Mémoires greffées : les écritures migrantes du Québec comme lieu du travail de mémoire et de quête identitaire
p. 111-122
Texte intégral
1Le paysage littéraire et culturel québécois contemporain se caractérise par une grande ouverture aux regards, aux voix et aux mémoires venus d’ailleurs. Si le film Incendies (Canada/France, 2010) du réalisateur québécois Denis Villeneuve, qui constitue une adaptation de la pièce éponyme du dramaturge libano-québécois Wajdi Mouawad1, a montré au grand public, à l’échelle internationale, l’importance des mémoires migrantes et la qualité de leur réception voire de leur réappropriation dans l’imaginaire québécois actuel, d’autres intellectuels et chercheurs l’avaient soulignée auparavant.
2Ainsi, Pierre Nepveu, en 1997, dans un bref essai portant sur l’ouvrage Théories Caraïbes. Poétique du déracinement (1996) de l’écrivain d’origine haïtienne Joël Des Rosiers, mettait en relief le fait que « un des aspects les plus réjouissants du Québec actuel est l’ouverture que celui-ci semble offrir à des pensées critiques de l’identité et de sa relation à l’autre qui se situent en même temps dans de fortes traditions culturelles particulières […] [dont] quatre courants de discours qui […] interpellent […] et investissent [la culture québécoise] […] [et qui] se réclament d’[une] mémoire particulière2 », les « discours amérindien, italien, juif, haïtien3 », et terminait son analyse en soulignant que « [à] partir de sa dualité québécoise-haïtienne, Des Rosiers revendique hautement sa condition américaine : un continent riche de toutes les mémoires4 ». Et en 2004, dans son livre Lectures des lieux. Essais, Nepveu déclare : « Nous écrivons, lisons et vivons désormais en présence de toutes les mémoires du monde. La mémoire des autres est aussi la mienne, elle se donne à moi, se raconte en moi, elle me sollicite, me questionne, m’investit, m’habite5. »
L’« agir mémoriel » des écrivains migrants : quelles géographies mémorielles ?
3L’« agir mémoriel6 » que développent des écrivains migrants au Québec concerne un passé dont ils ont été contemporains et qu’ils ont eux-mêmes vécu, à savoir une « mémoire autobiographique », et/ou un passé porté à leur connaissance à partir de transmissions, ce que Maurice Bloch appelle « la mémoire historico-sémantique7 ».
4Si Pierre Nepveu, dans Lectures de lieux. Essais, exposait l’importance qu’ont pour lui « la mémoire haïtienne et […] la mémoire juive qui trouvent leur site dans l’hégémonie québécoise et dans la centralité montréalaise8 », une cartographie actuelle des écritures migrantes au Québec devrait accueillir une plus grande diversité de géographies mémorielles.
5En effet, au travail de mémoire d’écrivains d’origine haïtienne tels que Marie-Célie Agnant, Dany Laferrière ou Émile Ollivier, et d’origine juive comme Régine Robin, nous devrions ajouter celui des écrivains d’origine libanaise tels que Abla Farhoud et Wajdi Mouawad, d’origine espagnole comme Jacques Folch-Ribas, d’origine chilienne comme Marilú Mallet et Mauricio Segura9, d’origine vietnamienne comme Kim Thúy10, d’origine kabyle comme Karim Akouche11et d’origine coréenne et japonaise comme Ook Chung12, parmi d’autres. Faisant partie d’une société québécoise où, comme soulignait l’historien Paul-André Linteau, « l’immigration joue un rôle croissant dans la démographie québécoise et contribue à modifier de façon notable la composition ethnoculturelle, surtout à Montréal […] [et où] [l]a diversité des groupes ethnoculturels atteint un niveau inconnu jusque-là13 », les écrivains migrants configurent des mémoires qui leur appartiennent et qui font désormais partie du patrimoine mémoriel de la société d’accueil. Parallèlement à la mémoire de l’exil ou de la « migrance14 », que ces écrivains partagent avec des écrivains d’autres origines (italienne, chinoise, coréenne…), ils mettent en récit des mémoires blessées comme la mémoire de la guerre (guerre civile espagnole, guerre du Liban, guerre du Vietnam), de la répression (dictature militaire au Chili, fondamentalisme islamiste en Algérie, dictature de François Duvalier, « Papa Doc » en Haïti), de la colonisation et de l’esclavage.
6Nous allons nous focaliser sur l’apport de certains de ces auteurs à la pensée de la mémoire et sur leur contribution à la poétique de la mémoire. Nous analyserons leur approche du rapport entre la fiction, la mémoire et l’Histoire. Et nous étudierons aussi le regard de ces auteurs sur la mémoire du Québec, leur mouvement de rapprochement ou de « dissonance15 » par rapport à celle-ci.
