Adaptation et autochtonisation : application et raffinement des méthodes policières impériales dans la colonie de Nouvelle-Zélande, 1840-1907
p. 63-77
Texte intégral
1Quand les Britanniques annexent la Nouvelle-Zélande en 1840, c’est à peine si le recours à la force est nécessaire. L’expédition fondatrice ne comprend pas de soldats, tout juste quelques marins armés et moins d’une douzaine de policiers. Stratégiquement, l’objectif est de conclure un accord de paix avec les chefs indigènes, et c’est sans trop se faire prier que les Maori signent le traité de Watangi1. S’établissent alors des colonies blanches sous l’autorité d’un Police Magistrate commandant un groupe de constables (policiers), un dispositif emprunté à Sydney, capitale de la colonie australienne de Nouvelle-Galles du Sud. Ce système avait lui-même, peu de temps auparavant, copié certains aspects des réformes policières britanniques, par exemple les rondes à heures fixes de la police métropolitaine de Londres2.
2On voit par conséquent que le système fondateur de la police néo-zélandaise s’appuie sur un modèle hybride. Qui plus est, avant même d’être appliqué à la nouvelle colonie, il a subi des modifications pour mieux correspondre aux besoins des colons – il ne s’agit pas simplement de dupliquer ce que fait la mère patrie de Grande-Bretagne, mais de l’améliorer. Toutefois, ce modèle de magistrature policière moins autoritaire subira lui-même rapidement des adaptations au niveau de la structure et de l’approche afin de mieux satisfaire aux exigences de maintien de l’ordre de cette nouvelle frontière britannique, si lointaine. Les autorités doivent en particulier tenir compte du fait que les tribus Maori sont nombreuses, farouches, et peu enclines à renoncer à leurs prérogatives.
3Dans un premier temps, le travail de police ne peut porter que sur les implantations pionnières bien regroupées. Il faut renoncer à l’intention initiale d’imposer la loi anglaise aux Maori dans les campagnes environnantes : il est finalement jugé préférable, en guise de compromis, de négocier des codes de conduite avec les chefs locaux. Plus à l’intérieur des terres, les lois et coutumes indigènes restent généralement valides, tant que les tribus ne menacent ni la suzeraineté ni le commerce britanniques, et tant qu’elles s’abstiennent de pratiques coutumières contrevenant à la « mission civilisatrice » de la Couronne – l’esclavage, par exemple. C’est seulement lorsque les Maori défient ouvertement les Britanniques ou menacent plus généralement la paix, en attaquant des tribus rivales par exemple, que des expéditions disciplinaires sont envoyées dans l’arrière-pays3.
4Mais pendant longtemps, c’est chez les colons eux-mêmes que la police va devoir intervenir. Bien que le peuplement de la Nouvelle-Zélande s’articule autour d’une logique de nouvelle société idéale aux immigrants soigneusement sélectionnés, elle ne parvient pas à se prémunir totalement de l’intrusion d’une populace blanche (les low whites) composée notamment d’anciens bagnards en provenance d’Australie4. Il devient donc difficile de contrôler les colonies sans augmenter le niveau de coercition policière, ce qui ne va pas tout à fait dans le sens de l’idéal métropolitain visant à limiter l’usage de la force et des armes à leur plus simple expression.
5En outre, des variantes locales ne tardent pas à se développer dans les implantations éparpillées. C’est notamment le cas d’Akaroa, un comptoir français équipé d’un navire de guerre dont les hommes se chargent du maintien de l’ordre parmi leurs compatriotes et prêtent également mainforte aux constables coloniaux pour contrôler l’afflux de low whites, très nombreux dans ces zones baleinières. Les autorités britanniques, insuffisamment équipées pour imposer une politique autoritaire sur un territoire d’une taille comparable à celui de la Grande-Bretagne, acceptent volontiers ce soutien (surtout dès lors que les Français auront concédé la souveraineté britannique). Durant plus d’une année, le système « trans-impérial » d’Akaroa demeurera le seul dispositif policier de toute l’île du Sud, et il poursuivra ses activités fort longtemps par la suite5.
6On voit donc émerger, en ces premières années de peuplement colonial, un schéma appelé à se répéter fréquemment : un modèle d’organisation policière importé, souvent hybride lui-même, subit rapidement des modifications et des ajouts, produits de l’innovation autochtone – le terme « autochtone » s’applique ici aux évolutions des pratiques policières procédant des conditions d’existence de la Nouvelle-Zélande proprement dite, par opposition à l’évolution des pratiques indigènes en vigueur dans les royaumes maori. Toutes ces improvisations vont dans le sens d’une opinion largement répandue chez les Britanniques et qui fait des Maori une race d’indigènes supérieurs6. Ceux qui, par exemple, sont engagés comme policiers se voient attribuer des prérogatives supérieures à ce qui se fait généralement dans l’empire, y compris par rapport aux Européens.
7Mais ce qui dominera l’autochtonisation policière durant plusieurs décennies à partir du milieu des années 1840, c’est bien entendu la réalité première de la colonie, à savoir la dépossession des Maori, puisque la nation ne peut se construire qu’en les privant de leurs terres et de leurs ressources7. En 1840, le chef Nopera Panakareao résume l’interprétation que font les Maori de l’arrivée des Européens et de la signature du traité : les Britanniques n’auront que « l’ombre de la terre », dont la « substance restera nôtre ». Mais l’arrivée massive de colons va l’amener à inverser sa formule en moins d’un an : « La substance de la terre va aux Européens [tandis qu’] il ne nous restera que son ombre8. » À moins naturellement que les Maori ne résistent au pillage de leurs ressources, ce qui ne tardera pas. Au cours du premier affrontement armé autour de cette question de l’aliénation foncière, à Wairau en 1843, les policiers subiront des pertes humaines considérables (dont leur chef, un Police Magistrate) – d’où l’on peut conclure que ce système de magistrature policière n’est alors pas en mesure de combattre une résistance déterminée de la part des Maori9.
