Comprendre l’engagement révolutionnaire d’un noble. Étude du cas d’Ange Élisabeth Louis Antoine Bonnier d’Alco
p. 101-113
Texte intégral
1« Bonnier naquit à Montpellier en 1749 [sic, 1750], il naquit entouré du don de la fortune et dans le sein de la caste privilégiée1 » et pourtant il fut un ardent révolutionnaire. La Révolution est l’un de ces moments de crise ou de changement brutal de l’ordre social établi qui semble imposer aux acteurs un choix : celui de l’acceptation (ou ajustement à une nouvelle donne politique et sociale) ou du refus (repli sur soi, acceptation différée ou rébellion). Cette réaction se pose avec plus d’acuité encore à ceux qui, en théorie, ont le plus à perdre : les nobles. Comment pourrait-on comprendre un type de réponse plutôt qu’un autre ? Doit-on envisager l’acteur comme pleinement conscient et rationnel ? Dans cette perspective, des individus insérés dans un ordre social que tout éloigne a priori des idéaux révolutionnaires auraient sciemment fait le choix de « rentrer en Révolution » quand d’autres s’y seraient opposés. Pour évidente qu’apparaisse cette vision spontanée, elle n’est pas pour autant satisfaisante pour comprendre les ressorts de ce type d’engagement spécifique voire brutal, en ce qu’il affecte profondément l’identité des nobles confrontés à la fin du monde, de leur monde. Tout semble indiquer que la seule réponse finaliste ou subjectiviste, comprenant l’acteur comme libre ou rationnel, au fait des enjeux qui l’assaillent, doit être complétée à l’aide d’un schème explicatif qui prend en compte les incohérences biographiques, les incertitudes, les choix apparemment contradictoires et les restitue dans un temps long, durant lequel s’exercent de nombreuses influences sociales qui entourent l’individu et l’accompagnent2. En ce sens nous n’entendons pas déconnecter une histoire biographique de la configuration dans laquelle elle s’insère. Pour ce faire, nous nous sommes centrés sur un acteur appartenant, avant la Révolution, à un groupe social en apparence homogène, mais dont les destins révolutionnaires de ses membres ont été multiples : les robins de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier3. Nobles, les membres de la Cour tendent à se présenter sur un pied d’égalité : sur le tableau annuel des membres, les particules sont enlevées ; ils aiment aussi à dire qu’ils appartiennent à la Compagnie. Voilà un groupe nobiliaire qui, semble-t-il, cultive l’esprit de corps. Pourtant, ce vernis dissimule une réalité sociale plus complexe : au sein de la Compagnie, s’exercent des luttes de pouvoir entre anciennes et nouvelles familles nobles, des concurrences et des divergences. À bien des égards, la Révolution n’éveille pas, ni ne fait naître, des oppositions, mais cristallise des divergences préexistantes qui perdureront après. Pour comprendre l’engagement révolutionnaire du président à la Cour des comptes, Bonnier, il est apparu nécessaire de le replacer d’abord dans une histoire familiale et personnelle, de le situer au sein de la société de la Cour, de la société des robins et plus généralement de la société montpelliéraine avant 1789, de comparer, enfin, son destin avec celui de ceux qui, de même rang social et de trajectoire familiale similaire, ont fait des choix « typiques » radicalement différents (émigration et retrait prudent). Nous verrons que la crise politique et sociale que constitue la Révolution n’a pas forcément ouvert pleinement l’espace des possibles, et qu’en son sein, le choix ou non de l’engagement n’est pas seulement délibéré, mais répond à une histoire personnelle, qui, même confrontée à la Révolution, se poursuit suivant des dispositions et prédispositions acquises et incorporées jusqu’alors.
De la marchandise à la robe : itinéraire(s) des Bonnier
2Ange Élisabeth Louis Antoine Bonnier d’Alco est né à Montpellier le 25 septembre 1750 d’Antoine Samuel Bonnier, président à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier et d’Élisabeth Plantier, fille aînée de Daniel Plantier, conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier4. Son trisaïeul, dans la lignée paternelle, prénommé Antoine, était un riche marchand drapier de Montpellier. Il avait en 1680 un patrimoine déjà considérable, bâti sur le foulage : il possédait des ateliers pour laver la laine et plusieurs moulins à foulon. Il avait aussi des parts dans différentes sociétés commerciales. Signe de sa réussite économique, il avait épousé une noble en 1659, Renée d’Audessens, fille de René d’Audessens, conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier. Il avait pris soin alors de consacrer son ascension sociale soudaine par l’achat de terres et l’acquisition d’une charge de directeur des Affaires du Roi5. Ses deux fils poursuivirent son œuvre d’élévation sociale et bâtirent deux lignées de Bonnier (les d’Alco et de La Mosson), étroitement mêlées au service de la monarchie et aux affaires financières. Le fils aîné, Antoine (né en 1667), conforta l’héritage paternel et acheta offices, de plus en plus importants et prestigieux, et seigneuries : en 1702, il est chevalier, trésorier, grand voyer de France, intendant des gabelles de Languedoc ; en 1704, seigneur d’Alco et de Saint-Cosme, président trésorier de France ; en 1706, seigneur de Campagne ; et en 1713, il porte le titre de président à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier. Comme son père, il s’allia à des familles de la noblesse de robe de Montpellier, qui dominait socialement le bas Languedoc : il épouse d’abord Françoise de Thoudouze puis Charlotte Comte, fille de François Comte, seigneur de La Colombière et de Montmaur, conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier. Son frère, Joseph (1676-1729), fonda la lignée des trésoriers des états de Languedoc, barons de La Mosson. Il amassa une fortune considérable. Il fut l’un des financiers les plus riches du Languedoc, très loin devant son frère. Ainsi, la chambre de justice de 1716-1717 le taxa à hauteur de 300 000 livres, alors que son frère n’était taxé « que » de 50 000 livres6. Il fut l’un des financiers les plus fastueux de la Régence. Cette aisance permit à sa famille de s’allier à la grande aristocratie : sa fille Josèphe épousa le duc de Chaulnes en 1734.
