La correspondance ministérielle du secrétariat d’État de la Marine avec les arsenaux : circulation de l’information et pratiques épistolaires des administrateurs de la Marine (xviie-xviiie siècles)
p. 33-46
Texte intégral
1Toute marine de guerre permanente demande une administration.
2La France de l’époque moderne n’échappe pas à la règle lorsque Colbert se lance dans l’édification d’un outil naval digne de la grandeur du Roi Soleil. La création d’un secrétariat d’État de la Marine, en 1669, marque une étape décisive dans ce processus. À cette date, la centralisation administrative devient une réalité pour la Marine, bien au-delà de l’organisation informelle mise en place par Richelieu en son temps. L’administration du nouveau département ministériel se précise, s’affine, comme en témoigne notamment la spécialisation progressive des bureaux centraux1. En même temps, la Marine tisse un maillage administratif prenant appui sur des arsenaux dont l’implantation vient d’être décidée. Fondé en 1666, celui de Rochefort devient le point de passage obligé de l’information autant que des personnels vers les colonies du monde atlantique2.
3Accompagnant et nourrissant cette évolution, la circulation de l’information devient un élément crucial des rouages de l’administration de la Marine, un moteur de la centralisation inhérente à l’organisation de ce département ministériel. Sans information, pas de décision possible, pourrait-on dire. Pas de vision d’ensemble non plus, car tel est bien l’enjeu qui se pose dans le cadre de la monarchie absolue des Bourbons. Et comme les autres départements ministériels3, le secrétariat d’État de la Marine use de l’écrit pour établir un lien effectif entre ses bureaux centraux et ses représentants sur le littoral et dans les colonies. Parmi l’océan de papier produit par ces échanges, la correspondance portuaire et la correspondance pour les colonies – Marine et colonies dépendant du même département ministériel – offrent un morceau de choix pour apprécier cette réalité aux xviie et xviiie siècles4.
4Extraite des milliers de missives adressées au cours de la période aux ports, arsenaux et colonies, une dépêche du marquis de Castries5 rend compte avec une certaine justesse de ce que fut cette correspondance :
« M. Lombard de Sagne m’a informé, Monsieur, que la mauvaise tenue de la grande et petite chaine du port de l’Île de Ré occasionne la désertion par des enlèvements de canots. Il convient de remédier à cet inconvénient en les faisant mettre en ordre et en obligeant le maître de chaine à les lever tous les soirs et à les baisser le matin6. »
5Rédigé en 1780, le propos est concis, le vocabulaire choisi, le style efficace. Ces quelques phrases laissent aussi percevoir l’ampleur du travail de collecte, de compilation, de mise en intelligence ; opérations nécessaires à digérer les informations qui parvenaient quotidiennement aux bureaux centraux pour nourrir des décisions qui, une fois couchées sur le grain d’une dépêche, étaient destinées – ici en toute simplicité mais avec fermeté car conditionnant les envois de troupes sur le théâtre d’opérations antillais – à être mises en application sur le terrain. Rien qui ne s’apparente donc à l’aimable « commerce » que mènent, à la même époque, amateurs éclairés ou membres des académies. Pourtant, la correspondance ministérielle du département de la Marine se rattache bien au genre épistolaire, que Furetière qualifie, à juste titre, de « relation avec quelqu’un qui est éloigné ou absent7 », et que chacun pratique à l’époque.
6À l’époque moderne, certains s’écrivent par galanterie, d’autres par passion. Les administrateurs de la Marine, dont le parcours professionnel est fait de fonctions dans les bureaux centraux et dans les ports et arsenaux, s’adonnent à une écriture technique, voire technocratique, dictée, dès les premiers temps de l’institution, par les exigences stylistiques de Colbert8. L’enjeu est de taille car la correspondance est une courroie de transmission indispensable au pouvoir central. Vecteur de l’information, elle permet de dépasser la distance, et donne la possibilité à la France d’accéder au rang de puissance navale. En cela, le département de la Marine participe pleinement à la « monarchie de papier » qui se met en place lorsque Louis XIV fait de la guerre « la matrice de construction de l’État », selon l’expression d’Hervé Drévillon9. La lettre est un instrument de gouvernement à part entière. Avec le secrétariat d’État de la Marine, Colbert et après lui Seignelay posent les bases d’un appareil militaire réglé par un système d’administration, que même la réforme de 1776 n’entamera pas en donnant la prééminence aux « officiers d’épée » sur les « officiers de plume10 ». Tout un symbole.
7Si la correspondance ministérielle constitue une source de premier choix pour l’histoire maritime, spécialement pour celle des arsenaux, elle reste encore un objet d’histoire à constituer en tant qu’artefact produit par les administrateurs de la Marine. Pourtant, la question ô combien importante de la correspondance comme moteur de la continuité de l’État dans les colonies et son rôle dans la formation et la circulation des idées au xviiie siècle offrent de belles perspectives de recherche11. Le récent programme de recherche Citere – dont l’objectif était de couvrir « l’ensemble des formes de communication de l’Âge classique au Siècle des Lumières12 » – ouvre la voie, la correspondance ministérielle dans son ensemble ayant toute sa place parmi les formes de la communication de l’époque moderne qui ont contribué à penser le territoire des Européens13. Dans le cadre qui nous intéresse, elle est le miroir de l’action administrative des bureaux centraux chargés d’inspirer et de mettre en œuvre les décisions maritimes du gouvernement14. Ainsi, cette contribution prend-elle appui sur quelques exemples représentatifs de l’importance de la correspondance portuaire dans le processus fonctionnel de l’État, de la création du secrétariat d’État de la Marine à la période révolutionnaire.
