La notice 294 du cartulaire de Redon : les moines, la réforme et la société
p. 131-143
Texte intégral
1Intonante per universum mundum Ewangelica tuba ac dicente : si quis dimiserit patrem aut matrem aut uxorem aut filios aut agros propter regnum Dei, centuplum accipiet, et vitam aeternam possidebit ; vir quidam vite venerabilis, presbyter de Montaltor, cupiens ad hanc perfectionem venire, consuluit episcopum suum Mainum, scilicet Redonensem, quomodo vel quibus heredibus hereditatem suam relinquere deberet. Cui episcopus ewangelice respondit ut ea que Cesaris sunt Cesari redderet, et ea que sunt Dei Deo ; hoc est secularia secularibus, aecclesiastica aecclesię. Cui vir ille : cujus sancti aecclesie ea dabo ? Episcopus dixit : a quo salutem speras ? Et sacerdos : ad quam vis mitte me. Misit itaque eum episcopus ad Salvatoris Rothonensem aecclesiam, jubens ei ut omnia sua aecclesiastica ei donaret a quo omnis salus speratur. Dedit igitur Salvatori suo et monachis in Rothono ei servientibus aecclesiam sancte Marię de Montaltor, cum omni parrochia sua, cum terris, silvis, pascuis aquarumque decursibus ; sua vero alia predia, ut hanc elemosinam sine calumnia dimitterent, suis parentibus dedit, et ita exul factus, secutus est Christum. Post non multum vero temporis, elevato Conano principe super omne regnum Britannie, dum episcopus Mainum sermonem faceret ad populum, inter cetera dixit : honoravimus hodie principem terrenum, honoremus et celestem, exorantes terrenum ut elemosinam quandam quam quidam meus presbyter meo consilio et meo jussu nuperrime Salvatori nostro et ejus aecclesie Rothonensi fecit, cum obtimatibus suis presentibus, confirmare dignetur. Confirmavit igitur Conanus, novus consul, elemosinam sicut presbyter Radulfus eam liberam dederat, sine censu, sine tributo, sine renda ulli homini nisi ęcclesie Rothoni, exceptis V solidis qui Gorantoni pro custodia darentur in nativitae sancte Marie, et octo denariis qui episcopo pro sinodo in Pentecosten et ita monachorum homines ab omni servitute liberi solis monachis servirent. Si eos ergo contingerit aliquod forisfactum facere in parrochia sua aut in toto Vitrieiensi territorio, monachorum est eos justiciare et omnia sua jura tam episcopalia quam consularia de eis habere ; similiter, si aliquid vendiderint aut emerint in predicto territorio, thelonea sua monachi de eis habebunt. Facta sunt hęc in Redonensi civitate, coram Conano chomite, in die qua chomes factus est, faventibus Goslino vicecomite Redonie et Roberto Vitreiensium custode, et Gorantone cum patre suo Herveo, Maino episcopo eos excommunicantes omnes quicumque hęc scienter violare presumpserint. Testes horum ipse Conanus dux, Goscelinus vicecomes, Robertus Vitreiensis ; Goranton cum Herveo patre suo ; Rivallonus de Roureia ; Rivaldus de Tasleia ; Normadnus de Fou ; Goslinus Niger ; de clericis : venerabilis episcopus Mainus ; Arnulfus archidiaconus, cum omni conventu sancti Petri ; de monachis : Valens ; abbas Perenesius qui, rogatu venerabilis Roberti Vitreiensis et aliorum baronum illius terre, dignitatem quam habet ab aecclesia Romana sancta aecclesia Rhotonensis, predicte aecclesie in partibus illis, rogante episcopo, concessit. Dignitas aecclesie Rothoni talis est ut quicumque, a fluvio Ligeri usque ad mare, quos etas aut sexus aut certa impediementa inpediant ut Romam ire non possint, si ter in anno ad eam venerint, votum solvant Romam eundi ; hoc idem consequentur quicumque ad Salvatoris aecclesiam Rhotonensem propter supradicta inpedimenta venire nequerint, et ejus genitricis Marie aecclesiam de Montaltor ter in anno digne visitaverint. Hoc concesserunt monachi qui cum abbate erant, et per eos omnis conventus. Fiat. Amen.
2Texte établi par H. Guillotel, Les actes inédits des ducs de Bretagne (944-1148), thèse dactylographiée, université de Paris 2, 1973, acte 53, p. 191-194.
