Yves Mahyeuc à la lumière des archives rennaises
p. 175-202
Dédicace
À la mémoire d’Annette Weigel
Remerciements
Je remercie Georges Provost et Bruno Restif de m’avoir signalé leurs découvertes et le P. Augustin Pic, O. P., de m’avoir fait bénéficier de ses talents de latiniste.
Texte intégral
1Cette intervention a pour objet d’examiner l’apport des archives rennaises, essentiellement départementales, à notre connaissance d’Yves Mahyeuc1. Il faut dire d’emblée que les documents laissés par son épiscopat sont rares aux archives d’Ille-et-Vilaine, pour ne pas parler de ceux qui émanent directement de lui : aucune lettre de l’évêque n’est ainsi connue et seuls cinq documents portent sa signature2.
2Les documents présentés ici sont pour la plupart connus de longue date et ont été sérieusement étudiés au milieu du XIXe siècle par l’érudit Paul de La Bigne-Villeneuve3, oncle par alliance de La Borderie, puis par le chanoine Guillotin de Corson dans son Pouillé historique de l’archevêché de Rennes4. Ils ont été utilisés par le chanoine Poisson dans sa biographie d’Yves Mahyeuc parue en 19575. Je me propose de les revisiter, car nos curiosités ne sont pas toujours celles qui animaient cet ecclésiastique guidé par un souci d’édification, dans le sillage de la biographie classique d’Albert Le Grand (1637)6 à qui il a beaucoup emprunté.
3Par ailleurs, je ne m’attarderai pas sur les documents qui relèvent d’autres communications, notamment ce qui concerne la vie paroissiale ou le couronnement du duc François III7.
Les bulles de nomination
4Il n’y a pas trace dans les archives de la procédure exacte qui conduisit à l’accès d’Yves Mahyeuc à l’épiscopat, du fait notamment de la disparition du registre des délibérations du chapitre qui l’aurait élu, selon le système en vigueur avant le concordat de Bologne (1516), sous l’influence d’Anne de Bretagne, après la démission de Robert Guibé. À défaut, les archives départementales conservent quatre expéditions du document qui, en quelque sorte, est à l’origine de ce colloque, la bulle pontificale d’institution canonique de Jules II, en date du 4e jour des calendes de février 1506, soit le 29 janvier 1507, ce type de bulle étant libellé selon le style de l’Annonciation dans lequel l’année commence le 25 mars8. Confirmation nous en est donnée par l’indication de la quatrième année du pontificat, car Jules II a été élu pape le 1er novembre 1503.
5Ces quatre expéditions sont adressées respectivement à l’intéressé, au peuple (« dilectis filiis populo civitatis et diocesis redonensis »), à l’archevêque de Tours et au chapitre9, chacune des versions étant différente en fonction du destinataire. Celle qui est destinée à l’évêque est plus ornée. Le chanoine Poisson a cru déceler dans la bulle adressée au chapitre, qu’il a reproduite, publiée et traduite10, une allusion aux oppositions à l’accès d’Yves Mahyeuc à l’épiscopat mais peut-être s’agit-il seulement de formules propres à la diplomatique pontificale. Le nombre des versions n’a en tout cas rien d’extraordinaire : il nous manque celles destinées à la duchesse Anne et aux « vassaux » ; en revanche, il est rare qu’il en soit conservé tant. Yves Mahyeuc est le seul évêque pour lequel nous en ayons quatre11. La présence de ces quatre bulles est d’autant plus étonnante qu’elles ont connu un parcours archivistique curieux ; en effet, après avoir servi de reliure à des registres d’état civil au début du XIXe siècle, elles ont fait retour à leur fonds primitif grâce à la vigilance des archivistes : la bulle destinée au peuple a servi de couverture à un registre d’état civil de Saint-Coulomb en 1811 ; encore plus bizarrement, celle de l’archevêque de Tours est passée par Saint-M’Hervon en 1812… Peut-être toutes ces bulles étaient-elles adressées à l’évêque de Rennes et ont-elles été dispersées du fonds de l’évêché.
6Ajoutons que l’accès à l’épiscopat d’Yves Mahyeuc nous fournit le seul document des archives municipales qui lui soit spécifiquement consacré12. Il s’agit de l’achat par les miseurs de Rennes de diverses « pièces de gibier et autres choses », d’un montant de 16 livres, 16 sous, 6 deniers, à offrir au nom de la ville à l’évêque en son manoir de Bruz avant son entrée solennelle à Rennes. De tels présents de la ville à de hauts personnages étaient ordinaires13. En 1543, le successeur de Mahyeuc, Claude Dodieu, se vit offrir des « pâtisseries » (craquelins, tartes, pâtés et cerises confites) d’une valeur de 28 livres, 17 sous, 4 deniers. Le document relatif à Yves Mahyeuc est du 27 janvier 1507, selon le style de Pâques, en usage à Rennes, comme l’attestent les registres capitulaires et les délibérations de la communauté de ville, avant l’édit de Charles IX de 1564 qui fixa le début de l’année au 1er janvier. Il faut donc lire 27 janvier 1508. La « joyeuse venue », pour employer les termes du compte14, n’aurait donc eu lieu qu’un an après la nomination15.
Un seigneur justicier
7Je viens d’évoquer le manoir épiscopal de Bruz, où l’évêque aimait, diton, résider et où il mourut. D’après le témoignage de Dubuisson-Aubenay en 163616 et l’étude stylistique17, le manoir actuel de Bruz, dit manoir de Saint-Armel, semble avoir été reconstruit au milieu du XVIIe siècle, même si on a prétendu pouvoir y localiser la cellule de l’évêque, effectivement dotée d’une fenêtre à meneau plus médiévale. Aurait-elle été sauvegardée lors de la reconstruction, au moment où la dévotion envers Yves Mahyeuc était la plus forte ?
