Des bureaux pour la Marine : l’hôtel des Affaires étrangères et la Marine à Versailles (1760-1761)
p. 47-60
Texte intégral
1L’histoire de la construction de l’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine à Versailles ne peut être dissociée du phénomène de rationalisation de l’administration royale à l’œuvre depuis la fin du xviie siècle. Elle se conjugue à des réflexions sur des nouveaux procédés de construction dans un siècle friand d’inventions et à des préoccupations d’économie dans la gestion des deniers publics. Mais, parallèlement, cette histoire permet également d’insister sur la permanence de l’improvisation dans la prise de décisions ministérielles et dans la conduite des projets. Les bureaux de la Marine ne furent en effet construits qu’à la faveur des échanges de portefeuilles au sein de la famille Choiseul au début des années 1760. Prenant pour ainsi dire un train en marche, l’administration de la Marine s’agrégea à la cité administrative dont se dotaient les secrétariats de la Guerre et des Affaires étrangères à proximité du château de Versailles.
2Depuis le début du siècle, l’idée de regrouper les services du premier des secrétariats d’État en termes de personnel avait germé chez nombre d’administrateurs militaires. L’argument économique et le souhait de rassembler en un seul édifice les neuf lieux où se trouvaient dispersés les bureaux de la Guerre au milieu du siècle constituaient le cœur de l’argumentaire de la proposition que fit l’ingénieur Jean-Baptiste Berthier au maréchal de Belle-Isle, secrétaire d’État de la Guerre depuis mars 1758. Dans ses Observations écrites après 1774, Berthier écrit avec fierté :
« En 1759, M. Berthier proposa à M. le maréchal de Belle-Isle le projet d’ériger l’hôtel de la Guerre. Ce ministre, d’abord effrayé de ce que coûteroit un semblable établissement, au moment des dépenses les plus critiques de la guerre, rejetta fort loin cette proposition. Mais, en même temps que M. Berthier donna ce projet, il proposa aussi les moyens de l’exécuter lui-même sans qu’il en coûtât rien au roi1. »
3Père du prince de Wagram, Jean-Baptiste Berthier illustre de manière magistrale l’ascension de cette classe d’ingénieurs militaires que la formation pragmatique et le sens de l’économie placèrent de plus en plus souvent en concurrence avec les architectes2.
Jean-Baptiste Berthier, ingénieur du roi
4Les débuts de Jean-Baptiste Berthier sont assez obscurs et sa vocation difficile à retracer3. Baptisé dans l’église Saint-Pierre de Tonnerre, le 8 janvier 1721, le futur architecte de l’hôtel de la Marine est issu d’une famille rurale moyennement aisée. Son père, Michel Berthier, un ancien soldat originaire de Chaource, était installé comme maître charron à Tonnerre4. Enfant, Jean-Baptiste Berthier fut placé comme domestique chez Louis-Henri de Channes, seigneur de Vezanne, une localité proche de Tonnerre. Ce capitaine de cavalerie et chevalier de Saint-Louis lui donna sans doute le goût de la chose militaire avant de lui trouver un emploi dans les bureaux de Versailles5. Peu après, en 1739, il est fait mention de Jean-Baptiste Berthier comme inspecteur général à l’École de Mars, fondée trois ans auparavant par un ingénieur militaire, le chevalier de Lussan, dans l’hôtel d’Entraigues rue de Tournon à Paris6. Auteur, en 1743, d’un Discours académique sur la nécessité et l’utilité de l’expérience dans l’art de la guerre, le chevalier de Lussan exerçait les deux cents cadets-dauphins à manœuvrer dans l’attaque et la défense des places. Jean-Baptiste Berthier construisit, sous la direction de Lussan, un simulacre de fort dans l’île des Cygnes lorsqu’il apparut assez clairement que le jardin de l’hôtel d’Entraigues se révélait insuffisant pour des exercices d’une telle ampleur7. Patronnée par la famille royale – le dauphin accepta que le simulacre de fort portât son nom –, admirée par le tribunal des maréchaux de France, l’École de Mars se révéla un formidable terrain d’expérimentation pour Berthier et ses qualités d’organisation ne tardèrent pas à être remarquées. En 1744, il reçut une charge d’ingénieur géographe assortie d’une lieutenance à la suite du régiment Royal-Comtois8. Il conserva longtemps ce goût pour l’instruction militaire puisqu’un article à charge signé de Marat nous apprend que Berthier avait utilisé, en 1787, les « débris de la charpente de la représentation d’un vaisseau de soixante-quatorze [canons] qu’il avoit fait construire dans le parc [de Versailles] pour des épreuves d’artillerie angloises9 ».
