L’émergence d’une force de police au Suriname : les mutations policières dans une société en mouvement, 1863-1900
p. 47-61
Texte intégral
1Le 1er juillet 1863, le jour même où 33 000 esclaves affranchis accèdent au statut de citoyen libre, la Maréchaussée du Suriname devient opérationnelle. Ce nouveau corps de police est emblématique des mutations historiques de la société coloniale. L’évolution des forces de police du Suriname à la fin du XIXe siècle est intimement liée aux bouleversements en cours dans une société qui cherche à s’adapter à l’abolition de l’esclavage. La société est en mouvement. Les frontières sociales n’étant plus délimitées par les notions d’esclavage et de liberté, les enjeux de discipline et de maintien de l’ordre sont à repenser, ce qui ne manque pas de susciter des résistances nouvelles. En outre, la société elle-même devient plus complexe, en raison de l’afflux de travailleurs « engagés » (indentured) venus d’Asie et des Antilles. De nombreux Chinois, plus de 34 000 Indiens britanniques et près de 33 000 Javanais en provenance des Indes néerlandaises arrivent au Suriname pour travailler dans les plantations, tandis que les anciens esclaves cherchent de plus en plus leur gagne-pain en-dehors de cette économie1.
2Le Suriname a pour voisins la Guyane britannique à l’ouest, la Guyane française à l’est et le Brésil au sud. En 1863, le pays compte 51 436 habitants, vivant pour la plupart dans la capitale Paramaribo et dans les zones de plantation de la côte septentrionale. Le territoire du Suriname est alors – et reste à ce jour – couvert aux trois-quarts par une forêt tropicale humide peuplée de petits groupes d’Amérindiens et de métis, d’esclaves évadés et de leurs descendants.
3En 1865, une réforme administrative accorde au Suriname une certaine autonomie législative, instaurant notamment un Conseil colonial, organe principalement représentatif de l’élite des planteurs blancs2. Le pouvoir des autorités coloniales est limité par le manque d’autonomie financière, et par le privilège que conserve la Couronne d’annuler ses décrets. Il n’en reste pas moins que les autorités coloniales disposent, après la réforme administrative de 1865, d’une mainmise accrue sur les questions de police.
4En cette période de turbulences, le grand souci des planteurs et des autorités locales est de maintenir le pouvoir colonial. Danns précise, à propos de la Guyane britannique, que « le cas des sociétés coloniales caribéennes montre que la police était organisée dans le seul but d’assujettir les colonisés et de réprimer toute action visant à soulager leur souffrance et leur exploitation3 ». C’est tout à fait le cas, mais l’étude du développement de la police au Suriname nous révèle plus que les conditions du maintien de la suprématie coloniale : elle nous en apprend beaucoup également sur les frictions, au sein de l’élite coloniale, concernant la direction et le rythme imprimés à l’inéluctable mutation sociale, un débat fortement affecté à la fois par les mesures incitatives de la mère patrie et la pratique quotidienne des policiers sur le terrain.
5C’est avec l’émergence d’une police surinamienne, immédiatement après l’esclavage, que des points de vue divergents apparaissent sur le maintien du pouvoir colonial. Comme le précisent Frederic Cooper et Ann Stoler dans leur article sur le contrôle colonial : « les dirigeants de l’Empire ont dû revoir leur propre hégémonie au regard de leurs divisions internes et des problèmes posés par leurs administrés ». Et de poursuivre : « Au-delà de leur puissance planétaire et de leur prétention à la domination raciale, culturelle et technologique, un examen plus attentif révèle des luttes de pouvoir, des stratégies concurrentes pour garder la mainmise sur les événements et des doutes sur la légitimité de l’entreprise4. » Cet article explore les interactions entre dynamique locale, développements régionaux et relations coloniales. Je montre les luttes intestines et l’affrontement entre différents corps qui ont secoué les autorités en charge du maintien de l’ordre au sein de la société surinamienne durant les mutations institutionnelles des années 1863 à 1895. Le dispositif policier comporte à l’époque deux corps plus ou moins liés, la Maréchaussée et l’Inland Police Force (ci-après « Police Intérieure »). Ces deux entités seront ensuite réunies pour n’en former qu’une, appelée « Armed Police Force » (ci-après « Force de Police Armée » ou « Police Armée »). Seront introduits par ailleurs des agents de police spéciaux organisés en milices semi-privées (figure 1). Dès lors, il devient légitime de se demander dans quelle mesure ces mutations institutionnelles reflètent les idées nouvelles en matière de police judiciaire et de maintien de l’ordre.

Fig. 1. – Les effectifs des forces de police au Suriname.
La Maréchaussée
6Si la police est déjà en activité du temps de l’esclavage, elle ne constitue pas à proprement parler une force bien organisée. Une trentaine de policiers seulement sont concentrés à Paramaribo et dans les environs en 18625. La police est alors virtuellement absente des zones de plantations. Le planteur est parfaitement en droit de maintenir lui-même la discipline parmi ses esclaves, et donc de les punir – en respectant tout de même certaines limites. Pour ce faire, il est assisté d’administrateurs et de basyas, des esclaves ayant rang de superviseurs. L’armée et les milices locales prennent les armes en cas d’insurrection ou pour pister, à l’aide de chiens, les esclaves qui s’enfuient vers l’arrière-pays6.
