Les bureaux du secrétariat d’État de la Marine sous Louis XIV (1669-1715)1
p. 17-31
Texte intégral
1Le 16 février 1669, Jean-Baptiste Colbert rachète son brevet de secrétaire d’État de la Maison du roi à Guénégaud du Plessis. Comme pour tous les ministères d’Ancien Régime, cette fonction inclut l’administration de certaines généralités, en l’occurrence celles d’Orléans, de Limoges, de Soissons, de La Rochelle, de Poitiers, de Paris et de l’Île-de-France. Trois semaines plus tard, le roi attache également la Marine à sa charge de secrétaire d’État (7 mars 16692), département qu’il dirige déjà officiellement depuis le 31 décembre 16653 et officieusement depuis 1661 au moins4. Sur le papier, il s’agit seulement là d’une compétence supplémentaire ajoutée à celles qui sont déjà réunies au sein du secrétariat d’État de la Maison du roi. En réalité, ce sont deux ministères qui coexistent dorénavant sous une même autorité. Un ancien, plutôt modeste et bien établi, et un nouveau qui reste entièrement à construire et à organiser.
2Dans les années qui suivent la création du ministère de la Marine, l’équipe qui entoure Colbert est vraisemblablement très restreinte. Colbert travaille beaucoup lui-même et évite de déléguer. « La marine est assurément la plus importante et la plus belle partie de mon département, écrit-il en 1671, il faut aussy donner plus de soins, plus de temps et plus d’application pour la bien conduire5. » Malgré cela, l’administration centrale qui l’assiste dans sa charge ne semble avoir été constituée, à la fin de l’année 1670, que de sept commis, à savoir Nicolas Clairambault, de Matucières, de La Grange, les commis des finances Desmarets fils, Roze de Coye et Bessard (ou Bessat), le secrétaire général de la Marine Le Foin (ou Le Fouyn), le commis des Bâtiments Charles Perrault6. Aucun de ces hommes ne porte le titre de premier commis. Cette fonction n’apparaît vraisemblablement qu’en 1671. François Belluchau est le premier à l’occuper. Dans les instructions à son fils Seignelay, le Grand Colbert décrit les compétences de son principal commis en ces termes :
« Il transcrit toutes mes minutes et toutes mes dépesches de marine, et quelquefois, quand je suis pressé, je luy permets de faire quelques-unes des plus petites […]. Il peut faire toutes les tables des vaisseaux, des escadres, des officiers, les estats de tous les armemens, c’est-à-dire quand le tout aura esté minuté par mon fils. Il peut prendre soin de tous les enregistremens, mais il faut que mon fils les cote tous de sa main. Il a tous les inventaires des magasins, les mémoires de tous les prix des marchandises partout, les traités de toutes les marchandises, ceux des compagnies du Nord et des Pyrénées, en un mot, tous les papiers de marine, dont il me rend assez bon compte7. »
3Nous ignorons jusqu’à quand Belluchau reste à la tête des commis du département de la Marine. Le 15 février 1674 il est reçu « en l’office de Conseiller Secretaire du Roi, Maison, Couronne de France & de ses Finances8 ». Quitte-t-il ses fonctions au sein du secrétariat d’État à ce moment ou les conserve-t-il ? Sans doute garde-t-il des liens avec les bureaux, car en 1688 il assume toujours des missions pour leur compte. Cette année-là, il exécute une copie calligraphiée de L’état sommaire de la Marine, ouvrage pour lequel il reçoit 600 livres tournois9.
4Or à mesure que Colbert et ses hommes créent une nouvelle marine, le travail au sein du ministère augmente et l’organisation de la nouvelle institution se complexifie. De nouveaux services y sont créés. Ils sont généralement appelés « bureaux ». Nous ne connaissons, pour l’instant, que peu de chose sur les circonstances exactes de leur établissement. Les quelques rares historiens qui y font allusion, restent vagues et donnent souvent des renseignements contradictoires. Michel Vergé-Franceschi affirme que l’administration centrale de la Marine a été, dès ses débuts, divisée en trois bureaux. À la direction du commerce qui préexistait depuis 1663 au ministère-même, se seraient ajoutés en 1669 le bureau du Ponant et le bureau du Levant. Un quatrième bureau, celui des fonds, aurait été créé en 167810. Jean-Philippe Zanco fait naître ces quatre bureaux, le commerce, le Ponant, le Levant et les fonds, à la même époque, sans toutefois indiquer une date11. Thierry Claeys donne, quant à lui, l’ordre de création suivant : Levant (1676), fonds (1678), Ponant (1687) et, en même temps, celui de l’examen des comptes (1687)12. Les sources utilisées par ces auteurs restent pour l’essentiel opaques. En effet, comme pour d’autres secrétariats d’État du Grand Siècle13, les pièces d’archives qui évoquent l’organisation ministérielle sont rares. Il ne subsiste pas d’états particuliers qui permettraient de reconstituer un organigramme ou seulement d’identifier clairement les personnels employés par l’administration centrale de la Marine. Ceci s’explique, entre autres, par le mode de recrutement des commis. Ils sont directement choisis par le ministre, sans aucune intervention du roi. On ne leur expédie donc aucun brevet ni ne leur attribue de titre officiel. « C’était une désignation purement privée14 », affirme Michel Antoine pour le recrutement des commis du Contrôle général des finances sous Louis XIV. Ce constat est sans doute également valable pour la Marine.
5Seuls deux documents d’archives nous permettent de saisir une vue complète de l’organisation des bureaux de la Marine. Le premier date de 1690. Le second a été rédigé en 1749 et récapitule l’évolution des bureaux depuis la création du ministère.
