« Faire société » au Québec : Hydro-Québec comme stratégie de continuité mémorielle, 1978-2005
p. 81-92
Texte intégral
« La postérité jusqu’à nouvel ordre a été vraiment inéquitable à l’égard de Godbout. »
René Lévesque, Discours à l’occasion du 40e anniversaire d’Hydro-Québec, 1984.
1Selon le sociologue Joseph-Yvon Thériault, qui reprend le concept de Jacques Donzelot dans Faire société. La politique de la ville aux États-Unis et en France (2001), la notion de faire société implique l’existence d’un « espace de solidarité » mis en place par un ou plusieurs groupe d’individus, les élites ou les « idéologues », qui exercent une influence sur l’État, ses interventions publiques et ses institutions1. Ce faisant, elle renvoie aussi aux travaux de l’anthropologue Benedict Anderson pour qui la nation – ou la société – est « imaginée » – nous préférons le terme « représentée » – par différents membres des élites d’une communauté donnée2.
2Dès la création d’Hydro-Québec en 1944, les responsables politiques des gouvernements québécois utilisent la compagnie publique d’électricité, la plus importante société d’État du Québec, afin de représenter certaines composantes jugées essentielles pour faire société en cette terre francophone d’Amérique. Trois changements peuvent être relevés dans la mise en valeur de ces composantes.
3Dans un premier temps, entre les années 1944 et la fin des années 1950, les responsables politiques du gouvernement Duplessis invitent surtout leurs compatriotes à mettre l’accent sur certaines caractéristiques des valeurs communautaires canadiennes-françaises, dont la foi catholique en la divine providence. En témoignent par exemple la présence d’évêques et de membres du clergé lors des cérémonies d’inauguration de la centrale Bersimis-1 en 1956 (voir figure 1). En témoignent aussi le discours du premier ministre Duplessis qui, dans son allocution d’inauguration de la centrale de Beauharnois le 25 août 1951, établit un lien solide entre la capacité des hommes à construire des ouvrages hydroélectriques monumentaux et le coup de pouce donné par Dieu et la providence :
« Il est évident, c’est un devoir impérieux et bien agréable pour les administrations publiques, lors de cérémonies comme celles d’aujourd’hui, de demander à l’autorité religieuse d’invoquer le secours et l’aide du roi du ciel et de la terre, et c’est pour cela que je remercie particulièrement son Excellence Mgr Casa d’avoir bien voulu présidé à cette bénédiction. Cette bénédiction en même temps nous rappelle que si l’énergie électrique est une force considérable au point de vue industrielle, commerciale et même individuelle, si c’est une puissance terrestre, elle ne vaut certainement l’énergie céleste, et l’énergie qui vient et qui découle de l’observance des grands commandements et de l’observance des principes religieux3. »

Archives d’Hydro-Québec
Figure 1. – Cérémonie d’inauguration de la centrale Bersimis-1 (1956).
4Ensuite, surtout dans les années 1960 et 1970, les responsables politiques des gouvernements Lesage, Johnson, Bertrand et Bourassa reconnaissent l’importance de véhiculer des représentations d’un État francophone émancipé et mobilisé qui fait du progrès social sa principale planche de salut. Ainsi, le nouveau gouvernement Lesage cherche à sortir les Canadiens français du Québec de ce statut d’infériorité politique, sociale et économique encouragée, selon lui, par les précédents gouvernements et leurs craintes de bâtir un État qui « doit être pour nous, Canadiens français, une des notions les plus précieuses parce que nous sommes une nation minoritaire ». Il fustige d’ailleurs les responsables politiques du gouvernement Duplessis, ces « rois nègres » qui ont perpétué l’image canadienne-française de « porteurs d’eau4 ». Dès la fin des années 1960, Hydro-Québec est assurément devenue un symbole consensuel de cette intervention étatique qui favorise l’ascension sociale des ingénieurs, techniciens et autres citoyens francophones ou anglophones et qui promeut le fait français dans le monde de l’énergie. L’illustration de ce consensus se cristallise dans le discours inédit d’inauguration du barrage Manic-5, où Daniel Johnson tient à souligner le rôle sociétal joué par Hydro-Québec pour les Québécois :
« Notre population voit dans l’Hydro-Québec non seulement une source d’emplois et de richesses, mais également des motifs de fierté et de confiance. Pour elle, l’Hydro-Québec est la preuve que les Québécois, qu’ils soient de langue française ou de langue anglaise, peuvent réussir aussi bien dans les domaines de la science, de la technique et des grandes affaires que dans les occupations d’un caractère plus traditionnel. Elle est aussi la preuve qu’en ces domaines comme dans les autres, le français peut être reconnu et utilisé comme principale langue de travail sans nuire d’aucune façon au succès de l’entreprise5. »
5Le troisième et dernier changement, qui représente le cœur de notre questionnement, montre comment Hydro-Québec devient un instrument privilégié pour assurer une continuité mémorielle à la société québécoise. Ce faisant, le présent texte a comme objectif de mettre en lumière les usages du passé entourant la plus importante société d’État du Québec, Hydro-Québec, entre la fin des années 1970 et le milieu des années 2000. Ainsi, à compter de la fin des années 1970, l’idéal de faire société ne passe pratiquement plus par l’inscription des Québécois dans une lutte pour l’émancipation économique, sociale et politique. L’emploi de la mémoire devient plutôt l’outil privilégié afin de solidifier les liens entre les Québécois francophones et, aussi, entre les Québécois de toutes les origines. Ces usages du passé en lien avec Hydro-Québec représentent généralement une interprétation consensuelle des événements antérieurs, une interprétation qui permet toutefois aux responsables politiques de souligner à grands traits certaines valeurs jugées utiles pour le présent.