Traduction
3La trompette évangélique a retenti dans le monde entier et elle a proclamé : « Celui qui laisse son père ou sa mère ou sa femme ou ses fils ou ses champs à cause du royaume de Dieu, recevra au centuple et possèdera la vie éternelle ». Un homme à la vie vénérable, à savoir Raoul, prêtre de Montautour, désireux de parvenir à cette perfection, consulta son évêque Main, c’est-à-dire celui de Rennes, [pour savoir] comment et à quels héritiers il devait laisser son héritage. L’évêque lui répondit de manière évangélique qu’il devait rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ; c’est-à-dire les biens séculiers aux séculiers et les biens ecclésiastiques à l’Église. L’homme lui [demanda] : « À l’église de quel saint les donnerai-je ? ». L’évêque dit : « À celui dont tu espères le salut ». Et le prêtre : « Envoie-moi à celle que tu voudras ». C’est pourquoi l’évêque l’envoya à l’église du Sauveur à Redon, lui ordonnant de donner tous ses biens ecclésiastiques à celui dont on espère tout le salut. Il donna donc à son Sauveur et aux moines qui le servent à Redon l’église Sainte-Marie de Montautour avec toute sa paroisse, avec les terres, les bois, les pâtures et les eaux courantes ; il donna ses autres biens à ses parents pour qu’ils abandonnent cette aumône sans contestation, et s’étant ainsi retiré [du monde], il suivit le Christ. Peu de temps après, Conan étant élevé à la principauté sur la Bretagne tout entière, pendant que l’évêque Main faisait un sermon au peuple, il dit entre autres : « Nous avons honoré aujourd’hui un prince de la terre honorons celui du ciel, supplions celui de la terre de daigner confirmer avec ses grands ici présents une aumône que l’un de mes prêtres, sur mon conseil et mon ordre a fait très récemment à Notre Sauveur et à son Église de Redon. Conan, nouveau consul, confirma donc l’aumône totalement libre comme le prêtre Raoul l’avait donnée, sans cens, sans tribut, sans redevance à aucun homme si ce n’est à l’Église de Redon, exceptés 5 sous donnés à Goranton pour son droit de garde à la Nativité de sainte Marie et 8 deniers à l’évêque pour le synode à la Pentecôte et que les hommes des moines, libres de toute servitude, ne servent que les seuls moines. S’il leur arrivait de commettre quelque forfait dans leur paroisse ou sur tout le territoire de Vitré, il appartient aux moines de les juger et ceux-ci auront sur eux tous les droits de l’évêque et du comte ; de même s’ils vendent ou achètent dans le susdit territoire, les moines auront les tonlieux. Cela fut fait dans la cité de Rennes, en présence du comte Conan le jour où il devint comte, avec l’accord de Goscelin vicomte de Rennes, de Robert gardien de Vitré et de Goranton avec son père Hervé, de l’évêque Main menaçant d’excommunication tous ceux qui oseraient sciemment violer cela. Témoins : le duc Conan lui-même ; le vicomte Goscelin, Robert de Vitré, Goranton avec son père Hervé ; Rivallon de la Rouvraye ; Rivaud de Taillis ; Normand du Fou ; Goslin le Noir ; pour les clercs : le vénérable évêque Main ; Arnulf archidiacre, avec toute la communauté de Saint-Pierre ; pour les moines : Valens. À la demande du vénérable Robert de Vitré et des autres barons de cette terre, ainsi que de l’évêque, l’abbé Pérenès concéda le privilège que possédait l’Église de Redon du don de celle de Rome à la dite église en ces contrées. Le privilège de l’Église de Redon est tel que quiconque habitant entre la Loire et la mer, que son âge, son sexe, ou de réels empêchements empêchent qu’il puisse se rendre à Rome, le fait d’aller trois fois en une année à cette église lui vaut accomplissement du vœu d’aller à Rome. De même, il s’ensuit que quiconque ne pourra venir à l’église du Sauveur de Redon à cause des empêchements évoqués, pourra visiter dignement trois fois en une année l’église de sa mère Marie à Montautour. Les moines qui étaient avec l’abbé concédèrent cela et par leur intermédiaire toute la communauté. Que cela soit ainsi. Amen.
4La traduction est celle publiée par H. Guillotel dans l’Introduction du Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Rennes, 1998, p. 45, jusqu’à « … eaux courantes ».
5La notice 294 du cartulaire de Redon dans l’édition ancienne d’Aurélien de Courson surprend par son début dialogué qui tranche totalement avec les habitudes classiques des chancelleries mais, après une lecture un peu approfondie, se révèle riche d’informations diverses dont certaines présentent même un caractère exceptionnel1. Certes, comme beaucoup de celles datant des temps féodaux et contenues dans le cartulaire de Redon, elle provoque la suspicion. Faux et autres manipulations ne manquent pas dans ce recueil dont toute la seconde partie souffre d’une mauvaise réputation qui la fait négliger au regard de la partie carolingienne dont on ne se lasse pas de recueillir les richesses.
6Par ses travaux érudits et d’une grande pertinence, H. Guillotel s’est plongé dans ces chartes et notices pour en scruter la sincérité et nous offrir suffisamment d’outils pour leur accorder l’intérêt qu’elles méritent. La notice 294 illustre au mieux ces remarques et son étude nous paraît avoir ici toute sa place. Elle montre éloquemment par la richesse de sa construction diplomatique ce que D. Barthélemy a appelé la narrativité des notices de l’Ouest, concerne une donation d’église en véhiculant, sans doute, les prémices de la réforme grégorienne et nous livre de riches aperçus sur les structures politiques et seigneuriales de la Bretagne de la première moitié du xie siècle2. C’est beaucoup pour un texte finalement assez court.
Une notice complexe
7L’acte occupe deux pages du cartulaire original, le fol. 141 v° et le 142 r°3. Il rapporte la donation de l’église de Montautour, une possession très excentrée vers le nord du patrimoine redonais, et peut, fait assez exceptionnel, être daté précisément de 1047-1048. Cependant, il présente une certaine complexité dans sa composition et ne va pas sans soulever des problèmes concernant son authenticité.
