Introduction. Le récit à l’heure des catastrophes politiques
p. 7-14
Texte intégral
1Rares sont les mots aussi sensationnalistes que « catastrophe ». Couramment utilisé depuis le xviiie siècle, cher aux moralistes, aux dramaturges et, plus récemment, aux journalistes, il est devenu un qualificatif récurrent de la période qui commence avec la Première Guerre mondiale, traverse la Seconde, la guerre froide, connaît la probabilité d’un globocide atomique1, et qui se poursuit aujourd’hui avec les crises financières, les génocides, les guerres, les attaques terroristes, les désastres environnementaux provoqués par l’industrie et le réchauffement climatique et ses aléas « naturels » de plus en plus dévastateurs. Mais au-delà de sa capacité à susciter le scandale public, méconnaître la portée heuristique du terme serait une erreur, d’autant plus que face à la démesure de sa diffusion, il semble impératif d’en raisonner l’utilisation.
2Le terme « catastrophe » entre dans le domaine des sciences sociales de manière précoce, au cours du xxe siècle, par la voie de la philosophie allemande. Bien que leurs objectifs ne soient pas analogues, Walter Benjamin, Ernst Bloch, Theodor Adorno, Max Horkheimer, Gunther Anders et Hans Jonas2 l’ont mis en avant pour questionner l’idéal moderne du progrès. En Amérique latine, des auteurs comme Nelly Richards, Bolívar Echeverría et Gabriel Gatti se sont aussi appropriés le terme « catastrophe3 » pour interpréter des réalités et des histoires nationales. Nelly Richards et Bolívar Echeverría se sont appuyés sur la pensée allemande, notamment l’école de Francfort, et Gabriel Gatti sur les études des génocides, particulièrement celles de Zygmunt Bauman. Les œuvres de ces auteurs démontrent qu’après des périodes d’autoritarisme, il est essentiel de comprendre le lien entre ces périodes et la catastrophe sociale, culturelle et économique qu’elles auraient suscité.
3Il existe de nombreuses études autour de la « catastrophe » en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine. Or, il n’est pas question ici d’en tirer un bilan d’un concept ayant plusieurs ramifications, mais d’en explorer deux, celle consacrée à l’étude des périodes d’autoritarisme et celle dédiée aux liens entre la catastrophe et l’esthétique du récit.
« Catastrophe » et récit, l’état de l’art
4Le rapport entre récit et catastrophe dans le continent latino-américain a été abordé notamment par trois auteurs, même s’il existe, sans doute, d’autres exemples4. Les textes les plus représentatifs et paradigmatiques sont celui de Patrick Dove5, The Catastrophe of Modernity. Tragedy and the Nation in Latin American Literature, celui d’Idelber Avelar6, Alegorías de la derrota: ficción postdictatorial y el trabajo del duelo, et celui de Mark Anderson7, Disaster Writing: the Cultural Politics of Catastrophe in Latin America8.
5Les ouvrages de ces trois auteurs offrent des analyses comparatives et transnationales et prêtent attention aux liens entre l’esthétique du récit et l’histoire politique de la région. Ces liens sont étudiés de façon à mettre en lumière non seulement ce que les œuvres analysées refléteraient de la période dans laquelle ils s’inscrivent, mais aussi leur rôle en tant que discours politiques pendant ces périodes. Cet aspect est fondamental pour comprendre la complexité des œuvres appréhendées et il est question ici de travailler dans la même direction.
6Néanmoins, ces trois auteurs traitent de manière différente le rapport entre « catastrophe » et esthétique du récit. Pour Patrick Dove, la « catastrophe » constitue une scission mythique fondamentale à partir de quoi bâtir des récits nationaux, parmi lesquels les récits tragiques seraient un paradigme. Pour Idelber Avelar, la « catastrophe » renvoie plutôt à un imaginaire sur les ruines, le deuil et la mémoire, et les récits issus de cet imaginaire feraient appel à l’allégorie comme un moyen de « rédemption » de ce qui aurait été perdu. Enfin, pour Mark Anderson, la « catastrophe » s’identifie d’abord à l’aléa naturel et les discours emblématiques issus de ce genre d’événements seraient susceptibles de servir de catalyseur des transformations politiques ou idéologiques au sein d’une collectivité. Parmi ces trois auteurs, les deux premiers articulent le concept de « catastrophe » à un type de récit particulier, celui de la tragédie ou celui de l’allégorie. En revanche, Mark Anderson propose une approche plus formaliste qu’essentialiste, puisque chez lui l’écriture de la catastrophe ne serait pas déterminée par un type spécifique de récit. La « catastrophe » serait avant tout une forme narrative qui peut éventuellement se décliner en tragédie ou en allégorie. La position de Mark Anderson ne disqualifie pas pour autant les approches de Patrick Dove et d’Idelber Avelar, celles-ci restent valables pour un corpus spécifique.
