7. Lorsque l’urgence réduit le champ des possibles
p. 145-158
Texte intégral
1Par-delà ces impératifs commerciaux, l’autre contrainte forte qui caractérise historiquement l’activité des journalistes couvrant les événements sportifs est le travail dans l’urgence. La maîtrise du temps est une ressource constitutive du capital spécifique de ces spécialistes. Ce chapitre propose donc de saisir concrètement ces logiques de production de l’information dans l’urgence, sans les dissocier des contenus eux-mêmes. C’est pourquoi, l’écriture des pages à venir s’appuie surtout sur un récit volontairement ethnographique pour montrer comment l’urgence réduit le champ d’intervention.
Un journalisme d’anticipation
2La gestion de l’urgence passe par la mise en place de stratégies collectives d’anticipation et une intériorisation des contenus possibles.
« Je sais qu’il va me les donner, les phrases que j’attends »
« J’ai toujours entendu qu’on peut tout faire après. C’est beaucoup plus dur que les autres branches. C’est un métier où les matchs ont lieu le soir, ça fait rester plus longtemps, il faut travailler en direct. Ici, tu vas au service Spectacles, tu leur demandes de faire le compte rendu des Césars samedi prochain avec le César du meilleur film à 23 h 30, il faut envoyer le lead1 avant 23 h 35. Cinq minutes pour torcher un truc. Ça va être une panique totale. Pour nous, c’est hyperfacile parce qu’on est habitués à ça : un résultat qui change dans les deux dernières minutes, il faut qu’on s’y fasse. Peut-être qu’on n’enverra pas à 35 mais à 36. Mais on est capables d’écrire un papier en cinq ou six minutes. Et donc quand on est capables de faire ça, on dit souvent qu’on peut tout faire. À la télé, on a vu souvent des journalistes de sport comme Patrick Chêne, Gérard Holtz, basculer ensuite sur l’information générale, être présentateur de journaux télévisés. Parce qu’on disait qu’ils pouvaient tout faire. Alors qu’un mec qui vient de la Politique ou de l’Économie et qu’on enverrait aux Sports, il serait perdu. »
Entretien, 2010.
3Ce savoir-faire est au cœur du discours de légitimation des journalistes sportifs, allant jusqu’à minimiser la part de l’imprévisible existante aussi dans les autres spécialités2. Les tribunes de presse des compétitions sportives sont parmi les lieux où on peut observer concrètement cette compétence à jouer avec le temps. Leur rapidité d’exécution et leur capacité à anticiper le déroulement de l’événement en cours figurent parmi les principales ressources professionnelles. C’est le cas ce jeudi 11 février 2010 lors du tournoi international de tennis féminin « Open Gaz de France », organisé à Boulogne-Billancourt. Ce jour-là, nous suivons Bruno, envoyé en reportage pour suivre le match de la dernière française encore en lice, Aravan Rezaï.
18 h 40 – J’arrive au guichet « invitation/accréditation ». Bruno a prévenu la responsable de la société de communication, organisatrice de l’événement, de ma venue. On me remet une accréditation « média journalier ». Je retrouve Bruno à ce moment-là.
18 h 45 – Nous arrivons tous deux en salle de presse. Les journalistes sont relativement nombreux : « c’est une petite salle de presse » dit-il. Se mêlent presse écrite et photographes. Bruno me confie que le papier est prêt depuis deux jours dans le cas où Aravan Rezaï gagne le match : « Henri [son collègue] l’a fait ». Un grand tableau du tournoi figure sur un mur avec les matchs disputés et ceux à venir. Trois écrans de télévision diffusent le match du moment. Le match que Bruno doit couvrir a déjà commencé mais il reste en salle de presse comme nombreux de ses collègues : « Je suis de desk. Quand t’es de desk, tu dois toujours regarder le fil AFP [les dépêches de l’AFP en ligne]. Je donne la matière aux chefs et eux font leur choix. J’irai voir la fin du match. En tennis, il n’y a pas d’urgence. » L’ambiance est sereine, détendue. La salle se vide doucement au fur et à mesure que le match se déroule. Quelques journalistes, dont Bruno, sont encore en salle de presse. Il y a également une salle de repos avec grand écran, fauteuils, boissons, salades, sandwichs, desserts en libre-service. Les journalistes évoluent dans des conditions confortables. Concentré sur son ordinateur à rédiger une brève sur tout autre chose, Bruno lève de temps en temps la tête vers l’écran de télévision et prend quelques notes très factuelles sur un petit carnet. Il écrit surtout l’évolution du score : « Mouratoglou à 4-1 [Intervention de l’entraîneur de la joueuse à 4-1], 4-2, 5-2, 2 balles de break, 6-3. » La joueuse française perd le premier set, ce qui est un scénario imprévu. Bruno se rend en tribune de presse. Il se contente de noter l’évolution du score, sans analyse technique. Au milieu du deuxième set [un match de tennis féminin se termine lorsqu’une des deux joueuses remportent deux sets], à 3-2, Bruno redescend en salle de presse : « Il faut que j’aille envoyer les résultats. » Il évoque les résultats des autres sports, recueillis sur le fil AFP. De retour en salle de presse, il se restaure, suit le match d’un œil et termine son travail de desk. Je lui demande : « Pourquoi n’as-tu pas laissé Nicolas couvrir ce match sachant que tu es de desk ? – Car après je ne bosse pas pendant deux jours et Nicolas est susceptible de bosser sur Rezaï si elle se qualifie. »