La correspondance, formes et contenus d’un artefact administratif
8Dans le prolongement des travaux anthropologiques de Jack Goody15, penser l’administration de la Marine en termes de structures suppose de porter une attention au processus de communication qui exista entre les bureaux centraux et les représentants du roi dans le royaume, à leurs pratiques épistolaires, et en premier lieu au support de leurs échanges : la lettre.
9Qu’il s’agisse des « dépêches » ou des « lettres reçues », toutes les missives du secrétariat d’État obéissent à une présentation formalisée, rigoureusement répétée au fil des années16. Ainsi, comportent-elles une date, des formules d’appel et une signature. Parfois s’y ajoute, après la rédaction du corps de la lettre, une mention portant sur un sujet plus particulier. Le plus souvent, les missives débutent par un accusé de réception des lettres et mémoires arrivés depuis le dernier échange. Vient ensuite le suivi des affaires en cours, et chacune est traitée en un paragraphe séparé. La lettre-type comporte des demandes de renseignements, des avis sur différents points d’administration, des décisions, leurs modalités d’application, les effets attendus, leurs éventuelles limites. Parfois, la lettre délivre aussi réprimande ou mots aimables. Très tôt, sous Colbert, ce contenu est cependant standardisé pour suivre un ordonnancement thématique propre à faciliter le travail des bureaux centraux autant que celui des administrateurs dans les ports et arsenaux ; une pratique qui se généralise pour aboutir, au cours du xviiie siècle, à des lettres portant en tête les mentions « affaires courantes », « fonds », « colonies », « officiers » et « invalides ». Billets, mémoires, rapports, extraits de comptes, ou encore plans, accompagnent les missives du secrétariat d’État de la Marine. Le classement archivistique adopté au xixe siècle17 peine à rendre compte de cette réalité, car les missives ont, pour ainsi dire, été dépouillées de leurs appendices documentaires, éléments pourtant précieux pour comprendre le processus de communication de l’appareil d’État. Un patient travail de recollement permet parfois de restituer les échanges18. Apparaît alors un outil d’administration de premier ordre. Nous y reviendrons.
10La correspondance suit en outre le rythme de l’« ordinaire » – pour reprendre le mot de l’époque – qui circule par exemple trois fois par semaine entre Versailles et Rochefort, et met quatre à six jours pour arriver à destination19. Et pour l’arsenal charentais, les dépêches sont le plus souvent paraphées par le secrétaire d’État en début de semaine (lundi, mardi) et fin de semaine (samedi)20. L’analyse quantitative témoigne d’une production épistolaire plutôt intense. À titre d’exemple, en 1669, 562 dépêches sont expédiées vers les arsenaux du royaume. Un siècle après, à la veille de la guerre d’Indépendance américaine, en 1774, les échanges avec le seul arsenal de Rochefort représentent plus de 240 lettres21, toutes échangées avec une régularité dans le temps qui témoigne des progrès accomplis dans la transmission de l’information. Nécessités de service ou absences des protagonistes de l’échange expliquent quelques variations, mais l’essentiel demeure.
11La lettre en tant qu’objet dit beaucoup de l’entreprise institutionnelle qu’est la Marine à l’époque moderne. Elle révèle en effet les procédures administratives en vigueur à chacune des extrémités qu’elle relie. La lettre donne ainsi à voir des hommes au travail, qui pensent, agissent, subissent les événements, ou au contraire, se satisfont de la réussite d’un projet patiemment élaboré. Cette dimension est essentielle pour comprendre le fonctionnement du secrétariat d’État de la Marine22. Loin de notre époque numérique, loin de nos échanges dématérialisés, le papier règne en maître sur la circulation de l’information ministérielle. Le constat n’a rien d’un truisme car la nature du support conditionne la pratique administrative des hommes du département de la Marine. Écrire une lettre demande une véritable logistique mobilisant savoir-faire et matériel23. Cependant ne faut-il pas se méprendre : les belles missives composées à la main, sur du papier in-quarto, masquent un long travail de prise de notes, de formalisation et de mise en forme du propos. La graphie fluide et élégante qui fait le bonheur de l’historien n’est qu’un aboutissement. Car tout commence pour ainsi dire par un brouillon, dont quelques spécimens nous sont miraculeusement parvenus, échappant à la corbeille des rédacteurs et au « vandalisme » d’archivistes peu soucieux de conserver les traces d’une pratique administrative qui ne trouvait pas grâce à leurs yeux. Les pièces comptables ou les devis d’armement ont presque tous subi un sort identique. La lettre se doit ensuite de répondre en tout point aux exigences stylistiques dictées par Colbert dès avant la création officielle du département de la Marine, pratiques qui perdurent pendant toute la période qui nous intéresse. Certains administrateurs en font un amer apprentissage. Coupable d’avoir commis une lettre trop rapidement, Pierre Arnoul24 se voit vertement réprimandé à ses débuts comme intendant de Rochefort : « Je vous avoue, lui écrit Colbert, que je ne puis lire votre écriture et qu’il n’est pas bien à un jeune homme comme vous d’écrire si mal que vous faites. » Colbert se fait en même temps pédagogue : « Il faut à l’avenir écrire d’un caractère une fois plus gros25. » Il convient aussi que nos épistoliers s’efforcent de « dire » les choses aussi clairement que possible. L’écriture doit être précise sans être lapidaire, détaillée sans sombrer dans le verbiage. Or, la technicité des activités de la Marine est loin de faciliter la fabrication textuelle. Pierre Arnoul, décidément peu inspiré lors de son passage à Rochefort, est aussi repris à ce sujet :