7Je retiens ainsi de ces ouvrages la distinction entre une écriture de la catastrophe, qui peut prendre des formes différentes, et des récits qui feraient référence, par leur manière de traiter cette écriture sur un registre tragique ou allégorique, à des conceptions de la « catastrophe » ayant un certain impact politique au sein d’une communauté. Cette distinction souligne par ailleurs que la « catastrophe » est une construction discursive ou, autrement dit, qu’elle n’est pas un fait phénoménologique mais bien un fait du discours. Ainsi, pour éclaircir ce point, il est de rigueur d’ajouter, en reprenant les études anthropologiques de Greg Bankoff9, que seule la vulnérabilité est phénoménologique. La « catastrophe relève d’abord des représentations plus que de la réalité. Elle est le produit d’un discours, d’une construction », comme l’a signalé aussi l’historien Grégory Quenet10. Cela dit, même si toute écriture de la catastrophe se construit selon des conceptions idéologiques et des intérêts politiques, elle peut servir à dévoiler une situation de vulnérabilité.
La société vulnérable : le terrorisme d’État et ses conséquences
8Les années 1970 en Amérique latine constituent une période d’autoritarisme et de violence répressive de haute intensité, qualifiée de « terrorisme d’État », de « violence d’État » ou encore de « guerre sale ». C’est ainsi que l’application de la justice et de la législation participaient, souvent de manière clandestine, à la répression et même à l’extermination policière et militaire systématique d’une partie de la population, pour des raisons idéologiques11. De surcroit, en l’absence d’un État de droit fiable, du fait de sa mise en état d’exception, des collectivités entières ont peiné à se faire une idée de ce que signifie « être citoyen » et, donc, à se reconnaître en tant que tels. Elles ont été dépouillées de leurs droits et ont été réduits à une « vie nue12 », au point qu’un nous s’est trouvé à jamais perdu, en l’absence d’un accord entre la norme et son application, entre les droits des citoyens et l’État de droit13.
9Les années 1960 et une partie des années 1970 ont été particulièrement mouvementées et ont vu la scène publique se transformer en un espace d’élaboration de discours politiques et artistiques « révolutionnaires », « contre-culturels » et de « libération » qui déstabilisaient les pouvoirs dominants14. Mais dans un climat de guerre froide défavorable à ces mouvements populaires15, et face à des pouvoirs politiques et économiques locaux adverses, ces espaces ont été neutralisés. Ce n’était pas la première fois en Amérique latine, un continent marqué par une longue histoire de luttes et de massacres, mais chaque période possède ses propres acteurs et pratiques. L’une des particularités de cette période, a été, par exemple, d’imposer, sous l’égide de régimes autoritaires, une économie de marché néolibérale et un appareil technocratique, voire une post-démocratie16, située à l’extrême opposé des demandes et des projets sociaux des mouvements populaires contemporains. En outre, le terrorisme d’État a démontré à quel point un citoyen peut se trouver dans un état de vulnérabilité extrême. Le détenu-disparu est la figure phare de cette fragilité, qui ne peut qu’exister qu’en dehors de l’État de droit. Mais jusqu’à quand ce drame se perpétue-t-il ? La fin des périodes répressives ne marque pas pour autant la fin de cet état de vulnérabilité. Au contraire, il s’étend tout au long des périodes de rétablissement de la confiance dans l’État de droit et dans la démocratie, ainsi que dans l’assimilation du modèle néolibéral instauré par les régimes autoritaires. Dans chaque période les mouvements sociaux doivent ainsi se réinventer et faire preuve de créativité pour trouver des issues à l’état de vulnérabilité. C’est pourquoi c’est d’une résilience, d’une capacité de résistance, de reproduction et de courage, dont il faudrait parler pour décrire ces mouvements.
