1 Le développement qui suit reprend certains éléments de Kasprzyk [à paraître].
2 Cf. Taillardat, 1965, p. 53.
3 On sait que, de ce point de vue, Dion n’hésite pas à prendre des libertés avec le texte et avec sa signification initiale, cf. Kindstrand, 1973, p. 37.
4 Voir aussi 41 ; 48.
5 Voir Whitmarsh, 2001, p. 124-125.
6 Aelius Théon, Progymnasmata, p. 115, 11.
7 Voir la note ad loc. dans la traduction.
8 Voir Kasprzyk [à paraître].
9 Sur ce thème, voir Saïd, 2000 et Gangloff, 2006.
10 Gangloff, 2006, p. 193, parle à ce propos d’un « refus du principe sélectif de l’érudition ».
11 L’histoire de la jeune fille et du cheval constitue une légère exception, mais Dion la résume sommairement. Elle semble, par sa brièveté, sortie d’un recueil de mythologie antique. Dion connaissait probablement la version qu’en donne Eschine dans le Contre Timarque (182). Si son résumé est très bref, c’est peut-être aussi parce qu’il transforme l’histoire : chez Eschine, la jeune fille « séduite » (διεφθαρμένη) avant le mariage est « enfermée » (συγκαθειργμένη) par son père avec un cheval en punition (pour être piétinée ou dévorée, d’après Ghiron-Bistagne, 1985) ; chez Dion, elle est enfermée (συγκαθεῖρξε) avec le cheval, à la suite de quoi elle est séduite (διαφθαρῆναι), victime, donc, d’un amour coupable pour un animal au même titre que Pasiphaé citée juste avant.
12 Dans quelques cas, Dion renvoie directement à Homère : à propos d’Hermès (21), d’Ajax (80), de Thersite (99).
13 Cf. Gangloff, 2006, p. 276.
14 Cf. Gotteland, 2001, p. 48.
15 De la même façon, la séduction de la jeune fille (dans un mythe athénien par ailleurs inconnu) ou la prise de Troie illustrent le danger que représente le cheval.
16 Cf. Saïd, 2000 p. 169.
17 L’expression « en grattant le sol du bout des doigts » est une citation du vers 709 des Bacchantes, très légèrement transformé (le verbe est au participe chez Dion, à l’infinitif chez Euripide).
18 Le mot πλήν est à comparer au πλὴν ὅτι qui nuance la comparaison entre Ajax et les Alexandrins : « Voilà donc un exemple à la fois de vice et de déraison donné par le genre d’individu que l’on trouve chez vous, à ceci près que personne ici n’est capable de se battre, de se conduire en héros ni de s’emparer de cités comme le fit celui-là » (81). Le raisonnement est du même type.
19 Cf. Gangloff, 2006, p. 223.
20 On a encore dans le Second tarsique (XXXIV, 58) une allusion directe au mythe de Circé. Cf. Desideri, 1978, p. 251, n. 80 et Saïd, 2000, p. 170.
21 L’expression est utilisée également à propos de Diogène racontant, dans un mythe étiologique, les origines de la masturbation (VI, 20).
22 Cf. Saïd, 2000, p. 170 ; Gangloff, 2006, p. 244.
23 C’est le cas notamment dans l’exorde du Discours XXXVIII (1-3) ; voir aussi l’exorde du discours Aux Rhodiens (XXXI). Sur la fonction de conseiller que doit assumer le philosophe, voir le Discours XLIX, 3-4.
24 Mais la citation peut aussi servir, simultanément, à évoquer la relation entre Dion et l’empereur.
25 Si le discours date bien du règne de Vespasien, comme nous le pensons.
26 Eubule, Pentathlos, frg. 85 K.-A.
27 Voir R. L. Hunter, Eubulus, the fragments, Cambridge, 1963, p. 178.
28 Cf. Krause, 2003, p. 91-92.
29 Krause, 2003, p. 95, note ainsi que Dion semble ne faire aucune différence entre philosophes, rhéteurs et sophistes. Il paraît en tout cas difficile d’identifier des « cercles et clans », malgré Grandjean, 2005, p. 254-255.