Aravan Rezaï perd 4-0 dans le troisième set. La fin du match approche : « J’arrête les brèves, j’écris l’article. » Il éteint son ordinateur. Il monte en tribune de presse à 5-0. Il repère dans la tribune présidentielle les personnalités présentes, susceptibles d’être interviewées. Il aperçoit Mansour Bahrami, ancien joueur aujourd’hui retraité, et Patrice Hagelauer, directeur technique national de la Fédération française de tennis. « Le but n’est pas de faire un compte rendu mais peut-être un bilan du tennis féminin. » La défaite d’Aravan Rezaï serait symptomatique des mauvais résultats actuels des joueuses françaises. Je le surprends à encourager la Française « Allez… »
Fin du match – La joueuse française a perdu. Bruno court dans les couloirs de la salle pour intercepter Mansour Bahrami à la sortie des loges. Il est le seul journaliste à se précipiter de la sorte : « Mansour, bonjour – Ah tiens… » Les deux hommes se saluent. Ils se connaissent visiblement. Bruno lui pose deux-trois questions pour avoir son avis sur la défaite et l’état du tennis français. Cinq minutes après le match, Louis, l’un des chefs de service, contacte Bruno par téléphone, afin de s’accorder sur le contenu de l’article : « Il veut que je globalise. »
21 h 27 – Bruno prend des notes pendant que l’entraîneur de la joueuse française est interviewé par deux confrères dans les couloirs de la salle. Il ne note pas tout, il sélectionne. Bruno prend la parole « Penses-tu que la polémique autour de sa sélection en Fed Cup a pu jouer ? » Une question sur « l’affaire » : la joueuse a refusé de rejoindre l’équipe de France pour disputer la « Fed Cup », le tournoi des équipes nationales, au motif de ne pas pouvoir être accompagnée par son entraîneur personnel. Bruno s’intéresse aux « à-côtés ». Il ne s’intéresse pas à la technique, au match lui-même. Bruno est déçu de ne pas avoir trouvé Patrice Hagelauer. Il demande à ses collègues s’ils l’ont aperçu. Réponse négative. Cette source est centrale. Si le journaliste désire monter en généralité sur le tennis français, il est nécessaire de recueillir les propos de cet acteur. Il l’appelle au téléphone et lui laisse un message vocal.
21 h 42 – Aravan Rezaï arrive en conférence de presse, dans une salle dédiée qui jouxte la salle de presse. La journaliste de L’Équipe.fr pose deux questions, un confrère de L’Équipe en pose trois. La presse sportive prend l’initiative. Bruno la questionne ensuite : « Ta position par rapport à la Fed Cup ? » Il insiste pour enrichir son angle. Les journalistes tutoient la sportive et l’appellent par son prénom. Après les questions de la presse, suivent les questions de la radio, puis de la télévision. David me demande d’y assister afin de recueillir ses propos sur la Fed Cup.
21h55 – Il commence à écrire son papier « Bye bye Rezaï ». Finalement, ce titre ne sera pas conservé. À côté de lui, la journaliste de L’Équipe titre dans le même esprit : « Rezaï Aïe Aïe ». Concentrée davantage sur la performance sportive, elle retourne à la conférence pour écouter la joueuse allemande victorieuse. David n’y assiste pas. Son angle est construit : « C’est tout le temps une course contre la montre. Il faut que je l’envoie vers 25 ». David doit écrire son article en 30 minutes. Le bouclage d’Aujourd’hui en France est à 23 heures, celui du Parisien est plus tardif. Il veut laisser le temps à son chef de relire.
22 h 12 – Patrice Hagelauer, le DTN, le rappelle. Le journaliste est embarrassé : « Merde. » Il prend son cahier et s’isole. L’ambiance est détendue dans la salle de presse. On échange, on coopère.
22 h 20 – Il revient à sa place. Il modifie son article en y intégrant une citation d’Hagelauer en plein milieu. « Je n’ai plus le temps, je fais dans l’efficace. »
22 h 31 – Il envoie son papier via l’intranet et appelle son chef de service afin de l’en informer.
22 h 37 – Le chef de service valide.
22 h 50 – Nous quittons les lieux. (Notes d’observation, 11 février 2010.)
4L’« urgence dans le travail » vient ainsi s’ajouter au « travail en urgence », provoquant une situation d’« urgence dans l’urgence3 ». Malgré le scénario (dénouement sportif imprévu, délai très court entre la fin du match et l’envoi du papier, la source qui rappelle au dernier moment), Bruno remplit sa mission. Lors de notre entretien quelques jours après le reportage, il revient sur le déroulement de la soirée.
