La voix et la plume. La double carrière de Philémon Pierre Dumetz : aux racines d’une dynastie centenaire au service de la Marine
p. 129-142
Texte intégral
1Reçu parmi les musiciens ordinaires du roi au crépuscule du règne de Louis XIV, le ténor1 Philémon Pierre Dumetz devient commis au secrétariat d’État de la Marine en 1723, sans pour autant quitter sa première charge. Jusqu’en 1762, il sert avec fidélité et efficacité ces deux fonctions, et quitte même la seconde lesté de la pension de plus ancien commis. Pourtant, rien dans sa famille ne laisse présager cette double carrière.
2Issu d’une famille parisienne sans lien avec la Marine, Dumetz y fait néanmoins souche : sans compter quelques officiers de vaisseau, trois de ses fils (dont deux morts en charge) mènent une carrière d’écrivain de la Marine, ainsi qu’un petit-fils, formé à Versailles sous sa supervision. La famille Dumetz reproduit ainsi le mécanisme d’hérédité décrit par Marc Perrichet2, à la suite des travaux plus anciens de Dagnaud3. Qu’il s’agisse de l’apprentissage comme surnuméraire, auprès du père ou du grand-père, des recommandations nécessaires pour entrer au service ou de l’interpénétration entre les bureaux des ports et ceux de la Cour, les trois générations de Dumetz au service de la Marine entre 1723 et 1822 illustrent les pratiques de leurs contemporains, jusque dans les cumuls de charges du fondateur.
3Ainsi, cette (courte) dynastie aux origines bien peu maritimes permet, d’une manière malheureusement partielle et en pointillé, d’étudier la carrière d’officier de plume de la Marine – au sein des bureaux de Versailles, dans les ports, à bord des navires ou dans les colonies –, aussi bien que les pratiques de recrutement et les mécanismes de transmission des savoirs et des fonctions.
Le fondateur : chanteur et homme de plume
4Philémon Pierre Dumetz naît le 21 février 1695, à l’ombre de l’église Saint-Roch où il est baptisé, dans une famille parisienne de la rue Saint-Honoré, d’un père secrétaire d’un grand maître des Eaux et Forêts de Normandie4, puis « procureur du Roy de la maréchaussée des camps et armées du Roy5 ». Il est apparenté à la famille Le Pot6, installée dans le même quartier, qui fournit plusieurs officiers du roi et un notaire, Le Pot d’Auteuil, dont l’étude est fréquentée par Dumetz, bien longtemps après son installation à Versailles – c’est ce cousin qui dresse l’inventaire après décès de son épouse en 1769.
5Il devient musicien ordinaire du roi le 20 décembre 17147 et obtient, en 1723, un emploi dans l’administration centrale de la Marine, cumulant les deux fonctions durant près de 40 ans. En 1730, l’intendant de la généralité de Paris le commet en outre au recouvrement de la capitation et des vingtièmes de Versailles8. Cette situation n’est pas exceptionnelle : dans les administrations ministérielles et au sein des services de la Maison du roi, les cumuls sont fréquents9. Parmi les musiciens du roi, hormis les charges musicales, les fonctions ajoutées sont généralement de flatteuses sinécures. Or, nous savons que le travail des bureaux n’en était pas une10, pas plus que les fonctions à la Musique du roi. À ce titre, Dumetz constitue une forme d’exception.
6Cerner avec exactitude l’activité musicale de Dumetz n’est pas chose aisée. Bien que reçu en 1714, il ne laisse aucune trace avant 1717. Il est alors compté pour 500 livres parmi les musiciens ordinaires payés sur la cassette du roi sous le règne de Louis xiv11. En 1722 et 1727, il apparaît parmi les « chantres & symphonistes de la Chapelle Musique, […] employez pour diverses sommes sur l’état des Menus, au lieu qu’ils étoient payez ci-devant sur la Cassette du Roy12 ». En 1732, il se porte acquéreur d’un office de chantre de la Chambre, en survivance d’Antonio Bagnera, ce qui n’implique aucun service réel, d’autant que la tessiture vocale de Dumetz n’est guère employée pour les soli13. Le service de chantre de la chapelle, en revanche, est astreignant car quotidien (messes du roi et de la reine, plus les répétitions). De fait, les commis des secrétaires d’État sont rarissimes parmi les musiciens. On ne trouve guère que Claude-Alexis Blouquier, commis au département de la Guerre et bibliothécaire de la musique de la Chapelle à partir de 1761. Or, contrairement aux précédents titulaires de cette dernière charge, dont son père14, il n’est pas réellement musicien15.
7En cumulant trois charges (Musique, Marine et fisc) dont aucune n’est une sinécure, Dumetz fait donc figure d’exception. À défaut d’expliquer totalement cette situation singulière, les mécanismes du recrutement dans ses trois emplois permettent d’en éclairer partiellement les raisons, du moins de manière hypothétique.
8Une capacité musicale solide et reconnue est indispensable à tout engagement d’un ordinaire de la Musique du roi. Louis xiv veille du reste personnellement au choix de chacun de ses musiciens16. Dumetz, enrôlé à la fin de sa vingtième année, a certainement reçu au préalable une formation musicale, peut-être au sein d’une maîtrise parisienne proche de son domicile. Le choix est étendu dans ce quartier très central : Saint-Honoré, Saint-Louis du Louvre, Saint-Germain-l’Auxerrois ou Saint-Eustache, à défaut de pouvoir chanter à Saint-Roch, sa paroisse natale, dépourvue de maîtrise avant 175417. Les aptitudes musicales du jeune homme n’excluent pas des appuis influents. Son parrain Pierre Philémon Savary, grand maître des Eaux et Forêts de Normandie et employeur de son père, campe un protecteur crédible18. Plus vraisemblablement encore, vu l’importance des bois dans la construction navale, ce personnage a pu constituer une protection solide pour l’entrée du chanteur dans les bureaux de la Marine19.