7Suivant l’exemple britannique, l’abolition de l’esclavage est suivie d’une période d’apprentissage. Les esclaves émancipés doivent encore dix années de travail aux plantations, même s’ils sont rémunérés et ont la possibilité de choisir leur employeur7. Les planteurs perdent le droit de punir leurs employés, mais en contrepartie, le commissaire de district (district commissionner) a le pouvoir de juger des ouvriers en période d’apprentissage. Il est tenu pour responsable du maintien de l’ordre dans son district. La période d’apprentissage a pour fonction d’éviter d’avoir à subir de grands bouleversements économiques et sociaux. Il n’empêche que la société est sur le point de changer radicalement : les autorités sentent que le temps est venu d’instaurer un nouveau système de maintien de l’ordre.
8En novembre 1862, plus de six mois avant l’abolition de l’esclavage, le ministre des Affaires coloniales accorde au gouverneur du Suriname la permission d’introduire une nouvelle force de police coloniale, la Maréchaussée8. La Maréchaussée royale, une force de police montée structurée de façon militaire, a été fondée aux Pays-Bas en 1814. Sur l’île hollandaise de Curaçao, une brigade de la Maréchaussée est déjà en place depuis 1838. Contrairement aux brigades de la Maréchaussée métropolitaine, celles-ci ne dépendent pas du Ministère de la Guerre, mais se trouvent sous le commandement du procureur général. Le gouverneur du Suriname, Van Lansberge, qui fut un temps en poste à Curaçao, va s’inspirer de cette approche. Conséquence immédiate : les autorités coloniales du Suriname optent à l’unanimité pour l’instauration d’une force de police civile fortement militarisée9. Le gouvernement de La Haye se satisfait pleinement de cet arrangement qui permet d’organiser et d’équiper les forces de police du Suriname et de Curaçao de manière comparable, dotant les Antilles néerlandaises d’un dispositif policier homogène10. Des militaires d’origine européenne, casernés au Suriname, sont recrutés dans la Maréchaussée. Le casernement a pour fonction de les maintenir à l’écart de la communauté locale.
9À ses débuts en 1863, la Maréchaussée compte 122 hommes, un effectif notoirement insuffisant pour couvrir les vastes districts ruraux où se trouvent les plantations. Les moyens de transport disponibles – le cheval à terre et la pirogue sur le réseau fluvial – ne permettent pas d’agir efficacement. Les tâches sont nombreuses et le Conseil colonial réclame fréquemment des renforts pour la Maréchaussée. L’arrivée des engagés accroît la demande. De plus, plusieurs mines d’or prometteuses, qui attirent de nombreux esclaves affranchis, vont accroître la superficie du territoire surveillé par la police, qui s’enfonce de plus en plus profondément dans l’arrière-pays. Les conditions de vie dans ces régions infestées de maladies tropicales sont extrêmement difficiles pour les policiers, qui n’ont aucunement les moyens d’empêcher la contrebande aux frontières.
10Le procureur général, pour sa part, a le plus grand mal à bâtir un effectif de qualité. Il n’est pas rare de voir des agents renvoyés à leur caserne pour la simple raison qu’ils ne sont pas en état pour le service. Le recrutement est encore plus problématique. Pour commencer, le ministère des Affaires coloniales renâcle à renforcer un corps de police posté dans une colonie dont la situation économique est tout bonnement déplorable. Le Suriname est constamment endetté, et le déclin de l’économie des plantations ne fait qu’aggraver la situation. En outre, le recrutement est sans cesse contrecarré par l’état-major des Armées qui hésite, voir refuse purement et simplement de fournir des hommes à la Maréchaussée. L’armée elle-même manque d’hommes et ne peut pas se permettre d’en perdre11. Pour autant, la police continue de recruter des soldats – d’ailleurs, le redéploiement de l’armée et la coopération entre les deux corps va se poursuivre assez longtemps au XXe siècle. À vrai dire, le procureur général a bien conscience qu’il est impossible de ne recruter que des hommes d’origine européenne dans sa police. C’est donc pour venir à bout de cette pénurie de main-d’œuvre qu’est créé en 1868 un deuxième corps appelé Inland Police Force. Cette police intérieure recrutera dans la communauté créole, autrement dit chez les descendants des anciens esclaves du Suriname.
La Force de Police Intérieure
11Dès leurs toutes premières réunions de travail sur l’avenir de la police, en 1862, les autorités coloniales abordent la question de savoir si oui ou non la population créole doit être amenée à participer au maintien de l’ordre du pays. On évoque la possibilité de recruter, en tant qu’agents de police adjoints, d’anciens esclaves ayant servi comme superviseurs dans les plantations. Les partisans de cette mesure arguent du fait que ces hommes ont d’ores et déjà assumé des fonctions de type policier. Le procureur général, de son côté, craint que ces superviseurs ne soient pas à la hauteur, mais veut tout de même les mettre à l’épreuve12. Cependant, à ce stade, le ministre des Affaires coloniales rejette la proposition de recruter les ouvriers les plus loyaux des plantations comme agents de police. En effet, d’après le ministre, ces policiers resteraient sous la coupe des planteurs, agissant donc plus en contremaîtres qu’en policiers13.