« L’angoisse de la page blanche, tu peux l’avoir par moments. Si tu te retrouves à 22 h 20, que tu dois envoyer à 22 h 30 et que tu n’as pas encore bien fait ton truc, tu ne sais pas dans quel sens raconter le truc. Je l’ai eu ça. Quand tu étais là, c’était un peu ce que je te disais, c’est un peu le money time [cette expression est utilisée pour signifier les moments décisifs dans les compétitions sportives]. J’étais forcément stressé, enfin, j’étais en alerte permanente car je sais que je dois faire mon truc. Ce qui m’a stressé sur cette soirée-là c’est que je savais ce que j’allais raconter : il fallait juste que j’adapte. Elle perd, l’idée ce n’est pas de rester sur la défaite mais d’élargir et pour ça il me faut Hagelauer. Sauf que Hagelauer je le loupe, il s’en va par je ne sais où. À ce moment-là, je suis moins bien car je perds le cœur du papier, le témoin qui va élargir le papier. Donc là, je n’étais pas bien. Après je tombe sur Mouratoglu, il faut le faire de toute façon. Il me redonne de l’intérêt, je trouve un levier : je laisse poser les questions aux autres qui ne m’intéressent pas sur le match, et je l’emmène sur la Fed Cup. Il lâche des choses intéressantes. Je me dis que j’ai au moins ça. Après, elle en parle un peu mais rien de super. Au moins, j’ai de quoi faire un papier là-dessus. »
Entretien, 2010.
5La tâche à remplir inclut le respect d’une injonction très forte à proposer du « piquant » pour reprendre son terme.
« Avec les petites phrases Fed Cup, je sais que j’ai un petit élément piquant. Je laisse un message à Hagelauer, j’espère qu’il va me rappeler mais plus le temps passe et plus je me dis qu’il vaut mieux qu’il ne me rappelle pas car il est trop tard. Quand il me rappelle, la première chose que je fais c’est que je regarde l’heure, je me dis “ça va être chaud” […] Je sais qu’il va me les donner, les phrases que j’attends, et qu’après ça dépendra que de moi d’écrire le plus vite possible. Encore problème car il commence à parler du match. J’aurais pu lui dire : “je suis en bouclage, j’ai besoin de savoir ça”, c’est ce que j’ai fait une fois que j’ai eu ma phrase. Après ça se joue en cinq minutes mais c’est bon car je n’avais pas très long à faire non plus, ça coule tout seul. Le problème c’était de faire tout rentrer car je me retrouvais avec deux angles et vouloir tout utiliser. »
Entretien, 2010.
6L’article publié, « Rezaï, une déception de plus », est ainsi un compromis entre la commande de son supérieur hiérarchique, un bilan du tennis français, et la construction de la polémique autour de la Fed Cup.
« À l’heure où Amélie Mauresmo recevait, la veille, un émouvant hommage pour célébrer sa retraite, Aravane Rezaï s’est inclinée hier soir face à l’Allemande Petkovic (6-3, 3-6, 6-3). Il n’y aura pas de Française en quarts de finale à Coubertin. Une première en dix-huit ans. Sur la lancée d’un week-end maudit en Fed Cup (élimination au premier tour contre les États-Unis), les joueuses tricolores présentent donc un bien triste bilan de leur semaine parisienne.
En l’absence de Marion Bartoli, ni Cornet, ni Razzano, ni Coin, ni Rezaï, donc, ne sont parvenues à faire vibrer le public de la porte de Saint-Cloud.
“On n’a pas attendu la Fed Cup ou ce tournoi pour savoir qu’il y a un trou, soupire Patrice Hagelauer, le DTN. Mauresmo, Dechy, Loit qui arrêtent… on n’a pas tous les jours des filles comme ça. Tout le monde est conscient de la situation. Mais je ne suis pas effondré. Il faut juste que les filles reprennent confiance.”
Aravane Rezaï s’est donc fait surprendre hier soir pour défaut de combativité. “Je n’ai pas imposé mon jeu d’attaque, soupire-t-elle. Et quand je ne domine pas le jeu forcément… je perds !” Mais à coups de “ce n’est pas la fin du monde” et de “je me prépare déjà pour Dubaï”, elle semble déjà avoir vite tourné la page. Son nouveau coach, Patrick Mouratoglou, le dit lui-même : “Une défaite, c’est quoi ? On n’arrive pas en haut sans tomber x fois.”
En voyant Rezaï contre une Allemande, il était difficile hier soir de ne pas songer au barrage de Fed Cup contre l’Allemagne (24-25 avril).
Alors, avec elle ou pas ? “Moi, je veux jouer pour mon pays, réaffirme la joueuse. Cela n’a pas pu se faire la dernière fois. Il y aura d’autres discussions et j’espère jouer ce barrage.” Il faudra d’ici là dissiper quelques malentendus. “Aravane demande des choses simples, explique Patrick Mouratoglou. Ce n’est pas une insulte, ni un caprice que de vouloir s’entraîner dans les conditions qui la rendront performante. Je ne connais pas un joueur au monde qui passe dix jours avec un entraîneur qu’il ne connaît pas. S’ils ne veulent pas qu’elle joue, elle ne jouera pas. S’ils la veulent, ils trouveront un moyen.” »
Écrire de « belles histoires » avant l’heure
7Cette urgence ordinaire oblige à anticiper les contenus, d’autant plus dans une configuration telle que la couverture d’un grand événement. Lors notre période d’observation dans les locaux du Parisien, deux journalistes, Émilie et Jean-Jacques, sont à Vancouver pour les JO d’hiver. Un lieu défavorable, tant le décalage horaire de neuf heures réduit le délai de production de l’information. Le dénouement des compétitions au Canada correspond souvent à l’heure du bouclage en France. Émilie revient sur ces conditions particulières.