5Les ingénieurs géographes du roi10 sont nés dans les années 1690 de la spécialisation d’un certain nombre d’ingénieurs du génie dans la réalisation de cartes militaires. Ils obtinrent, en 1738, le titre d’ingénieurs ordinaires pour les camps et armées11 et, dix années plus tard, se virent rattachés au dépôt des cartes et plans et fortifications, dit dépôt de la Guerre, fondé par Louvois en 1688. Lorsque Berthier intègre ce corps, il est constitué d’une quarantaine de personnes12. Notre nouvel ingénieur géographe participe alors pour la première fois aux campagnes militaires de la guerre de Succession d’Autriche dans lesquelles il est chargé de reconnaître et de dessiner les champs de bataille. À Lawfeld, il échappe de peu à un boulet et dresse, durant les opérations, le détail des différentes phases de l’offensive13. L’année suivante, désormais établi et reconnu, Berthier épouse à Notre-Dame de Versailles Marie-Françoise L’Huillier de la Serre, née dans une famille d’ingénieurs géographes, un corps dans lequel il prend une place de plus en plus importante14. Désormais, le couple habite Versailles, mais Berthier effectue de longs séjours de reconnaissance sur le terrain. Puisque nous sommes en temps de paix, ses travaux l’emmènent, cette fois-ci non pas sur les champs de bataille, mais sur les côtes de France afin de proposer un plan visant à contrer les attaques maritimes anglaises. Nommé par le marquis de Paulmy, éphémère secrétaire d’État de la Guerre entre février 1757 et mars 1758, directeur des ingénieurs géographes et du dépôt des cartes et plans avec commission de capitaine, Jean-Baptiste Berthier se mue, peu à peu, en archiviste et administrateur, alliant à une formation militaire soucieuse d’efficacité et d’économie des préoccupations de conservation et de gestion. Il réorganise le service et centralise les opérations au point de s’attirer les critiques de certains directeurs généraux des fortifications comme le lieutenant général de Rochemore, nommé à la tête des îles du Vent, et qui se plaint au duc de Choiseul en 1764 que les ingénieurs géographes
« prétendent tous être maîtres des opérations à leur volonté et sans s’embarrasser des parties militaires dont nous avons besoin, et cela vient, Monseigneur, des mauvaises instructions que leur a donné M. Berthier qui, de Versailles, veut conduire à 2000 lieues ce que les [gouverneurs] généraux et moy avons à faire dans ce pays pour vous rendre des comptes nécessaires15 ».
6Sous la direction de Berthier, le service entreprit également la considérable entreprise de cartographie des côtes de Bretagne de 1771 à 1785. Puis, lors des préliminaires de paix qui aboutirent au traité de Paris de 1763 mettant fin à la guerre de Sept Ans, craignant une dissolution, ou du moins, une réduction drastique des effectifs de son département, Berthier lança le service des ingénieurs-géographes dans la réalisation de cartes cynégétiques. Il conçut ainsi les cartes des chasses du roi, œuvre essentielle dans l’histoire de la cartographie moderne dont l’entreprise de gravure ne fut terminée qu’en 180716.
Un chef-d’œuvre d’architecture administrative
7La deuxième carrière de Jean-Baptiste Berthier, celle d’architecte, naquit par accident. Le lundi 13 septembre 1751, un feu d’artifice tiré sur la place d’Armes du château de Versailles pour célébrer la naissance du duc de Bourgogne enflamma les magasins de fourrage de la Grande Écurie située le long de l’avenue de Saint-Cloud. Berthier prit en main les opérations et réussit à éteindre le feu au bout de vingt-quatre heures à la stupéfaction de tous17. Cet épisode fut rappelé à la fois par une gouache de Louis-Nicolas Van Blarenberghe, ami intime de Berthier depuis la guerre de Succession d’Autriche et son futur collaborateur dans les hôtels versaillais18, par l’acte d’anoblissement de l’ingénieur en 1763, et même par un brevet de récompense qu’il reçut en mai 179219. La lutte contre l’incendie et les moyens de prévenir ce fléau des villes modernes constituèrent en effet un des arguments majeurs du mémoire de mars 1759 destiné à rassembler tous les bureaux du ministère de la Guerre près du château où le ministre conservait son appartement, donc son propre bureau20. Le devis de cent cinquante mille livres était habilement comparé aux quatorze mille livres annuels que le ministère payait en location pour loger ses bureaux et ses archives. Le maréchal de Belle-Isle, conquis, obtint la concession d’une parcelle destinée dans le plan primitif de Versailles au Commun de la dauphine, entre l’angle des rues Saint-Julien et de la Surintendance21. Les particuliers qui avaient obtenu la jouissance du terrain du temps de Louis XIV durent évacuer les lieux avant le 14 mai 1759 et les travaux débutèrent aussitôt22. Ils s’achevèrent dès la fin de l’année suivante. La rapidité d’exécution du chantier et l’efficacité des plans et des méthodes de construction de Berthier donnèrent des idées au duc de Choiseul qui, au décès de Belle-Isle, obtint le portefeuille de la Guerre en plus des Affaires étrangères. En mai 1761, le ministre obtint la concession du terrain jouxtant l’hôtel de la Guerre afin d’y construire à son tour un hôtel en vue d’abriter les bureaux et les archives des Affaires étrangères23. Il s’adressa à son collègue de la direction des Bâtiments, le marquis de Marigny, qui fit détruire les édifices existants avant le 25 du mois24. Début juin, on effectua les premières fouilles du terrain pour poser les fondations. Les moellons provenant de la destruction des maisons se mêlaient à ceux extraits des carrières des Mais, de Satory, de Jardy et du Chênaie25. La pierre de taille, elle, était issue des meilleures carrières d’Île-de-France, celles d’Arcueil, même si Berthier n’utilisa pas la pierre de liais, belle comme du marbre, mais trop chère26. La cérémonie de la pose de la première pierre eut lieu le 3 juillet 1761 en présence du ministre27. Mais quelques mois plus tard, un changement ministériel modifia la destination du bâtiment. En octobre 1761, le duc de Choiseul prit en charge le secrétariat d’État de la Marine en plus de celui de la Guerre, laissant les Affaires étrangères à son cousin, le duc de Praslin28. La réunion des départements sous l’autorité des deux cousins eut pour conséquence le transfert des archives de la Marine – jusqu’alors conservées dans l’hôtel de la famille Pontchartrain, place des Victoires à Paris – dans le bâtiment prévu au départ pour les seules Affaires étrangères29. Les besoins en espace s’accrurent soudain et il fallut donc augmenter les commandes de matériaux. Les briques, qui constituent le cœur de la construction, arrivèrent en deux phases : 233810 briques de Bourgogne de la dame Michaux de Paris en juillet 1761 et 68270 du sieur Perré entre février et juin 176230. Le 26 de ce mois, Louis xv vint visiter le chantier. Berthier et Choiseul organisèrent pour le monarque une démonstration de l’efficacité des procédés constructifs de l’ingénieur architecte. Berthier fit éteindre un incendie en quatre minutes grâce à un système de panier élévatoire qui permit aux pompiers d’accéder au niveau du sinistre. L’ingénieur fit également construire un cintre de 18 pouces de large sur 200 pieds de long : en 17 minutes, les cent maçons avaient posé une voûte de briques assez solide pour qu’ils puissent y former la haie au passage du roi. Car les deux hôtels ministériels bâtis par Berthier se distinguent dans l’histoire de l’architecture par l’utilisation, pour la première fois à grande échelle, du procédé de la voûte plate en brique31.