12Si la Force de police intérieure est créée en 1868, ce n’est certes pas avec l’objectif d’instaurer une police des plantations qui s’appuierait sur l’expérience des superviseurs noirs. La Police intérieure procède de l’impossibilité de former une force de police exclusivement composée de militaires d’origine européenne. L’entrée de créoles dans la police semble inévitable, mais il paraît délicat les incorporer à la Maréchaussée. Les préjugés raciaux sont évidemment considérables. En conséquence, lorsque le procureur général évoque la possibilité de recruter des créoles, le Conseil colonial fait savoir qu’il considère ce projet comme irréaliste. Les agents eux-mêmes protesteraient et il faudrait s’attendre à des affrontements avec les policiers noirs. Qui plus est, ainsi que le précise le procureur général lui-même dans une lettre au gouverneur, les policiers noirs démissionneraient dès lors qu’ils seraient confrontés à la discipline militaire. Enfin, il craint que la réputation de la police ne se dégrade auprès de la population locale – ce qui est déjà le cas, affirme-t-il, en raison du comportement discutable de certains agents14.
13Cette obsession de la séparation des policiers locaux et européens en forces distinctes est d’autant plus remarquable que le Suriname possède une longue histoire de coopération entre Noirs et Blancs en matière de maintien de l’ordre. Comme précisé plus haut, les superviseurs noirs sont considérés au sein des plantations comme des médiateurs entre esclaves et Blancs. Dès le XVIIe siècle, ce sont des patrouilles composées de Noirs (esclaves ou affranchis) et de Blancs qui poursuivaient les esclaves en fuite dans l’arrière-pays15. La ségrégation raciale au sein des forces de police post-abolitionnistes peut donc se lire comme une redéfinition des frontières sociales suite à l’abolition puisque, pour citer Cooper et Stoler, « l’altérité de la personne colonisée n’est ni cohérente, ni stable ; sa différence reste à définir et à entretenir ; une frontière sociale même clairement définie à un moment donné ne le restera pas nécessairement16 ». Par conséquent, la distinction voulue entre Blancs et Noirs dans les forces de police ne procède pas d’un doute sur la loyauté des policiers noirs, mais tient au fait que la Maréchaussée, en tant qu’elle incarne l’État colonial, symbolise l’indéfectible suprématie de la population coloniale blanche même après l’émancipation.
14La différence entre Police Intérieure et Maréchaussée est perceptible à travers l’uniforme et l’armement. Par ailleurs, les agents sont séparés physiquement, la Maréchaussée étant cantonnée aux districts ruraux et les policiers créoles à Paramaribo et ses environs. Comme le précise alors le procureur général, « il eût été délicat de trouver dans les districts des logements séparés pour les policiers blancs et noirs ».
15Les premières recrues de la Police Intérieure sont issues de la communauté créole de Paramaribo. Cette communauté créole libre avait déjà émergé à l’époque de l’esclavage. À la fin de la période d’apprentissage, d’anciens esclaves se font également policiers. Ceci constitue une différence essentielle avec les Antilles britanniques, où tous les policiers noirs et métis provenaient de l’extérieur – d’autres îles des Antilles britanniques – et ne furent remplacés que plus tard par des agents noirs locaux17. Les émigrés en provenance des Indes britanniques sont à peine représentés dans les forces de police du XIXe siècle, en Guyane britannique comme au Suriname. Steve Garner estime que la prédominance des Africains dans la police guyanaise moderne remonte au milieu du XIXe siècle18. Comme l’écrit Joan Mars, c’est toute une série de facteurs qui ont amené les autorités à préférer recruter des Noirs plutôt que des Indiens orientaux dans la police : spécialisation au niveau du métier, attentes en termes de loyauté et de fiabilité, degré d’intégration à la culture des colons19. Au cours des premières décennies du XXe siècle, la présence des Indiens britanniques et des Javanais sera en constante augmentation dans les effectifs de la police du Suriname, les autorités coloniales comprenant qu’une bonne connaissance de la société et de ses membres est essentielle pour une surveillance policière de qualité.
La fin de l’apprentissage : une renégociation de la paix civile
16En 1872, peu avant l’abolition de l’apprentissage, est instaurée une police des plantations – une idée pourtant rejetée par le ministre des Affaires coloniales en 186220. Ces agents de police spéciaux, souvent d’anciens esclaves, sont au service d’entreprises privées mais sous le commandement des policiers, des commissaires de district et du procureur général. Ils sont organisés sur le modèle des « onbezoldige veldwachters » néerlandais, qui permettent aux propriétaires terriens de conférer à certains de leurs employés le statut d’auxiliaire de police21. L’approche adoptée par la Guyane britannique voisine, où les plantations sont gardées par des agents de police ruraux ou paroissiaux, est également source d’inspiration pour le Suriname. Enfin, ce système des agents spéciaux n’est pas sans rappeler le temps de l’esclavage, quand des esclaves étaient eux-mêmes employés comme superviseurs. C’est avec une certaine appréhension que le gouvernement de La Haye voit resurgir cet ancien dispositif de la période esclavagiste, comme en 1862, lorsque les autorités coloniales entendaient faire des superviseurs noirs des auxiliaires de police. Une fois de plus, les autorités se heurtent à un ministère des Affaires coloniales qui les met en garde contre la résurgence du système des superviseurs noirs. Il insiste sur le fait que ces agents de police n’ont vocation qu’à protéger les biens et personnes présentes sur les plantations, et en aucun cas à se comporter en contremaîtres ou à vérifier que les ouvriers respectent bien leurs obligations contractuelles. Le ministère finira par approuver la création d’un corps d’agents spéciaux, mais en insistant pour que le poste soit clairement décrit, sans la moindre ambiguïté22.