L’organisation du département de la Marine en 1690
6Le 9 novembre 1690, un commis des bureaux de Marine rédige un mémoire15 à l’attention de Louis Ier Phélypeaux de Pontchartrain, dit Pontchartrain père, qui vient de remplacer Seignelay à la tête du secrétariat d’État. À en juger d’une note sur la couverture du document, l’auteur en serait Nicolas Clairambault16, dit « Clairambault aîné », qui, à ce moment, fut peut-être en charge de l’embryon du dépôt d’archives de la Marine17. Clairambault cherche à présenter à son nouveau supérieur, l’organisation, le fonctionnement et les attributions des bureaux, leurs principaux employés et les points susceptibles d’être améliorés.
7Le mémoire dénombre sept services au sein du ministère : 1. Ponant, 2. Levant, 3. fonds, 4. « achapts par oeconomie », 5. « cartes de la marine et des fortiffications », 6. commerce, 7. secrétariat. À tous, sauf au dernier, Clairambault octroie le statut de « département », donc celui de bureau. Par ailleurs, il distingue les services qui relèvent de la « Marine » de ceux qui relèvent du « Commerce ». Seul le département du commerce appartient à cette dernière catégorie, tous les autres relèvent de la Marine.
8En 1690, le bureau du Ponant « est le 1er et le principal du departement de la marine ». Il est dirigé par Joseph de Latouche qui passe pour le meilleur élément du ministère. « Tout le monde convient que M. de La T[ouche] le [i. e. l’emploi] remplit avec une fidélité et une suffisance superieure a tous autres, sans exception, par une experience personnelle18. » Son bureau s’occupe de trois grands dossiers. Premièrement il administre les arsenaux de la façade atlantique. Pour ceux de Rochefort, Brest, Le Havre et Dunkerque, il supervise la construction navale, les armements, l’achat des munitions et inspecte la conduite des officiers. S’ajoute à cela l’organisation des chantiers navals de Bayonne et de Port-Louis. Deuxièmement, le bureau du Ponant s’occupe de commerce, de celui avec l’Espagne et les Îles, comme de celui des compagnies de commerce (Guinée, Sénégal et Indes Orientales). En dernier lieu, le Ponant a dans ses attributions la gestion du Canada. Pour son travail, Latouche perçoit des appointements de 6000 livres tournois par an auxquels s’ajoutent 2400 livres attachées à son office de commissaire de la Marine. Il est assisté de quatre commis (dont on ignore le nom) rémunérés sur ses propres deniers.
9C’est Charles de Salaberry qui dirige, depuis 1688, le bureau du Levant. « Fort honneste homme et fort intelligent, […] il est beaucoup moins versé dans la matiere que M. de La Touche19. » En tant que premier commis, Salaberry a la responsabilité de toutes les galères, du Levant comme du Ponant, ainsi que des vaisseaux de Toulon. La correspondance commerciale avec Marseille, le Levant et la Barbarie lui incombe également. S’ajoute à cela l’administration des consulats français de toute la Méditerranée, Italie et Espagne méditerranéenne incluses. Son bureau s’occupe aussi de fournitures marines. Il gère les achats de bois en Bourgogne et Franche-Comté destinés à la construction navale, ainsi que ceux des poudres et salpêtres à l’étranger. Les affaires liées aux îles d’Amérique sont aussi de son ressort, tout comme la gestion de toutes les prises de vaisseaux. Comme Latouche, Salaberry a 6000 livres d’appointements en tant que premier commis et 2400 comme commissaire de la marine. Il prend sur ces sommes pour payer ses commis (dont Clairambault ne donne ni le nombre ni les noms) et pourvoir aux frais de ses bureaux.
10À la tête du bureau des fonds de Marine se trouve, depuis juin 1689, Michel Bégon de Montfermeil. Ce parent de Seignelay tient les livres de comptes du ministère. Il doit en outre
« adresser chaque année l’estat de toutes les dépences necess[ai]res pour l’année suivante, lequel estat est fondé sur les mem[oi]res et avis de chacun des intendans de la marine et est fait et signé double, l’un qui demeure a Mr le secrettaire d’Estat sur lequel il en envoye des extraits de luy signez a chacun des intendans en ce qui les concerne, l’autre est envoyé au tresorier pour l’executter20 ».
11Les souhaits financiers des intendants ne sont pas toujours exaucés. C’est le ministre qui décide de la forme définitive à donner à cet état prévisionnel. Pour ce faire il consulte ses deux principaux commis, c’est-à-dire Latouche et Salaberry, « qui donnent leurs observa[ti]ons sur le plus ou le moins parce qu’ils sont au détail du service dans le courant de l’année, et ensuitte on refond l’estat ». Bégon gère aussi les carrières des officiers de la Marine et expédie leurs commissions, les brevets de pension et les congés. Il veille par ailleurs à l’application des contrats que les intendants de la Marine passent avec les munitionnaires et les chantiers navals. Clairambault ne donne pas le niveau de rémunération de Bégon mais l’extrapole en détaillant celui de son prédécesseur. Jean de Valossière, qui avait occupé la place jusqu’en mai 1689, pouvait prétendre à 2000 livres « sur le petit estat de la Marine », auxquelles s’ajoutaient 2400 « par acquit pour commis » et 2400 en tant que commissaire de la Marine. Bégon « est honneste homme, mais a peine a-t-il le temps d’apprendre sa fonction21 ». Or il peut compter sur son commis qui est « tres capable de bien establir un bon ordre dans la tenue » des registres.
12Le département des « achapts par oeconomie » est chargé des achats de draps destinés à la confection des habits des soldats de la Marine et des troupes coloniales, ainsi qu’à celle des pavois des navires du roi. C’est le sieur Lepeigné, un ancien valet de chambre de Seignelay, qui le dirige. « Il passe pour sage et apliqué a son mestier. » Clairambault ne dit rien de plus sur le travail de Lepeigné. Il ne donne d’ailleurs aucune indication précise sur les appointements et se borne à mentionner que le commis occupe un emploi « qui luy valloit, dit-on, quelque chose ».