8Deux ans plus tard, une rébellion armée éclate dans l’île du Nord. Le nouveau gouverneur envoyé pour gérer le problème, George Grey, est un Anglo-irlandais qui n’a pas son pareil pour écraser la résistance à l’empire10. Lorsqu’il s’attache à reconstituer le système policier, il s’inspire principalement du corps des forces mobiles irlandaises, l’Irish Constabulary, dont l’organisation est d’essence paramilitaire. Ce corps lui-même a d’ailleurs été réorganisé une dizaine d’années auparavant, pour mieux se préparer à faire face à l’agitation grandissante des campagnes irlandaises. Il s’agit d’une force très coercitive dans ses modes opératoires, expressément conçue et modifiée pour accomplir une tâche éminemment politique : briser la résistance d’un peuple colonisé.
9Le modèle irlandais se fonde sur le principe consistant à confier le maintien de l’ordre à des éléments étrangers à la communauté considérée (« strangers policing strangers »)11, avec un personnel essentiellement composé de jeunes célibataires formant une sorte d’armée policière. Susceptibles d’avoir à « casser des têtes », voire tuer, ils sont souvent transférés d’une caserne à l’autre, de manière à éviter toute familiarité avec la population concernée. Mais dans la mesure où ils disposent de tous les pouvoirs des anciens constables, il importe qu’ils soient capables d’autre chose que de simples patrouilles militaires. Ils doivent savoir faire bon usage des pouvoirs discrétionnaires qui sont ceux des policiers12.
10Grey instaure donc sur cette base une Force de police armée (Armed Police Force) qui va supplanter la magistrature policière. Ces policiers semi-militaires combattent aux côtés des soldats contre les rebelles Maori. Ils assurent le maintien de l’ordre et imposent la loi britannique chez les vaincus. Par ailleurs, et selon la formulation de Grey lui-même, ce nouveau corps est également conçu pour « contrôler les deux races », Européens et indigènes. Le système métropolitain de patrouilles à heures fixes est adopté dans les villes, mais avec un tour plus coercitif. Cela n’est pas tout à fait du goût des émigrants, soigneusement sélectionnés, fiers d’appartenir à une « colonie libre » n’ayant rien à voir avec le ramassis de bagnards qui peuplent l’Australie. Mais la protection de leurs personnes et de leurs biens a son prix : une plus grande coercition dans les rues et dans l’arrière-pays.
11À son arrivée en Nouvelle-Zélande en 1845, Grey constate que la souveraineté britannique reste purement symbolique sur une grande partie du territoire. De son point de vue, il est impossible de donner chair à cette notion de souveraineté en s’appuyant de manière informelle sur les chefs et leurs mécanismes de maintien de l’ordre : il est indispensable d’acquérir rapidement la maîtrise des ressources naturelles et humaines qui sont aux mains des indigènes de la colonie. La nouvelle stratégie n’est pas étrangère à son passage en Australie du Sud, qui l’avait amené à conclure que le seul moyen de « civiliser les sauvages » rapidement était de les forcer à assimiler les manières occidentales. Compte tenu des implications coercitives de cette nouvelle politique, les détachements de police armés ont un rôle central à jouer dans la conception de Grey : au lieu de tolérer les us et coutumes tribaux le temps que les Maori adoptent un comportement « civilisé », l’État exigera désormais une européanisation rapide dont il contrôlera la mise en œuvre. Voilà qui ne correspond ni aux lignes directrices, ni à la pratique britannique en général, fondée sur une transition à long terme de l’état de « sauvagerie » à la civilisation. Mais Grey a été envoyé pour mettre un terme à une situation problématique, moyennant quoi il dispose d’une certaine latitude pour faire plier les Maori13.
12Dorénavant, policiers et soldats appliqueront la force physique aux indigènes pour faire « disparaître » leur culture et s’approprier leurs ressources. Une autre approche, moins coercitive, subsiste pourtant en parallèle. Là encore, il revient à la police armée d’aider l’État et les colons à gagner les cœurs et les esprits des indigènes : on attend des policiers qu’ils servent de modèles, montrant aux Maori l’exemple d’un comportement « correct ». Cette tâche est essentiellement confiée aux jeunes Maori recrutés dans les services de police, étant donné leur connaissance intime des tribus : ils savent par exemple si tel homme est un chef et si son arrestation risque de provoquer des troubles au lieu de les empêcher. Mais en plus de ces fonctions policières somme toute normales, Grey demande aux policiers Maori de contribuer à canaliser l’assimilation rapide de leur peuple. Il leur incombe d’assimiler rapidement les us et coutumes des Européens, et à l’expiration de leur contrat avec la couronne, de retourner dans leur tribu avec ces connaissances et ces comportements pour chercher à rééduquer les autres à l’européenne14.
13On voit que le second système policier établi en Nouvelle-Zélande, celui des forces de police armée de Grey, connait un développement similaire à celui de son prédécesseur. Le modèle de l’Irish Constabulary subit un processus d’hybridation lorsqu’il est étendu à la Nouvelle-Zélande, adoptant – en matière de répression de la culture et même des personnes, de reprogrammation de l’esprit des Maori et de domestication de leur corps – des fonctions empruntées à d’autres régions. Par ailleurs, le modèle prend rapidement une coloration autochtone, notamment par l’utilisation croissante de Maori contre la population blanche. En fait, dès le milieu des années 1850, l’essentiel du contingent policier des deux principales implantations, Auckland et Wellington, est constitué de Maori, les Blancs n’étant guère tentés par cette carrière dangereuse et mal rémunérée15.