8Ce manoir se situe dans la paroisse de Bruz qui constitue le noyau de la partie rurale du « régaire », c’est-à-dire le temporel de l’évêque, sa seigneurie et les droits afférents de puissance publique (regalia), constitués au XIe siècle. Sous Yves Mahyeuc, ce « régaire » est plus étendu qu’il ne le sera par la suite car il se verra amputé à partir de 1563, à l’occasion de diverses aliénations décidées par le pouvoir politique. C’est ainsi qu’il existait aussi un manoir épiscopal à Saint-Jacques-de-la-Lande, dont il ne reste rien. On n’en trouve guère de trace dans les archives, mais il figure dans l’aveu rendu au roi en 1542 par le successeur d’Yves Mahyeuc, Claude Dodieu18.
9L’épiscopat d’Yves Mahyeuc a laissé des comptes du receveur de la seigneurie qui ont connu le même sort que les bulles : il en reste des feuillets qui furent également utilisés comme anciennes couvertures de registres d’état civil des années 1808 à 1810. Ces parchemins sauvés couvrent partiellement les années 1507 à 151919 et concernent les droits seigneuriaux, mais aussi la gestion du domaine de l’évêque à Bruz, autour de son manoir… Il s’en dégage une impression très vivante, à l’évocation des divers travaux champêtres dans un domaine agricole : réparation des moulins sur la Seiche toute proche (« tant à blez qu’à drapz »), « habillage » des ponts et des portes, travaux agricoles : fauchage, fenaison, coupes de bois : « les fagotz sont mis en une maye dedans la cour du manoir de Bruz », on y dépose le bois des « layées20 » et on y fabrique des « astelles21 ». On est surtout frappé par l’importance de la viticulture sur laquelle les comptes donnent de nombreux détails (« taillé, lyé, essermenté, cerclé » les vignes, culture de l’osier destiné à lier les ceps, « boays à faire du merrain pour les dites vignes », entretien du pressoir et de sa « mept22 »…). Le manoir de Bruz est un lieu de stockage des foins et des fruits des dîmes : des pipes de vins de Noyal et de Chartres, des boisseaux et quartiers de blé ou de seigle, au dénombrement obscur. C’est aussi un lieu de consommation : on livra en 1518 « cinq charretées de paille, vingt chapons, une pipe de vin breton, mille trois cents anguilles […] partie pour Monseigneur et son train, et autre partie pour la provision de ceulx de la maison ». C’est encore une maison d’agrément : la même année, le châtelain de Bruz paya 40 sous à « Pierre Huby et Jehan Huby jardiniers et plusieurs aultres oupvriers pour avoir faict les jardins de Bruz ». En 1517, le châtelain paya à huit personnes la somme de 18 livres « pour avoir taillé et lyé les vignes de ladite seigneurie et chastellenie avecques les tonnelles et volliers23 des jardrins du manoir de Bruz ».
10Ces bribes de comptes nous donnent aussi des éléments intéressants sur l’entourage d’Yves Mahyeuc : le compte est rendu par le châtelain – Georges Piteu en 1510, Alain Robiou en 1515 – à un receveur général, Robinet Goubin, en 1515, lequel apparaît dans cette fonction dès 1507. Ce Robinet Goubin est par ailleurs le receveur du domaine de Rennes de 1516 à 152524, c’est l’un des notables rennais des vingt premières années du XVIe siècle. Les travaux sont ordonnés ou supervisés en 1507 par le vicaire de l’évêque, doyen (« déan ») de La Guerche25, en 1510 par Pierre Bourgneuf, trésorier, et maître Antoine Bernard, secrétaire de l’évêque, par ailleurs chanoine, également présent dans un compte de 1513. Surtout, on apprend dans le compte rendu le 1er juin 1510, que « les vignes ont été bêchées par le commandement dudit frère de monseigneur et en sa présence ». Jehan Mahyeuc réapparaît comme « châtelain et receveur » cette fois, dans un compte de 1517. Il rend à ce titre le dernier compte conservé, celui de 1519, signé par Champion, membre non identifié d’une famille connue de notables rennais26, Goubin et l’évêque lui-même. La signature de l’évêque apparaît aussi, avec celle de G. Piteu, sur le seul compte subsistant de son autre domaine, celui de Rannée27. Il s’agit du compte du « châtelain et receveur de Rannée » pour la période qui court du 8 février 1512 au 8 février 1513, présenté à l’évêque le 30 mars 1513. On y apprend l’existence d’un « châtelain et receveur de La Guerche » et d’un « sénéchal de Rannée ». Le compte, entier, à la différence des autres, est bref, à la mesure de la modestie du « régaire » de La Guerche, possession épiscopale depuis le XIe siècle. Diverses redevances féodales y sont mentionnées. Une somme modeste (six sous) est affectée au salaire de deux couvreurs et deux serviteurs qui ont réparé le manoir de l’évêque, dont il ne reste rien aujourd’hui.
La défense des droits épiscopaux
11La seigneurie épiscopale n’a pas seulement laissé des comptes mais aussi des procès. Plusieurs documents attestent de la détermination avec laquelle Yves Mahyeuc défendait ses droits. M. Jacques Martin a longuement étudié, dans sa contribution à une histoire de Bruz28 et surtout dans un article paru en 199929, le procès fait à un habitant de Bruz, nommé Guillaume Baudoin, qui s’était fait construire un colombier près du manoir épiscopal, avec la complicité de l’alloué de l’évêque, alors que, selon Yves Mahyeuc, il n’en avait pas le droit, n’étant pas noble et n’ayant pas de fief. L’évêque obtint gain de cause et le 5 mai 151430, l’affaire fut évoquée au conseil et chancellerie à Nantes, la plus haute juridiction de la province, prolongation du conseil ducal et cour supérieure de justice, en l’absence de Parlement. L’accusé avait profité, pour usurper les droits, de « l’absence dudit évesque de ce pays et du lieu de Bruz et estant lors ordinairement occupé ou service de feue notre très chère et très amée compaigne la royne ». Est-ce une coïncidence si c’est encore à la fin du règne de Louis XII, le 7 août 1513, qu’un arrêt de la même instance confirme, au terme d’un procès embrouillé, le second degré de juridiction de l’évêque, qualifié de « longs jours » ou plus poétiquement de droit de « chambre verte » ? Par ce biais, les justiciables de la juridiction temporelle de l’évêque pouvaient faire appel à lui, avant que l’affaire ne soit portée au Parlement ou à ce qui en tenait lieu, les « grands jours »31.
