« Tirer avec effet immédiat » : la répression des émeutes en Irlande et aux Indes à l’époque coloniale
p. 123-134
Texte intégral
1Si l’Empire britannique du XIXe siècle avait un principe sacro-saint, c’était bien la primauté du droit, qu’il vénérait par-dessus tout1. Les innombrables missionnaires partis bâtir des écoles et prêcher sur les places de marché aux quatre coins de l’Empire auraient probablement trouvé l’idée quelque peu hérétique ; et les nombreux colons blancs qui construisaient des usines, géraient des plantations et employaient les autochtones dans leurs maisons, leurs fermes et leurs commerces l’auraient certainement considérée comme dangereusement naïve. Mais pour ceux qui faisaient tourner l’Empire, gouverneurs, administrateurs locaux, généraux, magistrats, capitaines de police, la tâche première de l’État colonial – et d’une certaine façon, la raison d’être de l’Empire – était d’introduire et faire respecter la primauté du droit là où elle n’avait pas encore droit de cité. Cette idée, ressassée au fil d’innombrables discours, notes de services et autres mémoires, était considérée comme le présent sublime de la Grande-Bretagne aux « peuples silencieux et maussades » de l’Empire, la branche vigoureuse destinée à porter les fruits de la civilisation. C’est elle qui distinguait l’Empire britannique, auréolé de sa généreuse dévotion à la justice et à l’équité, de ces « despotes orientaux » qui (estimait-on) l’avaient précédé, mais aussi des autres empires despotiques, russe notamment, qui lui faisaient concurrence. En un mot comme en cent, c’est à la primauté du droit que l’Empire devait d’être britannique.
2Les impérialistes britanniques avaient pourtant un autre objet d’adoration, plus conservateur encore, à savoir l’ordre. Law and order – la loi et l’ordre, duo souvent interchangeable en apparence, mais dont les termes, au sein de l’Empire britannique, n’étaient en aucun cas équivalents. Pour les impérialistes britanniques, le droit fait référence à un ensemble uniforme de règles et d’attentes clairement édictées, qui s’appliquent et s’imposent à l’ensemble de la société comme entité politique – y compris l’État. Quant à l’ordre, c’est la tranquillité, l’absence de violence, les affaires qui vont leur train sans heurts. L’ordre peut servir le droit en instaurant un espace favorable au développement d’un discours civil (ou civilisé) entre sujets, mais il est surtout désirable en tant qu’il assure l’existence pérenne de l’État colonial lui-même – entité dont on sent bien à l’époque qu’elle ne saurait fonctionner dans une agitation constante. Pour cette raison, le droit était en partie conçu pour imposer et maintenir l’ordre, et non l’inverse, mais il ne pouvait pas toujours y parvenir seul. Comme l’a montré Nasser Hussain, sitôt que le désordre venait menacer la souveraineté de l’État colonial, le droit était balayé d’un revers de main, à grands coups d’état d’urgence ou de loi martiale, mesures qui certes restauraient l’ordre, mais écornaient sérieusement la primauté du droit2. David Arnold relève également, à propos de Madras à la période coloniale :
« Le pouvoir de police servait souvent à contourner, voire suppléer un processus légal trop dilatoire ou trop scrupuleux pour satisfaire à la demande coloniale en châtiments expéditifs et autres sanctions collectives. Au sein du système colonial, il n’était pas rare de voir la police usurper les rôles de juge, de geôlier et de bourreau3. »
3Politiciens, propagandistes et juristes de tous poils avaient beau jeu de proclamer le caractère libéral de l’Empire à grands renforts de trompettes. En réalité, l’État colonial était fragile, dépassé par le nombre des auto-chtones et peu sécurisé. En cas de menace, la priorité de l’État allait à l’ordre et non à la loi.
4C’est précisément cette scission entre la loi et l’ordre, rendue visible dans le domaine du contrôle des émeutes, qu’explore le présent article. En comparant le traitement policier de divers types d’émeutes en Inde, en Irlande et en Grande-Bretagne métropolitaine, il démontre qu’en dépit d’une certaine uniformité réglementaire du traitement des émeutes à travers l’Empire britannique, la mise en œuvre du règlement était sujette à des variations considérables d’un endroit à l’autre. Ces variations découlaient principalement du souci de maintien de l’ordre caractéristique de l’État colonial, symptôme de son insécurité et de l’aspect fondamentalement coercitif du pouvoir colonial en lui-même. Je montrerai que la police tendait à réprimer le désordre d’autant plus violemment que la souveraineté et la légitimité de l’État étaient moins assurées dans la région concernée. En Grande-Bretagne, où l’État était le moins vulnérable, le contrôle des émeutes restait relativement modéré, et les policiers étaient surveillés de près pour qu’ils se conforment au cadre de la loi. En revanche, en Inde, policiers et magistrats avaient les moyens et toutes les raisons de prendre leurs aises avec le règlement en matière de contrôle d’émeute, ceci au nom du maintien de l’ordre ; loin du regard désapprobateur de la presse et des politiciens, ils ne s’en privaient pas, faisant souvent de nombreuses victimes. Quant à l’Irlande, elle occupait une sorte d’entre-deux : ni totalement intégrée au Royaume-Uni, ni vraiment une colonie, c’était un lieu où l’État craignait le désordre tout en restant étroitement soumis à l’attention publique et politique4. L’Irlande a certes connu bien plus de tirs policiers que la Grande-Bretagne à l’époque victorienne, mais compte tenu de sa proximité et de son appartenance formelle au Royaume-Uni, les violences policières y étaient nettement plus rares qu’en Inde.
