La mutation des milieux socialistes dans l’Ouest breton (1967-1973) : réseaux, trajectoires, identités
p. 219-231
Texte intégral
1Cette contribution s’appuie sur les dossiers des archives départementales ainsi que les archives fédérales du PS, rarement classées mais extrêmement riches. Les fonds denses et inexploités déposés à l’Office universitaire de recherche sur le socialisme (OURS), à la Fondation Jean Jaurès et au Centre d’archives socialistes (FJJ-CAS), à l’Institut François Mitterrand (IFM), au Centre d’histoire de Sciences Po Paris et au Centre d’histoire du travail (CHT) de Nantes offrent des éclairages neufs. La démarche prosopographique1, mise en série des trajectoires individuelles en vue d’un portrait collectif, repose sur l’exploitation de la presse militante et de fonds privés, des entretiens avec des élus dont les engagements sont façonnés par les années 1968, la rédaction de notices du Maitron2.
2Entamée dans les années 1960 et achevée dans les années 1980, la transformation des réseaux socialistes s’accélère durant la séquence politique 1967-1973, véritables « années tournant » de l’histoire du socialisme dans l’Ouest. Ce moment de reconfiguration en profondeur du socle militant se traduit par la relance d’une force politique dominante à gauche portée par l’émergence d’une nouvelle génération militante, le renouvellement de l’encadrement partisan. Désert militant au début de la Ve République à l’échelle nationale3, la Bretagne s’apparente à une terre de mission pour les socialistes, cantonnés à une implantation initiale limitée aux bastions urbains et littoraux depuis le début du siècle. Certes, les matrices ouvrières et laïques de recrutement militant s’élargissent après 1945 avec la captation durable du terreau radical, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) tissant un réseau minoritaire d’élus locaux qui maille la Bretagne4. Un demi-siècle plus tard, le processus de conversion de la région à gauche, amplifié après 1977 et 1981, en contraste avec la crise multiforme de la SFIO dans les années 1960, forme au contraire un réduit électoral favorable au PS à contre-courant des équilibres géopolitiques nationaux5. La révolution des réseaux socialistes, jalonnée de victoires symboliques (élections cantonales de 1976, municipales de 1977, législatives de 1981) trouve sa source dans le temps des frémissements électoraux (1967-1973) qui fixe les équilibres internes. Il existe un lien étroit entre l’intensité du choc des transformations des structures sociales et les mutations de la gauche non communiste, qui s’affirme progressivement jusqu’au basculement géopolitique de l’exécutif régional en 2004. Les origines des nouveaux milieux socialistes renvoient au cycle d’Épinay, en décalage par rapport aux tendances nationales6 mises en lumière par des travaux récents7.
Les refondations de la gauche non communiste : le temps de la relance électorale
3Les mutations socialistes entre 1967 et 1973, séquence électorale fournie, s’expriment par le rééquilibrage des rapports de force électoraux induisant une reconfiguration des relations complexes avec le parti communiste français (PCF)8. La refonte du tissu partisan lors de la seconde unité socialiste reste partielle en Bretagne en raison de la dualité socialiste qui perdure avec l’enracinement du parti socialiste unifié (PSU)9.
4En mars 1967, la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) dispose de trois députés. À Saint-Nazaire, la relève générationnelle est assurée par Georges Carpentier, qui conserve le siège occupé presque sans discontinuer depuis 1928 par François Blancho et Jean Guitton. À Nantes, Christian Chauvel, 42 ans, est un militant entré en responsabilité à la fin des années 1950, conseiller général depuis 1964, ancré dans le milieu Force ouvrière (FO). À Lorient, Yves Allainmat bat Pierre Messmer dans le cadre d’un accord national des directions socialiste et communiste, négociant le retrait du maire de Lanester, Jean-Marie Maurice, en tête au premier tour. La sensibilité socialiste, multiforme, a aussi deux autres élus PSU : Yves Le Foll à Saint-Brieuc, Roger Prat à Morlaix. En juin 1968, seul G. Carpentier (44 ans) sauve son siège. Fils d’un maire SFIO de l’Hérault à la Libération, il prend des responsabilités partisanes dans les années 1950. Franc-maçon et syndicaliste enseignant, il profite d’une séparation des tâches avec Étienne Caux, maire de Saint-Nazaire (1968-1983). Le scrutin de mars 1973 incarne une véritable rupture. Si G. Carpentier, C. Chauvel, Y. Allainmat et Y. Le Foll, qui rejoint le PS en octobre 1974, retrouvent leur siège, le profond renouvellement des figures du PS attire l’attention de François Mitterrand, d’autant plus que Charles Josselin bat son ancien rival à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR)10. Lui aussi ancien responsable de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), issu de la Convention des institutions républicaines (CIR), Louis Le Pensec capte l’électorat modéré laïque en Cornouaille et profite de l’adhésion des filières chrétiennes de gauche.