8Nous sommes en présence d’un bon exemple de ces notices qui fleurissent dans la documentation de l’Ouest à partir de 1040. Le rédacteur a pris une grande liberté à l’égard des formes les plus classiques de l’écriture de chancellerie et, suivant une habitude fréquente que l’on retrouve dans les cartulaires angevins, les deux pages réunissent plusieurs actes égrenés dans le temps mais qui récapitulent les différentes étapes du don. Se présente d’abord, la réécriture de l’acte de donation par le prêtre Raoul. Après un préambule inauguré par une phrase apocalyptique d’une tonalité qu’affectionnent les scribes de Redon et une référence évangélique relative à l’abandon de tout pour suivre le Christ qui sied bien à la donation suivie de l’entrée au monastère du donateur, commence une narration dans la forme d’une notice qui cumule la présentation du donateur et l’exposé de ses motifs avant de tourner très vite à la transcripion d’un dialogue d’abord en style indirect puis totalement direct4. Sous cette forme peu commune se précisent tous les éléments de la démarche de Raoul et la dernière phrase revient au style narratif pour définir le contenu du don et l’entrée au monastère qui le conditionne. On peut s’interroger sur ce recours au dialogue. Le fait n’est guère courant mais se retrouve en Anjou. D. Barthélemy y fait allusion et l’on peut citer deux actes un peu postérieurs qui intègrent des dialogues mais sous une forme moins développée qu’ici5. Une notice de plaid du cartulaire de Saint-Aubin d’Angers transcrit une phrase du comte qui est assez vraisemblable mais celle de la création de la paroisse de La Roë nous oriente vers une hypothèse qui pourrait rendre compte d’un tel choix6. En effet, dans un long récit de la cérémonie de bénédiction du nouveau cimetière par l’évêque d’Angers, le scribe rapporte l’échange entre le prélat qui demande les limites de la future paroisse et le seigneur donateur qui lui répond7. Il semble que le but poursuivi soit de rapporter les paroles essentielles prononcées en public, au moins dans leur teneur. Dans la pièce de Redon, le dialogue, quoique plausible, est fictif, à moins qu’il ne veuille enregistrer une cérémonie publique où le prêtre s’est engagé.
9Brutalement, le texte passe à un autre acte : la confirmation ducale, rédigée comme un récit circonstancié mettant en valeur de nouveau l’évêque et bien sûr le comte. Tout indique comme probable que ce passage s’appuie sur un original de confirmation. Par contre, la donation y est beaucoup plus détaillée et il est fort possible qu’elle soit augmentée au passage de dons des seigneurs de Vitré. La notice se termine très classiquement par une liste de témoins qui, pour une part, sont aussi des acteurs.
10C’est alors que se présente un nouveau volet. L’abbé de Redon, Pérénès, gratifie, à la demande de Robert de Vitré, d’un privilège étonnant l’église de Montautour. Elle pourra développer un pèlerinage à Marie qui vaudra dans certaines conditions, un voyage à Rome. H. Guillotel a bien montré l’interpolation de ce passage, aussi peut-on se limiter ici à reprendre ses conclusions. En effet, ce privilège accordé à l’abbaye figure au cartulaire dans une lettre manifestement fausse du pape Adrien au roi Salomon de Bretagne. Par ailleurs, on ne voit pas comment canoniquement l’abbé pourrait transmettre ce privilège, c’est parfaitement impossible8. Un tel constat entraîne évidemment la question de l’authenticité de l’acte. Les moines de Redon, ne se sont pas privés d’accumuler les faux et se sont même livrés à un « véritable maquillage » du cartulaire pour tenter de masquer leur fraude et H. Guillotel a proposé une explication liée à la reconstitution et à la préservation du patrimoine pendant une époque difficile pour l’abbaye9.
11Des auteurs anciens en avaient conclu à la fausseté de la totalité de la pièce, ce qui est vraisemblablement excessif10. La recherche en diplomatique a permis d’affiner les jugements et plusieurs faits militent en faveur de l’authenticité du reste du texte. Rapidement, on peut dire que l’église de Montautour appartient bien à Redon, qu’aucune discordance chronologique ou autre ne peut être relevée et H. Guillotel ajoute avec raison que les moines n’auraient pas mentionné dans un faux les redevances et charges qui pesaient sur l’église. Par contre, il faut souligner que le texte interpolé est parfaitement intégré dans l’acte copié dans le cartulaire dans la seconde moitié du xie siècle. Il s’agit de la reprise d’un faux antérieur mais réorienté puisque le privilège est accordé à Montautour. Ces remarques posent la question de la rédaction du texte sous la forme que nous lui connaissons. Est-elle de l’année de la donation, 1047-1048 ou a-t-elle été élaborée quelque temps plus tard pour la composition du cartulaire ?
12Ainsi analysée, la notice perd un peu de son étrangeté pour s’inscrire parfaitement dans l’évolution diplomatique du xie siècle et sa complexité s’éclaire. Le montage trahit, sans doute, les finalités qui ont provoqué sa fabrication et même l’interpolation du faux privilège n’est sans doute pas dépourvue de sens.