6Nous nous pencherons donc sur deux usages politiques relatifs à cette idée de continuité mémorielle, c’est-à-dire à cette idée d’assurer un lien entre le Québec des années 1960 et celui des années 1978 à 2005. Il sera donc question du souvenir du complexe Manicouagan-Outardes et de l’Hydro-Québec des années 1960 comme lieu-de-mémoire de la Révolution tranquille, de même que de l’utilisation d’Hydro-Québec comme outil de rappel d’une mémoire de la classe politique.
Lieux de mémoire : commémorer la Révolution tranquille
7L’essoufflement des idéaux de la Révolution tranquille, qui se fait sentir dès les années 1970, oblige les responsables politiques à rappeler et à soutenir sans cesse les représentations symboliques et identitaires préconisées depuis les années 1960. Parmi les stratégies utilisées, l’instrumentalisation d’Hydro-Québec occupe une position privilégiée, d’autant plus que la société d’État, tout au long de la décennie 1970, essuie de fortes critiques qui contribuent à faire vaciller son image publique6. En comparant les réalisations d’Hydro-Québec dans les années 1970, 1980 et 1990 avec celles du passé, ils veulent rappeler aux citoyens le lien mémoriel qui unit le temps présent avec celui de la Révolution tranquille. En outre, en percevant le passé d’Hydro-Québec comme un véritable âge d’or, ils tentent de redorer l’image de l’entreprise publique et de mieux justifier les orientations contemporaines. C’est ainsi que la nationalisation de l’électricité et le projet Manicouagan-Outardes deviennent de véritables lieux de mémoire7 utilisés dans le but de rappeler le prétendu consensus général dégagé à cette époque par les deux projets.
8Dès le lancement du projet de la baie James, les membres de l’Opposition évoquent le souvenir du complexe Manicouagan-Outardes – et de Manic-5 en particulier – afin de montrer une rupture entre les façons de faire des années 1960 et celles entreprises par le gouvernement Bourassa dans les années 1970. Déjà, à l’ouverture de la session parlementaire de 1973, Gabriel Loubier, chef de l’UN, donne la réplique au discours du trône en critiquant vertement le projet de la baie James. Il n’hésite pas à comparer le projet Manicouagan-Outardes à celui de la rivière La Grande afin de mieux discréditer ce dernier :
« On peut parler un peu de l’enfant chéri du premier ministre, de l’avorton du 30 avril 1971, on peut parler un peu de la baie James. Voici un projet qui, dans sa dimension physique, est sûrement aussi gros que le complexe Manic-Outardes. Pourquoi l’aménagement de la baie James ne soulève-t-il partout que plaintes et méfiance alors que l’autre avait rallié l’adhésion enthousiaste de tous les Québécois ?
Vous vous en souvenez, M. le Président, le mot Manic était sur toutes les lèvres. On le retrouvait dans la chanson, dans la publicité, dans les raisons sociales et jusque dans les marques de cigarettes et d’automobiles. C’était comme le mot de passe d’un Québec nouveau, prêt à franchir allègrement le cap du xxie siècle.
Le même phénomène serait inimaginable avec la baie James. Pourquoi8 ? »
9Cet usage du passé interprète le projet d’aménagement de « la Manic » comme un symbole de l’enthousiasme et du prétendu consensus général qui régnaient autour d’Hydro-Québec et, d’une façon plus large, autour des réalisations de la Révolution tranquille. Véhiculé par les médias et certains acteurs de la société civile, il est assurément repris par plusieurs citoyens. Dans son magazine d’information Télémag du 17 janvier 1978, télédiffusé à Radio-Canada, le journaliste Pierre Nadeau critique d’ailleurs Hydro-Québec et ses hausses de tarifs en se rappelant l’âge d’or que représentent « la Manic » et les années 1960 :
« Dans les années soixante, depuis la nationalisation de l’électricité, l’Hydro-Québec, pour nous, a été un peu comme la NASA pour les Américains. La Manic, c’était le plus gros projet hydraulique au monde. Ça nous appartenait. C’étaient nos ingénieurs qui le construisaient, démolissant le mythe de notre incompétence technique. Mais depuis la Baie James et l’escalade des coûts, les Québécois ont commencé à se méfier un peu de l’Hydro, surtout qu’on voit constamment la facture monter : environ 15 % pour la majorité des abonnés depuis le premier janvier dernier9. »
10Derrière les représentations évoquées par le journaliste, se cache la nostalgie d’une époque révolue. Le souvenir de cette dernière permet aux acteurs sociopolitiques de montrer à quel point les Québécois semblaient unis derrière le principal projet représentatif de la Révolution tranquille : le barrage Daniel-Johnson10.