5Au niveau du nombre de conseillers généraux, l’articulation des échelles locales et de la chronologie resserrée dévoile des démarrages socialistes différenciés : 1964 dans les Côtes-du-Nord (prépondérance du PSU), 1967 et 1973 pour le Finistère11, 1973 en Ille-et-Vilaine12 et en Loire-Atlantique (poids des cantons urbains, un démarrage par les villes). La configuration du Morbihan, atypique, montre l’absence d’une croissance du nombre d’élus, phénomène qui se reproduit lors des moments de poussée socialiste (1976-1982, 1998-2004).

Les conseillers généraux socialistes.
6La primauté socialiste à gauche procède en 1973 d’un effet mécanique de récupération, en raison de la structuration de l’organisation politique (recul qualitatif de la part du vote communiste dans l’ensemble de la gauche), attisant la captation des transferts et dynamiques qui s’opèrent à gauche.

Nombre de candidats présentés/en tête de la gauche.

Le déclin de la part des communistes dans les scores de la gauche.

Évolution des voix à gauche (1967-1981) : un effet ciseaux.
7Rapportées au parti, les cinq fédérations bretonnes, assimilées à des périphéries, rassemblent une minorité de militants. Les effets de seuil sont éclairants dans le développement du milieu partisan : moins de 500 adhérents en 1907, 5 000 au maximum dans les années 1920, 10 000 après la vague du Front populaire, moins de 25 000 à la Libération. La longue décennie 1958-1973 de rétraction des réseaux socialistes fait fondre le capital partisan, abaissé de 5 000 militants en 1958 à 2 000 jusqu’aux années 1968. L’afflux substantiel de nouveaux adhérents lors du redémarrage du PS ne remet pas en cause cette faiblesse structurelle (autour de 3 000 militants recensés en 197313) : la proportion de militants bretons se situe de façon constante entre 3 et 7 % du volume national des adhérents. Mais ce qui frappe surtout au début des années 1970, c’est le profil radicalement différent au regard des ancrages passés de la SFIO14. Dans cette reconstruction, le contrôle du milieu partisan précède l’ouverture du socle militant.

Les adhérents SFIO-PS (1958-1977).
La seconde unité socialiste
8Dépourvu de représentation parlementaire, le milieu socialiste connaît une restructuration radicale de ses organisations, mettant en avant une nouvelle génération, renforcée par le retentissement national des victoires de mars 1973. Le PS s’avère une agrégation de réseaux militants, parmi lesquels la composante SFIO-FGDS, les micro-réseaux des clubs affiliés à la CIR15, voire à l’extérieur le PSU dont la majorité des militants intègre le PS au terme des Assises du socialisme16. Cette courte et décisive période de transition, seconde unité socialiste après l’unification du début du siècle, doit être analysée à la lumière de nouvelles archives17. Des premières tentatives (1965-1966) aux structures FGDS (1967-1969), la nouvelle organisation du parti verrouille les postes stratégiques dès 1972-1973.
9Dans les Côtes-du-Nord, l’éclatement des noyaux socialistes contraste avec le succès électoral de 1973 : la victoire électorale précède la mise en ordre du parti. Les structures FGDS élaborées en novembre décembre 1966, dans un contexte de domination singulière du PSU sur les milieux socialistes, montrent la mise à distance des anciens SFIO18, les discontinuités dans les délégués de la CIR19, le poids de l’Union des groupes et clubs socialistes (UGCS) autour de Claude Saunier20, ainsi que l’intégration difficile des notables radicaux ou UDSR21. Dans le Finistère, des transferts précoces s’opèrent de la SFIO vers la CIR, réseau efficient dès 1966 : les responsabilités passent de Hervé Mao22 à Francis Le Blé, positionné sur le réseau JOC-CFDT de l’Arsenal de Brest, avant un élargissement de la FGDS à la fin de l’année 196723. En Ille-et-Vilaine24, la structure est sur pied dès juin 1966, à parts égales entre SFIO, clubs et radicaux. L’ouverture aux milieux laïques divers gauche, par le biais des relations nouées avec les élus25, vise à contrebalancer l’influence du PCF sur la gauche. En Loire-Atlantique, les réseaux SFIO sont démultipliés par l’investissement dans les clubs26 tandis que des liens durables sont recherchés avec les cadres radicaux/UDSR27. Dans le Morbihan, la précocité du système FGDS, dès avril 1966 dans le sillage des relations nouées avec le Club des Jacobins au travers des échanges avec Roger Le Roux et Charles Hernu28 ne remet pas en cause la centralité des filières SFIO dans la nouvelle architecture échafaudée en mai-juin 196629.