12Sous François Ier, deux affaires32 reviennent sur les droits de l’évêque, moins cette fois en tant que seigneur féodal qu’au titre du droit d’asile attaché à la cathédrale. La première, en 1532, nous transporte dans sa seigneurie urbaine, qui ne recouvre qu’une modeste partie de la ville épiscopale, autour de la cathédrale et dans le quartier de Bourg-l’Évêque. Elle a trait à l’immunité que revendique l’évêque, non pas pour la totalité du « franc régaire » ou « franc régale », mais dans le « tour et ambit de l’église cathédrale jusqu’à quarante passes avecques les manoirs épiscopaux et les habitations des évêques ». Or, en avril 1532, des sergents de la cour de Rennes vinrent chercher dans la maison d’un certain Antoine Barril, précisément située « audit circuit et ambit de Rennes », deux hommes, Jehan de Quinforel ( ?) et Pierre Naturel, accusés de « maléfice », pour les mener dans les prisons de Rennes. Le conseil et chancellerie de Bretagne donna à nouveau raison à l’évêque de Rennes, ordonnant le 10 mai 1532, que les prisonniers lui fussent rendus dans les trois jours, après une enquête confiée au président des grands jours, Louys des Déserts33, qui entendit des témoins cités par Yves Mahyeuc sur les faits allégués par lui. La dizaine de témoins entendus habitent tous à proximité du manoir épiscopal, dans l’étendue de l’immunité dont ils décrivent les limites, matérialisées par des « methes », bornes qui englobent la cathédrale, le manoir épiscopal et son « pourpris », ainsi que le cimetière (ou ancien cimetière), lieu fréquent de refuge. Ils citent les mêmes précédents ; il s’agit parfois de seigneurs, ainsi en 1514, les seigneurs du Hallay et Jehan Beaucouché, accusés d’homicide, Pierre de la Haye, sieur de la Haye Saint-Hilaire, le seigneur de Limoëlan, ainsi que Guillaume Loaisel, seigneur de Brie, accusés de « maléfice ». On trouve aussi le suborneur d’une fille mineure et quelques clercs. On cite ainsi Jean Dolo, recteur des Trois-Maries (Corps-Nuds). Un autre est un « segrétain » ou sacriste, Guillaume Laurent, arrêté en 1510 par des sergents, « prins sur une pierre estante au coing d’une maison » pour avoir, avec Nicolas Fouquet, prévôt et obitier, emporté du bois la veille de l’Epiphanie, « comme il est accoustumé de faire à pareil jour »34. L’affaire s’était terminée par l’excommunication par les vicaires généraux du prévôt de Rennes, qui avait dû ensuite céder. Nombre de témoins évoquent encore le fait, signalé par Guillotin de Corson35, que les sergents prenaient garde en transférant les prisonniers de la tour Duchesne à l’auditoire de la cour de Rennes, que ceux-ci ne passent pas de l’autre côté de la rue de la Cordonnerie (actuellement de la Monnaie), la limite de l’immunité se trouvant au milieu de la rue. Au-delà de ses aspects juridiques, cette affaire nous fait entrevoir le petit monde d’officiers, de clercs, de notaires qui gravitent dans l’entourage de l’évêque, autour du manoir épiscopal urbain : comparaissent un chapelain, le massier (bedeau), un notaire, un avocat et le promoteur à la cour de l’official, un chanoine, un fabriqueur, le scelleur des actes et le geôlier des prisons de l’évêque.
13Un parchemin isolé de 1534 évoque une affaire semblable, ignorée de Guillotin de Corson : Yves Mahyeuc obtient gain de cause contre l’alloué de Vitré et plusieurs officiers qui avaient arrêté un certain Guillaume Samson et trois prêtres dans la chapelle de Saint-Jean-de-la-Rouxière, dans la paroisse de Pocé, lors d’un pèlerinage le jour de la Saint-Jean, « au mépris de l’immunité et asile des lieux saints ». Ces deux affaires ont une couleur encore nettement médiévale : quelques années seulement plus tard, l’ordonnance de 1536 sur la justice en Bretagne, puis l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) mirent à mal ce type de privilèges, notamment les vestiges du droit d’asile ecclésiastique36.
14C’est par le biais d’autres privilèges, l’autorisation donnée à la famille de Boishamon de faire peindre ses armoiries dans la nouvelle église de Domloup en 150837 et celle accordée à François Chauvin, moine de Saint-Melaine, d’apposer les siennes sur un banc de l’église de Melesse en 153138 que nous apparaissent les moyens d’identification des actes d’Yves Mahyeuc, le sceau et, moins solennel, le timbre sec. Tous deux portent les armes que s’était choisies le roturier Yves Mahyeuc : les hermines de sa fidélité à Anne et les couronnes d’épines de sa dévotion à la passion du Christ.
Yves Mahyeuc et les réguliers
15Venons-en à présent aux aspects plus proprement religieux de l’épiscopat. Ici encore, nous sommes limités par la maigreur des sources39. Qu’en était-il, tout d’abord, des relations d’Yves Mahyeuc avec le monde des réguliers dont il était issu40 ? Son intervention auprès du prieur du couvent des Carmes, le frère Bonnabès, est demandée par Guy XVI de Laval, dans une délibération municipale touchant la réforme du couvent en 152641. Ce même couvent bénéficia de la sollicitude de l’évêque : pas moins de neuf mandements, de 1529 à 1537, autorisent ces mendiants à prêcher et à quêter dans les paroisses, notamment en faveur de la construction de la chapelle Notre-Dame de Lorette dans leur couvent42. C’est la seule mention d’apostolat d’Yves Mahyeuc que signale Hervé Martin dans sa thèse43.