5En chacun de ces trois lieux, le contrôle d’une émeute obéissait à trois règles de base qui jalonnent les manuels policiers, attendus juridiques et rapports de commissions parlementaires de l’époque5. Premièrement, l’usage de la force armée – le tir tendu sur les émeutiers – ne pouvait se concevoir qu’en dernier ressort, après que tous les autres moyens de disperser une foule violente aient été essayés. Ainsi que le formulait un manuel policier irlandais en 1837, les agents étaient censés « observer la plus extrême retenue dictée par l’humanité conjuguée à la prudence, avant d’endosser l’effroyable responsabilité juridique de tirer sur le peuple, mesure à laquelle on ne devrait avoir recours qu’en toute dernière extrémité6 ». Deuxièmement, seul un responsable désigné, magistrat ou chef de police, pouvait ordonner des tirs tendus – policiers et soldats n’étaient pas autorisés à ouvrir le feu de leur propre chef. Troisièmement, obligation était faite de ne recourir qu’à la force minimale nécessaire pour disperser la foule. Les tirs excessifs ou gratuits étaient strictement interdits dans tous les cas. On retrouve dans une circulaire distribuée en 1909 aux policiers du Bengale les règles de conduite imposées aux forces indiennes à partir des années 1890, elles-mêmes très similaires aux règlements en vigueur depuis longtemps en Grande-Bretagne et en Irlande :
« Naturellement, il va de soi que l’ordre d’ouvrir le feu ne saurait être donné qu’en dernier ressort, lorsqu’il s’avère impossible de disperser la foule par quelque autre moyen ; mais une fois l’ordre donné, il faut que le feu soit immédiatement efficace, de manière à convaincre les émeutiers, avec un minimum de dommages, de la nécessité de se disperser séance tenante7. »
6On retrouve cette cohérence réglementaire sur d’autres points à travers tout l’Empire – obligation de prévenir les émeutiers avant d’ouvrir le feu, dispersion des émeutes à balles réelles (on considérait que l’usage de balles à blanc ne faisait qu’exciter la foule), autorisation d’ouvrir le feu systématiquement en cas de légitime défense.
7L’uniformité de ces règlements ne signifiait pas pour autant que les forces de police coloniales faisaient leur travail – y compris le maintien de l’ordre quotidien – de la même manière qu’en Grande-Bretagne, ou qu’elles étaient toujours soumises aux mêmes contraintes que leurs homologues métropolitains. Dans la Grande-Bretagne victorienne, les questions de police étaient résolument locales : chaque county, chaque municipalité entretenait ses propres forces, dépourvues d’armes, recevant peu ou pas de conseils et d’assistance en provenance de Londres8. À l’inverse, presque toute l’Irlande était sous la responsabilité d’un seul et même corps, l’Irish Constabulary, lourdement armé, caserné, soumis à un entraînement de type militaire et généralement considéré comme plus adapté à la contre-insurrection qu’à la lutte contre la criminalité9. L’Inde était encore à part, puisque disposant d’une sorte de « pot-pourri » de forces locales et provinciales, au personnel généralement d’origine indienne (contrairement aux officiers) et disposant de réservistes armés pour combattre les troubles éventuels. Comme l’ont remarqué de nombreux chercheurs, le modèle irlandais – une police semi-militaire, formée aux méthodes de la contre-insurrection – a fortement influencé les forces indiennes et coloniales en général, même si d’autres modèles, et notamment celui de la police métropolitaine de Londres, ont compté également10. Que ce soit en Grande-Bretagne, en Irlande ou en Inde, l’organisation policière en dit long sur les priorités locales de l’État. Essentiellement, elle nous révèle qu’en Irlande et en Inde, on craignait la sédition plus que la criminalité, tandis qu’en Grande-Bretagne c’était l’inverse. Par conséquent, en Irlande et en Inde, l’État avait tendance à s’appuyer sur la coercition plutôt que le consentement – condition qui, d’après certains, définit le colonialisme dans son essence même11.