Marie-Célie Agnant : la mémoire comme espace de résistance
7Marie-Célie Agnant, écrivaine d’origine haïtienne, apporte une parole-mémoire dont la mémoire de la migrance, qu’elle explore en romancière (particulièrement dans La dot de Sara – 1995 –, roman sur les grands-mères haïtiennes de Montréal, né dans le cadre d’un projet de recherche), en poète et comme auteure de littérature de jeunesse, la mémoire de la répression en Haïti (cf. son dernier roman Un alligator nommé Rosa, 2007), et la mémoire de l’esclavage qu’elle creuse dans Le livre d’Emma (2001). Elle affirme : « L’écrivain a un devoir de mémoire. Ce devoir revêt pour moi une grande importance16. »
8Dans l’« épitexte17 » de certaines de ses œuvres, comme Le livre d’Emma, l’écrivaine manifeste l’importance qu’ont, dans leur genèse, son militantisme et sa solidarité avec les femmes et avec la détresse de l’être humain18. Cette solidarité est incarnée dans son œuvre par l’enchâssement des mémoires et par ce que Lucie Lequin a appelé « la multivoix des mémoires19 ». Les mémoires s’enchâssent, se transmettent, se fusionnent. Dans une seule voix narrative, Marie-Célie Agnant en fait entendre plusieurs et passe de la mémoire individuelle à la mémoire collective dans un mouvement de va-et-vient. Ainsi, dans le roman Le livre d’Emma, la mémoire d’une femme noire migrante, Emma, qui échoue dans un hôpital psychiatrique de Montréal, fait appel aux mémoires de ses aïeules, négresses parties d’Afrique dans des bateaux négriers ou femmes noires qui ont osé adhérer au marronnage. Le parcours diachronique qui traverse plusieurs siècles et plusieurs continents et les mémoires individuelle et collective s’enchâssent. Emma hérite de ces mémoires et les fait jouer et dialoguer. Et elle les transmet, à son tour, à Flore, interprète qui se rapproche d’Emma et qui « épouse le destin d’Emma20 ». La « multivoix de la mémoire » qu’évoque Lucie Lequin se manifeste comme « un genre de palimpseste verbal où une voix se superpose à une autre voix plus ancienne, mais non seulement y a-t-il superposition, il y a aussi plusieurs voix de façon simultanée21 ». Le « je » de la narration incorpore d’autres voix : il s’agit d’« une voix multidirectionnelle habilitant l’auteure à mieux saisir autant le sort du monde que son propre sort22 ».
9Un aspect particulièrement intéressant de ce roman est la posture de l’écrivaine concernant le rapport entre la mémoire et l’Histoire. Elle partage le même militantisme pour le travail de mémoire de l’esclavage que d’autres écrivaines originaires de la Caraïbe, telles que les Guadeloupéennes Maryse Condé et Gisèle Pineau, et Fabienne Kanor, originaire de la Martinique. Sa représentation de la mémoire comme un espace de résistance s’actualise dans le personnage d’Emma qui, après avoir reçu d’une femme de sa famille, Mattie, la mémoire de ses aïeules, esclaves et marronnes, « femmes venues du pays de Guinée23 », lutte pour soutenir une thèse de doctorat à l’université de Bordeaux sur l’« histoire de l’esclavage24 », thèse à laquelle elle avait voué sa vie, et qui est refusée :
« J’en ai lu, moi aussi, de ces livres, [dit-elle à Flore], où l’histoire est tronquée, lobotomisée, excisée, mâchée, triturée puis recrachée en un jet informe […], c’est pour cela qu’ils ont piétiné mon travail. Ainsi, eux seuls continueront à écrire pour nous, pour qu’on ne sache pas que déjà sur les bateaux ils nous volaient et notre corps et notre âme25. »
10Ces paroles d’Emma dénoncent la méconnaissance de ce qu’a déterminé la traite et l’esclavage colonial, à savoir l’expérience du déni de dignité, la création d’une non-société26 où demeurent les esclaves. Elles expriment la revendication de l’écriture d’une histoire commune, une écriture de l’histoire ouverte aux réinterprétations et aux relectures.
11Dans ce roman, le rôle, si important, de la transmission, dans la diégèse et dans la mise en scène de la fiction (cf. instance narrative, temps de la narration, voix narratives), aboutit à un grand espace accordé aux mémoires orales, qui gardent les traces et les fragments d’expériences de l’horreur mais aussi de la résistance dont le marronnage et qui préservent ainsi une vérité oubliée par les récits officiels.