8Contrairement à ce que l’on a souvent écrit32, l’idée de remplacer les planchers de bois par de la brique n’est pas à porter au crédit de Jean-Baptiste Berthier. Ce dernier représente cependant un maillon essentiel dans un large débat qui le précède. La réflexion sur la protection contre les incendies constitue en effet une part importante des discussions architecturales de l’époque moderne. Elle se double de réelles préoccupations financières nées de l’accroissement du coût du bois de construction, devenu plus rare au cours du siècle des Lumières. La construction parisienne utilisait peu la brique ; les recherches sur ce matériau se multiplièrent pourtant dans la seconde moitié du XVIIIe siècle sous l’impulsion de l’administration militaire qui recherchait un moyen de construire des voûtes solides et économiques33.
9Comme souvent dans l’histoire de l’architecture, la solution provint d’une tradition de construction locale. Depuis des siècles, les maçons de Catalogne et du Roussillon employaient des voûtes légères faites de tuiles plates. Ces voûtes présentaient une ou deux épaisseurs de tuiles fines, posées à plat et non de champ, noyées dans un mortier de plâtre à prise rapide sur une structure amovible. Du blocage remplissait les reins pour constituer un sol utilisable. La combinaison de la tuile, du plâtre et du blocage aboutissait à la formation d’une dalle homogène d’une grande solidité. En 1707, les capucins de Castelnaudary firent voûter selon cette technique le réfectoire, la cuisine ainsi que les couloirs de leur couvent. Les voûtes faites « avec des briques posées à plat et doublées avec de nouvelles briques posées à plat », étaient dites « voûtes à la Roussillon ou catalanes34 ». La technique de la voûte plate traversa la Loire lorsque Charles Fouquet, maréchal de Belle-Isle et futur secrétaire d’État de la Guerre, invita des maçons de Perpignan à l’expérimenter pour les écuries de son château de Bizy (Eure), construites sur les plans de l’architecte Pierre Contant d’Ivry entre 1736 et 174135. Belle-Isle avait pu admirer ces voûtes lors de son séjour en Languedoc en 1718. En 1754, le comte Félix-François d’Espie publiait sa Manière de rendre toutes sortes d’édifices incombustibles, ouvrage qui allait faire connaître dans toute l’Europe le procédé de la voûte catalane36. L’année suivante, l’abbé Laugier, influent théoricien de l’architecture, réserva au procédé un accueil enthousiaste37. Le premier architecte du roi, Ange-Jacques Gabriel tenta l’expérience à l’École militaire ; Jacques-Germain Soufflot échoua au grand chauffoir de son théâtre lyonnais38, avant de l’utiliser avec succès à la sacristie de Notre-Dame en 175639. Ainsi, lorsque le maréchal de Belle-Isle demanda à Jean-Baptiste Berthier de réfléchir à son utilisation pour l’hôtel de la Guerre, le procédé des voûtes plates en briques n’était pas inconnu des architectes. Il n’avait cependant jamais été employé à une si grande échelle et l’ingénieur dut résoudre des problèmes nouveaux qui lui permirent d’améliorer la technique mise au point par ses prédécesseurs.