Donation d’église et réforme
13L’objet premier du texte est constitué par la remise à l’abbaye de Redon d’une église, celle de Montautour. On peut suivre les phases de ce don mais aussi percevoir, au moins partiellement, le statut des lieux de culte et du clergé, sinon certains éléments de la paroisse qui se dessine, le mot est cité, et peut-être entrevoir les prodromes de la réforme de l’Église en Bretagne.
14Tout d’abord apparaît le satut de l’église de Montautour. Le prêtre Raoul veut la donner pour faire son salut mais le scribe se montre fort discret à son égard. Il est présenté comme détenteur de l’église et des droits qui y sont attachés, ce qui lui permet de donner l’église Sainte Marie avec « toute la paroisse », l’expression étant suivie d’une énumération désignant un domaine foncier dans une expression typiquement carolingienne, « […] cum terris, silvis, pascuis aquarumque decursibus ». Cela évoque clairement le fief prebytéral et le mot parrochia doit être alors compris comme l’ensemble des droits rattachés à l’église dont jouit le desservant. On retrouve ainsi le constat effectué par E. Zadora-Rio en Touraine : l’emploi limité du terme parrochia avant le xiie siècle et pour désigner surtout les droits paroissaux et la communauté11. Par contre, on ignore la vraie portée du patrimoine du prêtre, en effet, la confirmation voit se profiler d’autres personnages titulaires de droits sur la paroisse. Goranton de Vitré, détient le droit de garde, c’est-à-dire de protection de la paroisse, une sorte d’avouerie. Comme c’est bien souvent le cas, le prêtre exerce un réel pouvoir mais pas la totalité, l’autorité étant partagée de façon éventuellement fort inégale12. Par contre, Raoul possède d’autres biens importants (predia) qu’il lègue aux siens, vraisemblablement ses neveux, détournant ainsi une éventuelle calupmnia. En pouvant être admis dans la communauté de Redon et en raison de l’ampleur de ses possessions, Raoul n’apparaît donc pas comme un simple desservant mais appartient sans doute à un lignage local de la petite aristocratie qui détient la paroisse et les droits paroissiaux dans son patrimoine. On retrouve de nombreux cas analogues dans l’environnement proche13. La famille de Taillis, dont Rivaud est ici témoin contrôle, en partie ou en totalité, cinq églises, trois dans le diocèse de Rennes et deux dans celui du Mans ; certains membres de ces familles exerçent la cura animarum tel Hervé qui donne l’église d’Erbrée à Marmoutier14.
15La complexité d’un tel statut rend plus difficile l’identification de la réalité paroissiale. Le terme parrochia est employé par deux fois. Dans le premier cas, il s’applique aux droits perçus. Dans le second, il s’agit d’une réalité plus spatiale puisqu’il intervient en balancement avec « territorium Vitrieiensi » mais le terme se place nettement sur le plan de l’exercice du pouvoir15. Cet emploi est précoce, peu de temps auparavant, l’évêque de Rennes, Gautier emploie encore le mot pour désigner son diocèse16. Il ne serait donc pas impossible que ce texte ait été vraiment écrit ou réécrit lors de la confection du cartulaire, c’est-à-dire dans la seconde moitié du xie siècle pendant laquelle cet usage se répand et où la paroisse commence à préciser son caractère spatial. De toute évidence, le cadre se dessine mais il dépasse très largement le domaine religieux. Si devant l’évêque, le prêtre se défait de sa parrochia, la confirmation ducale fait intervenir des données beaucoup plus seigneuriales.
16L’aumône est confirmée en reportant sur l’abbaye les redevances désignées : cens, tribut et rentes. Les mots demeurent vagues mais se rapportent visiblement, au moins pour une part, à la dimension seigneuriale, même si l’usage est de confondre les champs religieux et seigneuriaux que l’époque ne distingue pas17. Sont évoquées la justice sur les hommes de la paroisse puis les redevances économiques portant sur les échanges : les tonlieux. Robert de Vitré et Goranton, en favorisant le don, ont sans doute abandonné quelque chose, le maintien des 5 sous de garde le prouve a contrario. La paroisse se présente donc comme un village, la cellule sociale qui organise la communauté humaine et à laquelle le domaine religieux offre un cadre particulièrement fort18. Cependant, ces remarques nuancent la question du rapport à l’espace. Incontestablement, l’église de Montautour s’inscrit dans un espace mais est-il strictement défini et de caractère religieux ? La réponse ne peut être pleinement positive. Les droits et les hommes rattachés à l’église occupent certes un espace mais rien n’indique qu’il soit vraiment homogène et aucune limite n’est précisée. Il s’agit bien plutôt d’une « enveloppe territoriale » selon l’expression de E. Zadora-Rio dont les marges demeurent floues et par ailleurs, ce territoire n’est pas de nature strictement religieuse, il sert de référence pour des activités profanes, justice et commerce19.