Jacques Folch-Ribas : la mémoire de la guerre civile et de l’exil espagnol, de Le greffon (1971) à Paco (2011)
12Écrivain et architecte né à Barcelone, Jacques Folch-Ribas a été profondément marqué par deux événements, l’expérience de la guerre civile espagnole et de l’exode, dans son enfance, et la rencontre d’Albert Camus, qui l’a encouragé à écrire. L’expérience bouleversante de la guerre civile et de la terrible « Retirada », l’exode massif à travers les Pyrénées, en 1939, a provoqué chez lui une faille, une rupture dans son identité qui a entraîné ce que nous pourrions appeler « un travail d’oubli » concernant son nom et sa langue, comme il l’exprime dans le texte qu’il a écrit pour le livre que j’ai dirigé, Espagnes imaginaires du Québec (2012) :
« Je suis mort le 2 février 1939, en compagnie d’un million et demi d’Espagnols ( !) après une guerre que l’étranger a mythifiée, après une défaite du peuple espagnol des travailleurs, paysans, républicains, socialistes, communistes, anarcho-syndicalistes et anarchistes… Après l’assassinat de mes oncles et cousins, de mon grand-père Grand d’Espagne ( !) et député aux Cortes, octogénaire enfermé au fort de Montjuich, la prison la plus sordide d’Europe… Après un exode que nous avons fait à pied en sept jours […] à travers les Pyrénées catalanes, et qui nous a conduits au pays de la liberté, des droits de l’homme, de la République laïque, de l’égalité et de la fraternité. La France. […] Il y a une vie après la mort, je le garantis. J’ai voulu tout oublier : les langues que je parlais, les études que j’avais faites, même mon prénom, les chansons, les habitudes27. »
13Sur 13 romans, deux investissent la mémoire de la guerre civile espagnole et de l’exil : Le greffon, publié en 1971, et Paco, en 2011. Dans Le greffon, la métaphore de la greffe qu’un jeune homme, chassé, avec sa famille, d’un pays catalan par la guerre civile, rêve de vivre, en s’insérant sur la société d’accueil, est renforcée par les titres des trois parties du roman, « Le scion », « Le vairon » (qui reflète la transformation physique associée à la métamorphose), et « La souche », ainsi que par l’épigraphe qui précède chaque chapitre et qui appartient à un poème de Hortense Flexner (« This Stubborn Root »), traduit par Marguerite Yourcenar :
« Ce surgeon mince, au verger,
Naît d’une racine obstinée :
Bien que tranché au ras du sol,
D’un grand bond vert, il se précipite
En pleine clarté d’avril28, »
14La tension entre la mémoire de son pays d’origine, « le Pays, le Vieux29 » et l’oubli, le rêve de se dépouiller de son passé, de tout effacer et d’être « neuf […], sans l’ignoble boulet de l’appartenance […], un égal parmi les autres30 », s’exprime dans le dédoublement du personnage. Jaume, le prénom catalan, le moi ancien, et Jacques, le prénom d’adoption, s’affrontent, et ces dialogues, représentés comme face à un miroir, traduisent une quête d’identité qu’il partage avec d’autres êtres poussés à l’exil :
« Je t’ai tant parlé, à toi mon frère Jaume, comme à un autre moi-même ! Comme si j’étais vraiment Jacques. Je te disais : “Jaume” et je savais à qui je m’adressais : à l’enfant que je fus, et je ne voulais plus l’être ; à l’impossible, à l’oublié.
Du nord altier […], je te moquais, toi du bas, toi du sud, le petit Jaume. Je t’aimais bien, mais avec quelle condescendance ! Je me disais : “Il est amusant, ce petit Jaume, tout caché.” Mais je te découvre, et tu me confonds. Tu es moi. Alors qui suis-je, moi qui suis tous les jours Jacques ? Je suis le produit barbare des déplacements du monde. Je suis Jacques le juif, Jacques le russe blanc, Jacques l’américain, Jacques l’enfui des pestes de Turquie, j’en oublie sûrement31. »
15Dans Paco, son dernier roman, Folch-Ribas plonge dans l’univers de son enfance, dans le contexte de l’avènement d’une République naissante et fragile, de la guerre civile et de l’exode. « [C]haos32 » et violence y côtoient l’amour et l’apprentissage de la liberté. Le récit du parcours de Paco (« Francesc, Paco, Paquito33 »), qui se termine au seuil de la frontière française, est parallèle au travail de mémoire de la guerre contre les civils, objet des bombardements et victimes déracinées, la mémoire de la mort des êtres humains et de la langue catalane : « Le Pays mourant, la langue du Pays mourante34 », cette langue, présente dans le texte, qui exprimait la « Llibertat35 ».
16La mise en scène des imaginaires de la violence, où se mêlent peur et rage, laisse apparaître aussi des personnages de femmes résistantes comme Concha, militante du POUM (« Parti ouvrier d’unification marxiste36 »), parti d’extrême gauche, qui, d’après l’historien Enzo Traverso37, avait organisé en 1936 des bataillons féminins de volontaires.