8Néanmoins, dans les trois cas, l’engagement de modération dans l’action policière restait d’actualité d’un point de vue formel, notamment dans le cadre du contrôle des émeutes. Cette relative uniformité, à travers l’Empire, des règles de traitement policier des émeutes (entre autres) découlait du fait que les officiers coloniaux devaient répondre de leurs actes non seulement devant des officiers métropolitains, mais devant un public lui aussi métropolitain, aux idées bien arrêtées sur la question des limites acceptables du comportement policier face aux émeutes. Cette attitude transparaissait très clairement à travers le fonctionnement du Riot Act, une loi britannique du XVIIIe siècle dont les fonctionnaires étaient tenus de donner lecture lorsqu’ils déclaraient un rassemblement illégal. En pratique, la lecture du Riot Act servait à prévenir les foules agitées de l’imminence d’une charge de la police, et bien souvent, policiers et manifestants chorégraphiaient en quelque sorte leurs actions autour de cette proclamation essentiellement rituelle. Que les policiers britanniques aient le malheur d’enfreindre ces règles d’engagement ou de donner à penser qu’ils avaient agi avec une brutalité excessive, ils devaient alors affronter un véritable tollé. Le fameux massacre de Peterloo, en 1819, au cours duquel soldats et gardes royaux tuèrent près d’une douzaine d’ouvriers lors d’une manifestation réformatrice à Manchester, a durablement terni l’image de la police britannique, tant et si bien qu’au cours des décennies suivantes, à mesure que progressaient le droit de vote et le libéralisme, ces pratiques policières mortelles n’ont cessé de perdre en légitimité12. Tenus à l’œil par une presse et un Parlement aux aguets – ayant eux-mêmes de plus en plus de comptes à rendre à une proportion grandissante de la population – décideurs politiques, officiers de police et militaires finissaient par se montrer laxistes devant des foules importantes sur le territoire métropolitain, par crainte d’être taxés de brutalité en cas d’excès de zèle. L’équilibre était délicat à maintenir – que les choses tournent mal dans un sens et la tolérance devient laxisme, qu’elles se compliquent dans l’autre sens et la fermeté se fait brutalité – mais les fonctionnaires britanniques le géraient de leur mieux, et souvent avec une réussite considérable13.
9Conséquence, entre autres, de cette vigilance publique et de l’attitude retenue des autorités, rares furent les émeutiers britanniques tués par l’État victorien. Nul ne sait précisément combien de civils furent abattus au cours des nombreuses émeutes, protestations et manifestations qui ont perturbé le calme soigneusement agencé de la Grande-Bretagne victorienne, mais leur nombre ne doit guère excéder treize. On sait qu’en 1869, au cours d’une émeute à Mold, au Pays de Galles, les soldats ont ouvert le feu, tuant quatre personnes et en blessant une autre, lors d’un affrontement avec un groupe de mineurs qui tentaient de délivrer des prisonniers au cours de leur transfert vers la gare14. En 1893, dans un autre village minier – Featherstone, dans le Yorkshire – la troupe a tiré sur huit badauds lors d’un conflit social, faisant deux victimes15. Deux autres ont perdu la vie après une manifestation sur Trafalgar Square, à Londres, en 1887, tandis qu’environ deux cents se sont retrouvées à l’hôpital, victimes non pas des balles, mais des matraques16. À chaque fois, le tollé suscité a entraîné des enquêtes de la part des autorités gouvernementales, lesquelles considéraient généralement les décès comme regrettables mais nécessaires, sans omettre de réprouver la violence policière excessive, ni de réaffirmer le devoir de prudence et de retenue des policiers.
10On voit que l’État comme le public britanniques attendaient de leur police qu’elle gère les émeutes avec modération, attente qui s’appliquait également aux colonies, où les serviteurs de l’État se conformaient à des règlements apparemment très similaires à ceux de la police britannique. En Inde, les gouvernements provinciaux– voire, à l’occasion, le gouvernement central de Calcutta ou même le Parlement – diligentaient des enquêtes sur la plupart des incidents policiers violents, exigeant des officiers ou magistrats en charge qu’ils leurs certifient que la police avait agi avec la modération voulue, ne tirant qu’en dernier recours, ce que les intéressés ne manquaient généralement pas de confirmer. On trouve un exemple type dans le rapport concernant une émeute locale à Bareilly, dans les Provinces du nord-ouest, en 1871 :
« Ayant fait preuve d’une grande patience et tenté par tous les moyens en son pouvoir de disperser la foule... le Magistrat a fait donner une réserve de huit policiers, ordonnant à quatre d’entre eux de tirer. Six émeutiers furent blessés et la foule se dispersa. Le sang-froid et la détermination des deux officiers anglais ont fait la décision, épargnant la nécessité d’une seconde salve17 ».