10Le congrès d’Alfortville en mai 1969 marque une autre étape dans le cycle de la rénovation socialiste, quelque peu lissée par le mythe d’Épinay30. La formation du nouveau parti est décisive pour comprendre les recompositions ultérieures. Les résultats des présidentielles de juin 1969 masquent les évolutions en cours dans les gauches (PCF, PSU, FGDS). La correspondance Cazelle31 révèle la continuité des relais SFIO dans les noyaux nantais et nazairiens. En décembre 1969, Maurice Jégou (Cercle Jean Jaurès)32 remplace André Routier-Preuvost. Forte de 24 sections, 625 adhérents, 111 conseillers municipaux, 6 maires, 3 conseillers généraux et 1 député, la fédération de Loire-Atlantique maintient ses liens avec les relais syndicaux FO et SNI, à l’image de la composition du bureau fédéral33 ou les élus de la municipalité André Morice. Dans les Côtes-du-Nord, la liste complète des adhérents montre un parti circonscrit à Guingamp et Saint-Brieuc34 : des tensions pour le contrôle de l’appareil partisan éclatent au grand jour en mai 1969 lors de la constitution du nouveau parti avec des heurts inter-personnels (Alexandre Thomas, Claude Saunier)35. En Ille-et-Vilaine, le rôle de Charles Lecomte témoigne du lent rapprochement en 1967-1968 avec Michel Phlipponneau du Club Bretagne et socialisme36, qui dispose d’une influence dans les milieux régionalistes et universitaires. En avril 1969, le nouveau PS, composé de seulement quatre sections, résulte de la réactivation d’anciens liens partisans37, même si Edmond Hervé devient responsable des jeunes socialistes en avril 1968, structure sans influence au regard des Étudiants socialistes unifiés (ESU)38. Dans le Finistère, les statuts du NPS sont déposés le 7 décembre 1969. En avril 1970, la direction associe Francis Le Blé, Hervé Mao (responsable des élus), Joseph Gourmelon39 et des anciens cadres de la SFIO40. À Quimper, la majorité socialiste tourne le dos aux nouveaux militants, en quête d’union sur d’autres bases à gauche, le PS s’élaborant alors contre la SFIO41. Tentant de favoriser l’émergence de nouveaux responsables, en dépit de la variable de l’âge, F. Le Blé relève 220 adhérents en janvier 1972 pour un seul maire et conseiller général encarté42. Dans le Morbihan43, les démarches engagées par Y. Guélard sont originales dès août 196744. Si les cercles dirigeants de la CIR sont intégrés pleinement dès janvier 1970, l’ancienne SFIO reste prédominante45 (dépôt des statuts du PS fin 197146).
11Ainsi, le choix de l’unité sans l’unification des réseaux fait naître une nouvelle direction (1969-1971), vivier et réservoir des nouveaux élus du PS (après 1973), portés par des dynamiques exogènes de l’ouverture du milieu partisan (1973-1977). La stabilisation du milieu partisan est visible avec la fin du turn over dans les structures fédérales47.
Renouvellement des réseaux militants, mutation(s) des identités socialistes
12La période 1967-1973 ouvre un nouveau cycle de l’implantation socialiste, à resituer dans le temps long (1968-1981, 1958-2004) : les milieux socialistes, en mouvement, se ressourcent au niveau des militants, des stratégies, des organisations. La mutation de l’identité militante, en termes d’idées comme de ligne politique, se cristallise dans l’inversion du rapport à la religion, révélée par l’intégration des filières chrétiennes qui décrochent du bloc conservateur au travers des matrices JAC-JOC-JEC. Les convergences dans les trajectoires individuelles et collectives, chronologie et tournants partagés, montrent par exemple une distanciation du rapport à la religion au gré des engagements. Ces années 196848 impulsent l’ouverture du vote socialiste, y compris, et c’est essentiel, aux femmes49. La candidature de Charles Josselin, suite à un courrier de R. Régnault au national, est significative des crispations générées par l’irruption de nouveaux militants50. C’est aussi le signe du vide partisan également souligné par les sources internes du PCF, dont les responsables, frappés par le manque d’interlocuteurs du nouveau PS, ne croient pas dans la percée socialiste en 1973.
13Entre le bloc chrétien conservateur rural et l’ancrage à gauche de plus en plus accentué à chaque élection depuis 1981, les profondes mutations du système partisan breton procèdent d’une multiplicité d’évolutions sociales. Depuis les années 1960, le visage de la Bretagne a totalement changé. L’inversion du rapport à la religion, révolution culturelle complexe, prend la forme d’un délitement partiel du système social englobant antérieur51. La transformation des structures sociales produit l’émergence de nouvelles couches de population, classes moyennes salariées et main-d’œuvre féminine non qualifiée, qui bouleverse les schémas socio-économiques établis. L’explosion territoriale relative ouverture sur le monde lisse l’hétérogénéité des espaces locaux. Autant de paramètres favorables à la sociologie militante et électorale du PS. La situation hégémonique qui découle du déclin concomitant du PCF recentre politiquement le PS, d’autant que la digestion – partielle52 – de l’électorat démocrate chrétien survient après l’absorption du vote républicain laïque sous la IVe République. Somme d’héritages des cycles d’implantation socialiste, les engagements des générations militantes font apparaître trois périodes d’entrée progressive dans le milieu socialiste à l’échelle du siècle : 1871-1914, 1936-1944, 1968-1981. Synthèse originale entre trois sources politiques (Révolution, République, Religion), le syncrétisme socialiste agglomère les principes issus de l’humanisme laïque teinté de pratiques contestataires radicales (1917, 1936), le modèle social en phase avec la culture républicaine et démocrate (1936, 1944), et les racines idéologiques du christianisme social (1968, 1977).