14Cette politique d’assimilation accélérée amène à conférer des fonctions de police au sens large à d’autres Maori. Certains chefs, par exemple, sont nommés assesseurs : ils assistent les magistrats en poste (Resident Magistrates) et les autres acteurs européens, policiers et politiques, et s’ils doivent montrer l’exemple auprès des leurs, ils jouissent également d’un pouvoir de coercition. À l’instar des policiers maori armés, les assesseurs (concept emprunté à la pratique impériale) ont pour vocation d’être les agents de la double mission de la couronne – conquérir et civiliser16.
15En 1847, la première vague de rébellion maori ayant été écrasée, les colons commencent à s’installer un peu plus loin des implantations historiques. Le rythme et l’intensité de cette expansion sont irréguliers, dépendant principalement des acquisitions foncières auprès des Maori. Dans chaque région, on voit se développer une gestion policière autochtone. Dans les zones présentant une résistance modérée, par exemple, il est possible d’assouplir le modèle fortement coercitif de l’Irish Constabulary. Les mutations de poste, habituellement trimestrielles, deviennent par endroits semestrielles, voire annuelles. Dans certaines régions très pacifiées, les constables peuvent rester en poste des années. Le concept irlandais de forces mobiles détachées dans un casernement pour affronter « l’ennemi » est alors supplanté par celui de policiers de proximité vivant au sein de la communauté. Dans certaines colonies de l’île du Sud, cette instauration d’une « police civile » survient même dès les dix premières années du peuplement. Dès 1850, par exemple, les deux tiers du petit détachement de policiers de Nelson sont mariés, et ne font guère usage de leurs matraques, sans même parler d’armes à feu17.
16C’est ainsi que dans certaines parties de la Nouvelle-Zélande, l’ancien système anglais du like policing like remplace progressivement le modèle stranger policing stranger. Les magistrats y sont favorables, eux qui n’ont jamais trop apprécié la chaîne de commande paramilitaire qui sapait leur pouvoir. Mais ce n’est qu’un facteur isolé dans un mouvement régional d’autochtonisation tendant à se départir de la coercition extrême. Fondamentalement, ces développements reflètent les besoins coloniaux. La coercition coûte cher, et compte tenu de ses ressources limitées, l’État ne déploie ses forces que dans la stricte mesure du nécessaire.
17Ces développements « bienveillants » en matière de contrôle étatique de la population reflètent également les circonstances politiques. Lorsque l’implantation de Canterbury s’établit dans l’île du Sud en 1850, elle dispose de dirigeants suffisamment puissants pour exiger d’emblée une quasi autonomie en matière de police. Après négociation, ils obtiendront gain de cause, compte tenu de la faible résistance opposée par les Maori dans la région, mais aussi parce que l’État a tiré les conséquences de la présence policière excessive imposée peu auparavant aux colons d’Otago. La police de Canterbury, qui incarne au fond une forme de décentralisation théoriquement mieux adaptée à cet environnement d’immigration contrôlée censée engendrer une « Grande-Bretagne des mers du Sud » idéalisée18, crée un précédent formel qui vient s’ajouter à la détente informelle sensible dans les régions pacifiées de la colonie. Les forces de police civile, partiellement affranchies de la tutelle du quartier général de la Police armée, connaissent ce type d’évolution même là où la guerre sévissait encore peu de temps auparavant – par exemple à Wanganui19.
18Très tôt donc dans l’histoire de la Nouvelle-Zélande, les développements autochtones ont fréquemment altéré la méthodologie policière coercitive caractéristique des environnements coloniaux. Dans certains domaines, des similitudes sont apparues avec tel ou tel aspect de certains systèmes policiers employés par le pouvoir métropolitain. Ce mouvement, irrégulier mais généralisé, vers une discipline policière plus bienveillante se reflète alors dans les règles de fonctionnement en vigueur après-guerre au sein de la Force de police armée elle-même : on constate que son règlement, initialement très inspiré de ses origines irlandaises, se teinte en 1852 de l’esprit de la police métropolitaine de Londres. On y insiste par exemple sur la nécessité pour le policier de faire preuve de discernement lorsqu’il utilise son jugement discrétionnaire, au lieu d’appliquer aveuglément une loi ou une procédure formelle20.
19Ainsi, une dizaine d’années après l’établissement de la colonie, deux systèmes policiers d’importation, tous deux hybrides, ont été mis en œuvre. Tous deux ont connu de rapides développements autochtones internes, pour s’adapter aux conditions spécifiques bien particulières de la Nouvelle-Zélande – une colonie qui s’est donné pour objectif de devenir un paradis des mers du Sud, processus qui passe par la dépossession de la population indigène21.
20Après 1853, l’autochtonisation s’accélère à mesure que s’établissent les gouvernements provinciaux, héritant au passage des divers détachements de la Force de police armée. Dans les zones les plus calmes, certaines forces de police provinciale deviennent rapidement encore moins coercitives dans leur structure et leurs méthodes. Pourtant, nonobstant le côté « bienveillant » des divers changements intervenus au sein de la Force de police armée et de ses successeurs provinciaux, il n’en reste pas moins que la stratégie policière d’ensemble de la colonie reste axée sur le principe d’un corps lourdement armé imposant l’ordre à une grande partie de la population – ce qui reste assez éloigné des théories policières, anciennes ou modernes, en vigueur en Angleterre22.
