Une mémoire fragmentée. Gouvernement collectif et gouvernement de soi par les décorations (xixe-xxe siècles)
p. 221-233
Texte intégral
1L’un des intérêts de la réflexion sur les distinctions honorifiques pour la sociologie historique de l’État et des institutions, et plus largement pour l’histoire culturelle, est de se situer au croisement de logiques sociales à la fois collectives et individuelles. D’un côté, et du plus lointain de leur histoire, les décorations sont indiscutablement une « technique » de gouvernement dont on commence à mesurer depuis quelques années la permanence et le renouvellement dans la période post-révolutionnaire, et plus globalement l’importance dans la construction des États démocratiques modernes. D’un autre côté, les décorations participent également des modalités complexes d’expression de la dignité personnelle, du respect, de la reconnaissance, modalités qui se développent, parfois de manière très spontanée, chez certains individus et au sein des populations elles-mêmes.
2En d’autres termes, les décorations sont certes un moyen de gouverner l’équilibre entre les professions, les divers corps des serviteurs de l’État, la qualité des engagements associatifs ou électifs envers la collectivité, parfois même, bien que de manière assez modérée on le verra, d’arbitrer entre des orientations politiques1 Mais les décorations sont également le support d’expression, de diffusion, voire de défense de certaines valeurs éthiques dont la portée relève d’une morale personnelle, laquelle par définition s’enracine dans des réalités sociales ou culturelles, tout en s’efforçant de les transcender en direction de l’universel2.
3Plutôt que de les opposer, il semble ainsi intéressant de tenter de conjuguer ces deux lectures possibles des réalités honorifiques modernes3. On le fera ici brièvement en articulant quelques pistes d’interprétation synthétiques et divers indices extraits des archives de Haute-Savoie. On s’attachera à la période postérieure à 1860, date du rattachement de ce département à la France, en s’intéressant d’abord aux principales caractéristiques des usages administratifs et gouvernementaux de certaines distinctions parmi les plus courantes, puis aux originalités associées à la mise en place à compter de 1920 des Médailles de la Famille, enfin au devenir des décorations durant la période 1940-1944, encore très peu étudiée de ce point de vue4. Certains usages spontanés des décorations, à la suite de l’assassinat de Jean Jaurès en 1914, permettront de revenir en guise d’épilogue, et au-delà du terrain local considéré, sur la double hypothèse de lecture proposée et les modes d’appropriation spontanés des insignes de distinction étatiques.
Eléments du gouvernement collectif par les décorations
4Les dossiers des archives de Haute-Savoie concernant les demandes, jusqu’en 1950, de Légion d’honneur, de Médailles du Travail, d’Ordre du Mérite agricole, de Médailles de la Famille, invite tout d’abord à deux grands ensembles observations convergentes avec celles que l’on avait pu extraire de l’entrée en administration des Médailles pour Actes de courage et de dévouement au fil du xixe siècle5.
5Le premier ensemble d’observation, sur lequel on ne saurait trop insister, concerne les indices multipliés du soin administratif qui est accordé aux attributions de décorations quelles qu’elles soient, au-delà même du premier ordre national. Le mérite civique et professionnel en administration est en effet l’objet d’une activité bureaucratique qui ne cesse d’être étonnante, et dont la tonalité dominante est indiscutablement la rigueur, beaucoup plus que l’entregent ou le clientélisme.
6L’apparition d’imprimés de demande spécifiques, dès la fin du xixe siècle pour la Légion d’honneur, dès 1914 au moins pour l’Ordre du Mérite agricole (créé en 1883), quelques années après leur création en 1920 pour les Médailles de la Famille, est un premier indice du souci de standardisation du traitement des demandes, lequel dirige visiblement l’activité administrative en la matière6. La mobilisation constante de l’ensemble de la hiérarchie des autorités publiques (maires, sous-préfets, préfets, cabinets ministériels compétents), complétée le plus souvent des extraits de casier judiciaire, est attestée par une correspondance parfois abondante, et dont l’objet est toujours de préciser les caractéristiques et les titres des méritants pressentis. Au niveau central, les injonctions aux préfets de se conformer strictement aux procédures sont régulièrement réitérées.
7Moins que la crainte de l’oubli d’un ou d’une méritante, qu’une promotion ultérieure pourra facilement corriger, c’est sans nul doute l’ombre de l’erreur, de l’attribution entachée d’une indignité inaperçue (et notamment judiciaire) qui paraît planer sur les fonctionnaires locaux en matière de décorations. Selon la formule consacrée et souvent reprise, « la rigueur et le soin » sont de la sorte des conditions essentielles du maintien de la valeur symbolique des signes distinctifs accordés par l’Etat.