« J’avais fait les Jeux il y a quatre ans. Mais c’était dans un autre contexte, j’étais plus là en appoint car j’avais remplacé quelqu’un au dernier moment. Et surtout il n’y avait pas de décalage horaire. Donc là, c’est la première compétition avec du décalage horaire à gérer et qui n’est pas favorable. Autant quand tu es à Pékin, tu as le temps de travailler car au moment où les médailles se dessinent, la France se lève. Alors que là, c’est le contraire. Ca complique la tâche car il faut travailler dans l’urgence. Tu te tapes presque des papiers en direct sans savoir si on va avoir une médaille au bout ou pas. »
Entretien, 2010.
8Dans l’obligation de suivre l’actualité la plus « chaude » dans un contexte de forte concurrence médiatique, la rédaction s’organise pour contourner cet obstacle à partir de quatre techniques de travail. Tout d’abord, les « mécanismes habituels de régulation de l’activité journalistique4 » et de l’encadrement par les chefs sont renforcés.
« L’heure à laquelle on allait commencer à être super-actifs, c’était le créneau 19-23 heures, heure de bouclage ici. Sauf que pour la fluidité de la copie, on ne pouvait pas rendre ce qui était présentation à 19 heures. Donc généralement, mes présentations, je les tapais le soir pour moi. Quand il était 17 heures, que la tension était redescendue, qu’il n’y avait plus d’actu chaude pour moi, je tapais mes “mags” d’avance pour que les chefs puissent les trouver dans la boite en arrivant à 10 heures. Pour qu’il y ait de la fluidité, pour que la double page n’arrive pas en même temps. Et le problème qu’il y a aussi, c’est qu’avec le décalage, il y a la fatigue qui s’accumule, il y a une tension. Tu ressors, tu es explosée. J’allais me coucher parfois à 8-9 heures. Au début, je me levais à 5 heures. Sur la fin, tu te lèves, tu appuies machinalement sur la machine à café. Sur la fin, je ne suivais même plus les événements tellement j’étais crevé. C’est les chefs qui me disaient ce que je devais faire. »
Entretien, 2010.
9Une autre technique consiste ensuite à anticiper l’écriture par la préparation d’articles intemporels, des « mags ». Ces papiers « froids », comme les appellent les journalistes, permettent de canaliser le flux des informations (15 sports déclinés en 86 épreuves) et les disséminer dans un contenu déjà disponible. Les reporters disposent ainsi d’une matière prête à l’emploi, d’un « précuit » qu’il s’agit simplement de « recuire5 », tout juste adapté en fonction du verdict sportif.
« Disons que c’est le reportage qui était prêt. J’avais été rencontrer Lamy-Chappuis [un champion olympique français de combiné nordique] chez lui, on avait fait un reportage, un truc d’intime sur lui. On avait rencontré deux biathlètes aussi. Tout ce qui est présentation n’était pas tapée. Après ça dépend comment chacun travaille, mais j’ai vachement de mal et je pense qu’on est tous pareils, à mettre au frigo des magazines. Il faut sentir un peu l’ambiance parce que le danger, c’est de mettre un papier qui est totalement froid : “J’ai rencontré Lamy-Chappuis chez lui, on raconte comment c’est chez lui.” Il faut raccrocher ça à l’actu pour que ce soit un peu plus vivant. C’est pour ça qu’on le tape au dernier moment […] Au niveau des attentes, c’est essentiellement les médaillés. C’était tout ce qui allait être médailles pour les Français, sachant qu’on était partis sur environ une double page par jour. Donc avec du “mag” d’avance. On avait préparé certains sujets à l’avance, tout ce qui était portraits et présentations. Tout ce qui était compte rendu, là c’était en fonction des médailles du jour, de l’actu. Les bonheurs et les déceptions du jour. »
Entretien, 2010.
10Les reporters recourent également au patriotisme sportif pour réduire le périmètre de l’actualité de la compétition, légitimés en cela par les attentes supposées des lecteurs : « C’est simplement parce qu’on veut être proches de notre lectorat et que, globalement, il s’intéresse aux athlètes français » (entretien avec Jean-Jacques). La « nationalisation » de la couverture des événements internationaux est également la conséquence d’une politique de réduction des coûts de déplacements, rendant impossible une couverture plus globale de la compétition. Enfin, les reporters utilisent une « ficelle » du métier, et tout particulièrement au Parisien, en racontant de « belles histoires » à partir de reportages sur l’intimité des sportifs6.