17Dans Paco, la ligne mince entre la vérité et la fiction est constamment franchie. « C’est un roman inventé vrai [dit l’auteur]. C’est romancé, mais ça reflète aussi une réalité historique et personnelle38. » Il a recours à deux voix narratives et à deux attitudes narratives. L’auteur passe systématiquement du « je » au « il », souvent dans le même paragraphe, parfois dans la même phrase, pour bien marquer la frontière entre l’autobiographie et la fiction : « Quand je dis “je”, c’est mon histoire. Quand je dis “il”, c’est du roman. […] Aragon déclarait qu’il existait dans le roman un mentir vrai. Je le crois aussi39. »
Mémoires libanaises, mémoires de la guerre : Wajdi Mouawad, Abla Farhoud
18Wajdi Mouawad et Abla Farhoud sont deux dramaturges et écrivains d’origine libanaise, qui, même s’ils mènent une quête très personnelle – particulièrement Abla Farhoud –, ont approfondi la mémoire de la guerre du Liban.
19La puissance tragique du théâtre de Mouawad est reconnue sur le plan international. La tétralogie intitulée Le sang des promesses dont font partie Littoral, Incendies, Forêts et Ciels, a été l’objet d’un long compte rendu dans le numéro de la revue Annales. Histoire, Sciences Sociales (no 2, mars-avril 2010, 65e année), consacré aux « Savoirs de la littérature ». Mélanie Traversier y souligne qu’« [a]u-delà de l’audace, et de l’ambition déployées dans ses fresques théâtrales par le dramaturge, […] son œuvre intéresse également les historiens par sa volonté têtue d’interroger sur scène les brutalités du monde contemporain, tel qu’il a été façonné par la violence démesurément meurtrière des guerres qui ont émaillé le long xxe siècle [dont] la Seconde Guerre mondiale et l’horreur de la Shoah, […] les guerres du Liban, le terrorisme des deux dernières décennies40 ». Nous partageons sa perception de l’approche des guerres du Liban que Mouawad mène dans ses pièces, à savoir que « l’auteur ne se veut pas documentariste mais bien passeur des émotions et des questions que soulèvent les enjeux contemporains » et que « son théâtre, intensément tragique, […] est résolument du côté de la fiction et du sensible41 ». Le travail de mémoire de Mouawad ne se limite pas au constat de la violence inhérente aux sociétés modernes mais il aborde « la question brûlante de l’antagonisme des mémoires42 » et il pose la question de la réconciliation après le drame, réconciliation avec l’autre, réconciliation avec soi-même, comme dans Incendies.
20Dans cette pièce, les deux enfants de Nawal Marwan, Jeanne et Simon, au cours de la lecture du testament de leur mère, sont invités par le notaire Hermile Lebel à partir, à retrouver « la mémoire enfouie43 » sous le silence de la mère. Le notaire joue ainsi le rôle d’un passeur de mémoires, rôle important dans le théâtre de Mouawad : les passeurs de mémoires sont des messagers de l’écrit et du savoir mais ils ont besoin des autres pour déchiffrer et transmettre ce dont ils sont les dépositaires. Jeanne et Simon s’engagent dans un voyage au pays natal de leur mère qui les mènera à exhumer des mémoires et à découvrir son identité et la leur. La réconciliation est évoquée comme une sorte de leitmotiv : « Il y a le bonheur d’être ensemble. Rien n’est plus beau que d’être ensemble44. »
21En ce qui concerne Abla Farhoud, la guerre est très présente dans son œuvre, dans des romans, dans des pièces de théâtre et dans des paroles de chansons. Sa pièce de théâtre Jeux de patience (1997) est un texte particulièrement fort où le silence de la mort cohabite avec le bruit des bombes. Trois personnages se partagent la scène : Monique/Kaokab (le double nom indiquant une ambiguïté identitaire), romancière, environ 40 ans, qui a immigré au Québec vers l’âge de 6 ans ; la Mère, cousine de Monique/Kaokab, arrivée récemment d’un pays du Moyen-Orient déchiré par la guerre, et Samira, fille de la Mère, adolescente. Dans les didascalies, nous apprenons que « [d]es tiroirs sont placés aux endroits où il y a des guerres dans le monde. Onze ou douze tiroirs et même plus45 ».