13Les « cartes de la marine et des fortifications » forment également un département. C’est le cartographe Charles Pène (également orthographié Pesne) flanqué d’un seul collaborateur qui s’en occupe. « On le pretend capable de la matiere » relate le mémoire, et il « passe pour sage et apliqué a son mestier ». Clairambault avoue par ailleurs qu’il ne connaît « rien du labeur de cet homme ». Néanmoins il précise que :
« Il avoit esté envoyé sur les costes du royaume pour tirer les plans et descriptions necessaires, mais ce travail n’a pas esté achevé. C’est luy qui composoit des cartes et instructions pour envoyer aux intendans employez au service et qui en faisoit les extraits ou reductions pour l’instruction de Mr de Seig[nelay]22. »
14Ses appointements s’élevaient à 3000 livres par an, auxquelles s’ajoutaient une dotation supplémentaire de 1500 livres destinées à rémunérer son aide et une gratification annuelle de 1200 livres.
15Le bureau du « commerce » constitue, nous l’avons vu, une entité à part que Clairambault distingue des six autres services qui sont tous rangés dans la rubrique « Marine ». Il est dirigé par un directeur du commerce : Jean-Baptiste de Lagny, ancien premier commis du contrôleur général des Finances. « Il a liberté de corespondance avec les negocians du dedans et du dehors, avec les consuls et les intendans. » Bien que les intendants soient tenus d’écrire au ministre, ce dernier laisse le soin à Lagny de rédiger les réponses et de les lui présenter à la signature. Lorsque les bureaux du Ponant ou du Levant ont à traiter des affaires de commerce, ils se concertent avec Lagny avant de prendre des décisions. Ce dernier compose également les instructions à l’intention des gouverneurs et intendants des Antilles et du Canada. Tout passeport demandé par un négociant français désireux de se rendre dans les colonies pour y commercer est établi par Lagny. C’est à lui que sont adressés les rapports des intendants qui dénombrent les commerçants installés dans les colonies. Il passe pour compétent. « On tient qu’il possede suffisamment les interests du commerce de ce royaume dans le commerce estranger pour satisfaire a sa fonction par luy-mesme », note Clairambault. Par an, Lagny perçoit 6000 livres de gratification et 2000 livres en tant que conseiller de la Marine.
16Le dernier service du ministère ne porte pas de nom spécifique. Clairambault l’associe simplement au nom de son directeur, à savoir François d’Usson de Bonrepaus. Son bureau n’est pas considéré comme un département parce que Bonrepaus
« ne travailloit pas en subalterne, mais en second dans les derniers temps, puisque Mr de Seig[nelay] l’avoit introduit aupres du roy pour rendre compte comme luy ou pour luy, et dans l’armée navalle pour rep[résen]ter sa personne, parce que par luy il faisoit marcher le service en son absence, ou a la cour ou sur les ports, par la confiance part[iculi]ere qu’il avoit en luy, et qui ne touchoit point aux departemens et employez des bureaux23 ».
17Usson de Bonrepaus ne peut donc être considéré comme un premier commis à la tête d’un bureau. Il remplit, sans avoir « de caractere ny de titre », le rôle d’un vice-ministre. « Cet homme a la conn[aissan]ce entiere de l’estat de l’armée navalle, des desseins de la campagne derniere, et des veues qui restoient a Mr de Seig[nelay]. » Outre suppléer le ministre, le travail de Bonrepaus est surtout celui d’un contrôleur et inspecteur des Finances. Il examine les comptes transmis par les trésoriers de la Marine et ceux des munitionnaires, ainsi que les états des dépenses envoyés par les intendants. Son rôle est de déceler les malversations et « la dissipation des fonds ordonnez pour la marine », de vérifier « les prix suposez des munitions et les munitions suposées » et d’éviter « la tromperie ou la negligence sur l’effectif des armemens ». Ce travail de contrôle avait d’abord été dans les attributions du premier commis du bureau du Ponant, Latouche, mais « le besoin que l’on a eu icy de sa p[rése]nce, ont fait passer ces fonctions dans les derniers temps a M. Bonrepaux24 ». Il inspecte aussi l’« armée navale » et signifie leur nomination aux officiers et commissaires de Marine (tableau 1).
18Le mémoire de novembre 1690 cherche d’abord à instruire Pontchartrain père sur le fonctionnement du ministère dont il vient de prendre la tête. Il indique également comment le nouveau titulaire pourrait réorganiser ses bureaux. Clairambault suggère de remplacer certains titulaires nonobstant leurs mérites. Ainsi propose-t-il de substituer, à la tête du bureau des cartes et plans, un certain Sauveur à Pène. Le bureau des achats lui semble de toute évidence superflu et à supprimer. Lagny est soupçonné d’avoir commis des abus dans l’attribution des passeports aux négociants désireux de se rendre dans les colonies. Si son départ n’est pas explicitement demandé, sa gestion des affaires est suffisamment mise en cause pour justifier son remplacement. Le licenciement de Bonrepaus semble également être une évidence pour Clairambault. Avant d’y procéder, il convient néanmoins, « de tirer de cet homme [i. e. Usson] le precis » de tout ce qu’il sait des matières navales. En revanche, Clairambault juge le rôle de vice-ministre officieux occupé par Bonrepaus comme une fonction « bien établie et […] nece[ssai]re au ministre ». Par conséquent elle mérite d’être maintenue. Le successeur doit être « une personne digne de la place et de sa [i. e. Pontchartrain père] confiance pour le soulager sur les fonctions essentielles ». Pontchartrain avait proposé lui-même un « Mr le Pr » auquel on aurait pu attribuer le titre d’intendant général ou de contrôleur général de la Marine25.