« On échange régulièrement avec la hiérarchie sur les bonnes histoires qu’on peut raconter parce qu’au Parisien, on a un traitement d’abord centré sur les gens. On considère d’abord les gens avant de considérer les sportifs jusqu’à l’approche de la compétition. Après au moment de la compète, le sport reprend ses droits. C’est une forme de traitement de l’actualité qui a contribué à faire, et qui fait encore notre succès. »
Entretien, 2010.
11Plus que le résultat sportif et le déroulement des épreuves, c’est l’impératif de mise en scène des sportifs qui dicte la principale perspective des papiers. Ce cadrage est un effet de la concurrence. Sans pour autant être dans la subversion, Le Parisien délivre une information moins spécialisée que celle de L’Équipe, davantage portée sur la compréhension de la performance sportive.
« En plus, nous on n’est pas dans la perfection, ou dans la culture du résultat ou de la technique. C’est pas notre boulot. Notre boulot c’est plutôt l’humain. C’est plus raconter des histoires d’athlètes plutôt que la précision du sport. C’est un peu le contraire de L’Équipe. Le lecteur s’en fout que le mec ait eu trois balles de break à 4-4 dans le quatrième set. On est plus dans l’humain et la sensibilité et ça, ça se retrouve dans tous les sports. C’est plus dans l’écriture, la manière de le mettre en scène plutôt que d’avoir une tête comme ça, pleine de statistiques dans tous les sens. »
Entretien, Michael, journaliste en charge du cyclisme-tennis, 2010.
12Le jeudi 11 février 2010, Émilie signe ainsi un article, « Vincent Defrasne, porte-drapeau et papa poule », conforme aux attentes des responsables de son média.
« Par exemple pour Vincent Defrasne avec ses enfants, j’ai passé du temps chez eux, l’après-midi chez eux. Et le moment le plus magique que j’ai trouvé, c’est quand il fait à manger avec ses enfants. J’avais tenu à ce que la photo ce soit ça, car c’était le moment le plus intense qu’on avait reçu ce jour-là. […] On a la marque de fabrique du Parisien. Je pense que je suis stéréotypée Parisien. On m’a appris à écrire, à mettre de l’émotion, à ne pas écrire pour des gens spécialisés. Je pars toujours du principe que celui qui va ouvrir son journal peut très bien être une femme, un homme, un jeune, un vieux. Tout ce que je sais, c’est qu’il n’est pas forcément super-connaisseur du ski, du biathlon. Donc, j’ai envie d’écrire pour qu’il puisse comprendre le truc, le rendre le plus ludique possible. Le danger c’est que, du coup, je suis formatée Le Parisien. »
Entretien, Émilie, 2010.
13Cette entrée par la famille7 est récurrente durant les JO : « Joubert, jamais sans sa mère », « Ted, au nom de la famille Picard », « La “Pyrénées attitude” des frères De Le Rue », « Vittoz au nom des siens », « Grandma, fan de Jason Lamy-Chappuis ». Ce mode de présentation s’accompagne d’une écriture « stéréotypée », qui est repérable ne serait-ce qu’aux titres des articles. Ces derniers font référence aux origines (« Florent Amodio, la perle venue du Brésil », « Lamy-Chappuis skie presque à domicile ») ou aux propriétés physiques (« Tony Ramoin, bronzé, zen et nature »). Ils font appel à l’émotion (« Marie Dorin, le podium du bonheur », « Le jour de gloire de Vincent Jay », « Le blues de Sandrine Bailly », « Delobel-Schoenfoelder, triste fin », « Bozzetto, le surfeur fleur bleue », « Du bronze pour les amoureux »), sacralisant les vainqueurs (« Les Bleus ont fêté leurs héros ») ou employant un vocabulaire emphatique (« C’est parti pour deux semaines de frissons olympiques », « La leçon de vie de Joannie Rochette », « Le Canada se déchaîne pour ses hockeyeurs », « Canada-États-Unis, une finale de rêve », « La folie “Hocki” s’empare du Canada », « Sandrine Bailly entame sa dernière croisade »).
14Ces réflexes narratifs sont particulièrement sécurisants au moment d’écrire sur le vif. Ce discours conventionnel est l’expression d’un professionnalisme caractérisé par une maîtrise des attentes et une neutralisation des contraintes de travail8.
Le traitement du match de football, une production standardisée
15Le travail évoqué jusque-là diffère de celui, plus routinier, des journalistes de football traitant d’un grand nombre de rencontres durant toute l’année. C’est plus particulièrement le cas des matchs de football du PSG qui induisent des dispositifs collectifs et ritualisés.
Une gestion collective
16En amont des rencontres, la « cellule PSG » du Parisien se répartit les tâches de façon à écrire une double-page le lendemain. L’écriture se fait là aussi « sur un fil » : lorsque le match a lieu le dimanche soir à 21 heures, la fin du match est sifflée par l’arbitre aux alentours de 22 heures 55, c’est-à-dire à cinq minutes du bouclage de la première édition du quotidien. Schématiquement, les trois reporters en reportage s’organisent pour produire trois types d’articles : le chapeau, les notes des joueurs et le papier décalé. L’observation du traitement lors d’un match du PSG est révélatrice d’une division du travail incluant de nombreux acteurs.