9Son embauche – dont la date exacte demeure inconnue – est contemporaine de la réorganisation des services centraux de la Marine par Maurepas, nommé à leur tête le 10 août 1723. Néanmoins, aucun lien tangible ne se dégage entre Dumetz et le jeune secrétaire d’État, si ce n’est que ce dernier, chargé de la Maison du roi depuis 1718, est déjà, à ce titre, le ministre de tutelle du chanteur. Dumetz peut faire valoir la proximité comme gage de son assiduité future : depuis le retour de la Cour, à la mi-juin 1722, il habite à Versailles, où s’installent la plupart des bureaux de la Marine. Enfin, comme une partie des commis des secrétaires d’État, les musiciens du roi suivent le souverain dans ses déplacements20, en particulier pour les voyages de la Cour à Compiègne et Fontainebleau21. En engageant l’un d’entre eux, la Marine fait donc l’économie de ses défraiements22, pris en charge par les Menus Plaisirs sur les débours de la Musique. Ces facilités ne sauraient suffire à expliquer le choix de Dumetz, sans doute lesté d’un bagage de connaissances classique (acquis dans un collège, ce qui pourrait exclure une formation maîtrisienne, ou auprès de son père ?), mais elles n’en constituent pas moins des arguments, pratiques et financiers, qui ont pu peser dans la balance.
10Enfin, la commission pour le recouvrement des impositions de Versailles découle probablement d’une probité reconnue et d’une bonne connaissance du maniement des deniers, en partie acquise au sein du bureau des fonds de la Marine. En 1769, Dumetz est secondé dans cette tâche, bien réelle, par un caissier qui rend un compte fidèle des fonds issus de la capitation et des vingtièmes durant les trois années précédentes23.
Une carrière de commis à la Marine
11Sa carrière au secrétariat d’État de la Marine est, hélas, l’élément le plus mystérieux de la vie de Dumetz. Son dossier personnel est mince (huit pièces) et guère explicite24. Bien qu’il affirme être entré dans les bureaux en 1723, son nom n’émerge pas des archives avant 173925. Il est vrai que les états de paiements précédents se cantonnent aux principaux commis, qui se chargent des dépenses de leur bureau, et, de façon ponctuelle, à quelques subalternes. Les fonds affectés au paiement des commis proviennent des retenues de la capitation et du dixième sur la Marine et les Galères26. De 1739 (au plus tard) à 1757, Dumetz émarge au bureau des fonds, puis il passe à celui des officiers d’épée et de plume, nouvellement créé par démembrement des bureaux existants27, où il termine sa carrière cinq ans plus tard. Ce changement d’affectation est tout théorique, puisqu’il était vraisemblablement déjà en charge, au bureau des fonds, de la gestion des officiers de plume.
12Comme d’autres commis du département (et, pour partie, le secrétaire d’État lui-même), Dumetz est rétribué non sur les dépenses de la Marine, mais sur les dépenses secrètes (300 livres) et sur le fonds des Invalides de la Marine (200 livres)28. La modicité de cette rémunération et sa constante qualification en suppléments d’appointements peuvent découler du fait que l’emploi de Dumetz à la Marine constitue un complément de sa fonction principale à la Musique du roi. Voilà qui pose également la question de la réalité de son activité dans les bureaux. Chaque jour en fin de matinée, la messe du roi le retient hors du bureau29. Compense-t-il par une présence prolongée dans l’après-midi ? Par ailleurs, l’irrégularité des activités extraordinaires de la Musique lui complique vraisemblablement le suivi quotidien des affaires de la Marine. Cependant, le travail est peut-être moins régulier au bureau des fonds que dans les autres30. On peut confier à Dumetz des activités qui ne l’astreignent pas à une présence continue : missions ponctuelles de calcul ou de répartition des dépenses, copie des ordonnances ou des brevets31.
13Le chanteur semble d’ailleurs avoir optimisé ses déplacements entre ses deux lieux de travail. À une date inconnue, au plus tard en 1744, il a en effet trouvé un logement rue de la Paroisse Notre-Dame, au premier étage d’une maison à l’angle du cul-de-sac des Écuries de la reine32. Les bureaux de la Marine, alors installés rue des Bons-Enfants33, sont idéalement situés à mi-chemin du château où il exerce sa charge musicale. Les commis de la Marine sont d’ailleurs assez nombreux dans ce quartier proche de leur office : six dans la seule rue de la Paroisse en 1744, dont deux presque au coin de la rue des Bons-Enfants, à l’enseigne prédestinée du Grand Amiral34.
14En 1751, Dumetz est « le plus ancien commis de la Marine35 » et, en fin de carrière, il est présenté comme « principal commis » – il peut donc diriger le travail du bureau, en l’absence du premier commis Rodier, indice d’une efficacité éprouvée. À partir de 1753, il touche 1000 livres sur la caisse des Invalides et 500 livres sur les dépenses secrètes, total doublé par des versements du Trésor royal, le tout invariablement porté en supplément d’appointements36. En 1762, lors de son départ en retraite, son traitement est converti en une pension de 3000 livres, augmentée d’une autre de 1000 livres comme plus ancien commis, signe visible de reconnaissance pour la tâche accomplie37.
La deuxième génération : une fratrie dévouée à la Marine
15Non content d’avoir servi la Marine durant quatre décennies, Dumetz y place quatre fils, dont trois dans l’administration, comme Philippe Prévost de la Croix l’avait fait avant lui38. La conjoncture est particulièrement favorable, grâce à l’inflation d’élèves écrivains durant les années 1750, et les jeunes gens bien introduits, parmi lesquels plusieurs fils de musiciens du roi, entrent en nombre au service de la Marine39. Pour autant, seuls des commis de la Marine, forts de la confiance de leurs supérieurs, sont en mesure d’obtenir l’enrôlement de plusieurs enfants, qu’ils ont préalablement formés auprès d’eux, gage de reproduction de leur efficacité.