La résilience et l’écriture de la catastrophe
10À partir de la mise en représentation, filmique et textuelle, d’une résilience collective face au terrorisme d’État et à ses conséquences, cette étude cherche à analyser certaines images et certaines formes narratives propres à une écriture et à une iconographie de la catastrophe, ainsi qu’à en tirer des éclaircissements à propos des discours et des positionnements politiques qui en découlent. Ces représentations impliquent par ailleurs des dilemmes éthiques touchant à la façon de représenter, de dénoncer et de contester l’horreur et ses conséquences. Le problème est celui constamment souligné et décrit par Adorno, puis par Lyotard, que nous pouvons résumer en une seule question : comment penser et « phraser » après Auschwitz ? Comment la littérature et le cinéma peuvent proposer un langage critique, une parole résistant à la rationalité instrumentale et eschatologique d’un phénomène comme le terrorisme d’État ? Comment représenter la souffrance, en résistant en même temps aux pratiques discursives qui l’ont rendue possible ? Comment éclaircir le différend existant entre celui pour qui il y a eu catastrophe et celui qui la nie ? De quelle manière et avec quels outils affronter le spectacle de l’horreur et la figuration ordinaire de la violence17 ? George Steiner disait déjà que le langage est un organisme vivant, possédant une force de vie et de mort18. Des singularités historiques telles qu’Auschwitz ou la violence étatique extrême révèlent une décadence du langage, provoquant ainsi la tentation du silence. Est-il alors possible de narrer et de montrer l’horreur et ses conséquences, et ce qui a précisément engendré la fragilisation d’une identité consubstantielle à l’État de droit et au contrat social ? Et s’agit-il alors d’une entreprise non seulement de résistance, mais de résilience ? Si oui, comment s’élabore-t-elle ? À travers quels moyens, la dénonciation, l’injure, le bégaiement, le langage inarticulé, l’absurde ? Ces implications éthiques sont d’autant plus importantes qu’un récit peut non seulement servir à articuler et donner du sens à une expérience issue d’un état de vulnérabilité, mais il ouvre la voie à la transmission de cette expérience. Au-delà de la représentation, le rôle de ce genre de récits est aussi et surtout celui de s’engager dans la communication de l’événement, dans la mise en perspective de celui-ci et dans la consolidation d’identités collectives autour de lui19.
Les pays et les périodes : récits et images
11Avec le souhait de construire une histoire comparée, le choix s’est porté sur trois pays : l’Argentine, le Chili et le Mexique. Ces trois pays ont une histoire partagée. Tous ont traversé des périodes d’autoritarisme, ainsi que des périodes dites « de transition » ou de démocratisation et des périodes de mémoire ou de patrimonialisation de la mémoire. Certes, cette histoire se déplie de manière différente dans chacun des cas, mais elle est la preuve de la confluence et de la circulation de discours particuliers dans la région. Nous pourrions affirmer, comme Edward Saïd le fait en parlant d’une histoire globale, que l’histoire de la région est une histoire d’appropriations, d’expériences communes et d’interdépendances entre les sociétés elles-mêmes20. L’Argentine, le Chili et le Mexique constituent par ailleurs une triade paradigmatique. Du Mexique au Chili, nous passons d’une démocratie autoritaire et impersonnelle à une dictature autoritaire concentrant le pouvoir sur une personne, le cas argentin représentant l’intermédiaire entre les deux premiers.
12Pour mettre en perspective l’histoire récente de ces trois pays, nous avons pris le parti d’une périodisation en deux étapes. Durant la première période, la criminalisation des mouvements révolutionnaires ou de protestation, la discréditation de toute posture politique ou de tout collectif tendant vers une pensée dite « de gauche », surtout quand elle est marxiste, devient de plus en plus violente. Les représentants des groupes politiques dominants se radicalisent en revendiquant une tradition de tendance nationaliste et, dans le cas du Chili et de l’Argentine, catholiques. Enfin, l’usage asymétrique de la force et l’instauration d’un état d’exception sous prétexte d’une « pacification » ou du maintien d’une « stabilité » du pays est à l’ordre du jour. En faisant référence à l’étymologie du mot « catastrophe21 », on peut nommer strophe de la terreur le discours traduisant cet ensemble de phénomènes. Ces derniers sont, en effet, représentatifs de la période, et s’accompagnent d’un discours dominant comme s’il s’agissait de la strophe cadencée d’un chœur. Face à cette situation, on voit apparaître des témoignages, des récits et des images qui mettent en avant la résilience vis-à-vis d’un tel drame, et qui viennent ajouter à la strophe son kata, ou son achèvement, où achèvement signifie, à la fois, une mise en représentation de l’expérience vécue et une manière d’introduire la question de la fin de la catastrophe : quand finira-t-elle ?