10Pour bien comprendre la manière particulière dont les voûtes plates des hôtels versaillais ont été construites, nous disposons de deux sources essentielles : le sixième tome du Cours d’architecture de Jacques-François Blondel continué par Pierre Patte et la planche XIX du recueil gravé par Ingouf sur l’ordre de Berthier vers 177540. Les voûtes ne sont plus en anse de panier, mais en arc de cercle, ce qui en réduit considérablement la flèche et permet de réduire les hauteurs sous plafond de chaque niveau. Ainsi, dans l’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, la flèche est de 15 cm pour des pièces de 6,75 m sur 10,85 m41. Les briques sont posées à plat sur le couchis d’un cintre de bois qui, au fur et à mesure de l’avancement du chantier, coulisse sur des solives posées le long des murs et qui forment des rails. Chaque brique est enduite de plâtre avant d’être collée à la brique suivante. Le maçon réalise ainsi une série de rangs parallèles et, quand tout le cintre est recouvert, il pose la seconde couche de briques entièrement enduites de plâtre. La description fournie par les textes diffère cependant de la coupe gravée par Ingouf qui ne présente qu’une seule épaisseur de briques. Lorsque les voûtes dépassaient les cinq mètres de portée, les maçons disposaient de temps en temps au droit des reins des briques ordinaires debout ou des briques doubles de plus de vingt centimètres carrés qui faisaient harpes dans l’épaisseur de la structure. Cette technique bien expérimentée à l’hôtel de la Guerre, permit de monter les premières voûtes de l’hôtel voisin dans la semaine du 15 novembre 1761. Une fois la voûte montée, on plaçait un tirant de fer sur le milieu de son extrados pour contenir l’écartement des murs de face et ensuite on recouvrait le tout d’une aire de plâtre et de petit moellon destinée à recevoir le carrelage fait de carreaux de Bièvre42. Les planches d’Ingouf montrent également les moellons disposés en harpe afin de liaisonner et incorporer les reins des voûtes avec le corps du mur, ceci au niveau où la courbure de l’arc de la voûte était la plus forte et où le blocage devait être le plus épais, donc peser le plus sur l’endroit où la voûte était la plus fragile. Une partie du poids était ainsi reportée dans le mur de refend. À la toute fin, l’intrados de la voûte était recouvert d’un enduit d’environ deux centimètres d’épaisseur et on posait des corniches afin de masquer la rencontre de la voûte et des murs, tant de face que de refend. Cette technique permit de construire cinq niveaux avec des murs de relativement faible épaisseur puisque les murs gouttereaux, en pierre, font cinquante-quatre centimètres et les murs de refend qui soutiennent la majorité des voûtes plates et qui sont en moellons enduits, font moins d’un mètre d’épaisseur. La principale difficulté à laquelle l’architecte et ses maçons durent se confronter fut cependant de gérer la faiblesse des murs de refend aux endroits de passage des conduits de cheminée. Comme on le voit sur la planche XIX gravée par Ingouf, la multiplication des niveaux et des bureaux entraîna la multiplication des conduits, qui sont regroupés à certains endroits par huit. À l’été 1762, le sieur Millet inspecta les cheminées de l’édifice nouvellement construit, elles étaient au nombre de 84 ! La poussée de la voûte sur ce point risquait de détruire les minces parois des conduits. Il a fallu donc armer de fer l’ensemble du dispositif. Les comptes conservés témoignent de la quantité importante de barres, chaînons, harpons, goujons, chaînes et agrafes. L’utilisation du fer dans la construction de pierre était relativement courante dans la construction de prestige contemporaine. On le retrouve dans les hôtels de la place Louis-XV et à l’église Sainte-Geneviève. Ici, l’armement en fer permettait de maintenir une grande partie du dispositif. La solidité des voûtes fut démontrée par le fait que deux étages de murs de briques, qui forment les couloirs des 4e et 5e niveaux de l’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, étaient portés par la simple voûte plate de onze centimètres d’épaisseur. La planche XXIII d’Ingouf fut dessinée et gravée dans le seul but de démontrer ce tour de force. Ces voûtes résistent depuis bientôt 250 ans : la méthode de Berthier a fait ses preuves.
11Ces solutions – moellons en harpe destinés à ne pas affaiblir la voûte au niveau de sa plus grande poussée, jeu sur la pose des briques à plat ou de champ, armement des conduits de cheminée et d’une grande partie des voûtes – furent largement décrites dans la gravure et dans les traités techniques. Si l’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine tire sa gloire de l’utilisation de la voûte plate, il ne faut pas oublier que, contrairement à ce que prétendent de nombreux auteurs, tous les plafonds ne sont pas faits selon cette technique43. En effet, il existe de nombreux planchers parquetés dans les deux hôtels. Ils sont cependant cantonnés aux espaces de bureaux qui n’avaient pas vocation à recevoir des archives. En effet, l’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine n’était pas qu’un simple dépôt d’archives, il constituait le premier édifice de bureaux moderne.
Inventer un langage décoratif administratif
12Ainsi, les élévations des façades sont dépourvues d’ordre, mais présentent un jeu élégant de bichromie entre la pierre de taille et l’enduit imitant la brique. Le décor sculpté est cependant plus soigné que ce que l’on pourrait attendre d’un édifice administratif. En regard du soin apporté au décor de la grande galerie des Affaires étrangères, la sculpture, non seulement du portail sur rue, mais également de la cour intérieure, proclame la gloire du roi et de la France. Le portail, œuvre de Rémy Absille, membre de l’Académie de Saint-Luc depuis 1752 et qui travaillait à la même époque au décor de l’opéra royal de Versailles44, présente un décor mêlant le chiffre royal, les fleurs de lys et les branches d’olivier ainsi que des trophées militaires. Une renommée portant deux trompettes, l’une pour la Marine, l’autre pour les Affaires étrangères, couronne le blason royal. Le lion, les branches de chêne et le canon symbolisent la force. flanquant les vantaux de la porte, deux pilastres supportent des médaillons faisant alterner les couronnes des puissances mondiales – on trouve même une coiffe de plumes – avec une vertu de la diplomatie, la prudence, représentée par le miroir à la vipère, et sa conséquence, la paix, symbolisée par le caducée au serpent. En amortissement, l’allégorie de la paix et celle de la concorde militaire viennent rappeler la destination de l’édifice. Le programme iconographique précède sans doute la décision d’inclure dans le bâtiment la Marine, car, à part la trompette double de la Renommée, rien n’évoque l’administration maritime. De même, les bas-reliefs de la cour évoquent les quatre parties du monde, sans faire référence à une thématique navale. Il faut entrer dans le bâtiment pour vraiment comprendre ce double usage.