8La remarque vaut d’ailleurs pour les Médailles du Travail dont la simplicité des mérites (30 ans au moins d’activité) paraît pourtant suffire à être certifiée par l’employeur7. Or, si les services préfectoraux s’en remettent visiblement aux administrations d’entreprises pour les grands établissements qui présentent périodiquement des listes allant jusqu’à cinquante propositions de travailleurs ou travailleuses fidèles8, ils se renseignent auprès des mairies, des commissaires de police, parfois de l’inspecteur du travail pour les demandes isolées. C’est par exemple ce dernier qui transmet au préfet puis valide favorablement la demande en faveur du meunier Jean-Pierre Thusy, émise par sa veuve un mois après son décès en mars 1945, dans un cas ponctuel mais symptomatique de réappropriation de la procédure étatique pour assurer une mémoire et une dignité d’abord strictement personnelles9.
9Même pour les Médailles du Travail, distinctions souvent considérées comme modestes, le soin administratif émerge également de l’exigence régulièrement reprise en direction des maires de faire parvenir sans délai aux intéressés leur insigne et leur diplôme, y compris « en prenant toutes les précautions nécessaires pour que ces diplômes ne soient ni froissés ni pliés », comme le précise au maire d’Annecy le préfet en mars 194710.
10Au-delà de la rigueur administrative, un second ensemble d’observations porte à valider, comme dans le cas des Médailles pour Actes de courage et de dévouement, la portée des décorations en tant qu’instruments d’action publique au sens le plus large du terme11. On relèvera, au vu du corpus consulté, trois grands types d’usages de gouvernement collectif en ce sens.
11Le premier, et l’un des mieux connus, concerne la contribution à la grandeur ou au prestige des plus hautes fonctions de l’État et de ses dirigeants. Aux archives de Haute-Savoie, les déplacements de l’empereur dès le Second Empire, des présidents de la République ou des ministres par la suite, donnent ainsi régulièrement lieu à des distributions de décorations spécifiques. Pour les services préfectoraux, l’enjeu est alors de trouver, souvent dans l’urgence et non par le seul jeu de l’arbitraire politique ou de la préférence comme sous l’Ancien Régime, des méritants légitimes. De la sorte, si en juillet 1860 ce sont des ecclésiastiques que le ministère cherche à identifier dans tous les départements, en vue d’un déplacement de l’empereur dans le Midi, en août 1888 ce sont de vieux employés et ouvriers qu’un télégramme ministériel appelle à rechercher pour le voyage présidentiel prochain. Le sous-préfet de Thonon ne peut d’ailleurs qu’indiquer à son supérieur qu’« il est difficile dans [son] arrondissement, presque exclusivement agricole, de découvrir un candidat réunissant les conditions exigées par le décret du 16 juillet 188612 ». L’un des deux lauréats qu’il localise en définitive, Josette Mottet, 40 ans de services comme baigneuse aux établissements thermaux d’Évian, ne sera d’ailleurs pas distingué, lorsque l’on réalise en septembre que cet emploi ne lui est que saisonnier, quatre mois dans l’année. Le sentiment s’impose à nouveau que le motif circonstanciel, sans être bien entendu exempt de préoccupations directement politiques ou électoralistes, se conjugue avec les prescriptions et les instructions ordinaires, plutôt qu’il ne les supplante, du moins dans le choix des méritants récompensés.
12Le deuxième type d’usage des décorations concerne l’inflexion en direction de certaines orientations politiques, et il invite d’ailleurs, sans réel paradoxe nous semble-t-il, à une appréciation similaire. Certes, sous tous les régimes, encore que de manière assez éparse à vrai dire, il est possible d’identifier des traces de clientélisme des élus. Les recommandations des maires, conseillers généraux, députés ou sénateurs, les demandes sollicitées au niveau gouvernemental, sont ainsi instruites dans le département de manière prioritaire mais régulière, et sans réelle garantie de succès au demeurant. L’opinion politique, pour autant qu'elle soit explicitement mentionnée, n’est avancée qu’au titre de critère subsidiaire d’un mérite validé selon les critère réglementaire, et très rares sont les interventions comme celle de ce sénateur en 1938, contacté pour avis par le préfet, qui soutient sept candidats à l’Ordre du Mérite agricole en notant qu’ils « sont surtout méritants par leur action contre les gouvernements de gauche13 ».