17Par contre, le contexte de réforme religieuse transparaît assez clairement. La donation n’a rien d’une restitution et les motivations du prêtre touchent essentiellement son salut, nous ne savons d’ailleurs rien de son comportement, sinon qu’il est qualifié d’homo venerabilis, ce qui ne signifie pas obligatoirement une conduite canoniquement correcte. Cependant, tout le document met en évidence le rôle premier de l’évêque Main qui incontestablement appartient au milieu rénovateur, tout comme l’abbé Pérénès de Redon20. Main annonce un retournement de situation sur le siège de Rennes. Ce fils d’Hamon II, vicomte d’Alet, après avoir été chantre de la cathédrale accéda à l’épiscopat après plusieurs membres d’une famille qui l’avait accaparé21. Sa présence à Rome au concile réformateur de 1050 et sa reconsécration par le pape, tout comme Pérénès, indiquent ses orientations. C’est à cet évêque que s’adresse Raoul et l’on comprend mieux l’envoi vers Redon, l’abbaye rennaise de Saint-Melaine n’étant pas encore réformée. Par contre, tout comme Airard à Nantes quelques années plus tard, il ne transige pas avec les droits de l’évêque sur les églises paroissiales en rappelant son droit de synode levé à la Pentecôte22. Bien plus, Main préside la cérémonie d’intronisation du nouveau duc et apparaît comme l’initiateur et l’organisateur de tout le processus de confirmation de la donation de l’église.
18Il ressort donc de ce texte un portrait flatteur qui met en valeur le rôle dynamique d’un évêque réformateur, nullement affaibli dans son rôle de pasteur et d’administrateur, ses liens juridiques autant que pastoraux avec son clergé semblent, de toute évidence, assez réels, c’est du moins ce que le texte tente d’accréditer et qui n’est peut-être pas si loin d’une certaine réalité. Et tout cela, s’opère en plein accord avec son archidiacre Arnulf suivi du chapitre cathédral, « cum omni conventu Sancti Petri ».
19Dans ce contexte, il est possible de tenter une explication de l’interpolation finale du privilège. Le faux avéré possède néanmoins une raison d’être. Nous ne sommes pas obligés de croire, comme il est écrit, que ce fut à la demande des barons et de l’évêque et la délégation du privilège à Montautour ne confirme guère le faux en faveur de l’abbaye de Redon. Le pèlerinage marial à Montautour fut revivifié au xixe siècle mais dans les siècles précédents il ne semble avoir qu’une aura des plus limitées, les archives n’en conservant guère de trace23. La tentative de fonder un pèlerinage ne rencontra donc qu’un succès très mitigé. Les moines ont pu vouloir enrichir leur prieuré d’un pèlerinage local qui avait peut-être déjà une certaine existence, le site très particulier du village a pu jouer son rôle, nous sommes, en effet, sur le point culminant du département d’Ille-et-Vilaine.
20En l’absence d’autres sources, nous ne pouvons guère aller au-delà de l’hypothèse mais ce n’est sans doute pas par hasard que ce faux vient s’installer dans la charte de Montautour. Nous voyons une paroisse qui s’organise dans un cadre diocèsain mieux structuré qu’on ne le pensait, même si le rapport desservant-évêque demeure plus personnel que hiérarchique24. La donation à une abbaye vise peut-être à l’installation d’un prieuré qui renforcerait cette paroisse et profiterait d’un éventuel rayonnement du pèlerinage. Cependant, l’un des intérêts majeurs du texte, c’est le portrait flatteur de l’évêque qui dans un élan déjà quasi grégorien guide la société laïque vers son salut.
Hiérarchie laïque
21La société laïque occupe une place de premier plan dans une affaire qui est avant tout ecclésiastique à première vue. En fait, le don d’église engage les différents pouvoirs et la notice inclut donc profondément les laïcs, ce qui n’étonne en rien dans la société du xie siècle. Pourtant, en multipliant les détails le récit va ici plus loin qu’il n’est habituel et nous apprend beaucoup sur des éléments majeurs de l’organisation politique et seigneuriale.
22En premier lieu, la seconde partie du texte met en scène un moment fort de la vie du duché, l’évêque Main préside en la cathédrale Saint-Pierre la cérémonie d’intronisation du duc Conan II. Le jeune fils d’Alain III mort en 1040 termine alors sa minorité et la notice semble s’accorder parfaitement avec trois mentions de la chronique de Quimperlé :
MXL : Obitus Alani Redonensis ducis Britaniae. Hic regnum suum filio Conano tremansi reliquit, kalendis octobris
MXLVII : Conanus puer de custodia patrui sui elabitur Redonis
MXLVIII : Redonenses Conanum recipient25.
23Le jeune héritier qui n’avait pas dix ans était passé sous l’autorité de son oncle Eudes qui avait secondé son frère Alain dans l’exercice du pouvoir26. En 1047-1048, en âge d’assumer le pouvoir, Conan prend en main le gouvernement du duché et s’émancipe. Le texte de Redon nous fait connaître la cérémonie qui suit cette décision et la manifeste tandis que la chronique souligne deux phases essentiellement politiques. En 1047, Conan se libère de la tutelle (custodia) de l’oncle, et l’année suivante, il semble accueilli en prince dans la ville de Rennes. À la lecture de ces deux phrases, un doute subsiste, non sur l’émancipation mais sur la date du texte. Si la cérémonie peut s’accorder à l’émancipation, il ne serait pas impossible de penser que l’acte politique une fois posé, il ne se soit concrétisé que l’année suivante lors d’une cérémonie dans la cathédrale de Rennes, ce que justifierait l’accueil fait par les rennais.
