Chapitre VI. Problématiques de la réception : sociologie et sciences de la communication au service de l’idéologie de la Vérité
p. 231-260
Texte intégral
« Une propagande inefficace n’est pas une
propagande. »
Jacques Ellul, Propagandes,
19621.
1L’USIA n’échappe pas à une des difficultés inhérentes à la diplomatie occidentale, à savoir l’évaluation de son efficacité. Ce fut le souci constant des FAOs et PAOs de l’USIA et des USIS durant toute la période de guerre froide, qui devaient rendre compte en permanence de la légitimité contestée de l’Agence d’information. Dès 1955, la Commission consultative sur l’information2 faisait remarquer dans son rapport semi-annuel, que pour combattre et vaincre le communisme, l’Agence d’information devait non seulement obtenir plus de financement de la part du Congrès, mais aussi se donner les moyens d’être plus efficace3. Pour répondre à ces exigences les stratèges de l’information ont mis en place une évaluation de leurs méthodes et de leurs actions à deux niveaux : à Washington, pour un audit à la fois fonctionnel et théorique, relatif à l’élaboration des grandes lignes de la politique d’information, et sur l’ensemble du territoire européen, afin de mesurer également les résultats et l’impact des initiatives plus ciblées.
Le souci de la crédibilité et l’arme de « la vérité » entre idéologie et résistance
2Dès les premières années de son existence et jusqu’à la fin de la guerre froide, l’USIA a assuré par l’intermédiaire de ses agents les plus représentatifs la promotion de ses activités à Washington. Les ouvrages de Wilson P. Dizard (The Strategy of Truth) dès 1961, puis de Robert E. Elder (The Information Machine) en 1968, ou d’Allen C. Hansen (USIA: Public Diplomacy in the Computer Age) en 1984, et de Hans Tuch (Communicating with the World) en 1990, furent d’abord destinés à mieux faire connaître au personnel politique américain, l’Agence d’information et ses activités à l’étranger.
3Cependant au-delà des satisfactions affichées des ouvrages de vitrine, les agents de l’USIA ont constamment dû s’interroger sur le bien-fondé de leurs stratégies de communication, et pour y répondre ils n’ont pas hésité à faire appel à des professionnels. Cette capacité de recours à l’audit constitue sans aucun doute une spécificité de la diplomatie publique américaine, à prendre en compte pour tenter de déterminer l’efficacité des rouages de « sa machine d’information4 ».
Les premiers audits externes de la diplomatie publique : une évaluation des objectifs théoriques
4L’étude de l’USIA commandée au spécialiste en communication Leo Bogart au tout début des années 1950 fut certainement le premier audit de l’agence d’information. Dans le cadre des relations étroites entre les secteurs publics et privés, cet audit se fit à l’initiative d’un comité d’universitaires et d’industriels qui agit dès la création de l’agence comme un véritable groupe de pression exigeant une analyse des méthodes et des résultats susceptibles de servir ses intérêts5.
5Fortement inspirée des sciences sociales, cette véritable exégèse de la diplomatie publique eut pour but de mettre en lumière les controverses existantes au sein du personnel et les contradictions des thématiques retenues qui devaient entraver l’efficacité de l’USIA. Il s’agissait dès lors de retenir les techniques de communication les mieux à même de contrer la propagande soviétique ; cela en accord avec un principe majeur : utiliser « la vérité » comme une arme indispensable, pour assurer la crédibilité de la politique américaine au sein des populations européennes.
6Au-delà de « la Campagne de Vérité », slogan emblématique de l’Administration Truman, relevant de la guerre psychologique, l’ambition des diplomates de l’Agence d’information fut non pas d’asséner mais de démontrer que « la vérité » était une vertu cardinale de la démocratie. Or, ce souci de « la vérité » a toujours été associé à un souci d’exemplarité ; les principaux défenseurs de l’USIA et de ses missions ont en effet mis en exergue tout au long de la guerre froide le fait qu’en définitive la diplomatie publique s’inscrivait totalement dans la « destinée manifeste » des États-Unis :
« Bien avant ce que nous expérimentons aujourd’hui, ce pays a eu une raison historique majeure de faire cas des opinions étrangères, une raison qui fut exprimée et soutenue par notre Déclaration d’Indépendance. “Respecter comme il se doit l’opinion du genre humain” poussa les pères fondateurs à présenter et à expliquer au monde entier les raisons de leurs actions et de leurs velléités révolutionnaires. Ils ont tenu à présenter et à faire la propagande (au meilleur sens du terme) “des faits à un monde candide”. Durant la période de la Révolution, nos premiers représentants diplomatiques ne furent pas seulement des maîtres dans l’art de la négociation, mais ils firent preuve également d’un extraordinaire talent et d’une rare efficacité pour promouvoir l’idéal américain6. »
7En ce sens, les audits des stratèges de l’information bannirent la désinformation, qui devait rester l’apanage des Soviétiques, et préconisèrent d’avoir recours fréquemment à l’auto-critique, à l’exposition des controverses domestiques, synonymes d’un certain pluralisme démocratique, ainsi qu’à des présentations les plus objectives possibles des arguments américains. Il s’agissait de comparer au mieux les prises de position américaines et soviétiques, de distinguer clairement les informations pures et simples des commentaires, et d’appuyer le point de vue américain au moyen de citations émanant de sources étrangères officielles et de la presse d’Europe occidentale comme orientale.
8En somme, les audits externes portant sur des objectifs purement théoriques eurent pour but de mettre en œuvre une véritable charte éthique, susceptible de légitimer les missions de l’USIA auprès de ses détracteurs au Congrès, et surtout de soutenir l’éventuelle ambition de « la vie dans la vérité » comme un moyen de résistance candide, préconisé par l’exécutif américain, pour les populations européennes.
L’ambition de « la vie dans la vérité » comme moyen de résistance
« American
traditions and the American ethic require us to be truthful, but the
most important reason is that truth is the best propaganda and lies
are the worst. To be persuasive we must be believable; to be
believable we must be credible, to be credible we must be
truthful. »
Ed Murrow7.
9D’après les travaux en communication réalisés par Tristan Mattelart, les dissidents centre-européens des années 1970 considéraient en effet que l’essence du système de domination communiste était « le primat de l’idéologie comme mensonge institutionnalisé8 ». Pour le célèbre dissident tchèque, Vaclav Havel, de la même façon que « la vie dans le mensonge » était un des piliers du pouvoir soviétique, la « vie dans la vérité » constituait pour ce même pouvoir, une menace fondamentale. Dans l’ensemble des pays soumis au joug soviétique, la vérité au sens le plus large du terme bénéficiait d’une portée particulière, elle était porteuse de pouvoir ou même de force politique. Dès lors, donner aux populations de l’Est et à ses dissidents en particulier, la possibilité de « vivre dans la vérité », c’était contribuer à les soustraire à l’hégémonie étatique. En somme, une idéologie en chassant une autre, l’ambition de « la vie dans la vérité », était, pour reprendre le titre d’un essai de Vaclav Havel de 1978, « le pouvoir des sans pouvoir9 ».
10En ce sens la recherche de « la vie dans la vérité » aurait été pendant la guerre froide, un des thèmes récurrents de la stratégie de résistance mise en œuvre à la fois par les dissidents politiques et par les intellectuels indépendants. Dès lors, une politique d’information américaine efficace, aurait consisté en un soutien à l’ensemble des stratégies contestataires visant à libérer la sphère publique officielle en créant des sphères d’influence parallèles chargées de faire circuler la vérité.
11Que l’on se place du point de vue des stratèges de l’information américains ou des intellectuels de l’Est, dans la lutte pour la conquête des esprits, « la vie dans la vérité » est rapidement devenue si ce n’est une idéologie de résistance, du moins une stratégie de communication potentiellement efficace.
Évaluation des programmes opérationnels et contribution des activités de l’USIA à l’élaboration des stratégies de la politique étrangère : diplomatie publique et renseignement
La difficulté de mesurer l’impact des programmes d’information : méthodes et moyens d’évaluation de la diplomatie publique
12Dans son rapport de mars 1959, la Commission consultative sur l’information faisait remarquer que les attentes de résultats exprimées à l’égard de l’USIA avaient souvent été trop fortes : « pendant des années les critiques formulées à l’encontre de l’USIA ont été en grande partie dues à une mauvaise compréhension de ses missions, et à des attentes irréalistes quant à ses objectifs10 ». Alors que le Congrès estimait que les activités de l’Agence étaient peu efficaces, les réactions et les témoignages émanant de la presse communiste reflétaient tout le contraire.