Le 15 mai 2010, j’ai rendez-vous à 19 heures 30 avec Sébastien devant l’accès à la tribune de presse du Parc des princes à Paris, le stade du PSG. Le match débute à 21 heures. Les accès au stade sont bouclés à cent mètres de l’enceinte, même pour les journalistes. Les forces de police craignent des débordements de la part des supporters, suite à la décision du club de mettre fin au système d’abonnements. Je patiente vingt minutes avant de pouvoir accéder au guichet « Presse ». Je retrouve Gilles, « syndic » du Parc des princes pour l’USJSF, qui m’a autorisé à assister au match. Il me fournit une accréditation à titre exceptionnel. Comme les journalistes, je suis fouillé à la sortie du sas d’entrée.
Sébastien monte en tribune de presse pour déposer ses affaires à la table réservée aux journalistes du Parisien. Des places sont attribuées de manière permanente aux médias principaux. Les plus importants comme Le Parisien, L’Équipe ou RTL disposent de deux tables. Une heure avant le match, les deux journalistes du Parisien, Sébastien et Hugo, sont sur la pelouse et s’entretiennent avec des acteurs du club. Après une discussion avec un dirigeant, Sébastien m’explique comment le travail se partage avec son collègue : « Aujourd’hui, il fait le lead [le chapeau] et je fais un papier sur les connards qui restent en tribune. Une sorte de “mag” d’ambiance. Je vais rester après le match car les supporters ont prévu de rester dans le stade à l’issue du match en signe de protestation suite à la décision d’arrêter les abonnements l’an prochain. » Il m’explique qu’en configuration classique, un troisième journaliste s’occupe des notes des joueurs : « Ce soir, c’est un match sans enjeu. On ne fait pas les notes. On a juste une page au lieu de la double habituelle. » En effet, il s’agit du dernier match de la saison de championnat entre le PSG et Montpellier. Le résultat n’influencera en rien le classement final.
21 heures – Alors que le match débute, Sébastien, qui a la responsabilité d’écrire un papier qui n’est pas en rapport direct avec le match de football, mais plus sur les « à-côtés », n’assiste pas au début. Il se restaure dans la salle de presse. Lorsqu’il prend place, Hugo lui demande : « La fiche, c’est nous ? – Je sais pas, je pense. » Sébastien se connecte à l’intranet du Parisien grâce à sa carte 3G. Tous les deux travaillent sur leurs ordinateurs mais aussi avec un cahier et un stylo pour noter les faits de match. Ils sont connectés en même temps à L’Équipe.fr, site internet sur lequel le match est commenté en direct, minute par minute. Ils comparent ainsi leur perception des faits avec celle de leur principal concurrent. Sur la table, on trouve le journal du jour et la composition des équipes distribués par le club à la presse. Si Hugo regarde le match pour écrire le chapeau, Antoine est plus sensible à ce qui se passe dans la tribune des supporters et aux contenus des banderoles qui critiquent la direction du club.
21 h 10 – Hugo appelle la rédaction pour savoir si la fiche – qui correspond aux éléments factuels du match : noms des joueurs, de l’arbitre, score, noms des buteurs, etc. – relève de leur responsabilité. Finalement, c’est à eux de la rédiger. Pendant ce temps-là, Sébastien rédige des brèves pour le lendemain. L’une d’elles évoque la présence de Nicolas Anelka, joueur de l’équipe de France, sur le plateau de l’émission « Canal football club » : « C’est l’attaché de presse de Canal Plus qui me l’a dit. Il m’a envoyé un texto. Eux sont contents, je cite leur émission. » Il évoque la situation d’un joueur du PSG, Sylvain Armand, susceptible de quitter le club : « C’est le mec que j’ai vu en bas qui me l’a dit. Il travaille pour une boîte d’agents. »
21 h 16 – But de Montpellier. Hugo descend les quelques marches le séparant de la tribune présidentielle. Il peut alors visionner le but sur un des écrans placés à côté de chaque siège.
21 h 26 – Sébastien débute une fiche « simple » à la demande des chefs. Le traitement est allégé en raison de la faible importance du match. Il n’y a ni « fait de match », ni « le chiffre », ni la description des buts. L’enjeu sportif détermine l’enjeu journalistique. Il la rédige à partir de la composition distribuée par le club. La rédaction de la fiche technique obéit à des codes précis : Sébastien m’explique que la composition de l’équipe doit être écrite en fonction de la disposition des joueurs de chaque équipe sur le terrain, de la défense à l’attaque et de droite à gauche. Il demande à un confrère et à son collègue dans quelle disposition tactique joue Montpellier. Tout en s’acquittant de cette tâche, il note les chants scandés par les supporters pour nourrir le papier décalé du soir.
Mi-temps – C’est le moment choisi par les journalistes pour dîner. Le reste de la soirée sera consacré à l’écriture. Les journalistes mangent devant les écrans télés de la salle, et bien évidemment devant Canal Plus qui diffuse du football. Sébastien est devant la télé pendant que Hugo écrit en tribune.