19Le but d’un tel remaniement des bureaux était sans doute moins d’améliorer l’efficacité et la probité de l’institution que d’en évincer les obligés du clan Colbert au profit de clients de la famille Phélypeaux. Au bout du compte, Latouche, Salaberry et Bégon sont bien restés en place. Les autres titulaires semblent avoir été remplacés ou ont vu, à terme, la suppression de leurs services. Hormis pour le secrétariat (voir plus bas), nous ignorons les circonstances et la date de ces changements, mais ils sont intervenus suffisamment tôt pour que leur travail ne laisse plus de trace dans la seconde source qui nous permet de retracer l’évolution l’évolution des bureaux de la Marine : le mémoire de Laffilard.
Tableau 1. – Subdivisions administratives du secrétariat d’État de la Marine (1690).

Le mémoire de Laffilard (1749)
20Ce mémoire a été rédigé en juin 1749, soit près d’un siècle après la création du ministère. L’auteur en est le premier commis des Archives de la Marine, François Maurice Laffilard26. Pour l’écrire, il affirme s’être servi des états d’appointements de la Marine. Certes au moment de la rédaction du mémoire, le règne de Louis XIV est déjà loin, mais Laffilard le compose en fin de carrière et puise sans doute dans ses souvenirs : il était entré, dès 1706, comme jeune commis au bureau de Ponant, où il avait la charge du détail des consulats d’Espagne, du Portugal, d’Italie et des correspondances du Nord27.
21D’après Laffilard, l’ordre de l’établissement des bureaux se présenterait de la manière suivante : bureau du Levant (1676), bureau des fonds (1678), secrétariat (1684), bureau des ports du Ponant (1687), bureau de l’examen des comptes (1687), dépôt des archives (1699), bureau des consulats d’Espagne, du Portugal et d’Italie avec correspondance des cours du Nord (1709), bureau des colonies (1710).
22Laffilard ne fait donc remonter que deux des bureaux au temps du Grand Colbert (1669-1683), à savoir ceux qui sont en charge du Levant et des Fonds. Sous Seignelay (1683-1690) il s’en ajoute trois, le Ponant, l’examen des comptes ainsi que le secrétariat, mais aucun sous Pontchartrain (1690- 1699). C’est sous l’administration du fils de ce dernier, Jérôme Phélypeaux (1699-1715), que l’organisation du ministère est enrichie d’un dépôt d’archives, d’un bureau des consulats d’Espagne, du Portugal et d’Italie avec correspondance des cours du Nord, d’un bureau des colonies et d’un bureau des classes.
23Or Laffilard ne fait pas état du bureau des « achapts par oeconomie » ni de celui des cartes et plans. Leur existence semble donc avoir été suffisamment éphémère pour échapper à la vigilance du premier commis des archives. Ainsi la collection des cartes et plans semble avoir été intégrée après la mort de Pène, en 1701, dans le nouveau dépôt d’archives dirigé par Pierre Clairambault, dit Clairambault le jeune28. Ce n’est que par décision du conseil de la Marine du 19 novembre 1720 que les « cartes, plans et journaux de la Marine » sont à nouveau organisés en service propre. Ce dépôt est alors dirigé par Charles-Hercule d’Albert de Luynes29.
24En revanche, Laffilard mentionne, à la fin de l’énumération des différents bureaux, des « intendans » au service des ministres30 : Ragot de la Coudrais (1691-1708), « secrétaire et intendant » auprès des deux Pontchartrain, et Jacques-Christophe Bégaud (à partir de 1708) comme « intendant » de Pontchartrain et de ses successeurs jusqu’à Maurepas (mais couché sur le petit état d’appointements en tant que « chargé des achats particuliers et de diverses fournitures pour les ports31 »). Nul doute qu’il s’agit là du même service naguère mis en place après l’éviction de Bonrepaus. Or le nom de ce dernier n’est pas mentionné par Laffilard. Ce n’est d’ailleurs pas le seul oubli dans son mémoire.
25Pour le bureau des fonds, Laffilard indique que Nicolas Clairambault en aurait été le premier commis à partir de 1678. Le 1er janvier 1687, Clairambault aurait laissé sa place à son second, M. de Valossière, pour prendre la direction d’un nouveau bureau, celui de l’examen des comptes32. Or dans le mémoire de 1690, ne figurent ni le nom de Nicolas Clairambault, ni celui d’un tel bureau. Les circonstances de rédaction du mémoire de 1690 laissent à penser que cette description est complète. De surcroît, il est fort probable que Nicolas Clairambault lui-même en soit l’auteur. Qu’il ait oublié d’y faire figurer son propre service ne paraît guère imaginable. Par conséquent, le bureau de l’examen des comptes a dû être créé après novembre 1690. Ce service recouvrait une partie des attributions anciennement dévolues au secrétariat de Bonrepaus. Il est possible que le bureau de l’examen des comptes fût créé lorsque Ragot de la Coudray prit ses fonctions comme intendant du ministre, c’est-à-dire au 1er janvier 169133.
26En dépit de ces imprécisions, nous pouvons raisonnablement considérer que le mémoire de Lafillard est moins imprécis pour la période postérieure à ses propres débuts dans les bureaux, donc 1706, que pour les temps plus reculés.
Tableau 2. – Dates de création des bureaux du secrétariat d’État de la Marine
1676 : | Bureau du Levant |
27Si on décide, en dépit de ses imprécisions, de suivre le mémoire de Laffilard, les subdivisions administratives du secrétariat d’État de la Marine se présentent, à la mort de Louis XIV, de la manière suivante :
Tableau 3. – Probables subdivisions administratives du secrétariat d’État de la Marine (1715).
