Conclusion générale
p. 261-274
Texte intégral
1Si la santé au travail est un objet d’étude qui retient l’attention depuis les années 2000 (Bruno, 2008), l’intérêt pour les indépendants est très récent. Jusque ici, ce sujet retenait peu l’attention des chercheurs qui restaient focalisés sur le travail salarié. Mais la fragilisation de la société salariale et le brouillage des frontières entre salariat et indépendance incitent les chercheurs à s’intéresser à des formes de travail dites atypiques qui sont révélatrices de profonds changements sociaux. Ainsi, le travail indépendant est promu par les pouvoirs publics en vue de réduire le chômage, de créer de l’emploi et même comme un outil de développement personnel. En conséquence, la question de la santé des indépendants devient un enjeu de santé publique, elle représente un champ d’étude fécond qui est appelé à se développer dans les années à venir.
2Se pencher sur cette question requiert de réinterroger les catégories conceptuelles et les façons de penser les rapports entre travail et santé. Tout au long de ce travail, j’ai cherché à éviter l’écueil qui consiste à traiter indirectement du salariat en présentant le travail indépendant comme une forme de travail précaire ou dégradé. Au contraire, je l’ai interrogé pour lui-même, espérant ainsi enrichir la connaissance du travail en général et stimuler la réflexion des chercheurs qui s’y intéressent, le salariat ou l’indépendance n’étant que des formes contingentes de travail.
3L’hétérogénéité du groupe des travailleurs indépendants est telle que les questions de santé se présentent de manière très différente dans chacun des sous-groupes. L’artisanat apparaît comme un objet d’étude fructueux en raison de l’engagement physique qu’il requiert et dont on peut observer l’évolution au fil du temps en enquêtant sur les parcours professionnels. La question de la santé se pose de manière singulière dans ce groupe où le corps est le premier outil de travail de l’artisan.
L’artisanat comme champ
4Pour appréhender l’artisanat, il est indispensable de remettre en question la définition qu’en donnent ses représentants institutionnels. Le champ de l’artisanat est hiérarchisé selon un clivage entre producteurs et gestionnaires qui reproduit la hiérarchie symbolique séculaire qui existe entre travail manuel et intellectuel. Le contexte actuel voit la suprématie des normes entrepreneuriales dans un champ où l’aspect manuel du travail semblait pourtant aller de soi. Ainsi défini, l’artisanat regroupe des individus difficilement comparables du point de vue de leurs conditions de travail.
5La définition qui a été privilégiée ici considère l’artisanat comme un mode de production par opposition au mode de production industriel (Jaeger, 1982). La population enquêtée est définie plus justement par le concept de « petite production marchande », lequel correspond à l’activité de petits producteurs qui vendent leur propre production, possèdent leurs moyens de production et sont rémunérés sur base de la valeur créée par leur travail (idem). Cette définition permet de cibler une population homogène du point de vue des conditions de travail en excluant les dirigeants d’entreprises artisanales qui ne participent pas directement à la production. Par ailleurs, la définition juridique aurait laissé échapper un grand nombre de travailleurs manuels indépendants, souvent précaires, qui cherchent à échapper au statut d’artisan en occupant des statuts périphériques à moindre coût, quitte à renoncer à certains droits sociaux. Les artisans enquêtés constituent la fraction dominée du champ de l’artisanat, celle qui ne correspond pas au modèle entrepreneurial. Dans ce contexte, le statut d’autoentrepreneur rassemble, depuis 2009, une part croissante de ces artisans à la recherche d’un statut à moindre coût. Si l’autoentreprise s’est vue reprocher à juste titre d’institutionnaliser la précarité du travail (Abdelnour, 2012), on peut néanmoins lui reconnaître une qualité, celle de rendre visible une fraction dominée de l’artisanat et de lui octroyer un statut qui pourrait faire l’objet d’améliorations.
Le poids du statut
6En dépit de l’écart qui existe en début de carrière entre les hommes de métier et les artisans créateurs du point de vue du capital culturel, les uns et les autres présentent de nombreux points communs. Malgré des projets professionnels très différents, on observe le même investissement dans le travail après quelques années de pratique. Les deux catégories d’artisans présentent peu de différences quant à leur attitude envers les arrêts ou les accidents de travail. Si les discours et les représentations diffèrent, les pratiques sont assez proches et aboutissent souvent à un même acharnement au travail. On doit y voir un effet du statut d’emploi qui l’emporte de loin sur les variations liées aux différences qui existent entre les deux groupes de l’échantillon. Il semble que le poids du statut d’indépendant exerce une contrainte si forte qu’elle surpasse dans une certaine mesure l’effet de variables très déterminantes dans d’autres contextes, comme l’origine sociale ou le genre.