22Le personnage de la romancière Monique/Kaokab exprime son incapacité d’écrire sur la guerre : « Ça fait 15 ans que je veux écrire là-dessus46 », évoque sa vie où se juxtaposent ou s’affrontent « le déchirement de la mémoire et le déchirement de l’oubli47 », et manifeste le besoin de comprendre. Des questions traversent son discours dans la pièce :
« Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Je dirai “pourquoi” jusqu’à la fin des temps, jusqu’au jour où ma langue séchera dans ma bouche. Pourquoi elle, pourquoi lui, pourquoi Beyrouth, pourquoi eux, pourquoi ce bébé, pourquoi Bethléem, pourquoi cet enfant, pourquoi Bir-Barra, pourquoi notre village, pourquoi notre quartier, pourquoi notre ville, pourquoi Babylone, pourquoi notre pays ? Pourquoi notre planète48 ? »
23Elle est écartelée entre sa conviction et son engagement en ce qui concerne l’importance du travail de mémoire et un certain pessimisme ou scepticisme sur le pouvoir de la littérature :
« Je sais que la mémoire ne se transmet que par l’art, par la littérature, la vraie. Je n’y arrive pas ! […] Il faut continuer. Rentrer de plain-pied dans la fêlure et la transformer. De croire que je peux transmettre ma mémoire et la mémoire des miens est pure vanité… Il le faut pourtant… […] Écrire… pendant que je suis encore vivante49… »
24Abla Farhoud fait surgir ici une question, celle du sentiment de la mort du langage, de l’échec de la parole face à ce qui est inhumain, question sur laquelle ont réfléchi des écrivains tels qu’Adamov ou Ionesco, et qui se rapproche du douloureux constat de deuil d’Adorno : « Pas de poésie après Auschwitz. »
Régine Robin ou quand « la greffe n’a pas réussi50»
25Lorsqu’on creuse la mémoire associée à l’identité, une autre écrivaine migrante qui s’avère incontournable, est Régine Robin, écrivaine, sociologue et historienne, d’origine française et juive. Elle a abordé la problématique de la mémoire, d’un point de vue théorique, dans La mémoire saturée (2003), elle a mis en récit la mémoire juive dans plusieurs romans dont La Québécoite (1983), et elle ose approcher le problème de la non-convergence des mémoires, de « la greffe [qui] n’a pas réussi51 » et de la « dissonance52 » dans son récent essai Nous autres, les autres. Difficile pluralisme (2011).
26Dès son roman La Québécoite, à travers le regard de la narratrice, la mémoire du Québec est représentée dans son discours comme quelque chose de lourd qui empêche l’émergence du sentiment d’appartenance. Les toponymes qu’elle fréquente quotidiennement tels que les noms des stations de métro, ainsi que les traditions et le récit de l’Histoire sont perçus et vécus comme des sources d’« étrangeté », des obstacles infranchissables qui entravent la construction d’un « Nous » habitable :
« Quelle angoisse certains après-midi – Québécité – québécitude – je suis autre. Je n’appartiens pas à ce Nous si fréquemment utilisé ici – […] L’incontournable étrangeté. Mes aïeux ne sont pas venus du Poitou ou de la Saintonge ni même de Paris, il y a bien longtemps. Ils ne sont pas arrivés avec Louis Hébert ni avec le régiment de Carignan – Mes aïeux n’ont pas de racines paysannes. Je n’ai pas d’ancêtres coureurs de bois affrontant le danger de lointains portages. […] Par-dessus tout, je n’aime pas Lionel Groulx, je n’aime pas Duplessis, je n’aime pas Henri Bourassa, je ne vibre pas devant la mise à mort du père Brébeuf […]. On ne devient pas québécois53. »
27C’est cette problématique d’un « Nous » inclusif qui parcourt son essai Nous autres, les autres. Difficile pluralisme. Elle y analyse des initiatives en vue de construire un Nous « habitable » telles que l’interculturalisme proposé par Gérard Bouchard, elle explore des débats autour de la commission Bouchard-Taylor et de sa réception, et elle exprime son sentiment ou plutôt un mouvement de réconciliation avec le Québec dans son imaginaire de la ville de Montréal, un « Montréal hybride54 », où « un “nous” se cherche55 », représentation qui rejoint celle de l’historien Jocelyn Létourneau, qui présente Montréal comme « un des laboratoires d’interculturalité parmi les plus fascinants sur la planète56 ». Régine Robin adhère à la perception de cet historien, qui entraînerait « la mutation des patrimoines constitués57 » et qui pourrait aboutir à « une “multiplicitude” dont on ne peut dire encore si elle marque l’entrée du Québec dans un âge postnational58 ».
28Cet imaginaire urbain dépeignant une ville « de bric et de broc, hétérogène59 », proche de l’image que Gilles Marcotte décrivait comme « toujours inachevée, et par là peut-être, extrêmement, inconfortablement moderne60 », encourage l’auteure à envisager l’idée d’un processus de transformation, de mouvement au contact de Montréal, ce qu’Alain Médam avait formulé comme du « recommencement61 ». Et elle exprime ce mouvement, ce devenir, par l’intermédiaire de Montréal, dans la troisième partie du livre, « Je suis devenue d’ici », et très explicitement, dans la clausule du livre :
« À Montréal, grâce à Montréal, à travers Montréal, par Montréal, nous sommes un certain nombre, par vents et marées, par hivers glaciaux et étés torrides, par toutes les turbulences politiques qui nous submergent à divers moments, nous sommes un certain nombre à pouvoir dire nous aussi : “Nous sommes devenus d’ici”62. »
29Mais si l’espace urbain de Montréal est vécu comme un moteur de métamorphose et de recommencement, la mémoire de la société d’accueil, et très particulièrement celle associée au nationalisme, réveille chez Régine Robin la mémoire blessée de la Shoah : « Le nationalisme […] vient ternir cette image du refuge » que Montréal représente et « relance une machinerie paranoïaque en réveillant un imaginaire de la persécution qui, elle, fut bien réelle au temps de mon enfance63 ». Une « dissonance inquiète64 », qui est exposée dès l’« Introduction » de l’essai Nous autres, les autres, est présentée comme le choix d’une attitude critique qui est prête à se manifester face à un repli identitaire où la mémoire est convoquée, « dissonance en éveil, sur ses gardes65 », mais aussi dissonance « en attente, prête à accueillir tout frémissement qui sortirait du ronron identitaire habituel66 ».