11Les archives de l’Indian Office regorgent de rapports similaires, décrivant en termes élogieux la « constance » et la « retenue » des forces nationales face aux « provocations » incessantes de foules hostiles. Dans ces documents officiels, la décision d’ouvrir le feu n’est prise qu’après épuisement de toutes les autres méthodes, et toujours a minima, dans une optique de dispersion des manifestants. S’il est possible de mettre en doute l’impartialité de ces explications officielles de la violence d’État, souvent fondées exclusivement sur le témoignage du fonctionnaire responsable, il est certain en revanche que lesdits fonctionnaires coloniaux étaient tenus, au moins pour la forme, de contenir les émeutes indiennes avec une certaine retenue. Ce n’est d’ailleurs pas sans amertume qu’un ancien policier, évoquant une émeute communautaire à Gaya, au Bengale, rappelait l’attitude des autorités centrales lorsque la police tirait sur les émeutiers :
« Les situations de ce genre n’étaient pas rares ; nous finissions souvent par tirer, avec à la clé l’inévitable autopsie des faits, dans tous les sens du terme. La police devait-elle ouvrir le feu ? Combien de salves avaient été tirées ? Combien de victimes ? Ces questions-là, et bien d’autres encore, nous retombaient dessus inévitablement, et l’Autorité qui, dans sa grande sagesse, examinant paisiblement l’affaire à tête reposée, pouvait avoir le sentiment d’un usage excessif de la force18. »
12En Irlande, la situation n’était pas très différente : policiers et soldats étaient censés faire preuve de patience et de retenue, et les incidents liés à la violence d’État entraînaient d’ordinaire une enquête, menée soit en interne, soit par une commission parlementaire, et souvent justifiée par les conclusions. Il arrivait que des agents soient convaincus d’avoir passé les bornes de l’acceptable, auquel cas ils étaient sanctionnés. Ce fut le cas par exemple en 1886, lorsque huit membres du Royal Irish Constabulary furent condamnés pour meurtre, ayant tiré à plusieurs reprises dans la foule au cours d’un été riche en émeutes sectaires à Belfast. En fait, étant membre à part entière du Royaume-Uni, l’Irlande partageait une grande partie de l’arsenal législatif anti-émeutes de la Grande-Bretagne métropolitaine, y compris le Riot Act. Le règlement en vigueur au sein de l’Irish Constabulary durant l’essentiel des années 1880 et 1890 tirait l’intégralité de ses mesures de contrôle d’émeute du droit britannique, qu’il s’agisse de common law ou de droit écrit, d’où il ressortait clairement que les émeutes irlandaises devaient donner lieu au même traitement policier que les émeutes britanniques19. Réciproquement, il pouvait arriver que certaines violences se déroulant en Irlande entraînent des modifications législatives applicables en la matière à tout le Royaume-Uni. Ce fut notamment le cas à Belfast en 1907, à la suite d’une grève qui conduisit une commission parlementaire spéciale à édicter un règlement voulant que l’armée ne soit utilisée qu’en dernier recours dans les cas d’agitation sociale20.
13Nonobstant ces contraintes formelles, la police a fait plus de victimes par arme à feu chez les émeutiers irlandais ou indiens qu’en Grande-Bretagne. Il est difficile d’avancer des chiffres précis, mais les quelques données probantes disponibles dans les rapports de police ou de magistrats, débats parlementaires, enquêtes officielles, voire dans la presse de l’époque, montrent que les policiers tiraient plus fréquemment sur les foules en Irlande qu’en Grande-Bretagne, et bien plus souvent en Inde qu’en Grande-Bretagne ou en Irlande. En Irlande, les tirs se produisaient surtout durant les émeutes sectaires opposant Catholiques et Protestants, et au cours des marches de protestation sur les questions nationalistes ou agraires – à sept endroits différents au moins de 1853 à 1887, et seize fois au cours de l’été 1886 à Belfast, marqué par d’interminables affrontements interreligieux21. En Inde, il y eut simplement trop d’incidents de ce type pour parvenir à les dénombrer. Rien qu’en 1893, durant une série d’émeutes communautaires déclenchées par un mouvement hindou contre l’abattage des vaches, en conflit avec des Musulmans qui avaient pour leur part coutume de sacrifier des bovins, la police tua quelque dix-huit émeutiers à Bombay, et douze à dix-huit de plus à Rangoon, sans compter les innombrables incidents de moindre ampleur à travers toute l’Inde septentrionale22. Il s’agit probablement du record de victimes policières en une seule année au XIXe siècle, mais les incidents ce type n’avaient rien d’exceptionnel. Du reste, en Irlande comme en Inde, le nombre de tirs policiers a explosé durant les premières décennies du XXe siècle, à mesure que les mouvements nationalistes prenaient leur essor en ces deux endroits. En conséquence, les émeutes communautaires se sont faites plus fréquentes. À Calcutta en 1918, par exemple, il y eut trois journées de troubles durant lesquelles la police tua au moins quarante-trois personnes et en blessa quatre cents, encore que les chiffres réels soient peut-être bien plus élevés23.
