Annexe. Présentation des personnes sans domicile ayant participé à l’enquête
p. 257-270
Texte intégral
1Cette présentation vise à apporter au lecteur davantage de précisions sur la trajectoire biographique des personnes sans domicile rencontrées au cours de la recherche. Les informations ont été recueillies au fur et à mesure du travail de terrain, dans des cadres formels ou informels. Petit à petit, grâce aux rencontres répétées, dans différents lieux et contextes, nous avons appris à nous connaître et j’ai pu rassembler ces données sur leurs parcours. Cependant, les renseignements récoltés restent parcellaires et révèlent des biographies morcelées, difficiles à reconstruire. Les durées de vie sans hébergement personnel sont approximatives, les informations fournies par les personnes elles-mêmes étant majoritairement floues et souvent marquées de contradictions. Les prénoms sont fictifs, afin de garantir l’anonymat des participants à l’enquête. Les nationalités sont précisées ainsi que la région d’origine des personnes françaises lorsqu’elle est connue. Je ne dispose que de peu d’éléments sur la suite des parcours des personnes rencontrées. Nombre d’entre-elles disparaissent du circuit d’assistance, parfois définitivement, parfois pour réapparaître quelques mois plus tard.
Abderrahmane
256 ans, Algérien, vit en France entre les hébergements d’urgence et l’accueil par des amis depuis plusieurs années. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé où il est pris en charge pour soigner sa spondylarthrite ankylosante et son diabète de type 2. Il a quelques fois évoqué un emploi administratif qu’il occupait lorsqu’il vivait en Algérie, tout en restant évasif à ce sujet. Très engagé dans la vie communautaire de la Mosquée, il y trouve soutien et ressources, mais n’est plus en capacité de travailler, ce qu’il voit comme un obstacle indépassable pour accéder à un logement stable.
Adrian
354 ans, Polonais, vit dans les rues de Strasbourg depuis au moins une décennie. Bien connu des maraudes qu’il sollicite fréquemment, il a refusé pendant des années toute forme d’hébergement avant d’accepter une place dans un centre de stabilisation. Adrian raconte parfois des souvenirs de sa vie de famille en Pologne, mais ne donne aucune information sur son passé ni sur la manière dont il est arrivé à Strasbourg.
Ahmed
437 ans, Algérien, il n’a plus d’hébergement personnel depuis deux ans. Je l’ai rencontré au centre de soin où il est suivi par le psychiatre. Nous avons eu l’occasion de discuter à de nombreuses reprises au sein de l’accueil de jour où il se rend fréquemment. Il cherche un emploi sans succès et dort dans une voiture. Il survit grâce au réseau d’assistance.
Alain
5Cinquantenaire, Français, vit dans la rue depuis plusieurs années. Il demande souvent à être rencontré par les équipes de maraude mais ne souhaite pas être hébergé. Il souffre d’une hernie abdominale, de douleurs dorsales et de dépendance à l’alcool. Je ne dispose d’aucune information sur son passé.
Aliya
626 ans, a quitté la Guinée pour fuir son mari violent et se faire soigner. Elle souffre d’une tuberculose pulmonaire multi-résistante, du VIH et n’avait pas accès aux traitements en Guinée. Six mois après son arrivée en France, période pendant laquelle elle oscillait entre l’hébergement d’urgence et l’accueil par des tiers, elle a résidé au centre d’hébergement médicalisé pour la durée de ses soins médicaux. Une fois son traitement terminé, Aliya veut trouver un emploi pour vivre de manière autonome et faire venir ses enfants restés en Guinée. Elle travaillait comme ingénieur du son dans une radio locale.
Andreï
764 ans, Roumain, vit sous tente aux abords des institutions européennes depuis trois ans. Il souffre d’une pathologie cardiaque (valve calcifiée). Il a travaillé pendant presque 27 ans pour des entreprises d’État roumaines avant que son contrat ne soit brutalement interrompu pour des raisons inexpliquées, d’après lui liées à la corruption. Après son renvoi, Andreï vivait de l’exploitation de ses terres. Il a été dépossédé de son terrain et de sa maison en Roumanie et cherche à faire valoir ses droits auprès de la CEDH.