13Dans la période d’établissement de la République, sans être systématique, l’attention aux orientations « réactionnaires » ou « l’attachement à la cause laïque » sont cependant régulièrement relevées. La conjoncture du moment dépasse il est vrai de ce point de vue la simple concurrence des majorités de gouvernement pour toucher aux fondements d’un nouveau régime social et politique, cette préoccupation conduisant même le préfet à signaler à son ministre, en juin 1886, à la veille des élections cantonales, qu’aucune attribution de Légion d’honneur n’a été effectuée dans le département depuis plus de trois ans alors que celui-ci a donné une majorité de près de 14 000 voix aux candidats républicains aux dernières législatives14. Il n’en demeure pas moins que l’instrument honorifique, en matière électorale, reste d’un usage probablement assez marginal, et qui ne pourrait sinon que se retourner contre l’intérêt plus large que revêtent les signes honorifiques comme modalités de gouvernement collectif. Un préfet du Second Empire l’exprime d’ailleurs avec une particulière clairvoyance en évoquant, dans le contexte de l’annexion récente à la France, « le caractère très essentiel pour l’avenir de persuader tout le monde que le gouvernement ne veut pas voir dans les uns des vainqueurs, des vaincus dans les autres » :
« Je ne puis pas serrer la main d’un notable dans la rue, sans qu’on ne tire de là des conséquences à perte de vue sur le règne futur de la réaction ou de la révolution. Je crois qu’il est bon de saisir une occasion d’éclat, comme le voyage de leurs Majestés, pour noyer toutes ces puérilités dans une grande mesure de justice distributive qui honore et qui classe tous les hommes de mérite du pays. »
14L’importance pour l’État des décorations déborde en effet de beaucoup les enjeux électoraux, comme le montre leur troisième type d’usages, sans doute le plus déterminant, à savoir la valorisation et la reconnaissance des services de certaines fonctions ou professions spécifiques. En termes de fonctions, ce sont d’abord les vieux édiles municipaux qui sont régulièrement l’objet de contingents d’attributions exceptionnelles de Légion d’honneur. Sans prétendre à un repérage plus complet que pourraient conduire d’autres travaux, on peut citer les cas d’août 1867, de décembre 1926, de juillet 1930, où le ministère de l’Intérieur hiérarchise quatre priorités pour les demandes de ruban rouge, en dehors des promotions normales : vieux maires de plus de 30 ans d’exercice, maires à titre exceptionnel (moins de 30 ans), fonctionnaires de police, sapeurs-pompiers. En juillet 1931, les maires sont à nouveaux signalés tandis qu’en octobre est visée la délivrance spéciale d’au moins une Croix de chevalier par département pour un instituteur à la retraite, à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire des écoles laïques.
15Avec les maires, les instituteurs sont d’ailleurs l’une des fonctions les plus régulièrement rappelées à l’attention des préfets. Dès 1867, le ministre parle ainsi « d’un grand intérêt politique » qui « exige que les 43 000 instituteurs publics et libres qui exercent en France ne se considèrent pas cette année comme exclus de cette participation aux faveurs que l’Empereur doit décerner le 15 août prochain ». En juin 1892, presque sous la même forme, c’est le ministre de l’Instruction publique Léon Bourgeois qui regrette que « depuis quelques années, dans la plupart des départements, aucun instituteur ne figure dans les propositions qui [lui] sont transmises ». Aux craintes de froissement des susceptibilités hiérarchiques, il répond longuement :
« À défaut de grades universitaires plus élevés et d’une fonction plus en vue, un directeur d’école élémentaire qui est arrivé à la fin de sa carrière, après avoir donné des preuves d’un dévouement de tous les instants, d’une conduite exemplaire et d’une probité professionnelle et privée constamment à l’abri de tout reproche, s’est acquis des titres sérieux à la croix de la Légion d’Honneur, et je suis convaincu qu’il n’est aucun de ses chefs plus jeunes que lui d’âge et de service qui ne soit heureux de la lui voir conférer15. »
Gouvernement collectif et valeurs morales : les Médailles de la Famille
16La mise en place de la Médaille de la Famille illustre de manière accentuée certaines des exigences qui viennent d’être évoquées, et que l’on peut qualifier de « fonctionnelles » dans l’usage des décorations comme instrument de gouvernement collectif. La Médaille de la Famille est par ailleurs très représentative d’une articulation explicite entre des visées de gouvernement collectif et l’affirmation de certaines valeurs éthiques et morales en direction des individus. Établie par le décret présidentiel du 26 mai 1920 sur rapport du ministre de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociale, cette décoration se voit en effet attribuer un double objectif.
17Le premier renvoie au gouvernement collectif et vise à lutter contre « le fléau de la dépopulation », à assurer comme l’indique le rapport « le relèvement de la natalité » en récompensant « celles qui contribuent le plus largement à maintenir par leur descendance le génie et la civilisation, l’influence et le rayonnement de la France ». La décoration est de fait réservée aux mères de famille nombreuses pouvant justifier de 5 enfants simultanément vivants16.