« Je suis bien aise de vous expliquer que vous devez corriger le style dont vous vous servez pour m’écrire. En premier lieu, vous faites trop diffus, et vous m’envoyez des rames de papier pour des affaires qui ne méritent pas quatre lignes, et en second je vous ai déjà fait savoir que vous deviez vous expliquer plus nettement sur les propositions que vous faites26. »
12Paradoxalement, les écrits des administrateurs du secrétariat d’État de la Marine donnent la possibilité d’apprécier la place de l’oralité dans le processus administratif. Aux deux extrémités qu’elle relie, la lettre a en effet été le support d’apostilles qui sont autant de témoignages des échanges oraux inhérents à l’élaboration de toute politique. Au moment du démantèlement de l’arsenal de Dunkerque, la mention « Monseigneur pense que… » sur un document témoigne des échanges qu’un commis a eus avec Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’État à l’époque27. Plus loin, c’est une note accompagnant la correspondance officielle qui rend compte des discussions intervenues au Conseil entre le secrétaire d’État et son homologue des Affaires étrangères28. Sur le terrain, l’usage de l’oralité est tout aussi réel. La parole sert bien souvent à transmettre les consignes édictées par Versailles. C’est tout le sens de la formule « J’ai transmis vos ordres » qui ponctue nombre de missives adressées aux arsenaux et colonies par les bureaux centraux. L’échange verbal contribue également à la collecte des informations qui sont ensuite transmises à l’administration centrale. En 1713, lorsque l’intendant de l’arsenal de Dunkerque rend compte de la vente du navire le Tigre, il ne fait que retranscrire la teneur d’une procédure orale29. De Versailles aux arsenaux et colonies, la correspondance du secrétariat d’État de la Marine participe à un processus de communication à part entière. La normalisation de la mise en forme de l’information, comme la régularité des échanges épistolaires, invitent à aller plus loin, et à s’interroger sur l’usage qu’ont fait les bureaux centraux de la lettre pour servir le pouvoir monarchique.
La lettre, dispositif de communication au service du pouvoir
13Il peut sembler à première vue paradoxal de faire apparaître la lettre comme une figure possible de l’autorité et comme un instrument de pouvoir. La conception classique de la correspondance impose, en effet, la lettre comme un propos à la fois libre, spontané et aisé, qui aborde les sujets les plus divers dans un ordre naturel. Tout l’inverse des échanges épistolaires du secrétariat d’État de la Marine où l’écriture obéit à une minutieuse stylisation qui ne doit rien au hasard. La rationalisation routinière observée précédemment invite à reprendre le théorème du pouvoir énoncé par Max Weber au sujet de l’État moderne30. Placé au cœur d’une structure étatique organisée en espaces concentriques, selon les principes du gouvernement absolutiste, les bureaux centraux sont du premier cercle. À eux, revient la lourde tâche d’exercer concrètement l’autorité royale qui doit nécessairement prendre le pas sur l’autonomie des individus partout dans le royaume. Ainsi s’exprime par les mots de la correspondance ministérielle tout le processus d’étatisation de la chose maritime initié par Richelieu31.
14Les formules d’appel utilisées par les administrateurs de la Marine offrent une première illustration de l’arsenal lexical mis en œuvre par le pouvoir central. Invariablement, si toutes les missives adressées au secrétaire d’État débutent par la formule d’appel « Monseigneur », toutes celles qu’il expédie aux administrateurs débutent par « Monsieur », ou pire, par « Le sieur ». Or, les deux expressions n’ont pas la même valeur. Leur emploi en miroir marque sans équivoque la domination du pouvoir central sur ses périphéries selon un rapport asymétrique ; rapport qui sert la centralisation ministérielle, et par-delà l’État monarchique. La très belle formule « Je suis très parfaitement, Monseigneur, votre très humble est très obéissant serviteur » résume à elle seule toute la puissance de l’« appareil de contrainte » déployé par la monarchie via les bureaux centraux du secrétariat d’État. En retour, le topos de la soumission est récurrent au fil des lettres adressées à Versailles par les administrateurs. Tous n’ont de cesse d’utiliser des protestations de respect, de fidélité, de remercier, bref de se montrer en créatures zélées.