16Deux mentions contenues dans une histoire du couvent des Cordeliers nous apprennent qu’il inaugura le chapitre, le jour de la fête de Saint-Matthieu 1531, au cours duquel il donna deux aureos (écus ?) au couvent, puis qu’il y consacra en 1538 les autels de Notre-Dame-de-Pitié, saint André et sainte Catherine44. Il n’est toutefois pas qualifié comme son successeur Claude Doday [sic], de très grand ami du couvent, qui pourvut à l’entretien d’un jeune à l’université ( ?) de Paris45. Quant aux archives du couvent des Dominicains de Rennes, auxquelles on pense le plus naturellement, elles sont quasi muettes. Elles sont à vrai dire fort peu abondantes pour cette période. Un inventaire des titres, rédigé à la fin du XVIIe siècle46, cite deux indulgences approuvées par Yves Mahyeuc, l’une en faveur de la confrérie de Saint-Vincent (le dominicain Vincent Ferrier vraisemblablement), dès son arrivée à Rennes (23 mars 1508 n. st.), l’autre en faveur de celle de Saint-Mathurin et Saint-Avertin (13 novembre 1515). Les originaux sont conservés47. Même si l’on ajoute un don des chanoines le 21 juin 1527 à l’occasion d’une tenue d’un chapitre général de l’Ordre à Rennes48, c’est peu. On ne trouve rien sur la réforme et le conflit qu’elle provoqua entre les Frères, rapporté par le chanoine Poisson, ni sur la lutte menée par l’ordre contre les protestants : nulle trace du P. Supremus, nommé inquisiteur en Bretagne par Yves Mahyeuc49. Mais l’inventaire nous signale en 1529 une fondation de messe d’un certain Pierre Mahyeuc, fils de Jean, de toute évidence le châtelain de Bruz50. Yves Mahyeuc approuve également le don au couvent d’un jardin par Jeanne Le Coutelier en 153051 et le legs de deux proches, son secrétaire, Antoine Bernard52 et Goulven Abguillerm53, dont il sera question plus loin. Tous ces dons se trouvent dans la juridiction séculière de l’évêque, son régaire. Il ratifie encore en 1527 une transaction entre les religieux et le seigneur de Porcon au sujet d’une fondation de la mère de ce dernier, Jeanne de Poix54.
Yves Mahyeuc et le chapitre cathédral
17Si l’on revient à présent au monde séculier, en dehors des archives des paroisses, traitées par Bruno Restif, l’essentiel de notre information provient des délibérations du chapitre cathédral de Rennes. Elles font malheureusement défaut pour le début de l’épiscopat et commencent à partir du 1er août 1526, pour s’achever en 1549. Le registre, rédigé dans un latin parfois curieux et de lecture difficile, est initialement tenu par Jean Agaice, recteur de Laillé et Saint-Sauveur-des-Landes, notaire et secrétaire du chapitre. Il devient chanoine en janvier 1539 et est remplacé par Pierre Martin, recteur de Saint-Hélier de Rennes55. Le classement sommaire du fonds du chapitre ne facilite pas les recherches, d’autant que les chapitres cathédraux de Bretagne du XVIe siècle n’ont pas trouvé leur historien comme leurs successeurs du XVIIIe en la personne d’Olivier Charles56 : nous devons donc nous en remettre à l’étude ancienne (1880) du chanoine Guillotin de Corson. Au côté des cinq dignitaires : trésorier, chantre, archidiacre de Rennes, archidiacre du Désert, scolastique, qui peuvent être aussi chanoines, le chapitre assiste l’évêque, le supplée en cas de vacance et assure le service de la cathédrale, qui n’est pas une paroisse. Les chanoines de Rennes, au nombre de seize, se réunissent deux fois par semaine57, pour administrer le chapitre et ses biens et régler l’organisation du culte. Il s’y ajoute quatre chapitres généraux annuels.
18Les délibérations fourmillent bien sûr d’informations sur les chanoines : entrée en fonction (copie des présentations et nominations, réceptions, coutume du pain du chapitre), attribution des maisons prébendales, ardemment disputées car au nombre de neuf seulement, surveillance de la résidence (autorisations d’absences pour peste, études, présence aux États, parent malade, âge), mention du décès, souvent accompagné de legs, de fondations, d’obits… Le nombreux personnel qui gravite autour d’eux est également connu par les nominations et les questions de discipline. Le chapitre nomme les officiers de la cathédrale : les quatre grands chapelains ou « semi-prébendés » qui, sous Yves Mahyeuc, sont l’objet d’une bulle de Léon X (janvier 1520)58, relative aux provisions et droits de présentation ; les quatre prieurs (Saint-Michel, Saint-Martin, Saint-Moran et Saint-Denis), qui sont des chanoines commendataires ou réguliers, dépendant de quatre établissements différents (respectivement les abbayes de La Roë, Paimpont, Montfort et Rillé), souvent en conflit avec le chapitre59. Quant au bas-chœur, qui relève également du chapitre, il comprend le sous-chantre, le sacriste, le diacre, le sous-diacre et la psalette.