18Ce premier objectif est cependant complété d’un second, plus explicitement moral et proche du « gouvernement de soi » dans la mesure où la décoration, comme l’indique le décret présidentiel, sera réservée à celles « qui par leurs soins éclairés, leur activité laborieuse et leur dévouement, auront fait un constant effort pour inspirer à leurs enfants, dans les meilleures conditions d’hygiène physique et morale, l’amour du travail et de la probité et le souci de leurs devoirs sociaux et patriotiques ». Comme y insiste le ministre en direction des préfets dès le 9 juin, en reprenant les termes du rapport préliminaire, « pour mériter cette récompense, il ne suffit pas de mettre au monde des enfants, il faut encore savoir les élever et s’efforcer en toute occasion, par le conseil et par l’exemple, de leur inculquer une saine éducation morale ». Il ajoute que les fonctionnaires doivent certes se garder « d’intervenir dans le domaine réservé à la liberté des parents » et de « s’immiscer dans leur façon de concevoir l’éducation donnée à leurs enfants », tout en tâchant rigoureusement de « juger celle-ci du dehors », « au point de vue objectif, sur le terrain des faits constatés par tous ». Une évaluation qui doit se réaliser, « il est bien entendu inutile de [le] dire », termine-t-il, indépendamment « d’aucune considération politique qui, en cette matière plus qu’en tout autre, serait particulièrement odieuse ».
19Plusieurs indices permettent de vérifier à nouveau combien les impératifs du soin administratif apporté à l’instruction des demandes cheminent de pair en matière de décoration avec l’attitude ou l’appropriation des populations. Du côté de l’activité administrative tout d’abord, les circulaires des ministres aux préfets des 9 juin, 10 juillet, 5 août, 7 octobre 1920 (sur trois pages serrées), 26 mars, 14 octobre 1921, 23 février 1922, précisent et reprennent les conditions d’attributions. Sont ainsi tour à tour soulignés, au-delà des objectifs et principes déjà évoqués : l’importance de faire mention de l’existence de ces décorations dans la presse locale, l’attention à la solennité de la remise des récompenses, la mise en garde contre des diplômes vendus par certains commerçants, l’inscription par les préfets dans les crédits des assemblées départementales d’une prime ajoutée à la récompense honorifique17, la mise en place d’une sous-commission d’instruction départementale comprenant des mères médaillées.
20Cette dernière mesure, relève le ministre Paul Strauss en 1922, devrait permettre de mieux apprécier « par des mères de famille puisque la décoration leur est réservée » note-t-il, la question difficile des enfants nés hors mariage. Le cas échéant, il recommande de diluer dans plusieurs promotions ce type d’attribution, « de la façon qu’elles ne puissent jamais apparaître que comme des exceptions » puisque le texte du décret parlait explicitement d’enfants légitimes. Comme pour les Médailles pour Actes de courage et de dévouement au xixe siècle18, force est de constater que l’usage des décorations en tant que modalités d’action publique exige de l’État de savoir articuler sa volonté souveraine aux opinions de ses administrés.
21Le volontarisme gouvernemental en direction des Médailles de la Famille ne paraît en effet pas pouvoir être dissocié de l’attitude des populations, et c’est en l’occurrence ici le succès et l’engouement qu’il convient de moduler. Dès la première promotion annoncée, le 7 juillet 1920, le Conseil supérieur de la natalité auquel on annonce plus de 30 000 demandes, choisit de limiter à 10 000 au maximum les attributions, 7 000 étant au final délivrées. En 1922, Paul Strauss décide de deux promotions exceptionnelles de 12 000 méritantes pour épurer les demandes en attente, en sus de celles des 1er janvier et 14 juillet, soit 48 000 attributions au total. De fait, tout au long des années 1930, en Haute-Savoie, ce sont en moyenne 350 mères de famille qui sont annuellement récompensées, signe fort de l’écho que rencontre cette distinction originale et significative19. Au-delà de l’enjeu collectif de la natalité, il semble bien ainsi que c’est d’abord, comme le notait le rapport de création, « le témoignage d’estime publique », « de respect et de reconnaissance nationale » accordé aux mères de famille qui soutient en définitive la popularité de cette décoration.
22Un dernier élément plaide d’ailleurs en ce sens : le 6 mars 1940, alors même qu’ont été suspendues en novembre 1939 pendant la durée des hostilités « toutes les décorations autres que celles attribuées à titre militaire pour faits de guerre20 », le ministre de la Santé en accord avec le président du Conseil décide du rétablissement des promotions de Médaille de la Famille pour le 14 juillet prochain, « en raison de l’intérêt qui s’attache, dans les circonstances actuelles, à récompenser l’exemple de courage et de d’abnégation donné par les mères de familles nombreuses ». À compter de juillet 1941, le gouvernement de Vichy continuera à son tour, jusqu’à la Libération, d’attribuer cette décoration21.