13La première partie aborde ainsi des récits et des images que l’on a appelés récits et images « de la catastrophe ». Pour ce faire, nous étudions des textes et des films écrits et réalisés à partir de témoignages issus de situations-limites et d’expériences précises : la désintégration sociale comme conséquence directe d’une répression extrême, propre à faire valoir les intérêts et les méthodes biopolitiques des régimes autoritaires. En ce sens, et dans la perspective de Zygmunt Bauman, l’expérience dont rend compte le récit et l’image de la catastrophe devrait être étudiée comme un « laboratoire sociologique » car elle expose des attributs de notre société que nul laboratoire ou expérience empirique ne peut traiter. « Ce genre de catastrophes teste des possibilités d’existence de la société humaine », écrit-il22. C’est ainsi que nous avons décidé de traiter, à travers les œuvres du corpus, trois types d’expériences dérivées du terrorisme d’État : la disparition forcée, l’état d’exception et la stigmatisation.
14Les œuvres que nous avons choisies d’étudier ont marqué historiquement la période et sont demeurées centrales tout au long de l’histoire récente de ces pays. Ainsi, tout d’abord, dans le cas argentin, nous nous focaliserons sur le film Las tres A son las tres Armas (1977) du collectif Cine de la base et le texte de Rodolfo Walsh dont il est l’adaptation, Carta abierta de un escritor a la junta militar23 (1977). Ensuite, pour le cas chilien, nous avons choisi La bataille du Chili (1974-1979) de Patricio Guzmán et Génocide au Chili24 (1975) du romancier Carlos Cerda25. Enfin, pour le cas du Mexique, nous analyserons El grito de la brigade cinématographique universitaire du CUEC26 (1969) et La noche de Tlatelolco27 (1971) d’Elena Poniatowska.
15La seconde partie aborde la période des dites « transitions », où il est question de la mise en valeur de la démocratie et des droits de l’homme, de la recherche d’un consensus politique et économique de « stabilisation » du pays et, enfin, de la fonctionnalité et de la possible application d’une justice transitionnelle. Le tout encadré par des démarches pédagogiques, morales et émotives, propres à stimuler une réconciliation nationale. À la différence de ce qui se passe durant la période précédente, les « transitions » ont supposé aussi l’essor d’une mémoire collective liée à des débats sur les appels réitérés à une justice pénale effective, au point de propager, vers la fin de ces périodes, une « fièvre commémorative », ou une « hyper-mémoire », selon les termes de Lvovich et Bisquert28. Cette éclosion de la mémoire collective arrive avec des changements politiques importants qui pourraient marquer le début d’une troisième période29. De plus, c’est aussi pendant cette période que se développe une pensée locale sur la mémoire30.
16On nomme donc strophe de transiliation cet ensemble de discours et de pratiques, dont le kata serait constitué de récits et d’images qui posent une question particulière à propos de la fin de la catastrophe : a-t-elle vraiment fini ? Ces images et récits sont dits catastrophiques puisqu’il s’agit de penser la fin du terrorisme d’État dans une période d’incertitude. Ainsi, ce deuxième type de récits et d’images met en jeu la question de la durée de la catastrophe. Par durée, nous entendons le sentiment paradoxal d’une permanence dans un moment de changement, et ce d’autant plus intensément qu’un monde semble à jamais perdu, celui, précisément, qu’incarnent les victimes du terrorisme d’État. Dès lors, ces récits et ces images sombrent parfois dans le pessimisme, parfois s’abandonnent à une conception sceptique de l’avenir, ou encore se livrent à une mythification du passé ou à un prophétisme du futur. Dans tous les cas, ils s’alimentent d’une atmosphère à la fois de crainte et de renaissance des luttes populaires guidées par un besoin de vérité, de mémoire et de justice. Dans ce contexte, la littérature et le cinéma de fiction sont les plus symptomatiques de ce catastrophisme ambiant. Certes, la littérature et le cinéma dits de témoignage restent importants, mais ils s’inscrivent désormais surtout dans la temporalité des commémorations et de leurs cadres discursifs.
17En outre, pour étudier la durée et le sentiment de perte d’un monde, nous avons pris en considération la manière dont une sorte de logique catastrophiste s’articule à l’intérieur de ces images et de ces récits. En effet, comme l’indique Michael Foëssel, si la pensée apocalyptique peut reposer sur des constats justes, néanmoins, les réponses données à la constatation d’une « perte en monde » diffèrent31. Il y aurait ainsi des « bonnes » et des « mauvaises » réponses. Nous laissons de côté le jugement moral et optons plutôt pour une approche logique : c’est ainsi que nous travaillerons sur la base des logiques que chacune des œuvres déploie pour consolider sa propre pensée du catastrophisme.