13La répartition des bureaux est en partie connue grâce aux planches gravées par Ingouf (pl. X à XVII) et par l’Inventaire général de l’hôtel de la Guerre, année 1770 conservé aux archives du Service historique de la Défense45. L’hôtel des Affaires étrangères et de la Marine est séparé de celui de la Guerre par une cour, dite des Ouvriers, couverte en partie à partir du rez-de-chaussée haut et qui permet de relier la rue de la Surintendance (actuelle rue de l’Indépendance-américaine) et la rue des Récollets par une autre cour située en fond de parcelle en retour d’équerre ; les deux bâtiments communiquent au-dessus du rez-de-chaussée haut par des passerelles ou des pièces communes, comme la chapelle. Du fait de la déclivité du terrain, le rez-de-chaussée est surélevé ; les légendes des planches parlent d’un « bas rez-de-chaussée » et d’un « rez-de-chaussée haut », en plus des caves qui n’existent que sous les pavillons et qui servent de bûchers et d’entrepôts. À hauteur équivalente, l’hôtel bénéficie donc d’un niveau de plus que son voisin de la Guerre. Les circulations verticales sont assurées par deux escaliers : l’escalier d’honneur qui donne dans le passage cocher sur rue et un escalier de moindre proportion dans le pavillon de fond de cour. La rampe des deux escaliers est en arcades, modèle très répandu et utilisé largement durant tout le siècle suivant. En raison du nombre bien supérieur de ses agents, le département de la Marine disposait d’une surface bien plus considérable que les Affaires étrangères : une partie du rez-de-chaussée bas avec le dépôt des cartes et plans des Colonies (après 1776) ainsi que des modèles d’artillerie et de ports, le premier et le deuxième étage de bureaux, une partie du troisième étage pour entreposer des maquettes de navires sur de grandes tables et une armoire sous les combles (en 1775) pour conserver les cartes de marine, près d’une imprimerie qui fonctionna de 1771 à 177546. Les Affaires étrangères occupaient principalement le rez-de-chaussée haut, c’est-à-dire la grande galerie d’apparat, ne possédant dans le reste du bâtiment qu’un bureau au troisième étage pour les interprètes et sans doute des espaces de rangement au rez-de-chaussée bas. Au premier étage, une chapelle était d’usage commun aux trois administrations qui occupaient les deux hôtels.
14À partir du premier étage, Jean-Baptiste Berthier dispose dans le corps central des bureaux répartis le long d’un couloir médian. Ils sont éclairés sur cour, mais également en second jour puisqu’une partie d’entre eux jouit au-dessus des portes d’un éclairage par des fenêtres de quatre carreaux. De nombreuses cheminées disposées dans tout l’édifice assurent le nécessaire confort thermique. Elles portent les symboles de l’administration qu’elles chauffent : plusieurs exemples conservés dans l’actuelle bibliothèque montrent notamment un cartouche figurant une proue de navire. Lorsqu’elles sont absentes, elles sont remplacées par des poêles en cuivre dans les pièces nobles (comme dans les salles de la galerie des Affaires étrangères) ou de faïence dans les bureaux (comme dans la salle des interprètes au dernier étage). Les pièces sont tapissées d’étagères à dossiers quand les lambris recouvrent les murs des pièces plus élégantes des pavillons. Le mobilier se compose essentiellement de tables à écrire, de bureaux recouverts de maroquin noir ou rouge, de fauteuils de canne, de chaises de paille aux carreaux de peau bleu. Le fond des étagères est tapissé de taffetas de couleur bleue pour la Marine, rouge pour les Affaires étrangères ; le damas d’Abbeville sert pour les portières et en tenture47. Les fenêtres disposent de rideaux de coton ou de taffetas dans les pièces de réception, comme au grand cabinet du premier commis de la Marine où l’on trouve même sur les tomettes du sol un tapis de pied. Le mobilier est standardisé, les différences de couleur indiquent la nature de l’administration qui le possède. La richesse du mobilier est proportionnelle à l’importance hiérarchique de celui qui l’utilise48 : la largeur du bureau, la présence de fontes, dorées ou non, la qualité du maroquin, tout ceci est établi a priori. Ainsi le cabinet des colonies au premier étage est meublé de deux bureaux couverts de maroquins noirs de trois pieds et demi chacun quand celui du premier commis de la Marine reçoit deux bureaux dont un grand « de six pieds de long sur trois et demi de large couvert de maroquin noir à quatre tiroirs garni de ses fontes au [sic] armes du roy49 ». Voici donc posés les principes de l’ameublement de bureau tel qu’ils existent encore aujourd’hui.
15La décoration des hôtels est bien connue par l’Inventaire général des meubles et effets appartenant au dépôt des Affaires étrangères daté du 15 mars 1779 et conservé à la Bibliothèque municipale de Versailles. Celle des bureaux de la Marine – qui ne bénéficiaient pas de la magnifique galerie des Affaires étrangères où se trouvent les œuvres de Jean-Jacques Bachelier, Giovanni Paolo Pannini et Louis-Nicolas Van Blarenberghe50 – fut confiée à Antoine Graincourt (1748-1823) qui exposa, en 1780, au Salon de la correspondance un portrait dessiné du comte de Toulouse, grand amiral de France51. En 1782, il réalisa les portraits du comte de Toulouse, de Tourville, de Turgot, pour fournir le début d’une collection d’hommes illustres de la marine imaginée par Berthier pour une galerie dans l’hôtel versaillais52. Par une lettre de novembre 1782 à Graincourt, on apprend que ce dernier avait reçu commande verbale de la part de Sartine, et que cette commande fut confirmée par Castries. Il s’agissait de quarante portraits, dont trente-trois ont été peints. Des cartouches décrivaient les noms et exploits des marins représentés53. Ainsi, l’administration de la Marine disposait d’un bâtiment moderne et fonctionnel dont le décor, volontairement réduit en raison de l’absence du ministre resté dans le château, évoquait les grands marins de l’histoire nationale. Cet édifice fonctionnait de manière toute militaire sous le gouvernorat de Berthier qui fit imprimer, en 1765, un Règlement que le roi veut être observé dans les hôtels situés à Versailles où sont établis les bureaux de la Guerre, de la Marine et des Affaires étrangères, en vingt-deux articles organisant la vie des deux sergents, deux caporaux, trente-cinq fusiliers et du tambour invalide chargés de la garde, des suisses, portiers et frotteurs, ainsi que des garçons de bureaux. Les portes s’ouvraient à sept heures du matin, la retraite s’effectuait à dix heures du soir, la messe était dite par l’aumônier dans la chapelle les jours de fête à onze heures et demie. Après 1768, les hôtels abritaient un chirurgien à demeure. Les suisses portaient la grande livrée du roi, chapeau bordé avec plume, baudrier, nœud d’épaule, veste et culotte écarlate bordée d’or ; les frotteurs la petite livrée : chapeau bordé d’argent, veste rouge et culotte bleue54.