30Régine Robin poursuit dans ce livre l’analyse de la mémoire collective, le mémoriel, ou « les lieux de mémoire » (P. Nora), et étudie le « psychodrame des commémorations67 » et la problématique de la transmission de la mémoire et de la sensibilité d’appartenance. Et dès la première page de l’ouvrage, elle exprime son inquiétude au sujet de la mémoire comme « mouvement mortifère quand il s’hystérise et s’absolutise68 ».
31Et c’est le « poids de mémoire » ainsi que le degré d’« épaisseur historique » qui, dans ses représentations, différencient l’identité québécoise de l’identité canadienne :
« Il nous fut infiniment plus facile de nous sentir Canadiens que Québécois. […] l’identité canadienne […] n’impliquait pas une énorme épaisseur historique, un poids de mémoire à la semelle de ses souliers. Elle n’était pas vide, […] mais assez évidée pour qu’on puisse y glisser ses propres fantasmes, ses propres souvenirs, ses propres projets, son rêve nord-américain69. »
32Quand Robin se penche sur la mémoire du Québec, elle dessine une cartographie de différentes approches de la mémoire ou du récit du Québec, dont « l’américanité70 » proposée par Yvan Lamonde et Gérard Bouchard, et « l’ambivalence comme mode d’être, comme forme du devenir et comme lieu de l’évolution collective71 » proposée par Jocelyn Létourneau, une « pensée du pli, de l’entrelacs, de l’interstice, du passage, de la dissonance et non de la contradiction72 ». À ces « récits décrispés, ouverts73 », Robin oppose « le nouveau nationalisme » qui, d’après elle, « alors qu’il s’affirme moderniste, réinscrit en partie le socle discursif de l’ancien74 », et la persistance de la « mémoire pathologique de “survivance”75 ».
Les guerres de mémoires
33Face à la problématique de la « guerre des mémoires76 » ou des tensions inhérentes à la complexité interprétative liée à la complexité identitaire du Québec, Régine Robin expose une posture différente de celle d’autres historiens contemporains. Elle affirme : « En tant qu’historienne, je reste ébahie par ces querelles permanentes d’interprétation d’un passé que l’on convoque à tout bout de champ77. » Elle s’écarte de postures telles que celle de Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson, qui, dans leur introduction à leur livre Les guerres de mémoires. La France et son histoire, revendiquent les guerres de mémoires, qui « sont des éléments fondateurs des enjeux d’identités78 », comme objet d’étude, et estiment que « l’histoire ne peut se désintéresser des conflits de mémoires […]. Les historiens ne doivent pas craindre d’entrer dans l’arène, d’investir les espaces médiatiques. La véritable démocratie n’est-elle pas que chacun soit acteur de cet immense forum, de ce débat collectif et public sur le passé, condition du vivre ensemble dans le présent et dans le futur79 ? »
En guise de conclusion
34Les mémoires exprimées dans les œuvres littéraires de beaucoup d’écrivains venus d’ailleurs traduisent un travail de mémoire – et d’oubli –, une posture d’engagement, un espace de résistance. Elles transmettent des émotions et des valeurs, de même que les écritures du moi, traces écrites, correspondances ou journaux intimes appartenant à l’univers des historiens, d’où l’importance d’un dialogue entre les deux mondes ou territoires qui, comme nous avons vu dans le numéro de la revue Annales. Histoire, Sciences Sociales consacré aux « Savoirs de la littérature », se poursuit et se consolide.
35Dans cette année 2013, année du centième anniversaire de la naissance du philosophe Paul Ricœur, où l’on revisite les thèses de ses ouvrages fondamentaux, dont La mémoire, l’histoire, l’oubli80 (2000), l’étude des écritures migrantes à la lumière de l’œuvre du philosophe nous invite à les percevoir et à les examiner comme un laboratoire où se juxtaposent et interagissent la mémoire collective, le travail de mémoire et son caractère politique et éthique, le témoignage et sa narration, la mise en écriture d’événements et processus traumatiques comme les guerres, l’esclavage ou les expériences coloniales, et l’éthique de la responsabilité.