18Pour étudier les images et les récits catastrophiques nous proposons un corpus d’œuvres dont les histoires possèdent une portée allégorique notable et dont le catastrophisme est latent. Ainsi, pour l’Argentine, nous étudierons La sonámbula (1998) de Fernando Spiner et La ciudad ausente32 (1992) de Ricardo Piglia. Pour le Chili, nous avons fait le choix d’analyser La frontera (1991) de Ricardo Larraín et le roman Los vigilantes33 (1994) de Diamela Eltit. Enfin, pour le Mexique, nous traiterons le film à notre avis le plus intéressant de la période, Rojo amanecer (1989) de Jorge Fons, et le roman Héroes convocados. Manual para la toma del poder34 (1982) de Paco Ignacio Taibo II.
Notes de bas de page
1 Le mot globocide a été utilisé par Gunther Anders pour désigner l’extermination des êtres humains par le biais de la bombe atomique. Voir David Christophe, « Günther Anders et la question de l’autonomie de la technique », Écologie & politique, no 32, 1er janvier 2011, p. 179-196.
2 Voir les études de : Rabinbach Anson, In the Shadow of Catastrophe: German Intellectuals between Apocalypse and Enlightenment, Berkeley, Calif./Londres, University of California Press, 2001 ; Münster Arno, Progrès et catastrophe, Walter Benjamin et l’histoire : réflexions sur l’itinéraire philosophique d’un marxisme « mélancolique », Paris, Kimé, 1996 ; Münster Arno, Principe responsabilité ou principe espérance ? Hans Jonas, Ernst Bloch, Günther Anders, Paris, Bord de l’Eau, 2011.
3 Voir notre intervention au colloque international « Écrire les catastrophes », université Paris-Sorbonne, 14 décembre 2016, consultable sur notre carnet hypothèses. Voir Jurado David, « Usos y abusos del término “catástrofe” y sus narrativas en el pensamiento latinoamericano », billet, Face à la catastrophe (blog), 2016, en ligne, [http://catnotes.hypotheses.org/634], consulté le 3 mars 2021.
4 Amiot Julie et Berthier Nancy (dir.), Frente a la catástrofe: temáticas y estéticas en el cine español e iberoamericano contemporáneo, Paris, Éditions Hispaniques, 2017.
5 Dove Patrick, The Catastrophe of Modernity: Tragedy and the Nation in Latin American Literature, Lewisburg, Bucknell University Press, 2004.
6 Avelar Idelber, Alegorías de la derrota: la ficción postdictatorial y el trabajo del duelo, Santiago, Editorial Cuarto Propio, 2000.
7 Anderson Mark D., Disaster Writing the Cultural Politics of Catastrophe in Latin America, Charlottesville/Londres, University of Virginia Press, 2011.
8 À part ces trois ouvrages engagées dans une réflexion sur les liens entre la « catastrophe » et le récit, on peut trouver des études de cas portant soit sur des œuvres littéraires liées à des aléas naturels particuliers, soit sur des œuvres ou des auteurs analysés du point de vue de la « catastrophe ». Voir par exemple : Munro Martin, Writing on the Fault Line: Haitian Literature and the Earthquake of 2010, Oxford, Liverpool University Press, 2015 ; Rojas Sergio, Catástrofe y trascendencia en la narrativa de Diamela Eltit, Santiago, Sangría, 2012.
9 Suivant la voie de Kenneth Hewitt (Interpretations of Calamity from the Viewpoint of Human Ecology), Greg Bankoff a questionné l’utilisation du terme « catastrophe » pour décrire des phénomènes « naturels » infortunés, terme qui ne servirait dans ces contextes qu’à déresponsabiliser une mauvaise gestion des risques et à cacher un état de vulnérabilité sociale. Bankoff Greg, « No such Thing as Natural Disasters », Harvard International Review, 2010, en ligne, [http://hir.harvard.edu/no-such-thing-as-natural-disasters/] (erreur en 2021).
10 Quenet Grégory, « La catastrophe, un objet historique ? », Hypothèses, no 1, 1999, p. 17.
11 Définition tirée du livre de Montemayor Carlos, La violencia de estado en México: antes y después de 1968, Mexico, Debate, 2010, p. 183.
12 C’est-à-dire que « le pouvoir n’a en face de lui que la pure vie biologique sans aucune médiation ». Cf. Agamben Giorgio, Moyens sans fins : notes sur la politique, Paris, Payot et Rivages, 1995, p. 51.