15L’expression « Sa Majesté », sous la plume des uns et des autres, participe également à cette geste stylistique de l’autorité. Son emploi rappelle à tous que servir dans la Marine, c’est servir le roi, et qu’un tel engagement demande zèle, endurance et dévouement. Avec cette formule, l’appareil administratif légitime sa domination. La consigne devient commandement, faisant de la correspondance un instrument de puissance supplémentaire à la disposition de l’État. Non sans conférer à la lettre une valeur juridique et une force normative, car le « je » du secrétaire d’État vaut pour « le roi ». Ce qui est écrit dans les bureaux centraux du secrétariat d’État de la Marine a donc valeur de discours officiel, voire de document contractuel. D’ailleurs, personne ne s’y trompe. Pour les contentieux commerciaux, les écrits du secrétaire d’État font référence. Ainsi, par exemple, lorsqu’un fournisseur comme Abraham Gradis cherche à recouvrer, après la guerre de Sept Ans, les arriérés de paiement que lui doit la Marine, il se réfère systématiquement aux engagements épistolaires du secrétaire d’État. Et bien conscient du rôle de facilitateurs des commis, il n’hésite pas à faire le siège des bureaux centraux, rencontrant notamment le premier commis des colonies de l’époque, Jean-Augustin Accaron32.
16Plus largement, tout le langage épistolier employé dans les dépêches contribue à exercer un gouvernement à distance. Pour les bureaux centraux du secrétariat d’État de la Marine, l’enjeu est de taille : la lettre doit permettre d’obtenir l’application uniforme d’une politique en l’absence de toute présence physique de l’autorité gouvernementale. Il lui faut assurer une forme de présence en absence et dépasser la distance, ce qui n’est pas rien à une époque où les temps de parcours se mesurent en jours, en semaines, voire en mois pour les colonies les plus éloignées. À titre d’exemple, il faut encore cinq à six jours pour atteindre l’arsenal de Rochefort depuis Versailles à la fin du xviiie siècle33. Plus loin vers l’Ouest, les distances s’allongent encore avec des rotations rarement inférieures à trois mois pour les Antilles34. Pour dépasser cet éloignement, les secrétaires d’État successifs utilisent tous, sans surprise, le registre de l’ordre pour se faire obéir : « Je vous prie », « Vous ferez », « Je compte » ou « Il n’est pas question que ». Parfois, le propos prend la forme d’un conseil ferme mais impératif : « Je ne puis que trop vous recommander », « Vous ne devez point compter », ou encore « Cela mérite une attention particulière ». En certaines circonstances, la franche admonestation est au contraire de rigueur. L’intendant de Rochefort, François de Beauharnais, qui n’est pourtant pas le premier venu, en fait l’expérience en 1723 au sujet des fraudes qui ont lieu sur les vaisseaux du roi revenant des colonies :
« Je n’ai pas lieu, écrit Maurepas, d’être content de les apprendre par d’autres que vous […]. En me laissant ignorer de pareilles aventures qui se passent sous vos yeux, vous m’exposez aux reproches […]. Je vous avoue que je ne comprends pas votre politique […] vous avez dû sentir combien je désapprouvais cette contrebande35. »
17La correspondance délivre donc un message statutaire, obligatoire et par certains aspects exemplaire. Or, pour être vraiment efficace, cette activité épistolaire doit aussi contribuer à rallier les administrateurs de terrain aux vues des bureaux centraux, dont les capacités d’inertie ou de résistance ne sont pas à négliger36. La correspondance ne se borne donc pas à un monologue du secrétaire d’État, ni à un simple va-et-vient d’informations. Il faut que les correspondants se parlent, qu’ils soient tous deux engagés dans l’échange. Cette réciprocité est une dimension essentielle du gouvernement à distance. Cependant, combiner rationalisation routinière et affectivité est loin d’être un exercice aisé. Sur toute la période qui nous intéresse, les accusés d’envoi et de réception – autrement dit les expressions affirmatives comme « Je vous envoie » ou « J’ai bien reçu » – jouent ce rôle d’interaction. L’alternance des questions-réponses au fil des échanges y contribue aussi. Plus ponctuellement, c’est parfois le plaisir de l’écriture partagée qui facilite l’échange et rapproche les protagonistes. La connivence et l’estime réciproque entre Colbert et son cousin Colbert de Terron, qui ont ensemble érigé l’arsenal de Rochefort, est un cas d’école en la matière37. Dans un autre registre, il arrive aussi que l’interaction vienne de la liberté d’action laissée aux administrateurs locaux par les bureaux centraux. À cet égard, le « Je vous prie de faire ce que la situation des fonds pourra vous permettre » adressé par le secrétaire d’État Peyrenc de Moras à l’intendant de Rochefort en 1757 est riche de sens38. La phrase illustre parfaitement une pratique que l’on nommerait aujourd’hui le management participatif. L’expression de l’autorité centrale est intacte, mais elle est doublée d’une liberté d’action qui valorise l’administrateur-lecteur et l’incite à accomplir la tâche assignée, bien au-delà de ce qu’il aurait fait à la suite d’un ordre en bonne et due forme.
18Avec la correspondance portuaire, l’appareil administratif dispose en outre d’un formidable outil d’information et de connaissance du royaume qui sert aussi l’autorité royale. Tout autant que les grandes enquêtes de Colbert, la correspondance ministérielle fournit au pouvoir central une foule d’informations avec lesquelles les bureaux centraux construisent le savoir d’État. En 1713, par exemple, lorsque la Marine doit évacuer l’arsenal de Dunkerque en vertu du traité d’Utrecht, le dossier constitué par les échanges épistolaires sur le sujet est d’une telle précision que le secrétaire d’État peut statuer à distance, jusqu’à décider de l’attribution des pièces de chacun des locaux de repli39.