7Néanmoins, on trouve parmi les artisans deux manières de se représenter le corps. La première est largement majoritaire dans les deux groupes. La plupart des artisans perçoivent leur corps comme un outil qui s’use nécessairement lorsqu’on s’en sert, ce qui apparaît en somme normal dans les classes populaires (Boltanski, 1971). Ils entretiennent avec le travail un rapport agonistique. Mais à côté de cette représentation du corps-outil, il en existe une autre qui considère le corps en termes d’équilibre. Selon cette conception, un travail pénible perturbe un équilibre, mais celui-ci peut être retrouvé en recourant à divers moyens tels que les médecines douces ou certains sports jugés favorables. Cette conception du corps, que l’on peut qualifier d’homéostatique, est associée à un rapport au travail sans violence. L’artisan cherche à éviter les situations où le corps est malmené et à minimiser ses efforts. Cette représentation du corps est minoritaire, même chez les artisans créateurs. Le faible nombre de cas rencontrés ne permet pas de cerner les déterminants sociaux de la représentation homéostatique du corps. Toutefois, il semble que l’apparition de problèmes de santé dans la jeunesse, l’exercice d’une profession médicale, d’un sport de haut niveau ou une pratique précoce du travail manuel aient favorisé l’apparition d’une réflexivité accrue envers le corps. En quelque sorte, ces artisans conçoivent plus rapidement que les autres que le corps doit être maintenu en bon état pour travailler efficacement, et ils agissent en conséquence.
8Pour la grande majorité des artisans, les choses se déroulent différemment et ils passent successivement par trois stades, trois manières de se représenter leur corps et de l’engager dans le travail.
Les trois stades du parcours professionnel
9Considérer le corps dans une optique physicaliste, comme une batterie qui s’épuiserait au fil des ans, serait trop simplificateur et ne rendrait pas compte de la manière dont son usage varie au fil de l’âge et du parcours professionnel. En effet, l’intensité avec laquelle le corps est engagé dans le travail change au fil du temps.
10Pendant l’apprentissage du métier, le corps, jeune et plastique, subit une transformation. La morphologie est façonnée par le travail. L’individu acquiert la maîtrise de certains gestes, des connaissances techniques et des normes de comportement. L’appartenance au métier s’inscrit littéralement dans le corps. La contrepartie de cet apprentissage douloureux est la satisfaction d’appartenir à un métier.
11Dans un second temps, et en général de manière concomitante à l’accès au statut d’indépendant, l’engagement physique est l’atout majeur dont l’artisan dispose pour faire ses premiers pas et construire son entreprise. Cette période est marquée par une dépense immodérée du capital corporel. Des efforts physiques compensent le manque de moyens matériels. Le travail accessible est souvent de mauvaise qualité. Des travaux pénibles et/ou insalubres sont acceptés, voire recherchés, pour obtenir rapidement un revenu et établir sa réputation auprès des autres artisans. Endurer la douleur sans l’écouter est une qualité qui est requise pour être artisan et qui conduit à « se réaliser au mépris du corps » (Schepens, 2013). Le déni des atteintes que le travail fait subir au corps est partie intégrante de la définition d’un bon professionnel.
12Au cours du temps, on assiste à une amélioration progressive des conditions de travail du point de vue matériel et social. Les artisans accèdent ainsi à un travail qui est choisi plutôt que subi. Ils trouvent un équilibre dans une combinaison optimale de ressources qui allient les nécessités économiques et l’épanouissement personnel. Paradoxalement, c’est en renonçant dans un premier temps à la qualité de leurs conditions de travail que les artisans peuvent ensuite les améliorer. Mais dans ce parcours difficile, tous ne rencontrent pas le succès. Les abandons, les accidents de travail, les maladies et les faillites sont monnaie courante. D’autres renoncent à l’indépendance et se replient vers le salariat.
13Le troisième stade commence lorsque l’usure du corps ne peut plus être ignorée. Les artisans finissent par remettre en question leurs pratiques lorsque les atteintes à la santé sont telles que leur déni devient impossible, que la santé économique de l’entreprise est mise en péril par des arrêts de travail dus à des problèmes de santé. Ils essayent alors de tenir jusqu’à la retraite avec les forces qui leur restent dans une logique d’économie. Il s’agit alors de « s’écouter » sous peine de devoir cesser le travail. Ils consentent plus volontiers à s’équiper en moyens de prévention. Il faut tenir jusqu’à la retraite avec un corps abîmé, mais en disposant désormais de nouvelles ressources. La détérioration du capital corporel a permis sa conversion en capital social (confrères et clients), spécifique (expertise) et économique (moyens de production, capitalisation) (Bourdieu et al., 1973). La condition physique s’érode en même temps qu’elle est compensée par l’expérience, l’appartenance à des réseaux qui procurent du « bon travail » et l’amélioration de l’outil de production. De manière un peu caricaturale, on pourrait dire que la santé est mise au service de l’entreprise dans un premier temps, puis que la relation s’inverse et que l’entreprise préserve la santé lorsque celle-ci décline. Lorsqu’il vieillit, l’artisan peut d’autant mieux préserver sa santé que son investissement en capital corporel a porté ses fruits.