Du régime de Vichy à la Libération : continuités
23Les remarques que permet la consultation de certains cartons concernant les décorations durant la période 1940-1945 sont partielles et d’abord prospectives. Une conclusion générale en émerge néanmoins : la continuité, dans une période particulièrement troublée, des tendances antérieurement repérables, que ce soit en termes d’usages des décorations pour des objectifs de gouvernement collectif ou pour l’affirmation et la reconnaissance de valeurs éthiques et morales individuelles.
24En termes administratifs tout d’abord, de nombreux travaux l’ont montré, les autorités et les fonctionnaires du régime de Vichy s’inscrivent pour l’essentiel dans la poursuite des procédures de la République22. C’est le cas visiblement en matière de décorations, notamment, d’après le corpus consulté, pour les Médailles de la Famille, les Médailles d’honneur des Sapeurs-Pompiers et la Légion d’honneur23. Les modalités d’instruction et les pratiques administratives demeurent, formellement au moins, inchangées24.
25Dans le cas de la Légion d’honneur, les deux seuls dossiers consultables, promotion janvier 1942, marquent certes une accentuation politique, même si les lauréats présentent des titres habituels à cette distinction : respectivement le président de la Chambre d’agriculture, maire depuis 20 ans, né en 1888 et un maire, conseiller général depuis 1937, président des Jeunesses catholiques, du syndicat électrique et de diverses œuvres sociales, né en 1883. Le préfet indique pour le premier qu’il est « un des plus fermes soutien de la politique du Maréchal », que « sa nomination dans notre ordre national ne pourra que renforcer son autorité et son influence », en prenant « pour les paysans de Haute-Savoie valeur d’un symbole ». Le second est décrit comme s’étant toujours fait « le champion des idées nationales » et « dès le début, un défenseur enthousiaste de l’Ordre nouveau25 ».
26Cet infléchissement bien perceptible pour la Légion d’honneur est sans doute moindre pour les distinctions plus modestes. Les autorités en prennent d’ailleurs acte à la Libération, l’ordonnance du 9 novembre 1944 posant le principe d’une révision de toutes les attributions effectuées depuis le 16 juin 1940, « par l’autorité de fait se disant Gouvernement de l’Etat français » et non celui d’une suppression pure et simple26. L’arrêté du 20 mai 1945, repris au niveau départemental le 12 octobre, distingue ainsi deux types de décorations. Les médailles d’ancienneté (Médaille des Sapeurs-Pompiers, Médaille communale, Médaille des Octrois, Médaille de la Voirie), pour lesquelles une simple vérification est nécessaire, l’échange des diplômes et insignes devant avoir lieu ultérieurement. Dans le cas des Médailles des Sapeurs-Pompiers, comme l'attestent les archives, une vingtaine de diplômes de l’État français seront échangés sur le département en 194727. La présomption de validité est renversée à l’égard des Médailles pour Actes de courage et de dévouement qui ont parfois été sous l’Occupation « partiellement détournées de leur but véritable, qui est de sanctionner le courage manifesté au cours d’une action périlleuse accomplie dans l’intérêt d’autrui ou dans l’intérêt général, pour encourager les membres des forces dites du “maintien de l’ordre” à s’engager sans réserve dans la voie de la collaboration avec l’ennemi ». L’arrêté du 4 janvier 1946 annulera au final une partie de ces distinctions. Il est demandé enfin aux préfets de vérifier si « des titulaires de décorations accordées antérieurement au 16 juin 1940 ne s’en sont pas montrés indignes », un arrêté spécial devant alors retirer ces distinctions en cas « d’attitude blâmable, tant du point de vue pénal que du point de vue patriotique ».
27À propos de l’affirmation de certaines valeurs éthiques, déjà perceptible dans ces mesures de l’immédiat après-guerre, il convient de souligner combien les autorités de la France libre puis de la République restaurée vont accorder de l’importance aux décorations des actes de résistance. Si l’exemple des Compagnons de la Libération est connu et manifeste l’intérêt accordé par le général de Gaulle à la reconnaissance et à la promotion des comportements les plus méritoires, dès le 10 février 194128, celui des Médailles de la Résistance est peut-être plus surprenant, dans un département il est vrai particulièrement actif de ce point de vue.