Arnaud
852 ans, Français, Alsacien, a passé plus d’une vingtaine d’années dans la rue. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé où il a vécu le temps d’effectuer un traitement antibiotique pour éliminer une bactérie dans son sang. Ensuite, une opération pourra être réalisée pour retirer la sonde urinaire qui lui a été posée suite à d’importantes infections. Il a une fille aujourd’hui adulte et est divorcé. Il travaillait comme conducteur de grue. Le décès de sa mère semble avoir été un point tournant dans sa biographie, notamment car les querelles d’héritage l’ont séparé de ses frères et sœurs, avec qui il n’a aujourd’hui plus aucun contact.
Astrid
938 ans, Française, vit entre la rue et de brefs hébergements depuis plusieurs années, après avoir quitté une institution pour personnes handicapées mentales. Elle refuse tout accompagnement social sur le long terme et a des relations conflictuelles avec sa tutrice. Astrid éprouve de grandes difficultés à suivre régulièrement ses traitements. Elle souffre d’un diabète insulino-dépendant non-stabilisé. Je l’ai rencontrée au centre d’hébergement médicalisé où elle a été accueillie dans le but d’ajuster le traitement de son diabète, mais elle a préféré quitter la structure après seulement quelques jours.
Augustine
1032 ans, Congolaise, s’est retrouvée sans solution d’hébergement après avoir été mise dehors par son mari. Une radio réalisée dans le cadre de sa demande de titre de séjour a permis de diagnostiquer une tuberculose pulmonaire. Elle réside au centre d’hébergement médicalisé le temps de son traitement.
Baptiste
1147 ans, Français, vit dans la rue depuis 2006, année de son divorce et du décès de sa mère. Il travaille comme manutentionnaire de temps à autre mais ces contrats sont toujours temporaires. Suite à d’importantes engelures, son pied a dû être amputé. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé, il y a vécu le temps d’obtenir une prothèse, de s’y habituer et de se reposer. Il souffrait d’une grande asthénie à son arrivée. Il a une fille adolescente avec qui il est en contact régulier et garde de bons rapports avec son ex-femme.
Barthélémy
1247 ans, Français, originaire de Guadeloupe, est hébergé par différentes structures depuis 2013, après avoir été expulsé de son appartement pour cause d’impayés de loyer. Il souffre d’abcès répétés à la gencive et d’une sciatique. Il n’a plus retrouvé d’emploi depuis la fin de son dernier contrat en 2013. Il bénéficiait d’un contrat aidé et travaillait dans une école en tant qu’agent d’entretien.
Bernard
1356 ans, Français, voit son parcours entrecoupé entre périodes de vie à la rue et d’hébergement par sa famille ou son amie depuis au moins deux décennies. Il souffre d’artérite et est accueilli au centre d’hébergement médicalisé pour mettre en place un suivi médical adapté à sa pathologie. Il travaillait en tant qu’ambulancier.
Charles
14Environ 60 ans, Français, Alsacien, a passé la majeure partie de sa vie entre des périodes de rue et d’hébergement. Il souffre d’asthénie et de troubles psychiatriques. Il a été pris en charge au centre d’hébergement médicalisé afin de mettre en place un suivi médical. Charles ne donne que peu d’éléments sur son passé, il évoque toutefois ses relations conflictuelles avec sa famille, notamment avec sa mère. Depuis son séjour au centre d’hébergement médicalisé, il vit dans un studio au sein d’une résidence sociale.
Christophe
1534 ans, Français, Alsacien, vit entre les centres d’hébergement et la rue depuis sa sortie du foyer d’aide à l’enfance dans lequel il a grandi. Il est dépendant à l’alcool. Christophe est le frère de Jean-Marie.
Darek
1645 ans, Polonais, vit dans la rue en France depuis au moins plusieurs mois et reste très secret sur son parcours antérieur. Il fait allusion à des activités passées illégales (vol organisé, proxénétisme). Il souffre d’un cancer du pancréas et a été accueilli au centre d’hébergement médicalisé pendant sa chimiothérapie. Faute d’autre solution, il a dû retourner vivre dans la rue à la fin de son traitement et les derniers jours de son séjour au centre ont été marqués par d’importants conflits avec l’équipe qu’il accusait de l’envoyer mourir dehors.
Deyan
1737 ans, Bulgare, vit sans hébergement depuis trois ans, dont une année en France. Il évolue entre l’hébergement par des tiers et la rue. Lorsque je le rencontre au centre d’accueil de jour, il souffre d’une importante détresse psychologique suite au décès de sa chienne. À part quelques problèmes dentaires, il s’estime en bonne santé. Il a voyagé à vélo à travers l’Europe avec son ex-compagne. Quand ils se sont séparés, il s’est arrêté dans le Var. Il y a passé plusieurs mois avant de venir à Strasbourg en quête d’un emploi.