14L’inversion du rapport entre le corps et l’entreprise ne dépend pas que de l’artisan. Elle n’est possible que si certaines conditions objectives sont remplies. L’apparition d’une crise économique ou la pratique d’un métier particulièrement pénible compromettent le processus. À l’inverse, une chose ne dépend que de l’artisan lui-même, c’est le fait d’arriver à changer sa manière de voir le travail, de penser à préserver son corps sans se dire que c’est une faiblesse, ce qui n’a rien d’évident pour un individu dont la socialisation a précisément reposé sur le déni des atteintes que le travail fait subir au corps. C’est le plus souvent à l’issue d’une période de remise en question et d’incertitude que naît le souci de soi.
15Au fur et à mesure de l’avancée en âge, l’éventail de tâches accessibles diminue et l’état de santé devient plus contraignant. On constate une réduction de la charge de travail qui va de pair avec une sélection accrue des tâches et parfois un licenciement des salariés. Le processus de réduction de la charge de travail n’entraîne pas toujours la fin de l’activité qui peut se poursuivre même après la retraite, laquelle n’est pas synonyme d’inactivité pour des individus dont le travail constitue le centre de l’existence. La réduction progressive de l’intensité du travail est particulièrement visible dans l’artisanat de fabrication qui offre de nombreuses possibilités de varier les tâches.
16En définitive, les raisons qui poussent les artisans à malmener leur corps en début de carrière sont les mêmes qui les incitent à en prendre soin lorsqu’ils avancent en âge. Ces deux attitudes sont guidées par le souci de maintenir l’entreprise en bonne santé en faisant en sorte que l’activité ne s’interrompe pas.
17Comme attendu, on observe une conversion du capital corporel des artisans en d’autres formes de capitaux, mais ce n’est qu’une étape dans leur parcours professionnel qui doit être envisagé dans son ensemble pour en comprendre toute la portée. Pour que de nouveaux capitaux se substituent au capital corporel, il faut d’abord que ce dernier ait été constitué, puis dépensé et converti. De nouvelles ressources existent alors sous forme de capital social (confrères et clients), économique (outil de production, voire capitalisation) et spécifique (expertise dans le métier). Bien sûr, le rendement du capital corporel varie selon les cas individuels et le taux de change entre les capitaux. Celui-ci n’est pas toujours suffisant pour pallier la diminution du capital corporel, ce qui peut mettre un terme à la carrière artisanale d’un individu. Dans d’autres situations, l’opération de conversion est favorable à l’individu qui connaît alors une fin de carrière réussie. Le tableau 6 résume les trois stades du parcours professionnel.
Tableau 6. – Les trois stades du parcours professionnel.
Stade 1 | Constitution du capital corporel par incorporation du métier |
Stade 2 | Dépense du capital corporel et conversion de celui-ci en d’autres formes de capitaux |
Stade 3 | Modération dans la dépense du capital corporel, prise de relais progressive par d’autres formes de capitaux |
18Cette séparation en trois stades du parcours des artisans permet de souligner que la construction du corps au travail est ambivalente. En apprenant des techniques du corps (Mauss, 1950), l’individu oriente le développement de celui-ci dans un sens qui augmente son efficacité, même si après un certain nombre d’années de pratique, les organes les plus sollicités sont usés prématurément. Les modifications biologiques induites par la socialisation influencent le travail de manière positive à certains moments et négative à d’autres. Il ne s’agit pas seulement de les considérer comme des maladies, mais aussi de repérer quand elles constituent des avantages et quand elles deviennent un problème. Cela renforce l’idée selon laquelle l’usure doit être appréhendée en examinant le parcours professionnel et en insistant sur les effets différés du travail sur la santé. Cela montre aussi l’importance de la qualité de l’apprentissage pour acquérir des gestes et des postures qui n’accélèrent pas l’usure.
Explication du paradoxe statistique
19Comparés aux salariés, les artisans sont dans une situation paradoxale. À certains égards, leur situation est défavorable car il leur est très difficile de s’arrêter de travailler pour se soigner, à la fois pour des raisons objectives et subjectives. À chacun des trois stades du parcours professionnel, on observe des sorties de l’artisanat liées à des problèmes de santé, surtout lorsque ceux-ci surviennent inopinément. Il est certain que l’effet travailleur sain joue un rôle à chaque étape du parcours professionnel et fausse les données concernant la santé des artisans, mais les données qualitatives ne permettent pas de mesurer jusqu’à quel point il explique la bonne santé des artisans dans les statistiques. J’ai démontré l’existence d’un effet travailleur sain pour le métier de maréchal-ferrant, chiffres à l’appui, mais, dans l’état actuel des connaissances, ces résultats ne sont généralisables qu’à des métiers présentant de fortes contraintes posturales et une pénibilité comparable. Pour les autres situations, plusieurs éléments expliquent le paradoxe de la bonne santé apparente des artisans dans les statistiques dans les limites de ce qu’on peut attendre d’une étude qualitative.