19Au titre de la gestion, reviennent chaque année, en français, les « baillées » des dîmes, notamment celle du mois de juin. Il est aussi question de ventes de « siligo », « avena » ou « fromentum ». Les aspects comptables sont ainsi très développés. La dignité du culte passe par les travaux de la cathédrale, par le maintien de l’ordre (renvoi des pauvres par les chasse-gueux), par l’existence d’un nombreux personnel clérical (fabriqueur, massier, prédicateurs de Carême, obitiers…) et par la psalette, fondée en 1445 par l’évêque Guillaume Brillet60. Les archives de l’évêché contiennent une copie (« transumpt ») de janvier 1515 (n. st.) par l’official d’une bulle de Léon X, de 1513, qui affectait une part des dîmes de la paroisse de Saint-Grégoire à la psalette61. Y eut-il une volonté d’Yves Mahyeuc en la matière ? Il faut noter que l’autre bulle, déjà citée, de Léon X, par ailleurs un Médicis, ami des arts et notamment de la musique, insiste sur les qualités musicales : pour les nominations des quatre chapelains semi-prébendés, du chantre et du sacriste, il faut que les prêtres soient rompus aux rites et aux cérémonies de l’Église de Rennes et qu’ils connaissent la musique, du moins le plain-chant62. À cet égard, il est intéressant d’observer qu’une bulle sur l’organisation de la psalette de Saint-Malo fut également publiée en 151563. La bulle de 1513 précise la composition de la psalette : six enfants, un maître de grammaire, un « tenorista » et un organiste. On retrouve ces personnages dans les délibérations, mais aussi deux « baccalarii » et un maître de musique, mais pas en revanche les « duos alios contratenoristas », bien qu’un haute-contre soit cité dans un compte de 152464. Les actes capitulaires évoquent souvent la psalette, non d’un point de vue musical, mais toujours du point de vue matériel et comptable. On y retrouve le maître de grammaire, qui veille, comme il est dit dans la bulle, à éduquer et instruire de bonnes mœurs les enfants, en n’oubliant pas de les habiller chaque année de vêtements décents munis de capuches fourrées.
20Quant à la place de l’évêque dans la vie du chapitre, elle est mince, comme on peut s’y attendre. Si l’on rencontre un Mahyeuc, c’est plutôt Hervé qu’Yves. Hervé Mahyeuc, qualifié sans plus d’explication de cousin de l’évêque par l’abbé Poisson, est chanoine en 1526 jusqu’à sa mort en février 1540 (n. st.). C’est l’un des chanoines les plus assidus au chapitre, sauf en temps de peste. Il est presque toujours cité en tête des délibérations, sans doute en tant que scolastique65, l’une des cinq dignités de l’église de Rennes qu’il occupe depuis 1527. Préservée lors de la destruction de la cathédrale, à la différence de celle de son supposé cousin, sa pierre tombale est conservée au Musée de Bretagne66. Des documents prétendument signés ou émanant d’Yves Mahyeuc portent en fait son seing manuel67. Yves Mahyeuc apparaît de temps à autre, confirmant – sans commentaires – les statuts du chapitre68, nommant tel grand chapelain69, tel sacriste70, désignant tel chanoine aux États en 1527 (f° 30 vo), tel autre pour se rendre à Paris en 1528 (f° 42 vo). Lui-même reçoit 50 livres le 9 janvier 1534 pour ses frais à la cour du roi. En octobre 1536, il proteste en personne lors de la session des grands jours, au nom du chapitre et de ses confrères évêques bretons, contre une mesure que je n’ai pu identifier (f° 163 ro). Il convient de signaler ici deux documents intéressant le clergé revêtus de la rare signature de l’évêque : le premier est une réception, le 9 décembre 1535, de lettres patentes du roi taxant le clergé du diocèse de trois décimes71, dans le second, de mai 1517, qui se trouve dans le deuxième nécrologe du chapitre72, Yves Mahyeuc approuve une modification du statut relative au « pain du chapitre » dû par les chanoines.
21L’évêque apparaît encore, comme son parent le scolastique et comme de nombreux chanoines, par ses fondations : le « procurator et negociator » de l’évêque vient fonder en son nom (l’évêque était malade, « dominus egrotabat », est-il précisé) un anniversaire annuel et donne 200 livres (27 janvier 1534 n. st., f° 133 ro). Le même, Goulven Abguillerm, sieur de Champeaux en Rennes, qualifié d’« honoratus vir » est également l’exécuteur testamentaire d’Hervé Mahyeuc, après son décès le 4 février 1540 (f° 204 vo) : fondation de quatre messes le 15 mars 1540, payement le 4 février 1542.
22Ce Goulven Abguillerm apparaît à de multiples reprises dans les archives et mérite quelques lignes. Le nom pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un Léonard arrivé à Rennes avec Yves Mahyeuc73, dont il paraît en tout cas être un familier. Dans l’enquête de 1532, on le décrit comme « escuyer » de l’évêque, propriétaire d’une maison, au coin des rues Saint-Guillaume et de la Cordonnerie. On le trouve encore dans le registre du chapitre, achetant le 18 mai 1534 la maison du sacriste. Il figure dans l’aveu de Claude Dodieu en 1542 et dans l’inventaire déjà cité des Dominicains : en 1546, il fait don au couvent du jardin du logis du Mouton blanc qu’il a acheté près de Saint-Aubin en 1529, pour une messe annuelle devant l’image de Notre-Dame vénérée dans le couvent74. Dès 1525, il est l’exécuteur testamentaire de Jacques Cerisier, l’official. On peut imaginer que Goulven Abguillerm fasse partie, avec les parents déjà rencontrés, du « clan » Mahyeuc75, comme il existe, bien représentés dans le chapitre et parmi les dignitaires, les clans Bourgneuf, Espinay, Briçonnet… Guillaume Vestier, un grand chapelain76, par ailleurs recteur de Bruz en 150877, qui se voit octroyer par Yves Mahyeuc, dès son avènement, le 9 mars 1508 (n. st.) une pension de cent livres annuelle pour services rendus en fait-il partie ?