17C’est pourtant dans une toute autre direction que s’oriente la pratique policière. Les réglementations s’assouplissent durant les premières décennies du XXe siècle, les agents spéciaux se faisant plus nombreux que les membres de la Force de police armée, et la frontière entre milices (semi) privées et police publique se faisant de plus en plus floue. En 1907, une nouvelle législation permet à la police et aux administrations d’embaucher également des agents spéciaux. C’est ainsi qu’en 1920, le Suriname compte 256 policiers et 338 agents spéciaux23. Cette croissance spectaculaire du nombre d’agents spéciaux au début du XXe siècle s’explique principalement par les problèmes financiers de la colonie, par la puissance des grandes entreprises, qu’elles soient privées ou étatiques, et par la diffusion de l’activité économique vers l’intérieur des terres.
18L’administration de la justice est également révélatrice des difficultés qu’éprouvent les autorités à imposer de nouvelles méthodes de maintien l’ordre au Suriname et à tirer un trait sur le passé. Une réforme de 1869 produira certes un Code civil, largement inspiré du système hollandais. Toutefois, les travaux forcés, abolis aux Pays-Bas dès 1813, sont maintenus et appliqués au Suriname durant une bonne partie du XXe siècle. Il en va de même pour la peine de mort, abolie en 1870 en métropole, mais non dans les colonies24. Les châtiments corporels en public, en revanche, sont supprimés en même temps que l’esclavage. À la place, les prisonniers sont condamnés aux travaux forcés, affectés à l’entretien des routes et aux travaux publics. Policiers et soldats sont en charge de la surveillance des forçats. Au Conseil colonial, des voix s’élèvent pour contester l’efficacité de ces châtiments, compte tenu de la piètre qualité du travail effectué par les forçats. Même l’efficacité de la peine de mort est remise en cause – certains planteurs sont persuadés que les ouvriers asiatiques, en particulier, ne craignent pas la mort. La peine de mort sera appliquée pour la dernière fois, au XIXe siècle, en 187525. C’est en vain que les planteurs militeront pour le retour aux châtiments corporels en public.
19En 1873, la promulgation de l’ordonnance mettant fin au pouvoir judiciaire des commissaires de district du Suriname provoque un débat houleux au sein des autorités coloniales26. L’abolition de l’esclavage avait déjà mis un terme au pouvoir disciplinaire des planteurs et avec cette ordonnance de 1873, qui coïncide avec la fin du système de l’apprentissage, le maintien de l’ordre leur échappe encore un peu plus. Désormais, c’est devant le tribunal de district que doivent être engagées les poursuites. Le nouveau gouverneur Van Sypestein et ses commissaires de district protestent contre ces dispositions qui rallongent les procédures et rendent les condamnations incertaines. Les commissaires ont le sentiment que l’allongement de la procédure judiciaire est un facteur de désordre. « Seule une procédure courte peut permettre de maintenir l’ordre et la discipline dans les districts », affirme le commissaire de district Ballin. Ses collègues se plaignent également du temps perdu et des innombrables formalités qui prolongent sans la moindre nécessité les affaires mineures. En effet, obligation est faite de dresser un acte d’accusation, d’entendre des témoins et de recourir à des traducteurs. Le commissaire de district récrimine contre le surcroît de travail inutile, l’augmentation des coûts et l’accumulation des dossiers en souffrance. Par ailleurs, les commissaires comme le gouverneur attribueront cette année-là plusieurs soulèvements dans les plantations aux nouvelles procédures judiciaires. Le nombre d’ouvriers accusés de travail négligé, de désertion et de paresse augmente. On recensera près de six cents cas de juillet à septembre, mais quatre-vingt-dix seulement seront traités27.
20De son côté, le procureur général Twiss peine également à imposer cet ordre nouveau et met en garde le gouverneur contre les forces conservatrices de la colonie. Le gouverneur Van Sypestein est furieux ; il estime qu’il n’y a aucune raison de craindre un quelconque mouvement conservateur sous son autorité, et avertit à son tour le procureur général de se défier d’une autre mouvance, « celle qui cherche à tout organiser à la manière hollandaise, qui a imposé des institutions hollandaises sans tenir compte des particularités de la société coloniale. Les préférences que vous exprimez pour un ordre juridique néerlandais plutôt que surinamien sont de cet ordre, et par conséquent je ne peux y souscrire ». Entre les deux hommes, le divorce est consommé. Dès le mois suivant, le procureur général demande au roi de le relever de ses fonctions ; il quitte le Suriname peu de temps après. Le gouverneur fait appel auprès du ministère des Affaires coloniales pour reporter l’application de l’ordonnance en attendant qu’un nouvel accord soit trouvé28. L’ajustement vient six mois plus tard : la comparution immédiate est instaurée pour les cas de droit commun et le verdict ne saurait être reporté plus de 14 jours29. Il s’agit, enfin, d’un compromis entre conception européenne et vision locale du maintien de l’ordre.