20La qualité des données statistiques est un premier élément important. La sous-déclaration des accidents et des maladies est la norme pour cette population où les problèmes de santé ne deviennent apparents que lorsqu’ils interrompent l’activité professionnelle. Et même lorsque c’est le cas, leur origine n’est pas identifiée puisqu’il n’existe pas d’appareil statistique qui mesure les accidents et les maladies professionnelles. De plus, les artisans situés dans les positions les plus basses de la hiérarchie professionnelle occupent des statuts périphériques et ne sont pas comptabilisés dans les données officielles. Deuxièmement, l’effet travailleur sain joue aussi un rôle dans l’invisibilisation des problèmes de santé des artisans. À chacun des trois stades du parcours professionnel, les individus qui ne supportent pas les conditions de travail quittent l’artisanat. Les événements de santé qui surviennent brutalement provoquent fréquemment une cessation d’activité et une sortie de l’artisanat. Troisièmement, la bonne santé apparente des artisans s’explique aussi par une représentation de la santé et un rapport au corps singulier. À la lumière des exemples qui ont été présentés, on peut concevoir que, toutes choses étant égales par ailleurs, un indépendant se déclare en meilleure santé qu’un salarié. Le déni des problèmes de santé et le besoin de se percevoir comme quelqu’un de résistant et d’insensible à la douleur contribuent à ce que les artisans se déclarent en bonne santé, même lorsque tout indique le contraire.
21La qualité des données statistiques, la sous-déclaration des problèmes de santé et le rapport au corps particulier des artisans aboutissent à sous-évaluer les problèmes de santé dans la population artisanale, alors qu’en même temps, le fait de reporter les soins au lendemain risque d’entraîner une dégradation de la santé à long terme.
22La situation des artisans est meilleure à d’autres égards. Une forte emprise sur leur organisation du travail leur permet de faire face à l’usure et à la pénibilité en modifiant l’organisation de leur travail, son contenu et son intensité. Leurs représentations du corps et leurs pratiques de travail évoluent au fil de leur carrière pour ajuster travail et santé. Cette grande autonomie les soustrait à certaines atteintes à la santé et contribue certainement à leur bonne santé. Mais l’autonomie dont jouissent les artisans a aussi son revers. Elle est ambivalente et peut être néfaste lorsqu’elle est mise au service de l’acharnement au travail en différant les soins médicaux jusqu’à la rupture.
23Le paradoxe statistique s’explique donc par une série de facteurs qui agissent parfois en sens contraires. Le recours à la statistique et à l’épidémiologie reste indispensable pour situer le point d’équilibre entre ces forces antagonistes.
Les stratégies de conversion du capital corporel
24Des différences entre les groupes d’artisans étudiés apparaissent clairement lorsqu’on examine les capitaux qui résultent de la conversion du capital corporel.
25Pour compenser la diminution des ressources physiques, les moyens dont disposent les artisans varient selon la position qu’ils occupent au départ. Si on constate en règle générale qu’au fur et à mesure de l’épuisement des ressources physiques, d’autres types de capitaux prennent le relais pour maintenir les artisans en activité, les stratégies qui sont développées varient de façon importante. L’échantillon d’enquête présente des situations contrastées de ce point de vue.
26Disposant d’un capital culturel initialement plus élevé, les artisans créateurs ont tendance à creuser l’écart qui les sépare des hommes de métier et à renforcer leur avantage. À l’inverse, les hommes de métier développent plutôt leur capital social. Ils cherchent à s’insérer de manière durable dans leur milieu professionnel en tissant des liens solides avec leurs confrères. Cette situation reflète deux types de socialisations différentes, largement basée sur la reproduction du groupe social pour les hommes de métier, et résultant d’un choix individuel chez les créateurs. Pour ces derniers, il s’agit moins de répondre aux attentes d’un groupe que de construire un projet de vie à l’écart des turpitudes du monde du travail salarié. Pour les hommes de métier, le recrutement est souvent interne à l’artisanat alors que les créateurs sont issus de catégories sociales éloignées de l’artisanat. Les hommes de métier constituent un groupe très homogène d’individus unis par une communauté de destin, ce qui crée un sentiment d’appartenance au groupe plus fort que chez les créateurs.
27Les deux groupes se différencient par le volume global de leur capital culturel, mais aussi par la répartition de celui-ci entre les trois états qu’il peut présenter, à savoir sous sa forme incorporée, institutionnalisée ou objectivée (Bourdieu, 1979). Chez les hommes de métier, le capital culturel est détenu essentiellement sous forme incorporée. À l’inverse, les créateurs le détiennent largement sous sa forme institutionnalisée, autrement dit sous la forme de diplômes scolaires.