14La clé générationnelle fait apparaître indéniablement des réseaux imprégnés par les mouvements sociaux des années 1968, même si l’ombre portée des engagements liés à la guerre d’Algérie est essentielle53. Plus que des responsables socialistes en luttes (attitudes de Yves Le Foll durant le conflit du Joint Français54 ou de Jean-Yves Le Drian à la JEC55 et F. Le Blé à la CFDT en mai juin 196856), il s’agit surtout d’une politisation décisive dans les itinéraires personnels. Lors des pics de conflictualité sociale proprement dite, les socialistes ne sont pas sur le devant de la scène57, mais la reconfiguration des rapports parti/mouvement social dans les années 1960 et 1970 fait naître de nouvelles relations avec les filières syndicales (CFDT, FO, CGT, FEN-SNI58, FDSEA-CDJA59) : les relais socialistes sont investis de mandats politiques à partir du milieu des années 1970.
15La mise à jour des idées socialistes, au double sens de l’expression, se confronte à la modernité (ce qui est récent et résiste à l’épreuve du futur), à la capacité d’innovation sur des fronts pionniers (imaginer des hypothèses, dépasser les interdits culturels, oser des propositions)60. Le Bureau régional d’études et d’informations socialistes (BREIS)61 ressuscite l’idée d’un socialisme régionalisé sur le mode de la Fédération socialiste de Bretagne (1900-1907), cassure dans le rapport traditionnel des socialistes à cette échelle du territoire face au cadre départemental des fédérations, mettant fin à la méfiance face au régionalisme dans la culture républicaine des réseaux SFIO. Cette expérience du BREIS fédère les choix décentralisateurs de générations aux origines différentes qui se retrouvent dans le PS des années 197062. Les anciens membres des clubs (Bretagne et socialisme de Michel Phlipponneau, les Bonnets rouges de Charles Josselin et Louis Le Pensec) inventent une plate-forme d’élus socialistes bretons, directement inspirée des expériences des unions régionales (CFDT, PSU, PCF) en phase avec la montée des aspirations régionalistes (milieux culturels bretonnants, luttes écologistes en germe) popularisées par le slogan « Vivre et travailler au pays ». Point de rencontre entre socialisme et régionalisme, la génération Mitterrand (cycle breton d’Épinay plutôt que mai 1968) accompagne ses idées au pouvoir. Les échos de la culture PSU, la maturation de concepts nouveaux se retrouvent dans la trajectoire de Louis Le Pensec. Reprenant à son compte les thématiques du colloque de Saint-Brieuc, « Décoloniser la province » (26-27 novembre 1966), son capital militant est acquis par le travail intellectuel d’un champ large, qui s’impose comme référence. Immergé dans les sociabilités étudiantes rennaises, devenu porte-parole du BREIS avec Pierre Bernard63, il est en charge des questions régionales au PS en 197364, signe d’une mise en avant du jeune économiste, député-maire de Mellac dans un Ouest qui incarne les réserves électorales du PS. Jouant de l’image de sa promotion sociale et intellectuelle au vu de ses origines modestes, Louis Le Pensec monopolise les tribunes et mobilise autour de cette identité politique, débat porté dans le même temps par d’autres cultures politiques65.
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16La reconfiguration des réseaux PS dans le moment 68 procède de la normalisation du vote de l’Ouest, aligné sur les dynamiques nationales, transfigurant la lutte des classes en terre de mission en une lutte des places dans une zone de force. Dans un processus de conversion à gauche de la Bretagne, qui se vérifie par les ancrages des convictions et le réflexe du vote socialiste, la digestion des votes républicains (assimilés) puis démocrates-chrétiens (partiellement intégrés), voire la captation partielle des héritages communistes se fait par sédimentation, glissements et reclassements successifs d’un continuum électoral, sans remettre en cause la transmission des bastions originels. Ces transferts identitaires, induisant une superposition d’espaces et de cultures socialistes, sans véritable entrecroisement, interroge l’existence d’un creuset socialiste breton qui s’abreuve à des sources diversifiées. La force des contacts avec les espaces militants de la démocratie chrétienne bretonne après 1968 provoque le passage à une démocratie sociale bretonne, plus qu’une social-démocratie à part entière, qui n’abandonne pas les thèmes progressistes centraux66. L’épuisement de la marque de fabrique du modèle socialiste en Bretagne se heurte, dans les années 2000, aux enjeux du renouvellement des réseaux militants, en proie comme dans le reste de la France à un assèchement du recrutement, à une déconnexion avec les filières investies dans le mouvement social au sens large. Cette fossilisation du laboratoire socialiste breton67 montre en creux le rôle décisif de la fenêtre de renouvellement militant (1967-1973), caractérisée par la singularité de ses réseaux militants.