3Le père d’Ange Élisabeth Louis Antoine Bonnier d’Alco, Antoine Samuel (1704-1769), se forma aux finances auprès de son oncle, Joseph, trésorier des états de Languedoc. À la mort de Joseph, il devint le collaborateur de son cousin, Joseph Bonnier de La Mosson (1702-1744), héritier de la charge de son père7. En 1737, il acquit une charge de président à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, perpétuant ainsi l’héritage paternel et la voie tracée pour les Bonnier d’Alco. Mais, peut-être à l’imitation de son cousin, il ne fit pas que se consacrer au renforcement de la position sociale et économique de sa famille par l’achat d’offices et de terres. Il s’intéressa aussi aux sociétés littéraires et politiques. Il fut à l’origine de la création de l’une des premières sociétés de lettres de Montpellier en 1742. Il y prononça un discours sur la manière de lever les tailles, qui ne nous est pas parvenu8. Il fit aussi partie de la confrérie des pénitents blancs (dans l’église de laquelle il se fit enterrer), dont il fut le prieur en 1753. Il y côtoya une grande partie des conseillers et présidents de la Cour, parmi les familles les plus influentes, les d’Aigrefeuille, Fesquet, Montclar ou encore Léguepeys9. Il semblait donc bien inséré dans la noblesse de robe montpelliéraine. Mais, pour autant, sa position et son prestige social restaient bien inférieurs à ceux de la branche cadette des Bonnier. Son richissime cousin le devançait par la fortune et par la profondeur de ses réseaux, qui ne se limitaient plus aux robins et financiers du Languedoc. Il était l’intime de son beau-frère, le duc de Chaulnes, qui l’initia aux sociétés occultes parisiennes et à la franc-maçonnerie (il appartint à la loge Louis d’Argent). Il fonda d’ailleurs la première loge montpelliéraine, en 1737, loge de financiers qui accueillait certainement conseillers et présidents, dont Antoine Samuel10. Les Bonnier étaient donc à l’origine de réseaux sociaux influents, qui furent autant des lieux de discussions et de propagations des idées neuves que des lieux de cristallisation des solidarités, protégeant et renforçant la position sociale de ceux qui y participaient.
4L’itinéraire des Bonnier se calque parfaitement sur le modèle d’ascension sociale propre aux XVIIe et XVIIIe siècles : de la marchandise à la robe. Ils font partie de ces familles bourgeoises enrichies par le commerce qui ont su profiter de la multiplication des ventes d’offices pour franchir le seuil de la noblesse et s’installer, avec plus ou moins de réussite, dans le second ordre. Ils sont nombreux, à la veille de la Révolution, les conseillers et présidents de la Cour des comptes, à être les héritiers de marchands. Ainsi Jacques Joseph de Boussairolles (1741-1814), conseiller à la Cour, issu d’une vieille famille de marchands protestants (son grand-père, Jean, était tanneur). Son père s’extrait de la marchandise et achète, en 1737 (la même année que le père de Bonnier d’Alco), une charge de conseiller. Dans le même temps, il épouse Margueritte Campan, fille de Jacques Campan, lui-même conseiller à la Cour11. Ou encore le premier président de la Cour, Maurice de Claris (1711-1789), rejeton d’une riche famille de négociants montpelliérains. Son grand-père avait suffisamment fait fortune pour acheter à son fils, Antoine Claris, une charge de conseiller12. Trois trajectoires semblables, mais trois destins différents sous la Révolution : Bonnier d’Alco s’engage sans retenue dans celle-ci, Hilaire de Claris, fils de Maurice de Claris, est inquiété un temps pour cause d’émigration, Jacques Joseph de Boussairolles, enfin, se met assez rapidement en retrait, alors que son fils, président à la Cour en 1789, est exécuté comme contre-révolutionnaire le 29 nivôse an II (18 janvier 1794). Qu’est-ce qui explique ces différences ?