14Il est bien évident que si les émeutiers se faisaient tuer plus souvent en Irlande et en Inde, c’est avant tout parce que les policiers de ces régions étaient équipés d’armes à feu, contrairement à leurs homologues britanniques. Certes, des soldats en armes étaient parfois amenés à intervenir lors des émeutes en Grande-Bretagne, mais la plupart du temps, c’est à des policiers locaux désarmés qu’il incombait de gérer ce type d’événements, alors que même à l’échelon local, leurs collègues irlandais ou indiens disposaient de réservistes armés le cas échéant. Autre explication : il y avait tout simplement plus d’émeutes en Irlande qu’en Grande-Bretagne, et plus encore en Inde – autant d’opportunités supplémentaires de violence létale pour les policiers. En Inde, lors des manifestations de 1893 contre l’abattage des vaches, la province du Nord-Ouest et d’Oudh connut officiellement à elle seule 1 048 émeutes, tandis que dans le nord de l’Irlande, les troubles étaient annuels, coïncidant avec les périodes de processions religieuses des Catholiques et des Protestants24. La Grande-Bretagne, pour sa part, ne connaissait pas d’agitations sur une telle échelle.
15On trouvait donc en Irlande et en Inde beaucoup plus de policiers équipés d’armes létales, et les émeutes occasionnant l’emploi de ces armes étaient également plus nombreuses, mais ces éléments n’auraient pas changé grand-chose sans la volonté – chez les policiers, les soldats et leurs supérieurs – de faire usage de cette force létale. Cette volonté procédait de la hantise du désordre qui animait l’administration en Inde et en Irlande, la prédisposant à faire étalage de sa puissance coercitive en vue de renforcer l’autorité de l’État. En Inde, cette tendance étatique à discerner une menace existentielle dans la moindre agitation, fût-elle locale et totalement apolitique, était notoirement fort prononcée. Comme le remarque David Arnold,
« derrière cette foi dans les vertus d’une démonstration de force périodique en termes de maintien général du contrôle colonial, on trouve une crainte persistante : à défaut d’une intervention rapide et vigoureuse face aux moindres manifestations de violence, l’autorité de l’État serait entamée. Toute violence tolérée à un endroit donné serait interprétée plus généralement comme un signal de défiance envers le régime colonial25 ».
16Ce fut sans aucun doute l’attitude de l’État durant les émeutes de 1893 sur l’abattage des vaches, qui s’inséraient dans le cadre plus large d’un renouveau hindouiste dont les autorités craignaient qu’il ne dissimule un mouvement séditieux. Au cours de ces événements, Lord Harris, gouverneur de Bombay, fit savoir au Vice-roi que plusieurs hauts fonctionnaires s’inquiétaient de ce renouveau qui, selon eux, avait « un tout autre objet que la protection des vaches, et de mauvais augure pour notre Raj ». L’intéressé, du reste, s’est souvent comporté à l’époque, avec d’autres, comme si l’État se trouvait en fait confronté à une menace de sédition26.
17Au-delà de cette insécurité, les fonctionnaires locaux croyaient fermement que les masses indiennes ne respectaient que les gouvernements déterminés, régnant par la force, et qu’il était dans la nature des Indiens de se montrer turbulents, à moins d’être sous le joug d’une administration suffisamment forte pour gagner leur respect. Après une émeute entre Musulmans et Parsis à Bombay en 1874, Lord Salisbury, Secrétaire d’État pour l’Inde, ne s’embarrassait pas de nuance pour décrire la chose dans une lettre au Vice-roi, dont le gouvernement n’avait pas fait preuve en cette occasion de la fermeté requise au goût de Salisbury :
« En Angleterre, c’est en dernier recours que la force militaire est utilisée pour réprimer les agitations civiles. Cet usage trouve son origine et sa justification dans des circonstances politiques particulières à l’Angleterre. Il est totalement inapplicable à l’Inde. Les Indiens ne voient rien de choquant dans un déploiement de troupe à des fins de maintien de l’ordre. La nature même des institutions indiennes, le caractère nerveux de la population et les nombreux prétextes de conflit occasionnés par la diversité raciale et religieuse font spécialement obligation à tout gouvernement des Indes de réprimer d’une main ferme la moindre amorce de désordre27. »
18Cette attitude, comme l’ont noté Elizabeth Kolsky et Partha Chatterjee, reflète la « règle de différence coloniale » qui sous-tendait plus généralement les politiques indiennes de la Grande-Bretagne : il était admis que la « nature humaine des Indiens » différait d’une certaine manière de celle des Européens, exigeant par conséquent un traitement différent28. Uday Singh Mehta observe également cette tendance, relevant que le réflexe égalitaire du libéralisme britannique n’a jamais réussi à surmonter l’idée que les populations indiennes étaient fondamentalement, ineffablement différentes des populations européennes, et n’étaient donc pas concernées par des lois pourtant réputées « universelles29 ». C’est en raison de cette croyance que les Britanniques se sont toujours gardés, même en Inde, de placer les Indiens sur un pied d’égalité avec les Européens, et c’est aussi pourquoi ils n’ont jamais édicté de lois valables sur l’intégralité du territoire de l’Empire. En cas d’émeute, cette croyance conduisait policiers et soldats à tirer sur la population plus fréquemment que leurs collègues britanniques, et avec des conséquences moindres sur le plan disciplinaire.