19Outil d’administration pour la Marine, la lettre est un instrument de gouvernement à distance pour la monarchie. Le pouvoir doit cependant se défier des écrits de ses serviteurs, car pour eux, tenir la plume répond aussi à des enjeux personnels.
« Tenir la plume » : le poids des hommes dans l’information officielle
20Contrairement à l’idée qui pourrait faire de la correspondance ministérielle un simple canal d’information au service de la centralisation administrative, la lettre doit être envisagée comme un vecteur de communication complexe et protéiforme. Les protagonistes de l’échange sont en effet multiples. Au niveau de l’administration centrale, la lettre s’adresse formellement au secrétaire d’État mais chacun sait que ce sont les commis qui lisent et traitent l’information. Chaque « officier de plume » et « officier d’épée » le sait et utilise différentes techniques qui ont pour ambition de rallier le lecteur ministériel à son point de vue. Quelques exemples peuvent être examinés pour mettre en lumière la subjectivité du discours qui en résulte, et les stratégies discursives utilisées pour livrer à l’administration centrale un récit conforme en tout point aux vues du pouvoir : le naufrage de la flûte le Chameau en 1725, une infestation de « chenilles » au Canada en 1743, et les préparatifs de l’expédition de Kourou en 1763.
21Le premier exemple concerne le naufrage de la flûte du roi le Chameau, survenu en 1725, sur la côte sud de l’Île-Royale. L’événement n’est pas exceptionnel en soi tant ces fortunes de mer sont encore fréquentes au XVIIIe siècle, mais la relation épistolaire qui en est faite par l’ordonnateur Lenormant de Mesy mérite de s’y arrêter40. Son récit – ou plutôt la construction textuelle qu’il adresse aux autorités41 – s’articule autour des différentes opérations mises en œuvre après le naufrage. Notre homme écrit ainsi s’être « transporté sur les lieux », avoir passé en revue le littoral, s’être assuré qu’il s’agissait bien du Chameau en examinant une figure de proue trouvée sur le rivage. Après ces premières constatations d’usage, il nous dit aussi avoir fait « tirer » de la mer tous les effets qui pouvaient être sauvés, et, en bon chrétien, précise même avoir donné une sépulture à trois corps, identifiés comme étant ceux du pilote, Jacques Chaniteau, du gouverneur du Canada fraichement nommé, Jacques de Chazelles, et du fils aîné de Claude de Ramezay, gouverneur de Montréal ; en somme, rien qui ne contrevienne à la réglementation en vigueur sur le « sauvetage » des naufrages42. Mais ce qui ne laisse pas de frapper dans cette relation, c’est le ton employé par notre homme. En dépit des circonstances, le propos est un exemple d’écriture impersonnelle, dénuée de tout sentiment d’humanité. Est-ce le poids de la routine épistolaire rationalisatrice imposée aux administrateurs depuis Colbert ? Sans doute, car l’homme a bien été marqué par la catastrophe. Quelques jours après le naufrage, il a en effet écrit à son père toute son émotion, la peine de n’avoir recueilli aucun survivant, et la souffrance de voir la mer rejeter en deux jours quarante-trois cadavres43. Or, rien de tout cela ne transpire dans son récit officiel. Au fil de ses lettres, Lenormant de Mesy fait au contraire le choix d’un discours lisse et circonstancié à l’extrême, mettant en avant la fatalité de la navigation en Atlantique Nord. Ce faisant, il se montre en technicien éprouvé, ce qui n’a rien d’innocent. Sa carrière est en effet devant lui, et il ne lui est pas inutile d’atténuer l’ampleur d’un naufrage dont l’onde de choc pourrait mettre dans l’embarras quelques personnes qu’il convient de ménager pour l’avenir. Il n’est que simple ordonnateur, rappelons-le.
22Choisi dans la correspondance reçue par le bureau des colonies, le récit d’une épidémie de « chenilles », survenue en juillet 1743 dans la région de Trois-Rivières, livre un autre exemple de la nécessité pour les bureaux centraux de savoir lire entre les lignes. Ici, l’ordonnateur Gilles Hocquart utilise sciemment le registre de l’inquiétude pour justifier son action. Son récit commence le 7 juillet lorsqu’il signale que des chenilles « ravagent tout44 ». La situation décrite est à ce point alarmante qu’elle justifie un envoi d’urgence depuis Rochefort, arsenal de ravitaillement du Canada. Les mesures qu’il dit avoir prises paraissent à la hauteur du drame que vit alors la colonie : exorcismes, prières publiques et processions sont organisés45. Une semaine plus tard, le 14 juillet, l’inquiétude monte encore d’un cran. La situation est alors désespérée : « Il n’y a plus rien dans les campagnes, un grand nombre d’habitants ne vivent que de lait, de poisson ou d’herbages. » Selon lui, les insectes paraissent « capables de tout ravager si Dieu n’y met ordre46 ». Et puis, coup de théâtre le 19 juillet : non seulement les chenilles ont disparu, mais « elles n’ont presque pas endommagé les blés47 ». Étudiées précisément par l’historien québécois Thomas Wien48, ces « allarmes » – qui ont tout d’une émotion populaire – donnent à voir la stratégie discursive d’un administrateur qui grossit volontairement le trait pour justifier une demande de secours forcément coûteux, et ainsi convaincre les bureaux centraux du bien-fondé de son initiative. Le propos est loin du rapport analytique. La correspondance sert dans ce cas une réelle intrigue destinée à faire adhérer le lecteur-secrétaire d’État au point de vue du rédacteur-administrateur. L’éloignement pèse ici de tout son poids et montre toute la difficulté d’assurer un gouvernement à distance.