Didier
1830 ans, Français, a vécu dans la rue plusieurs mois, suite à une rupture. Il sollicitait fréquemment les maraudes avant de disparaître du jour au lendemain. Les rumeurs de la rue disaient qu’il était retourné vivre avec son amie.
Dmitry
1944 ans, Polonais, vit dans la rue depuis presque une décennie. Il souffre d’engelures récurrentes et de cirrhose du foie. Il a effectué plusieurs séjours au centre d’hébergement médicalisé. Il est réputé pour être très violent. Je n’ai personnellement jamais été témoin d’aucune agressivité de sa part. Dmitry est très discret et taciturne. Il parle d’un passé militaire mais refuse de donner des détails. Il semble souffrir de traumatismes dus à ce qu’il a été amené à faire en tant que soldat. Dmitry est mort dans la rue.
Elias
2043 ans, Marocain, navigue entre les hébergements d’urgence et la rue depuis près de quatre ans. Il vient de guérir d’un érysipèle à la jambe et exprime d’importantes douleurs dorsales causées par ses conditions de vie. En 2006, une opération a permis de cercler sa rotule fracturée, il n’a toujours pas fait retirer le cerclage au moment de l’entretien, neuf ans après. Elias est en instance de divorce et souffre de ne pas voir ses enfants, n’ayant pas de logement pour les accueillir. Il exerçait une activité professionnelle dans le commerce et il n’a pas travaillé depuis qu’il a perdu son hébergement.
Émile
21Cinquantenaire, Français, Alsacien, vit dans la rue depuis plusieurs années. Je l’ai souvent rencontré au fil des maraudes. Il souffre d’une hernie abdominale et de dépendance à l’alcool. Il reste très discret sur son passé et je n’ai jamais réussi à obtenir des informations précises sur son parcours.
Fabrice
2245 ans, est Français, Lorrain. En 2011, suite à une agression au cours de laquelle il perd un œil et subit un traumatisme crânien, il perd son emploi, son logement et vit depuis dans une extrême détresse psychologique, errant entre structures sociales et périodes d’hospitalisation. Il a été accueilli au centre d’hébergement médicalisé pour permettre la prise en charge médicale des suites de son traumatisme crânien et de son addiction à l’alcool. Il vit depuis sa sortie dans une résidence sociale.
Fouad
2354 ans, Algérien, vit dans la rue en France depuis plus de six mois. Il a fui l’Algérie pour raisons politiques et a obtenu le statut de réfugié en Italie, où il travaillait dans le bâtiment. Cependant, n’arrivant pas à y trouver un emploi stable, il n’y voyait aucune perspective d’avenir et a décidé de venir en France. Il cherche à faire valoir ses droits devant la CEDH. Fouad souffre d’une insuffisance cardiaque. Il survit grâce au réseau d’assistance.
Gérard
2459 ans, Français, Alsacien, retraité, a été expulsé de son logement dont il ne payait plus le loyer. Il a cherché de l’aide auprès du service d’oncologie où il était suivi pour son cancer. Ne pouvant pas l’accueillir, le service s’est tourné vers le centre d’hébergement médicalisé. Gérard y a résidé pendant sa chimiothérapie. Depuis la fin de son traitement, il dispose d’un logement dans une résidence sociale.
Hassine
2557 ans, Algérien, est venu en France lorsqu’il était un jeune adulte et a travaillé toute sa vie dans le bâtiment. Il a été hébergé quelques semaines par une structure d’urgence après avoir été expulsé de son logement insalubre. Il séjourne ensuite au centre d’hébergement médicalisé pour soigner une importante plaie sur le crâne. À sa sortie, il bénéficie d’une place en hébergement de stabilisation. Hassine n’a pas de famille en France, mais il était bien intégré dans les réseaux sociaux de son quartier qu’il refusait de quitter.
Henri
26Environ 45 ans, Français, se retrouve sans solution d’hébergement en sortant de l’hôpital psychiatrique. Je l’ai rencontré au cours d’une maraude où il exprimait son extrême détresse psychologique et n’ai jamais eu l’occasion de le revoir.
Hugo
2725 ans, Français, Alsacien, a quitté son dernier logement depuis au moins cinq ans. Après avoir parcouru le pays à vélo, il est de retour en Alsace et ne présente aucun problème de santé. Il vit du RSA et s’investit dans un lieu culturel alternatif.