24La notice définit clairement la finalité de la cérémonie, il s’agit bien d’une intronisation présidée par l’évêque de Rennes. Le jeune Conan est alors élevé au titre de prince de toute la Bretagne. Le texte redondant reprend par deux fois le fait sous des formules différentes mais parfaitement en accord et la confirmation précise sans ambiguïté : « in die quo chomes factus est ». Conan est désigné par l’évêque comme prince et logiquement il gouverne le regnum. Il est donc assimilé aux plus grands des dirigeants de l’époque mais le terme de regnum ne se réfère sans doute pas directement au royaume breton des temps passés, il désigne seulement la principauté. La Bretagne figure alors au rang des grands regna du royaume27. Par contre, la référence à la totalité de la Bretagne contenue dans la titulature ne s’inscrit pas encore dans les faits. Le comté de Nantes échapppe alors à son autorité mais il mettra la main dessus en 1050 à la mort du comte Mathias.
25On note aussi avec intérêt la grande diversité des titres qui définissent les pouvoirs de Conan, ce qui ne signifie d’ailleurs pas obligatoirement une hésitation du scribe dans l’emploi du vocabulaire et certains sont déjà en usage dans les actes de son père Alain III28. Il faut plutôt constater à travers cette large palette, la grande souplesse de la définition de ses pouvoirs et une tentative plus ou moins consciente d’en préciser les contours plutôt fuyants comme celui de ses pairs au milieu du xie siècle. Il est d’abord : princeps, ce qui définit un type de pouvoir élevé, difficile à définir avec précision mais le place au plus haut niveau social et politique, quasi royal29. Le titre de comes plus précis se justifie par son appartenance à la maison de Rennes qui a, par la suite, étendu son autorité sur une partie au moins de la Bretagne. Ensuite, il est dit consul puis dux seulement dans l’énumération des témoins. Ce dernier mot est encore assez rare pour désigner les princes et il ne se fait guère jour qu’à cette époque, encore son emploi ne sera-t-il pas systématique. Longtemps les scribes balanceront entre dux et comes quand ils ne joindront pas les deux30. Tant qu’à consul repris plus loin par consularia, il introduit certes une note antiquisante mais c’est avant tout une trace de l’influence des chancelleries angevines qui donnent fréquemment du consul au comte d’Anjou31.
26Cette prise de pouvoir s’opère en présence des grands, les optimates dont le rôle de confirmation va de soi mais leur présence n’est peut-être pas seulement motivée par la cérémonie, il n’est pas impossible qu’ils aient voulu l’accession de Conan aux responsabilités32. S’agit-il d’un couronnement ? Il n’en est rien dit, mais il ne serait pas illégitime de le supposer en se référant aux siècles de la fin du Moyen Âge durant lesquels un cérémonial de remise de l’épée et de la couronne, le cercle ducal théoriquement, est bien connu33. L’expression « in die qua chomes factus est » pourrait justifier l’hypothèse d’autant plus que les princes du royaume cherchent à mettre en place ce genre de cérémonie34. Les grands ont pu aussi procéder à une élection/ confirmation, même si leur présence peut s’expliquer par la simple réunion de la cour. De toute évidence, cette intronisation met en lumière le processus de développement du pouvoir princier. Ce dernier acquiert une forte sacralisation par l’intervention de l’évêque de Rennes et en même temps comme les autres principes le duc de Bretagne décalque le modèle royal sans qu’il soit vraiment nécessaire ici d’évoquer le souvenir de la monarchie bretonne35. Pourtant, cette cérémonie est peut-être aussi l’écho du couronnement de Conan Ier, au siècle précédent qui, selon Raoul Glaber, se serait « fait imposer une couronne à la manière des rois36 ».
27Entourant le prince, les optimates représentent la couche la plus élevée de l’aristocratie, les barons comme il est dit aussi37. Ce sont les fidèles majeurs qui entouraient déjà le père de Conan, Alain III. En premier lieu figure logiquement le vicomte qui est dit de Rennes, Gauzelin (Josselin). Ce personnage joue un rôle de premier plan auprès du comte et figure très fréquemment dans les actes. Sa fonction fait encore de lui, selon la tradition carolingienne, l’adjoint du comte. Cependant, ce Gauzlin membre d’un puissant lignage du Poutrocoët a déjà son château qui portera le nom de Josselin près duquel ne va pas tarder à être fondé le prieuré Sainte-Croix confié à l’abbaye de Redon38.
28Derrière ce haut personnage viennent les deux laïcs directement intéressés par la concession. Robert de Vitré et Goranton, fils d’Hervé, représentent les deux autorités seigneuriales de Vitré et, à ce titre, exercent un pouvoir sur Montautour. Malgré son information restreinte, la notice jette quelques lumières sur l’organisation du pouvoir local. Robert est dit de Vitré et gardien (custos) ce qui suppose l’existence du château. Petit-fils de Rivallon le Vicaire, un fidèle du duc qui apparaît souvent dans les chartes, il réside, comme ses prédécesseurs, à Marcillé-Robert malgré les affirmations de A. de La Borderie, et aucun texte ne mentionne sa présence à Vitré39. Notre notice, la première, révèle un rapport du lignage avec Vitré. Robert, tout en gardant Marcillé devient le gardien du château installé par le comte sur les pentes du côteau Sainte-Croix. Sans doute est-il là pour tenir la frontière et contrôler une voie de passage, la mention de tonlieux dans de nombreux actes postérieurs le démontre. Ce château domine un territorium dans lequel s’insère Montautour mais sous le contrôle d’un représentant du comte.