Bureaux | Commis |
Levant | Casimir Lefèvre de Giry († 04-09-1718 à Paris), premier commis |
Fonds | Argoud († 14-04-1730 à Versailles), premier commis |
Ports du Ponant | Guy Le Petit de Richebourg du Tilloy († 07-10-1715 à Paris), premier commis |
Examen des comptes | Nicolas Clairambault († 11-12-1730 à Paris) |
Dépôt des archives | Pierre Clairambault, dit Clairambault jeune († 13-01-1740) |
Consulats d’Espagne, du Portugal et d’Italie et la correspondance des cours du Nord | Ambroise d’Auberton de Villebois, premier commis |
Commerce | Moïse Augustin de Fontanieu († 03-02-1725), également premier commis des colonies |
Colonies | Moïse Augustin de Fontanieu († 03-02-1725), directeur du commerce maritime et des colonies |
Classes (avec les détails de la garde-côte et des invalides) | Antoine-Denis Raudot, dit Raudot fils (*1679 – 28-07-1737 à Versailles), intendant général des classes |
Intendance du ministre | Jacques-Christophe Bégaud |
28Au cours du règne de Louis XIV, le nombre des bureaux est donc en augmentation constante. Malgré la diversification des branches administratives, les attributions des bureaux sont fluctuantes. On crée de nouveaux bureaux, on en supprime (comme ceux des achats par économie), on en fusionne d’autres, comme ceux des ports du Levant et des ports du Ponant, en 1738. On se passe également les « détails » d’un bureau à un autre. Ainsi le détail des invalides est attaché, en 1711, au bureau des classes nouvellement créé, puis transféré, en 1716, au bureau des fonds. Celui de la garde-côte est géré, à partir de 1711, par le bureau des classes, et passe en 1737 au bureau du Levant, lui-même fondu, le 1er juillet 1738, en un nouveau bureau du Ponant et du Levant.
Les commis
29À mesure que le ministère se construit et que ses tâches se diversifient, les effectifs de l’administration centrale augmentent. À la création du ministère, en 1669, Colbert ne dispose que de trois collaborateurs34. Ils sont dix à y travailler en 168335. En 1715, leur nombre est passé à 3536. En 1753, ils sont 7537, et 115 en 177538. En 1793 enfin, ils sont très exactement 215 à peupler les différents bureaux du ministère : 6 adjoints, 8 chefs de détails, 14 sous-chefs de détails, 17 commis principaux, 25 commis rédacteurs, 102 commis expéditionnaires, 7 ingénieurs hydrographes, 7 sous-ingénieurs et divers, 27 garçons de bureau et coursiers39.
30Les effectifs toujours plus importants se trouvent rapidement à l’étroit. Dans un premier temps, les quelques commis sont accueillis à l’Hôtel Colbert, au coin de la rue Vivienne et de la rue Neuve-des-Petits-Champs, non loin du Palais-Royal40. En 1699, les archives du ministère sont installées dans un pavillon situé dans le jardin du couvent des Augustins déchaussés, près de la Place des Victoires, non loin de l’Hôtel Colbert41. Ce bâtiment comprend alors caves, écuries, rez-de-chaussée, deux étages et un grenier42. Sous la Régence, le gouvernement est rapatrié à Paris. La Marine s’installe alors rue des Fossés-Montmartre (1716-1722), puis rue Coquillière (1722-1723). Lorsque le gouvernement regagne Versailles, après la mort de Philippe d’Orléans, tous les bureaux du ministère de la Marine ne font pas la transhumance. Le bureau de l’examen des comptes, le bureau du commerce, les archives ainsi que le secrétariat et l’intendance du secrétariat d’État demeurent à Paris. Les six autres bureaux (fonds, Ponant, Levant, colonies, classes et consulats) sont transférés à Versailles, où ils s’installent rue des Bons-Enfants, dans la maison de M. de La Roche et à l’Hôtel de Matignon43. Ce n’est qu’en 1763, que le ministère occupe l’Hôtel des Affaires étrangères et de la Marine, bâtiment qui accueille aujourd’hui la bibliothèque municipale de Versailles44.
31Si nous manquons d’archives sur l’évolution de l’organigramme des bureaux du ministère, la situation est encore plus fâcheuse pour ce qui concerne le travail des commis. Certes, il y a les dépêches et autres documents qui arrivent au ministère et ceux qui en émanent. Ils permettent de se faire une idée des dossiers suivis par les commis. Cependant ces archives n’ont, pour l’instant, guère été exploitées pour décrire les procédures de travail et le quotidien de la vie des bureaux45.
32Nous pouvons néanmoins supposer que le rythme de travail, tout au moins dans les premières décennies qui suivent la création du ministère, est soutenu. Le grand Colbert est doté d’une grande puissance de travail et tout aussi exigeant envers ses collaborateurs qu’il l’est envers lui-même. La légende veut qu’il fasse travailler ses commis jusqu’à l’épuisement :
« Il [i. e. Colbert] avoit des heures réglées pour son travail avec ses premiers Commis. Vous voulez, lui disoit un d’entr’eux à qui il demandoit quels étoient ses besoins & l’état de sa fortune, vous voulez que nous soyons dans le Bureau dès les cinq heures du matin ; vous nous occupez jusqu’à une heure & demie après midi ; nous partons pour aller dîner & vous voulez que nous rentrions à trois heures précises ; vous nous retenez jusqu’à onze heures, il n’est plus temps de souper, & l’accablement de la journée nous fait rechercher à dormir, plutôt qu’à manger. À cette manière de vivre, nous ne pouvons dépenser deux cens francs ; ainsi, quoique par les graces que avez eu la bonté de m’obtenir du Roi, je jouisse de six mille livres de rente, je n’en suis pas mieux46. »
33L’auteur de ces lignes ne cite pas ses sources. Néanmoins l’anecdote a été reprise par la quasi-totalité des biographes ultérieurs du Grand Colbert. Lorsqu’on se met à la recherche de l’origine de cette historiette, on n’arrive pourtant à la faire remonter qu’en 1740. Or l’auteur qui la relate ne s’en sert pas pour décrire le quotidien des commis de Colbert, mais de ceux de Louvois47. Quoi qu’il en soit, compte tenu du caractère de Colbert, on est en droit d’imaginer que le travail dans les bureaux de la Marine ne devait pas différer beaucoup de celui des bureaux de la Guerre.