Ingrid
2839 ans, Française, vit dans la rue depuis cinq ans. Elle souffre de dépendance à l’alcool et de douleurs dorsales causées par ses conditions de vie. Elle demande souvent à rencontrer les équipes de maraude mais refuse tout hébergement d’urgence. Ingrid souhaiterait un véritable appartement pour recevoir ses enfants placés. Elle n’a plus de relation avec sa famille. Je n’ai jamais réussi à obtenir des informations précises sur son parcours avant la rue. Elle dépeint de temps à autre ses relations conflictuelles avec sa famille et notamment avec sa mère qui l’a mise dehors quand elle était encore adolescente.
James
2956 ans, Anglais, vit dans les rues de Strasbourg depuis une dizaine d’années. Il a été victime d’un accident de la route en Allemagne, causant de nombreuses fractures et une amnésie temporaire. Il réside au centre d’hébergement médicalisé le temps de se rétablir et de mettre en place un suivi médical approprié. Depuis sa sortie, il est hébergé dans une structure de stabilisation. Il bénéficie de l’AAH et complète ses revenus par une pratique quasi-quotidienne de la manche.
Jana
3056 ans, Lithuanienne, vit dans l’errance depuis son adolescence et son parcours est marqué par les nombreuses violences qu’elle a subies (familiales, conjugales, prostitution). À plusieurs reprises au cours de l’enquête, elle est prise en charge au centre d’hébergement médicalisé pour traiter sa cirrhose du foie et son état asthénique chronique. Elle souffre d’une importante dépendance à l’alcool. Après son dernier séjour au centre d’hébergement médicalisé, elle a obtenu une place en hébergement de stabilisation, structure qui semble convenir à ses attentes. Elle cherche un emploi dans la couture mais ses démarches sont largement entravées par ses problèmes de santé.
Jean-Marie
3136 ans, Français, Alsacien, connaît un parcours institutionnel depuis l’enfance. Il vit dans la rue depuis cinq ans et sollicite régulièrement les équipes de maraude. Il souffre de douleurs dorsales et de dépendance à l’alcool. Il est le frère de Christophe.
Jérémy
3225 ans, Français, vit entre squats et rue depuis plusieurs années, après avoir été mis dehors par ses parents. Il souffre d’abcès répétés à la gencive et d’addiction à plusieurs produits. Il est très attaché à son chien. La ville de Strasbourg ne proposant aucune solution d’hébergement accueillant les animaux, il vit sous tente sur les rives de l’Ill.
Jérôme
3354 ans, vit entre la rue et les hébergements d’urgence depuis une séparation huit ans auparavant. Un accident de la route lui a causé un traumatisme crânien. Il souffre également d’une insuffisance cardiaque. Jérôme éprouve de grandes difficultés à suivre son traitement. Après avoir séjourné au centre d’hébergement médicalisé, le temps de mettre en place son suivi médical, il a trouvé un logement au sein d’une résidence sociale.
John
3456 ans, Anglais, voyage à travers l’Europe en quête d’emplois saisonniers. Il souffre de quelques problèmes dentaires. Je ne l’ai rencontré qu’une fois au centre d’accueil de jour.
Luc
3562 ans, Français, Alsacien, n’a pas de logement depuis juillet 1980. Suite à une artérite chronique, il a été amputé des deux jambes. Son parcours est forgé de ruptures et il lui est très compliqué de conserver le même hébergement sur une longue période. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé où il a effectué plusieurs séjours au cours de l’enquête. Il a ensuite vécu plusieurs mois dans une résidence sociale avant de décider de la quitter. Il est décédé quelques jours après chez un ami qui l’avait accueilli pour la nuit.
Madie
3663 ans, Française, Lorraine, a été accueillie au centre d’hébergement médicalisé pour y suivre le traitement de son cancer du poumon. Elle annonce revenir de Loire-Atlantique où elle s’est séparée de son mari mais reste très évasive sur son parcours. Madie fait allusion à plusieurs hospitalisations en service de psychiatrie, sans indiquer aucune raison à ces hospitalisations. Elle travaillait comme agent de service hospitalier.
Manuel
3746 ans, Français, Martiniquais, n’a pas d’hébergement personnel depuis treize ans. Je l’ai rencontré au centre d’accueil de jour où il vient de temps en temps chercher l’aide d’un travailleur social pour trouver une solution d’hébergement. Il souffre d’un pneumothorax. Manuel est régulièrement hospitalisé en psychiatrie, il dit en avoir besoin pour se reposer. Il a également effectué un séjour au centre d’hébergement médicalisé.