16L’opinion des contemporains de Berthier sur les deux hôtels, telle qu’elle transparaît dans mémoires du temps, est flatteuse. Ainsi, le duc de Croÿ écrivait dans son Journal, le 1er juillet 1763 :
« Rien n’était plus superbe que ces bureaux, un des plus beaux bâtiments du monde, tout en voûtes sans bois, hors du toit. Les bureaux de la Marine et ceux des Affaires étrangères venaient de s’y établir. Cela était au plus commode, tout rassemblé. On n’y entrait que de midi à deux heures ; ainsi, les commis pouvaient travailler librement. Le reste du temps, on allait de l’un à l’autre, et tout était sous la main55. »
17Grâce à ce succès, les faveurs plurent sur Berthier : gouvernorat des hôtels avec des appointements de six mille livres, brevet d’ingénieur géographe en chef pour six autres mille livres, une pension du même montant pour son épouse au cas où elle deviendrait veuve, réversible à ses enfants et, enfin, l’entrée dans l’ordre de Saint-Michel assortie de lettres d’anoblissement. En 1769, il reçut vingt-quatre mille livres de la Marine comme récompense de l’économie dont il avait fait preuve dans la construction et l’aménagement des hôtels56 et, l’année suivante, il fut admis dans l’ordre militaire de Saint-Louis, un mois tout juste avant la disgrâce de son protecteur, le duc de Choiseul57. Sa carrière connut alors un arrêt brutal. Député de la noblesse aux États Généraux, il perdit sa place de gouverneur de ses chers hôtels par un décret du 20 mars 179158 avant de mourir à Paris en 1804, quelques jours après avoir eu la satisfaction de voir son fils aîné promu maréchal de l’Empire59. Les commis ayant fui les hôtels à l’automne 1789, une partie des archives de la Marine fut transportée à Paris à l’hiver 1795-179660, mais le ministère conserva dans l’hôtel versaillais l’étage au-dessus de la galerie des Affaires étrangères, occupée, après 1800, par la bibliothèque centrale puis municipale, ainsi que les deux autres étages supérieurs61. Il fallut attendre 1837 pour voir les archives de la Marine quitter le bâtiment conçu pour elles afin de rejoindre la rue Royale. Elles délaissaient le premier édifice pensé et réalisé pour abriter des bureaux et des archives en France62.
Notes de bas de page
1 Observations de M. Berthier, gouverneur de l’Hôtel de la Guerre, en réponse à celles de M. du Péron, directeur de l’Imprimerie royale, s. l. n. d., p. 1.
2 Sur la question, voir Blanchard A., Les ingénieurs du roy de Louis XIV à Louis XVI : étude du corps des fortifications, Montpellier, université Paul-Valéry, 1979 ; Picon A., Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Marseille, Parenthèses, 1988 ; Saint A., Architect and Engineer. A Study in Sibling Rivalry, New Haven/Londres, Yale University Press, 2007 ; ainsi que la journée d’études organisée à la Bibliothèque municipale de Versailles le 8 novembre 2014 par B. Baudez, A. Lebeurre et D. Massounie sur L’architecture des ingénieurs 1650-1850.
3 Voir Baudez B., « Jean-Baptiste Berthier, un architecte illustre et inconnu », Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles, Paris, Nicolas Chaudun, 2010, p. 42-59.
4 Bibliothèque municipale (BM) de Versailles, Panthéon versaillais, Berthier (Jean-Baptiste).
5 Hirschauer C., « Jean-Baptiste Berthier et la décoration de l’hôtel de la Guerre et des Affaires étrangères », Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1930, p. 138.
6 SHD, DAT, 1m 1781 : Autorisation d’ouverture de l’École de Mars demandée par le chevalier de Lussan, 1736. Hennet L., Les compagnies de cadets-gentilshommes et les écoles militaires (1682-1793), Paris, Baudouin, 1889, p. 149.
7 AN, H 1860 ; fo 560 : Permission donnée au chevalier de Lussan de faire construire un fort en terre sur l’île des Cygnes pour y faire des exercices militaires. Hennet L., Feuillets d’histoire, juillet-décembre 1911, p. 382-383 ; Mercure de France, octobre 1738, p. 2289-2294.
8 SHD, DAT, Yh 34, dossier individuel de Jean-Baptiste Berthier.
9 Marat J.-P., Révolutions de France et de Brabant, 1790, 11 novembre 1790, p. 568.
10 Blanchard a., Les ingénieurs du roy, op. cit. ; Pelletier M., « Formation et missions de l’ingénieur géographe militaire au xviiie siècle », L’œil du cartographe et la représentation cartographique du Moyen Âge à nos jours, Paris, CTHS, 1995, p. 73-92 ; Ract P., Les ingénieurs cartographes des camps et armées du roi, de la guerre de Sept Ans à la Révolution, 1756-1791. Étude institutionnelle, prosopographique et sociale, thèse pour l’obtention du diplôme d’archiviste paléographe, 2002, dactyl.