Notes de bas de page
1 François Prigent, « Des fiches aux fichiers. Les réseaux socialistes dans l’Ouest des années 1930 aux années 1980 : archives, trajectoires, prosopographie », La question du biographique, journée d’études CERHIO, Le Mans, 12 avril 2008.
2 Claude Pennetier (dir.), Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, 1940-1968, Paris, Éditions de l’Atelier, 2006-2012, 12 vol.
3 Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis et la République. La recomposition du système partisan (1956-1967), Rennes, PUR, 2007, 325 p..
4 Christian Bougeard (dir.), Un siècle de socialismes en Bretagne. De la SFIO au PS (1905-2005), Rennes, PUR, 2008, 323 p.
5 François Prigent, « En haut à gauche ? L’implantation socialiste en Bretagne (1958-2008) au prisme de la reconfiguration des réseaux socialistes », dans Thierry Barboni et Ludivine Vanthour-nout (dir.), Les élections locales sous la Ve République, Paris, L’Harmattan, 2011 (à paraître).
6 Les césures (1969, 1971, 1973) sont différentes à l’échelle nationale et régionale.
7 Alain Bergounioux et Gérard Grunberg, L’ambition et le remords. Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005), Paris, Fayard, 2005, 610 p. Laurent Jalabert, La restructuration de la gauche socialiste en France des lendemains de mai 1968 au congrès de Pau du PS de janvier 1975, HDR, IEP de Paris, 2008, 811 p. Thierry Barboni, Les changements d’une organisation. Le PS entre configuration partisane et cartellisation (1971-2007), thèse, Université de Paris I, 2008, 684 p. Pierre Simon, Le PS (1971-1981), thèse en cours, Université de Bordeaux. Fabien Conord, Les rets de la modernité. La gauche non communiste dans les campagnes françaises, de la Libération aux années 1970, thèse, université de Clermont-Ferrand, 2007. Pascale Goetschel et Gilles Morin, « Le PS, nouvelles approches », Vingtième Siècle, no 96, 2007. Laurent Jalabert, « Le socialisme français des années 1965-1980. 40 années de recherches : militantisme, pluridisciplinarité et histoire (1969-2009) », Recherche socialiste no 48-49, 2009, p. 95-122.
8 François Prigent, « L’expérience de l’union de la gauche en Bretagne (1967-1978) », in L’union sans l’unité. Le programme commun de la gauche (1963-1978), colloque FJJ-OURS (19-20 mai 2010), à paraître.
9 Tudi Kernalegenn, François Prigent, Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 1950-années 1980), Rennes, PUR, 2009, 373 p.
10 Christian Bougeard, René Pleven, un Français libre en politique, Rennes, PUR, 1994, 473 p.
11 Une nouvelle physionomie du PS, symbolisée par Marie-Jacqueline Desouches (1929-2000), conseillère générale de Brest (1973-1992) et députée européenne (1981-1984), se substitue à la génération SFIO qui s’efface, dont Charles Linement (1905-1986), maire (1948-1971) et conseiller général de Concarneau (1967-1973).
12 Itinéraires caractéristiques de Georges Cano (1973-1994) et Jean-Louis Tourenne, né en 1944, président du conseil général d’Ille-et-Vilaine depuis 2004.
13 Apport des échanges du secrétariat avec les fédérations (1969-1972). Arch. de la FJJ, fonds Pierre Mauroy.
14 Des électeurs aux militants, des responsables aux dirigeants, les socialistes présentent des profils différenciés de la base au sommet.
15 Laurent Jalabert, « La Convention des institutions républicaines (1964-1971) », Vingtième Siècle, no 104, 2009, p. 123-139. Gilles Morin, « La CIR, un levain présidentialiste de gauche », dans Bruno Benoit, Christian Chevandier, Gilles Morin, Gilles Richard et Gilles Vergnon (dir.), À chacun son Mai ? Le tour des France de mai-juin 1968, Rennes, PUR, 2011, p. 297-317.
16 Déplacement du centre de gravité du socle militant, qui intègre les filières Confédération française démocratique du travail (CFDT), Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), Jeunesse agricole chrétienne (JAC).