11Vers la fin des années 1970, ce ne sont plus uniquement les discours des membres de l’Opposition qui renferment ces représentations, mais aussi ceux des responsables gouvernementaux qui sentent le besoin de souligner une continuité avec les années 1960. En proposant des éléments pour faire société, ces derniers font appel à des usages du passé ou à des éléments mémoriels en lien avec la société d’État. Ce faisant, ils solidifient les liens sociopolitiques par le biais d’interventions encourageant une continuité mémorielle entre les Québécois des années 1960 et 1970 et ceux de la fin des années 1970 à aujourd’hui11. Le projet de société porteur d’espoir proposé par les valeurs de la Révolution tranquille paraît donc s’essouffler à mesure que les élus prennent conscience de leur éloignement vis-à-vis des années 1960, à mesure que le temps s’accélère et que le Québec entre dans un nouveau régime d’historicité, le présentisme, pour reprendre les termes de François Hartog12. Si rien ne laisse entrevoir une préoccupation du gouvernement Bourassa vis-à-vis d’une possible distance mémorielle entre son présent et le passé des années Lesage, le doute semble s’installer avec l’arrivée du gouvernement Lévesque et du projet souverainiste. Là, les leaders péquistes veulent lier les valeurs et les représentations symboliques et identitaires de la Révolution tranquille afin d’assurer une cohésion sociale ainsi qu’une mobilisation toujours présente autour d’un projet de société plus ou moins flou, plus ou moins bien défini.
12Circonstances politiques obligent, René Lévesque prend le premier en 1978 la responsabilité d’établir les ponts entre le passé et le présent. Pour lui, il est nécessaire de faire « un parallèle » entre les interventions des gouvernements précédents et celles de sa propre administration. Lors de l’inauguration de la centrale Outardes-2, il juge important de rappeler à ses citoyens la « fierté collective » qui accompagna la deuxième nationalisation de l’électricité ainsi que les premières grandes réalisations de la nouvelle Hydro-Québec, dont le barrage Manic-5. Alors qu’un référendum se pointe à l’horizon, il devient essentiel pour le premier ministre de rappeler les éléments de continuité mémorielle en matière de développement économique et énergétique :
« Comment ne pas rappeler la grande fierté qui accompagna alors les premières années de la grande Hydro, à compter de 1963 ? D’autant plus que cette fierté, elle eut la chance inouïe d’être immédiatement magnifiée par ces travaux de la Manic, entrepris d’abord discrètement en 1958, et dont les années 1960 vinrent révéler les dimensions et la gigantesque image de puissance qu’ils dégageaient, avec cette preuve éclatante de savoir faire [sic] qu’ils nous fournissaient à nous-mêmes, comme ils la donnaient aussi au reste du monde, et cette réponse à tous ceux qui avaient toujours veillé à nous entretenir dans un sentiment d’infériorité. Manic a été et continue d’être un objet de fierté nationale. Cette fierté, avec cette plénitude de l’entreprise, furent dès l’abord si fortes, si logiquement enracinées au cœur des aspirations et de la volonté d’avenir du Québec, qu’elles ont pour une fois provoqué une remarquable continuité de l’action des différents gouvernements (Lesage, Bertrand, Johnson, Bourassa) depuis le début des années 1960. C’est ainsi qu’un parallèle s’installera aujourd’hui dans l’esprit de chacun entre l’inauguration du barrage de Manic 5, qui devait être faite par Daniel Johnson il y a dix ans, presque jour pour jour, et l’inauguration d’Outardes 2 aujourd’hui.
L’Hydro-Québec est aujourd’hui, autant et plus que jamais, une grande force dans notre communauté nationale. Ses œuvres ne pourront que continuer à encadrer et à stimuler nos efforts, à illustrer et à symboliser notre motivation et notre fierté, à un moment où le Québec se prépare à franchir une étape décisive pour son avenir, où donc le Québec a besoin comme jamais de tous les éléments qui peuvent le rendre plus fort, plus dynamique, plus vivant13. »
13Il est plausible de penser que le rappel du rôle général joué par la société d’État dans les années 1960, de même que les significations accordées au complexe Manicouagan-Outardes, servent de lien entre les idéaux de la Révolution tranquille et le projet péquiste de faire société avec la souveraineté-association. Surchargés de significations et identifiés à des représentations symboliques réinterprétées, Hydro-Québec et Manic-5 deviennent ainsi un lieu de mémoire de la Révolution tranquille14.