16Nicolas Pierre Dumetz, l’aîné des frères, est mal connu40. Probablement né en 172241, il rejoint son père au bureau des fonds en 1741, avec le titre d’élève écrivain et les appointements mensuels de 30 livres qui y sont attachés – une formation préalable non rémunérée n’est pas exclue. Promu écrivain ordinaire en 1745, avec un traitement annuel de 720 livres, puis écrivain principal en 175142, il effectue tout son service à Rochefort où il est affecté au magasin général, au contrôle, aux classes et enfin, à partir de 1752, au bureau des colonies43, dont il obtient la direction par commission royale en 176044. Il meurt en exercice, le 1er octobre 1760, laissant une veuve et une fille mineure45. Peu avant son décès, ses supérieurs soulignent son assiduité, son application et son amour du travail, précisant qu’« il sera plus propre pour la comptabilité et pour le travail sédentaire que pour les mouvemens46 ».
17Le second fils (vraisemblablement Antoine François, né en 1725) est connu par l’évocation, par son père, de sa mort « quelques années avant [son aîné] dans une campagne des Indes47 ». Ce Dumetz-là semble donc avoir choisi de naviguer plutôt que de se consacrer à l’administration, mais il ne faut pas tirer de conclusion trop hâtive, puisque le benjamin de la fratrie, écrivain de la Marine comme deux de ses aînés, a péri noyé lors de la désastreuse bataille des Cardinaux, le 20 novembre 1759. Embarqué comme écrivain de bord sur le Thésée, vaisseau de 74 canons placé sous le commandement de M. de Kersaint, le jeune Dumetz de Prémarais n’échappe pas, avec plus de 600 hommes d’équipage et soldats, au naufrage qui suit une manœuvre malheureuse dans une mer formée48. À l’image de son aîné, le jeune homme avait débuté comme élève écrivain dans les bureaux centraux de la Marine, en octobre 175149, puis à Rochefort, de 1754 à 1757, « pour s’y instruire sous les yeux de son frère50 ». Malmené par les fièvres qui règnent sur les bords de la Charente, le jeune homme regagne Versailles pour se soigner, mais continue à exercer sa fonction à distance, grâce au soutien de son père – décidément influent dans les services –, avant d’être envoyé à Brest où « Hocquart le fera embarquer sur l’un des vaisseaux en armement s’il le juge capable », avec les suites que l’on sait51.
18Seul le cadet des fils, Marie François Dumetz de Montchauvet, vit assez longtemps pour mener une carrière longue, dans les bureaux de la Marine et au-delà. Né en 172752, il semble avoir débuté comme ses frères avec le grade d’écrivain ordinaire au sein de l’administration centrale à Versailles : il est dénommé ainsi sur l’état des paiements pour les six premiers mois de 1751, à moins qu’il ne s’agisse de son frère. En effet, son dossier ne permet pas de connaître avec certitude les conditions exactes de l’origine de sa carrière : il aurait été receveur des aides de 1750 à 1755, avant d’entrer au service de la Marine, le 12 juin 175553.
19Envoyé aux Antilles, il est commis au bureau des classes (1er mars 1756), puis écrivain ordinaire des colonies à la Martinique. Passé à la Grenade, en 1759, comme écrivain ordinaire de la Marine faisant fonction de commissaire, il y épouse la fille d’un habitant de Gouyave54. De retour en France, en 1763, pour rendre compte de sa gestion, achevée par la prise de possession de l’île par les Anglais suite au traité de Paris, il loge chez son père à Versailles. Il y affranchit une esclave de son épouse, prénommée Marthe55. De retour à la Martinique en 1765, pour y tenir la fonction de sous-commissaire de la Marine et des classes56, il y éprouve des difficultés pour se loger correctement et s’y heurte à l’intendant. Aussi souhaite-t-il envoyer son épouse et leurs deux enfants à Bordeaux dès l’été 176557. Demandant à regagner lui-même la France en octobre 176558, il obtient satisfaction à la fin de 1767, « pour y rétablir sa santé59 », et quitte son poste en mai 176860. Il prétend que, faute d’avoir été payé, ce séjour antillais l’a ruiné, d’autant qu’il a dû vendre les biens et les esclaves de son épouse avant de s’embarquer pour Bordeaux. Il espère donc une place de sous-commissaire dans ce dernier port, car le climat lui convient et parce qu’il souhaite acheter à sa belle-mère « un bien de campagne entre Toulouze et Bordeaux61 ».
20Après un bref intérim bordelais, il est finalement nommé commissaire des classes du quartier de Blaye, le 1er mai 1769. Placé en retraite le 5 mai 1782 et réintégré le 11 septembre de l’année suivante62, il y achève sa carrière en 1802, « vieillard infirme » de 75 ans, après 46 ans de service comme officier de plume de la Marine63. Il profite peu de cette retraite tardive, puisqu’il meurt le 10 novembre 180464.
La fin d’une dynastie
21La troisième génération est représentée par quatre fils de Dumetz de Montchauvet. Parmi ses trois autres enfants, une fille périt avec son enfant dans un naufrage au large de l’île d’Yeu, dans la nuit du 6 janvier 1791, et un fils, soldat embarqué pour Saint-Domingue et capturé par les Anglais, disparaît à la Jamaïque sans laisser aucune trace65. Après deux générations, la famille semble donc solidement ancrée dans le monde maritime et colonial.