13En 1955, le magazine soviétique, Kommunist, répétait à ses lecteurs que les impérialistes américains réussissaient à berner de plus en plus de personnes, et que leur propagande était redoutable : « on ne peut contester le fait que les efforts des impérialistes américains en matière de propagande ont porté leurs fruits11 ». En 1963, une publication des jeunesses communistes, Komsomolskaya Pravda, qualifia l’USIA de : « gigantesque monstre de la guerre froide ». D’après la presse communiste, l’USIA aurait recruté et formé une véritable armée de combattants de la guerre psychologique (psychological warriors), qui auraient su développer des techniques absolument diaboliques destinées à empoisonner les esprits.
14Cependant, pour les responsables de l’USIA, l’efficacité des programmes d’information ne pouvait se mesurer uniquement à travers les commentaires de la presse communiste. Au terme d’un audit de 1963, visant à évaluer l’efficacité de l’Agence d’information, Edward Murrow rappelait à quelques membres du Congrès que les succès de la propagande américaine n’étaient pas si facilement quantifiables :
« Aucun ordinateur ne s’allume, aucune caisse enregistreuse ne sonne lorsqu’un homme change d’avis ou choisit la liberté. Or, ce qui compte par-dessus tout, c’est ce que nous faisons (et non ce que nous disons) qui a le plus gros impact outre-Atlantique. L’USIA peut expliquer, interpréter, clarifier, synthétiser et projeter, mais elle ne peut changer l’inchangeable ni faire l’infaisable. Les États-Unis d’Amérique ne peuvent et ne doivent pas essayer de satisfaire tout le monde sur cette planète ; nous avons et nous aurons toujours des positions politiques qui sont inconcevables pour certaines personnes. Nous sommes donc bel et bien prisonniers de la politique… Mais étant donné les politiques américaines efficaces et intelligentes qui sont mises en œuvre, avec l’appui du Congrès et du peuple américain, nous pouvons contribuer de manière significative aux objectifs qui sont les nôtres. À mon sens, c’est ce genre de contribution que nous apportons aujourd’hui12. »
15Les études menées sur le territoire européen devaient en effet révéler que la qualité des services d’information était encore nettement perfectible.
Les principaux avatars de la politique de communication des USIS en Europe de l’Ouest
16Dès la fin des années 1950, les rapports rédigés par des agents des USIS pour faire état des principaux dysfonctionnements observés au sein de leurs services européens commencent à affluer à Washington. Ces rapports alimentent notamment l’ensemble des recommandations faites régulièrement à l’USIA par la Commission consultative sur l’information. Parallèlement un petit nombre d’études universitaires s’intéresse de près aux stratégies de communication menées par ces mêmes services dans des zones très ciblées de l’Europe occidentale. Avant d’analyser l’ensemble des ratés propres aux USIS européens, les observateurs, qu’ils soient diplomates ou chercheurs en communication, s’accordaient tous sur un point évident, l’efficacité des services d’information en Europe dépendait avant tout de l’implication financière du Congrès13.
17Dès la deuxième moitié des années 1950, l’Europe de l’Ouest n’est plus considérée par le Congrès comme une priorité, et en 1957 les budgets des USIS européens sont pratiquement réduits de moitié14. Par conséquent le manque de moyens et la réduction des effectifs sont, après cette date, une entrave évidente au bon fonctionnement des services et à l’efficacité de leurs prestations.
18Cependant, il existe également un certain nombre d’avatars propres à l’USIA dans sa gestion des programmes d’information sur le territoire européen. Dans son rapport de 1966, la Commission consultative sur l’information, faisait remarquer en particulier que l’efficacité des campagnes d’information se trouvait certainement entravée du fait de la mauvaise réalisation ou de la mauvaise utilisation d’études de terrain préalables qui auraient du s’apparenter à de véritables études de marché15.
19Jusqu’en 1968, les agents des USIS sont en effet confrontés à un certain nombre de problèmes élémentaires liés en particulier à leur manque de formation. Plus jeunes que leurs homologues des affaires culturelles (CAOs), les agents chargés de l’information (IOs), n’ont pas reçu de formation universitaire poussée et sont issus essentiellement du monde des médias ou des affaires militaires16. Or, l’absence d’une maîtrise suffisante des langues européennes, en particulier, fut un frein évident à la politique de communication des USIS, notamment dans le cadre de la people-to-people communication, qui privilégiait les contacts directs avec les populations.
20De plus, il semblerait que certains agents, par méconnaissance du pays dans lequel ils étaient affectés, aient eu beaucoup de mal à adapter leurs programmes d’information à la demande et à la culture locale. Trop souvent, les outils et les supports de la propagande élaborés depuis Washington n’étaient pas suffisamment adaptés au public visé ; certains pamphlets par exemple n’étaient pas traduits avec suffisamment de soin, ce qui entraînait à l’évidence des problèmes de communication. Le manque d’études de terrain préalables joint à une instabilité des effectifs, tant par leur nombre que par leur fréquent renouvellement, semble avoir constitué, en particulier dans les pays d’Europe du Nord, un obstacle majeur à l’élaboration de liens durables avec les populations17.
21Par ailleurs le choix de l’emplacement stratégique des différents postes fut souvent discutable. Dans le cas des Pays-Bas les services de l’USIA s’implantèrent à La Haye, qui était certes un centre économique non négligeable, mais qui, comparé à Amsterdam, n’offrait absolument pas les mêmes réseaux de télécommunication, radiodiffusion et télévision, et ne constituait pas un pôle universitaire et culturel de même ampleur.
22Or, les ratés des USIS trouveraient leurs fondements, aux yeux de certains observateurs, dans le débat qui opposa pendant toutes les années 1950 et 1960 les agents de l’information aux attachés culturels. Trop souvent les USIS étaient seulement associés par les populations aux programmes d’information, synonymes de propagande étatique, et non aux relations culturelles. Or, cette assimilation, notamment par les élites européennes, des activités culturelles aux campagnes de propagande portait le discrédit sur l’Agence d’information. Aussi, lorsqu’à partir de 1961, selon les directives du Fulbright-Hays Act, la gestion des échanges culturels et éducatifs fut placée sous la responsabilité des agents des services d’information, cette multiplication des activités revenant aux USIS, fut jugée responsable de leur manque d’efficacité et de leur perte de crédibilité.
23Parmi les nombreux responsables politiques qui prônaient la séparation entre les activités de propagande et les activités culturelles, Charles Frankel, alors sous-secrétaire d’État à l’éducation et aux affaires culturelles, fut certainement un des plus véhéments. Il rédigea un ouvrage vantant les mérites de la séparation des personnels, The Neglected Aspect of Foreign Affairs, et, soutenu par le président Johnson, il soumit en ce sens en 1966 un projet de loi au Congrès qui fut rapidement rejeté faute de crédits suffisants pour sa mise en œuvre. Il s’agissait essentiellement de créer un corps diplomatique spécifiquement dédié aux programmes d’éducation à l’étranger. La mésentente aux plus hauts sommets de l’État sur les missions qui incombaient aux USIS représenta, sans aucun doute, sur le terrain, un frein à l’élaboration de programmes ciblés suffisamment efficaces.
24Néanmoins inspirées d’études sociologiques, les recommandations formulées à la suite d’audits internes répétés permirent aux agents d’affiner leurs stratégies d’infiltration. Elles préconisaient fondamentalement une approche de plus en plus ciblée des différents types de populations (en fonction du sexe, de l’âge, ou de la catégorie sociale). C’est ainsi que, certains services d’information créèrent non seulement des programmes spécifiques destinés aux femmes ou aux ouvriers, mais aussi dans une vision à plus long terme des programmes d’éducation destinés aux enfants ; le but était de prémunir des stéréotypes anti-américains ces esprits plus influençables.
25Ainsi, les premières stratégies de l’infiltration américaine en Europe de l’Ouest, ont rencontré un certain nombre d’obstacles liés essentiellement au manque de moyens financiers et à une politique de ressources humaines peu adaptée. En revanche, les stratégies de persuasion de masse se sont très vite perfectionnées.
Comment mesurer l’impact des stratégies de masse et des grandes campagnes d’information en Europe de l’Ouest ?
26En réalité l’évaluation des programmes d’information de l’USIA sur le terrain a rapidement acquis une autre vocation que celle d’une justification systématique de sa légitimité auprès du Congrès. Elle s’est en effet rapidement inscrite dans la volonté émanant de certains lobbies du monde de l’industrie ou des médias d’évaluer l’impact des campagnes de communication officielles, non seulement sur les opinions politiques des populations étrangères, mais également sur un certain nombre d’autres pratiques, comme leurs habitudes de consommation.