36« Ce siècle est celui des nouvelles postures. Il n’est pas celui de la vitesse comme l’a été le xxe, mais celui du redéploiement des valeurs. […] Les idéaux sont déjà autres : intimes, solidaires, attentifs aux mutations, à la circulation des nouvelles énergies81 », écrit le poète et romancier québécois Claude Beausoleil dans le cadre d’une réflexion sur la poésie au xxie siècle (2013) à laquelle participent 80 poètes québécois et francophones dont certains venus d’ailleurs, La focalisation sur la mémoire dans les écritures migrantes nous fait découvrir les voies par lesquelles les écrivains sondent les mémoires collectives et comment ils se penchent parallèlement sur la mémoire de l’intime, des sensations, des sentiments. Ainsi, Kim Thúy évoque « le sang des deux millions de soldats déployés, éparpillés dans les villes et les villages d’un Vietnam déchiré en deux82 », et parallèlement, comment, dans leur fuite du Vietnam comme des boat people, en traversant le golfe de Siam, l’apparition de dauphins avait été une source d’émerveillement : « Comme s’ils voulaient nous rappeler qu’il y avait de la vie dans la mer et que celle-ci pouvait aussi offrir une mort douce et paisible aux naufragés83. »
37Nous avons pu voir comment le travail de configuration des mémoires littéraires révèle une quête d’identité, une quête de savoir dans une tension entre mémoire et oubli, entre silence et cri, entre rapprochement et dissonance. Les questions essentielles que les écritures migrantes soulèvent transcendent ces mémoires et bâtissent des espaces de dialogue et de solidarité.
Notes de bas de page
1 Mouawad W., Incendies, Montréal, Leméac/Actes Sud-Papiers, 2009 (2003).
2 Nepveu P., « Des Tropiques à l’Arctique : mutations de l’imaginaire », Spirale, no 156, septembre-octobre 1997, p. 10.
3 Ibid., p. 10.
4 Ibid., p. 10.
5 Nepveu P., Lectures des lieux. Essais, Montréal, Boréal, coll. « Papiers collés », 2004, p. 207.
6 Lemée-Gonçalves C., « En creux et en plein. Silence, paroles et réinscription dans l’après Shoah/Khurbn », L’autre. Cliniques, cultures et sociétés, Revue transculturelle, vol. 8, no 1, 2007, p. 27.
7 Bloch M.., « Mémoire autobiographique et mémoire historique du passé éloigné », Enquête, no 2, 1995, p. 59-79.
8 Nepveu P., Lectures de lieux. Essais, op. cit., p. 207.
9 Voir Segura M., Eucalyptus, Montréal, Boréal, 2010.
10 Voir Thúy k., Ru, Montréal, Éditions Libre Expression, 2009, et Mân, Montréal, Éditions Libre Expression, 2013.
11 Akouche K., Allah au pays des enfants perdus, Montréal, Éditions Dialogue Nord-Sud, 2012.
12 Chung O., La trilogie coréenne, Montréal, Boréal, 2012.
13 Linteau P.-A., « Les grandes tendances de l’immigration au Québec (1945-2005) », Migrance, no 34, « L’histoire de l’immigration au Québec depuis 1945. Nouvelles approches, nouveaux enjeux », second semestre 2009, p. 40.
14 « J’ai forgé le mot “migrance” pour indiquer que la migration est une douleur, une souffrance (la perte des racines, d’une certaine “naturalité”) et, en même temps, une posture de distance, un lieu de vigilance » (Ollivier É., « Et me voilà otage et protagoniste », Les écrits, no 95, avril 1999, p. 171).
15 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, Montréal, Boréal, coll. « Liberté grande », 2011.
16 Agnant M.-C., Vingt petits pas vers Maria, Montréal, Hurtubise HMH Ltée, 2001, p. 80.
17 Genette G., Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 346-406.
18 Voir Tervonen T., « Transmettre par la parole, pas par le sang », Africultures, novembre 2004, [http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_article&no=3749], consulté le 30 juillet 2007.
19 Lequin L., « Marie-Célie Agnant : une écriture de la mémoire et du silence », in M. Maufort et F. Bellarsi (dir.), Reconfigurations. Canadian Literatures and Postcolonial Identities/Littératures canadiennes et identités postcoloniales, Bruxelles, PIE-Peter Lang, 2002, p. 21-32.
20 Agnant M.-C., Le livre d’Emma, Montréal/Port-au-Prince, Éditions du Remue-Ménage/Mémoire, 2001, p. 18.
21 Lequin L., « Marie-Célie Agnant : une écriture de la mémoire et du silence », op. cit., p. 23.
22 Ibid., p. 23.
23 Agnant M.-C., Le livre d’Emma, op. cit., p. 125.
24 Ibid., p. 158.
25 Ibid., p. 22-23.
26 Vergès F., « Esclavage colonial : quelles mémoires ? Quels héritages ? », in P. Blanchard et I. Veyrat-Masson (dir.), Les guerres de mémoires. La France et son histoire. Enjeux politiques, controverses historiques, stratégies médiatiques, Paris, La Découverte, 2010 (2008), p. 161.