22L’aîné des enfants, Louis François Philémon, né le 15 mars 1760 sur l’île de la Grenade et filleul de son grand-père66, est le dernier Dumetz à servir dans les bureaux. Un de ses frères, non dénommé, apparaît subrepticement en 1791, lorsque Dumetz de Montchauvet, qui doit quitter son poste pour régler des affaires liées à la succession paternelle, propose de se faire remplacer par ce fils « qui a servi dans les bureaux de Bordeaux et qui travaille actuellement dans celui de son père67 ». Deux autres frères, devenus officiers de vaisseau, périssent au combat pendant la Révolution68. Louis François Philémon n’a, quant à lui, jamais navigué (si ce n’est, pendant ses neuf premières années, au gré des mutations paternelles), puisque les ordonnances de Sartine du 27 septembre 1776 ont supprimé la fonction d’écrivain de bord qui avait été fatale à son oncle69.
23Philémon Pierre Dumetz suit de près les progrès de son petit-fils et filleul, accueilli très tôt dans l’appartement de la rue de la Paroisse. Le 27 mars 1769, l’ancien commis retraité établit en effet avec son fils rentré en France une convention « relativement à la pension alimentaire, éducation et entretien » de l’enfant70. Philémon Pierre comble ainsi partiellement la solitude de son récent veuvage. La formation du jeune garçon est inconnue, mais on sait qu’il assiste son grand-père pour la perception des impôts et passe quelque temps à Blaye, auprès de son père71. Aussi est-il reçu sans difficulté comme surnuméraire au bureau des classes, à Versailles, en mai 1777. Chez son grand-père, le jeune homme occupe alors une chambre à l’extrémité de l’aile sur la cour, jouissant ainsi d’une certaine indépendance72.
24L’espoir, exprimé dans le testament que Philémon Pierre rédige une semaine avant son décès73, de voir son filleul accéder à une place de commis se réalise en 1780 : avec 1300 livres d’appointements, il est attaché au bureau des classes, placé sous l’autorité de Rodier74, celui-là même qui fut le chef de Philémon Pierre Dumetz à la fin de sa carrière. En 1782, le jeune commis touche 1500 livres annuelles, puis 1600 à partir de 1784. Marié en 1785 avec Madeleine Billioux75, « sous les auspices de M. le Comte de La Touche76 », il est bientôt père de famille77.
25Sa carrière s’interrompt en 1792, « pour royalisme » selon une version tardive, généreusement répandue sous la Restauration78, plus prosaïquement pour cause de restructuration des services79. C’est dans les ports qu’il reprend du service en octobre 1793, d’abord comme sous-chef des bureaux civils de la Marine en charge des classes à Honfleur puis, à partir de 1794, en Aquitaine, avec une parenthèse d’un an et neuf mois à Rochefort, au tournant du siècle. Nommé responsable du quartier de Libourne, il passe à celui d’Agen (sis à Auvillars) en 1800, puis à Bordeaux en 1803. Dans chacun de ces postes comme jadis à Versailles, Dumetz est chargé des classes, dont la famille semble s’être fait une spécialité. Lorsqu’il le renvoie à Agen, en 1810, son supérieur, le commissaire général de la Marine Bergevin, chef de l’arrondissement maritime de Bordeaux, souligne la parfaite connaissance de l’inscription maritime de son protégé80. Sept ans plus tard, le même Bergevin, sollicite la légion d’honneur pour « le vertueux Mr Dumetz […] un des meilleurs administrateurs de la marine de [son] arrondissement », et souligne que la cause de sa seule interruption de service, en 1792, « est trop belle, pour que ce temps ne soit pas considéré comme en activité81 ».
26Le 18 septembre 1822, après plus de 44 ans de services civils dans la Marine, Dumetz est admis à la retraite, avec le grade honorifique de commissaire82. Il faut pourtant bien des sollicitations et bien des démarches pour qu’il obtienne le versement de sa pension, du fait de désaccords au plus haut niveau à propos du décompte des services dans les bureaux de l’administration centrale, que certains refusent de compter comme les services effectués dans les ports. En juin 1823, son beau-frère Billioux, ancien chef de bureau de la Marine demeurant à Versailles, intercède auprès du ministre pour qu’une avance lui soit versée, car il n’a rien touché depuis sa retraite et « meurt de faim avec deux filles à sa charge83 ». Cette missive entraîne des recherches dans les archives de l’administration de la Marine, afin de retrouver la trace des premières années de Louis François Philémon dans les bureaux de la rue de la Surintendance84. Maigre compensation, Dumetz reçoit la croix de l’ordre de Saint-Louis le 22 septembre 182385, mais ce n’est qu’un an plus tard que la question de sa retraite est définitivement réglée86. Le 19 juin 1829, le dernier Dumetz qui ait servi la Marine s’éteint, laissant deux filles sans autre ressource que la réversion de la maigre retraite de leur défunt père87.
27Le recrutement, en 1723, de Philémon Pierre Dumetz, issu d’un milieu bien éloigné des embruns de l’océan, est la première étape d’un siècle de service familial ininterrompu dans les bureaux de la Marine – et non pas « deux cents ans » comme le prétend immodérément son fils Marie François88. Deux petits-fils embrassent une carrière d’officiers embarqués, fauchée par des combats malheureux, et deux autres rejetons (un fils et un petit-fils) participent à des activités outre-mer. Surtout, trois fils et un petit-fils s’engagent parmi les officiers de plume, après une formation supervisée par le patriarche fondateur dans les bureaux de Versailles. La deuxième génération s’éloigne rapidement du regard paternel et part servir dans les ports, parfois lointains, puisqu’une partie de la carrière de Dumetz de Montchauvet se déroule aux Antilles. La troisième génération, plus aventureuse, est toutefois marquée par la longue carrière sédentaire de Louis François Philémon, d’abord, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, dans les bureaux centraux où plane l’ombre bienveillante de son aïeul, puis, comme son père, dans ceux des ports.