Marc
3862 ans, Français, Alsacien, a passé dix-sept ans dans la rue. Il est pris en charge au centre d’hébergement médicalisé pour soigner une multiple fracture à la main. Il vivait auparavant dans une résidence sociale dans les Vosges. Il présente une insuffisance cardiaque et est fortement dépendant à l’alcool. Marc a perdu un œil lors d’une agression. Ses parents sont morts quand il avait 9 ans et il dit ne s’être jamais remis de cette perte.
Marcel
3955 ans, Français, Alsacien, vit dans la rue depuis une trentaine d’années. Je l’ai rencontré fréquemment en maraudes et il a effectué un très bref séjour au sein du centre d’hébergement médicalisé. Il souffre de cirrhose du foie, d’hernie abdominale et d’une importante dépendance à l’alcool. Il a deux enfants avec qui il dit garder contact. Marcel bénéficie de l’aide des résidents du quartier qui lui apportent régulièrement une aide matérielle (couvertures, vêtements…) et de quoi manger. Après avoir refusé tout hébergement d’urgence pendant des années, il a accepté une place en centre de stabilisation.
Marinette
4054 ans, Congolaise, est venue en France pour rendre visite à sa famille. Elle a découvert son insuffisance rénale suite à un malaise. Elle souffre également d’un fort diabète et se trouve dans l’incapacité de retourner dans son pays. Elle est accueillie au centre d’hébergement médicalisé le temps de stabiliser son traitement et d’effectuer les procédures administratives de demande de titre de séjour pour raisons de santé. La demande d’asile de Marinette a été déboutée ce qui complique considérablement ses démarches pour obtenir un hébergement.
Maurice
4158 ans, Français, Alsacien, a perdu son appartement suite à des impayés de loyer. Il a été pris en charge au centre d’hébergement médicalisé après avoir passé trois ans à vivre dans sa voiture, tout en continuant à travailler dans le transport de marchandises. Avant d’être accueilli dans une structure d’hébergement d’urgence, il dû réaliser une radio des poumons, et les médecins ont découvert un cancer. Il a ensuite vécu dans un appartement de coordination thérapeutique. Maurice n’a pas survécu à une rechute de son cancer.
Mehdi
4262 ans, Tunisien, a été expulsé de son logement dont il a arrêté de payer le loyer après le décès de sa femme. Ils n’ont pas eu d’enfant et Mehdi n’a pas de famille en France. Il a été pris en charge au centre d’hébergement médicalisé. Il souffrait de vertiges, d’une grande angoisse et montrait les signes d’une démence débutante. Il est décédé à l’hôpital d’une décompensation cardiaque.
Mihai
4342 ans, Roumain, vit dans la rue depuis qu’il est arrivé en France six mois auparavant. Il sollicite souvent l’assistance des maraudes mais je n’ai pu récolter que peu d’éléments sur son passé et sa situation actuelle, notamment à cause de la barrière de la langue.
Mohamed
4442 ans, Algérien, a quitté son pays pour la France il y a cinq ans et jongle depuis entre les hébergements d’urgence et l’hébergement par des tiers. Je l’ai rencontré au centre de soin où il est suivi par le psychiatre. Il présente un état d’asthénie et une importante détresse psychologique. Il était brigadier de la police judiciaire en Algérie.
Nathan
4543 ans, Français, Alsacien, a passé une dizaine d’années dans la rue. Il réside désormais dans une résidence sociale et dit n’avoir aucun problème de santé. Bien que très extraverti, Nathan reste discret et évasif sur son passé. Je n’ai pas réussi à obtenir d’éléments sur son parcours avant la rue.
Nicolas
4645 ans, Français, Alsacien, a été expulsé de son appartement il y a quatre mois et évolue depuis entre hébergements d’urgence et nuits à la rue. Je l’ai rencontré au centre d’accueil de jour mais ne l’ai jamais revu après l’entretien. Il dit n’avoir aucun problème de santé particulier, si ce n’est l’épuisement chronique de la vie à la rue.
Ohran
4748 ans, Turc, connaît un parcours d’errance migratoire depuis plusieurs années, à la quête d’un emploi stable. Je l’ai rencontré au sein du centre d’hébergement médicalisé où il a été admis pour soigner sa cheville fracturée au cours d’un accident. Je ne l’ai jamais revu après son départ de la structure.