30 Cf. Korenjak, 2000, p. 102-103.
31 Cf. supra, p. 121.
32 Le φωνασκός désigne le maître de chant et, par extension, celui qui entraîne à la déclamation. Quintilien écrit ainsi que les exercices des phonasci, qui font travailler la voix du chanteur, ont de nombreux points communs avec ceux qui sont indispensables à l’orateur (XI, 3, 19).
33 Sur les adjectifs ἔνσπονδος et χειροήθης, désignant les animaux paisibles, voir Krause, 2003, p. 92, selon qui Dion se présente a contrario comme « une sorte de dompteur » face à un auditoire « sauvage ».
34 La « salle » (οἶκος) que décrit Lucien réunit selon lui « les meilleurs », τοὺς βελτίστους (La salle, 3).
35 En grec Κατὰ τῶν φιλοσόφων et Πρὸς Μουσώνιον (d’après Synésios de Cyrène, Dion, 1-3). Comme l’indique von Arnim, 1898, p. 151, les deux prépositions n’ont sans doute pas le même sens : κατά introduit une véritable accusation (comme dans un contexte judiciaire), πρός suggérant « une forme atténuée de polémique » ; il faudrait donc peut-être traduire le second titre par À Musonius (voir sur ce point Moles, 1978, p. 85-87 ; E. Amato, « Dione Cristostomo, Or. LXXI [Sul filosofo] : prologo del perduto scritto Πρὸς Μουσώνιον ? », RPh, 82, 2008, p. 13).
36 Nous empruntons les deux expressions à Goulet-Cazé, 1990 (p. 2738), qui cite également (p. 2735) le texte de Lucilius.
37 Voir Dudley, 1937, p. 151 ; Desideri, 1990, p. 854-855.
38 Cf. Goulet-Cazé, 1990, p. 2734-2735.
39 Ibid., p. 2748.
40 Sur les liens entre poésie et éloquence épidictique, voir Pernot, 1993, II, p. 637-642. Il précise que « sur l’ensemble des sophistes, ceux qui ont composé des poèmes ne constituent […] qu’une petite minorité » (p. 639). Voir aussi E. L. Bowie, « Greek sophists and Greek poetry », ANRW, II, 33.1, 1989, p. 209-258.
41 Celui-ci doit par ailleurs lui aussi se défendre de l’accusation d’agir par souci de sa gloire (cf. 24). Sur la critique de la gloire et de l’ambition, voir Bost-Pouderon, 2006, II, p. 315-316.
42 D’après les Vies des Sophistes, certains orateurs inséraient dans leurs discours des morceaux chantés, par exemple dans leurs péroraisons, appelés ᾠδαί. Voir Bost-Pouderon, 2006, II, p. 174.
43 Dion entend se démarquer de ceux qu’il vient d’évoquer, mais comme le souligne von Arnim, 1898, p. 446-447, il se place aussi dans une situation intermédiaire (ou plutôt dans une position de synthèse) : il reprend à son compte l’exigence de culture philosophique de ceux qui restent enfermés dans les écoles et il entend, comme les Cyniques, exercer une influence sur la foule.
44 Voir supra, p. 134-136.
45 Cf. Krause, 2003, p. 94-95.
46 L’équivalence entre maladie et vice est explicite lorsque Dion écrit : « pour le vice, il existe deux types de traitement et de prévention, comme pour les autres maladies » (17).
47 Cf. Luchner, 2004, p. 145-146.
48 Voir le Discours LV, 13.
49 Dans l’exorde du Premier tarsique, Dion feint de se demander pourquoi les habitants l’ont invité à parler et demande : « est-ce que vous vous imaginez que vous entendrez un éloge… » (XXXIII, 1).
50 Cf. Vies des Sophistes, 535.
51 Cf. Pernot, 1993, p. 211-212.
52 Ménandros I, p. 360, 19 à propos des activités relevant de la connaissance (ἐπιστημή). Pour Ménandros, « on dit que les Mytiléniens sont très fiers de leur compétence en citharôdie », alors que les Alexandrins « encore aujourd’hui sont fiers de leur connaissance en grammaire, géométrie et philosophie ».