23Dernier exemple : l’expédition de Kourou. La correspondance livre cette fois un discours inattendu parce que sincère, au point de faire perdre à l’information sa crédibilité auprès des bureaux centraux. En 1762, Choiseul engage la Marine dans une expédition destinée à fonder une nouvelle colonie en Guyane devant compter à terme près de 15000 habitants49. Navires, hommes et infrastructures de l’arsenal de Rochefort sont alors mobilisés pour répondre aux demandes des responsables de l’opération, Étienne-Robert Turgot – frère de l’intendant du Limousin – et Jean-Antoine Brûletout de Préfontaine. Dessaisis, les hommes de l’arsenal sont relégués au rang d’exécutants, bien vite écœurés, découragés et consternés de la tournure que prennent les préparatifs sous la férule du fantasque duo. Les retards s’accumulent. Les incidents se multiplient. Choiseul s’impatiente : « Il faut que votre bureau des colonies soit bien peu actif pour attendre si longtemps à vous procurer des éclaircissements que je vous ai demandés », écrit-il au commissaire de marine Choquet50. Entre l’inconséquence de Turgot et Préfontaine et l’empressement du secrétaire d’État, rien ne se passe comme le prévoyait le plan échafaudé par les bureaux centraux. En avril 1763, la situation est telle que le commissaire Choquet prend sur lui d’écrire au ministre ce que tout Rochefort pense de Préfontaine : « C’est un parfait original […]. Pour un homme qui depuis trente ans habite les ports et les colonies, cette ignorance crasse n’est point pardonnable51. » À défaut d’être respectueuse et convenue, l’écriture se fait directe. Pour l’homme de terrain, il est impératif de faire cesser un désastre logistique dont Versailles ne semble pas mesurer l’ampleur. Un mois plus tard, cela justifie un propos encore plus direct. La sincérité est alors totale : « La crise est vive avec tout le monde que nous avons ici, officiers, divers employés, familles, qui tous vont s’expatrier, qui demandent de l’argent, et de l’argent que nous n’avons pas. » Et de conclure : « Je fais un métier fort désagréable […]. Si cet ordre subsiste, nous pouvons plier bagage52 » ; discours qui n’aura pas l’effet escompté puisque l’expédition ira jusqu’à son terme avec la malheureuse issue qu’on lui connaît53. À défaut d’avoir compris que la situation était dramatique, les bureaux centraux ont interprété ce cri du cœur comme un moyen de mettre en doute la légitimité du projet54. Ruse discursive ou émotion sincère, cette dernière sentence du commissaire Choquet rappelle que derrière les mots de la correspondance, il y a des hommes, avec leurs sentiments, leurs états d’âme ou leurs espoirs. Avec Colbert, ils ont progressivement appris l’échange épistolaire dans le cadre du service au roi. Si dans les premiers temps « il a fallu former les hommes en formant les règles », pour reprendre les mots de Pierre Clément55, force est de constater que l’apprentissage fut assez rapide. Dès la guerre de la Ligue d’Augsbourg, le secrétariat d’État de la Marine dispose d’administrateurs dont les pratiques épistolaires sont suffisamment efficaces pour maîtriser un espace communicationnel qui ne préexistait pas, et qui tend à s’étendre à tous les océans avec la montée en puissance des enjeux coloniaux. L’activité de l’arsenal de Rochefort en livre une preuve. Cela fait de l’appareil administratif un élément à réévaluer pour bien apprécier la course à la puissance navale que se livrent France et Angleterre. Un siècle plus tard, si l’écrit a partout gagné du terrain en France, l’écriture des administrateurs de la Marine, et plus largement celle des serviteurs de l’État, reste exceptionnelle par sa qualité, sa précision et sa cohérence. La routine rationalisatrice de la machine administrative, née au xviie siècle, n’a pas fait disparaître l’art de ciseler les mots pour se comprendre à distance. Bien au contraire, certains épistoliers font même preuve d’une réelle élégance et d’un sens de la formule consommé qui placent leur pratique à la frontière du littéraire et de l’utilitaire. Dans la genèse de l’administration moderne, le passage de l’empirique au théorique, du pratique à la gestion, leur doit beaucoup. Le savoir d’État aussi. Intendants et commissaires, pour n’évoquer que les « officiers de plume », sont en effet des informateurs infatigables livrant aux bureaux centraux les éléments indispensables pour apprécier la réalité du monde maritime de l’époque. Et à bien des égards, leurs écrits participent aussi au défrichement du rationnel au Siècle des Lumières. Loin d’avoir épuisé le sujet, ces remarques invitent à questionner plus avant la correspondance du secrétariat d’État. Parce que la lettre tend à abolir la distance, il serait par exemple intéressant de mesurer l’incidence de la communication sur l’intégration des territoires, au-delà de la seule question des transports. La question du gouvernement à distance est largement à préciser. Sur les hommes, il reste aussi beaucoup à apprendre. L’étude de la correspondance a d’ailleurs assez peu de sens si l’on n’y intègre pas les trajectoires de vie et la circulation des individus qui écrivent. Bureaux centraux, arsenaux, colonies, ou encore inspections dans les provinces56, sont bien souvent les étapes d’un parcours professionnel au service du secrétariat d’État de la Marine. N’oublions pas que grâce à ces hommes, le département de la Marine s’affranchit peu à peu des clientèles, des réseaux de fidélités et des grandes figures ministérielles. Que l’on parle de la « marine de Colbert » et pas de celle de Rouillé, ni de celle de Bourgeois de Boynes est tout un symbole57. En un siècle, l’appareil d’administration a pris le pas sur la personnalité ministérielle. Les hommes du ministère ont remplacé les hommes du ministre. La correspondance invite aussi à approfondir la connaissance que nous avons du quotidien des bureaux centraux, spécialement de l’imbrication entre bureaucratie et pouvoir politique, pour reprendre la terminologie wébérienne. Aujourd’hui, de l’état-major de la Marine au cabinet du ministre de la Défense, l’administration centrale de l’armée use, voire abuse, de la note. Les quelques annotations encore visibles sur les documents d’archives du secrétariat d’État de la Marine montrent qu’un tel usage n’est pas neuf.