17 Les fichiers d’adhérents de la FGDS permettent de saisir le degré de continuité avec la SFIO. Arch. de l’OURS, 2 APO 6, 12-13. Arch. de la FJJ, de l’IFM, dossiers départements bretons.
18 André Laithier (1904-1999) est secrétaire de la FEN et de FO jusqu’en 1967.
19 Conseiller général de Dinan-Ouest (1973-1985), René Régnault, enseignant né en 1936, est sénateur (1980-1998). Parcours sinueux du Dr Guy Caro, né en 1937, conseiller général PSU de Plouguenast en 1970, des cercles dirigeants de la CIR (juillet 1966) aux milieux régionalistes d’extrême gauche (novembre 1973).
20 Maire de Saint-Brieuc (1983-2001), Claude Saunier, enseignant, né en 1943, est sénateur (1989-2008).
21 Président de la FGDS, Lionel Rouvrais est conseiller général de Merdrignac (1964-1970).
22 Maire de Châteaulin (1944-1971), Hervé Mao (1913-1987) est député SFIO (1956-1958).
23 En mars 1968, la direction est composée de 9 SFIO (dont Robert Gravot, Hafid Abdelazziz, Pierre Postollec, Louis Huitric), 5 CIR (dont Pierre Le Boëdec, Armand Kéravel, Jules Destables, Georges Jaouen) et 5 radicaux.
24 Michel Phlipponneau et Charles Lecomte s’entourent de responsables FO (Jules Collinot, Pierre-Jean Lambert, Noël Éliot) et CIR (Julien Guelfi, J.-P. Planckaërt, André Vazel, un proche de F. Mitterrand), ou encore Serge Villeret (double appartenance CIR-PSU puis PCF). L’emprise de la SFIO est forte dès janvier 1967 (Marcel Biétry, Francis Fortin, Marie-Ange Réhel). Aux législatives de mars 1967, les socialistes s’associent aux radicaux (Dr Porée, ancien conseiller général et responsable de la FOL).
25 Phénomène plus accentué à l’échelle des maires après 1973.
26 Maire (1977-1983) et député (1978-1988) de Nantes, Alain Chenard, né en 1937, anime le Centre d’étude et de promotion (CEDEP).
27 Avec 18 SFIO autour d’A. Routier-Preuvost (Philippe Dehan, Alexandre Plancher, etc.), 12 clubs, 12 radicaux et proches (Guy Jeanneau, UDSR). Arch. de l’OURS, 1 APO 64 et Fédération Léo Lagrange.
28 Originaire de Quimper, comme le père de F. Mitterrand, dont le beau-père est aussi identifié parmi les militants socialistes à Dinan dans les années 1920.
29 Responsable SNI, Yves Guélard (1920-2003) est élu à Lorient, comme Léon Audran (1898-1979), cheville ouvrière des filières FO.
30 Denis Lefèbvre, 1969 et la rénovation socialiste, Paris, L’Encyclopédie du socialisme, 2009, 124 p. Pierre Serne, Le parti socialiste (1965-1971), Paris, L’Encyclopédie du socialisme, 2003, 127 p. Jacques Moreau, « Le congrès d’Épinay-sur-Seine du PS », Vingtième Siècle, no 65, 2000, p. 81-96.
31 Arch. de l’OURS, 30 APO 13.
32 Né en 1930, Maurice Jégou, adjoint (1965-1977), rejoint les dissidents du PSD en 1975 après la fracture du milieu socialiste nantais, suite à l’entrée des chrétiens de gauche. À Saint-Nazaire, une vague de démissions d’anciens élus SFIO est repérée en 1978 lors de la victoire interne de Claude Évin, venu du PSU.
33 Fils d’un dirigeant fédéral, Yannick Simbron (1938-2008), leader FEN-SNI (1968-1973), puis secrétaire général de la FEN (1987-1991).
34 Châtelaudren (5), Dinan (7), Étables (10), Guingamp (13), Gurunhuel (5), Lamballe (7), Moustéru (29), Ploubalay (5), Plouha (5), Ploumagoar (8) Saint-Brieuc (30).
35 En octobre 1969, seuls 25 CIR sont recensés sur 131 adhérents (115 SFIO, 11 UGCS, 5 adhésions individuelles). Outre le poids évident de la génération Front populaire (Yves Lavoquer, Marie Rallon), des têtes de réseaux sont identifiées (Romain Boquen fils, Jules Gourio).
36 Universitaire, Michel Phlipponneau (1921-2008), secrétaire (1952-1963) puis président du CELIB (1963-1972), un des animateurs des comités Horizon 80 puis de la CIR en Bretagne, est conseiller général (1973-1985) et premier adjoint au maire de Rennes en 1977. Le journal Le Fédéré est une source pour reconstituer le micro-réseau CIR dans l’Ouest (François Richou dans le Maine-et-Loire, avant d’être conseiller général de Rennes depuis 1982).