28Cette dynastie fait écho à bien d’autres familles au service de la Marine, où les fils succèdent aux pères89, auprès desquels ils se sont formés dans les bureaux, à Versailles ou dans les ports. Son originalité repose sur la personnalité du fondateur qui semble tombé de nulle part, sans aucun lien préalable avec la Marine. Certes, d’autres musiciens du roi placent leurs fils dans la Marine, mais il semble bien qu’ils s’inscrivent dans une tradition familiale déjà établie, où la pratique musicale est l’exception. C’est en partie le cas du claveciniste et maître de musique de la Chambre Jean-Baptiste Cardonne, fils de Dominique Cardonne, commis de la Maison du roi, dont plusieurs parents servent la Marine90. Dans la famille Pièche, une branche sert avec constance au port de Toulon, entraînant dans son sillage le cousin Joseph Henri, fils du fameux flûtiste Pierre Pièche, de la branche versaillaise, presque exclusivement musicale – une de ses sœurs épouse néanmoins un diplomate, tandis qu’un cousin, lui aussi flûtiste, est également signalé comme géographe du roi91. La famille Dumetz se démarque donc par le fait que son fondateur est un homme nouveau aussi bien à la Marine qu’à la Musique et par le cumul quasi immédiat des deux fonctions. Il semble bien être l’unique exemple de musicien du roi ayant des responsabilités dans la Marine et, au-delà, le seul musicien commis d’un secrétaire d’État92. L’autre aspect original de la famille Dumetz est cette forme de spécialisation dans ce que nous appellerions aujourd’hui les ressources humaines, soit au bureau central des officiers de plume, soit dans les bureaux des classes, à Versailles et dans les ports. En contradiction avec les conclusions de Marc Perrichet sur les Prévost de la Croix qui, par ce qui paraît être une stratégie familiale, servent dans des parties différentes du service93, ce constat semble faire de la famille Dumetz un cas particulier autant qu’un cas d’école. La polyvalence de Philémon Pierre Dumetz, classique dans le domaine musical, le devient beaucoup moins dès lors qu’elle s’étend aux tâches administratives et à la perception fiscale. Elle pose la question de la formation (qui échappe aux investigations) et des compétences professionnelles, qui se doivent d’être effectives dans les trois tâches, mais aussi celle de la gestion du temps de travail. Dans l’état actuel de nos recherches, les sources ne permettent guère de répondre autrement que par des suppositions. En outre, la stratégie familiale des Dumetz, exclusivement tournée vers le service de la Marine, tranche avec celle des autres musiciens du roi qui tissent leurs réseaux dans le monde musical et aulique. À cet égard, il paraît vraisemblable que l’arrivée de Philémon Pierre Dumetz dans ce milieu artistique soit le fruit du hasard, fondé sur des capacités vocales remarquables94, tandis que son entrée dans l’administration, bien que plus tardive, découle en fait d’une stratégie familiale tournée vers la plume plus que vers la musique.
Figure 1. – Généalogie de Philémon Pierre Dumetz.

Notes de bas de page
1 La terminologie du temps parle de taille ou de haute taille, tessiture moins élevée que celle du ténor aigu dénommé haute-contre. Parmi les cinq voix du chœur français, la taille est celle du milieu.
2 Perrichet M., « Plume ou épée : problèmes de carrière dans quelques familles d’officiers d’administration de la marine au xviiie siècle », Actes du quatre-vingt-onzième congrès national des Sociétés savantes, Rennes 1966. Section d’histoire moderne et contemporaine, t. ii : Ancien Régime et Révolution, Paris, Bibliothèque nationale, 1969, p. 145-181.
3 Dagnaud G., « L’administration centrale de la marine sous l’Ancien Régime », Revue maritime, vol. 194, juillet 1912, p. 34-35 et 41-42.
4 Archives de Paris, V2E état-civil reconstitué, 5 Mi 1 3, 21 février 1695, extrait de baptême de Philémon Pierre Dumetz, paroisse Saint-Roch.
5 AN, Minutier Central, lviii, 270, 15 juin 1721, contrat de mariage de Dumetz.
6 AD Yvelines, B 4019, 21 décembre 1768, avis de parents pour la mineure Dumetz, homologué le 4 janvier 1769. Trois membres de la famille Le Pot sont présents : deux éperonniers des Écuries du roi et Florent Jacques Le Pot d’Auteuil, notaire au Châtelet de Paris.
7 AN, O1674, n° 367 ; Marine, C7 94, n° 79, pièce 7.
8 Commission délivrée le 21 février 1730, confirmée par arrêt du Conseil d’État du 11 juillet 1730 (AN, Minutier Central, liii, 444, 16 janvier 1769, inventaire après décès de Mme Dumetz, pièce 2 de l’inventaire des papiers).
9 Dagnaud G., op. cit., p. 37 : plusieurs cas au secrétariat d’État de la Marine en 1781, lors de la réforme du bureau de l’inde.
10 Ibid., p. 28 ; l’anecdote concerne l’époque de Colbert, quand le personnel était moins nombreux.
11 AN, O1 2346, f° 21, cité dans Benoit M., Musiques de cour 1661-1733. Chapelle – Chambre – Écurie, Paris, Picard, 1971, p. 288.
12 L’État de la France, t. i, Paris, Claude Prudhomme, 1722, p. 155 ; L’État de la France, t. i, Paris, Claude Robustel, 1727, p. 185.
13 AN, O1 76, f° 651, 20 décembre 1732, cité dans Benoit M., Musiques de cour, op. cit., p. 438. il n’apparaît pas dans les ordres de paiements des Menus Plaisirs pour les concerts de la reine ou les spectacles.