La fusion de la Police Intérieure et de la Maréchaussée
21Comment ces arrangements sont-ils mis en pratique ? Au ministère des Affaires coloniales, on insiste pour mettre un terme à toute forme de maintien de l’ordre qui rappellerait peu ou prou la période esclavagiste. Pour autant, la notion de maintien de l’ordre ne subit pas de modification substantielle. Après l’abolition, l’important dans les plantations reste d’assurer le travail de production. Les quelques rapports de police qui ont survécu dans les archives font essentiellement apparaître des demandes de recherche de travailleurs engagés, principalement Javanais et Indiens, ayant quitté la plantation sans permission30. Les lois sur le vagabondage permettent également un contrôle du travail en dehors de la plantation. Petits fermiers, orpailleurs, boutiquiers urbains et ruraux sont enregistrés et contrôlés dans la mesure du possible. Toute agitation violente donne lieu à une répression conjointe de la police et de l’armée31. La mission civilisatrice coloniale criminalise de nombreuses pratiques quotidiennes, et notamment toute expression religieuse d’origine africaine et/ou surinamienne. Les contrats de travail eux-mêmes comportent des clauses de sanctions pénales, qui permettent de punir d’une amende, voire d’un emprisonnement, des infractions du type absence, paresse ou ivresse. En outre, la rupture de contrat, simple infraction auparavant, devient un délit32. En conséquence, planteurs et commissaires de district conservent la mainmise sur le maintien de l’ordre33. Du reste, même si le ministère des Affaires coloniales a tendance à s’ingérer dans les affaires institutionnelles de la colonie, il n’est guère attentif aux pratiques policières.
22L’armée exerce toujours une fonction de maintien de l’ordre dans la colonie. Le flou qui entoure la délimitation entre armée et police – les policiers ayant souvent un parcours militaire, et les deux forces coopérant fréquemment – accroît le risque d’actions plus dures, plus violentes, les soldats étant formés à l’utilisation de la force armée contre un ennemi et non pas au service public34. Les plaintes répétées des habitants de Paramaribo sur le comportement brutal des policiers finiront par aboutir en 1890, avec la diffusion de nouvelles instructions invitant les agents à plus de politesse et d’humilité envers la population et à s’abstenir d’utiliser la force hors de propos. L’état colonial y gagne une apparence de civilité, mais le comportement violent des policiers ne cesse pas pour autant.
23Ce ne sont pas seulement les idéaux et les perceptions coloniales qui ont façonné les forces de police du Suriname, mais aussi la routine quotidienne et les interactions sociales, aussi bien entre policiers qu’avec la société civile. Les policiers locaux ne sont pas uniquement des instruments au service de la gouvernance et des idéaux coloniaux, ils font aussi partie intégrante de la communauté. Ce sera particulièrement le cas des agents de la Maréchaussée d’origine européenne, qui s’investissent toujours plus au niveau local. Nombre d’entre eux fondent une famille avec un conjoint local, généralement une Afro-surinamienne, ce qui va conduire à l’abandon du casernement. Les nombreux liens entre agents de police et société incitent ces hommes à prendre leur décision individuellement.
24L’effet des pratiques policières quotidiennes sur le discours colonial reçoit une illustration frappante en 1893 avec le débat provoqué par la conduite d’un fonctionnaire de police, Hiemcke, simple employé au poste de police de Paramaribo. Son travail consiste à établir des contrats pour les industries de l’or et du caoutchouc. Un beau matin, Hiemcke prévient certains ouvriers : le contrat qu’ils sont sur le point de signer avec un employeur, M. Barnett, est désavantageux pour eux. Hiemcke, qui connaît certains employés de Barnett, sait dans quel dénuement ils vivent. Il considère qu’il est de son devoir de les prévenir des risques encourus avec ce contrat. Le procureur général, chef de la police du Suriname, ne partage pas ce point de vue. Il est furieux contre l’employé, n’admettant pas qu’il accuse Barnett d’affamer ses ouvriers. Il suspend Hiemcke et tient le commissaire de police pour responsable de ce qu’il considère comme un acte illégal de la part de son subordonné. Le gouverneur du Suriname intervient. Il décide que Hiemcke n’est pas coupable et le commissaire encore moins : Hiemcke a travaillé en toute autonomie et n’a donc reçu aucune instruction de la part de son supérieur dans ce cas précis. Qui plus est, le procureur général n’avait aucunement le droit, selon le gouverneur, d’imposer son opinion à l’employé et de le forcer à agir en fonction. L’employé a le droit d’avoir sa propre opinion. Hiemcke est réintégré ; il deviendra quelques années plus tard inspecteur de police et sera même promu inspecteur en chef en 190135.
25L’influence de la routine quotidienne nous conduit à la question suivante : comment la stricte séparation entre Police intérieure et Maréchaussée a-t-elle pris forme ? Comme précisé plus haut, l’idée première était d’affecter la Maréchaussée aux districts ruraux et la Police intérieure à Paramaribo. Seulement, en pratique, les deux corps se sont retrouvés à travailler un peu partout au Suriname. En conséquence, il n’existe pas alors de différence fondamentale dans les pratiques policières des deux forces.