28Le soin et la rapidité de traitement apportés à cet objet, dès le tout début de l’année 1945, n’est pas en effet sans étonner, même au vu de la continuité d’une expérience étatique déjà ancienne. Une commission départementale est instituée, des imprimés spécifiques comprenant onze rubriques (organisation de résistance, dates et lieux des actes méritoires, postes, fonctions et missions assurés, risques encourus, arrestations ou recherche par l’occupant, etc.) sont mis en place, tous les dossiers étant soigneusement tapés à la machine et documentés29. La commission ou son secrétaire extrait de ces rapports de service le projet de citation devant accompagner la distinction comme pour l’agriculteur Claude Gay de Contamine-sur-Arve : « Il est de ceux qui ont sauvé leur patrie en sauvant l’honneur. » L’appartenance au parti communiste, relevée le cas échéant, ne paraît pas avoir influer sur les attributions.
29Au risque du symbole un peu schématique, il nous semble que l’on peut voir dans cette activité honorifique si précoce et soigneuse l’une des expressions les plus significatives, depuis deux siècles, des relations qu’entretiennent les populations françaises avec les décorations : les réappropriations spontanées de ces procédures ne s’opposent, en effet, que rarement au geste souverain étatique, à l’arbitrage gouvernemental des élites, des fonctions, des professions, des dignités sociales ; de manière sans doute plus déterminante, elles infléchissent et enrichissent simplement des institutions dont la « plasticité » déborde de beaucoup la lettre juridique, y compris d’ailleurs de la part de ceux qui ont pu s’en affirmer comme des critiques ou des détracteurs.
Épilogue : le cas Jaurès
30On terminera en effet ce rapide parcours dans certaines finalités des pratiques décoratives en évoquant un dernier exemple représentatif des attitudes, parfois paradoxales, quelles ont pu susciter, en particulier du côté des milieux populaires et du mouvement ouvrier, lequel dénonça régulièrement les usages corrupteurs ou électoralistes par les gouvernements en place des rubans et de la manne honorifique30. Ce fait, repris succinctement dans certaines biographies récentes31, concerne l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914. Il a été relaté par Ernest Poisson, collaborateur de Jaurès et témoin direct du drame, qui a couru derrière l’assassin et l’a arrêté sans résistance. Celui-ci rédige dès le lendemain le récit de sa déposition au commissariat d’arrondissement, moins d’une heure après l’événement :
« À un moment donné, le directeur de la Sûreté générale entre en trombe avec quelques hauts fonctionnaires de la police. Ah ! dit-il, je viens de voir un spectacle extraordinaire. Auprès du corps de M. Jaurès, définitivement reconnu mort par le médecin, un officier de grande taille, un capitaine en tenue de campagne, décoré de la croix de la Légion d’Honneur, est arrivé la figure bouleversée, les yeux rouges ; puis, d’un geste nerveux et simple, il a retiré sa croix et pieusement il l’a accrochée à la poitrine de M. Jaurès ; je voudrais connaître le nom de cet officier. Le nom me vient aux lèvres [il s’agit du capitaine Gérard, principal collaborateur de Jaurès pour son ouvrage L’Armée Nouvelle] puis j’ai un mouvement d’arrêt. Je me souviens du lieu où je suis, du personnage qui est devant moi, de sa fonction plutôt. Il s’en aperçoit et, avec une inexprimable expression de physionomie, il s’écrie : Ah non ! je ne fais pas de ces besognes-là ! Et deux grosses larmes sincères, émouvantes, curieuses, significatives tombent lentement sur ses joues32. »
31Faut-il voir un paradoxe dans le geste de l’officier ou l’émotion qu’il suscite chez le directeur de la Sûreté alors que Jean Jaurès avait signé plusieurs propositions de loi d’abolition des décorations ? Ce n’est pas certain.
32Lors de la grande manifestation du 6 avril 1919 contre l’acquittement de l’assassin de Jaurès, rapporte le neveu de Roger Martin du Gard, on assistera en effet également à des gestes semblables. Le vieil Anatole France est là qui ne porte plus son ruban rouge depuis l’Affaire Dreyfus33 et il se dirige vers un buste de Jaurès dressé à l’angle de l’avenue Henri Martin et du square Lamartine devant lequel défilent les parlementaires et les délégués des fédérations socialistes.