14 Chantant le dessus, François Blouquier paraît très actif : il forme en particulier les jeunes castrats italiens arrivés en 1719 (mémoire de Falco, AN, O1 3022).
15 Notes des frères Bêche sur la Musique du roi, BNF, Musique, Rés. F 1661, p. 56 ; État nominatif des pensions sur le Trésor royal imprimé par ordre de l’Assemblée nationale, t. i, Paris, Imprimerie nationale, 1789, p. 204.
16 BNF, Musique, Rés. F 1661, p. 27.
17 Sur les églises parisiennes nanties de maîtrises, Lescat P., « Le recrutement des maîtrises parisiennes aux xviie et xviiie siècles », B. Dompnier (dir.), Maîtrises et chapelles aux xviie et xviiie siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003, p. 97-116.
18 Sur ce personnage, voir sa notice nécrologique dans le Mercure de France, 3 avril 1734, et Waquet J.-C., Les grands maîtres des Eaux et Forêts de France de 1689 à la Révolution, Genève/ Paris, Droz, 1978, passim.
19 Marc Perrichet (op. cit., p. 152) relie l’entrée de Potier dans la Marine au commerce du bois de construction navale auquel le rattache son milieu familial. Jean-Claude Waquet a montré les liens qui existaient entre les Eaux et Forêts et le monde de la Cour. Ainsi, le fils du premier commis Rodier, supérieur de Dumetz à la fin de sa carrière, est grand maître des Eaux et Forêts de Touraine à partir de 1785 (Waquet J.-C., op. cit., p. 112 et 403). Pour Dumetz, rien ne permet d’aller au-delà de l’hypothèse plausible.
20 C’est pourquoi le correspondant de la Gazette est toujours un musicien du roi, car il faut « un homme qui [suive] toujours la Cour ». Selon Luynes, « c’est un établissement qu’a fait le feu Roi [Louis XIV] en faveur de ses musiciens » (Dufourcq N. [éd.], La musique à la Cour de Louis XIV et de Louis XV d’après les Mémoires de Sourches et de Luynes. 1681-1758, Paris, Picard, 1970, p. 170).
21 Pour l’organisation de ces voyages dans les bureaux des Affaires étrangères : Samoyault J.-P., Les bureaux du Secrétariat d’État des Affaires étrangères sous Louis XV, Paris, A. Pedone, 1971, p. 77-83.
22 250 livres par commis en 1732 : « Extrait des sommes à payer […] en considération des frais de voyage qu’ils doivent faire à fontau à la suite de la Cour, 1732 », AN, Marine, C2 116.
23 Inv. après décès de Mme Dumetz, doc. cité.
24 AN, Marine, C7 94, n° 79.
25 AN, Marine, C2 116, « État des payemens a faire […] du fonds des dépenses secrettes de 1739 ». Le nom de Dumetz, porté pour 300 livres, est barré.
26 Ibidem, « Mémoire sur l’arrangement des appointements des commis de la marine pendant les années 1724 et 1725 ».
27 Fontaine de resbecq H. de, « L’administration centrale de la marine et des colonies », Revue maritime et coloniale, mars 1886, p. 414. Pour l’état des bureaux en 1757 : AN, Marine, C2 116, « État des bureaux de la Marine à la Cour et à Paris ».
28 AN, Marine, C2 116, « État des appointemens et suplements d’appointements des Pers Commis et Commis de la Me en 1740 ». Dumetz est absent du tableau récapitulatif qui suit, probablement inclus dans la rubrique finale des « appointemens et suppléments d’appointements de divers commis non dénommés dans les Etats du Roy ». Le montant du supplément d’appointements imputé au fonds des dépenses secrètes est inconnu pour les années 1741-1745. En 1746, Dumetz touche 500 livres.
29 L’horaire varie entre 10 heures et 13 heures : Maral A., La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV, Sprimont, Mardaga, 2002, p. 113-114.
30 Au bureau des fonds des Affaires étrangères, la préparation des ordonnances entraîne un surcroît d’activité « harassant » à la fin de chaque trimestre (Samoyault J.-P., op. cit., p. 122).
31 À titre de comparaison, les commis des Affaires étrangères jouissent, à certaines époques, d’une relative liberté, jusqu’à des absences du bureau plusieurs jours durant. Plus tard, si la présence de tous est requise le matin, l’essentiel de l’après-midi est libre (ibid., p. 63-64).
32 L’adresse de Dumetz n’est connue avec assurance qu’à partir de 1744 (AD Yvelines, B 4301, « Déclaration des bourgeois et habitans de Versailles, janvier 1744 », maison n° 235). Une installation plus précoce est vraisemblable, puisque depuis 1736, voire 1716, le propriétaire de la maison est Jacques Croquoison, entrepreneur des bâtiments du roi, sans doute grand-père de Dumetz – le lien de parenté exact est incertain, mais la consanguinité, par la mère de Dumetz née Croquoison, est avérée. La propriété passe en 1750 au gendre de Croquoison, François Pierre Mabile, commis du garde des Sceaux. Ce collègue d’un autre ministère fut, 25 ans plus tôt, le parrain du deuxième fils de Dumetz (AD Yvelines, registre des baptêmes de Notre-Dame de Versailles, 25 janvier 1725). À cette cérémonie, Mabile rencontra sa future épouse, Anne Catherine Croquoison, marraine de l’enfant, et il n’est pas inconcevable d’imaginer Dumetz en entremetteur. Qui sait s’il n’a pas aussi ouvert à Mabile les portes des services des contributions directes ? En 1768, Mabile porte en effet le titre de directeur général du vingtième de la généralité de Paris (avis de parents, 21 décembre 1768, AD Yvelines, B 4019, doc. cité). Sur l’histoire de la maison et les changements de propriété : Portier J., Propriétaires versaillais des origines à l’An II, s. l., s. n., 1982-1985, Le quartier Notre-Dame [AD Yvelines, ms in-4° 295], p. 565 : 24-26, rue de la Paroisse, n° 92 du terrier.
