Introduction à la deuxième partie
p. 99
Texte intégral
1Si l’étude que nous venons de faire de l’espace des débouchés professionnels des écoles permet de visualiser en partie la structure du champ journalistique mais aussi de vérifier l’hypothèse d’homologie entre l’espace des formations en journalisme tel qu’il est saisi par les propriétés de leurs étudiants et par leurs insertions professionnelles, elle n’aborde qu’indirectement les déterminants sociaux des positions professionnelles des apprentis journalistes. Dans cette seconde partie les tris croisés1et les corrélations entre les caractéristiques scolaires et sociales des étudiants et leurs situations professionnelles mettent en évidence, conformément aux résultats de la partie précédente et en particulier ceux de l’analyse en composantes principales, que les débouchés des différentes écoles retraduisent dans une large mesure les différences relatives aux propriétés de leurs étudiants. Les capitaux économiques, scolaires et sociaux dont ils ont hérité ou qu’ils ont accumulés sont déterminants pour leur entrée et leur maintien dans le journalisme (chapitre 4). Ils sont aussi décisifs dans l’accès aux médias régionaux ou nationaux ainsi qu’aux plus réputés de ces derniers (chapitre 5). Le maintien socialement différencié dans le secteur journalistique et les accès inégaux aux différents types de médias engagent en fait des mécanismes matériels et symboliques liés aux positions initiales mais aussi aux dispositions et trajectoires sociales des étudiants. Ainsi le sentiment de légitimité à l’intégrer joue aussi un rôle déterminant. Par conséquent, si la population des étudiants en école de journalisme se caractérise par une certaine homogénéité, son « devenir professionnel » recouvre non seulement des réalités hétérogènes selon les écoles comme nous l’avons vu mais aussi comme nous allons le voir à présent selon les propriétés scolaires et sociales des individus. Nous poursuivons alors notre travail d’objectivation des conditions sociales de possibilité de l’entrée dans le journalisme pour notre population, du maintien dans cet espace et d’accès aux différentes positions qu’ils offrent et entendons contribuer en ce sens à une critique de la profession journalistique.
Notes de bas de page
1 Comme les croisements entre des variables comportant un nombre conséquent de modalités conduisent très rapidement à travailler sur des effectifs très faibles, il n’est pas possible de rentrer autant dans le détail que le demanderait un univers aussi segmenté que le champ journalistique (voir D. Marchetti, « Les marchés du travail journalistique », art. cité ; C. Leteinturier, « L’hétérogénéité des journalistes », Hermès, no 35, 2003, p. 35-48 ; C. Dupuy, Dynamiques professionnelles et salariales des journalistes, thèse de sociologie, ENS Cachan, 2013, « Section 3. La diversité des journalistes »). En outre, le fait que notre population est sursélectionnée et correspond à une fraction dominante des journalistes atténue les différences qui structurent plus largement la population des journalistes (« Quand il y a eu une forte sélection, c’est plus brouillé, c’est une loi générale » ; P. Bourdieu, Sociologie générale – Volume 1, op. cit., p. 432). L’examen des cas individuels qui composent les tableaux croisés et l’apport des entretiens sont de fait décisifs pour l’analyse.
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