28Les catégories populaires peuvent faire jeu égal avec les autres catégories sociales sur le terrain de l’apprentissage d’un métier et des techniques du corps qui y sont associées. Mais cette forme de capital culturel est aussi la plus fragile car elle a « les mêmes limites biologiques que son support » (idem : 5). Sous la forme incorporée, le capital culturel « dépérit et meurt avec son porteur (avec ses capacités biologiques, sa mémoire…) » (idem : 5).
29Les hommes de métier sont peu disposés à changer d’activité. Les diplômes techniques qu’ils détiennent ne leur offrent en général pas d’alternative à la pratique du métier qui s’y rapporte. Leur expérience professionnelle se limite souvent à l’univers artisanal où ils sont entrés précocement. Lorsqu’on les interroge sur la possibilité d’une reconversion professionnelle, la plupart d’entre eux ne s’estiment pas capables d’un tel changement. Si, comme me le confiait un homme de métier, « on ne choisit pas de devenir carreleur », on a beaucoup de difficultés à faire autre chose une fois qu’on l’est devenu. Face à l’usure professionnelle, les hommes de métier n’ont d’autre choix que de développer une stratégie de maintien dans l’activité. Le collectif de travail est suffisamment stable pour que des relations d’entraide puissent se développer. L’appartenance à des réseaux concerne aussi la clientèle qui s’améliore avec le temps. La bonne réputation attire une clientèle rémunératrice et satisfaisante du point de vue relationnel.
30Contrairement aux hommes de métier, les artisans créateurs détiennent en général des diplômes et un bagage culturel qui leur permettent d’envisager de sortir de l’artisanat s’ils le souhaitent. Au cours de leur carrière, les artisans créateurs connaissent des changements d’activité plus fréquents que les hommes de métier, à l’intérieur ou hors du champ artisanal. Beaucoup d’entre eux estiment d’ailleurs qu’ils ne feront pas le même métier pendant toute leur vie. Ces réorientations sont partiellement liées aux effets de l’usure physique qui conditionnent les efforts qu’on est en mesure de faire à chaque âge. Ainsi, le discours change au fil des années. Dans un premier temps, la vocation justifie éventuellement d’abîmer son corps. Ensuite, l’artisan cherche à adapter sa production à ses capacités physiques, l’important étant de continuer à créer, quelle que soit la technique. Si les artisans créateurs peuvent compter sur leurs capacités relationnelles et leur capital culturel pour entretenir de bonnes relations avec leur clientèle, ils sont en général moins bien intégrés à des réseaux d’entraide entre pairs. Tout se passe comme si leur capacité à se reconvertir professionnellement les dispensait de tisser des liens solides avec d’autres artisans.
31Les artisans créateurs ont une approche du travail qui célèbre la part d’intellect qui existe dans le travail manuel. L’apprentissage du métier intervenant après un passage par une formation scolaire plus poussée, il fait davantage l’objet d’une réflexion intellectuelle, par l’acquisition d’une culture livresque et la constitution d’une bibliothèque (capital culturel sous sa forme objectivée). Il apparaît que la distribution du capital culturel des artisans créateurs leur offre davantage de possibilités de diversifier leur activité pour arriver à se maintenir en activité professionnelle lorsque les effets de l’âge et l’usure professionnelle se font sentir, ou même de trouver un emploi salarié pour sortir de la condition d’artisan. Jourdain (2014) mentionne que les cadres qui se reconvertissent dans l’artisanat y utilisent des compétences (linguistiques, commerciales) qu’ils déployaient dans leur précédent métier. D’autre part, ils disposent d’atouts qui rendent leur engagement dans l’artisanat réversible (jusqu’à un certain point) et d’un capital économique qui tempère le rapport biologico-économique avec leur entreprise. On peut ajouter qu’ayant déjà fait l’expérience d’une bifurcation, ils en ont tiré des leçons pour en réussir une autre et sortir de l’artisanat.
32Les deux groupes d’artisans étudiés se différencient donc par le type de stratégie qu’ils déploient pour maintenir leur activité. Les hommes de métier développent un capital social sur lequel ils s’appuient pour se maintenir dans le métier en occupant de bonnes positions dans les réseaux par lesquels circulent les offres d’ouvrage. Ils recourent plus volontiers à l’emploi de main-d’œuvre pour augmenter leurs revenus, voire pour constituer un capital qui assurera leur retraite.