27Devenue une préoccupation des milieux d’affaires, les études d’impact des campagnes de communication américaines devaient être rendues publiques dans le courant des années 1960. Au tout début de l’année 1967, dans un article intitulé « Hearings to Study U.S. Impact Abroad », le New York Times se faisait l’écho des principales interrogations soulevées par la commission des Affaires étrangères auprès d’un comité d’experts en communication internationale. Parmi celles-ci la question de l’influence des programmes d’information sur l’évolution économique, sociale et politique des pays de la communauté atlantique devait retenir l’attention d’intervenants tels que l’ancien directeur de l’USIA, George Van Allen, le président de RFE, John Richardson Jr., l’ancien directeur de l’USIS de Saïgon, devenu co-directeur de Fortune Magazine, John Mecklin, et le directeur du département de recherche sociologique du groupe CBS, Joseph T. Kappler.
28Dès lors, les études d’impact menées par des experts indépendants pour le compte de l’USIA, ou par ses propres services ne semblent pas avoir eu pour seul enjeu la question de la rentabilité des stratégies d’information sur le plan diplomatique ; elles ont pu offrir une base de données particulièrement riche pour l’expansion d’un certain nombre d’entreprises américaines. A contrario, certaines études réalisées auprès des opinions publiques étrangères, susceptibles de servir les stratégies de la diplomatie publique, ont pu être réalisées grâce à des financements émanant de groupes d’intérêts privés.
29Durant les deux premières décennies suivant sa création, l’USIA travaille donc en étroite collaboration avec ses partenaires du secteur privé pour financer des sondages d’opinion en tous genres, sacralisant ainsi les opinions publiques comme autant de pouvoirs incontournables dans la conduite des affaires extérieures, qu’elles soient commerciales ou diplomatiques18. Sous l’effet de techniques de plus en plus élaborées, la diplomatie publique allait devenir synonyme de diplomatie de la communication.
Les « Special “S” Reports » : pertinence et efficacité des activités de renseignement et d’information de l’USIA : l’évaluation de la réception au service de la communauté du renseignement
L’External Research Division : un élément clé des stratégies et des programmes d’influence de l’USIA (1954-1989)
30Parmi les atouts de l’Agence d’information les activités de renseignements et les acteurs qui leur sont associés ont certainement joué un rôle prépondérant à deux niveaux : tout d’abord en interne pour démontrer ou corriger l’efficacité des programmes opérationnels mis en œuvre sur le terrain par les USIS, puis au sein du jeu bureaucratique des Affaires étrangères américaines pour imposer l’USIA comme un acteur clé du processus décisionnel.
31Au sein et à la marge des activités de l’USIA, la Division de la recherche extérieure (External Research Division19), a en effet pour mission dès la création de l’Agence de substituer aux stratégies traditionnelles de l’intelligence ou du renseignement, les techniques des sciences sociales. Dès 1954, la Division est rattachée au Bureau de la recherche et du renseignement du département d’État, INR (Bureau of Intelligence and Research), et pour la diriger l’USIA choisit le professeur en sciences sociales, Léo Crespi. Pendant plus de trente deux ans ce scientifique de l’université de Princeton, président de l’Organisation mondiale pour la recherche sur les opinions publiques (World Association for Public Opinion Research), fut un véritable trait d’union entre les différentes composantes de la communauté du renseignement américaine. Le département de la Défense (via la DIA ou Defense Intelligence Agency), le département d’État, la CIA comme l’USIA considèrent en effet les études en sciences sociales comme des outils incontournables pour la mise en œuvre de leurs stratégies respectives, et nomment conjointement, Leo Crespi à un poste clé de leur Groupe sur la recherche en sciences sociales (Social Science Research Group). Au cours de sa carrière au sein de l’USIA, et de ce qui deviendra la Communauté du renseignement (Intelligence Community ou IC20), Leo Crespi se spécialise dans l’étude des opinions publiques ouest-européennes ; au début des années 1960, ses conclusions sur l’état des opinions publiques françaises et britanniques, publiées dans le New York Times, sont venues appuyer les positions du candidat à la présidence, John Fitzgerald Kennedy, sur le déclin du prestige des États-Unis et la montée en puissance potentielle de l’influence soviétique21.
32Avant la mise en place de l’Office of Research and Intelligence, les activités de recherche de l’Agence étaient conduites par des départements universitaires spécialisés, ou confiées à des entreprises privées spécialisées dans ce domaine22. Les études commandées par l’Agence sur les médias ou les techniques de communication étaient assez générales et élaborées sur des périodes de longue durée ; avec la création de l’INR, la Division de la recherche extérieure se donne les moyens de réaliser des études beaucoup plus opérationnelles et de fournir des données utilisables à très court terme, à la fois par l’USIA et ses USIS, pour mettre à jour les missions de leurs programmes, et par la communauté du renseignement pour infléchir ou conforter le choix de la politique diplomatique.
33Dans un premier temps, ce sont les sondages d’opinion qui sont privilégiés par cet organisme de contrôle et de pilotage des programmes et des stratégies d’information de l’USIA. Le tableau 2 (annexe I, p. 249) témoigne de ce choix de développer les sondages d’opinion ; il présente l’ensemble des études réalisées par l’External Research Division en collaboration avec les USIS basés en Europe, pendant une période de six mois, de janvier à juillet 1955. Deux enjeux principaux justifiaient alors la réalisation de ces études, d’une part, sur le plan opérationnel, la volonté de mesurer l’impact de la campagne Atoms-for-Peace, lancée par le général Eisenhower, et d’autre part, sur le plan diplomatique, il s’agissait de préparer la rencontre des « quatre grands » au sommet de Genève du 18 juillet 195523.
34En aval de ces études de mise en contexte et de préparation de la rencontre des « Quatre Grands », au lendemain du sommet de Genève, le département d’État commande au Bureau de la recherche et du renseignement, ainsi qu’à l’USIA, et aux USIS, plusieurs sondages ciblant plus particulièrement la jeunesse ouest-et est-allemande, cible privilégiée de la propagande soviétique. Le tableau 3 (annexe II, p. 250-251) présente les principales conclusions d’une étude réalisée à partir de questions proposées à un premier échantillon de 313 jeunes gens de Berlin-Ouest et à un second échantillon de 137 jeunes réfugiés de Berlin-Est, âgés de 14 à 24 ans. Cette étude, réalisée à la mi-janvier 1956, tentait de mesurer cette fois l’impact de la propagande menée par l’adversaire soviétique pour présenter à son avantage les aboutissements de cette rencontre. Elle cherchait à convaincre les populations jugées les plus vulnérables que les États-Unis faisaient ni plus ni moins de la résistance à « l’esprit de Genève » en prenant des positions contraires à la détente24. Plus spécifiquement, dans le cas de l’Allemagne, la propagande soviétique insistait sur la nécessité d’un rapprochement entre les deux Allemagnes, tout en rejetant l’idée d’une « réunification mécanique », comme l’auraient présenté certaines propositions occidentales. En réalité à cette période, la propagande conduite par Moscou n’avait absolument pas changé de ligne ; les Soviétiques continuaient à revendiquer un système de sécurité collective en Europe, pré-requis nécessaire à toute réunification des deux Allemagnes.
35Ces travaux de recherche, en amont et en aval du sommet de Genève, furent réalisés et exploités conjointement par les services du département d’État et de l’USIA ; Leo Crespi fut à l’origine de cette méthode d’analyse de « l’Avant et Après », applicable à un programme, une campagne d’information ou un événement culturel organisé par l’USIA. Au milieu des années 1970 cette méthode, soutenue par le sociologue de Princeton, s’était imposée comme la plus fiable pour évaluer l’impact des activités de l’USIA, de la CIA, comme de l’ensemble de la diplomatie publique, sur les opinions des populations étrangères25. Surtout, elle permettait également selon le professeur Crespi, de jauger effectivement les changements éventuels survenus dans les mentalités comme dans les comportements des populations visées :
« La logique comme l’expérience démontre que de telles techniques d’analyse [Avant Après] sont plus efficaces pour évaluer l’impact de programmes spécifiques et ciblés pour lesquels des évaluations avant et après peuvent être strictement mises en œuvre sans être parasitées par un mélange de variables extérieures. C’est ce qui se produit lorsqu’on tente de mesurer l’impact d’une exposition ou d’un film documentaire sur un public déterminé. […] Et si la méthode fonctionne aussi bien qu’elle l’a montré à plusieurs reprises par le passé, elle offre la possibilité de mettre en évidence des changements dans les positions de la population visée, conséquences de sa visite de l’exposition ou de son visionnage du film. Des estimations subjectives d’éventuels changements d’opinion peuvent être obtenues en demandant simplement aux populations visées, après l’événement, à quel point et dans quelle mesure leur point de vue a été modifié par ce qu’elles ont vu. L’intérêt de la méthode “Avant-Après”, est que dans une certaine mesure, elle permet de dépasser la question du changement d’opinion d’une population qui n’est pas toujours consciente de cet état de fait, ou qui, pour une raison indéterminée, n’est pas prête à l’admettre26. »
36Pour le rapporteur de ces premières études, Nelson Rockefeller, pionnier de la diplomatie publique, ce type de coopération entre les différents services de recherche et d’information de « la machine » des Affaires étrangères constitua dès le départ une remarquable réussite pour ce qui allait devenir la communauté du renseignement27.