33 Fontaine de Resbecq H. de, « L’administration centrale de la Marine avant 1793 », Revue maritime et coloniale, vol. 61, 1879, p. 150.
34 AD Yvelines, B 4301, « Déclaration des bourgeois et habitans de Versailles, janvier 1744 », maison n° 241.
35 AN, Marine, C7 94, n° 79, pièce 2.
36 AN, Marine, C2 116, bureau des fonds, 1753.
37 AN, O1674, n° 367, décompte des pensions de Dumetz, 1779. Il faut ajouter, depuis 1761, près de 2800 livres au titre de la Musique et, à partir de 1777, 2400 livres de pension de retraite pour ses services de percepteur de la capitation (AN, Marine, C7 94, n° 79, pièce 5).
38 Perrichet M., op. cit., p. 156.
39 Sur l’inflation des demandes et des postes octroyés pour des élèves écrivains, Dagnaud G., art. cit., p. 637 (mémoire sur la constitution de la plume, octobre 1759). Sur les appuis qui permettent les promotions, voir par exemple : AN, Marine, C2 56 ou C2 63, où une colonne est consacrée aux protecteurs des employés. Pour les places d’élèves écrivains aux fils des musiciens Godonnesche et Cupis : lettre à Hocquart (intendant de la Marine à Brest), 21 août 1756, AN, Marine, C2 11, n° 142.
40 Son dossier personnel ne comprend que deux pièces : AN, Marine, C7 94, n° 77.
41 Il est absent du registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Versailles, mais, sauf en cas de conception prénuptiale, il n’a pas pu naître avant février 1722. Il est par ailleurs raisonnable de penser que, si Mme Dumetz était dans un état de grossesse avancée au moment du transfert de la cour, elle a préféré rester à Paris jusqu’à l’accouchement. L’état civil reconstitué de Paris ne garde aucune trace de cet enfant.
42 Proposition de promotion au grade d’écrivain principal, avec la protection de M. Le Normand, intendant des armées navales, AN, Marine, C2 63, f° 27 ; promotion effective, 15 octobre 1751, ibid., f° 37. Dumetz y est qualifié d’avocat au parlement : il a en effet fréquenté la faculté de droit de Paris en 1750-1751.
43 AN, Marine, C2 56, f° 139, sur ces postes successifs, ainsi que sur son passage au Québec à bord du vaisseau L’Alcion en 1747.
44 AN, Marine, C2 13, f° 152, 4 septembre 1760, lettre à Dumetz pour lui annoncer cette commission. Deux ans auparavant, Dumetz fils avait demandé un dédommagement pour 52 pieds d’arbres coupés sur un terrain lui appartenant pour le service d’une batterie de quatre canons chargée de protéger Rochefort d’une descente anglaise en septembre 1756 (C2 12, f° 22, 31 janvier 1758, lettre à M. de Ruis).
45 AN, Marine, C7 94, n° 77 ; C2 40. Sa fille unique, Marie Antoinette Sophie, est placée sous la tutelle de son grand-père, puis, à l’occasion de l’inventaire après décès de sa grand-mère, sous la tutelle ad hoc de son oncle Marie François, seul enfant survivant de la défunte. Cette jeune fille n’est plus lorsque son grand-père décède à son tour en 1779.
46 Liste générale des officiers de plume servant en France, s. d., AN, Marine, C2 56, f° 65.
47 « Mémoire sur le projet de retraite du S. Dumetz (1762) », AN, Marine, C7 94, n° 79, pièce 4.
48 AN, Marine, B4 88, campagne de 1759, escadre de M. de Conflans : plusieurs états d’équipages et récits du naufrage, dont seuls 22 hommes ont réchappé. L’épave a été repérée en 2009 (dépêche AFP, 18 juin 2009) et devrait être fouillée.
49 « État des payemens a faire » (1752), AN, Marine, C2 116. Dumetz de Prémarais reçoit ses appointements pour les « 11 ders jours d’octobre ».
50 AN, Marine, C7 94, n° 81, pièce unique.
51 Ibidem, 2 avril 1757, AN, Marine, C2 12, f° 48.
52 AD Yvelines, registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Versailles, 8 septembre 1727 (né la veille). Extrait de baptême, AN, O1674, n° 371.
53 AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 1 : récapitulation de ses services. La perception fiscale apparaît donc une nouvelle fois dans la famille, mais le jeune Dumetz est en poste loin de Versailles et les aides n’ont rien à voir avec les contributions directes dont s’occupe son père.
54 Contrat de mariage de Dumetz avec Catherine Gautier, 22 mai 1759, AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 2.
55 Affranchissement de la négresse Marthe, 18 août 1763, AD Yvelines, 3 E 43/274.
56 Commission de commissaire aux classes pour les colonies AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 3.
57 Lettre de Dumetz à Dubuc (premier commis des colonies), 21 août 1765, ANOM, Colonies, C8A 67, f° 352-353.
58 Demande de Dumetz, 11 octobre 1765, ibidem, f° 172.
59 Autorisation de congé, 5 décembre 1767, AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 5. Ailleurs (pièce 6), il précise qu’il s’agit d’une maladie de peau. Décision accordant passage à Dumetz et à sa famille, sur la frégate L’Indiscrète, 21 novembre 1767, ANOM, Colonies, C8B 12, n° 172.
60 Lettre de l’intendant à Rodier, 10 avril 1768, ANOM, Colonies, C8A 69, f° 64-65 ; bons services de Dumetz, ibid., f° 66.