13 Lyotard Jean-François, Le différend, Paris, Éditions de Minuit, 1983, p. 145.
14 Pour plus de détails sur le rapport entre les mouvements sociaux et la production artistique, notamment littéraire, en Amérique latine se référer à Avelar Idelber, « Oedipus in post-auratic times », The untimely present: postdictatorial Latin American fiction and the yask of mourning, Duke University Press, 1999.
15 Katz Friedrich, « La Guerra Fría en América Latina », in Daniela Spenser (ed.), Espejos de la Guerra Fría: México, América Central y el Caribe, Mexico, Porrúa, 2004, p. 11-28.
16 Terme de Jacques Rancière pour designer la soumission de la politique à la gestion du capital. Cf. Rancière Jacques, La mésentente politique et philosophie, Paris, Galilée, 1995, p. 156.
17 Lyotard Jean-François, Le différend, op. cit., p. 91.
18 Steiner George, « The holow miracle », Language and silence: ssays on Language, Literature, and the Inhuman, New York, Atheneum, 1967.
19 Voir Ricœur Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Le Seuil, 1990 ; Michel Johann, Sociologie du soi : essai d’herméneutique appliquée, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.
20 Saïd Edward W., Culture and Imperialism, New York, Knopf/Random House, 1993, p. 262.
21 « Catastrophe renvoie au latin catastropha, du grec katastrophê (bouleversement, fin, dénouement), qui peut être décomposé en strophê (action de tourner, volte, évolution) et kata qui signifie vers le bas, exprime l’idée de l’achèvement de l’action », Quenet Grégory, « La catastrophe, un objet historique ? », art. cité, p. 17.
22 Bauman Zygmunt, Modernity and the Holocaust, Mazal Holocaust Collection, Ithaca, NY, Cornell University Press, 1989, p. 13, notre traduction.
23 Walsh Rodolfo J., « Carta abierta de un escritor a la junta militar », Operación masacre, 45e édition, Buenos Aires, Ediciones de la Flor, 2013, p. 225-236.
24 Cerda Carlos, Génocide au Chili, Paris, F. Maspero, 1974.
25 Nous avons préféré l’ouvrage de Carlos Cerda à l’ouvrage emblématique de la période, Tejas verdes: diario de un campo de concentración en Chile (1974) d’Hernán Valdés, car celui-ci se rapportait à un corpus d’œuvres différent, celui des témoignages des anciens prisonniers politiques, comparables à des ouvrages comme Preso sin nombre, celda sin número (1981) de l’Argentin Jacobo Timerman et ¿Por qué no me dijiste todo? (1980) du Mexicain Salvador Castañeda. Ces œuvres mériteraient ainsi une analyse à part entière.
26 Centro Universitario de Estudios Cinematográficos.
27 Poniatowska Elena, La noche de Tlatelolco; testimonios de historia oral, Mexico, Ediciones Era, 1971.
28 Lvovich Daniel et Bisquert Jaquelina, La cambiante memoria de la dictadura: discursos públicos, movimientos sociales y legitimidad democrática, Buenos Aires, Biblioteca Nacional/Universidad Nacional de General Sarmiento, 2008, p. 108.
29 Dans le Cône sud, des gouvernements dits « de gauche » arrivent au pouvoir et au Mexique le PRI est battu aux élections présidentielles pour la première fois depuis 1929.
30 Claudia Feld et Jessica Sites Mor signalent ainsi que la recherche du début du siècle en Amérique latine a fait de la mémoire un « centre de gravité ». Voir Feld Claudia et Stites Mor Jessica, El pasado que miramos: memoria e imagen ante la historia reciente, Buenos Aires, Argentine, 2009.
31 Ainsi, on pourrait dire que celle de Gunther Anders serait mauvaise puisqu’il date la catastrophe, alors que celle de Kant serait une bonne réponse car, résumé de manière grossière, il démonte le rationalisme du prophétisme pour lui opposer une pensée pratique. Voir Foessel Michaël, Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique, Paris, Le Seuil, 2012.
32 Piglia Ricardo, La ciudad ausente, Argentina, Seix Barral, 1997.
33 Eltit Diamela, Los vigilantes, in Tres novelas, Mexico, Fondo de Cultura Económica – Édition numérique, 2004.
34 Taibo II Paco Ignacio, Héroes convocados: manual para la toma del poder, Mexico, DF, Editorial Grijalbo, 1982.
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