19En Irlande également, les autorités britanniques confondaient souvent agitation locale et insurrection. C’est d’ailleurs en tant que force de contre-insurrection qu’avait été créée l’Irish Constabulary dans les années 1830, partant du principe qu’une agitation agraire généralisée dans les campagnes irlandaises représentait une menace politique pour l’État lui-même. Qui plus est, à l’instar de leurs homologues en poste aux Indes, les fonctionnaires britanniques d’Irlande étaient largement convaincus que les habitants turbulents de certaines contrées comme Belfast n’avaient de respect que pour une colonne de soldats en armes défilant dans les rues. Au cours des émeutes prolongées qui opposèrent Protestants et Catholiques à Belfast en 1864, par exemple, les autorités centrales inondèrent les rues de 974 agents de police en armes, 252 cavaliers, 1 064 fantassins, 84 officiers militaires et deux pièces d’artillerie, ce qui fit dire à certains observateurs que Belfast ressemblait à une ville sous occupation militaire30.
20Il n’en reste pas moins vrai que ces écrasantes démonstrations de force étaient moins fréquentes en Irlande qu’en Inde, et que l’intervention policière sur les émeutes restait modérée en comparaison, du fait notamment que la police irlandaise était surveillée plus étroitement par le monde politique et le grand public. L’Inde restait tout de même un endroit lointain, dont les autochtones n’étaient pas représentés politiquement, et dont la violence se résumait à quelques entrefilets superficiels dans la presse britannique. En Irlande, la moindre fusillade durant une émeute amenait inévitablement les députés irlandais au parlement à pousser des cris d’orfraie, dénonçant la brutalité britannique et protestant contre une loi à deux vitesses. « La loi s’applique de manière exactement inverse en Angleterre et en Irlande, » déclarait T. P. O’Connor à la suite d’une fusillade policière à Youghal en 1887 : « En Angleterre, vous multipliez les atermoiements avant de tirer sur des émeutiers. En Irlande, les policiers ont ordre de descendre les gens sans hésiter31. » En outre, la presse irlandaise (ainsi qu’une grande partie de la presse britannique) avait coutume de considérer ces tirs policiers comme autant de verges que le gouvernement du moment avait l’obligeance de tendre pour se faire battre. En Inde, où les autochtones ne disposaient pour ainsi dire d’aucune représentation politique et n’avaient que de rares défenseurs dans la presse britannique, la police était beaucoup plus libre de tirer.
21Si les policiers tiraient et tuaient plus fréquemment les émeutiers en Inde qu’en Irlande, et plus fréquemment en Irlande qu’en Grande-Bretagne, ce n’est donc pas parce que le règlement ou les attentes divergeaient. Comme je l’ai démontré ici, la police n’était censée tirer qu’en dernier ressort, et uniquement avec prudence et retenue – ceci dans les trois régions étudiées. Ce qui changeait à travers l’Empire, ce n’est pas ce qu’on attendait des policiers en termes de comportement, mais les opportunités d’employer la force létale, et la volonté de les y autoriser manifestée par leurs supérieurs. Du point de vue formel, la primauté du droit était une constante d’un bout à l’autre de l’Empire, mais la manière d’administrer le droit dépendait de l’État, de son sentiment de sûreté et de sa propension à jouer sur la lettre et l’esprit de la loi pour préserver l’ordre. Le « dernier ressort » que les policiers étaient censés attendre avant d’ouvrir le feu, applicable dans nos trois lieux, arrivait bien plus tôt en Irlande qu’en Grande-Bretagne, et encore plus tôt en Inde, les seules personnes en charge de décider du moment crucial étant les officiers et magistrats en charge de rédiger par la suite le rapport officiel sur l’incident. Plus on s’éloignait de la Grande-Bretagne, plus les termes de « modération » et de « patience » avaient d’acceptions, et plus la « force minimum nécessaire » pour maintenir l’ordre grandissait. La formulation restait inchangée, mais le sens des mots variait. Au passage, la « primauté du droit », orgueil des impérialistes britanniques, se vidait de son sens et devenait aussi informe qu’un morceau de pâte à modeler dans les mains d’un enfant.