5Des dissymétries peuvent être attestées. Bonnier est de plus ancienne noblesse, il est la troisième génération de nobles de la famille, alors que Boussairolles et Claris sont la seconde. Il ne fait plus partie de ceux, qui nouvellement nobles, doivent faire oublier, par leur comportement ou leur soumission aux grandes familles, qu’ils sont des parvenus. Son père a réussi à se faire accepter de la haute société montpelliéraine, comme le père de Boussairolles (le premier président d’Aigrefeuille est le témoin du mariage de Jacques Joseph en 1762 : il épouse Jeanne Gilette de Flaugergues, apparentée par sa mère aux d’Aigrefeuille)13, mais il est à l’origine de la création des réseaux sociaux, ce qui renforce la place importante de sa famille. À l’inverse, Claris a eu davantage de difficultés à se faire accepter. En effet, un épisode renforce son statut de parvenu. Fils d’un anobli, il est choisi par le roi pour prendre la place de premier président de la Cour, à la mort d’Aigrefeuille, le 27 octobre 1772, alors que le poste était attendu pour le fils d’Aigrefeuille14. Les anciennes familles nobles (d’Aigrefeuille, Bocaud, Bosquet, Belleval, Perdrix ou Cambacérès, et leurs alliés, Bonnier d’Alco, Boussairolles, Fabre) ne lui pardonneront pas. Il n’a pas dû son poste à l’ancienneté de sa famille, ni aux services de ses aïeuls (un seul a été un modeste conseiller), mais à sa proximité à la monarchie. Cela peut expliquer vraisemblablement la posture rigoriste qui semble le caractériser : face au mépris des grandes familles, il oppose une ardente défense de l’étiquette (donc de sa propre légitimité à la défendre) et se pose en censeur des comportements déviants de ses collègues (seul, par ses fonctions, à pouvoir dire quelle est l’attitude « normale » des nobles de la Cour). Par exemple, un épisode, que nous analyserons, qui l’oppose à Bonnier, nous montre qu’il ne supporte pas les écarts de conduite et les entorses à la dignité de la noblesse. Son fils, Hilaire, qui lui succède en 1789, hérite de ses fonctions et poursuit son travail d’enracinement social par des stratégies d’alliance notamment. Il marie, ainsi, sa fille à un « haut et puissant seigneur messire Louis Hypolite Julien de Péguérolles de Trubière Gramond, marquis de Péguérolles, conseiller au Parlement de Toulouse15 ».
6En comparaison de Boussairolles et Claris, la trajectoire familiale de Bonnier présente donc des nuances d’importance : bien que récemment anoblie, sa famille prend place parmi les plus importantes familles nobles locales, généralement critiques à l’égard de la monarchie car suffisamment installées pour prendre leurs distances envers le prince qu’elles servent16 ; en outre, les Bonnier étant à l’origine de sociétés littéraires et politiques, il sont familiarisés aux réseaux et légitimes à y occuper une place influente ; enfin, il ne faut pas négliger un nécessaire désenchantement de sa part : il est le seul héritier des Bonnier, famille à l’ascension sociale fulgurante mais brutalement arrêtée dans la seconde moitié du siècle (ruine et extinction de la branche des de La Mosson, mort de son père alors qu’il n’a que 19 ans). Il a pu découvrir à ses propres frais les limites de la (ou plus exactement de sa) noblesse.
L’attrait pour la politique : itinéraire de jeunesse
7Unique fils d’Antoine Samuel, il est voué à suivre ses traces et à devenir juriste (études de droit, avocat puis président à la Cour). Bonnier accepte cet héritage familial des d’Alco. Il fait ses études de droit à Paris (« excellentes », à ce qu’il semble)17. Il prend la suite de son père, décédé en 1769, comme président à la Cour, avec dispense d’âge, le 24 janvier 177018. Son père avait laissé le souvenir d’un magistrat « recommandable par ses vertus et ses talents » ; il s’inscrit, dans sa profession, dans cette ligne tracée avant lui : il est considéré comme un jurisconsulte savant et habile orateur19. Mais il cultive aussi, comme son père, l’amour des lettres. Il écrit des poésies, avec un certain succès, ce qui ne va pas sans quelques désagréments provoqués par la concurrence, traduits dans la jalousie d’auteurs de la petite république des Lettres locales. Il s’en plaint d’ailleurs à Voltaire et réclame sa protection, ce que ne manque pas de lui accorder le sage de Ferney20. Ce patronage montre qu’il est sensible aux Lumières, donc critique à l’égard des institutions. Plus généralement, il se comporte comme ces fils de nobles qui pratiquent une certaine distance par rapport à leur ordre et ses règles de conduite. Il est connu pour sa vie licencieuse et débauchée, et ses excès en tous genres21. Ils marquent un refus radical des contraintes de la noblesse, un refus délibéré de respecter entièrement les règle du « je(u) ». Un épisode montre bien sa tendance à la transgression. En 1773, il s’absente de la Cour, sans avoir prévenu auparavant le premier président de Claris. Pire, il ose monter dans la brouette du courrier, atteinte manifeste, aux yeux de son supérieur, à la dignité des magistrats. De Claris le suspend immédiatement. L’affaire prend de l’ampleur, la Cour ordonne au premier président de réintégrer Bonnier et de le déclarer « homme de bien et d’honneur ». Il s’y refuse, car il lui refuse ces qualités nobles par excellence, et c’est le roi, par lettres patentes, qui purge l’affaire et replace Bonnier dans ses fonctions22.