11 SHD, carton C1, liasse 14. Pelletier M., « Formation et missions de l’ingénieur géographe militaire au xviiie siècle », op. cit., p. 74.
12 Berthaut H., Les ingénieurs géographes militaires 1624-1831, vol. I, Paris, Imprimerie du service géographique, 1902, p. 40.
13 « Plans de la bataille de l’Affelt en 23 plans particuliers du même champ de bataille, sur lesquels sont représentés successivement toutes les différentes charges et manœuvres que les troupes de l’armée du roi, commandées par M. le maréchal comte de Saxe, ont faites dans cette journée du 2 juillet, par M. Berthier, ingénieur ordinaire des camps et marches des armées de Sa Majesté », SHD, Bibliothèque du dépôt de la Guerre, A2c 369. Ce travail, mis au net dans un volume de vingt-trois planches avec un frontispice en gouache de Pierre Lenfant (1704-1787), est présenté au roi en 1748 et vaut à son auteur une gratification de quatre cents livres. État nominal des pensions sur le Trésor royal, t. I, Paris, Imprimerie royale, 1789, p. 195.
14 De cette union naquirent dix enfants dont le maréchal Louis-Alexandre (1753-1815), prince de Wagram, le général Louis-César-Gabriel (1765-1819) comte Berthier de Berluy, le général Victor-Léopold (1770-1807). Françoise-Marie mourut en 1783 et Jean-Baptiste Berthier se remaria en 1791 avec Françoise Chéron de laquelle il eut Alexandre-Joseph (1792-1849), premier vicomte Berthier.
15 H. de Rochemore au duc de Choiseul, 15 janvier 1764, p. 2-3. Cité dans Pelletier M., « Formation et missions de l’ingénieur géographe militaire au xviiie siècle », op. cit., p. 83.
16 Berthier J.-B., Projet de travail à faire faire pendant la paix par les ingénieurs géographes… tant pour le bien du service que pour former des sujets utiles et intelligens, BnF, Cartes et Plans, ms, Ge ff 13292. Sur les cartes des Chasses du roi, voir Mareuse E., « La carte des Chasses du roi », Correspondance historique et archéologique, vol. 5, 1898, p. 369-370 ; Bourcier S., La carte des chasses royales, Vincennes, État major de l’armée de terre, service historique, 1972 ; Villèle M.-A. de, « De la carte des chasses de Louis xv à la carte d’État-major. Un aperçu insolite d’un changement de capitale », Versalia, n° 8, 2005, p. 154-165.
17 D’Albert de Luynes C.-P., Mémoires sur la Cour de Louis XV, L. Dussieux et E. Soulié (éd.), t. ix, Paris, firmin Didot, 1860, p. 225-226.
18 Méjanès J.-F., Maillet-Chassagne M. et Château-Thierry I. de, Les Van Blarenberghe, des reporters du xviiie siècle, Paris, RMN, 2006.
19 SHD, DAT, Yh 34, dossier individuel de Jean-Baptiste Berthier, 25 mai 1792, brevet de récompense nationale délivrée par le roi, suivant le décret de l’Assemblée nationale du 7 avril 1792 sanctionné par le roi le 29 avril, délivrant une pension de 10000 livres pour cinquante-deux ans de service finis le 25 juillet 1791 et pour avoir sauvé de l’incendie les Grandes Écuries le 13 septembre 1751.
20 Bons du roi, copie du mémoire datée du 16 mars 1759, AN, O1 1072, 135. L’appartement du ministre de la Guerre se situait depuis 1720 au rez-de-chaussée de l’aile gauche des ministres sur la cour. Newton W., L’espace du roi. La Cour de France au château de Versailles, 1682-1789, Paris, Fayard, 2000, p. 441-442.
21 Bons du roi, 16 mars 1759, AN, O1 1072, 132.
22 Registre contenant tous les attachemens des ouvrages de charpente qui seront journellement pris et écrits, revérifiés et signés par M. Berthier, ingénieur ordinaire du roi, et chargé de la direction et conduite du bastiment des nouveaux bureaux de la guerre, conjointement avec le sieur Lazurier, entrepreneur dud. bastiment pour la charpente seulement, SHD, DAT, Ya 524.
23 Bons du roi, 27 mai 1761, AN, O1 1072, 162.
24 AN, O1 1072, 163.
25 « Construction de l’hôtel des Affaires étrangères, 1761. Moellon, terrasses et voitures, pierre d’Arcueil, de St Leu et la serrurerie et gros fer », SHD, Ya 521.
26 Guini-skliar A., Les critères esthétiques et techniques dans le choix de la pierre à bâtir des architectes à Paris et ses environs aux xviie et xviiie siècles, mémoire de maîtrise en histoire de l’art sous la dir. de F. Souchal, Paris X-Nanterre, 1991, p. 22.
27 « Construction de l’hôtel des Affaires étrangères, 1761. Moellon, terrasses et voitures, pierre d’Arcueil, de St Leu et la serrurerie et gros fer », SHD, Ya 521, f° 174. Deux médailles de dix-huit livres pour la pose de la première pierre du bâtiment.
28 Maurepas A. de et Boulant A., Les ministres et les ministères du siècle des Lumières 1715-1789, Paris, Christian/Jas, 1996, p. 155 et 238.
29 Taillemite É., « Les archives et les archivistes de la Marine, des origines à 1870 », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 127, n° 1, 1969, p. 29.
30 « Construction de l’hôtel des Affaires étrangères, 1761. Moellon, terrasses et voitures, pierre d’Arcueil, de St Leu et la serrurerie et gros fer », SHD, Ya 521, f° 121.