26On connait pourtant des anecdotes paradoxales concernant la coopération entre ces deux corps. D’un côté la coopération est pratique courante, mais dans le même temps la discrimination raciale n’a jamais cessé de se confirmer. Le 26 mai 1891, le policier Lodewijk Redan écrit une lettre au gouverneur. Il cherche un nouvel emploi, car il veut quitter la police. « Nous sommes maltraités, nous les autochtones », écrit-il. Le policier étaye ses accusations en décrivant la mise en application de certaines mesures disciplinaires. S’il n’est pas rare de voir un policier recevoir un châtiment, Surinamiens et Européens ne sont pas logés à la même enseigne, comme le note Redan :
« Un policier de la Force Intérieure, ivre, a été enfermé avec les prisonniers ordinaires le 14 de ce mois ; et pour un autre, ordre a été donné de “le boucler avec les autres nègres”, ce qui fut fait. Deux membres de la Maréchaussée, Européens, ont été mis aux arrêts pour ivresse. Plus tard, ils ont été conduits au centre de détention réservée aux policiers36. »
27Il faudra des décennies pour effacer cette distinction institutionnelle entre Police intérieure et Maréchaussée. Dès 1870, deux années seulement après la création de la Police intérieure, le gouverneur Idsinga plaidait déjà pour une fusion. Pour lui, la Maréchaussée pouvait sans problème incorporer les agents de la Police intérieure. Le Conseil colonial réussit à s’opposer à ce projet37. D’autre part, le procureur général Twiss ne tarissait pas d’éloges sur la compréhension mutuelle et la collaboration entre Européens et Surinamiens dans l’accomplissement de leur devoir, notions « qui avaient été mises en doute auparavant », écrit-il en 187138. Tout au long des années qui suivront, les membres du Conseil colonial militeront pour la fusion, empêchée par les successeurs du gouverneur Idsinga et du procureur général Twiss.
28En 1878, une réorganisation visant principalement à augmenter le salaire des agents de police réunit administrativement la Police intérieure et la Maréchaussée en une seule force : la Force de police armée. Le Conseil colonial suggère bien d’en finir une bonne foi avec la distinction, mais le gouverneur Van Sypesteyn refuse de soumettre ses propositions au ministre des Affaires coloniales, au motif que cela ne ferait que retarder l’augmentation de salaire. De toute façon, il ne voit pas l’intérêt de fusionner la Police intérieure et la Maréchaussée39.
29Son successeur, le gouverneur Schmitt, écrit au ministre des Affaires coloniales que les personnes de couleur sont trop liées à la population pour qu’on leur fasse confiance. Le fait que ces policiers ne puissent agir séparément de leurs « collègues de couleur » lui semble un inconvénient majeur. Schmitt régurgite l’idéal éculé d’une force de police strictement européenne, dont les contacts avec les « créoles et nègres » seraient réduits à la portion congrue, et qui serait menée par un officier européen40.
30Une ultime tentative sera faite pour conserver à la Maréchaussée son caractère exclusivement blanc tout en résolvant la question de la pénurie de personnel. Pour ce faire, on tentera de recruter au sein de la police néerlandaise. Mais toutes les tentatives d’attirer des hommes directement de Hollande pour servir à l’échelon le plus bas de la police surinamienne échoueront. Certains seront renvoyés pour mauvaise conduite, pour abus d’alcool ou comportement brutal envers la population. D’autres quitteront la police de leur propre chef, peu de temps après leur arrivée41. Ceux qui repartent en Hollande se plaignent, auprès du ministère des Affaires coloniales, de ce qu’ils ont vécu au Suriname. Le travail y est dur, harassant, le coût la vie élevé et les salaires médiocres42.
31En 1891, le Conseil colonial insiste à nouveau pour fusionner la Force de police intérieure et la Maréchaussée, précisant : « Dans une certaine mesure, ceux qui voyagent aux Antilles ne voient qu’une seule force de police, exclusivement composée d’autochtones43 ». Le gouverneur Asch Van Wijk finira par entériner les pratiques établies en créant la Force de police armée, qui réunit les deux entités. Ce faisant, le gouverneur passe outre les récriminations du procureur général, arguant du fait que la distinction n’existe que sur le papier et dans l’uniforme44. La fusion a aussi pour objectif de renforcer le personnel policier en lui adjoignant des agents spécialisés venus de Hollande, qui vont former et contrôler la base. La nomination d’un commissaire venu de métropole, deux ans auparavant, en 1893, constitue un début de professionnalisation45. Il n’empêche que ces changements institutionnels ne modifient pas fondamentalement le caractère du dispositif. Subsiste une force de police à la coloration fortement militaire et qui, avec le temps, va glisser de plus en plus d’un recrutement européen à un recrutement local.
32En 1875, l’effectif total des forces de police est de 175 hommes, mais il a suivi la croissance démographique : entre 1863 et 1899, celle-ci s’établit à 36,6 %, de 51 436 à 70 248 personnes, tandis que l’effectif policier est passé de 122 à 175 hommes, soit une augmentation de 43,4 %. Curieusement, sur la même période, l’armée a réduit ses effectifs de plus de moitié (52,5 %), passant de 848 à 403 soldats en 189946. En fait, les soldats opéraient plus comme une force de police militaire, à l’instar de l’ancienne Maréchaussée, que comme une armée à proprement parler.
33Dans son déroulement, l’évolution de la police surinamienne, constituée d’une Maréchaussée et d’une Police intérieure, est révélatrice des efforts déployés par les autorités coloniales pour accepter, façonner et structurer les changements socio-économiques survenu dans la société coloniale après l’abolition de l’esclavage.