22 h 10 – But de Montpellier : le score est maintenant de 2-0. Hugo se rend sur le site de la Ligue de football professionnel pour regarder le classement, les buteurs par clubs. Il s’informe en « données statistiques ». Il poursuit l’écriture, débutée à la mi-temps. À 2-0, le scénario semble figé, ce qui lui permet d’avancer dans l’écriture.
22 h 22 – 3-0. La tension monte dans le stade. Sébastien se réjouit du score, faisant preuve d’ironie. Les deux journalistes ne sont pas pris dans les mêmes temporalités. Sébastien doit envoyer son papier avant minuit, heure du bouclage définitif du Parisien. Son article ne concerne pas Aujourd’hui en France. Hugo doit l’envoyer avant 23 heures pour la première édition.
22 h 37 – Hugo ne regarde plus le match, il écrit.
22 h 39 – Le match est interrompu par l’arbitre parce que les supporters ont allumé des fumigènes. Sébastien s’exclame « On va encore dire que c’est notre faute ! » Hugo affine son article. Le scénario est idéal pour lui. À 3-0, le risque d’imprévu est très mince. Sébastien reçoit un SMS. Il apprend par une source que le président du club n’est pas présent au stade. Dans ce contexte de crise institutionnelle au PSG, entre les mauvais résultats et l’instabilité au niveau de la direction, l’information devient pertinente : « Hugo, mets-le. »
Hugo questionne son collègue pour tenter de lever certaines zones de flou concernant le jeu : « L’interruption ? C’est à la 75e minute ? Euh, ouais… Combien de temps ? Trente secondes ? Deux-trois minutes. »
22 h 52 – Fin du match. Les supporters ne quittent pas le stade, ce qui force certains journalistes à en faire de même. Le journaliste du Parisien.fr, présent pour proposer du contenu sur le site, demande à Sébastien de bien vouloir le tenir au courant de l’évolution des événements en tribune.
22 h 55 – Cinq minutes après le coup de sifflet final, Hugo envoie le chapeau via l’intranet du Parisien. Il demande à Sébastien de le relire sur la « boîte ».
22 h 57 – Sébastien appelle la rédaction pour donner le nombre précis de spectateurs et ainsi compléter la fiche préalablement envoyée. Hugo s’en va en zone mixte pour recueillir des propos des joueurs et des entraîneurs afin d’enrichir l’article qui sera envoyé pour les dernières éditions du Parisien.
23 h 15 – Sébastien contacte la « chefferie » pour connaître la marche à suivre. L’article sur les supporters paraîtra uniquement dans Le Parisien. Sébastien me confie qu’il s’attend à ce que le club reproche au journal d’avoir créé le conflit avec les supporters. En effet, Sébastien lui-même est à l’origine de la révélation de la décision d’arrêter les abonnements.
23 h 30 – Sébastien me confie aussi savoir d’ores et déjà ce qu’il écrira mais qu’il « manque de distance » dans la mesure où le papier doit être livré à 23 h 45.
23 h 31 – Le responsable de la « cellule PSG » présent au siège appelle Sébastien. Le reporter lui demande : « Sur quelle distance et jusqu’à quelle heure ? Quelle heure la deadline ? »
23 h 39 – Sébastien commence son papier. L’écriture est linéaire. Il est sur un fait avéré, définitif. Il doit rendre un feuillet. Il travaille dans la tribune de presse pour suivre en direct les événements : les supporters sont restés dans le stade comme ils l’avaient annoncé.
23 h 52 – Il envoie son article pendant que Hugo termine le sien en salle de presse. Comme c’est le cas pour tous les autres journalistes, il ne choisit pas le titre de son article.
00 h15 – Fermeture de la tribune de presse. (Notes d’observation, 15 mai 2010.)
17Autrement dit, le mode de production de l’information sportive est très collectif. Du fait des outils informatiques, Hugo peut être épaulé par Sébastien pour co-construire le chapeau, c’est-à-dire l’article le plus délicat à écrire dans l’urgence. Cette coopération horizontale s’ajoute à une autre, plus verticale, avec le chef de service adjoint chargé de coordonner le reportage depuis le siège. La collégialité est une condition pour gérer la dispersion inhérente à toute situation de travail. Le bon fonctionnement de la machine rédactionnelle est également soutenu par des cadres préconstruits qui conditionnent l’information.