33À l’inverse, les artisans créateurs, qui disposent initialement d’un capital culturel supérieur à la moyenne des artisans, ont tendance à accentuer cet écart pour diversifier leur activité ou pour se spécialiser dans un domaine qui requiert une certaine expertise. Ils peuvent faire varier plus facilement le contenu de leur travail pour l’adapter à leur état de santé ou même quitter l’artisanat. Leur capital social se développe dans une moindre mesure, il est surtout visible du côté de la clientèle avec laquelle les artisans, qu’ils soient créateurs ou hommes de métier, présentent une certaine homologie culturelle.
Un collectif informel mais efficace
34J’ai évoqué à plusieurs reprises l’existence de réseaux d’entraide pour montrer que les artisans ne sont pas des gens qui travaillent seuls. Ce constat va à l’encontre de l’individualisme dont ils se réclament souvent eux-mêmes.
35Comme on a pu le voir dans la manière dont les hommes de métier cooptent les futurs artisans parmi les ouvriers « courageux », ils forment un groupe où la régulation sociale est forte. L’ignorance délibérée des limites du corps est une attitude qui conditionne l’entrée dans le collectif des artisans car celui-ci tisse des liens de solidarité entre les individus qui seront fiables coûte que coûte, et dont la fréquentation permet de réduire les incertitudes dans le travail. En aucun cas, un artisan ne peut donner l’impression de se reposer sur les autres. C’est malgré lui, et après avoir montré qu’il faisait tout pour se passer de l’aide d’autrui, qu’il pourra recourir à l’assistance de ses pairs.
36Une fois accepté dans le collectif de travail, un homme de métier peut espérer être progressivement dispensé des tâches les plus pénibles dans la mesure où son expérience le rendra plus efficace dans d’autres tâches. L’insertion dans des réseaux de collaboration formels ou informels lui permet de s’élever dans la chaîne de sous-traitance, de former avec des confrères une équipe solidaire et complémentaire. Quant aux artisans créateurs, c’est en se spécialisant dans un travail d’une haute complexité qu’ils se défont progressivement des tâches pénibles. Après une mise à l’épreuve des entrants, le collectif permet donc l’amélioration des conditions de travail. Le collectif génère une circulation des savoir-faire de prudence lorsqu’ils accompagnent la délégation de tâches risquées. Dans le meilleur des cas, le risque et le moyen de s’en prémunir sont transmis conjointement.
37En cas de problème de santé, les artisans peuvent se montrer très solidaires envers leurs confrères, par exemple en réalisant le travail à la place du malade et en lui donnant l’argent récolté. Cette solidarité se déroule sur le mode des affinités individuelles, et non pas au nom de l’appartenance à l’artisanat ou au même métier. On ne peut pas parler de solidarité de classe et encore moins de conscience de classe dans un groupe qui reste très suspicieux à l’égard de toute organisation politique. En outre, l’appartenance au même métier est ambivalente car cette pratique commune crée à la fois une proximité et une concurrence. Le collectif d’entraide mutuelle fonctionne bien en période économique faste, mais il est fragile en cas de récession. J’ai utilisé le terme de « coterie » pour qualifier les réseaux d’entraide entre artisans, mais ce mot est parfois empreint d’un jugement de valeur quand il évoque les intrigues et le secret. Il s’agit plutôt de mettre l’accent sur une convergence d’intérêts au sein d’un groupe restreint de personnes entretenant de très étroites relations. Il faut y ajouter l’existence de relations personnelles qui dépassent largement le seul intérêt matériel.
38Mais la solidarité a ses limites et en cas d’arrêt de travail prolongé, les artisans se trouvent dans une impasse professionnelle qui peut mener au déclassement. J’ai recueilli à maintes reprises la même anecdote comportant quelques variantes, sorte de mythe qui cristallise l’angoisse de voir le travail de toute une vie réduit à néant. L’histoire est celle d’un homme de métier qui fait faillite suite à un problème de santé. Son échec professionnel le mène au divorce et à la perte de sa maison. Dans les versions les plus dramatiques, l’artisan finit par se suicider. Les quelques cas de déclassement rencontrés chez des hommes de métier indiquent que lorsqu’ils sont incapables de travailler à plein temps pour raison de santé, ils recourent au travail au noir ou à des statuts périphériques.
39Il existe donc un collectif de travail qui impose des règles. On a vu l’importance qu’il exerce dans la reproduction du groupe social, dans la circulation du travail et en cas de problème de santé. Si le collectif protège en transmettant des règles de prudence, il a aussi des effets délétères puisqu’il fait circuler le travail de mauvaise qualité vers les individus les moins expérimentés et les plus vulnérables. En distribuant ainsi le travail, le collectif maintient la hiérarchie du groupe, largement basée sur l’ancienneté et l’âge. Instrument de solidarité et de transmission, le collectif est aussi celui du maintien d’un rapport de force entre ses membres. On retrouve dans cette organisation sociale de la pénibilité le modèle générationnel de l’artisanat, tel que Zarca l’a décrit, dans lequel chacun accepte la position qui est la sienne en vertu du fait « que chacun voit en l’autre une part de lui-même : l’artisan voit dans le compagnon celui qu’il a été, le compagnon voit dans l’artisan celui qu’il voudrait être » (Zarca, 1988 : 258).