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34La croissance de l’administration centrale sous le règne de Louis XIV est organique. Elle ne s’explique pas par des ajouts de compétences, mais bien par la volonté des responsables de mieux maîtriser les ressorts confiés à Colbert en 1669. L’organisation des bureaux n’est donc pas figée. Elle évolue. Dans leur spécialisation, les ministres successifs procèdent de manière empirique. Ils adaptent leur administration aux besoins. Créer un nouveau bureau ou passer un détail d’un bureau à un autre équivaut, tout au moins implicitement, à prendre acte d’un dysfonctionnement. L’évolution du ministère et de son organigramme ne suit vraisemblablement aucun plan, ni aucune feuille de route. D’une manière générale, les archives du règne de Louis XIV restent muettes sur les raisons précises qui présidaient aux décisions de créer de nouveaux bureaux au sein du ministère.
Notes de bas de page
1 Mes vifs remerciements vont à Anne Mézin qui a pris le soin de m’éclairer sur l’organisation des sources et m’a communiqué une version électronique de l’ouvrage de Didier Neuville. Ils vont tout autant à Marc Perrichet qui a pris le temps de relire le texte, d’y pointer les incohérences, imprécisions et invraisemblances. L’utilisation du mémoire de Laffilard pour éclaircir l’évolution de l’organisation des bureaux a suscité chez lui les plus grandes réserves. Si cette source a tout de même été exploitée, c’est que nous ne disposons de rien de mieux. Ce texte ne cherche pas à faire la prosopographie des commis, mais veut jeter les bases pour une meilleure compréhension de l’évolution institutionnelle de l’administration centrale de la Marine. D’autres sauront, par le recours à des sources plus diversifiées, corriger ses erreurs et imperfections.
2 « Sa Majesté […] a jugé à propos de mettre dans le département de la charge de secrétaire d’Estat dudit sieur Colbert le commerce avec la marine […]. Que ledit sieur Colbert aura dans son département la marine en toutes les provinces du royaume sans exception, mesme dans la Bretagne ; comme aussy les galères, les compagnies des Indes orientales et occidentales et les pays de leurs concessions ; le commerce, tant dedans que dehors le royaume, et tout ce qui en dépend ; les consulats de la nation françoise dans les pays estrangers ; les manufactures et les haras en quelque province du royaume qu’ils soyent establis. »« Règlement concernant les détails dont M. Colbert est chargé, comme contrôleur général et secrétaire d’Estat ayant le département de la marine », Paris, 7 mars 1669, dans : Clément P., Lettres, instructions et mémoires de Colbert…, vol. III/1, Paris, Imprimerie nationale, 1864, p. 104-105.
3 Louis XIV au duc de Beaufort, amiral de France, Paris, 31 décembre 1665, dans : Clément P., Lettres, intructions…, vol. III/1, op. cit., p. 28.
4 Lutun B., La Marine de Colbert. Études d’organisation, Paris, Économica, 2003, p. 39. Étienne Taillemite pense même que la décision de la lui confier date d’avant 1660 (« Colbert et la marine », Meyer J. [dir.], Un nouveau Colbert, Paris, Sedes, 1985, p. 218).
5 « Instruction pour mon fils, pour bien faire la première commission de ma charge », s. l., 1671, dans : Clément P., Lettres, instructions…, vol. III/2, Paris, imprimerie nationale, 1865, p. 61.
6 Registre du secrétariat d’État, Bnf, ms suppl. fr 2771-2772, cité d’après Jal A., Abraham Duquesne et la marine de son temps, vol. 1, Paris, Henri Plon, 1873, p. 584, note 2.
7 « Disposition de ma charge de secrétaire d’Estat », s. l., 1671, dans : Clément, Lettres, instructions…, vol. III/2, Paris, imprimerie nationale, 1865, p. 63-64.
8 Histoire chronologique de la Grande Chancellerie de France, vol. II, Paris, Pierre Emery, 1706, p. 305.
9 « Le présent agenda de la marine a été fait par le sieur Belluchau, conseiller et secrétaire du Roi, auquel il a été alloué pour cela la somme de 600 livres par ordonnance donnée à Versailles, le 19 mai 1688. » (Catalogue Fonds Marine, Série G : Documents divers. Mar/G/1 à 272, 2011, p. 5, note 4). Il s’agit d’un manuscrit de 104 pages sur vélin, relié de maroquin rouge, conservé aux Archives nationales sous la cote Marine, G8.
10 Vergé-Franceschi M., La Marine française au xviiie siècle. Guerres – Administration – Exploration, Paris, Sedes, 1996, p. 205-207.
11 Voir l’organigramme dans : Zanco J.-Ph., Dictionnaire des ministres de la Marine (1689-1958), Paris, SPM (Kronos), 2011, p. 36. Dans le texte Zanco ne cite en revanche que trois bureaux, et ne mentionne pas celui qui est en charge du commerce (ibidem, p. 37).
12 Claeys Th., Institutions financières en France au xviiie siècle, vol. 1, Paris, SPM-Lettrage, 2012, p. 399.
13 Michel Antoine dresse le même constat pour le contrôle général des finances sous Louis XIV : Antoine M., Le Cœur de l’État : Surintendance, contrôle général et intendances des finances (1552- 1791), Paris, Fayard, 2003, p. 9.
14 Ibid.
15 « Memoire sur le nouveau Departem[en]t de Monseigneur », AN, Marine, B8 18, pièce 6, non folioté. Ce mémoire a déjà été partiellement exploité par Dagnaud G., « L’administration de la marine sous l’Ancien Régime », Revue maritime et coloniale, vol. 194, 1912, p. 337-340. Il existe un tiré à part de cet article : Paris/Nancy, Chapelot, 1913 (voir ici : p. 17-20).