53 Plutarque aussi associe bavardage, refus d’écouter et stupidité (cf. Du bavardage, 1).
54 Sur ce passage, voir Trapp, 1995, p. 169-174.
55 Dion exploite ce thème également dans le Discours troyen (XI, 38), sur un mode beaucoup plus ironique.
56 Cf. Pernot, 1993, p. 193-194.
57 Voir par exemple dans le Discours XXXIII, 28 : « Ce n’est pas un fleuve, une plaine, un port qui font le bonheur d’une cité ; ce n’est pas non plus l’abondance de ses richesses ou de ses édifices […]. Mais la tempérance et la sagesse, voilà ce qui procure le salut. » Dans le Discours XXXIX, 2, Dion établit une opposition entre « la beauté du pays, l’abondance des récoltes, l’importance de la population » et « la sagesse, la vertu, une constitution respectueuse des lois, l’honneur pour les hommes de bien, le déshonneur pour les méchants » (voir aussi 5-7).
58 Dans sa « Notice » au discours d’Aristide En l’honneur de Rome (Éloges grecs de Rome, Paris, 1997), L. Pernot écrit que l’orateur « multiplie les assertions hyperboliques, utilisant sans cesse les mots “tout”, “seul”, “premier”, caractéristiques du style encomiastique, qui prêtent à l’objet loué une réussite complète et des mérites singuliers » (p. 40). En utilisant à plusieurs reprises l’expression « vous seuls » pour dénoncer la singularité des vices des Alexandrins (cf. 40 ; 56 ; 62 ; 86), Dion prend le contre-pied des panégyristes.
59 Cf. Gangloff, 2006, p. 259.
60 Voir les échanges de lettres entre Pline et Trajan à propos de Pruse (Pline le Jeune, Lettres, X, 23-24), Nicée et Claudiopolis (39-40).
61 Cf. Pernot, 1993, p. 209-210.
62 Cf. Gangloff, 2006, p. 223 et 287.
63 Seule exception, en 56 : les Alexandrins sont « les seuls Grecs à être [enivrés] par les oreilles et la voix », ce qui les rend pires que les Barbares.
64 « En effet vous passez votre temps à vous amuser au lieu de vous montrer attentifs, et vous ne perdez pour ainsi dire jamais une occasion de vous amuser, de satisfaire vos plaisirs et de rire. Vous êtes vous-mêmes drôles et plaisants, et vous avez aussi une foule de gens à votre service dans ce domaine. En revanche, je vois que vous manquez totalement de sérieux. »
65 Le mot désigne la prose par opposition à la poésie (cf. LSJ, s. v., II). Dion répète ensuite l’idée que son style est médiocre, mais pas son sujet, en disant : « En soi, mes paroles n’ont rien de grandiloquent (μεγάλα) ; mais elles portent sur des sujets on ne peut plus importants (μεγίστων) » (39).
66 Dans une autre perspective, Desideri, 1978, p. 346, n. 9, parle du « risque de la perte de crédibilité du langage ».
67 Dans le discours En l’honneur de Rome, Aristide parle des cités qui sont l’ornement de l’Empire et notamment de « la vénérable (σεμνή) et grande (μεγάλη) cité d’Alexandre en Égypte » (95).
68 Dion le dit lui-même plus loin, mais pas pour flatter les Alexandrins : plutôt pour insister sur le désordre qui règne dans la cité et le danger que la foule représente pour l’orateur.
69 Ce travail de définition, qui rappelle la pratique platonicienne, mais aussi stoïcienne (cf. Gangloff, 2006, p. 304, n. 153) se retrouve parfois à l’échelle de tout un discours, lorsque Dion réfléchit au sens qu’il faut donner au mot ἀναχώρησις, « retraite » (Discours XX).
70 De même, la folie et le désordre qui règnent à Alexandrie contredisent la définition de la cité comme « une foule d’être humains (πλῆθος ἀνθρώπων) qui habitent au même endroit, sous le gouvernement de la loi » (XXXVI, 20).
71 Sénèque emploie lui aussi l’image de la « cité capturée » pour désigner la vie humaine dans son ensemble (Sénèque, Des bienfaits, VII, 27).
72 C’est aussi pourquoi il associe les sophistes aux poètes, dont la parole mensongère a pour fonction de réjouir les auditeurs (cf. Gangloff, 2006, p. 77-79, à propos du Discours troyen).