29Le deuxième personnage ne manque pas d’intérêt non plus. Goranton, fils d’Hervé, n’appartient pas à la famille de Vitré comme le pensaient les historiens anciens mais à un lignage totalement autre, bien établi à Vitré et sans doute de longue date, le droit de garde sur les églises correspond à un patrimoine ancien40. Cette famille où alternent les noms de Goranton et Hervé qui l’identifient aux yeux des historiens présente tous les caractères d’une ancienne implantation comme l’a montré M. Brand’honneur et appartient à une noblesse qui semble fonder sa puissance sur le contrôle d’anciens fiscs41. En 1047-1048, les Vitré et les Goranton-Hervé participent ensemble à la domination seigneuriale, le lignage châtelain ne faisant qu’aborder une ascension qui ne va pas tarder à s’affirmer avec Robert. Ce dernier, quelque temps plus tard, abore le titre de dominus et parle de son propre château élevé sur l’éperon dans la situation que l’on connaît actuellement42. Nous saisissons ainsi sur le vif, le processus de développement d’une grande seigneurie de Bretagne.
30La notice 294 du cartulaire de Redon, bien qu’entachée d’une notoire falsification se révèle ainsi éminemment riche de renseignements les plus divers. D’une construction peu classique, elle s’inscrit bien dans le processus narratif des textes de l’Ouest et permet d’accéder à une connaissance approfondie de la société, même si ses imprécisions demeurent un sujet de frustration pour le médiéviste. Elle nous introduit dans les prémices de la réforme grégorienne, autorise une analyse des rapports complexes qui définissent la pouvoir dans les élites. Finalement, elle montre qu’avec toutes ses faiblesses bien connues, la seconde partie du cartulaire de Redon se doit de retenir l’attention.
31Par contre, l’église de Montautour demeure bien anonyme. Le prieuré sans doute envisagé dans un premier temps, ne connaîtra pas le succès et au xvie siècle, l’église va se trouver rattachée au prieuré le plus proche, celui de Chateaubourg. Il faut avouer que la concurrence était vive dans la région pour l’abbaye de Redon qui se trouvait loin de ses terres habituelles face aux grandes abbayes ligériennes dont Marmoutier au premier chef.
Notes de bas de page
1 Courson A. de, Cartulaire de l’abbaye de Redon, Paris, 1863, n° 294, p. 243-245.
2 Barthelemy D., La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au xive siècle, Paris 1993, chap. 1.
3 Chedeville A., Guillotel H., Tanguy B., Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Rennes, 1998, édition fac-similé numérisé.
4 Il s’agit d’une citation littérale de l’Évangile de Matthieu, 19, 24.
5 Barthelemy D., « De la charte à la notice à Saint-Aubin d’Angers », La mutation de l’an mil a-t-elle eu lieu ?, Paris, 1997, p. 29-56. Il y est décrit avec beaucoup de finesse d’analyse l’émergence de ces notices narratives.
6 Bertrand de Broussillon A. de, Cartulaire de Saint-Aubin, n °178, (1056-1060) ; Laurain E., « Questions fabriciennes », Bulletin de la commission historique et archéologique de la Mayenne, t. 24, 1908, p. 348-349 ; traduction et commentaire, Pichot D., « Fondation de la paroisse de La Roë, le 25 avril 1097 », La Mayenne, archéologie, histoire, t. 30, 2008, p. 90-93.
7 Pichot D., Le village éclaté, habitat et société dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Âge, Rennes, 2002, p. 108.
8 Pour une argumentation plus serrée, il faut se reporter à Guillotel H., Les actes… op. cit. p. 192.
9 Guillotel H., Cartulaire…, op. cit., Introduction p. 19-21.
10 H. Guillotel cite dans son commentaire de l’acte les jugements de ses prédécesseurs, A. de La Borderie et A. de Courson l’ont considéré comme authentique, F. Lot, F. Duine et B. A. Pocquet du Haut-Jussé l’ont rejeté comme faux, Guillotel H., Les actes… op. cit., p. 192.
11 Le mot est généralement employé en ce sens au neutre pluriel, ici ce n’est pas le cas mais la succession des termes passe de l’église, à la parrochia et à une description foncière qui pourrait désigner la possession d’un territoire paroissial mais plus probablement le domaine du prêtre, le fief presbytéral, cf. Lauwers M., « Paroisse, paroissiens et territoire. Remarques sur parochia dans les textes latins du Moyen Âge », Médiévales, n° 49, 2005, La paroisse, p. 26-28. Zadora-Rio É., (dir.), Des paroisses de Touraine aux communes d’Indre-et-Loire, la formation des territoires, Tours, 2008, p. 29.
12 Cela explique les donations multiples concernant une seule église et qui font apparaître aussi bien le desservant que un ou plusieurs laïcs, le phénomène est général dans l’Ouest ; on pourra se référer pour une étude locale à Hubert T., Le prêtre séculier dans l’est du diocèse de Rennes aux xie et xiie siècles, mémoire de maîtrise, Rennes 2, 2003, chap. 2 et 3 et nombreuses pièces justificatives.