37La pluralité des acteurs institutionnels désormais susceptibles d’utiliser des informations collectées par l’USIA pour infléchir la stratégie diplomatique américaine confirme en effet très tôt que la diplomatie publique – avant même que le Congrès n’en adopte une définition officielle – est une pratique qui ne peut être considérée comme l’apanage d’une seule agence.
38Parallèlement, dans une perspective de plus long terme, comme à ses débuts, la Division de la recherche extérieure, jusqu’aux années 1980, reste très attentive aux études réalisées par les départements universitaires ; études qu’elle n’hésite pas à commander aux universités partenaires des programmes de l’USIA aux États-Unis comme en Europe de l’Ouest et surtout de l’Est.
Évaluation de la politique de communication pour l’ensemble de l’Europe de l’Ouest : les sondages d’opinion
39Dès le milieu des années 1950, la pratique des sondages d’opinion s’était avérée être un outil d’évaluation de la diplomatie publique relativement efficace ; et en 1957, soucieuse de l’image que les Européens s’étaient faite des États-Unis, l’USIA commanda une grande enquête auprès du bureau de recherches sociologiques appliquées de l’université de Columbia. Le but de cette étude était de déterminer les stéréotypes majeurs véhiculés en Europe sur les politiques comme sur les habitudes de vie des Américains. Il s’agissait d’évaluer dans quelles proportions les populations d’Europe de l’Ouest, plus particulièrement, étaient enclines à reconnaître et à légitimer le leadership américain en s’interrogeant sur leur vision des intentions américaines ; les Européens croyaient-ils en la recherche par les États-Unis de la paix, de l’abolition du communisme, ou de l’instauration durable de la démocratie ?
40Parallèlement aux préoccupations politiques, les sondages portaient sur les images de la famille américaine, le rôle des femmes dans la société, la religion, l’éducation ou la culture. Dans le but de gommer les stéréotypes les plus fréquents, les chercheurs responsables de l’étude élaborèrent des questions très précises sur différentes catégories de la population américaine. Les Européens considéraient-ils, par exemple, que les travailleurs américains étaient politiquement apathiques, heureux, malheureux, aisés ou au contraire exploités28 ? D’après les réponses fournies par ce type d’enquête, les dirigeants de l’USIA espéraient mettre en œuvre des outils et des thèmes de propagande plus efficaces.
41Par la suite, notamment en période de crise politique, les résultats des sondages d’opinion réalisés en Europe, furent susceptibles de légitimer l’action de l’Agence d’information auprès de ses détracteurs comme auprès de l’ensemble de la population américaine. Après la crise des fusées de Cuba, l’Administration Kennedy voulu en mesurer les dégâts engendrés auprès des opinions publiques européennes. L’étude menée alors par l’USIA dans quatre pays d’Europe de l’Ouest, (Grande-Bretagne, France, Allemagne de l’Ouest et Italie) fournit un exemple significatif de ses compétences en matière de stratégies de communication. Rendue publique dans les colonnes du New York Times en 196329, cette enquête permit à l’Agence de faire état de l’efficacité de ses programmes d’information, autrement dit de sa capacité à communiquer en faveur des intérêts américains.
42Il faut rappeler que dès le mois d’octobre 1962, le sous-secrétaire d’État George Ball, avait mis en place un comité consultatif baptisé Excom, chargé de gérer la crise des missiles. Le directeur de l’USIA, Edward E. Murrow ne pouvant y participer pour des raisons de santé, ce fut son remplaçant, Donald M. Wilson, qui conseilla la Maison-Blanche. Or, les 23 et 24 octobre 1962, la presse européenne se montra plus que sceptique après l’intervention radiophonique du président Kennedy, censée expliquer au monde ce que les Soviétiques étaient en train de mettre en œuvre sur l’île de Cuba30. Donald M. Wilson insista alors fortement auprès des membres du comité Excom, pour que soient diffusées en Europe, des photos aériennes de l’île, jusque-là tenues secrètes. Ces photos apportaient la preuve que les Soviétiques étaient sur le point de terminer leurs rampes de lancement de missiles31.
43Cette initiative du directeur de l’USIA devait fortement contribuer à faire évoluer les positions de la presse européenne et faire la preuve que l’Agence d’information s’inscrivait à part entière dans le processus d’élaboration de la politique étrangère. L’étude comparative des opinions européennes commandée par le président Kennedy peut être analysée en ce sens. Réalisée entre les mois de juin 1962 et 1963, cette étude fut dirigée en Europe, pour l’USIA, par le directeur du bureau d’études gouvernementales, Oren Stephens32.
44La crise de Cuba, et le veto du général de Gaulle imposé à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, avaient fortement ébranlé les opinions publiques européennes ; dans la lutte d’influence que se livraient les deux grandes puissances, l’URSS semblait avoir pris le pas sur les États-Unis. À l’exception de l’Allemagne de l’Ouest, les populations interrogées dans les trois autres pays européens conservaient une image relativement pacifique de l’URSS. Néanmoins, les résultats de ces sondages très ciblés, présentés en annexe II (p. 252-260), devaient révéler malgré tout un regain de confiance dans la politique américaine, qui n’avait pas été aussi important depuis 1956.
45Au vu des résultats des campagnes d’information, il semblerait que l’efficacité des stratégies de persuasion américaines ne dépendait pas nécessairement de leur capacité à changer fondamentalement les opinions publiques mais plutôt à briser les idées reçues. Ce fut notamment le point de vue d’un des membres de l’équipe de transition de l’Administration Reagan, Kenneth L. Adelman, qui au printemps 1981 s’exprima en ces termes :
« Dans son acception la plus noble la diplomatie publique est une diplomatie préventive. Elle peut contribuer à prévenir les dérives des peuples et des dirigeants des pays amis, et à éviter que les populations des pays ennemis ne perdent tout contact avec la liberté ou avec l’Amérique33. »
Les études sociologiques baromètre de l’état des opinions publiques à l’Est
46Bénéficiant d’un autre prisme d’analyse que celui élaboré par ses agents, l’USIA tente de répondre aux problématiques de la réception en envisageant l’impact de ses programmes d’information ou d’échanges, comme de ses campagnes de masse, du point de vue des populations ciblées. Ainsi, le travail réalisé sous la direction de William A. Welsh devait servir à la fois de bilan et de repère pour l’élaboration des stratégies de l’USIA en Europe de l’Est au début de l’ère Reagan-Wick.
47Cette étude, intitulée, Survey Research and Public Attitudes in Eastern Europe and the Soviet Union34, fut réalisée sous la forme d’un ouvrage collectif d’universitaires et de sociologues destiné à étudier les changements en cours dans les sociétés de l’Est au début des années 1980. Si, comme le précise avec précaution la préface de l’ouvrage, cette étude n’a pas été véritablement commandée par l’USIA (à l’époque l’USICA), elle a été possible grâce au soutien notamment financier de l’Agence. L’intérêt, pour l’Agence d’information et sa mission d’une telle étude relative aux évolutions précises des mentalités et des opinions publiques à l’Est, apparaît ici évident. Les études élaborées en partenariat avec des collègues universitaires de l’Est et des centres d’études en sociologie ont principalement pour cible l’Union soviétique ainsi que sept pays du bloc de l’Est : la Yougoslavie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la RDA, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie. Pour chaque État les sociologues dressent un bilan plus ou moins exhaustif des comportements et des habitudes des populations en matière d’information, de loisirs ou de pratiques politiques ; ils se concentrent également sur l’étude de certains groupes sociaux, comme les femmes, les jeunes, les ouvriers.