8Ses transgressions, ses refus et ses excès sont révélateurs de la place singulière qu’il occupe dans le monde des robins montpelliérains et des contradictions qu’il doit gérer. Il est tout d’abord lié aux familles les plus puissantes et les plus anciennes, qui forment un « parti » des grandes familles de robe à la Cour. Elles occupent les premières places dans tous les réseaux sociaux « réformistes » de Montpellier : loges maçonniques et confréries des pénitents, dans lesquelles elles croisent les négociants (par exemple la loge des Amis fidèles, avant la Révolution, réunit les membres de la Cour les plus « éclairés », comme Cambacérès et Bonnier, et les négociants enrichis et portés sur la politique, comme Cambon fils)23. Il y parfait son goût pour les diatribes politiques, dans lesquelles il excelle, entraînant avec lui, comme nous le verrons, le reste de la Cour. D’un autre, il appartient encore à la marchandise. Certes, la grande majorité des membres de la Cour frayent toujours avec le négoce et les affaires. Boussairolles, et d’autres, ont des parts dans les salins de Pécais24. Mais l’appartenance de Bonnier à la marchandise est « physique », comme s’il acceptait consciemment son ascendance roturière : il n’épouse pas, comme ses aïeuls, une noble, mais la fille d’un riche négociant montpelliérain, Atger. C’est là une nouvelle transgression à son ordre. Qu’est-ce qui permet de l’expliquer ? Cette attitude ne paraît pas dans la « nature » des choses pour un fils de conseiller ou de président. En point de comparaison, Boussairolles, on l’a vu, a épousé une parente des d’Aigrefeuille, Maurice de Claris, une fille d’un maître ordinaire à la Chambre des comptes de Paris (Marie Anne Bershonneau), son fils Hilaire, une noble (Antoinette de Monginot) et sa petite-fille un conseiller au Parlement de Toulouse. A-t-il dilapidé la fortune familiale au point de concevoir une alliance matrimoniale de circonstance ? Ou, au regard de la trajectoire de sa famille, entretient-il un rapport distant avec la noblesse, assumant son héritage roturier ? Méprise-t-il la petite société nobiliaire provinciale et ses codes figés au point d’oser l’ultime transgression, celle du refus de la reproduction sociale ? En effet, ses deux filles (Eulalie, née en 1782, et Marie Joseph, née en 1784) suivront la voie paternelle, en épousant des négociants parisiens25. Ses choix inclinent à le considérer comme plus proche que les autres robins des négociants, qui forment une force vive à Montpellier, emmenés par des familles qui prennent de plus en plus d’importance, économique et politique, et de fait sociale (les Cambon, pour les catholiques ; les Allut, pour les protestants). Il est surtout proche des négociants protestants et d’une manière générale des protestants : il fait partie du réseau d’Allut aîné, dans lequel gravitent Rabaut-Saint-Étienne et Marc Antoine Bazille (négociant de Montpellier)26. Il est donc plus disposé que ses semblables à la rupture et surtout mieux armé contre un renversement de l’ordre social établi, du fait de son appartenance sociale à deux univers distincts, développant en outre sa capacité d’ajustement social.
9Il est d’ailleurs virulent à l’égard de la société d’ordre et des privilèges. Sa principale cible est le clergé : il est l’auteur de plusieurs pamphlets dans les années 1780 contre les privilèges des évêques et leur rôle aux états27. Il prend également une part active dans la double fronde de la Cour en 1788, face à la politique fiscale de la monarchie et face aux états de Languedoc28. C’est lui qui rédige, en février 1788, les remontrances de la Cour adressées au roi. Il y fustige le système fiscal inégalitaire qui éprouve « la classe des sujets la plus faible et la plus indigente ». Il s’en prend aux privilèges du premier ordre, qui ne paye pas d’impôts et qui pourtant « préside au règlement du partage de cette province ». Il vitupère, enfin, contre les états, « corps imparfait, où les représentants des ordres ne les représentent pas29 ». C’est lui encore qui s’en prend vertement à Dillon et ses « vizirs […] qui viennent isolemment sous un despote irlandais exercer en Languedoc leurs vexations et leurs caprices30 ». Son attitude radicale est aussi celle de la Cour, qui réclame purement et simplement la suppression des états31. Les membres de la Cour symbolisent alors, dans le bas Languedoc, l’opposition à l’obscurantisme et se positionnent comme les vecteurs des Lumières. À la veille de la réunion des États généraux, ils semblent tous, y compris le premier président de Claris, attendre une régénération des institutions. Mais les bouleversements révolutionnaires obligent chacun à se positionner, à un moment donné, par rapport à la Révolution.