« Avant l’ouverture du spectacle, on avait accroché une Croix de Guerre à la stèle. Un soldat, avec de timides saccades et au risque d’emporter le drap de son uniforme, arracha la sienne et vint l’offrir. Une veuve de guerre apporta celle de son mari. “Jaurès a sauvé la France” fit-elle les yeux enflammés ; ce “Jaurès a sauvé la France” fit un grand effet et fut repris. Soudain, un poilu à quatre brisques se dirige vers Anatole France et lui tend sa croix que barraient plusieurs palmes. France, dans un geste épiscopal, l’accrocha lui-même à la stèle sous une tempête de bravos34. »
33Jaurès le pacifiste honoré de la Croix de guerre, Anatole France le pourfendeur des honneurs lui accrochant avec solennité une décoration posthume..., voilà sans nul doute un autre indice, et peut-être pas le moindre, à verser à la compréhension des fonctions collectives et individuelles qu’ont pu remplir jusqu’à nous les décorations. Une manière pour les recherches actuelles et à venir sur cet objet de se souvenir de cette recommandation de Marc Bloch : « Derrière les écrits en apparence les plus glacés et les institutions en apparence le plus complètement détachées de ceux qui les ont établies, ce sont les hommes que l’histoire veut saisir. »
Notes de bas de page
1 Sur les dimensions clientélaires des décorations en tant que « biens publics divisibles » : Michel Offerle, « Mobilisation électorale et invention du citoyen : l’exemple du milieu urbain français à la fin du xixe siècle », Daniel Gaxie (dir.), Explication du vote, un bilan des études électorales en France, Paris, FNSP, 1989 (1er éd. 1985), p. 149-174.
2 Sur cette dialectique : Pierre Bourdieu, La Noblesse d’État (grandes écoles et esprit de corps), Paris, Minuit, 1989, p. 559 ; Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Paris, Le Seuil, 1994, p. 149-167 ; Méditationspascaliennes, Paris, Le Seuil, 1997, p. 282 et suiv.
3 Pour un aperçu de l’accentuation différentielle de ces deux interprétations et la bibliographie récente : Frédéric Caille, « Décorations » et Olivier Ihl, « Honorer » et « Vertu », Vincent Duclert et Christophe Prochasson (dir.), Dictionnaire critique de la République, Paris, Flammarion, 2001 ; Genèses, 2004, no 55 ; Xavier Boniface (dir.), « Du sentiment de l’honneur à la Légion d’Honneur », La Phalère, 2004, no 5.
4 Nous remercions les responsables des Archives départementales de Haute-Savoie pour l’autorisation de consultation exceptionnelle qu’ils ont bien voulu nous accorder, tous les cartons concernant cette période comprenant des pièces postérieures à 1945.
5 On se permet de renvoyer ici, sans en reprendre les résultats, à l’enquête nationale à la fois statistique et qualitative présentée dans notre ouvrage sur ces médailles (appelées aussi Médailles des Belles Actions), attribuées en France à compter de 1805 puis surtout de 1820 : Frédéric Caille, La Figure du sauveteur. Naissance du citoyen secoureur en France (1780-1914), Rennes, PUR, 2006.
6 Ce souci de standardisation est très perceptible en ce qui concerne les Médailles pour Actes de courage et de dévouement.
7 Sur cette décoration établie en 1886 : Bruno Dumons et Gilles Pollet, « Une distinction républicaine : les Médailles du Travail au tournant des xixe et xxe siècles. Eclairage sur le modèle républicain de la citoyenneté », Maurice Agulhon (dir.), Cultures et folklores républicains, Paris, CTHS, 1995, p. 69-81.
8 Ainsi en 1899 les établissements Gourd de Lyon envoient une demande pour 52 de leurs employés présentant de 32 à 58 ans de présence continue dans leur manufacture de soierie de Faverges, 35 femmes, exclusivement, étant au final récompensées. De même en janvier 1947 ce sont 47 propositions émanant de la direction de l’usine de produits chimiques de Chedde, près de Sallanches, qui sont transmises au ministère du Travail : Archives départementales de Haute-Savoie (ADHS), 1 M 183 et 26 Wd 23, chemise 4.
9 adhs, 26 Wd 23, chemise 4.
10 Ibid.
11 Pour une démonstration détaillée sur ce point : Frédéric Caille, « Les distinctions honorifiques comme modalité de l’action publique : esquisse d’une sociographie des médaillés du dévouement courageux (1851-1896) », Martine Kaluszynski et Sophie Wahnich (dir.), L'État contre la politique ? Les expressions historiques de l'étatisation, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 243-264.
12 adhs, 1 M 143 et 1 M 183. De même 29 médailles sont décernées en août 1897 à l’occasion du déplacement du président Félix Faure dans le département.
13 ADHS, 1 M 173.
14 ADHS, 1 M 143, de même pour tous les exemples suivants.
15 Pour plus de détails sur cette profession, se reporter au texte de Marianne Thivend dans le présent ouvrage.
16 L’ensemble des éléments ci-dessous provient des cartons : ADHS, 1 M 172 jusqu’en 1940 et 62 Wd 46 pour la période de Vichy. Le rapport du ministre et le décret de création sont publiés au JO du 28 mai 1920.