34C’est surtout après la réforme administrative de 1865, qui donne au Suriname une relative autonomie législative, que les effets s’en font sentir sur les agents. La quête de la bonne formule pour organiser cette police coloniale entraîne toute une série de réorganisations. L’idée première, consistant à uniformiser le dispositif policier dans toutes les Antilles néerlandaises, se heurte à la réalité locale. C’est plutôt du côté du voisin, la Guyane britannique, que les autorités coloniales surinamiennes trouvent l’inspiration. Si la mère patrie s’implique dans les arrangements institutionnels, elle semble moins intéressée par les pratiques policières au sein de la colonie. L’aspect le plus frappant de ces développements reste la volonté farouche, chez certains, de séparer policiers blancs et noirs en deux corps distincts, ce qui peut se lire comme une tentative d’assurer la suprématie blanche dans un État colonial traversant des temps incertains.
35Ce sont finalement les pratiques quotidiennes qui ouvriront la voie à la fusion entre Maréchaussée et Force de police intérieure pour engendrer la Force de police armée. On peut donc considérer le développement de la police surinamienne comme procédant d’une dynamique de pouvoir locale et trans-locale, et comme un compromis, quelque part entre statu quo et changement. Dans ce processus, les policiers sont moins les agents du changement que les acteurs d’une société en pleine mutation.
Notes de bas de page
1 Hoefte R., « slaan of treuzelen? Verschillen in verzet tussen Hindoestanen en Javaanse contractarbeiders », dans Meel P. et Ramsoedh H., Ik ben een haan met een kroon op mijn hoofd. Pacificatie en verzet in Koloniaal en postkoloniaal Suriname, Amsterdam, Bert Bakker, 2007, p. 152-153; Klinkers E., « De strijd gaat door. Creools verzet na de afschaffing van de slavernij », dans Meel P. et Ramsoedh H., op. cit., p. 133-151.
2 Buddingh’ H., Geschiedenis van Suriname, Utrecht, het Spectrum, 1995, p. 184, 212, 213; van Lier R., Samenleving in een grensgebied. Een sociaal-historische studie van de maatschappij in Suriname, ‘s-Gravenhage, Martinus Nijhoff, 1949, p. 194-195; Mitrasing F. E. M., Constitutionele regelingen van Suriname. Verzamelingenvan rechtsregelingen betreffende de Surinaamse staat, ‘s-Gravenhage, Staatsdrukkerij, 1966, p. 67-74. Ooft C. D., Ontwikkeling van het constitutionele recht van Suriname, Assen, Van Gorcum & Comp., 1972, p. 51-62.
3 Danns G. K., Domination and Power in Guyana; A Study of the Police in a Third World Context, New Brunswick and London, Transaction books 1982, p. 3.
4 Cooper F. et Stoler A. L., « Tensions of Empire. Colonial Control and visions of Rule », American Ethnologist, 16 (4), 1989, p. 609, 610.
5 Koloniaal Verslag (KV) 1862.
6 Klinkers E., Op Hoop van vrijheid. Van slavensamenleving naar Creoolse gemeenschap in Suriname 1830-1880, Utrecht, Bronnen voor de studie van Afro-Suriname, deel 18, p. 42-47; Oostindie G., Roosenburg en Mon Bijou; Twee Surinaamse plantages, 1720-1870, Dordrecht, Foris publications, 1989, p. 176-188; van Stipriaan A., Surinaams contrast. Roofbouw en overleven in een Caraibische plantagekolonie 1750-1863, Leiden, KITLV Uitgeverij, 1993, p. 369-402.
7 Gouvernementsblad der Kolonie Suriname (GB) 1962, no 6.
8 GB 1863, no 7.
9 Nationaal Archief (désormais NA) : Koloniale Raad, 1.05.11.02 (no 6), 30 juin, 1er août, 15 août et 31 octobre.
10 NA : Ministerie van Koloniën (MvK), 2.10.02 (no 1264), Lettres du gouverneur Van Lansberge au ministre des Affaires Coloniales, Paramaribo 2 et 20 août 1862. Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, La Haye 17 novembre 1862 ; (no 1270), Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, La Haye 28 novembre 1872.
11 NA : MvK, 2.10.02 (no. 4052), Lettre du lieutenant-colonel Van Dijck au procureur général, 6 décembre 1886.
12 NA : Koloniale Raad, 1.05.11.02(no 6) ; MvK, 2.20.02 (no 1264), Lettre du gouverneur Van Lansberge au ministre des Affaires Coloniales, Paramaribo, 20 août 1862.
13 Nationaal Archief Suriname (désormais NAS), gouvernementssecretaris, 1.01.01 (no 945).
14 NA : MvK 2.10.02, no 1728. Lettre du procureur général Gefken au gouverneur du Suriname, 12 août 1865.
15 Hoogbergen W., « De bosnegers zijn gekomen! » Slavernij en rebellie in Suriname, Amsterdam, Prometheus 1992, p. 29.
16 Cooper F. & Stoler A. L., « Tensions of Empire: Colonial Control and visions of Rule », American Ethnologist, 16 (4), 1989, p. 610.
17 Johnson H., « Pattens of Policing in the post-emancipation British Caribbean, 1835-1895 », dans Anderson D. M. & Killingray D., Policing the Empire, Government, authority and Control, 1830-1940, Manchester and New Yord, Manchester University Press, 1991, p. 7, 71-87; Mars J. R., « Rough Justice. Political Policing in Guyana », Caribbean Journal of Criminology and Social Psychology, 2001, 6/1 & 2, p. 9-12.
