista de España (1939-1985), Barcelone, Planeta, 1986 ; Bueno M., Hinojosa J., Garcia Garcia C. (dir.), Historia del PCE, Congreso (1920-1977), vol. 1, Madrid, FIM, 2007 ; Bueno Lluch M., Galvez Biesca S. (dir.), « Nosotros los comunistas ». Memoria, Identidad e historia social, Seville, FIM/Atrapasuenos, 2009.
43 Thèse défendue en France par Courtois S., Le jour se lève. L’héritage du totalitarisme en Europe. 1953-2005, édition du Rocher, Paris, 2006.
44 Pfeil U., Die « anderen » deutsch-französischen Beziehungen. Die DDR und Frankreich (1949-1990), Köln, Böhlau Verlag, 2004.
45 Pöthig C., Italien und die DDR. Die politischen, ökonomischen und kulturellen Beziehungen von 1949 bis 1980, Frankfort/Main, Peter Lang, 2000.
46 Berger S., Laporte N., Friendly Enemies. Britain and the GDR (1949-1990), New York, Berghahn Books, 2010.
47 Di Palma F., « Die SED, die Kommunistische Partei Frankreichs (PCF) und die Kommunistische Partei Italiens (PCI) von 1968 bis in die achtziger Jahre. Ein kritischer Blick in das Dreiecksverhältnis », in Deutschland Archiv, no 43, 2010, p. 80-89.
48 Steinkühler M., « Die SED und der PCI. Rückblick eines Angehörigen des Auswärtigen Dienstes », in Deutschland Archiv, n° 43, 2010, p. 1016-1023.
49 Stergiou A., Im Spagat zwischen Solidarität und Realpolitik. Die Beziehungen zwuschen der DDR und Griechenland und das Verhältnis der SED zu KKE, Mannheim und Möhnesee, Bibliopolis, 2001.
50 Grebe I., « Grussadressen, Kleiderspenden, Kaderschulung : Zur Solidarität der SED mit der Kommunistischen Partei Spaniens », in Hallische Beiträge zur Zeitgeschichte, Heft 7, Halle, 2000 ; Uhl M., Mythos Spanien. Das Erbe der internationalen Brigaden in der DDR, Bonn, Dietz, 2004.
51 Bauerkämper A., Di Palma F. (dir.), Bruderparteien jenseits des Eisernen Vorhangs. Die Beziehungen der SED zu den kommunistischen Parteien West- und Südeuropas (1968-1989), Berlin, Ch. Links, 2011. Denoyer A., Fajaldo J. M., « “Es war sehr schwer nach 1968 als Eurokommunistin” – Emigration, Opposition und die Beziehungen zwischen der Partido Comunista de Espana und der SED », op. cit., p. 186-202.
52 Ruano-Borbalan J-C., L’histoire aujourd’hui, Paris, Éditions Sciences Humaines, 1999.
53 Schulze W., Sozialgeschichte, Alltagsgeschichte, Mikro-Historie, Göttingen, Vandenhoeck-Reike, 1994, p. 21.
54 Farges P., Le trait d’union ou l’intégration sans oubli. Itinéraires d’exilés germanophones au Canada après 1933, Paris, Ed. de la Maison des sciences de l’homme, 2008, p. 30.
55 Egido León A., « Trabajando con la memoria : exilio y fuente oral », in Historia y Comunicación Social, no 6, 2001, p. 268.
56 Frank R., « La mémoire et l’histoire », in Cahiers de l’IHTP, no 21, 1992.
57 Gomart T., « Quel statut pour le témoignage en histoire contemporaine ? », in Hypothèses, no 1, 1999, p. 109.
58 Farges P., Le trait d’union ou l’intégration sans oubli. Itinéraires d’exilés germanophones au Canada après 1933, op. cit.
59 Peschanski D., « Effets pervers », in Cahiers de l’IHTP, no 21, 1992.
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