14À partir des années 1980, les usages du passé accordent une place moins importante au complexe Manicouagan-Outardes pour se concentrer surtout sur les représentations symboliques et identitaires entourant la deuxième nationalisation de l’électricité. Le souvenir de cette nationalisation renvoie souvent à l’idée d’un « pacte social » ou d’un « contrat social » réalisé entre l’État québécois, Hydro-Québec et l’ensemble des citoyens. Largement répandue auprès des responsables politiques et de la population en générale, cette conception est généralement associée à trois caractéristiques fondamentales : soit l’interfinancement du secteur résidentiel et des autres secteurs – contribuant ainsi à garder les tarifs résidentiels relativement bas – ; l’uniformisation régionale des tarifs et des services ; de même que la propriété collective d’Hydro-Québec15. Encore une fois, les responsables politiques utilisent les rappels mémoriels dans le but de défendre les valeurs de la Révolution tranquille et de les rattacher aux préoccupations du présent.
15La loi 16 du gouvernement Lévesque modifie en 1981 la loi sur Hydro-Québec par la transformation de l’entreprise publique en société à fonds social dont l’unique actionnaire devient l’État québécois. Cette mesure législative, faut-il le rappeler, autorise Hydro-Québec à faire des profits et, par le fait même, à verser d’importants dividendes au Trésor québécois16. Deux options s’affrontent et utilisent, d’une manière diamétralement opposée, le souvenir de la deuxième nationalisation. Alors qu’ils considèrent que le projet de loi vient contredire la nature même d’Hydro-Québec, les membres de l’Opposition libérale critiquent vertement la décision péquiste. Pour le député Pierre Fortier, l’étatisation de l’électricité représente un « pacte social » entre le gouvernement de J. Lesage et les citoyens qui ont voté pour le projet de nationalisation à l’élection de 1962. En compagnie de son collègue Gérard D. Lévesque, il accuse le gouvernement Lévesque d’entreprendre « la spoliation d’un bien public17 » ; le projet de loi 16 « ne sera plus le mandat de 1962. On aura trahi la mission d’Hydro-Québec. On aura été faire d’Hydro-Québec un percepteur de revenus et non plus cette société qui faisait la fierté du Québec18 ». De leur côté, les responsables péquistes emploient les mêmes références au passé afin de prouver le contraire. Reynald Fréchette, ministre du Revenu, cite quelques phrases du programme électoral de 1962 qui avait comme slogan l’expression « maîtres chez nous » et qui cherchait à rendre propriétaires et fiers les citoyens québécois. Il considère que le but recherché par le projet de loi 16 est le même que celui visé par la deuxième nationalisation, soit l’utilisation d’Hydro-Québec pour la libération économique des Québécois :
« Toujours dans le même programme électoral [le programme du Parti libéral en 1962], et en conclusion, on nous disait ceci : “La nationalisation, étape de la libération économique.” Ce qui suit me paraît important : “Un peuple comme le nôtre doit se servir des instruments de libération économique dont il peut disposer.” Il doit se servir des instruments de libération économique dont il peut disposer. Or, je sais que le débat ne fait que commencer, mais je voudrais bien que quelqu’un de l’autre côté puisse nous expliquer comment on peut interpréter le projet de loi no 16, qui est devant nous [sic] autrement que comme un des objectifs qu’on visait en 1962, c’est-à-dire se servir de cette nationalisation comme un instrument de libération économique dont nous pourrons disposer19. »
16Poursuivant la logique de sa réflexion, il rend la pareille à l’adversaire et accuse les membres du PLQ de déroger aux principes défendus bec et ongles par les élus libéraux dans les années 196020.
17Quelques années plus tard, le gouvernement libéral dirigé par Robert Bourassa désire entreprendre une réorientation du rôle de l’État, entre autres par la privatisation de quelques entreprises publiques. Devant ce néo-libéralisme jugé contraire aux valeurs et intérêts de la Révolution tranquille, le péquiste Yves Blais revient sur le rôle des sociétés d’État, dont Hydro-Québec, dans le processus d’émancipation des Québécois. Pour le député qui ne ferme pas totalement la porte à une privatisation « dans des secteurs où l’intérêt et le bien commun ne sont pas compromis », il ne faudrait pas perdre ces « richesses collectives » qui ont été créées dans un contexte socio-économique particulier :
« M. le Président, nous nous sommes donné comme collectivité des forces, trois forces contenues dans trois blocs : une force monétaire par la SGF, la Société générale de financement, et par la Caisse de dépôt et placement du Québec ; une base industrielle par certaines sociétés d’État comme SOQUEM, SOQUIP, REXFOR, SOQUIA, très bien connues du milieu des affaires. Nous nous sommes aussi donnés des assises dans certains services nécessaires à la collectivité, comme dans le cas d’Hydro-Québec, de la Société des alcools et de la Société des établissements de plein air. Disons que ce sont trois facettes importantes des sociétés d’État.