Un engagement « total » : itinéraire d’un révolutionnaire
10Dès l’été 1789, la Cour se scinde en deux, entre ceux qui commencent une carrière politique et administrative et ceux qui se retirent, se mettant en retrait des évènements et de l’effervescence politique32. Dans cette seconde catégorie se retrouvent des membres dont la proximité avec la monarchie est manifeste : ceux qui lui doivent encore tout, soit parce qu’ils sont en pleine ascension sociale (comme le conseiller-maître Duvern, fils d’un conseiller-auditeur), soit parce qu’ils doivent leur haute position au roi (comme Hilaire de Claris qui émigre en 1791) ; mais aussi des membres de plus ancienne noblesse, possédant des seigneuries dans les Cévennes et le Massif central et qui, d’après Duvern, qui les appellent « nos seigneurs des Montagnes », se sont retirés sur leurs terres cévenoles dès l’été 1789 (comme Daniel Hostalier, baron de Saint-Jean-de-Gardonnenque qui verra son château de Veirac, près d’Anduze, dévasté en 1792)33. Ils ont tous, à leur niveau, beaucoup à perdre avec la Révolution. Les nouveaux nobles sont encore plus redevables à la monarchie et, s’ils n’ont pas participé aux réseaux politiques prérévolutionnaires, comme Duvern, ils n’ont aucun moyen de retrouver une aussi « belle » place dans le nouvel ordre social. De même, les « seigneurs des Montagnes », attachés à un mode de vie ancien (fondé sur les restes de la féodalité), voient leur position dominante dans leur fief remise en cause et contestée. À l’inverse, dans le premier groupe, se mêlent les membres des anciennes familles nobles qui avaient dominé les réseaux politiques et sociaux de l’Ancien Régime et qui continuent à animer les nouveaux clubs politiques, comme Cambacérès et bien sûr Bonnier34. D’ailleurs, entre 1789 et 1791, de nombreux membres retrouvent une place dans les nouvelles institutions locales. Dans la commission municipale de Montpellier, mise en place le 2 septembre 1789 pour remplacer l’ancienne municipalité, se côtoient : Serres, Durand, Mouton, Bonnier, Sicard, Lebrun, Fesquet, Fabre, Hostalier de Saint-Jean, Cambacérès, Coulomb, Chazelles, Boussairolles. Bonnier est à la tête du bureau de la constitution de la municipalité, (organe le plus important)35. Dans la municipalité de Montpellier : Durand (maire), Montels, Albisson, Sicard, Aurès, Serres, Cambacérès, Bonnier, Perdrix, Fabre, Fesquet, de la Combe, Batut. Dans l’administration du département : Coulomb (président). Dans le district de Montpellier : Bonnier (président), Cambacérès, de Solas. D’autres retournent dans leur ville d’origine : Nogaret (maire de Saint-Laurent-d’Olt), Embry, (maire d’Agde), Renoyer (maire de Pont-Saint-Esprit)36. Dans les nouveaux tribunaux : Perdrix, Bosc, Albisson, Fesquet, Coulomb, Cambacérès dans le tribunal de district de Montpellier, Émery, président du tribunal de district de Beaucaire, Chazelles, tribunal de district de Nîmes, et Baron, tribunal de district d’Alès37. Ils sont donc nombreux, entre 1789 et 1791, à s’engager dans la Révolution et à réussir leur reconversion. En effet, avec la Révolution, les anciennes élites nobiliaires se trouvent confrontées à la reconsidération de leur position, l’entrée dans les réseaux sociaux et politiques (clubs et administrations) leur permet dès lors de perpétuer leur ancienne domination.
11Dans ces conditions, l’engagement de Bonnier doit être mis en perspective avec celui des autres membres de la Cour avec lesquels il est allié, et qui tous participent à la Révolution. Il faut aussi l’associer à l’engagement de l’autre groupe social qui domine les institutions locales : les négociants. Depuis 1789, Cambon et ses semblables (Allut, Bazille, Estorc, Barrau…) se sont mêlés aux robins « éclairés » pour partager leurs réseaux (Cambon est lui aussi à l’origine de la Société des Amis de la Constitution) et de fait pour intégrer les organes politiques et décisionnels (ils sont en force dans les différents directoires)38. On le voit, ceux qui dominent la Révolution à Montpellier sont ceux qui dominaient la société montpelliéraine avant 1789. Il n’y a pas eu de « choix », face à la Révolution. Les magistrats qui se sont d’eux-mêmes exclus étaient pour la plupart écartés du « parti » des grandes familles. Bonnier, l’un des robins avec la plus grande disposition à la transgression, fait donc bien évidemment partie de ceux qui profitent de la Révolution pour entrer plus avant en politique : il multiplie ses appartenances aux administrations locales (commission municipale, municipalité, président du district de Montpellier).