23Les délibérations ne font pas état de conflits entre l’évêque et le chapitre. Au contraire, plusieurs délibérations, malheureusement allusives, d’août à octobre 1537, évoquent l’« injuria » faite à l’évêque dans son manoir de Bruz par Cobaz, Renaud de Neufville, sieur du Plessis-Bardoul, et René du Margart. Le chapitre désigne alors deux chanoines pour faire le procès (f° 173 ro), ordonne une enquête (f° 180 vo) sur la nourriture servie à l’évêque que l’on dit maltraité par ses serviteurs78, paye 6 « aureos » pour le procès contre ceux qui ont offensé l’évêque. Mais la plupart des interventions de l’évêque dans la vie du chapitre concernent les travaux à la cathédrale, dont il est coresponsable. Le registre des délibérations capitulaires signale plusieurs dons de l’évêque. En 1525, l’évêque affecta une donation de Jacques Cerisier, official, recteur de Cintré et Chesné, à la cathédrale, en considération des importantes réparations à faire à « la première et à plus noble des églises du duché »79 : lui-même fit un don de 30 livres après le marché d’un montant de 600 livres passé par le chapitre le premier juin 1527 avec Thomas Pihourt pour réparer « les murailles du chœur de l’église de Rennes »80, le 28 août 1527, f° 34 ro (« presul donavit hodie trecentas libras mon. pro reparatione chori ecclesie redonensi »), puis le 9 janvier 1534 (50 livres) ou le 19 février 1536 (« ecclesia valde ruinosa »). À ma connaissance, l’évêque ne fait sa seule apparition au chapitre, au moins consignée dans le registre, que le 16 janvier 1540 : sans doute fallait-il la présence de l’évêque pour convaincre les chanoines et autres bénéficiers d’affecter un quart de leurs revenus à la réparation de la cathédrale, comme l’avait décidé une ordonnance de François Ier rendue quelques jours plus tôt81 (f° 198 vo). L’évêque lui-même s’exécuta : il versa 500 livres pour la réparation de la tour le 18 mai 1540, par l’intermédiaire d’Abguillerm, et un an après, le 30 avril 1541, 600 livres, soit la moitié de sa cotisation, par Jehan Ferré, maître des monnaies de Rennes (f° 223 vo). Entre temps, le 21 janvier 1541 (f° 249 vo), on enregistre un legs d’Hervé Mahyeuc. Le même Jehan Ferré apporta au nom de l’évêque, entre le 15 juillet et le 2 août 1541 (f° 232 vo), une ultime somme de 50 livres.
24Quant à la participation aux cérémonies et processions du chapitre, qui sont parfois évoquées dans les délibérations82, elle varie suivant les cas. En dehors de la cérémonie exceptionnelle du couronnement de 1532, la présence d’Yves Mahyeuc est attestée plusieurs années (1527 à 1534, 1533 étant douteux) à la procession du Sacre (Saint-Sacrement ou Fête-Dieu), le jeudi qui suit le dimanche de la Trinité. C’est là un fait normal car il s’agit d’une fête épiscopale où sa présence est requise. C’est une fête majeure, pour laquelle la communauté de ville fait sonner le gros horloge83. La procession fait une halte aux vieilles abbayes de Saint-Melaine et Saint-Georges. En 1527, un accord intervient entre le chapitre et les religieuses de Saint-Georges : appliquant strictement la clôture, celles-ci enverraient dorénavant la veille leurs excuses, par leur sénéchal, de ne pouvoir prendre part à la procession. Ce rituel est signalé jusqu’en 1536.
25En revanche, Yves Mahyeuc n’assiste pas à deux cérémonies qui ont longuement retenu l’attention du chanoine Guillotin de Corson par leur étrangeté84. La première est la « bouillie de Saint-Georges » : le mardi après Pâques, le chapitre se rend au monastère et y reçoit « une redevance, sorte de prestation féodale », comme le dit Guillotin de Corson, en fait une bouillie de lait et de froment, servie dans un chaudron. La cérémonie est citée de 1528 à 1532 et en 1541. Rien n’y est dit de la présence de l’évêque. La seconde est le « jeu de la pelote » : le dimanche d’après Pâques, dit de Quasimodo, le chapitre se rend à l’église Saint-Étienne, réputée la plus ancienne paroisse de Rennes : le représentant de cette paroisse s’acquitte d’une redevance (deux florins et demi d’or) et donne balles et raquettes aux chanoines. La cérémonie est rapportée en 1529, 1531, 1532, 1539 et 1540. Jamais la présence de l’évêque n’y est mentionnée, alors que Mgr Guibé est présent en 1484. Or en 1540, François de Laval, évêque de Dol et archidiacre de Rennes, assiste à la cérémonie, comme il préside la procession du Sacre en 1539 et 1540. Faut-il rapprocher cela du fait que la bouillie de Saint-Georges soit mentionnée pour l’année 1541, alors qu’elle ne l’était plus depuis 1533 ? Faut-il y voir la trace d’une sensibilité différente ? La procession de 1539 s’accompagne d’un incident relaté dans les délibérations : six pierres précieuses tombent de la mitre de l’évêque de Dol… La présence de François de Laval à la place de l’évêque de Rennes est autorisée en 1540 par le vicaire général Michel Le Duc. On peut penser qu’Yves Mahyeuc, alors âgé de 80 ans, est malade85. C’est Michel Le Duc qui le remplace aux États de Bretagne de 1536 à 1539, alors qu’il avait siégé entre 1521 et 152686. François de Laval, évêque de Dol depuis 1528, est un fils naturel de Guy XVI, comte de Laval, légitimé en mars 153987. Un coadjuteur a pourtant été nommé, Claude Dodieu, seigneur de Velly. Cette nomination en date du 3 mai 1540 est annoncée au chapitre (f° 207 vo), en présence de Pierre d’Argentré, sénéchal de Rennes. Claude Dodieu est un diplomate, qui a effectué de longues missions auprès de l’empereur (juin 1531-juin 1536, septembre 1537-juillet 1538) et de nouveau du 10 septembre 1540 à décembre 1541. On peut s’interroger sur sa présence à Rennes avant cette date. Cela expliquerait le rôle de François de Laval et le long mandement de Claude Dodieu, couché dans les délibérations (f° 228 ro -230 ro), donné à Ratisbonne le 1er mai 1541, nommant pour vicaire Jehan Lhuillier, chanoine du Mans.