J’aimerais rappeler aux gens de l’autre côté, qui ont aujourd’hui les rênes du pouvoir, que ce sont les libéraux de 1960, ceux de M. Lesage, qui, de 1960 à 1966, ont donné à la collectivité québécoise ce que, à l’époque, les Québécois ne pouvaient individuellement conquérir, et ont donné à la collectivité québécoise des richesses et des forces en créant ces sociétés d’État. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, je n’aimerais pas, comme représentant du comté de Terrebonne, que le même Parti libéral vienne spolier, dilapider, liquider ces richesses collectives que nous avons acquises au prix d’énormes sacrifices21. »
18Certains usages du passé évoqués par les responsables politiques, entre les années 1970 et 2005, permettent donc de dévoiler des représentations mémorielles qui instrumentalisent Hydro-Québec. Ces dernières transforment la société d’État en un lieu de mémoire qui permet de justifier le présent et de garder sur les rails le désir québécois de faire société.
La référence mémorielle aux premiers ministres
19D’une façon récurrente, surtout lors des discours soulignant l’anniversaire de la création d’Hydro-Québec ou de l’inauguration d’un barrage et d’une centrale, les éléments mémoriels rattachés à la société d’État et à ses réalisations deviennent aussi un prétexte pour commémorer l’apport d’un ancien premier ministre à l’histoire du Québec contemporain. Avec l’évocation des idées défendues et des accomplissements réalisés par ce dernier, les responsables politiques rappellent certaines composantes du projet québécois de faire société spécifiques à une époque donnée. C’est ainsi que sont célébrées les réalisations d’Adélard Godbout, de Jean Lesage, de Robert Bourassa et de René Lévesque, surtout à partir des années 1980.
20Complémentaire à celui du lieu de mémoire de la Révolution tranquille, ce processus mémoriel subit deux influences. En premier lieu, l’influence partisane montre que les chefs de partis aiment à rappeler la mémoire de leurs illustres prédécesseurs et ainsi à donner un ancrage historique et une certaine continuité à leur formation politique, à leurs préoccupations, à leurs valeurs et intérêts. Ainsi, les péquistes aiment bien rappeler le rôle central joué par René Lévesque dans la saga entourant la deuxième nationalisation de l’électricité. Dans une intervention soulignant le 50e anniversaire de la création d’Hydro-Québec, Guy Chevrette, leader de l’Opposition péquiste en Chambre, en profite alors pour souligner que cette nationalisation de l’énergie électrique « fut essentiellement l’œuvre de R. Lévesque. Il y mit tout son talent et toute sa détermination, ravivant la vision originale des inspirateurs de la loi de 1944 : des tarifs égaux pour tous les Québécois et les Québécoises, et la maîtrise du plus formidable instrument de développement collectif qu’on ait pu se donner ». Après avoir évoqué de quelle manière la nouvelle Hydro-Québec « a constitué un tremplin par lequel les Québécois ont pu atteindre des sommets qui n’étaient atteignables jusqu’alors qu’au prix d’une improbable expropriation culturelle et linguistique », G. Chevrette inscrit la société d’État dans l’idéal de faire société du peuple québécois : « Hydro-Québec, dans sa réalité comme dans son histoire, est une institution qui nous représente tous et qui nous réunit », tient-il à rappeler22.
21Quant aux libéraux, ils évoquent eux aussi la mémoire politique d’une ancienne figure libérale. Or, contrairement aux péquistes qui se plaisent à rappeler le rôle de René Lévesque alors qu’il était un ministre influent du PLQ, ils se penchent plutôt sur la mémoire de Robert Bourassa et de son rôle joué dans le développement hydroélectrique de la baie James. En 2004, dans un contexte de reprise dans la construction des grands travaux hydroélectriques avec le projet Eastmain-1A-Sarcelle-Rupert, les responsables du gouvernement Charest sentent le besoin de souligner l’anniversaire de la mise en service de la centrale LG-2. Dans un discours où le nom de Robert Bourassa revient régulièrement, Sam Hamad, ministre des Ressources naturelles, évoque les grandes réalisations du PLQ en lien avec la baie James. Très éloquent, cet usage du passé permet de faire le lien entre les réalisations passées et celles à venir, des réalisations qui doivent désormais s’orienter en fonction des principes du développement durable : « Franchir en un quart de siècle ce premier pas dans la construction du plus grand complexe hydroélectrique au monde est pour nous un symbole de fierté qui doit nous inspirer dans la poursuite de notre développement énergétique. Nous saurons certainement renouveler cet exploit23. »
22Ces rappels mémoriels partisans servent toutefois une cause commune : celle de justifier les choix et orientations du présent par l’utilisation d’usages du passé qui érigent en figures identitaires certains anciens premiers ministres du Québec. En d’autres termes, R. Lévesque et R. Bourassa deviennent des symboles d’un projet de société, soit celui de la nationalisation de l’électricité et celui du projet de la baie James, dont certaines valeurs et représentations qui y sont rattachées deviennent essentielles pour les besoins du moment présent.
23En second lieu, l’influence de ce que nous appelons une « raison d’État24 » pousse les responsables politiques à rechercher une continuité dans leurs interventions étatiques et encourage parfois ces derniers à s’unir et à dépasser les conflits partisans dans le but de favoriser une véritable mémoire de la classe politique. Ici, les éloges sont donnés à ceux que l’on juge avoir marqué à tout jamais la société québécoise, à ceux qui font consensus dans le moment présent.