12Pourtant, très vite, au fur et à mesure de l’avancement de la Révolution, de plus en plus d’anciens robins se désengagent, alors que Bonnier poursuit sa carrière. Par exemple, Boussairolles, membre de la commission municipale de Montpellier en 1789 et du club des Amis de la Constitution, arrête toute carrière politique et judiciaire en 1791. Il s’occupe désormais de ses affaires et se retire dans ses domaines. Il rejoint un temps son fils à Lyon en 1792, alors en proie à des troubles contre-révolutionnaires. Qu’est-ce qui permet de comprendre cette retraite, alors qu’il avait participé avec enthousiasme aux premiers mois de la Révolution ? Des sentiments contre-révolutionnaires ? Il s’en défend et essaie de le prouver par les fortes sommes qu’il verse aux emprunts patriotiques et forcés39. Mais est-il encore en phase avec la tournure des évènements ? A-t-il les moyens de se reconvertir ? En comparaison, Bonnier bénéficie d’un plus grand capital culturel et politique, renforcé par des réseaux solides chez les anciens nobles et les négociants. Il se maintient de fait parmi les hommes les plus influents de Montpellier. Ceci permet de comprendre son élection à la Législative le 6 septembre 1791 (251 voix sur 453), et sa réélection triomphale à la Convention (4 septembre 1792, 400 voix sur 487)40.
13Mais ce qui permet d’affiner la nature de l’engagement de Bonnier dans la Révolution, c’est l’épisode fédéraliste. En effet, entre 1793 et l’an II, une partie importante des anciens membres de la Cour qui sont encore administrateurs sont inquiétés pour fédéralisme. Même s’ils ne l’étaient pas tous, les difficultés qu’ils rencontrent montrent qu’ils sont remis en cause : les anciens robins ne sont plus acclamés, comme en 1789, mais suspects. La Révolution à Montpellier a alors changé de nature, étant presque entièrement accaparée par les négociants41. Seuls trois anciens robins continuent leur carrière : ce sont les trois députés à la Convention, Fabre, Cambacérès et Bonnier. Ils ne vivent toujours pas la Révolution comme une crise (au contraire de ceux qui émigrent, se retirent ou se révoltent). Si Bonnier vit toujours « bien » la Révolution, c’est que ses dispositions sont en accord avec la place qu’il occupe et les exigences immanentes de la Révolution. Il se trouve à sa place. Épris d’universalisme, volontiers frondeur contre l’ancien ordre et son ancien ordre, il voit la Révolution réaliser ses anciennes exigences (abolition des ordres, participation active à la politique, mise en œuvre des principes universalistes). Surtout, relativement ambitieux (de toutes les sociétés avant la Révolution, de toutes les administrations après, puis deux fois député), elle lui permet de s’élever à un rang national important. La Révolution lui a permis de finir de s’extraire de son ordre, consacrant dans les faits une trajectoire personnelle amorcée dès les années 1770. Il est vrai, pour autant, qu’il a été un député discret, siégeant à la Plaine42. Il manque certainement de réseaux parisiens : il est souvent présenté comme solitaire et de caractère difficile43. Quoi qu’il en soit, il s’investit totalement, dans la limite de ses dispositions : il ne compte ni son temps, ni son argent, faisant corps avec la Révolution. Dans son oraison funèbre, le maire de Montpellier note avec émotion qu’en sortant de la Convention, « pendant laquelle il avait perdu sa fortune pour l’avoir entièrement oubliée en faveur de l’intérêt public, Bonnier était sans vêtements, sans argent, sans asile et sans ressources44 ».
14Bonnier a donc eu un investissement total dans la Révolution, confondant sa propre histoire avec la plus grande. Ainsi, non réélu au corps législatif, il demande à Reubell d’être employé comme secrétaire du Directoire, et est nommé, par arrêté du 20 brumaire an IV (11 novembre 1795), chef du bureau diplomatique du Directoire45. Il ne conçoit donc pas de faire autre chose que de participer aux évènements, d’une manière ou d’une autre. Le 26 vendémiaire an VI (17 octobre 1797), il est nommé parmi les trois plénipotentiaires au Congrès de Rastadt. C’est sa dernière mission, puisqu’il est assassiné par les Autrichiens le 9 floréal an VII (29 avril 1799). Entre-temps, il avait été élu le 24 germinal an VI (13 avril 1798), puis en l’an VII au Conseil des Anciens. On le voit, de 1789 à l’an VII, il ne s’est jamais désengagé. S’est-il seulement posé la question de sa participation aux évènements révolutionnaires ? Sa trajectoire personnelle, ses rapports avec les nobles et les négociants, ses convictions politiques lui permettaient de voir favorablement la Révolution. Son engagement est-il le fruit d’un raisonnement conscient, de sa volonté propre, ou s’explique-t-il plutôt ou aussi par l’accord entre la nature de la Révolution et ses dispositions personnelles, façonnées avant 1789 ?
Notes de bas de page
1 Procès-verbal de la fête funèbre célébrée dans la commune de Montpellier, le 20 prairial an VII, en mémoire des ministres français Bonnier et Roberjot, assassinés à Rastadt par l’exécrable Maison d’Autriche, Montpellier, 1799.
2 L’illusion héroïque, telle que définie par Michel Dobry, est « celle qui procède de l’idée que les périodes de crise politique s’opposent aux conjonctures routinières ou stables, en ce qu’elles relèvent davantage que ces dernières d’une analyse décisionnelle, analyse privilégiant le choix, et plus généralement, l’action des individus ou des groupes » (Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1992, p. 79).