21Théorie et méthodologie de la stratégie policière coloniale s’articulent donc toujours autour d’une coercition à l’irlandaise des deux peuples, tant que persiste un risque d’agitation, réelle ou potentielle. À partir de 1860, cette stratégie coercitive s’avèrera effectivement nécessaire pour l’État, compte tenu de deux événements d’importance : premièrement la guerre avec plusieurs tribus clés de l’île du Nord23, puis l’ouverture de zones aurifères dans l’île du Sud. Ces deux développement vont fortement perturber l’ordre social et « racial » préexistant. On s’appuie alors rapidement sur l’expérience accumulée précédemment par la Force de police armée, aussi bien avec les Maori que les Européens, et sur les structures et ressources paramilitaires qu’elle a transmises aux provinces. À ce processus s’ajoute toute une série de développements nouveaux mêlant réactions locales au désordre et modèles policiers impériaux.
22Dans les zones de rébellion indigène, non seulement les forces provinciales sont « renforcées », mais on instaure de nouvelles forces paramilitaires, ainsi qu’une police quasi-militaire, pour aider l’armée à mettre les Maori au pas. On discute, on débat pour déterminer quelles seraient les structures les plus adaptées. À cette occasion, on passe en revue de nombreux modèles militaires et policiers, britanniques ou autres (et notamment les chasseurs d’Afrique français), bien que le modèle irlandais prédomine. Par ailleurs, les autorités comptent largement sur ce modèle irlandais pour gérer l’énorme afflux de jeunes gens aussi déracinés que turbulents qui se précipitent sur les zones aurifères. Précisons qu’il s’agit du modèle irlandais dans une version modifiée suite à son passage par les gisements aurifères d’Australie, période qui l’a vu simultanément emprunter au modèle de patrouilles à heure fixe en vigueur à Londres et poursuivre son développement autochtone. Hiérarchie, personnel, méthodes en vigueur à Melbourne et dans les gisements de l’État de Victoria sont importés dans l’île du Sud, où de nouvelles forces à l’orientation coercitive remplacent une police provinciale dépassée par les désordres qu’engendre la ruée vers l’or24.
23Les diverses forces de police de type irlandais établies dans les années 1860 viennent donc renforcer la stratégie policière ouvertement coercitive de la colonie. Toutes sont le reflet de modèles hybrides imprégnés du vécu des forces de police paramilitaires qui les ont précédées aux antipodes. Leurs méthodes de maintien de l’ordre sont nettement plus brutales que celles des forces qu’elles remplacent, renforcent ou suppléent, et qui tendaient vers la police civile. Mais elles aussi vont évoluer de manière autochtone, pour s’adapter aux exigences du réel. De nombreux gradés et simples soldats ou agents ont servi dans l’armée britannique aux Indes, en Crimée ou ailleurs et leurs méthodes s’en ressentent. D’autres, qui ont vécu parmi les Maori ou possèdent une connaissance intime du maquis forestier de l’intérieur de la colonie, appliquent ce savoir spécialisé au maintien de l’ordre paramilitaire – par exemple en mettant au point des méthodes pour contrer les techniques d’embuscade élaborées des Maori.
24Les innovations développées dans les zones aurifères de l’île du Sud ne tardent pas à se répandre dans d’autres provinces également affectées par les turbulences sociales en provenance de ces régions, provoquant même une réorganisation de la police en vue d’affronter la rébellion maori. Les forces auxiliaires de contre-insurrection coloniale, formées soit à étouffer dans l’œuf les velléités guerrières dans les zones agitées, soit à se comporter en police d’occupation dans les zones sous contrôle, tirent parti de leurs expériences passées, que ce soit dans les zones aurifères ou dans les situations de maintien de l’ordre, voire de guérilla, rencontrées en Irlande.
25Par exemple, sur les cent membres fondateurs du corps de police militaire créé à Hawkes Bay en 1863 pour affronter les Maori, quatre-vingt ont servi auparavant dans les forces de police des zones aurifères. Gustavus von Tempsky, un officier mercenaire silésien qui avait débuté dans l’armée prussienne avant de commander des troupes indigènes irrégulières dans la jungle d’Amérique centrale, mène une compagnie de Forest Rangers dont les patrouilleurs protègent les accès sud d’Auckland contre les forces rebelles Maori25.
26Georges Grey, rappelé en Nouvelle-Zélande en 1861 pour écraser les plus importantes rébellions de l’histoire de la colonie, introduit d’autres méthodes policières semi-militaires, conçues aussi bien pour maintenir la paix que pour livrer une guerre si cela s’avère nécessaire. L’une de ces méthodes n’est autre qu’une adaptation d’un de ses emprunts précédents à l’héritage impérial. Dans les années 1840, on avait implanté d’anciens soldats britanniques pour cultiver les zones au sud d’Auckland, constituant ainsi une réserve policière (les Fencibles) qui permettrait de surveiller les Maori et de contribuer à repousser une éventuelle attaque sur la capitale coloniale26.
27Grey, ayant encore raffiné ce système en Afrique du Sud, en Cafrerie Britannique précisément, le réintroduit alors sous une forme nouvelle. C’est ainsi que ce corps de colons militaires (Military Settler Corps) est enrôlé pour combattre dans les guerres. Une fois les Maori chassés de leurs territoires tribaux, une grande partie de leurs terres les plus fertiles seront confisquées pour y installer ces soldats policiers des régiments de colons militaires. Ils agissent alors comme une police d’occupation et font office de gardiens de ces nouvelles frontières27. Plus tard, en temps de paix, l’autochtonisation étant toujours à l’œuvre, ces hommes à qui l’on avait confié la surveillance des Maori seront eux-mêmes placés sous l’étroite supervision de la police. En effet, avec leurs manières brutales de policiers pionniers, ils finiront par troubler l’ordre public et perturber la transition d’après-guerre vers la paix28.