24Le meilleur exemple de ce moment de consensus concerne un discours de R. Lévesque à l’occasion du 40e anniversaire d’Hydro-Québec en 1984. Après que les invités de la cérémonie aient regardé un documentaire sur l’histoire d’Hydro-Québec, le premier ministre prend la parole pour rendre hommage à l’entreprise publique. Le sujet de la première nationalisation de l’électricité, en 1944, lui rappelle la mémoire d’A. Godbout. Il exprime alors sa volonté de lui donner sa juste place dans l’histoire :
« Vous avez remarqué, et j’ai trouvé ça très jolie [sic], dans le documentaire remarquablement rythmé, plein de “punch” qu’on a vu tout à l’heure, une bonne place a été faite à Monsieur Lesage qui a été quand même le moteur de notre campagne de 1962. Il y avait une place méritée pour Daniel Johnson. Les vivants je pense qu’on a eu raison de les éliminer. Moi, je me reconnaissais mais je n’ai pas vu Godbout et moi je dis que ce n’est pas juste.
Très simplement parce que la postérité jusqu’à nouvel ordre a été vraiment inéquitable à l’égard de Godbout. C’est vrai, il a été responsable – et entre nous qui aurait résisté au genre de pressions qu’il y avait en temps de guerre ? – il était responsable de certaines démissions, si on veut, démissions que cette pression absolument infernale du temps de guerre probablement rendait inévitables. Mais c’est assez injuste qu’on ait oublié que ces quelques années du gouvernement Godbout ont été ponctuées également par trois décisions cruciales qui constituent quasiment l’acte de naissance du Québec contemporain. En quelques brèves années, dans un seul mandat de gouvernement, la création de l’Hydro-Québec, l’instauration de l’instruction obligatoire et, on peut discuter là-dessus, le vote des femmes25. »
25Ici, il ne s’agit pas d’un usage du passé au sens propre du terme ; R. Lévesque ne cherche pas à utiliser la mémoire d’A. Godbout pour justifier les actions présentes de son gouvernement. Néanmoins, cet exemple peut illustrer une certaine volonté de mettre en valeur une figure du passé québécois jugée marquante. Dans l’esprit du premier ministre péquiste, A. Godbout représente une époque particulière dont il faut commémorer certaines réalisations qui marquent encore le moment présent. À la suite de cette intervention de R. Lévesque, la mémoire d’A. Godbout revient souvent dans les allocutions soulignant les anniversaires d’Hydro-Québec. Elle se voit d’ailleurs particulièrement soulignée par J. Charest dans son discours célébrant les 60 ans de la société d’État en 200426.
26Un autre exemple qui illustre une certaine cohésion de la part des responsables politiques dans la commémoration d’une figure politique : celui de l’hommage à R. Bourassa après son décès le 2 octobre 1996. Dominée par un gouvernement péquiste, l’Assemblée nationale présente une motion rendant hommage à l’ancien premier ministre. Fait marquant : la motion « recommande que les principaux aménagements reliés à la centrale LG 2 portent désormais les noms de centrale Robert-Bourassa, de barrage Robert-Bourassa et de réservoir Robert-Bourassa27 ». Comme le souligne le premier ministre Lucien Bouchard :
« [a]u cours des derniers jours, beaucoup de Québécoises et de Québécois ont rappelé le rôle charnière [sic] qu’a joué M. Bourassa dans le développement hydroélectrique du Nord du Québec. C’est par son impulsion que le Québec s’est engagé sur cette voie à une époque où les choix énergétiques étaient loin d’être évidents. D’ailleurs, la motion que vient de lire la présidence de l’Assemblée au nom de tous les parlementaires recommande d’immortaliser l’apport de Robert Bourassa au développement de la Baie James28 ».
27Ces propos sont soutenus par les deux chefs des partis d’Opposition, Daniel Johnson fils (PLQ) et Mario Dumont (Action démocratique du Québec). Ceux-ci présentent, à leur manière, la figure identitaire de R. Bourassa et les valeurs qui lui sont rattachées29.
28Dans un contexte énergétique où se termine la phase II du projet La Grande et où les responsables gouvernementaux envisagent avec sérieux la reprise des grands travaux énergétiques, cet hommage rappelle aux citoyens québécois l’importance du développement hydroélectrique pour le Québec. C’est d’ailleurs ce qu’entreprennent les hauts dirigeants d’Hydro-Québec en soulignant le lien qui se développe entre la mort de R. Bourassa et la publicité entourant la fin de la phase II du complexe La Grande :
« Nous ne saurions clore ce message sans saluer la mémoire de Robert Bourassa, décédé l’année même de la mise en service de Laforge-2, la dernière centrale du complexe La Grande. Ce complexe, qui demeure le plus grand aménagement hydroélectrique du monde, a été lancé par lui, il y a 25 ans. C’est un grand honneur pour l’entreprise que de voir le fleuron de ses installations hydroélectriques, La Grande-2, rebaptisé Robert-Bourassa, pour perpétuer le souvenir de l’ancien premier ministre du Québec30. »
29À l’aide de cette analyse des discours des responsables politiques et de certains membres des élites québécoises, on comprend bien comment Hydro-Québec se retrouve au cœur des stratégies mémorielles utilisées pour préconiser certaines composantes du faire société québécois. Qu’ils perçoivent Manic-5 comme un lieu de mémoire dont la signification change selon les époques, où qu’ils utilisent la mémoire des premiers ministres ayant marqué Hydro-Québec et le Québec tout entier de leurs actions, les responsables politiques font appel à la mémoire et à ses jeux d’échelle afin de justifier certaines interventions ou encore afin de mettre la lumière sur ce qui est jugé essentiel pour les besoins du moment présent. Ils se servent donc d’Hydro-Québec comme d’un outil mémoriel au service des considérations du moment présent.