3 Sur l’histoire de la Cour des comptes : Alexandre Germain, Les dernières années de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, Montpellier, Boehm, 1865 ; Pierre Serres, Histoire de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, Montpellier, Seguin, 1878 ; Pierre Vialles, Études historiques sur la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, Montpellier, Firmin et Montane, 1921.
4 Paul Couder, Promenades généalogiques : quelques grandes familles, les Bon, les Bonnier, les Perdrix, les Solas, Montpellier, UTT, 1995, p. 55. Tous les détails généalogiques sont tirés de cette étude.
5 AD Hérault, C 1157 et C 1266. Voir aussi : Guy Chaussinand-Nogaret, Les financiers de Languedoc au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1970, p. 58 sq.
6 Guy Chaussinand-Nogaret, Les financiers de Languedoc au XVIIIe siècle, op. cit., p. 78.
7 Dernier Bonnier de La Mosson : généreux mécène, amateur d’art et de science, son cabinet de curiosité est un modèle du genre. Sa fille (morte en 1753) puis sa femme (fille d’un président à mortier du Parlement de Rouen, Constance Gabrielle Magdeleine de Monceil de Louraille) vendent tous ses biens pour rembourser ses dettes.
8 Claude de Vic et Joseph Vaissette, Histoire générale du Languedoc, Toulouse, Privat, 1874, t. 1, p. 669.
9 Jules Delalain, Les pénitents blancs et les pénitents bleus de la ville de Montpellier, leurs origines, leur histoire, leurs règles, Montpellier, Martel aîné, 1874, p. 94.
10 AD Hérault, 1 E 8, lettre d’Astruc à M. de Guenet, vénérable d’une loge de Strasbourg.
11 Jeanine Redon, Chronique d’une famille montpelliéraine sous l’Ancien Régime et les deux Empires : les Boussairolles, Montpellier, Imprimerie de la Charité, 1988.
12 Guy Chaussinand-Nogaret, Les financiers de Languedoc au XVIIIe siècle, op. cit., p. 78. Antoine Claris est taxé en 1716 à hauteur de 462 330 livres.
13 Jeanine Redon, Chronique d’une famille montpelliéraine […], op. cit.
14 Pierre Serres, Premiers présidents des Cours souveraines de Montpellier, 1746-1867, Montpellier, Seguin, 1878, « Maurice de Claris ».
15 Gratien Saumade, Commune de Fabrègues. Révolution française, trois émigrés, Versailles, 1939, p. 96.
16 Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 2003, p. 148 : « Le prince ne peut obtenir de ses poètes, de ses peintres ou de ses juristes un service symbolique de légitimation réellement efficace que pour autant qu’il leur accorde l’autonomie (relative) qui est la condition d’un jugement indépendant, mais qui peut être aussi au principe d’une mise en question critique. »
17 René Nicolas Dufriche Desgenettes, Souvenirs de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, Paris, Firmin Didot, 1788, t. 2, p. 64.
18 AN, V 1, 452.
19 René Nicolas Dufriche Desgenettes, Souvenirs […], op. cit., p. 64.
20 Œuvres de Voltaire, Paris, Firmin Didot, 1834, t. 59, p. 222, lettre du 10 mars 1775 : « Je voie par votre style combien vous avez de mérite, et je ne suis point étonné que ce mérite vous ait fait des jaloux ».
21 René Nicolas Dufriche Desgenettes, Souvenirs […], op. cit., p. 64 : « On n’ignorait point ses succès dans le genre de la satire la plus outrageante, pas plus que les habitudes d’une débauche grossière et d’une intempérance dont il donna parfois en public le scandaleux spectacle. » Il est en cela le digne héritier des Bonnier, son oncle était connu pour son goût pour les comédiennes. Que ce soit son père, son oncle, ou lui-même, ils ont pratiqué un célibat prolongé.
22 AD Hérault, B 409.
23 Catherine Rouzet, « Franc-maçonnerie et francs-maçons à Montpellier de 1750 à 1820 (au travers de quelques loges) », Liane, no 4, juillet-décembre 1999, p. 54.
24 Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret (dir.), Grands notables du Premier Empire, t. V : Drôme, Gard, Hérault, Paris, Éd. CNRS, 1980, p. 68.
25 Paul Couder, Promenades généalogiques […], op. cit., p. 59.
26 Jean Allut (1746-1818) : négociant protestant de Montpellier, riche, grand acquéreur de biens nationaux. Il est le neveu d’Antoine Allut, secrétaire du roi en la Chancellerie près la Cour des comptes, aides et finances. Il est le cousin d’Antoine Allut, qui a participé à l’Encyclopédie, député du Gard à l’Assemblée législative, guillotiné le 25 juin 1794 pour fédéralisme et soutien de Rabaut-Saint-Étienne. Une brouille entre Cambon fils et Allut aîné, en 1791, permet de situer Bonnier dans le jeu politique local. Mise en scène dans un libelle distribué à Montpellier, la dispute fait dire à Allut : « Vous [Pierre Joseph Cambon] deviez m’élever au rang de député ; vous me l’avez promis, je l’ai bien acheté ; je défendrai mes droits fondés sur mes largesses. Je n’aurai pas pour rien prodigué mes richesses. » Ce à quoi Cambon répond : « Plaignez-vous à Rabaut, accusez-en Bonnier et Bazille et Pavée et vous tout le premier », (Lettres de Cambon et autres envoyés de la ville de Montpellier [Allut, Coulomb, Albisson, Estorc], de 1789 à 1792, Montpellier, Serre et Ricombe, 1889, p. 93).