16 Une note d’un archiviste apposée au crayon papier dit : « Probablement de Clairambault. » L’attribution à Pierre Clairambault, telle qu’opérée par Thomas J. Schaeper (The French Council of Commerce, 1700-1715. A Study of Mercantilism, Columbus [Ohio], Ohio State University Press, 1983, p. 18, note 58) semble erroné. Si jamais Pierre Clairambault, dit « Clairambault le jeune », avait déjà rejoint son frère dans les bureaux de la Marine au moment de la rédaction du mémoire, il n’y occupait qu’une position subalterne qui ne lui aurait pas permis de rédiger ce document avisé (sur la carrière de Pierre Clairambault voir : Perrichet M., « Plume ou épée : problèmes de carrière dans quelques familles d’officiers d’administration de la Marine au xviiie siècle », Actes du quatre-vingt-onzième congrès national des Sociétés savantes. Rennes 1966. Section d’histoire moderne et contemporaine, t. II : Ancien Régime et Révolution, Paris, Bibliothèque nationale, 1969, p. 145-181, ici : p. 149-150). Il ne peut donc que s’agir de son grand frère : Nicolas Clairambault. Sa pérennité demande néanmoins encore à être formellement établie.
17 Taillemite É., « Les Archives et les archivistes de la Marine, des origines à 1870 », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 127, 1969, p. 27-86, ici : p. 27-28.
18 Ibidem. Sur la carrière de Latouche voir Dagnaud G., « L’administration… », op. cit., p. 337, note 4 (il se sert des « Tables de Laffilard », AN, Marine, C2 55). Joseph de Latouche apparaît fréquemment comme « de La Touche ». Je sais gré à Marc Perrichet de m’avoir permis de rétablir la bonne orthographe.
19 AN, Marine, B8, 18, pièce 6, non folioté. Sur Salaberry voir Aubert de La Chesnaye des Bois F.-A. et Badier J., Dictionnaire de la noblesse contenant les généalogies, l’histoire et la chronologie des familles nobles de France…, t. X, 3e éd., Paris, Schlesinger frères, 1866, col. 953-954. Les renseignements fournis par Aubert de La Chesnaye et Badier sont néanmoins à prendre avec beaucoup de précautions. Didier Neuville l’identifie comme suit : « M. Salaberry, frère de M. de Benneville, lieutenant général des armées navales, était le protégé de M. de Pontchartrain. Il fut chargé du Levant le 1er janvier 1688. M. Lefèvre de Guiry le remplaça le 1er juillet 1709. M. Salaberry mourut à Paris le 23 juillet 1734 » (Neuville D., État sommaire des Archives de la Marine antérieures à la Révolution, Paris, L. Baudoin, 1898, p. xxix, note 1). « Le rattachement de Charles de Salaberry à une famille d’Irumberry est un fantasme tardif aux quel certains […] n’acceptent pas de renoncer. » Je remercie Marc Perrichet qui a eu l’obligeance de me communiquer ces précisions par voie épistolaire.
20 AN, Marine, B8 18, pièce 6, non folioté. Sur la carrière de Bégon et ses liens de famille et de clientèle avec les Colbert voir notamment : Bézard Y., Fonctionnaires maritimes et coloniaux sous Louis XIV : Les Bégon, Paris, Albin Michel, 1932 ; Chapman S. E., Private Ambition and Political Alliances. The Phélypeaux de Pontchartrain Family and Louis XIV’s Government, 1650-1715, Rochester, The University of Rochester Press, 2004, p. 123-125.
21 AN, Marine, B8 18, pièce 6, non folioté.
22 Ibidem.
23 Ibid. Sur Usson voir : Henrat Ph., François d’Usson de Bonrepaus, thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, 3 vol. dactyl., Paris, 1965. Le résumé de ce travail dans École nationale des chartes. Positions des thèses, 1965, p. 37-42.
24 AN, Marine, B8 18, pièce 6, non folioté. Cette dernière citation se trouve à la fin des « Observations » sur l’emploi de M. de Latouche.
25 « Sur quoy ayant pensé a l’ouverture que Monseigneur eut la bonté de me faire de la personne de Mr le P[?]r, il m’a paru qu’on pouroit luy donner le titre d’intendant g[é]n[ér]al ou de con[trol]eur g[é]n[ér]al de la marine par une comm[issi]on du roy relative a la dignité d’intend[an]t des finances. » AN, Marine, B8 18, pièce 6, non folioté.
26 « Bureaux de la Marine. Mémoire. L’ancienneté et le tems des etablissements des bureaux de la marine existant actuellement tant à Versailles qu’à Paris, des reunions et desunions de details qui y ont été faites en differents tems ; les noms des pers commis et commis en 2es qui en ont été chargés, tiré des etats d’appointements des principaux officiers de la Marine, apellé les petits etats », AN, Marine, B8 18. Didier Neuville nous dit sur Laffilard : « François-Maurice Laffilard, né à Paris le 5 février 1687, était le fils de Michel Laffilard, musicien de la chapelle du Roi, et d’Anne Tiphaine. Après avoir servi pendant quinze ans comme commis et commis principal dans les bureaux de la Cour, il fut nommé commissaire ordinaire de la Marine le 19 novembre 1722. Il passa ensuite à Rochefort, où il remplit les fonctions de contrôleur. il succéda à Clairambault en qualité de premier commis au bureau des Archives, le 18 janvier 1740, et conserva cet emploi jusqu’à sa mort (9 juillet 1754) » (Neuville D., État sommaire, op. cit., p. 4-5, note 1).