31 Sur cette question, voir Bannister T. C., « The Roussillon Vault. The Apotheosis of a “Folk” Construction », Journal of the Society of Architectural Historians, vol. 27, n° 1, mars 1968, p. 163-175.
32 Notamment Hirschauer C., « Jean-Baptiste Berthier et la décoration de l’hôtel de la Guerre et des Affaires étrangères », op. cit., p. 61-81 ; Breillat P., « En marge d’un bi-centenaire : la Bibliothèque de Versailles, ancien hôtel des Affaires étrangères et de la Marine », Versailles, n° 9, septembre 1961, p. 17-26.
33 Sur le sujet, voir Marrey B. et Dumont M.-J. (dir.), La Brique à Paris, cat. expos. mai-août 1991, Paris, Pavillon de l’Arsenal, Paris, Picard, 1991.
34 Lemonnier H. (éd.), Procès-verbaux de l’Académie royale d’architecture, t. VI, Paris, Edouard Champion, 1920, p. 74-75 : séance du 19 juin 1747.
35 Les écuries principales faisaient environ 120 pieds de long sur 30 de large, soit 38 mètres sur plus de 9,7 m. Chevotet. Contant. Chaussard. Un cabinet d’architectes au siècle des Lumières, Paris, DAAVP, 1987, p. 117.
36 La Manière de rendre toutes sortes d’édifices incombustibles, ou Traité de la construction des voûtes faites avec des briques et du plastre, dites voûtes plates, et d’un toit de brique sans charpente, appelé comble briqueté, Paris, Duchesne, 1754, 80 p. L’ouvrage fut traduit en anglais par Peter Wyche pour William Beckford en 1756, et en allemand en 1760. Bannister T. C., « The Roussillon Vault », op. cit., p. 166 et 168.
37 Laugier M.-A., « Réponse aux remarques de M. Frezier, insérées dans le Mercure de juillet 1754 », Essai sur l’architecture, Paris, 1755, p. 274.
38 Blondel J.-F., Cours d’architecture, t. vi, Paris, Jombert, 1777, p. 106.
39 Bannister T. C., « The Roussillon Vault », op. cit., p. 167.
40 Plans, coupes et élévations des hôtels des départements de la Guerre, des Affaires étrangères et de la Marine, recueil conservé au SHD, DAT, Ym, D 148. Reproduit dans Baudez B., Maisonnier E. et Pénicaut É. (dir.), Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles, Paris, N. Chaudun, 2010, p. 257-279.
41 Hautecœur L., Histoire de l’architecture classique française, t. iii : Première moitié du xviiie siècle, le style Louis XV, Paris, Picard, 1950, p. 183.
42 Fourniture de carreaux de Bièvre par le sieur Letellier, SHD, Ya 275, mars-avril 1762.
43 « Tous les plafonds sont faits en voûtes plates composées de fer et de briques. » Le roi J.-A., Histoire de Versailles, Versailles, Paul Oswald, 1868, t. ii, p. 166.
44 « Absille, Remy », Allgemeines Künstlerlexikon, vol. i, Munich/Leipzig, K.G. Saur, 1992, p. 185-186.
45 SHD, Ya 522.
46 Pénicaut É., « L’imprimerie des ministères », Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles, op. cit., p. 113.
47 Le damas d’Abbeville était une étoffe à fleurs, peut-être fleurdelysée ici.
48 Inventaire de l’hôtel de la guerre à Versailles, 1770, SHD Ya 522.
49 Ibid.
50 Lacaille F., « Gloire militaire et prestige de la France. Les décors intérieurs des deux hôtels », Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles, op. cit., p. 80-86.
51 « Graincourt, Antoine Noël Benoit », Allgemeines Künstlerlexikon, vol. 60, Munich/Leipzig, K.G. Saur, 2008, p. 174-175.
52 Le Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon possède de cette commande à Antoine Graincourt les portraits d’Abraham Duquesne (MV1195), du Marquis de Coetlogon (MV1107), du Duc de Vivonne-Mortemart (MV1078), du Marquis de Châteauregnaud (MV1090), du Comte de Tourville (MV1089), de Jean Bart (MV1196), du Marquis de l’Étanduère (MV3833), du Comte de la Galissonière (MV6261).
53 Dossier Graincourt, AN, Marine, C7127. En 1780, Graincourt avait publié chez Louis Jorry, Les hommes illustres de la marine françoise, leurs actions mémorables et leurs portraits.
54 Masson F., Le département des Affaires étrangères pendant la Révolution, 1787-1804, Paris, Plon, 1877, p. 45.
55 Journal inédit du duc de Croÿ 1718-1784, Paris, flammarion, 1906, p. 90-91.
56 BM Versailles, Panthéon versaillais, Berthier (Jean-Baptiste).
57 Commission donnée à Fontainebleau, le 14 novembre 1770, loc. cit.
58 Collection générale des décrets rendus par l’Assemblée nationale, vol. 18 : mars 1791, Paris, Baudouin, 1791, p. 218.
59 Hirschauer C., « Jean-Baptiste Berthier et la décoration de l’hôtel de la Guerre et des affaires étrangères », op. cit., p. 157.
60 Maisonnier E., « Livres et bibliothèques dans la tourmente révolutionnaire », Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles, op. cit., p. 130.
61 Maisonnier E., « L’hôtel de la bibliothèque, partage et cohabitation », op. cit., p. 154.
62 Voir Coquery N., L’espace du pouvoir. De la demeure privée à l’édifice public. Paris 1700-1790, Paris, Seli Arslan, 2000.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008