28Entre-temps, les processus d’autonomisation redonnant une certaine autorité aux chefs maori auront évolué sur plusieurs points essentiels. À partir de la fin des années 1850, les colons devenant plus nombreux que les Maori, on commence à vouloir formaliser pleinement le travail de police et de gouvernance appliqués aux indigènes, y compris dans des zones jusqu’alors considérées comme purement maori. Les runanga, ou conseils tribaux, ont désormais une existence légale dans le cadre d’une sorte de dualité du pouvoir, version néo-zélandaise, théorique et pratique, du contrôle indirect impérial. Ces runanga officiels disposeront de forces de police de type colonial leur permettant d’assurer le respect des coutumes traditionnelles ayant reçu l’approbation de l’État29.
29À son retour dans la colonie, Grey étend ce dispositif, qui n’est lui-même au fond qu’une extension des politiques d’assimilation qu’il a toujours défendues. Il offre aux communautés maori une autonomie limitée, permettant aux tribus loyales ou neutres de se conformer à leur manière à ce que les Britanniques nomment la paix et l’ordre (peace and good order). Le rôle des policiers runanga ne se limite pas à « s’opposer aux coutumes néfastes de l’ancienne loi des Maori » : ils ont une « mission civilisatrice. » On attend de cette nouvelle génération de Maori qu’elle montre l’exemple d’un comportement à l’occidentale30.
30Grey ajoute à ce dispositif des touches empruntées à d’autres modèles, reprenant notamment un ancien mode de contrôle de proximité, avec des divisions organisées en « centaines ». Mais d’emblée, des modifications s’imposent. Le système tribal, avec ses divisions, subdivisions et configurations diverses, ne rentre pas dans le moule rigide du système des centaines, ce qui oblige à autochtoniser l’organisation des runanga pour l’adapter aux exigences de la vie locale. Le contrôle s’exercera donc à travers d’autres divisions, chaque hapu (subdivision de la tribu), disposant lui-même de ses propres karere (policiers). Au surplus, les karere obtiennent rapidement une expansion de leur autorité, notamment sur les Blancs vivant sous leur juridiction, ou encore avec la possibilité de limiter les déplacements des Maori considérés comme « déloyaux » à la Couronne britannique.
31L’officialisation du système des runanga permet aussi d’éviter la guerre : les rebelles maori sont invités à « prendre part à leur propre soumission » en échange d’une certaine autonomie. Les runanga n’atteindront pas cet objectif, mais avec leur police, ils vont s’avérer utiles à l’État. Les policiers indigènes sont des auxiliaires précieux de la police régulière pour certaines tâches précises ; quant aux rangatira, policiers d’extraction noble, ils assument des fonctions de « haute police », assistant par exemple les représentants de l’État dans les négociations d’armistice avec la Couronne. S’il arrive que les karere s’appuient sur leurs prérogatives pour imposer certaines pratiques relativement répandues dans l’appareil policier et judiciaire maori, à savoir une « loi sans foi ni loi » (lawless law, selon les termes du premier magistrat de la colonie) et « dangereusement oppressive », notamment à l’égard des ressortissants de tribus éloignées, ces infractions à la loi britannique sont considérées comme un prix peu élevé à payer pour la paix sociale et l’infiltration de l’influence occidentale chez les Maori. Comme le dira un responsable, même lorsque les policiers indigènes se laissent aller à « des comportements impropres ou de graves injustices, ils ne manquent pas d’inspirer une certaine crainte à la population en général, ce qui entraîne une amélioration des comportements31 ».
32Du côté de la frontière coloniale, qui évolue rapidement, les changements se succèdent au niveau de l’approche policière et de la sécurité coloniale. En 1867, avec la défaite des principales tribus rebelles, le gouvernement espérait en avoir fini avec la résistance armée. Mais compte tenu du départ des troupes impériales, qui avaient quitté la Nouvelle-Zélande, de l’expiration imminente des contrats des colons militaires, et de l’étendue des zones à surveiller sur l’île du Nord, il devient rapidement nécessaire de disposer d’une nouvelle force policière armée pour mettre un terme à la grogne incessante et décourager toute rébellion future. En conséquence, cette année-là, Grey fonde une police d’occupation – appelée Armed Constabulary – tout aussi hybride que celles qui l’ont précédée. Conçue comme devant renforcer les forces provinciales dans les zones susceptibles de connaître des troubles, réels ou potentiels, elle s’inscrit dans la continuité de l’Irish Constabulary et de ses précédentes adaptations aux gisements aurifères des antipodes et aux situations de contre-insurrection32.
33Cette genèse coercitive va constituer une bonne préparation pour cette organisation semi-militaire qui, un an après sa création, va devoir affronter une situation particulièrement critique. En effet, en 1868, deux rébellions maori menacent l’autorité des colons sur une échelle significative. Les constables fraîchement enrôlés dans l’Armed Constabulary sont désignés d’emblée pour aller affronter les rebelles sur le terrain, recevant bientôt le renfort d’autres unités, dont des Maori, et notamment les kupapa (loyalistes, littéralement « amis »). L’Armed Constabulary constituera donc la principale force militaire de l’État dans ce qui sera la dernière guerre anglo-maori, au cours de laquelle elle affrontera une guérilla menée par des leaders de la trempe de Riwha Titokowaru et Te Kooti – qui lui infligeront plusieurs revers (l’Inspecteur von Tempsky sera au nombre des victimes)33.
34En 1869, les combats ayant globalement pris fin, l’essentiel de la troupe est « démilitarisée », laissant les auxiliaires maori poursuivre ce qui reste des troupes rebelles. C’est au sergent John Branigan – chef et fondateur de la police paramilitaire des gisements aurifères de la province d’Otago, et qui a servi dans les polices irlandaise et de l’État de Victoria – que revient la tâche de rendre l’Armed Constabulary à sa fonction initiale d’armée d’occupation34. Elle demeure toutefois la force militaire et policière de la colonie, mais le processus d’autochtonisation suivant son cours, en 1877 elle est à nouveau démilitarisée, absorbant dans le même temps les forces de police civile des provinces.