27 Ibidem, p. 24.
28 Neuville D., État sommaire, op. cit., p. 306, note 3.
29 Taillemite É., « Les Archives… », op. cit., p. 34.
30 « Bureaux de la Marine… », AN, Marine, B8 18, p. 32-33. Alexandre Dupilet, dans son étude sur la polysynodie, affirme également que les huit bureaux étaient complétés par un neuvième service signalé dans les états d’appointements et appelé « le secrétariat ». Ce dernier aurait été « chargé de dépouiller la correspondance adressée au Conseil et de la répartir ensuite entre les différents bureaux ». Dupilet ignore qui dirigeait ce service, mais nous dit qu’il « employait un nombre important de commis » (Dupilet A., La Régence absolue : Philippe d’Orléans et la polysynodie, 1715-1718, Seyssel, Champ Vallon, 2011, p. 227).
31 Ibidem.
32 « Bureaux de la Marine… », AN, Marine, B8 18, p. 1, 27-28.
33 Ragot reprit d’ailleurs, au moins partiellement, les attributions de l’ancien bureau des achats par économie : « M. Ragot de la Coudray étoit secrétaire et intend[an]t de M. Phélippeaux de Pontchartrain, depuis chancelier, lorsqu’il remplaça feu M. de Seignelay au secrétariat de Marine le 1er novembre 1690. Il donna au s[ieur] de la Coudray le titre de son commis le 1er janv[i]er 1691 avec 4000 l.t. d’app[ointemen]ts et luy fit expédier le même jour une commission de com[missai]re de la marine avec 2400 l.t. aussy d’app[ointemen]ts comme chargé à Paris a l’achapt de divers[es] fournitures pour les différents ports… », « Bureaux de la Marine… », AN, Marine, B8 18, p. 32-33. Un autre exemple pour les erreurs dans le mémoire de Laffilard dans : Neuville D., État sommaire, op. cit., p. 250, note 2.
34 Perrichet M., « Plume ou épée… », op. cit., p. 149. Perrichet reprend le chiffre donné par Duchêne A., La politique coloniale de la France. Le ministère des Colonies depuis Richelieu, Paris, Payot, 1928, p. 27.
35 Pritchard J., Louis XV’s Navy (1748-1762). A Study of Organization and Administration, Kingston-Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1987, p. 19.
36 Dupilet A., La Régence absolue, op. cit., p. 226.
37 Pritchard, Louis XV’s Navy, op. cit., p. 21.
38 Ibidem.
39 « État de la répartition des détails de l’Administration centrale de la marine et du nombre des employés à affecter à chaque bureau, avec leurs appointements et la dépense pour 1792 », cité d’après : Dagnaud G., « L’administration », op. cit., p. 646-649.
40 Berbouche A., Marine et Justice. La justice criminelle de la Marine française sous l’Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 32-33.
41 « Le 30 septembre 1699, il fut passé bail avec le supérieur des Augustins déchaussés de Paris, près la place des Victoires, pour le loyer d’un pavillon situé dans leur jardin, moyennant la somme de 200 l.t., et successivement 300 et 500 l.t., par bail du 14 février 1717, lequel subsiste encore sur ce pied par renouvellement… » (« Bureaux de la Marine… », AN, Marine, B8 18, p. 29).
42 D’après le bail du 14 fevrier 1717, AN, Marine, B8 1, f° 144-147, cité d’après : Taillemite É., « Les Archives… », op. cit., p. 29.
43 Azimi V., « Les premiers commis de la marine au xviiie siècle », Revue historique de droit français et étranger, vol. 81, 2003, p. 503-525, ici p. 509.
44 Joly a., « Le ministère de la Marine à Versailles au xviie siècle [sic pour xviiie siècle] », Neptunia, vol. 9, n° 1, 1948, p. 18-21. Pour l’histoire du bâtiment qui accueille, à partir de 1763, le ministère de la Marine à Versailles, voir : Baudez B., Maisonnier É., Pénicaut e., Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères à Versailles. Deux ministères et une bibliothèque municipale du XVIIIe au XXIe siècle, Paris, Éd. Nicolas Chaudun, 2010.
45 Pour un aperçu des procédures au sein des bureaux en charge des consulats, voir mon article plus loin dans ce même volume.
46 Coster J.-F., Éloge de Jean-Baptiste Colbert, discours qui a obtenu le premier Accessit, au jugement de l’Académie Françoise, en 1773…, Paris, J. B. Brunet & Demonville, 1773, p. 42.
47 « Il [i. e. Louvois] s’informoit quelquefois d’eux [i. e. ses commis], qu’elle étoit leur fortune afin de pouvoir suppléer à ce qui leur manquoit. Un jour aiant demandé à l’un d’eux quel revenû il avoit, celui-ci répondit, que par les graces qu’il avoit eu la bonté de lui obtenir du Roi, il joüissoit de six mille livres de rentes dont il lui fit le détail, mais, ajouta-t-il, je n’en suis pas mieux. Le Marquis de Louvois lui aiant demandé pourquoi ? C’est, répliqua le commis, que vous ne me donnez pas le temps de dépenser deux cens livres. Vous voulez que nous soions dans le bureau dès les cinq heures du matin, vous nous occupez jusqu’à une heure & demi après midi. Nous partons pour aller diner & vous voulez que nous rentrions à trois heures précises ; vous nous retenez jusqu’à onze heures, il n’est plus temps de souper, & l’accablement de la journée nous fait chercher à dormir plutôt qu’à manger. À cette manière de vivre nous ne pouvons dépenser deux cens francs. Le Maître ne pût s’empêcher de rire de ce détail. Vous vous reposerez, dit-il, quand vous serez vieux. » Baulé J.-L., Mémoires ou Essai pour servir à l’histoire de F. M. Le Tellier Marquis de Louvois. Ministre & Secretaire d’Etat de la Guerre sous le règne de Louis XIV, Amsterdam, Michel Charles Le Cene, 1740, p. 159-160.
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