61 AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 6.
62 Ibid., pièces 17-19.
63 Ibid., pièces 28 et 32, qui comptabilise 47 ans, du fait de services aux colonies en temps de guerre.
64 Extrait du registre des décès de Blaye, 19 brumaire an 13, ibid., pièce 35.
65 Ibid., pièces 25 et 28.
66 AN, Marine, C7 94, n° 78, pièces 20-21.
67 Ibid., pièce 24. Aucun dossier personnel n’est conservé dans la sous-série C7.
68 Récapitulation des services de Louis François Philémon et des membres de sa famille (1810), ibid., pièce 17.
69 Michel J., Du Paris de Louis XV à la marine de Louis XVI. L’œuvre de Monsieur de Sartine, t. ii : La reconquête de la liberté des mers, Paris, Les Éditions de l’Érudit, 1984, p. 42. Sartine fit toutefois embarquer des écrivains à partir de 1779 pour gérer les vivres des équipages (ibidem, note 6).
70 Scellés et inventaire après décès de Philémon Pierre Dumetz, 4 décembre 1779, AD Yvelines, B 4121, n° 11 de l’inventaire des papiers.
71 Une lettre de Monge, ministre de la Marine, du 12 septembre 1792, rend justice « au zele et aux talents que vous avez dévelopés pendant seize ans que vous avez été employé à ce Bureau [des classes], et dont vous aviez précédemment donné des preuves, pendant quatre ans, tant au bureau des impositions de la ville de Versailles, qu’au bureau des classes de Blaye » (AN, Marine, C7 94, n° 78, pièce 5). Un « État qui fait connaître le nombre des sujets qui composent le bureau des classes » (AN, Marine, C2 119) précise en 1786 qu’il a passé 3 ans « au bureau des classes de Blaye ».
72 Scellés et inv. Philémon Pierre Dumetz, AD Yvelines, B 4121, 4 décembre 1779, doc. cité.
73 Dumetz lègue à son petit fils une partie de sa garde-robe, ainsi que, « s’il est appointé au bureau de la marine où il travaille, ou sur le point de l’être », tous les meubles de sa chambre et 600 livres. Dans le cas contraire, il sera obligé de retourner chez son père et n’aura donc pas besoin de ce legs (AD Yvelines, 3 E 43/326, 28 novembre 1779).
74 Appointements pour 1778, 1779 et 1780, AN, Marine, C2 118.
75 AD Yvelines, registre des mariages de Saint-Louis de Versailles, f° 64, 10 octobre 1785.
76 Il demande l’agrément du ministre pour ce mariage et la gratification de 1200 livres que l’usage fait décerner aux jeunes mariés (AN, Marine, C7 94, n° 78, pièce 3). Une apostille évoque « un bon sujet, assidu et très appliqué à ses devoirs », de quoi réjouir son défunt aïeul. Son protecteur est vraisemblablement Louis-René-Madeleine Levassor comte de La Touche-Tréville (1745-1804), qui a pu connaître la famille Dumetz en Martinique ; il est alors directeur adjoint des ports et arsenaux (Monaque R., Latouche-Tréville. L’amiral qui défiait Nelson, Paris, SPM, 2014).
77 « État […] des sujets qui composent le bureau des classes » (1786), AN, Marine, C2 119 ; on y précise que son épouse est enceinte.
78 « État des services de Louis François Philémon Dumetz » (1817), AN, Marine, C7 94, n° 78, pièce 22 et pièce 27 (autre version de ses états de service, 1822).
79 Lettre de Monge, ibidem, pièce 5, citée supra.
80 Ibid., pièce 19.
81 Ibid., pièce 23. La fidélité royaliste est un poncif des réclamations de l’époque de la Restauration.
82 Ibid., pièces 1 et 24.
83 Lettre de Billlioux, 14 juin 1823, ibidem, pièce 34 ; rapport expliquant la situation de Dumetz, ibid., pièce 35.
84 Rapport de Beauchamp, chef du dépôt général des archives et chartes de la Marine et des Colonies, 28 juin 1823, ibid., pièce 37 ; rapport du même, plus détaillé, 22 juillet 1823, ibid., pièce 40. Billioux effectue lui-même des recherches archivistiques (ibid., pièce 39).
85 Serment de Dumetz pour l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, ibid., pièce 42.
86 Ibid., pièce 44.
87 Ibid., pièce 45.
88 AN, Marine, C7 94, n° 80, pièce 25.
89 Ce genre de situation est plus rare aux Affaires étrangères, où les commis sont toutefois moins nombreux : Samoyault J.-P., op. cit., p. 158.
90 AN, Marine, C7 52, n° 43 à 47. Faute de documentation précise, la parenté exacte est difficile à établir.
91 AN, Marine, C7248 ; recherches de l’auteur et Sillanoli M.-H., « Pièche », Benoit M. (dir.), Dictionnaire de la musique en France aux xviie et xviiie siècles, Paris, Fayard, 1992, p. 559-560.
92 Louis Augustin Ducroc, altiste à partir de 1768, fut également commis des Affaires étrangères de 1768 à juillet 1771, mais la brièveté de ce cumul semble indiquer son incapacité à mener de front les deux activités (samoyault J.-P., op. cit., p. 283).
93 Perrichet M., op. cit., p. 156-159. il est vrai que les Prévost de La Croix, ayant débuté comme les Dumetz parmi les écrivains, se hissèrent plus haut qu’eux : l’aîné termina sa carrière comme intendant de Toulon et ses cadets montèrent presque tous au grade de commissaire.
94 Le rôle du hasard dans le recrutement de certains chanteurs est bien illustré par le cas de Claude Joseph Gros, garçon libraire repéré par le Dauphin alors qu’il chantait dans le parc du château « pour se désennuyer » (Machard R., « Correspondance de Claude Joseph Gros, musicien du roi », Recherches sur la musique française classique, vol. 13, 1973, p. 171).
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