13 Souvent, quand le prêtre desservant peut être identifié, on découvre un membre du lignage possédant l’église même après les transferts grégoriens, Pichot D., Le village éclaté…, op. cit., p. 309-310.
14 Colleter R., Le Boulanger F., Pichot, D., Église, cimetière et paroissiens. Bréal-sous-Vitré, étude historique, archéologique et anthropologique (vie-xviie siècle), Rennes, 2009, à paraître.
15 Voir les nombreuses références à territorium dans, Cursente B. et Mousnier M., Les territoires du médiéviste, Rennes, 2005.
16 « […] quadam ecclesia quae est sita in nostra parrechia… », Archives départementales du Maine-et-loire, H 3713, Livre blanc de Saint-Florent de Saumur, f. 58, r°, 1013-1022.
17 Pichot D., Le village éclaté, op. cit., p. 310-315.
18 Ibidem, l’ensemble du chap. 6.
19 Zadora-Rio, E., Des paroisses de Touraine…, op. cit., p 110.
20 Guillotel, H., Le cartulaire de Redon… op. cit., p. 24.
21 Ibidem et Mathieu É., L’aristocratie en Bretagne (fin xe-début xiie siècle). L’exemple des familles ducales et de Dol-Combourg, Mémoire de Master 2, Rennes 2, 2005, p. 87-90.
22 Guillotel H., « La pratique du cens épiscopal dans l’évêché de Nantes. Un aspect de la réforme ecclésiastique en Bretagne dans la seconde moitié du xie siècle », Le Moyen Âge, t. 80, 1974, p. 5-49.
23 On ne trouve que peu de traces de ce pèlerinage à l’époque moderne, communication de mon collègue Georges Provost que je remercie.
24 Mazel F., dir., L’espace du diocèse. Genèse d’un territoire dans l’Occident médiéval (ve-xiiie siècle), Rennes, 2008.
25 Maître L. et de Berthou P., ed., Cartulaire de l’abbaye de Sainte- Croix de Quimperlé, 2e ed., Paris-Rennes, s. d.
26 Chedeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, xie-xiiie siècle, Rennes, 1987, p. 41-42.
27 Jean-Christophe Cassard dans son étude sur la tradition royale en Bretagne relève cet emploi de regnum pour en faire le souvenir de la monarchie ancienne du haut Moyen Âge. Si le fait n’est pas impossible, le terme est bien souvent employé pour désigner un territoire où s’exerce une autorité pas obligatoirement royale, Cassard J.-C., « La tradition royale en Bretagne armorique », Revue Historique, n° 569, 1989, p. 15-45.
28 Le fait est remarqué par A. Chédeville dans : Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur., op. cit., p. 40 ; Chedeville A. et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 48.
29 La diversité des princes et même de l’assise de leur pouvoir sont grandes, pour une synthèse : Guyotjeannin O., « Rois et princes », Contamine P., (dir.), Histoire de la France politique, t. 1, p. 149-152.
30 Ibidem et Cassard J.-C., op. cit.
31 Guillot O., Le comte d’Anjou et son entourage au xie siècle, Paris, 1972, 2 vol.
32 Chedeville A. et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 42.
33 Pichot D. et Blanchevoy L., « Couronnement ducal, couronnement royal : étude de deux miniatures du xve siècle », Mémoire de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne (MSHAB), t. LXXXVI, 2008, p. 156.
34 Guyotjeannin O., op. cit., p. 166.
35 Ibidem, p. 163-164, l’auteur sous le titre « Le modèle royal du pouvoir princier », montre en particulier le développement de cérémonies de couronnement qui excluent le sacre bien évidemment mais se caractérisent par le geste d’investiture.
36 J.-C. Cassard cite la phrase de Raoul Glaber : « […] du jour où il eut épousé la sœur de Foulques, comte d’Anjou, il se mit à dépasser en insolence tous les princes de sa nation. Il se fit couronner à la manière d’un roi et soumit le peuple de son petit coin de terre à une tyrannie effrénée. », il y voit le dernier souvenir des anciens rois, Cassard J.-C., op. cit.p. 38.
37 Chedeville A., et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 42.
38 Guillotel H., « De la vicomté de Rennes à la vicomté de Porhët (fin du xe-milieu du xiie siècle) », MSHAB, t. LXIII, p. 5-23 ; Bourriquen A., Les vicomtes de Rennes et leurs descendants, les Porhoët/ Rohan face au pouvoir ducal (fin xe-fin xiie siècle), mémoire de Master 2, université Rennes 2, 2008, IIe partie.
39 Brand’honneur M., Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes. Habitat à motte et société chevaleresque (xie-xiie siècles), Rennes, 2001, p. 98-100 ; Pichot D., « Vitré xe-xiiie siècle, naissance d’une ville », MSHAB, t. LXXXIV, 2006, p. 5-28.
40 Guillotin de Corson A, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Paris-Rennes, 1880-1884, t. IV, p. 208-211.
41 Brand’honneur M., « Le lignage, point de cristallisation d’une nouvelle cohésion sociale. Les Goranton-Hervé de Vitré aux xie, xiie et xiiie siècles », MSHAB, t. LXX, 1993, p. 65-87.
42 Pichot, D., SHAB, op. cit.
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