27 Folch-Ribas J., « Appartenir aux Espagnes imaginaires », in C. Mata Barreiro (dir.), Espagnes imaginaires du Québec, Québec, Presses de l’université Laval, 2012, p. 38-39.
28 Folch-Ribas J., Le greffon, Paris, Robert Laffont, 1971, p. 11.
29 Ibid., p. 280.
30 Ibid., p. 206.
31 Ibid., p. 262.
32 Folch-Ribas J., Paco, Montréal, Boréal, 2011, p. 134.
33 Ibid., p. 85.
34 Ibid., p. 121.
35 Liberté, en catalan. Ibid., p. 97.
36 Ibid., p. 130.
37 Traverso E., À feu et à sang. De la guerre civile européenne 1914-1945, Paris, Éditions Stock, coll. « Un ordre d’idées », 2007, p. 262.
38 Lapointe J., « Jacques Folch-Ribas : du chaos à l’exil », La Presse, le 29 janvier 2011, [http://www.lapresse.ca/arts/livres/201101/29/01-4365078-jacques-folch-ribas-du-chao], consulté le 23 mai 2013.
39 Tremblay O., « Les zones de l’enfance de Jacques Folch-Ribas », Le Devoir.com, 5 février 2011, Livres, [http://www.ledevoir.com/culture/livres/316121/les-zones-de-l-enfance-de-jacques-fol], consulté le 4 mars 2012.
40 Traversier M., « Wajdi Mouawad. Littoral, Incendies, Forêts, Ciels, Le sang des promesses. Puzzle, racines et rhizomes », Annales. Histoire, Sciences Sociales, « Savoirs de la littérature », no 2, 2010, p. 551.
41 Ibid.
42 Ibid.
43 L’Hérault P., « Mémoires en scène », Spirale, no 192, septembre-octobre 2003, p. 61.
44 Mouawad W., Incendies, op. cit., p. 129.
45 Farhoud A., Jeux de patience, Montréal, VLB Éditeur, coll. « Théâtre », 1997, p. 11.
46 Ibid., p. 36.
47 Ibid., p. 39.
48 Ibid., p. 40-41.
49 Ibid., p. 63, 76.
50 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, Montréal, Boréal, coll. « Liberté grande », 2011, p. 9.
51 Ibid.
52 Ibid.
53 Robin R., La Québécoite, Montréal, XYZ Éditeur, coll. « Romanichels poche », 1993 (Québec/Amérique, 1983), p. 53-54.
54 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 324.
55 Ibid., p. 339.
56 Létourneau J., « Postnationalisme ? Rouvrir la question du Québec », Cités, 23, 2005, « Le Québec, une autre Amérique. Dynamismes d’une identité », p. 19.
57 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 340.
58 Ibid., p. 340.
59 Ibid., p. 326.
60 Marcotte G., Écrire à Montréal, Montréal, Boréal, 1997, p. 45. Citation reprise par Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 325.
61 Médam A., Ils passent la Main, Montréal, Éditions du Noroît, 2005, p. 29. Cité dans Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 331.
62 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 342.
63 Ibid., p. 33.
64 Ibid., p. 9.
65 Ibid., p. 44.
66 Ibid.
67 Ibid., p. 213.
68 Ibid., p. 9.
69 Ibid., p. 18.
70 Ibid., p. 257.
71 Létourneau J., Que veulent vraiment les Québécois ?, Montréal, Boréal, 2006, p. 104.
72 Robin R., Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, op. cit., p. 265.
73 Ibid., p. 256.
74 Ibid., p. 255.
75 Ibid., p. 259.
76 Ibid., p. 224.
77 Ibid., p. 245.
78 Blanchard P. et Veyrat-Masson I. (dir.), Les guerres de mémoires. La France et son histoire. Enjeux politiques, controverses historiques, stratégies médiatiques, op. cit., p. 23.
79 Ibid., p. 48.
80 Ricœur P., La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Le Seuil, 2000. Parmi les ouvrages qui lui rendent hommage, nous soulignerions Dosse F. et Goldenstein C. (dir.), Paul Ricœur : penser la mémoire, Paris, Le Seuil, 2013.
81 Beausoleil C., « Où va la poésie ? », Moebius, 136 & Les Cahiers du Sens (numéro hors-série), « Ouvrir le xxie siècle. 80 poètes québécois et français », février 2013, p. 12.
82 Thúy K., Ru, op. cit., p. 11.
83 Thúy K. et Janovjak P., À toi, Montréal, Éditions Libre Expression, 2011, p. 56.
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