35La nouvelle institution, baptisée New Zealand Constabulary Force, chapeaute à peu près tous les policiers de la colonie sous la direction d’un Commissaire (Commissioner) directement rattaché au gouvernement. Ce système très centralisé, inhabituel dans une colonie britannique aussi avancée dans son peuplement, doit autant à la propension connue des Maori à se soulever même après une défaite qu’à la volatilité sporadique des secteurs blancs de la population35. Même au plus fort des combats contre les Maori, certaines sections de l’Armed Constabulary avaient été envoyées dans les zones aurifères de l’île du Sud pour mater le Fenianisme irlandais et les affrontements interreligieux. Une force de police centralisée et quasi militaire présente cet avantage de pouvoir, en cas d’urgence, être déployée rapidement dans toute la colonie36.
36Elle peut aussi contribuer, après-guerre, à l’ouverture de la colonie. Dans cette phase de construction d’une nation, les policiers en armes ont un rôle de domestication de l’environnement et des personnes. Pendant que certaines unités patrouillent les villes et les implantations, d’autres s’affairent dans les campagnes : construction et entretien de routes, voies ferrée, lignes télégraphiques, ponts, viaducs, déforestation et assèchement de marécages pour offrir des terres cultivables aux innombrables immigrants anglais. Ils ne sont pas pour autant détournés de leur rôle policier. Lorsqu’ils prêtent main forte à l’État et aux colons pour relier entre elles les différentes zones colonisées, les constables patrouillent, surveillent la population, engrangent un savoir qui leur permettra aussi bien de sévir contre les récalcitrants que de contribuer au développement du pays37.
37Le dernier grand mouvement de résistance, dirigé par le prophète pacifiste Te Whiti o Rongomai, sera écrasé par la Constabulary Force en 1881 à Parihaka38. Cinq ans plus tard, en 1886, la colonie sera considérée comme totalement pacifiée, et ses structures policière et militaire séparées39. La résistance maori n’a toutefois pas totalement disparu, et même après la fin de la colonie en 1907, la police conservera les fonctions d’une réserve militaire. C’est en 1916 qu’aura lieu le dernier affrontement armé entre la Couronne et les Maori, lorsqu’une énorme colonne de policiers, avec à sa tête le Police Commissioner Cullen lui-même – un homme qui avait débuté sa carrière dans l’Irish Constabulary – s’enfonce au plus profond de la forêt pour attaquer Maugapohatu, quartier général d’un mouvement autonomiste maori40. Et cela quelques années à peine après que Cullen ait sévèrement réprimé une grève d’ouvriers blancs, également considérés comme un obstacle à l’édification d’une « meilleure Grande-Bretagne » – Better Britain – dans le Pacifique sud41.
38Mais à ce stade, il y a bien longtemps que l’organisation policière néo-zélandaise a pris une direction stratégique clairement opposée à la coercition et plutôt favorable à une certaine bienveillance. L’unification de la police et de l’armée sur la période 1877-1886 ne représentait qu’un arrangement provisoire destinée à concilier deux stratégies majeures – d’un côté « la main de fer » imposant sa discipline aux lignes de frontière séparant Blancs et Noirs, de l’autre le « gant de velours ». Cette dernière stratégie est d’ailleurs de plus en plus autochtonisée, afin de maintenir « la paix, l’ordre et le bon gouvernement », même si, répétons-le, elle emprunte beaucoup à des modèles venus d’outre-mer, mais désormais plutôt anglais qu’irlandais.
39À partir de 1886, les constables de la police néo-zélandaise font leurs patrouilles de routine sans armes à feu – moins de vingt ans après les affrontements sauvages qui ont opposé la police aux Maori (avec à la clé cannibalisme rituel et exécutions sommaires des rebelles capturés42). Au cours de cette transition rapide de l’agitation à la paix civile, la police a joué un rôle de premier plan, même si bien sûr d’autres facteurs ont eu leur importance – en particulier, les Maori sont décimés, puisque en 1900, ils ne seront plus que 40 000, contre peut-être 100 000 au début du peuplement européen43.
40En conclusion, cet article a retracé certains éléments des débuts de l’histoire de la colonie britannique de Nouvelle-Zélande, une colonie de peuplement censée non seulement dupliquer les meilleurs aspects de la mère patrie, mais encore les améliorer, l’objectif étant de créer un paradis social aux antipodes. Mais la mise en œuvre s’est heurtée d’une part à la détermination des Maori, refusant de se plier au processus d’annexion des terres et ressources indigènes qui caractérise la colonisation, et d’autre part, encore qu’à un degré moindre, à l’agitation sociale émanant des Européens qui ne faisaient pas partie du lot des « immigrants de premier choix44 ».
41Pour gérer ces deux grandes problématiques, l’État a importé plusieurs modèles impériaux d’organisation policière, qui ont joué un rôle significatif dans la « domestication » des populations frontalières, qu’elle fussent maori ou européennes. Les constabularies et autres forces de police armée accompagnées de leurs auxiliaires avaient fort à faire non seulement en termes de coercition des récalcitrants des deux races, mais aussi en matière d’exemplarité de leur comportement dans le cadre de la mission civilisatrice de la Couronne. Elles ont ainsi participé à l’émergence rapide d’une des sociétés les plus pacifiées du monde (quel que soit l’indicateur choisi). Leur efficacité générale (nonobstant bien sûr quelques accrocs) découlait en partie d’un discours de contrôle permanent, toujours attentif aussi bien à l’application des modèles impériaux qu’à leur modification en vue de les adapter aux conditions locales. On voit donc que la réussite en matière de police dépendait largement de la volonté de l’État à s’engager dans la voie du développement autochtone au moment de mettre en œuvre des modèles d’importation, en matière d’action policière comme sur le plan social.