24Au final, l’histoire de la correspondance de la Marine se confond avec celle de l’appareil d’État. À ce titre, et comme en bien d’autres domaines, la Marine peut être vue comme un laboratoire de la révolution silencieuse qu’a été l’autonomisation de l’administration.
Notes de bas de page
1 L’organisation par compétence territoriale (bureaux de « Ponant » et « Levant », remplacés en 1738 par un « service de l’administration des ports ») est complétée par une organisation par « spécialités », avec notamment la création d’un bureau des « colonies » (1er janvier 1710), d’un bureau des « consulats de Ponant, Levant et Barbarie » (1er juillet 1709), d’un bureau des « classes » (1711), sans compter le bureau des « fonds » en place depuis l’origine. L’ensemble est fondu sous Castries en quatre directions : « direction générale des ports et arsenaux », « intendance générale des fonds », « administration des consulats, du commerce maritime et des pêches », « intendance générale des colonies », selon Neuville D., État sommaire des Archives de la Marine antérieures à la Révolution, Paris, L. Baudoin, 1898, p. xxxviii.
2 Martin S., Rochefort, arsenal des colonies au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.
3 Sarmant t. et Stoll M., Régner et gouverner, Louis xiv et ses ministres, Paris, Perrin, 2010, p. 210.
4 Archives nationales, Fonds Marine (dorénavant AN, Marine), série B2 « Ordres et dépêches » et série B3 « Lettres reçues », et Archives nationales de l’Outre-mer (dorénavant ANOM), fonds ministériel – premier empire colonial, série B « Correspondance au départ » et série C « Correspondance à l’arrivée ».
5 Secrétaire d’État de la Marine de 1780 à 1786.
6 Service historique de la Défense, Rochefort (dorénavant SHD, Rt), 1 E 217, f° 312.
7 Furetière A., « Correspondance », Dictionnaire universel, vol. 1, Paris, Arnout et Reinier Leers, 1690, p. 9.
8 Clément P., Lettres, instructions et mémoires de Colbert, vol. iii, Paris, Imprimerie nationale, p. 241.
9 Drévillon H., Histoire de France, Les rois absolus, 1629-1715, Paris, Belin, 2011, p. 131.
10 L’ordonnance de 1689 donnait la prééminence aux officiers « de plume ». Celle de 1776 les place sous l’autorité des militaires.
11 Le sujet est indirectement abordé par les travaux portant sur les arsenaux et les marines de guerre : Acerra M., Rochefort et la construction navale française : 1661-1815, Paris, Librairie de l’Inde, 1993 ; Banks K., Chasing Empire across the Sea : Communications and the State in the French Atlantic, 1713-1763, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2002 ; Buchet C., La lutte pour l’espace caraïbe et la façade atlantique de l’Amérique centrale et du sud, 1672-1763, Paris, Librairie de l’Inde, 1991 ; Llinares S., Marine, propulsion et technique : l’évolution du système technologique du navire de guerre français au xviiie siècle, Paris, Librairie de l’Inde, 1994 ; Martin S., op. cit. ; Plouviez D., La marine et ses réseaux économiques au xviiie siècle, Paris, Les Indes savantes, 2014 ; Pritchard J., Louis XV’s Navy, 1748-1762. A Study of Organisation and Administration, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1987.
12 ANR CITERE, « Formes et mutations de la communication : processus, compétences, usages », programme coordonné par Pierre-Yves Beaurepaire. Résultats publiés : Beaurepaire P.-Y. (dir.), La communication en Europe, de l’âge classique au siècle des Lumières, Paris, Belin, 2014.
13 Martin S., op. cit., p. 234.
14 Notamment entre les bureaux centraux et les arsenaux de Rochefort et Dunkerque. Afin d’être complet, la correspondance du bureau des colonies a aussi été ponctuellement utilisée, ainsi que les « Mélanges Colbert » de la Bibliothèque nationale de France.
15 Notamment Goody J., La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, Minuit, 1979 ; et Pouvoir et savoirs de l’écrit, Paris, La Dispute, 2007.