Des formats préétablis
18Comme nous l’avons vu, le match PSG-Montpellier du 15 mai 2010 ne fait pas l’objet d’un traitement habituel. Ce dernier match du championnat est sans enjeu pour le PSG : l’équipe parisienne ne peut ni prétendre aux places qualificatives pour la Coupe d’Europe ni craindre une relégation en Ligue 2. En postulant un moindre intérêt des lecteurs, les responsables réduisent l’espace alloué à l’événement. Au lieu d’une double page, le match est traité en moins d’une page. Par contre, lors des 37 autres matchs, le même dispositif standardisé est déployé. Comme c’est le cas lors de ce match Nancy-PSG du samedi 13 février 2010. Les deux documents ci-après (illustration no 4) correspondent à la production d’ensemble proposée par les trois reporters, sous un grand titre qui barre la double page : « Un nul qui offre un peu de répit à Paris. »
19Les innovations marketing plaçant (toujours plus) la lisibilité au cœur du journalisme, les formats-types apparaissent très rapidement lorsqu’on ouvre le journal. Sur la première page, trois unités cohérentes se dégagent. La première, dans le « cœur de page », présente les faits considérés pertinents, constitutifs de ce que serait une réalité du match. C’est le chapeau. La deuxième est l’article intitulé « Les joueurs ». Il correspond à une spécificité du journalisme sportif : les notes. Ce format est associé à une expertise spécifique, une capacité à évaluer la performance des joueurs et de la justifier en quelques mots. La troisième unité s’observe à droite, dans la verticalité de la page. La « fiche » compile des données brutes selon des conventions propres à l’information sportive. On peut lire la composition des équipes avec le score, le nom des buteurs, les joueurs sanction- nés (cartons jaunes, cartons rouges). En dessous, on lit « le fait du match » et le « chiffre », formes concises et pratiques dans la tradition du Parisien. Cette unité contient enfin le « PSG express », rubrique quasi-quotidienne synthétisant de petites « infos » sur le club (« hier », « aujourd’hui et demain », « infirmerie », « rendez-vous »).
Illustration no 4. Double page du Parisien, dimanche 14 février 2010


20La page de droite, plus réduite, comporte deux unités (parfois une seule). La première est l’interview du joueur (le « Questions-Réponses » ou « QR ») présent en conférence de la presse d’après-match. Elle est présentée sous la citation « Le championnat n’est pas terminé ». La seconde, un article titré « C’était calme chez les supporteurs », correspond à ce que les professionnels nomment, selon le cadrage du moment, le « papier d’ambiance », le « mag » ou le « papier décalé ». Ici, l’article est moins ludique qu’à l’accoutumée dans la mesure où le mouvement de protestation des supporters constitue, ce soir-là, une information « allant de soi ». En contexte plus ordinaire, comme ce dimanche 7 février 2010, ce format laisse libre à un effet de surprise, à un regard sur les « à-côtés ». L’article fait un focus sur un célèbre habitué du Parc des princes, désemparé face à la situation sportive du club. Le titre reprend la seule phrase qu’il prononce au journaliste pour faire part de sa déception : « Nicolas Sarkozy : “Que dire ?” »
21Les double-pages dédiées aux matchs du PSG sont rédigées selon une trame qui limite les possibilités de faire autrement. Lorsque l’information est stratégique pour le média, comme lors des matchs de football, de rugby ou encore du Tour de France, les formats s’imposent avec encore plus de force. Mais ces formats ne sont pas uniquement de simples outils de gestion des contraintes. Ils sont également l’objet de luttes entre journalistes pour l’occupation des positions prestigieuses (rédaction du chapeau et notation des joueurs).
Notes de bas de page
1 Les journalistes du Parisien utilisent le mot « lead » pour désigner ce qui est plus couramment appelé le papier « chapeau ». Pour une question de lisibilité, nous utiliserons le terme de « chapeau », sans guillemets, pour désigner ce texte principal dans lequel se situe l’essentiel de l’information.
2 Tuchman Gaye, « Making News by Doing Work : Routinizing the Unexpected », American Journal of Sociology, vol. 79, 1973, p. 110-131. Voir aussi Pilmis Olivier et Robette Nicolas (dir.), « Les temporalités du journalisme », Temporalités. Revue de sciences sociales et humaines, no 23, 2016. Ce dossier contient notamment la version traduite de l’article fondateur de Gaye Tuchman.
3 Rozenblatt Patrick, « L’urgence au quotidien », Réseaux, no 69, 1995, p. 74.
4 Une situation analogue à la couverture médiatique des guerres. Hubé Nicolas, « Quand l’actualité s’impose… La guerre en Irak de 2003 vue du travail des rédactions allemandes », Interrogations ?, no 1, 2005, p. 26.
5 La Haye (De) Yves, Journalisme, mode d’emploi. Des manières d’écrire l’actualité, Paris, La Pensée Sauvage, 1985, p 107.
6 Ces reportages sont possibles dans le cadre des JO car les sportifs sont à la recherche de visibilité, contrairement aux footballeurs des clubs médiatisés.
7 L’intrusion dans les espaces privés est également en vigueur en politique, où les journalistes sont pris dans les stratégies de présentation de soi des acteurs. Darras Éric, « Espaces privés à usages politiques. La psychologisation de la scène politique », in Curapp, Le for intérieur, Paris, Presses universitaires de France, 1995, p. 378-397.
8 Cette analyse rejoint celle de Gaye Tuchman lorsqu’elle évoque plus généralement la construction journalistique de la réalité : « pour les reporters, le professionnalisme c’est savoir obtenir une bonne histoire qui s’inscrit dans les besoins et les standards de l’organisation ». Tuchman Gaye, Making News. A Study in the Construction of Reality, New York, Free Press, 1978, p. 58.
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