26Quelques mois plus tard, le 20 septembre 1541, Yves Mahyeuc s’éteint dans son manoir de Bruz – le seul évêque de Rennes dans ce cas – une semaine après que fut posée la première pierre de la cathédrale, sans que l’on sache si l’évêque était ou non présent88. C’est alors qu’apparaissent les premières mentions de miracle89. La relation du chapitre s’attarde sur les obsèques et mentionne brièvement « les intersignes en forme de croix existant sur la poitrine et l’estomac »90. En revanche, dans le plus ancien livre de raison conservé aux archives départementales91, celui des familles Dautye, Juhel et Becdelièvre, le jurisconsulte Gilles de Becdelièvre (1515-1579), qui deviendra conseiller au Présidial, puis au Parlement, rédige, dans un latin châtié, une notice plus détaillée, publiée jadis par l’archiviste Paul Parfouru92, et décrit l’image miraculeuse de l’arbre et de la croix d’une blancheur éclatante, ajoutant que les proches de l’évêque avaient pu la voir secrètement depuis vingt ans à son insu. Le texte est accompagné d’une gravure représentant la croix, qui n’est pas nécessairement contemporaine. La notice du chapitre a été traduite par l’abbé Poisson, qui en revanche ne fait pas état des quelques mentions ultérieures dans le registre : paiement des médicaments, du chirurgien embaumeur, des religieux de Saint-Melaine pour leur procession, aménagements du tombeau… Mais l’interprétation de ces délibérations n’est pas aisée, en raison des difficultés de lecture et de vocabulaire93.
27Rennes, cathédrale Saint-Pierre, premier niveau de la façade. La première pierre en fut posée au nom d’Yves Mahyeuc le 15 septembre 1541. Les archives parlent sobrement de « la tour » et l’on ignore dans quelle mesure était déjà prévu le projet à cinq niveaux qui sera achevé pour l’essentiel vers 1680. Mais cette première pierre symbolique n’en est pas moins présente dans la mémoire rennaise (voir infra, dépositions 24 et 49 du procès en béatification). Lors du remaniement du portail central, en 1683, le notaire Duchemin est sensible à la dépose de l’inscription de 1541, qu’il identifie comme telle.
*
28L’Yves Mahyeuc des textes rennais est bien différent de celui du procès en béatification. L’évêque vertueux et admirable est aussi un seigneur et un haut personnage de son temps, sourcilleux sur ses droits. Les deux aspects ne sont pas incompatibles. Dans leur hétérogénéité et leur parcimonie, que compense quelque peu le riche registre des délibérations du chapitre conservé pour la seconde partie de son épiscopat, les archives montrent une vie religieuse d’essence encore très médiévale, font entrevoir le petit clan qui gravite autour de l’évêque, nous révèlent les prémices de son culte et, en définitive, donnent de lui un kaléidoscope tronqué d’images fugaces (le confesseur d’Anne en est absent). Celle que nous conserve la fresque peinte dans le déambulatoire de la cathédrale au XIXe siècle, le représentant portant l’édifice dans les mains, n’est sans doute pas la moins fidèle.
Annexe
Annexe : publication de documents
1. La « joyeuse venue » de l’évêque à Rennes (27 janvier 1508)
Archives municipales de Rennes, GG 276 quittance de 1507 (ancien style)
Furent offerts au nouvel évêque,
comme le rapporte la « mise du présent et don » :
Pour une dozaine de perdrix, XVIII s
Item pour une dozane de bégaces (bécasses), XIIII s
Item pour doze pigeons, X s
Pour seix congnins (lapins), XV s
Idem pour seix laperaulx, VI s
Pour doze poulletz, VIII s
Item pour deux budors (butors ?), VIII s IIII d
Pour deux faissans, XX s
Pour deux chevreaulx, XII s VI d
Item pour deux pots d’ypocras blancs et deux autres de vermoil,
XXXIII s IIII d
Item pour quatre cens de moistier (petits fours, gaufres), VI s VIII d.
Item à ung nommé Brasart pour avoir porté lesdites choses à Bruz, V s
Soit un total de sept livres seize sous dix deniers
2. Quatre cérémonies de 1532, à travers les délibérations du chapitre cathédral
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 G 200/1, fol. 102 verso
(texte original latin et traduction)
martis post Pascha secunda aprilis
Processio ecclesie redonensis adivit monasterium monialium
Sancti Georgi redonensis et ibidem celebravit missam
dominus Henricus Gaultier major capellanus et durante epistula
domini Petrus Jouauld et Georgius Dutertre canonici
accesserunt ad crateram vulgo à la grisle et coram eis
comparuit domina Johanna Delabarre celeraria prout
se talem asseruit et dicti domini sibi petierunt debitum
sibi solvi consuetum : que domina sibi exhibuit magnam
pelvim pulte aduste repletam et more solito eisdem
dominis presentavit et domini acceptarunt more solito citra
derogationem etc. et pueri salecte quantum voluerunt
sumpserunt eum suis coclearibus et presentibus magistris
Guillelmo Prodhomme et Nicolas Loychon testibus et
Peliczon est notarius.