Les trois situations fondamentales de travail
40Les artisans créateurs cherchent plus fréquemment que les hommes de métier à limiter les risques et les contraintes liés au statut d’indépendant. Ils rechignent souvent à s’endetter durablement ou à mettre en jeu leur patrimoine personnel. Ils gardent une certaine réserve vis-à-vis d’un modèle entrepreneurial dont ils souhaitent se détacher. À l’inverse, les hommes de métier mettent moins de limites aux contraintes que le travail leur impose. Cette différence de rapport au travail se retrouve dans le fait que les hommes de métier sont plus fréquemment employeurs alors que les artisans créateurs travaillent majoritairement seuls.
41L’approche statistique révèle un clivage entre les artisans employeurs et les artisans solos. On peut penser qu’il serait encore plus flagrant si on prenait en compte, dans l’analyse statistique, les individus qui ne sont pas rangés dans la PCS 2.1., comme je l’ai fait dans l’enquête de terrain.
42Dans l’enquête SIP 2006, on observe que les employeurs sont plus stressés et travaillent plus que les solos. On voit bien qu’embaucher des salariés n’est pas une solution pour économiser ses forces en se reposant sur eux. Les employeurs sont plus intégrés à un collectif de travail. Ils en ressentent des effets positifs (faire partie d’une équipe, voir grandir son entreprise, gagner plus d’argent) et négatifs (plus de responsabilités, plus de travail, des horaires réglés par la présence des salariés, des tâches de gestion administratives supplémentaires). À l’inverse, les artisans solos, moins contraints mais plus solitaires, sont plus enclins à se trouver en situation d’anomie. Il apparaît qu’être solo ou employeur, c’est opter pour deux modes de vie différents.
43Les inégalités sociales entre ces deux groupes, dont on s’attendrait à trouver l’écho au niveau de la santé, disparaissent dès qu’il s’agit de mesurer des inégalités de santé, ce qui renvoie au paradoxe statistique de la « bonne santé des indépendants ». L’approche ethnographique confirme le clivage entre ces deux catégories, notamment au niveau des conditions de travail qui peuvent varier fortement du fait d’un environnement législatif différent.
44Même si les passages d’une situation à l’autre sont fréquents, ces deux sous-populations diffèrent par deux caractéristiques essentielles. Premièrement, la législation qui encadre le travail est très différente pour les deux catégories. Le travail sans salarié subissant nettement moins de contraintes réglementaires, les conditions de travail des artisans solos sont en général moins bonnes du point de vue de la prévention des accidents. Pourtant, le fait d’être un « travailleur isolé » est reconnu comme un facteur de risque par l’INRS qui recommande l’utilisation de dispositifs d’alarme spécifiques pour les salariés concernés1. De manière plus générale, les normes de sécurité sont moins appliquées chez les artisans solos que chez les employeurs. Deuxièmement, le choix de travailler seul ou avec des salariés est souvent explicite dès la création de l’entreprise et correspond à deux projets différents. Travailler seul et de manière indépendante est un moyen de se placer en retrait de la société, de rejeter toute hiérarchie, de ne compter que sur soi-même, parfois au prix d’une certaine solitude. En revanche, être employeur entraîne plus de contacts sociaux et de contraintes.
45Alors qu’on oppose en général l’emploi salarié à l’emploi indépendant de manière binaire, l’examen attentif des artisans montre qu’il existe en fait trois types d’emplois fondamentaux. C’est ce qu’indique le philosophe Bertrand Russel dans son Éloge de l’oisiveté (1932).
« Pour commencer, qu’est-ce que le travail ? Il y a deux sortes de travail : la première consiste à modifier la position de la matière à la surface de la terre ; la seconde consiste à dire aux autres de le faire » (traduction de l’auteur).
46Ce passage faussement naïf indique qu’il existe non pas deux, mais trois situations de travail possibles qui sont les suivantes : travailler pour soi, travailler pour le compte d’autrui et faire travailler autrui pour soi. Au premier cas correspond l’autoemploi, situation dans laquelle un individu assume seul l’entièreté des fonctions de gestion et de production sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit. Les deux autres situations caractérisent la relation salariale où les parties sont engagées dans un échange. L’employeur assume les tâches de gestion à la place des salariés qui, de leur côté, se placent en situation de subordination et renoncent à une partie des bénéfices créés par leur travail au profit de leur employeur. Celui-ci voit son indépendance limitée par la présence de ses subordonnés envers qui il a des obligations et à propos desquels il doit rendre des comptes.