Notes de bas de page
1 Wiener M. J., An Empire on Trial : race, murder, and justice under British rule, 1870-1935, Cambridge, Cambridge University Press, 2009 ; Hussain N., The Jurisprudence of Emergency : colonialism and the rule of law, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 2003, p. 3-4 ; Kolsky E., « Codification and the Rule of Colonial Difference : Criminal Procedure in British India », Law and History Review 23, 3 (Fall 2005), p. 631-684.
2 Cf. Hussain N., Jurisprudence, op. cit.
3 Arnold D., Police Power and Colonial Rule : Madras 1859-1947, Delhi, Oxford University Press, 1986, p. 3.
4 Concernant ce statut particulier de l’Irlande dans l’empire britannique du XIXe siècle, voir McDonough T. (dir.), Was Ireland a Colony ? : Economics, Politics, and Culture in Nineteenth-Century Ireland, Dublin, Irish Academic Press, 2005 ; Howe S., Ireland and Empire : Colonial Legacies in Irish History and Culture, Oxford, Oxford University Press, 2002 ; Kenny K. (dir.), Ireland and the British Empire, Oxford, Oxford University Press, 2006.
5 En Grande-Bretagne, la réglementation concernant le contrôle d’émeute était principalement édictée dans des décisions judiciaires et rapports d’enquêtes parlementaires sur la conduite des forces de police au cours de certaines émeutes. Le tout était fréquemment réitéré et renforcé par les conseillers juridiques du gouvernement. La plupart des réglementations du XIXe siècle sont réunies aux Archives Nationales, dans la section Home Office Records, cote HO317/40, où l’on retrouve les décisions et correspondances relatives aux émeutes de Bristol en 1832, aux troubles de 1867 à Fenian, aux émeutes de Trafalgar Square en 1887, et aux troubles de l’Armée du Salut en 1890. Une enquête parlementaire sur les émeutes de 1893 à Featherstone a suscité de nouvelles réglementations : Featherstone inquiry. Report of the committee appointed to inquire into the circumstances connected with the disturbances at Featherstone on the 7th of September 1893. British Parlimentary Papers, HC 1893-4 (C. 7234), XVII. 381 (ci-après enquête Featherstone). La genèse des réglementations concernant le contrôle d’émeute en Inde et en Irlande est moins claire, mais elles étaient surtout édictées dans les manuels de police. Dès 1837, la police irlandaise (Irish Constabulary) avait rédigé des instructions sur la gestion des émeutes, alors qu’en Inde on ne trouve aucune instruction spécifique dans la plupart des manuels de police avant 1900.
6 Cité dans Malcolm E., The Irish Policeman, 1822-1922 : A Life, Dublin, Four Courts Press, 2006, p. 112.
7 Proceedings of the Government of Bengal, Political Department, Apt. 1909, India Office Records, British Library, P/8145, no 15, p. 173.
8 Quinault R., « The Warwickshire County Magistracy and Public Order, c. 1830-1870 », in Quinault R., Stevenson J. (éd.), Popular Protest and Public Order : Six Studies in British History, 1790-1920, London, George Allen & Unwin Ltd., 1974, p. 181-214.
9 Sur la nature militaire de l’Irish Constabulary, voir Lowe W. J., Malcolm E. L., « The Domestication of the Royal Irish Constabulary, 1836-1922 », Irish Economic and Social History, 19 (1992), p. 27-48 ; Townshend C., Political Violence in Ireland : Government and Resistance since 1848, Oxford, Clarendon Press, 1983, p. 71-84 ; Crossman V., Politics, Law and Order in Nineteenth-Century Ireland, Dublin, Gill & Macmillan, 1996, p. 94-98. Pour une comparaison générale du travail de police en Irlande et en Grande-Bretagne, voir Palmer S. H., Police and Protest in England and Ireland, 1780-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 1988.
10 Anderson D. M., Killingray D. (éd.), Policing the Empire : government, authority, and control, 1830-1940, Manchester, Manchester University Press, 1991.
11 Guha R., Dominance without hegemony : history and power in colonial India, Cambridge (Massachussetts), Harvard University Press, 1997 ; Muenger E. A., The British Military Dilemma in Ireland : Occupation Politics, 1886-1914, Lawrence, Kansas, University Press of Kansas, 1991.