27 Couplets en l’honneur de MM. du Clergé de Montpellier (1784) ; Mandement (en vers) de Mgr l’Évêque de Montpellier De Malide à son Chapitre (1788).
28 Sur le sujet voir : Michel Peronnet, « Un exemple d’opposition légale : la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier en 1788 », in Parlements, États et Représentation, vol. 10, no 1, juin 1990, p. 59-71 ; et notre étude, « Tout était à faire ». Mise en place du système fiscal révolutionnaire dans le département de l’Hérault. L’exemple des contributions foncières et mobilières, 1789-An XII, thèse d’histoire du droit, Toulouse 1, 2004, p. 33 sq.
29 BM Montpellier, 12 267(2), Très humbles et très respectueuses remontrances de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier sur l’édit du mois d’octobre dernier portant prorogation du vingtième pendant les années 1791 et 1792, Montpellier, 26 février 1788, p. 16, 18 et 24.
30 Vincent Louis Soulier, Recherches historiques et chronologiques pour servir à l’histoire de Montpellier, Montpellier, 1814, t. 1, p. 21 sq. Sa diatribe contre le clergé languedocien prend place dans un arrêt de la Cour du 9 janvier 1789, qu’il fait imprimer et distribuer à Montpellier.
31 BM Montpellier, LE 750, arrêt du 22 décembre 1788, signé par de Claris.
32 Alexandre Germain, Les dernières années de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, op. cit., témoignage de Joseph Duvern, conseiller-maître : « Cette Compagnie est depuis longtemps déshonorée. Il n’y avait plus d’esprit de corps et chaque membre ne s’occupait que de soi-même et de ses intérêts sans se mettre en peine de l’honneur de la Compagnie » (p. 305).
33 Pierre Vialles, Études historiques sur la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, op. cit., p. 160.
34 Membres fondateurs de la Société des Amis de la Constitution (février 1790) affiliée aux Jacobins : Cambacérès, Bonnier et Albisson. Liste des anciens magistrats membres de la Société : Aurès, Bonnier, Bernard, Durand, Mouton de la Clotte, Serres, Barthez, Boussairolles, Léguepeys, Cambacérès, Clausel, Chazelles, Chaunel, Coulomb, Fesquet, Fabre, Flaugergues, Grasset, Hostalier, Lebrun, Nougarède, Pinel, Sicard, Ugla.
35 Vincent Louis Soulier, Recherches historiques et chronologiques pour servir à l’histoire de Montpellier, op. cit., p. 34.
36 Pierre Vialles, Études historiques sur la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, op. cit.
37 Alexandre Germain, Les dernières années de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, op. cit., p. 48.
38 Robert Laurent et Geneviève Gavignaud, La Révolution dans le bas Languedoc, Toulouse, Privat, 1987.
39 Voir la lettre dans laquelle il se défend des accusations d’aristocratie dans Jeanine Redon, Chronique d’une famille montpelliéraine […], op. cit., p. 38.
40 Alphonse Robert, Edgard Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaires des parlementaires français, Paris, Bourloton, 1891, t. 1, p. 393.
41 Exemples : Coulomb et Sicard sont incarcérés et libérés en l’an III. Durand est guillotiné, Émery meurt en prison et Renoyer, décrété de prise de corps, s’enfuit.
42 Travailleur de l’ombre, il n’intervient pas à la tribune, mais il est membre de divers comités : Comité d’instruction publique (octobre 1791), diplomatique (juillet 1792), extraordinaire des 12 (août 1792), suppléant au Comité de législation (octobre 1792), suppléant au Comité de sûreté générale (octobre 1792), Comité des secours publics (novembre 1792), envoyés dans les départements de l’Hérault et du Gard pour y accélérer les recrutements (mars 1793), commissaire à l’armée des Pyrénées-Orientales (avril 1793), enfin membre de la Commission chargée de réviser les décrets rendus sur l’instruction publique (brumaire an II).
43 Traits de caractères suffisamment prononcés pour être rappelés lors de son oraison funèbre, alors qu’il convient de lui rendre hommage (Procès-verbal de la fête funèbre célébrée dans la commune de Montpellier, le 20 prairial an VII, en mémoire des ministres français Bonnier et Roberjot, assassinés à Rastadt par l’exécrable maison d’Autriche, op. cit.).
44 Procès-verbal de la fête funèbre […], op. cit.
45 AN, AF* III 1.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008