73 Sur la notion d’utilité dans l’éthique stoïcienne, voir Bost-Pouderon, 2006, II, p. 335-336.
74 Voir aussi les notes ad loc.
75 Cf. aussi 51, à propos du peuple assimilé à des enfants qui ont besoin de pédagogues.
76 σωφρονίζων si l’on suit la correction de Reiske, pour σωφρονῶν, donnant une valeur active au logos de Dion, « qui rend sage » ses auditeurs.
77 Diogène, Socrate, ou Dion lui-même. Cf. Grandjean, 2005, p. 330.
78 Cf. Goulet-Cazé, 1990, p. 2809-2816.
79 Cf. Desideri, 1978, p. 460.
80 Cf. Visa-Ondarçuhu, 2008.
81 Sur la « pensée en images » de Dion, voir Quet, 1978, p. 70-73 ; Gangloff, 2006, p. 174-179.
82 Cf. Armisen-Marchetti, 1989, p. 177.
83 Cf. supra, p. 91-94.
84 Voir Philostrate, Vie d’Apollonios, V, 43. Sur l’image de l’athlète dans la philosophie de l’époque impériale, voir König, 2005, p. 133-139.
85 La χειρονομία (ou σκιαμαχία) est plusieurs fois évoquée comme méthode d’entraînement mais aussi comme exercice physique bon pour la santé : voir par exemple Oribase, Collectiones medicae, VI, 30-31.
86 Ainsi Lucien se moque par la bouche d’Anacharsis de ceux qui imitent les mouvements des coureurs sans pour autant bouger (Anacharsis, 4).
87 Cf. supra, p. 112-114.
88 Cf. Armisen-Marchetti, 1989, p. 91-92.
89 Voir les paragraphes 30, 35, 44, 60, 63, 79.
90 Voir aussi 12, 74, 89, 95, 96.
91 La question des dépenses somptuaires, notamment pour l’organisation des concours, est pourtant essentielle dans la vie politique locale à l’époque impériale.
92 Voir aussi 26, 27 et 28.
93 Cf. Bost-Pouderon, 2006, II, p. 231-232, qui parle aussi (p. 303) de « la comédie, jouée par le rhéteur dans un grand nombre d’exordes, du refus de l’éloquence ».
94 Ibid., p. 229-230.
95 Desideri, 1978, p. 158, parle à ce propos de « pure formalité rhétorique », présente dans un grand nombre de discours.
96 Dans le quatrième discours Sur la royauté (IV, 79-80), Diogène, porte-parole de Dion, se présente comme « un vrai spécialiste du discours » (δεινὸς λέγειν ἀνήρ), différent des sophistes dont le style est « noble et magnifique » ; mais pour faire plaisir à son interlocuteur, le roi Alexandre, et lui montrer « qu’il n’est pas incapable de redresser un discours », il va prononcer un discours construit et travaillé. De même, Dion veut à la fois marquer sa différence avec les autres orateurs et attester ses compétences oratoires. Sur la « parure rhétorique » dans ce discours, voir Drules 1996, p. 209.
97 Lettres, 9. L’idée est reprise en des termes légèrement différents par l’Apollonios de Philostrate, qui reproche à l’orateur de pratiquer une philosophie « trop rhétorique et plutôt soucieuse de plaire » (Vie d’Apollonios, V, 40). Cf. Drules, 1996, p. 209 : « la séduction a bien tendance à prendre le pas sur la prédication ».
98 Voir aussi le passage, déjà cité, où Dion décrit les gesticulations des Alexandrins à l’aide d’une série de verbes, cette fois coordonnés (81).
99 De même que le peuple d’Alexandrie est à considérer soit comme un bon peuple, soit comme un peuple tyrannique.
100 Cf. Vies des Sophistes, 484 et 492 pour la définition de cette catégorie.
101 Cf. κραυγῇ μόνον καὶ ἀνοίᾳ διὰ δυστυχῆ φθόγγον καὶ κακὴν ἔγκλισιν καὶ τὰς ἐκμελεῖς καμπὰς καὶ λήρους καὶ κυνισμοὺς (49).