18 Garner S., Ethnicity, Class, Gender. Guyana 1838-1985, Kingston/Miami, Ian Randle Publishers, 2008, p. 59.
19 Mars J., « Rough Justice. Political Policing in Guyana », Caribbean Journal of Criminology and Social Psychology, 2001, 6/1 & 2, p. 10-12.
20 GB 1873, no 10 & 44 ; GB 1878, no 26.
21 Smeets J., De Geschiedenis van de Nederlandse Politie. Verdeeldheid en eenheid in het rijkspolitieapparaat,. Amsterdam, Boom, 2007, p. 55.
22 NA : MvK, 2.10.02 (no 2624), Lettre du gouverneur Van Idsinga au ministre des Affaires coloniales, 29 juillet 1873. Lettre du procureur général Twiss au gouverneur, 22 juillet 1873. Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, 26 septembre 1873 (no 2584), Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, 10 mai 1873 (no 2587), Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, 24 mai 1873 ; GB 1873, no 10 & 44.
23 KV 1920.
24 GB 1868, no 14 ; Quintus Bosz A. J. A., Grepen uit de Surinaamse rechtshistorie, Paramaribo, Vaco, 1993, p. 74-84 ; Wijnholt M. R., Strafrecht in Suriname, Deventer, Kluwer, 1965, p. 40-42 et 99-101 ; Schimmelpenninck van der Oije P. J. C., Ontzag voor het hoogste gezag. Een onderzoek naar de vraag waarom de doodstraf in de kolonie Suriname werd gehandhaafd nadat zij in het moederland was afgeschaft [doctoraalscriptie Algemene Letteren Rijksuniversiteit Utrecht 1997].
25 Man A Hing W. L., De affaire Lijkwan. Een opzienbarende terechtstelling, Amstelveen, Orchid Press, 1983; Man A Hing W. L., Jeugdigen en doodstraf in Suriname. Twee arresten van het Gerechtshof in Suriname die in 1864 en 1975 ten uitvoer zijn gelegd, Amstelveen, Orchid Press, 1999. Schimmelpenninck van der Oije P. J. C., op. cit.
26 GB 1873, no 13.
27 NAS, gouvernementssecretaris, 1.01.01 (no 1332 & no 1539).
28 NAS : gouvernementssecretaris, 1.01.01 (no 9). NA, MvK, 2.10.02 (no 6892),
29 GB 1874, no 15, 7, 11, 18-21.
30 NAS: Districtscommissariaat Saramacca, 1897-1955,1.24.01 (no 183).
31 Hoefte R., In Place of Slavery. A Social History of British Indian and Javanese Laborers in Suriname, Gainesville, University Press of Florida, 1998, p. 189-194; Hira S., Van Priairy tot en met De Kom. The history of resistance in Suriname, 1630-1940, Rotterdam, Futile, 1983, p. 205-206.
32 Klinkers E., « Moravian Missions in Times of Emancipation », dans Gillespie M. et Beachy R., Pious Pursuits: German Moravians in the Atlantic World, New Yord, Berghahn Books, 2007. Oostindie G., Het paradijs overzee. De « Nederlandse » Caraïben en Nederland, Amsterdam, Bert Bakker, 1997, p. 50-53.
33 Hoefte R., « Slaan of treuzelen? », art. cit., p. 153-154.
34 Chevigny P., Edge of the Knife. Police Violence in the Americas, New York, The New York Press, 1995, p. 255.
35 NA, MvK, 2.10.01 (no 7023), gouvernementsjournaal, mars 1894 ; NAS, gouvernementssecretaris, 1.01.01 (no 88). Surinaamsche Almanak.
36 NAS, Gouvernementssecretaris, 1.01.01 (no 88).
37 Handelingen Koloniale Staten, 1870-1871, bijlage, Nota, behoorende bij de missive van den gouverneur dd. 2 juli 1870 ; 1870-1871, du 30 août au 2 septembre 1870.
38 KV 1871.
39 Handelingen Koloniale Staten, 1874, bijlagen [no 45-46], Verordening waarbij wordt geregeld de organisatie der gewapende politie in de kolonie Suriname, Memorie van Toelichting; Voorlopig verslag der commissie van rapporteurs; Memorie van beantwoording; GB 1879, no 1.
40 NA : MvK, 2.10.02 (no 4052), Lettre du gouverneur Schmidt au ministre des Affaires coloniales, 21 décembre 1886.
41 NA : MvK, 2.10.02 (no 4731). Lettre du gouverneur au ministre des Affaires Coloniales, 24 juin 1893 ; gouvernementsjournaal, 2.10.02 (no 7017).
42 NA : MvK, 2.10.02, inv. no 4731. Lettre du gouverneur au ministre des Affaires Coloniales, 24 juin 1893. Lettre du ministre des Affaires Coloniales au gouverneur du Suriname, 16 août 1893 (no 7017), gouvernementsjournaal September 1893.
43 Handelingen Koloniale Staten 1890-1891, bijlage, Verordening van den houdende wijziging van den 27 juni 1878 (GB no 14), waarbij wordt geregeld de organisatie der gewapende politie in de kolonie Suriname, memorie van toelichting en voorloopig verslag der commissie van rapporteurs.
44 Koloniale Staten, 1894-1895, bijlage, Verordening waarbij wordt geregeld de organisatie van de gewapende politie in de kolonie Suriname, memorie van toelichting, 8 mai 1894.
45 NA : MvK, 2.10.02 (no 7011), 18 mars 1893.
46 KV : 1863-1900.
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