48Le but de ces études est de déceler les faiblesses et les manques des sociétés socialistes. En essayant de mesurer le degré d’implication, d’adhésion aux valeurs socialistes des populations de l’Est, ces études mettent en lumière les déceptions et les attentes des « peuples captifs ».
49Comme le souligne les conclusions du travail dirigé par William A. Welsh, l’évaluation des systèmes d’influence les plus efficaces auprès de ces populations offre pour l’Agence d’information américaine un formidable aiguillage pour l’élaboration ou l’amélioration de ses stratégies médiatiques. Par ailleurs elle constitue une source d’information non négligeable pour la communauté du renseignement à Washington.
50Ces études témoignent de l’aspect scientifique et méticuleux de la préparation en amont des programmes de l’USIA. Les stratégies américaines d’influence par la diffusion culturelle ou de persuasion par l’information n’ont donc pas été mises en œuvre a priori, ou de manière expérimentale, bien au contraire. Ces travaux pourraient renforcer la thèse selon laquelle les services d’information américains ont activement préparé les mentalités à l’Est et ont tenté de participer au démantèlement du bloc en étant attentifs aux préoccupations des « peuples captifs ».
51Dans cette perspective les stratégies de l’information ont nécessité des outils de plus en plus performants, à même de convaincre durablement les populations européennes de la prééminence des États-Unis. Or, dès le milieu des années 1970, c’est la télévision qui devait succéder à la radio comme médium incontournable susceptible de délivrer efficacement le message de la diplomatie publique.
Impact et efficacité des informations de l’USIA sur l’exécutif américain : président et NSC
52A contrario, pour mesurer l’impact de la diplomatie publique sur la conduite des Affaires étrangères américaines, à l’autre extrémité de la chaîne d’analyse des problématiques de la réception, demeure une interrogation majeure ; comment les informations recueillies et analysées par les services de recherches de l’Agence ont-elles pu influencer les décisions prises par l’exécutif sur les questions diplomatiques ? Quelle position a occupé l’USIA, notamment en temps de crise, dans le processus décisionnel de la politique étrangère ?
53Pour l’ensemble de la période qui nous occupe, des centaines de « Special “S” Reports » utilisés par le département d’État, puis par le NSC, pour guider le positionnement du président sont encore en cours de traitement aux Archives nationales de College Park (Maryland). Cependant, certains rapports de la Commission consultative sur l’information, en insistant sur le rôle joué par l’Agence auprès de l’Exécutif, lors d’événements clés des relations internationales, permettent de se faire une idée de l’utilisation nécessaire des informations ou des renseignements fournis par l’USIA.
54À partir de la fin des années 1960, si les rapporteurs de la Commission consultative sur l’information consacrent annuellement un chapitre substantiel sur la nécessité de donner les moyens à l’USIA de conduire des études et des sondages d’opinion dans le monde entier, c’est avant tout parce qu’ils sont persuadés que ces travaux sont indispensables à l’établissement de feuilles de route appropriées sur les questions internationales. Ainsi, les rapports de la Commission reviennent-ils, avec force, en particulier dans les années 1970, sur les échecs de la politique américaine à Cuba35 ou au Vietnam36 dans les années 1960. Selon ces rapports, les études menées respectivement par Lloyd Free à Cuba au début des années 1960, ou par le professeur Ithiel De Sola Pool pendant la guerre du Vietnam auraient évité, si elles avaient été prises en compte par les Administrations Kennedy puis Johnson, l’opération désastreuse de la baie des Cochons ou encore un enlisement prolongé au Vietnam :
« si les données de ces études avaient atteint les plus hauts niveaux de commandement et les conseils les plus influents de l’exécutif […] les stratégies et les politiques des États-Unis auraient été infléchies de manière substantielle. Le fait de ne pas être parvenu à accorder le poids et la considération nécessaires aux résultats de ces études a eu des conséquences désastreuses, alors que cela aurait pu être évité37 ».
55À l’inverse le rapport de la Commission de 1977, rappelle qu’au début des années 1960, lorsque les Soviétiques recommencèrent leurs essais nucléaires, nombre de conseillers du président Kennedy s’empressèrent de prôner une réplique immédiate des États-Unis dans ce domaine. Or, à ce moment-là, Ed Murrow, études et renseignements de l’USIA à l’appui, vint freiner ces velléités ; il persuada le NSC et le président qu’en reprenant les essais nucléaires, les États-Unis seraient mis sur un pied d’égalité avec l’URSS, certes, mais au mauvais sens du terme. Pour le directeur de l’USIA, lors de cet épisode, les Soviétiques avaient en effet affolé les populations du monde entier et particulièrement les Européens de l’Ouest. Pour ne pas ternir l’image des États-Unis, il plaida l’ajournement du renouvellement des essais nucléaires. Lorsque ceux-ci reprirent six mois plus tard, les services de l’USIA n’enregistrèrent qu’une poignée de contestations minimes, comparées au déferlement de mécontentements à l’encontre de l’URSS enregistrés plusieurs mois auparavant38.
56Dès lors, les résultats des activités et des études menées par l’USIA ont pu concourir au processus décisionnel de la politique étrangère, de la manière souhaitée par les Commissions consultatives sur l’information, dans cinq domaines déterminés :
Le positionnement politique des États-Unis sur la scène internationale.
L’affirmation et le positionnement de la force militaire des États-Unis.
Les politiques économiques des États-Unis, en prenant en compte les questions de la réception et de la résistance à ces politiques.
La perception par les populations étrangères des tendances culturelles aux États-Unis.
L’image scientifique et technologique des États-Unis à l’étranger.
57Si au cours de la première période qui nous occupe (des années 1950 et 1960), les coups d’éclat des directeurs de l’USIA auprès des décideurs de la politique étrangère ont été souvent l’exception, l’impact sur l’exécutif des résultats des campagnes d’information menées par l’Agence a pris une dimension jusqu’alors inégalée, durant l’ensemble de la mandature de Charles Wick.
Un exemple de collaboration étroite entre les Services d’information et la Maison-Blanche : la médiatisation du sommet de Genève de 1985
58Ainsi, lors du second sommet de la guerre froide à Genève, en novembre 198539, l’USIA, considérée comme un acteur clé du succès escompté, fut placée au cœur du processus préparatoire de cette rencontre40. À cette occasion, le Bureau des affaires européennes de l’Agence fut en première ligne pour fournir, à la fois le personnel nécessaire à Washington, et aussi sur le terrain à Genève. En plus de son travail d’information auprès des médias européens, l’USIA collabora étroitement avec les responsables des relations publiques de la Maison-Blanche, pour fournir une série de six rapports d’analyse, sur l’état des opinions européennes, à l’ambassadeur Jack F. Matlock et à son équipe chargée de la diplomatie publique. À ses côtés, deux FSOs de l’USIA expérimentés furent chargés de coordonner l’ensemble des opérations de diplomatie publique entreprises pour l’occasion. En étroite collaboration avec le Service de presse de la Maison-Blanche, les USIS et leurs Information Officers en Europe, réquisitionnés pour le sommet, alimentèrent quotidiennement les colonnes des 3 000 journalistes présents pour couvrir l’événement. Mais ce fut certainement l’implication de Charles Wick dans l’organisation et surtout la médiatisation de ce sommet qui fut le plus remarquable. À son initiative, le 12 novembre, le secrétaire d’État à la maîtrise des armements (Secretary of State on Arms Control) Paul Nitze41 anima une conférence interactive, par satellite, à destination de Genève, Oslo, Madrid et Rome ; tandis qu’un peu plus tard dans la soirée du même jour les télévisions européennes retransmettaient une interview du président réalisée avec des journalistes français, britanniques, ouest-allemands, suisses et italiens. Deux jours plus tard, le directeur de l’USIA permit la réalisation d’une autre conférence interactive par satellite pour préparer le sommet ; cette fois ce fut au tour du ministre des Affaires étrangères George Schultz de s’adresser aux capitales européennes, de Genève, Paris, Londres et Bonn. Le 16 novembre Charles Wick, arrivé à Genève pour coordonner personnellement les activités de l’Agence, négocia avec les autorités suisses, la possibilité de diffuser pendant toute la durée du sommet, par satellite, des émissions et magazines d’information des chaînes américaines ; surtout, il mit en place localement une cellule de crise chargée de réfuter expressément, par voie de presse, les accusations portées à l’encontre des États-Unis par la propagande soviétique. Au total, pendant les sept jours de préparation et de tenue du sommet, le personnel des USIS distribua plus de 62 documents officiels émanant de la Maison-Blanche aux journalistes européens, tandis que circulaient des pamphlets réalisés par l’USIA pour décrédibiliser les allégations tenues par les Soviétiques. Enfin, le 18 novembre Charlie Wick, avec l’aide des agents de l’USIS de Moscou, prépara scrupuleusement, en comparant les deux textes Anglais et Russe, les termes de l’accord sur les échanges entre les États-Unis et l’URSS.