37 Arch. de l’OURS. Lettre de Victor Droinneau.
38 Maire (1977-2008), parlementaire (1981-1993, 1997-2002, 2008), E. Hervé (né en 1942) adhère à la SFIO en 1966 (même profil chez Pierre Maille, né en 1947, président du conseil général du Finistère depuis 1998).
39 Conseiller général de Brest (1973-2008), Joseph Gourmelon, né en 1938, est député (1981-1993).
40 L. Huitric (1920-2003), conseiller général de Rosporden (1967-1979), R. Gravot (1912), conseiller général de Brest (1958-1964), P. Le Boëdec (1922-1987), conseiller général de Bannalec (1961-1985).
41 Gilles Vergnon, « De la SFIO au nouveau PS, quelques cas rhônalpins (Drôme, Loire, Rhône) », dans Christian Bougeard (dir.), op. cit., p. 167-178.
42 Né en 1918, François Manach est conseiller général de Sizun (1946-1981).
43 Avec 11 sections et 290 adhérents, la fédération dispose encore en 1969 de ressources politiques (un secrétaire administratif), Le Rappel du Morbihan servant de lien partisan : 12 mairies, 66 conseillers municipaux, trois conseillers généraux. Les réseaux de relations des socialistes sont influents : coopération, FO, milieux laïques (Fédération des œuvres laïques, Fédération Léo Lagrange).
44 Conseiller municipal de Brest et conseiller régional en 1977, Armand Kéravel (1910-1999), un des animateurs de Ar Falz. Arch. du CRBC, fonds A. Kéravel. Lieu et cadre de rencontres et de relations, les colloques régionaux, notamment à Lorient, regroupent l’ensemble des réseaux de gauche.
45 Délégué lors du congrès d’Épinay (juin 1971) avec Y. Guélard, Jean Lagarde et P. Bernard, Louis Le Bail modifie la répartition des mandats de la fédération du Morbihan (motion Savary 120, motion Mitterrand 119), convaincu par le futur président de la République lors d’une pause dans les débats, aux toilettes ! Vice-président de la CFTC (1962-1964), ce comptable, Jeune République puis CIR, est colistier de Jean Le Coutaller lors de la défaite municipale de 1959. Arch. de l’OURS, AGM 9, Lettre à Guy Mollet du 7 mars 1972.
46 Arch. de l’OURS, fonds Fuzier A3 119 MM.
47 Dans le Finistère, H. Mao (1959-1969) passe la main à F. Le Blé (1969-1975), signe de la translation des relais socialistes de FO vers la CFDT. Dans le Morbihan, Y. Guélard (1960-1975) conserve la direction avant Daniel Dommanget (1975-1979). En Ille-et-Vilaine, Ch. Lecomte (1966-1969) est remplacé par J-P. Planckaërt (1969-1971), Jean-Pierre Michel (1971-1973) et E. Hervé (1973-1977). En Loire-Atlantique, A. Routier-Preuvost (1955-1969) est relayé par M. Jégou (1969-1973), puis Jean-Claude Routier (1973-1977). La situation la plus instable concerne les Côtes-du-Nord, A. Laithier (1966-1968) se retire au profit de Roger Le Hô, Pierre Mévellec puis C. Saunier jusqu’en 1973.
48 Parmi les parlementaires socialistes bretons, le moment 1967-1973 est le point de départ des itinéraires de Marylise Lebranchu (PSU-PCMLF), Jean-Marc Ayrault (MRJC), Jacques Floch (CIR), Jean Peuziat (JOC), Jean-Michel Boucheron (PS), voire Marie Jacq et Pierre Jagoret (SFIO-PSU).
49 François Prigent, « Un réseau d’un autre genre. Les femmes socialistes dans le Morbihan (1907-2007) », Atala, no 11, 2008, p. 331-344.
50 « Socialiste depuis 1936 et ami de Thomas et Lavoquer, je veux exprimer ma méfiance envers le nouveau visage du parti, ce socialisme chrétien qui cherche le succès par des acrobaties manouvrières. À la recherche d’un candidat, nous avons rencontré Josselin, membre de la direction CIR mais dont il a démissionné fin 1968. Depuis il n’a jamais eu de rapport avec le socialisme même après la réunification. Ce qui inquiète, c’est que c’est un pratiquant, d’une famille ayant fourni de nombreux prêtres, militant CFDT, passé par le petit séminaire et le collège catho, milieu avec lequel il a gardé de nombreuses relations. Nous l’avions vu en 1968 à Dinan pour tâter le terrain. Il a adhéré il y a 2 mois à la section de Dinan. Il a déjeuné avec Sabouret, mais a refusé apparemment toute solidarité chrétienne. Son enfant est à l’école publique, mais nous avons des doutes sur ses convictions laïques. Il sera sans nul doute accepté par les sections locales, si nous n’avons aucun autre candidat à opposer. C’est le but de cette lettre justement. » Arch. de l’OURS, AGM 134, lettre de Louis Petiot à Guy Mollet, 13 septembre 1972.