12 Philips D., « Riots and Public Order in the Black Country, 1835-1860 », in Quinault R., Stevenson J. (éd.), Popular Protest and Public Order : six studies in British History, 1790-1920, London, George Allen & Unwin Ltd., 1974, p. 151.
13 Richter D., Riotous Victorians, Athens, Ohio, Ohio University Press, 1981.
14 Home Office files, HO45/8240, National Archives.
15 Featherstone Inquiry, op. cit.
16 Richter D., Riotous Victorians, op. cit., p. 133-162.
17 Report of the Administration of the N. W. Provinces for the Year 1871-72, Allahabad, North-Western Provinces Government Press, 1873, India Office Records, British Library, V/10/135, p. 5.
18 Tiré de Wilson R. P., Memories of Bihar, mémoires non publiés, India Office Police Files on Pre-1947 Communal Disturbances, British Library, Mss. Eur F161/142, p. 39.
19 Reed A., The Irish Constable’s Guide, 3rd ed., Dublin, Alex Thom & Co., 1895, p. 287-93.
20 Report of the Select Committee on Employment of Military in Cases of Disturbances, together with the Proceedings of the Committee, Minutes of Evidence, and Appendix, British Parliamentary Papers, HC 1908 (236) VII.
21 Report of the Belfast Riots Commissioners. Minutes of Evidence and Appendices, British Parliamentary Papers, HC 1887 (4925-I) XVIII. En plus de Belfast, des tirs policiers se sont produits durant des émeutes ou des troubles à Limerick (1853), Portadown (1869), Mitchelstown (1887), Leitrim (1887), Youghal (1887) et Lurgan (1887). La plupart des incidents ont fait quelques blessés, et parfois un ou deux morts (parfois aucun).
22 East India (Religious Disturbances). Copies or extracts of reports relating to the recent conflicts between Hindus and Muhammadans in India, and particularly to the causes which led to them, British Parliamentary Papers, HC 1893-4 (538) LXII, 24.
23 India Office Public and Judicial Files, British Library, L/P & J/1544/3810.
24 Report on the Administration of the N. W. Provinces and Oudh for the year ending 31st March 1894 (Allahabad : North-Western Provinces and Oudh Government Press, 1895). India Office Records, British Library, V/10/163, p. 18.
25 Arnold D., Police Power, op. cit., p. 121.
26 Lord Harris à Lord Lansdowne, 20 août 1893, Lord Lansdowne Papers, India Office Records, British Library, Mss. Eur D558/25, letters to viceroy, no 154.
27 Lord Salisbury à Lord Northbrook, 9 juillet 1874, in East India (Bombay riots). Copies of all despatches received at, or sent from, the India Office in reference to the recent riots in Bombay ; of all reports by the commissioners of police at Bombay relating to the said riots, or subsequent proceedings consequent thereon ; &c. HC 1874 (305) XLVII, 78-9. Cette attitude transparaît d’ailleurs à l’évidence aussi dans le traitement des émeutes des années 1890 sur l’abattage des vaches. « J’ai une maxime, » écrivait C. A. Elliot, Lieutenant-Gouverneur du Bengale en 1894, « Ne jamais manquer l’occasion de montrer que vous ne faites nullement confiance à une grande partie de la population et notamment certaines classes, que vous avez le pouvoir de les remettre fermement en place et n’hésiterez pas à le faire ». C. A. Elliott à Lord Elgin, 19 juin 1894, The Earl of Elgin and Kincardine papers, India Office Records, British Library, Mss Eur F84/64, letters to viceroy, no 236.
28 Kolsky E., « Codification and the Rule of Colonial Difference : Criminal Procedure in British India », Law and History Review 23, 3 (Fall 2005), p. 631-684 ; Chatterjee P., The Nation and Its Fragments : Colonial and Postcolonial Histories, Princeton, Princeton University Press, 1993.
29 Singh Mehta U., Liberalism and Empire : a Study in Nineteenth-Century British Liberal Thought, Chicago, University of Chicago Press, 1999.
30 Report of the Commissioners of Inquiry, 1864, respecting the Magisterial and Police Jurisdiction Arrangements and Establishment of the Borough of Belfast, British Parliamentary Papers, HC 1865 (3466) XXVIII, appendix B, tables C & D. Pour une description plus détaillée du contrôle d’émeute à Belfast, voir Doyle M., Fighting like the Devil for the Sake of God : Protestants, Catholics, and the origins of violence in Victorian Belfast, Manchester, Manchester University Press, 2009.
31 Hansard Parliamentary Debates, HC Deb 21 March 1887, vol. 312, c1117.
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