Ce texte est une version remaniée d’un chapitre de notre livre Hydro-Québec et l’État québécois, 1944-2005, (Québec, Septentrion, 2013). L’auteur a bénéficié des fonds du FRQSC pour réaliser les recherches ayant mené à cet article.
Notes de bas de page
1 Thériault J.-Y., Faire société. Société civile et espaces francophones. Étude, Ottawa, Éditions Prise de parole, 2007, p. 9-11.
2 Anderson B., Imagined Communities : Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, New York, Verso, 1991, p. 4-7.
3 Duplessis M., Discours d’inauguration de la centrale électrique de Beauharnois, 25 août 1951, dans Archives de Radio-Canada, « Éloge de la richesse hydroélectrique du Québec », [http://archives.radio-canada.ca/politique/provincial_territorial/clips/7216/], dernière consultation le 27 octobre 2017.
4 Voir entre autres les discours de Jean Lesage et René Lévesque avant et pendant la campagne électorale de l’automne 1962 : René Lévesque dans BAN, Reconstitution des débats de l’Assemblée législative. Version préliminaire, séance du mardi 31 janvier 1961, p. 21; BAN, Lesage J., Discours du premier ministre du Québec, M. Jean Lesage, au dîner de la Fédération libérale du Québec, Montréal, 30 septembre 1962, s. l. n. n., 1962, 6 p. Voir aussi le manifeste du Parti libéral du Québec, 1962 : Manifeste du Parti libéral du Québec, s. l. n. é., 1962, p. 9.
5 BAN, Johnson D., Allocution de M. Daniel Johnson, Premier ministre du Québec. Cérémonie de la dernière coulée de béton au barrage de Manicouagan 5. Jeudi 26 septembre 1968, inédit, Québec, Cabinet du Premier ministre, Service d’information, 1968, p. 5-7.
6 Bolduc A., Hogue C. et Larouche D., Québec, un siècle d’électricité, Montréal, Éditions Libre Expression, 1984, p. 351-397 ; Chanlat A., avec la collaboration d’André Bolduc et de Daniel Larouche, Gestion et culture d’entreprise : le cheminement d’Hydro-Québec, Montréal, Québec/Amérique, 1984, p. 90-96 ; Lacasse R., Baie James : une épopée, Montréal, Éditions Libre Expression, 1983, p. 132-160 et 441-586.
7 Le concept de lieux de mémoire a été élaboré par l’historien français Pierre Nora dans les années 1980. Voir Nora P., « Présentation », in P. Nora (dir.), Lieux de mémoire, t. 1 : La République, Paris, Gallimard, 1984, p. vii et xii ; idem, « Entre Mémoire et Histoire : la problématique des lieux », in P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. 1 : La République, Paris, Gallimard, 1984, p. xxiv-xxv ; idem, « Comment écrire l’histoire de France », in P. Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, t. 3 : Les France, vol. 1 : Conflits et partages, Paris, Gallimard, 1992, p. 20.
8 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Quatrième session, 29e Législature, vol. 13, no 2, le mardi 20 mars 1973, p. 24.
9 Nadeau P., cité dans Bolduc A., Hogue C. et Larouche D., op. cit., p. 397.
10 L’idée de consensus n’est qu’une interprétation ou une perception car, comme le laisse entrevoir l’éditorialiste Roger Champoux interrogé par La Presse, le projet d’aménagement Manic-Outardes a soulevé des débats parmi les citoyens et les acteurs politiques de l’époque. Voir Champoux R., « Les condoléances et les éloges affluent de partout. Une grande émotion », La Presse, le vendredi 27 septembre 1968, p. 7. Voir aussi Perron D., Le nouveau roman de l’énergie nationale : analyse des discours promotionnels d’Hydro-Québec de 1964 à 1997, Calgary, University of Calgary Press, 2006, p. 68-71 et 179-188.
11 Sur le concept de continuité mémorielle, voir Theriault J.-Y., Faire société. Société civile et espaces francophones. Étude, Ottawa, Éditions Prise de parole, 2007, p. 6. Pour un concept similaire relativement à l’histoire de l’immigration, par exemple celui de communauté de mémoire migrante, voir Pâquet M., « Penser l’expérience en histoire des migrations », in A. Courtemanche et M. Pâquet (dir.), Prendre la route : l’expérience migratoire en Europe et en Amérique du Nord du xive au xxe siècle, Hull, Éditions Vents d’Ouest, 2001, p. 232.