51 Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne, Paris, Fayard, 1996, 314 p. David Bensoussan, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2006, 658 p. Cf. supra la grille d’analyse proposée par Yvon Tranvouez.
52 Cf. supra la contribution de Gilles Richard.
53 Président de l’AGER (1957-1959), Charles Josselin est vice-président national de l’UNEF entre 1959 et 1960.
54 L’aspiration des cadres syndicaux, à l’échelle des conseillers généraux ou des adjoints, paysans (Louis Chopier, Henri Baron, Georges Dauphin, Jean Le Floch), enseignants (Martial Gabillard, Denis Liquet), CFDT (Gilbert Declercq, Jean Le Faucheur, Michel Cadoret) se situe après la seconde moitié des années 1970.
55 Député (1978-1993, 1997-2007) et maire de Lorient (1981-1998), J-Y. Le Drian est président du conseil régional depuis 2004.
56 Conseiller général (1973) et maire de Brest (1977), F. Le Blé (1929-1982), ajusteur à l’Arsenal, est secrétaire de l’union locale CFTC (1959-1962), de l’union départementale CFTC-CFDT (1962-1969). Fondateur en 1968 du Groupe d’études et de recherches socialistes (GERS), ce militant JOC se positionne sur le courant CERES, passant plus tôt que ses collègues du terrain syndical au champ politique.
57 Vincent Porhel, Ouvriers bretons. Conflits d’usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968, Rennes, PUR, 2008, 325 p. Xavier Vigna L’insubordination ouvrière dans les années 1968. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, PUR, 2007, 378 p. Christian Bougeard, « 1968 dans l’Ouest », séminaire de Binic, 2010.
58 Des recompositions significatives ont lieu au sein de la direction des syndicats enseignants, avec des changements de majorité au SNI au détriment des militants SFIO : 1961 en Ille-et-Vilaine, 1965 dans le Finistère, 1967 dans le Morbihan.
59 Par le biais des équipes du Centre départemental des jeunes agriculteurs (CDJA), une génération de militants progressistes prend la tête de la Fédération départementale des syndicats exploitants agricoles (FDSEA) : 1959 en Loire-Inférieure, 1961 en Ille-et-Vilaine, 1967 dans les Côtes-du-Nord et le Morbihan, 1969 dans le Finistère. Ces évolutions aboutissent au basculement des majorités dans les Chambres d’agriculture : 1964 en Ille-et-Vilaine, 1976 en Loire-Atlantique. Une frange de ces syndicalistes s’engage au PS au fil des années 1970.
60 Hélène Hatzfeld, Faire de la politique autrement. Les expériences inachevées des années 1970, Rennes, PUR, 2005, 328 p.
61 Vifs échanges à l’Assemblée nationale en 1973 sur l’acronyme BREIS entre l’abbé Laudrin et Louis Le Pensec.
62 Reprise par le PS en 1994, cette instance originale de fabrication d’un socialisme régional, depuis 1973, outil précurseur et adapté, se développe sur la base de rencontres dans des lieux symboliques. À Saint-Brieuc, les échanges autour de l’expérience de Ch. Josselin dès 1976 visent à une mutualisation des pratiques : acquisition d’un savoir technique d’élus gestionnaires, coordination de choix politiques. À Pontivy, situation centrale en Bretagne de la mairie de Michel Masson (1971-1983), fils d’Émile Masson, la fréquence des réunions du BREIS dénotent des contacts directs, établissant des interconnaissances au sein d’un groupe cohérent d’amis politiques, renforçant l’entresoi des réseaux d’élus. À Lorient, la tenue de conférences dès les années 1960 puis d’universités du courant rocardien dans les années 1980 révèle la proximité idéologique de générations aux profils communs. Les succès des années 1980 cantonnent paradoxalement les unions d’élus à un rôle secondaire, avec dans les grandes villes une déconnexion entre équipes municipales, conseillers généraux, parlementaires et appareil fédéral.
63 Syndicaliste enseignant et responsable de la Jeunesse étudiante bretonne, P. Bernard, né en 1931, est député européen (1983-1986), avant de s’éloigner du milieu socialiste.
64 Arch. CHS, Groupe Socialiste.
65 Premier ministre de la Mer en 1981, le leader rocardien conserve ce style régionaliste, sans parvenir toutefois à imposer les choix bretons en matière de décentralisation et de reconnaissance d’une spécificité linguistique.
66 François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse sous la direction de Jacqueline Sainclivier, université Rennes 2, 2011, à paraître aux PUR.
67 François Prigent, « Un laboratoire politique ? Les réseaux socialistes en Bretagne (années 1960-années 2000) », Groupe d’histoire sur le socialisme européen, Sciences Po Paris, 6 janvier 2009.
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