59Pendant ce temps, dans l’ensemble de l’Europe les USIS orientèrent la totalité de leurs programmes d’information sur les questions emblématiques de la présidence Reagan : la maîtrise des armements, la « Guerre des étoiles » ou Initiative de défense stratégique (IDS), ou plus largement les relations Est-Ouest telles que souhaitées par les États-Unis. À cet effet, les USIS orchestrèrent de nombreuses retransmissions des conférences, organisées via Worldnet, de George Schultz, du ministre de la Défense Caspar Weinberger, Paul Nitze ou encore du Secrétaire général de l’OTAN Lord Carrington42.
60Au terme de cet événement, les conclusions de la Commission consultative sur la diplomatie publique furent sans ambiguïté quant au rôle déterminant que jouèrent l’USIA et les USIS dans le succès remporté auprès des populations européennes par le président Reagan lors du sommet. Dès lors, forts de ce précédent positif, les membres de la Commission sur la diplomatie publique prônèrent le renforcement de l’intégration de l’USIA et de ses activités de recherche, dans le processus décisionnel, au sein du NSC d’une part, et au sein de la Communauté du renseignement d’autre part. Ces recommandations devaient être mises en œuvre par la suite lors de la visite de Mikhaël Gorbatchev à la Maison-Blanche en 1986, puis lors de la visite de Ronald Reagan au Kremlin en 198743.
61Du sommet de Genève de juillet 1955 à celui de novembre 1985, en l’espace de trente ans, les stratégies de l’information de l’USIA élaborées à partir de pratiques et de méthodes en constante évolution, ont pris la forme de véritables techniques de persuasion. S’appuyant sur les innovations technologiques d’une société de l’information de plus en plus mondialisée, la diplomatie publique s’est imposée au sein de l’appareil exécutif américain en alliant savamment information, propagande et communication politique. Quant à l’USIA, à l’origine de cette pratique de la diplomatie américaine, elle s’est affirmée progressivement en amont et en aval des stratégies de la Maison-Blanche, avec le concours des autres acteurs constitutifs de la diplomatie publique (le département d’État, la CIA, la DIA…), ou d’organismes privés ponctuellement associés à certaines de ses missions.
Annexe
Annexe I. Études sociologiques et enquêtes de terrain (1955-1956)
Tableau 2. – Tableau répertoriant les types d’études et de sondages réalisés en Europe pour l’External Research Division.
REPORTS ISSUED BY IRI/R OR RECEIVED FROM FIELD STAFFS (since Jan. 1955) |
REPORTS |
• THE CURRENT STATE OF MORALE AMONG YOUTH IN WEST BERLIN (February 4, 1955) |
• THE IMPACT OF THE ATOMIC ENERGY EXHIBIT IN TURIN A USIS Italy Research project (March, 1955) |
• PUBLIC OPINION IN WESTERN GERMANY ON THE RE-ESTABLISHMENT OF MILITARY FORCES (January 22, 1955) |
• FRANKFURT VISITORS APPRAISE THE ATOMIC ENERGY EXHIBIT « ATOMS FOR PEACE », Series 2 (February 15, 1955) |
• GERMAN ATTITUDES TOWARDS FRANCE AND THE FRENCH, Series 2 (March 11, 1955) |
• NEWSPAPER READING IN VIENNA (April 25, 1955) Prepared by Research and Analysis, USIS Vienna |
• L’ALLEMAGNE ET LES ALLEMAGNES (Juillet, 1954) Une enquête sur les opinions des Français- Institut Français d’Opinion Publique |
• AN APPRAISAL OF THE AMERICA HOUSES IN GERMANY (April 15, 1955), Research Staff |
• REUNIFICATION – WEST GERMAN ASPIRATIONS AND EXPECTATIONS (May 9, 1955) |
• « ATOMS FOR PEACE » – ATOMIC ENERGY EXHIBITION LONDON VISITORS’REACTIONS, 2-11 June, 1955. Prepared by Social Surveys, Ltd., London, for the American Embassy |
EASTERN EUROPEAN PUBLIC OPINION BAROMETER SERIES |
• COMPARATIVE TRENDS IN ATTITUDES TOWARD AMERICA AND RUSSIA (March 18, 1955) |
• A NOTE ON TRENDS IN AWARENESS OF AMERICA’S ATOMS-FOR-PEACE PROPOSAL (March 21, 1955) |
• STATE OF OPINION ON PROJECTED NATO ATOMIC DEFENSE PLANS AND ON THE BANNING OF NUCLEAR WEAPONS (March 28,1955) |
• TRENDS ON WEST GERMAN REARMAMENT (March 31, 1955) |
• CURRENT STATUS OF EUROPEAN INTEGRATION SENTIMENTS WITH A NOTE ON FRANCO-GERMAN RELATIONS (March 31, 1955) |
• TRENDS IN ATTITUDES TOWARD THE U.S. AND THE U.S.S.R. ON THE EVE OF SUMMIT CONFERENCE (July 11, 1955) |
• DESIRES ANS EXPECTATIONS ON SPECIFIC CONFERENCE ISSUES (July 12, 1955) |
• PRE-CONFERENCE STATE OF OPINION ON SOME ATOMIC ISSUES (July 13, 1955) |
BACK GROUND REPORT • SOME PSYCHOLOGICAL FACTORS RELATING TO THE PROJECTED BIG FOUR MEETING (May 25, 1955) A Compilation of Opinion survey Findings from West Germany, France, Italy and Great Britain |
Source : USIA.
Tableau 3. – Traduction des conclusions de l’étude d’opinion menée en Allemagne après le sommet de Genève de 1956.