12 Hartog F., Régimes d’historicité : présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, 2003, p. 200. Voir aussi Theriault J.-Y, Critique de l’américanité : mémoire et démocratie au Québec, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2002, p. 222-223.
13 BAN, Lévesque R., Discours de M. René Lévesque, Premier ministre du Québec, à l’occasion de l’inauguration de la centrale Outardes 2, 22 septembre 1978, s. l. n. n., p. 4-5.
14 Sur le lien entre Hydro-Québec et la création d’un lieu de mémoire dont les significations changent avec le temps, voir Savard S., « Quand l’histoire donne sens aux représentations symboliques : l’Hydro-Québec, Manic-5 et la société québécoise », Recherches sociographiques, vol. 50, no 1, 2009, p. 67-97 ; idem, « Lieu-de-mémoiriser Hydro-Québec comme symbole des représentations de la nature et de la technologie : esquisses de réponse et pistes de réflexion », Conserveries mémorielles, 2007, 2e année, no 4, p. 46-64.
15 Voir, notamment, les propos de François Beaulne, député du Parti québécois, dans BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Commissions parlementaires. Deuxième session, 35e législature. Commission permanente de l’économie et du travail. Audition d’Hydro-Québec dans le cadre du mandat de surveillance des organismes publics, vol. 35, no 45, 26 mars 1997, p. CET-56-59. Voir aussi les propos de Jacques Brassard, ministre des Ressources naturelles, dans BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Commissions parlementaires. 36e législature, première session. Commission permanente de l’économie et du travail, vol. 36, no 66, 12 mai 2000, p. CET-1-19.
16 À ce sujet, voir Parenteau R., « Hydro-Québec et l’État », in M. Couture (dir.), Hydro-Québec : des premiers défis à l’aube de l’an 2000, Montréal, Éditions Libre Expression/Forces, 1984, p. 50 ; idem, Hydro-Québec : les relations entre l’État et son entreprise, Ottawa, Conseil économique du Canada, 1986, p. 26-27.
17 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Troisième session, 32e législature, vol. 26, no 12, le mardi 1er décembre 1981, p. 619-620.
18 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Troisième session, 32e législature, vol. 26, no 15, le lundi 7 décembre 1981, p. 921.
19 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Troisième session, 32e législature, vol. 26, no 12, le mardi 1er décembre 1981, p. 633-634.
20 Ibid.
21 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Première session, 33e législature, vol. 29, no 60, le mercredi 12 novembre 1986, p. 3970.
22 Voir BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Commissions parlementaires. Troisième session, 34e législature. Commission permanente de l’économie et du travail, vol. 33, no 1, 23 mars 1994, p. CET-3-4. Pour un autre exemple, voir aussi le discours d’Yves Bérubé, ministre de l’Énergie et des Ressources en 1980, qui évoque les idéaux de R. Lévesque pour rappeler aux citoyens l’importance des sociétés d’État dans le développement du Québec moderne, telle la SOQUEM. Voir BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Sixième session, 31e législature, vol. 23, no 17, 8 décembre 1980, p. 688.
23 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Première session, 37e législature, vol. 38, no 96, 28 octobre 2004, p. 5409-5413.
24 Nous avons développé ce concept dans une recherche antérieure où nous expliquons qu’elle représente cet incitatif (en raison entre autres des mécanismes étatiques) qui pousse les responsables politiques gouvernementaux à rechercher une certaine continuité et une certaine cohérence dans les interventions de l’État et de ses institutions. Ce concept fait référence au fait qu’il est difficile – mais pas impossible – pour les responsables politiques gouvernementaux de faire table rase du passé. Voir Savard S., « La poésie “raisonnée” du discours. Quelques réflexions sur Daniel Johnson, la question de l’électricité et l’influence de la “raison d’État” », Bulletin d’histoire politique, vol. 20, no 2, hiver 2012, p. 155-170.
25 Archives nationales du Québec (Montréal), P18 D466, CD-ROM sur René Lévesque : Lévesque R., Discours à l’occasion du 40e anniversaire d’Hydro-Québec, Montréal, 14 juin 1984.
26 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Première session, 37e législature, vol. 38, no 61, 20 avril 2004, 15h00, p. 4152-4157.
27 BNQ, Débats de l’Assemblée nationale du Québec. Deuxième session, 35e législature, vol. 35, no 42, 15 octobre 1996, 14 h 20 et 14 h 30, p. 2619-2624.
28 Ibid.
29 Ibid.
30 Ménard J. (président du conseil d’administration d’Hydro-Québec) et Caillé A. (président-directeur général d’Hydro-Québec), in Hydro-Québec, Rapport annuel 1996 : Canaliser nos énergies vers de nouveaux horizons, Montréal, Hydro-Québec, direction principale Communication et Environnement, 1997, p. 4-7.
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