16 Sarmant t. et Stoll M., « Le style de Louvois. Formulaire adminsitratif et expression personnelle dans la correspondance du secrétaire d’État de la Guerre sous Louis XIV », Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1997 (1999), p. 57.
17 La commission supérieure des Archives de la Marine adopte en 1884 un classement toujours en vigueur de nos jours. Voir Neuvile D., op. cit., p. xlviii.
18 Taillemite É., Les archives de la Marine conservées aux Archives nationales, Paris, Archives nationales/SHD, 1992, p. 45.
19 Mémain R., La Marine de guerre sous Louis XIV : le matériel. Rochefort arsenal modèle de Colbert, Paris, Hachette, 1937, p. 287.
20 Selon Mémain R., op. cit., p. 288.
21 AN, Marine, B2 9, B2 449 et B3 8, B3 796.
22 Weber M., Économie et société, rééd., Paris, Plon, 2003, p. 128.
23 Les approvisionnements des arsenaux font ainsi mention d’un matériel bien spécifique à l’administration, comprenant notamment « rame de papier », « feuillets », « crayon », « registres », selon SHD, Rt, 1 E.
24 Condisciple de Seignelay, commissaire général à Toulon, puis intendant de l’arsenal, Pierre Arnoul est nommé intendant de Rochefort en 1683. Sa proximité avec le fils de Colbert explique en partie le niveau d’exigence du ministre.
25 Colbert à Arnoul fils, 21 novembre 1671, dans : Clément P. (éd.), Lettres, Instructions et mémoires de Colbert, vol. iii/1, Paris, Imprimerie nationale, 1864, p. 213, note 2.
26 Bibliothèque nationale de France, Manuscrits français, Nouvelles acquisitions françaises 21329.
27 AN, Marine, B3 210, f° 219.
28 AN, Marine, D2 3, f° 111. Dans le cas de Dunkerque, apparaissent au fil des archives des documents autographes envoyés en parallèle des dépêches officielles.
29 AN, Marine, B3 210, f° 126.
30 Treiber H., « État moderne et bureaucratie moderne chez Max Weber », Trivium, n° 7, 2010, p. 2.
31 Acerra M. et Zysberg A., L’essor des marines de guerre européennes, 1680-1790, Paris, Sedes, 1997, p. 18.
32 AN, fonds Gradis, 181 AQ 78.
33 Boutier J., Atlas de l’histoire de France, xvie-xixe siècle, Paris, autrement, 2006, p. 57.
34 Martin S., op. cit., p. 237.
35 SHD, Rt, 1 E 102, f° 477.
36 Acerra M., op. cit. ; Plouviez D., op. cit. ; Martin S., op. cit.
37 Mémain R., op. cit., p. 35.
38 SHD, Rt, 1 E 156, f° 163.
39 AN, Marine, B3 210.
40 SHD, Rt, 1 E 106, complété par 1 R 45, non folioté, et ANOM, Col. 11 B 8, f° 214 (procès-verbal).
41 La relation des faits est adressée simultanément au secrétaire d’État de la Marine, Maurepas, au gouverneur du Canada, le marquis de Vaudreuil, et à l’intendant de Rochefort, François de Beauharnais, conformément à la procédure de l’époque qui veut que l’intendant de Rochefort, chargé du ravitaillement des colonies, soit informé en même temps que l’autorité directe.
42 Péret J., Naufrages et pilleurs d’épaves sur les côtes charentaises aux xviie et xviiie siècles, La Crèche, Geste, 2007, p. 137.
43 ANOM, Col. 11 B 8, f° 181.
44 ANOM, Col. 11 A 77, f° 309.
45 ANOM, Col. 11 A 79, f° 233.
46 ANOM, Col. 11 A 79, f° 240.
47 ANOM, Col. 11 A 79, f° 254.
48 Wien T., « Rex in fabula : travailler l’inquiétude dans la correspondance adressée aux autorités métropolitaines depuis le Canada (1700-1760) », Outre-Mers, vol. 96, n° 362-363, 2009, p. 65.
49 Godfroy M., Kourou, 1763, le dernier rêve de l’Amérique française, Paris, Vendémiaire, 2011 ; Michel J., La Guyane sous l’Ancien Régime. Le désastre de Kourou et ses scandaleuses suites judiciaires, Paris, L’Harmattan, 1989.
50 SHD, Rt, 1 E 172, f° 63.
51 SHD, Rt, 1 E 172, f° 168.
52 SHD, Rt, 1 E 422, f° 412.
53 L’expédition de Kourou se termine en catastrophe avec la mort de plusieurs milliers de colons.
54 Martin S., op. cit., p. 260.
55 Clément P., op. cit., p. 115.
56 Celle de Chabert de l’Isle en est un exemple, Plouviez D., « Appréhender et maîtriser les arrière-pays portuaires militaires. Les missions du commissaire de la Marine Chabert de l’Isle au début du xviiie siècle », Le Mao C. et Meyzie Ph. (dir.), L’approvisionnement des villes portuaires en Europe du xvie siècle à nos jours, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2015, p. 377-391.
57 Le processus est déjà entamé lors du passage de relais entre Colbert et Seignelay, Sarmant T. et Stoll M., op. cit., p. 307.
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