Headlines |
Post-Geneva Communist Propaganda Germany and European Security |
• Comment la jeunesse ouest allemande voit-elle la situation économique de Berlin Ouest ? |
– Peu de jeunes gens parmi ceux interrogés peinent à admettre qu’il y ait eu une embellie spectaculaire au cours des cinq dernières années. |
– La jeunesse Ouest allemande est particulièrement sensible aux améliorations concernant le niveau de vie, le logement, l’emploi, ou encore l’activité industrielle. |
• Comment les jeunes réfugiés de l’Allemagne de l’Est voient-ils leur situation économique ? |
– « Bien meilleure que ce qu’ils avaient espéré », est la réponse la plus courante donnée par les réfugiés de l’Allemagne de l’Est lorsqu’ils évoquent l’accueil et le sort qui leur ont été réservés à Berlin-Ouest. |
– Les trois-quarts des jeunes gens interrogés se déclarent satisfaits des opportunités qui leur sont offertes par Berlin-Ouest. |
– Seule une minorité de réfugiés s’est plainte de la rudesse des responsables des camps de réfugiés et de la lenteur de leur admission définitive à l’Ouest. |
• Comment la jeunesse de Berlin-Ouest et celle des réfugiés appréhende-t-elle l’avenir économique ? |
– Deux tiers des jeunes Berlinois de l’Ouest sont très optimistes quant à l’avenir économique de Berlin-Ouest. |
– Une minorité de pessimistes envisagent des conséquences néfastes liées à la division de Berlin, comme l’augmentation des prix, ou l’accroissement de la dette publique… |
– Seule une minorité (notamment issue des jeunes réfugiés) considère l’amélioration de la situation économique de Berlin-Ouest comme superficielle et temporaire. |
– L’ensemble de la jeunesse est confiante dans les perspectives de développement économique. |
• La jeunesse berlinoise est-elle préoccupée par les initiatives politiques en faveur de son bien-être et de son aide à l’insertion ? |
– La plupart des points de vue s’accordent sur le fait que les fruits de l’embellie économique profitent à la jeunesse, même si un tiers des jeunes gens les plus âgés disent ne pas en bénéficier. |
– Les mécontents les plus virulents mettent l’accent sur la persistance d’une offre d’emploi inappropriée. |
– La majorité des jeunes gens interrogés ont l’impression que les autorités de Berlin-Ouest font grand cas de la jeunesse, de ses intérêts comme de ses besoins. |
– Cet intérêt des autorités se manifeste par la création ou la présence de nombreuses institutions ou programmes destinés à la jeunesse. |
– Parmi les suggestions formulées par les jeunes gens interrogés pour améliorer le sort de la jeunesse berlinoise, on note le souhait d’un meilleur accès à la culture et aux activités sportives. |
– Seule une petite proportion de la jeunesse de Berlin-Ouest est membre d’une association de jeunesse. |
– La plupart des jeunes gens appartenant à ces associations disent apprendre beaucoup plus en dehors de celles-ci. |
– La raison majeure avancée pour ne pas appartenir à une association de ce type demeure néanmoins le manque de temps. |
• Est-ce que l’Allemagne de l’Est est attractive d’une manière ou d’une autre pour la jeunesse berlinoise ? |
– Deux tiers des jeunes Berlinois de l’Ouest affirment s’être rendus en Allemagne de l’Est au cours de l’année passée. |
– La plupart de ces jeunes gens, qu’ils aient été simples touristes ou réfugiés, disent avoir observé des contrastes marqués entre les deux Allemagnes, et plus favorables à l’Ouest. |
– Un tiers des jeunes berlinois de l’Ouest, et la moitié des jeunes réfugiés, ont fait état de personnes de leur connaissance ayant quitté l’Est pour l’Ouest. |
– Une proportion non négligeable de jeunes gens envisagent de quitter l’Ouest, soit parce qu’ils ont été convaincus par les arguments de la propagande venue de l’Est, soit parce qu’ils n’ont pas eu la possibilité de trouver du travail à l’Ouest. |
– Moins d’un jeune sur dix reconnaît ne voir aucun intérêt à quitter l’Ouest même si l’Est offre des avantages économiques plus importants. |
– La majorité des jeunes Allemands de l’Ouest montre une conscience forte des implications possibles lorsque l’on accepte un séjour en Allemagne de l’Est. |
– Mais en même temps une minorité substantielle prétend avoir un intérêt pour ce type d’invitation en faisant preuve d’une sensibilité proche des credo communistes. |
– L’Est n’est en aucun cas considéré comme supérieur à l’Ouest, c’est la position d’un jeune sur trois à Berlin-Ouest. |
– Cependant l’idée d’une supériorité des sociétés de l’Est mentionnée par le dernier tiers des jeunes gens témoigne d’un affaiblissement du prestige des sociétés de l’Ouest. |
• Qui selon eux agit le plus en faveur de la jeunesse : l’Ouest ou l’Est ? |
– La majorité des jeunes gens interrogés ont le sentiment que l’Ouest fait autant ou plus pour la jeunesse que l’Est. |
– Mais une minorité assez insignifiante perçoit des efforts plus importants en faveur de la jeunesse à l’Est. |
– Les réactions défavorables sont prédominantes parmi les jeunes réfugiés qui ont participé à des rassemblements de jeunesse à l’Ouest. |
Source : USIA.
Annexe II. Étude comparative des opinions européennes commandée par le président Kennedy (1961-1962) : « Trend in West European Confidence in the U.S.44 »
Tableau 4. – « How much confidence do you have in the ability of the U.S. to provide wise leadership for the West in dealing with present world problems—very great, considerable, not very much, or very little? »
Source : USIA.
Tableau 5. – « Have you a favorable or unfavorable impression of what the American government has been doing in international affairs recently? Very or only somewhat? »
Source : USIA.
Tableau 6. – « Is America doing all it should do to prevent a new world war? »
Source : USIA.
Tableau 7. – OPINIONS ABOUT THE U.S. « Please use this card to tell me your feelings about various countries. How about…? »
Source : USIA.
Tableau 8. – « In your opinion, are the basic interests of (survey country) and those of the U.S., very much in agreement, fairly well in agreement, rather different, or very different ? »
Source : USIA.
Tableau 9. – « Now talking particularly about the handling of foreign affairs, have you a favorable or unfavorable impression of what Soviet Russia has been doing in international affairs recently? Very or only somewhat? »
Source : USIA.
Tableau 10. – « Is Soviet Russia doing all it should do to prevent a new world war? »
Source : USIA.
Tableau 11. – OPINIONS ABOUT THE U.S.S.R. « Please use this card to tell me your feelings about various countries. How about…? »
Source : USIA.
Tableau 12. – « How about the basic interests of (survey country) and those of the Soviet Union? »
Source : USIA.
Notes de bas de page
1 Jacques Ellul, Propagandes, Paris, Economica, 1990-1962, p. 6.
2 La Commision consultative sur l’information (qui de facto prendra le nom de Advisory Commission on Public Diplomacy en 1978), créée dès 1948, eut pour mission à l’origine de superviser l’ensemble des programmes culturels, d’information et d’échanges mis en œuvre par les États-Unis. À partir de 1953, la Commission est une institution bipartite permanente, créée par le Congrès pour proposer des missions et des programmes qui seront menés par l’USIA. La mission de la Commission est également d’évaluer le travail de l’Agence et de faire connaître ses observations et ses recommandations au président, au Congrès, au directeur de l’USIA, au département d’État ainsi qu’au peuple américain. La Commission est constituée de sept membres qui sont nommés par le président avec l’accord du Sénat ; tous ses membres sont issus du secteur privé et ont des parcours professionnels complémentaires dans les domaines de la communication, des relations publiques et internationales. Tous sont volontaires pour participer à cette mission, et partagent la même conviction que la diplomatie publique est indispensable pour la Sécurité nationale des États-Unis comme pour la bonne réalisation des objectifs de la politique étrangère. Même si cette Commission de conseil rencontre régulièrement le directeur de l’USIA (une fois par mois) et occasionnellement les responsables du département d’État ou de la Défense, elle demeure ad hoc et n’est pas impliquée directement dans les missions de l’Agence d’information.
3 The 7th Report, United States Advisory Commission on Information », July 1955, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 10, National Archives II, College Park, MD.
4 Robert E. Elder, The Information Machine. The United States Information Agency and American Foreign Policy, Syracuse/New York, Syracuse University Press, 1968.
5 Le comité était dirigé par Wilbur Schramm, doyen de l’université de l’Illinois et responsable du département de communication ; parmi ses membres, on comptait Marion Harper, président de McCann-Erickson Inc., et Oscar Katz, directeur du département de recherche télévisuel de CBS (Columbia Broadcasting System). « Schramm Report », « Relations with Congress 1946-1957 », Historical Collection, Record Goup 306, Box 4, National Archives II, College Park, MD.
6 « The 28th Report, United States Advisory Commission on Information, May, 1977 », « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD, p. 65.
7 « Edward R. Murrow, Congressional Hearings, 1961-1963 », « Edward R. Murrow, Speeches, 1961-1967 », General Records Of the U.S Information Agency Office of the Director, Historical Collection, Biographic Files Relating to USIA Directors and Other Senior Officials, 1953-2000, Record Group 306, Box 20, National Archives II, College Park, MD, p. 4.
8 Tristan Mattelart, Le Cheval de Troie audiovisuel : le rideau de fer à l’épreuve des radios et télévisions transfrontières, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1995, p. 67.
9 Vaclav Havel, « Le Pouvoir des sans-pouvoir », Essais politiques, Paris, Le Seuil, 1990, p. 82.
10 « The 13th Report, United States Advisory Commission on Information », March 1959, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 10, National Archives II, College Park, MD, p. 6.
11 Cité dans John W. Henderson, The United States Information Agency, New York/Washington, D.C./Londres, Praeger Library of U.S Government Departments and Agencies, 1969, p. 288.
12 Citation d’Edward R. Murrow, « Director, U.S Information Agency before the Subcommittee on International Organizations and Movements of the Committee on Foreign Affairs House of Representatives, March 28, 1963 », p. 4, « Edward R. Murrow, Congressional Hearings, 1961-1963 », General Records Of the U.S Information Agency Office of the Director, Historical Collection, Biographic Files Relating to USIA Directors and Other Senior Officials, 1953-2000, Record Group 306, Box 20, National Archives II, College Park, MD.
13 Ton Pieter Devos, « A Field Study in the Effectiveness of the United States Information Service in the Netherlands », Ph.D. Norman, University of Oklahoma, 1962, p. 46.
14 USIA, « 7th Semi-Annual Report to Congress », 1er juillet-31 décembre 1956, Washington, D.C., US Government Printing Office, 1956, p. 18
15 John W. Henderson, The United States Information Agency, New York/Washington, D.C./Londres, Praeger Library of U.S Government Departments and Agencies, 1969, p. 271.