Pierre
4858 ans, Français, originaire de la région parisienne, a vécu la majeure partie de sa vie dans la rue. Il souffre d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive et présente un état de grande asthénie. Pierre se réfère souvent à son passé militaire. Il explique également qu’il reste dans la rue pour ne pas être retrouvé par les terroristes de l’ETA contre qui il a lutté. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé où il a été accueilli à plusieurs reprises. Pierre refusait tout autre proposition d’hébergement. Il est décédé dans un centre d’hébergement d’urgence après que le SAMU ait affirmé que son état ne nécessitait pas d’hospitalisation.
Renaud
49Environ 40 ans, Français, Alsacien, n’a plus d’hébergement personnel depuis cinq ans. Il souffre d’épilepsie et de dépendance à l’alcool, ce qui provoque de fréquents malaises. Il n’a que très rarement recours aux structures d’hébergement (uniquement par très grand froid), mais il sollicite fréquemment les maraudes.
René
5053 ans, Français, Alsacien, a vécu au moins une vingtaine d’années dans la rue. Je l’ai rencontré au centre d’hébergement médicalisé où il a été pris en charge à plusieurs reprises. Il travaillait comme ouvrier de production. Il s’est retrouvé sans hébergement suite à une rupture conjugale. René souffre d’une cirrhose du foie avancé, occasionnant des ponctions d’ascite récurrentes, et d’une importante asthénie. À la fin de son dernier séjour au centre d’hébergement médicalisé, il a obtenu un studio dans une résidence sociale, où il est décédé.
Simon
5144 ans, Français, Alsacien, a vécu dans la rue depuis plus de vingt ans. Il a été pris en charge au centre d’hébergement médicalisé suite à une blessure à l’épaule. Il souffre de dépendance à l’alcool. Simon travaillait comme cuisinier avant de perdre son logement après une rupture. Il a une fille adolescente, avec qui il a perdu contact, et un plus jeune fils qu’il voit de temps en temps, mais ses relations avec la mère sont conflictuelles.
Sylvain
5237 ans, Français, Alsacien, vit entre la rue et des périodes d’hébergement dans sa famille ou chez des amis depuis plusieurs années. Il souffre d’une cirrhose du foie à un stade avancé, de l’hépatite C et est dépendant à plusieurs produits (alcool, héroïne, tabac et médicaments). Il est accueilli au centre d’hébergement médicalisé pour mettre en place son traitement. Il bénéficie ensuite d’un appartement de coordination thérapeutique. Il a effectué quelques séjours en prison pour trafic de stupéfiants. Il est resté en contact avec sa mère, mais leurs relations sont plutôt conflictuelles. Sylvain a une fille adolescente qu’il ne voit plus.
Tigran
5352 ans, Arménien, est venu à Strasbourg pour demander l’examen de son dossier par la CEDH car il a été persécuté politiquement et l’asile lui a été refusé. Il a été pris en charge au centre d’hébergement médicalisé pendant le traitement de son cancer de la prostate. En Arménie, il était ingénieur, mais son diplôme n’est pas reconnu en France. Sa fille est médecin en Italie.
Vilém
5434 ans, Tchèque, vit entre la rue et des squats en France depuis une dizaine d’années. Il a été très affecté par le décès simultané de son père et de son fils de 10 ans dans un accident de voiture. Il présente une importante addiction à l’alcool ainsi qu’une cardiomégalie. Vilém a séjourné au centre d’hébergement médicalisé le temps de stabiliser son traitement cardiaque. Il a ensuite quitté l’Alsace pour s’installer dans une communauté Emmaüs dans le centre de la France. Vilém y a refait sa vie après avoir trouvé un emploi stable et rencontré une femme avec qui il s’est installé en appartement.
Vlad
5537 ans, Roumain, est venu en France pour y devenir professeur d’arts martiaux. Il rencontre d’importants obstacles à sa recherche d’emploi et vit sans hébergement depuis deux ans. Il a été accueilli au centre d’hébergement médicalisé le temps de soigner sa tuberculose pulmonaire. Une fois son traitement terminé, il a investi et aménagé un bunker abandonné comme lieu de vie.
Wael
5624 ans, Tunisien, a quitté son pays pour travailler en Italie, où il a passé quelques années avant de tenter sa chance en France. Il y découvre qu’il est atteint d’hépatite B. Wael est accueilli au centre d’hébergement médicalisé pour commencer son traitement. À sa sortie, il a rejoint une communauté Emmaüs dans la banlieue de Strasbourg.
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