42En fait, l’autochtonisation de méthodologies policières importées a joué un rôle significatif dans la création des conditions permettant à l’État colonial de faire, à terme, basculer sa stratégie de contrôle racial et social, passant d’une coercition extrême à un contrôle plus ou moins relâché fondée sur l’autorégulation (self-policing) de la grande majorité de la population, y compris les Maori. C’est donc en quelques décennies à peine que l’image publique normative du policier néo-zélandais s’est transformée : le policier lourdement armé destiné à contrôler toute la population s’est mué en un bienveillant gardien de la paix ne sévissant qu’auprès des rares contrevenants aux normes socio-juridiques établies45.
Notes de bas de page
1 Cf. Orange C., The Treaty of Waitangi, Wellington, Allen and Unwin, 1987 ; ainsi qu’une version révisée du même ouvrage, sous le titre : An Illustrated History of the Treaty of Waitangi, Wellington, Bridget Williams Books, 2004.
2 Pour une vue d’ensemble des méthodes britanniques, cf. Hill R. S., Policing the Colonial Frontier : The Theory and Practice of Coercive Social and Racial Control in New Zealand, 1767-1867, Wellington, 1986, p. 1-25, 114-118. Ce livre (en deux parties) constitue, avec deux autres ouvrages parus ultérieurement et référencés plus loin, la seule bibliographie disponible sur la police dans la Nouvelle-Zélande coloniale. On y trouvera plus de détails sur les questions abordées dans cet article.
3 Les travaux de James Belich représentent la meilleure approche d’ensemble de la résistance maori aux conséquences de l’affirmation de la souveraineté britannique en 1840 : cf. notamment Belich J., The New Zealand Wars and the Victorian Interpretation of Racial Conflict, Auckland, Penguin Books, 1986, et Belich J., Making Peoples : A History of the New Zealanders From Polynesian Settlement to the End of the Nineteenth Century, Auckland, Penguin Books, 1996.
4 Pour une exploration de l’interface entre mythe et réalité concernant les premiers grands comptoirs coloniaux en Nouvelle-Zélande, cf. Burns P., Fatal Success : A History of the New Zealand Company, Auckland, Heinemann Reed, 1989 ; et Adams P., Fatal Necessity : British Intervention in New Zealand 1830-1947, Auckland, Auckland University Press, 1977.
5 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, Canterbury University Press, p. 142-145 ; pour en savoir plus, voir Tremewan P., French Akaroa, op. cit., Christchurch, 1990.
6 Belich J., Paradise Reforged : A History of the New Zealanders from the 1880s to the Year 2000, Auckland, 2001, Penguin Books, p. 206 sq.
7 Ward A., An Unsettled History : Treaty Claims in New Zealand Today, Wellington, Bridget Williams, 1999. Pour une approche biographique de l’aliénation foncière, voir Fargher R., The Best Man Who Ever Served the Crown ? A Life of Donald McLean, Wellington, 2007.
8 Cf. Wards I., The Shadow of the Land : A Study of British Policy and Racial Conflict in New Zealand 1832-1852, Wellington, Department of Internal Affairs, 1968, p. 1-37, pour une évaluation du pouvoir indigène rencontré par les colons fondateurs.
9 Allan R., Nelson : A History of Early Settlement, Wellington, AM et A. W. Reed, 1965, p. 241-308 ; Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, p. 168-171.
10 Wards I., Shadow of the Land, op. cit., p. 95-159, 180-205 ; Sinclair K., « Grey, George, 1812-1898 » dans Oliver W. H. (éd.), The Dictionary of New Zealand Biography, Volume One, 1769-1869, Wellington, Allen and Unwih/Department of Internal Affairs, 1990, p. 160-164.
11 Par opposition à un modèle plus ancien, « like policing like » [où policier et administré font partie de la même communauté, NdT], bien que ces deux méthodes générales s’inscrivent dans un continuum des stratégies de contrôle.
12 Palmer S. H., Police and Protest in England and Ireland 1780-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 1988.
13 Il existe plusieurs biographies de Grey, l’homme d’État le plus marquant de la Nouvelle-Zélande du XIXe siècle (également un leader de premier plan dans d’autres colonies), mais la plus ancienne est un bon point de départ : Rutherford J., Sir George Grey, Londres, Cassell, 1961.
14 Pour une analyse des fonctions de la police Maori, voir Hill R. S., « Maori police personnel and the rangatiratanga discourse », dans Godfrey B. S. et Dunstall G. (éd.), Crime and Empire 1840-1940 : Criminal Justice in Local and Global Context, Cullompton, Willan Publishings, 2005 ; pour plus de détails sur l’exemplarité exigée des policiers, voir Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, p. 225-296.
15 Hursthouse C., New Zealand, or Zealandia : The Britain of the South, vol. 1, Londres, Edward Stanford, 1857, p. 302.
16 Ward A., A Show of Justice : racial « amalgamation » in nineteenth century New Zealand, Toronto, University of Toronto Press, 1973 ; éd. révisée 1995, p. 74-78.
17 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, chap. 4, notamment p. 304-5, 315, 324-325.
18 King M., The Penguin History of New Zealand, Auckland, Penguin Books, 2003, p. 171-174 ; voir aussi Temple P., A Sort of Conscience : The Wakefields, Auckland, Auckland University Press, 2002.
19 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, p. 296-336, 372-409 où de nombreux développements de ce type sont étudiés.