16 La carrière d’un Information Service Officer était bien moins attractive, notamment en termes de rémunération, que celle d’un CAO ce qui représentait un frein au recrutement d’un personnel de qualité. Voir Charles Frankel, « The Men Who Do the Job », op. cit., p. 20-21.
17 En fonction de l’évolution des besoins stratégiques liés aux événements internationaux, les agents des USIS occupaient certains postes pour une durée relativement courte (1 à 3 ans en moyenne).
18 Voir « The Importance of Research and Évaluation: why is it Essential for USIA to Conduct Periodic Surveys on World Opinion », « The 28th Report, United States Advisory Commission on Information May 1977 », « Special “S” Reports of the Office of Research 1953-1963 », Entry 1009A, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD.
19 Voir l’annexe 1 présentant l’organigramme de l’USIA en « Avant-propos ».
20 La première définition de la communauté du renseignement américaine remonte à 1947(National Security Act, July 26, 1947), elle désigne l’ensemble des activités de renseignement mises en œuvre, séparément ou conjointement, par différentes organisations institutionnelles dans le but de conduire la politique étrangère américaine et d’assurer la sécurité nationale des États-Unis, [http://www.intelligence.gov/].
21 Adam Bernstein, The Washington Post, 17 juillet 2008, p. B07.
22 Parmi celles-ci, voir à titre d’exemples : USIA, « The “vigilance drive” and the cold war; a case study in the technique of propaganda, prepared for the Office of Research and Intelligence, U.S. Information Agency by the Department of Sociology, Rutgers University, the State University of New Jersey », New Brunswick, N.J, The University, 1954, 59 p. ; et sur un programme spécifique, comme le Foreign Leader Program, Robert E. Elder (agent de l’USIA), The Foreign Leader Program: Operations in the United States. A study made at the request of the Department of State, The Brookings Institution, Westport, Conn, Greenwood Press, 1974.
23 D’après, « IRI Special Report », July 21, 1955, « Special “S” Reports of the Office of Research », 1953-1963, Entry 1009, Record Group 306, Box 10, National Archives II, College Park, MD.
24 Tableau traduit et realisé à partir du rapport, « Post-Geneva Communist Propaganda », January 1956, « Special “S” Reports 1953-1963 », Record Group 306, Box 10, National Archives II, College Park, MD. Ces sondages furent realisés sur le terrain avec le concours des USIS et d’un organisme privé de sondages sous contrat avec le département d’État (Gesellschaft fuer Markt-und Meinungsforschung M.B.H, basé à Francfort).
25 « The Meaning and Measurement of Effectiveness », « the 27th Report, United States Advisory Commission on Information », July 1974, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD.
26 « Evaluations of Effectiveness—“Before and After” Surveys », in Leo Crepi, « Some Commentaries on the Yankelovich Report », May 1977, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD.
27 « Foreword by Nelson A. Rockefeller », « Post-Geneva Communist Propaganda », January 1956, « Special “S” Reports 1953-1963 », Entry 1009, Record Group 306, Box 10, National Archives II, College Park, MD.
28 D’après Herbert H. Hyman et Terence K. Hopkins, « An Outline for the Comprehensive Study for National Images of America », Office of Research and Intelligence, « Special “S” Reports », 1953-1963 », Entry 1009, Record Group 306, Box 14, National Archives II, College Park, MD.
29 E. W. Kenworthy, « Prestige of the U.S. Rising in Europe », The New York Times, 14 mars 1963, p. 7.
30 Le discours du président Kennedy, fut diffusé dans le monde entier grâce aux émetteurs de la Voix de l’Amérique, le 22 octobre 1962.
31 Voir le témoignage de Donald M. Wilson, « USIA and the Cuban Missile Crisis », « The United States Information Agency, A Commemoration: Telling America’s Story to the World, 1953-1999 », Washington, D.C., The United States Information Agency’s Office of Public Liaison, 1999, p. 26.
32 Oren Stephens, Facts to a Candid World, Stanford, Stanford University Press, 1955.
33 Kenneth L. Adelman, « Speaking of America: Public Diplomacy in Our Time », Foreign Affairs, printemps 1981, p. 936.
34 William A.Welsh (dir.), Survey research and public attitudes in Eastern Europe and the Soviet Union, New York/Oxford/Paris, Pergamon Press, 1981, 565 p.
35 Voir « the 27th Report, United States Advisory Commission on Information », July 1974, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD, p. 61.
36 Voir « the 28th Report, United States Advisory Commission on Information », May 1977, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD, p. 69.
37 « The 28th Report, United States Advisory Commission on Information », May 1977, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD, p. 69.
38 Voir « the 28th Report, United States Advisory Commission on Information », May 1977, « Special “S” Reports », Entry 1009, Record Group 306, Box 17, National Archives II, College Park, MD, p. 69-70.
39 La première rencontre entre Ronald Reagan et Mikhaël Gorbatchev se déroule les 19, 20 et 21 novembre 1985, au sommet de Genève ; elle consacre la reprise du dialogue entre les deux superpuissances sur la question de la maîtrise des armements. À l’initiative du Secrétaire général du PCUS, ce sommet vint fort à propos pour son homologue américain en proie à de sérieuses difficultés sur le plan intérieur. L’enjeu diplomatique était cette fois « la course au désarmement » en particulier sur le vieux continent. Au terme de joutes oratoires mémorables, une réduction bilatérale des forces fut envisagée, ce qui correspondait à 50 % de réduction des forces nucléaires stratégiques. Voir Ronald Reagan, The Reagan Diaries, New York, Harper Collins Publishers, 2007, p. 369-371.
40 Le succès le plus tangible à court terme obtenu par l’Agence d’information lors du sommet de Genève fut la signature d’un accord sur les échanges entre les États-Unis et l’URSS. Celui-ci avait été préparé en amont par Charles Wick lors de sa visite en URSS. Ronald Reagan, op. cit., p. 396.
41 Paul Nitze, avait été nommé par le président à cette charge après lui avoir servi de Conseiller spécial et de négociateur pour la signature du traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces) entre 1981 et 1984. Ce spécialiste des affaires étrangères et des questions de défense, s’était illustré auparavant en tant que membre de la délégation américaine chargée de négocier les premiers accords sur la limitation des armements (SALT I) entre 1969 et 1973.
42 « Report United States Information Agency 1981-1984: Years of Progress », « Special “S” Reports » 1953-1963, Entry 1009, Record Group 306, Box 31, National Archives II, College Park, MD, p. 122-123.
43 « Building from Geneva », « United States Advisory Commission on Public Diplomacy 1986 Report », Washington, D.C., United States Advisory Commission on Public Diplomacy, 1986, p. 11.
44 Les tableaux ont été réalisés à partir des résultats des sondages fournis par Oren Stephens au directeur de l’USIA, Edward R. Murrow dans un mémorandum daté du 14 août 1962, intitulé « Trend in West European Confidence in the U.S », microfiches 205-209, « President Kennedy Office Files: 1961-1963 », part 3: « Departments and Agencies », Reel 27, « U.S Information Agency Cont. », Research Collections in American Politics, Microforms from Major Archival and Manuscript Collections, Frederick, MD, University publications of America, 1990.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Premiers Irlandais du Nouveau Monde
Une migration atlantique (1618-1705)
Élodie Peyrol-Kleiber
2016
Régimes nationaux d’altérité
États-nations et altérités autochtones en Amérique latine, 1810-1950
Paula López Caballero et Christophe Giudicelli (dir.)
2016
Des luttes indiennes au rêve américain
Migrations de jeunes zapatistes aux États-Unis
Alejandra Aquino Moreschi Joani Hocquenghem (trad.)
2014
Les États-Unis et Cuba au XIXe siècle
Esclavage, abolition et rivalités internationales
Rahma Jerad
2014
Entre jouissance et tabous
Les représentations des relations amoureuses et des sexualités dans les Amériques
Mariannick Guennec (dir.)
2015
Le 11 septembre chilien
Le coup d’État à l'épreuve du temps, 1973-2013
Jimena Paz Obregón Iturra et Jorge R. Muñoz (dir.)
2016
Des Indiens rebelles face à leurs juges
Espagnols et Araucans-Mapuches dans le Chili colonial, fin XVIIe siècle
Jimena Paz Obregón Iturra
2015
Capitales rêvées, capitales abandonnées
Considérations sur la mobilité des capitales dans les Amériques (XVIIe-XXe siècle)
Laurent Vidal (dir.)
2014
L’imprimé dans la construction de la vie politique
Brésil, Europe et Amériques (XVIIIe-XXe siècle)
Eleina de Freitas Dutra et Jean-Yves Mollier (dir.)
2016