17 Cette dernière sera établie en Haute-Savoie en 1938 suite aux instances de l’inspecteur départemental de l’Assistance publique, les gratifications étant fixées, après comparaison avec les départements voisins, à 75, 100 et 150 francs selon le nombre d’enfants, pour une dépense annuelle totale estimée à 12 000 francs.
18 La légalisation de port attaché à un ruban tricolore vertical de ces décorations, initialement prévues comme simples médailles non-portatives, sera en effet obtenu en 1831 suite à la pratique spontanément adoptée par les populations : Frédéric Caille, La Figure du sauveteur....op. cit., p. 164 et suiv.
19 Le décompte des récompenses attribuées lors des promotions de juillet 1941 et janvier 1942 donne un total approchant de 323.
20 Circulaire de la présidence du Conseil du 6 novembre 1939.
21 On relèvera le rappel par les autorités du régime de Vichy de l’importance des critères énumérés dans le décret de création des Médailles de la Famille de 1920, « notamment en ce qui concerne la conduite et la moralité des postulantes » (circulaire du 23 juin 1941). Quelques cas de refus au niveau national pour enfants nés hors mariage sont repérables alors même que la distinction prend une importance renforcée puisqu’elle donne droit à la carte nationale de priorité pour le ravitaillement. La circulaire du ministre de la Santé de mars 1940 insiste pour sa part sur l’envoi de candidatures d’origine étrangère, pour des femmes naturalisées (après 5 ans de stage) ou ayant acquis la nationalité par mariage ou réintégration (3 ans).
22 De manière synthétique sur la bibliographie et les débats sur ce point : Henry Rousso, Vichy. L’événement, la mémoire, l’histoire, Paris, Gallimard, 2001.
23 ADHS, 49 Wd 13, 26 Wd 23, 15 Wd 41, 62 Wd 46.
24 Seule innovation en termes de prétention étatique au contrôle des insignes, les autorités de Vichy se préoccuperont, par la loi du 20 novembre 1940, de contrôler les insignes autres que les décorations françaises et étrangères, dont l’autorisation de port est maintenue (ceci sans doute afin d’éviter l’apparition d’insignes politiques). Submergées localement par les demandes des clubs sportifs et des associations en tout genre, elles accorderont progressivement des autorisations aux fédérations au niveau national. Au titre des continuités, on relèvera « la ferme volonté de revaloriser l’Ordre du Mérite social » affichée par le ministre Marcel Déat le 11 juillet 1944, au titre de l’encouragement à l’engagement dans les corps de volontaires de la Solidarité nationale : ADHS, 15 Wd 41.
25 ADHS, 26 Wd 23.
26 Ce sont les termes de l’arrêté du ministère de l’Intérieur du 29 mai 1945 (JO du 15 septembre 1945) qui complète le principe posé par l’ordonnance du 9 novembre 1944 (parue le 14 novembre).
27 Les diplômes restitués sont conservés dans le carton : ADHS, 15 Wd 41.
28 L’ordre est officiellement établi à cette date. Voir notamment : Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets, vol. 3, Paris, Plon, 1981, p. 167-168 ; Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons. Histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Perrin, 2000.
29 ADHS, 14 Wd 27. 54 dossiers au total, dont deux collectifs pour les communes de Thônes et de Thorens.
30 Pour un recensement des 9 propositions de lois de suppression des décorations civiles déposées jusqu’en 1914 et le débat sur ce point : Frédéric Caille, La Figure du sauveteur..., op. cit., p. 148 et suiv. On notera que le mouvement ouvrier a plus clairement rejeté le principe de corruption (des militants ou dirigeants) que pouvaient recouvrir les décorations, que celui de l’expression par ce biais d’une reconnaissance collective en tant que telle. En ce sens par exemple : « Finissons-en ! », Le Socialiste, 1er avril 1900.
31 Max Gallo, Le Grand Jaurès, Paris, Laffont, 1984, p. 588.
32 Publié pour la première fois dans Floréal, 31 juillet 1920, et repris par Jean Rabaut, Jaurès et son assassin, 2e éd. revue et augmentée, Paris, Le Cercle du Bibliophile, 1973, p. 67.
33 Sur la réaction de certains intellectuels à la suspension d’Émile Zola de son grade de chevalier de la Légion d’honneur, décidée par le Conseil de l’Ordre en juillet 1898 : Frédéric Caille, « L’honneur en crise : scandales politiques et usages sociaux de la dégradation de la Légion d’Honneur à la fin du xixe siècle », La Phalère, 2004, no 5, p. 295-309.
34 Roger Martin du Gard, Les Mémorables, 1960, cité dans Madeleine Rebérioux. La parole et l’acte, Paris, Gallimard, 1994, p. 119.
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