47Les contraintes auxquelles un employeur est soumis en matière de prévention des risques professionnels le protègent lui aussi lorsqu’elles concernent tout le collectif de travail. En termes d’équipement (respect des normes sur les machines, engins de manutention, échafaudage…), l’avantage est manifeste pour la plupart des employeurs, et ce d’autant plus que l’effectif de l’entreprise augmente. Les obligations légales qui pèsent sur leurs épaules, notamment leur responsabilité en cas d’accident de travail, les conduisent à prendre les précautions élémentaires en termes de sécurité. À l’inverse, lorsque les injonctions en matière de sécurité au travail ne portent que sur les comportements individuels, les risques sont transférés vers la personne de l’employeur puisqu’il n’y est pas soumis en tant que non-salarié. Il apparaît clairement que la protection des seuls salariés a des effets pervers lorsqu’elle transfère la prise de risque vers l’employeur. On ne peut donc pas améliorer la sécurité et la santé au travail sans édicter un certain nombre de règles communes aux trois situations fondamentales de travail afin de réduire le transfert des risques vers les individus qui n’y sont pas soumis.
Prolongements possibles
48À plusieurs reprises, je me suis heurté aux limites de l’échantillon lorsqu’il s’est agi d’interpréter les résultats de cette enquête. Dans ce sujet si peu investigué, j’ai préféré éviter des extrapolations qui auraient pu s’avérer douteuses. Les résultats qui ont été présentés invitent à poursuivre l’effort dans plusieurs directions. Le va-et-vient entre les approches qualitative et quantitative pourrait se prolonger en opérant plusieurs tests statistiques pour confirmer ou infirmer certains faits observés localement. Les artisans du bâtiment subissent-ils significativement plus d’opérations durant les congés du bâtiment ? Ceux qui connaissent un arrêt de travail de longue durée ont-ils tendance à fermer leur entreprise et à en ouvrir une autre lorsqu’ils sont guéris ? D’un point de vue quantitatif, l’attention des statisticiens pourrait aussi se porter sur les passages d’une catégorie à l’autre pour observer dans quelle mesure les artisans en fin de carrière ont tendance à se séparer de leurs salariés, comme je l’ai observé, et s’il existe aussi une stratégie inverse consistant à embaucher davantage de salariés pour se réfugier dans la gestion d’entreprise, ce que l’échantillon d’enquête ne permettait pas d’observer.
49De nouvelles questions sur le travail indépendant sont désormais posées. La difficulté, pour un indépendant, à interrompre le travail soulève indirectement la question du genre pour comprendre, par exemple, comment les femmes concilient indépendance et maternité. Une autre question concerne la sortie du travail indépendant. L’installation dans le travail indépendant est encouragée par une série d’incitations et de dispositifs, chacun étant invité à devenir entrepreneur à titre principal ou accessoire. Des institutions dédiées, comme l’Agence pour la création d’entreprise, guident vers l’indépendance professionnelle. Cet accompagnement est justifié car le passage du salariat à l’indépendance est un réel bouleversement : les frontières entre le travail et la vie hors travail se brouillent, le rythme et les horaires changent, le rapport à l’argent se modifie. Toute la vie de l’artisan et de sa famille est affectée par ce changement. À l’inverse, la sortie de l’indépendance n’est pas valorisée et ne fait l’objet d’aucun accompagnement. Elle implique pourtant des obligations administratives et des frais2. Sans surprise, on observe que cette sortie se passe d’autant mieux qu’elle est bien préparée. Si, au moment où l’artisan souhaite mettre fin à son activité, sa situation financière est saine, il peut décider une cessation d’activité sans dommages pour son patrimoine personnel. À l’inverse, si son entreprise présente un déficit important, elle risque de ne plus avoir la trésorerie nécessaire pour faire face à ses obligations, voire se trouver lourdement endettée. C’est alors la faillite qui est prononcée avec des conséquences graves sur le patrimoine personnel. Même s’il est peu probable qu’un tel dispositif soit mis en place, un accompagnement pour sortir de l’indépendance serait justifié afin de sécuriser cette période d’incertitude. Il serait du plus grand intérêt d’enquêter sur le devenir des ex-indépendants pour savoir vers quelles activités professionnelles ils se tournent ensuite, et pour observer les conséquences à long terme sur leur santé du passage par l’indépendance.
50Ces résultats montrent que le rapport à la santé peut être une entrée pour comprendre d’autres aspects du travail que la santé elle-même. Ainsi, étudier le rapport au corps apporte des informations sur la division et la répartition du travail. En dévoilant l’organisation sociale qui régule la vie d’individus considérés – et se considérant eux-mêmes – comme indépendants, les résultats présentés montrent à quel point il est vain de penser qu’un individu soit totalement exempté des rapports sociaux au travail. Même lorsqu’il se perçoit lui-même comme un être autonome et libre, un individu reste avant tout un être social.
Notes de bas de page
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