20 Gouvernement de Nouvelle-Zélande, Rules and Regulations of the Constabulary Force of New Zealand, Wellington, 1852.
21 Walker R., Ka Whawhai Tonu Matou : Struggle Without End, Auckland, Penguin Books, 1990 ; éd. 2004.
22 Pour les modèles d’organisation policière, cf. Emsley C., Policing and its Context 1750-1870, Londres, MacMillon, 1983, Sinclair G. et Williams C. A., « “Home and Away” : The Cross-Fertilisation between “Colonial” and “British” Policing, 1921-85 », Journal of Imperial and Commonwealth History, vol. 35, n° 2, Mai 2007 ; Sinclair G., At the End of the Line, Colonial Police Forces and the Imperial Endgame, 1945-1980, Manchester, Manchester University Press, 2006.
23 Belich J., The New Zealand Wars, op. cit., p. 76 sq. ; pour un point de vue maori sur ces guerres, cf. Keenan D., Wars Without End, Auckland, Penguin Books, 2009.
24 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, op. cit., chap. 7 et 8.
25 Hawke’s Bay Herald, 10, 13 juin 1863 ; Parham W. T., Von Tempsky, Adventurer, Londres, Hodder & Stoughton, 1969.
26 Wards I., « Fencibles », dans McGibbon I. C. (éd.), The Oxford Companion to New Zealand Military History, Auckland, Oxford University Press, 2000.
27 Cf. plusieurs chapitres de Boast R. et Hill R. S. (éd.) Raupatu : The Confiscation of Maori Land, Wellington, Victoria University Press, 2009.
28 Sur les fonctions de police des colons militaires, Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, op. cit., chap. 10.
29 Gorst J. E., The Maori King, Londres, MacMillon, 1864 ; éd. rév. 1959 ; Ward A., A Show of Justice, op. cit., chap. 9.
30 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, op. cit., p. 801 sq.
31 Hill R. S., Policing the Colonial Frontier, op. cit., p. 803, 818.
32 Hill R. S., « The Armed Constabulary », dans McGibbon I. C. (éd.), The Oxford Companion to New Zealand Military History, op. cit.
33 Belich J., « I Shall Not Die »: Titokowaru’s War, Wellington, Allen and Unwin, 1989 ; Binney J., Redemption Songs : A Life of Te Kooti Arikirangi, Auckland, Auckland University Press, 1995, p. 87 sq.
34 Hill R. S., « Branigan, St John, 1823/24 ?-1873 », dans Oliver, Dictionary of New Zealand Biography, op. cit., p. 36-38.
35 Hill R. S., The Colonial Frontier Tamed : New Zealand Policing in Transition, 1867-1886, Wellington, Historical Branch, Department of Internal Affairs, 1989, chap. 8.
36 Hill R. S., Colonial Frontier Tamed, op. cit., p. 120 sq.
37 J. G. Fox to S. Branigan, 5 novembre 1869 (with enclosure : draft regulations, D McLean, 1 novembre 1869), dans « Auckland » folder, P1/1, Archives New Zealand ; reports by Inspectors A Tuke and M Noake, in section D7, New Zealand Government, Appendices to the Journals of the House of Representatives, 1870.
38 Scott D., Ask That Mountain : The Story of Parihaka, Auckland, Heinemann, Southern Cross, 1975 ; Riseborough H., Days of Darkness : Taranaki 1878-1884, Wellington, Allen and Unwin, 1989.
39 Hill R. S., The Iron Hand in the Velvet Glove : The Modernisation of Policing in New Zealand 1886-1917, Wellington, Dunmore Press, 1995.
40 Binney J., Chaplin G. et Wallace C., Mihaia : The Prophet Rua Kenana and his Community at Maungapohatu, Wellington, Oxford University Press, 1979 ; Hill R. S., The Iron Hand, op. cit., p. 382-390 ; Webster P., Rua and the Maori Millennium, Wellington, Price Milburn/Victoria University Press, 1979.
41 Les mineurs en grève ont été réprimés à Waihi en 1912, l’un d’eux y a perdu la vie (cf. Roche S., The Red and the Gold, Auckland, Oxford University Press, 1982), et les grèves qui ont émaillé le pays en 1913 ont été écrasées avec le soutien brutal d’unités de constables spéciaux, souvent des réservistes sans uniforme : cf. Crawford J., « A tale of two cities : military involvement in the 1913 strike », et d’autres essais dans Nolan M. (éd.), Revolution : The 1913 Great Strike in New Zealand, Christchurch, Canterbury Press, 2005. Pour une couverture détaillée des aspects policiers des événements de 1912-13, voir Hill R. S., The Iron Hand, op. cit., p. 283-295 et 304-323.
42 Pour la brutalité des guerres ultérieures, voir Clark P., « Hauhau » : The Pai Marire Search for Maori Identity, Auckland, Auckland University Press, 1975.
43 En revanche, lorsque la colonie devient un dominion de l’empire britannique en 1907, la population Maori commence à remonter à nouveau, avec l’aide de conseils semi-autonomes possédant (entre autres) des fonctions de police. Là-dessus, cf. Hill R. S., State Authority, Indigenous Autonomy : Crown-Maori Relations in New Zealand/Aotearoa 1900-1950, Wellington, Victoria University Press, 2004 ; et Lange R., A Limited Measure of Local Self-Government : Maori Councils, 1900-1920, Wellington, Trenty of Waitampi Rescarch Unit Publications, 2004.
44 Pour un aperçu de ces thématiques, voir Dalley B. et McLean G. (éd.), Frontier of Dreams : The Story of New Zealand, Auckland, Hodder Mow, 2005 ; pour une tentative récente d’histoire générale qui « cherche à compliquer le passé plutôt que de le simplifier », voir Byrnes G. (éd.), The New Oxford History of New Zealand, Melbourne, Oxford University Press, 2009.
45 Pour comparer les contextes au sein de l’empire britannique, y compris du point de vue de la Nouvelle-Zélande, voir : Anderson D. M. et Killingray, D. (éd.), Policing the Empire : Government, Authority and Control, Manchester, Manchester University Press, 1991.
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