Dominica de quasimodo septima aprilis
Domini dignitates canonici presbiteri choriste pueri et officiari
ecclesie redonensis continuo post meridiem prius campana
magna pulsata se contulerunt ad ecclesiam Sancti
Stephani et ibidem per eorum bidellum evocari
fecerunt vicarium Sancti Stephani et comparuit
Magister Johannes Bigot rector Sancti Christofori de Valenis
procurator et asseruit pro rectore et petierunt prefati domini
duas florentias cum dimidia sibi debitas et pelotas pro
quolibet tres et solvit illas florentias cum dimidia in auro
et exhibuit unum saccum in quo multe erant pelote
versicolores et promisit tradere tantum quod quilibet tres
habebit ad jaciendum et deinde exierunt ecclesiam et
cimiterium sunt ingressi et ibidem percusserunt pelotas
omnes in ordine cum racqueta quam ministravit succantor
et presentibus ibidem pluribus in copioso numero.
f° 105 recto
mercurii XXIXa mai in vigilia sanctissimi sacramenti
Capitulum fuit celebratum presentibus magistris Petro Jouault Herveo
Colson Georgio Dutertre Petro Delabende et Guillelmo Agaice
coram quibus comparuit magister Guillelmus Prodhomme procurator domine
Johanne de la Primaudaye abbatisse Sancti Georgii et supplicuit
ut die crastina in delatione sanctissimi sacramenti dominis placeret
deferre ad monasterium et visitare etc. et quod excusarent
easdem abbatissam et moniales quia non possint egredi propter
reformationem et domini voluerunt obtemperare et presentibus dominis
Guillelmo Fraud et Johanno Chauvyn presbiteris et magistro Petro
Guydonis. Le Tertre se opposuit.
Adveniente die jovis penultima maii
In ecclesia redonensi coram reverendo in Christo patri et domino
domino Yvone episcopi dominis
Roberto d’Espinay cantore Herveo Mayeuc scolastico Petro Jouault
Herveo Colson Johanno Jamoays Petro Delabende etc. comparuit
Idem Prodhomme etc. supplicuit etc. quod haberent excusatas
Abbatissam et moniales et fecit comparere tres sacerdotes in cappis
Et unus eorum habebat crucem et rogavit ut visitarent
Monasterium et domini consenserunt pro hoc anno observando
conventiones
Et presentibus predictis Fraud Chauvyn et aliis multis
Mardi 2 avril après Pâques
La procession de l’église de Rennes alla au monastère des religieuses de Saint-Georges de Rennes et là maître Henri Gaultier, grand chapelain, célébra la messe et, durant l’épître, maître Pierre Jouauld et Georges Dutertre, chanoines, s’approchèrent du « cratère »94, c’est-à-dire la grille, et devant eux comparut dame Jeanne Delabarre, cellérière à ce qu’elle affirma, et lesdits maîtres demandèrent que leur fût payée le dû habituel : laquelle dame montra un grand bassin rempli de bouillie un peu brûlée et à la façon habituelle, elle le présenta auxdits maîtres et les maîtres acceptèrent à la façon habituelle, sans y déroger95, et les enfants de la psalette en prirent autant qu’ils voulurent avec leurs cuillères et furent présents maîtres Guillaume Prod’homme et Nicolas Loychon, témoins, et Pélisson, notaire.
Dimanche de Quasimodo, 7 avril
Les seigneurs, dignités, chanoines, prêtres, choristes, enfants et officiers de l’église de Rennes, tout de suite après midi, la grande cloche ayant sonné auparavant, se transportèrent à l’église Saint-Étienne et là ils firent évoquer par leur massier le vicaire de Saint-Étienne et maître Jean Bigot, recteur de Saint-Christophe-de-Valains, procureur, comparut et répondit pour le recteur, et lesdits maîtres demandèrent deux florins et demi d’or à eux dus et trois pelotes pour chacun et il paya les trois florins et demi d’or et montra un sac dans lequel se trouvaient de nombreuses pelotes de toutes couleurs et il promit d’en livrer tant que chacun en aurait trois à lancer et ensuite ils quittèrent l’église et entrèrent dans le cimetière et là ils frappèrent les pelotes tous en ordre avec une raquette que leur servit le sous-chantre, plusieurs étaient présents en grand nombre [sic].
Mercredi 29 mai, la veille du très saint sacrement
Le chapitre fut célébré présents maîtres… devant lesquels comparut maître Guillaume Prod’homme, procureur de dame Jeanne de la Primaudaye, abbesse de Saint-Georges, et elle supplia que le lendemain il plût aux maîtres de se rendre au monastère pour apporter le très saint sacrement et de visiter etc. et qu’ils excusassent lesdites abbesse et moniales de ne pouvoir sortir à cause de la réformation et les maîtres voulurent obéir et furent présents Guillaume Fraud et Jean Chauvin, prêtres, maître Pierre Guy. Le Tertre s’opposa96.
Jeudi, l’avant-dernier jour de mai
Dans l’église de Rennes, devant le révérend père en Dieu et maître maître Yves, évêque, maîtres… etc. comparut ledit Prod’homme etc.… supplia etc. qu’ils tinssent pour excusées l’abbesse et les moniales et fit comparaître trois prêtres en chape et l’un d’entre eux avait une croix et il demanda qu’ils visitassent le monastère et les maîtres acceptèrent d’observer pour cette année les conventions et furent présents Fraud, Chauvin et de nombreux autres.
3. Yves Mahyeuc et Guy XVI de Laval
Deux mentions relevées dans des chroniques signalent les liens d’Yves Mahyeuc avec le puissant Guy XVI de Laval (1480-1531), seigneur de Vitré en 1501, à la mort de son père Guy XV, et gouverneur de Bretagne de 1526 à sa mort.
En 1519, il baptise son fils, ainsi que le rapporte Jean de Gennes :
« Mad. dame de Montmorency accoucha d’ung biau filz au chasteau de Vitré samady XXIIIe d’aoust l’an mil VC XIX qui fut batizé par nostre maistre Yves [un blanc] evesque de Rennes, de l’ordre Saint Dominique le sabmady Xe de septembre aud. an et le nomma Jehan de Laval… » (éd. Clouard dans Revue de Bretagne, avril-mai 1914, t. 51, p. 202-203).
En 1525, Yves Mahyeuc préside les obsèques d’Anne de Laval, seconde femme de Guy XVI, morte en couches au château de Comper, à la collégiale Saint-Tugal de Laval, la nécropole familiale, après avoir consacré la chapelle de Patience des tertiaires franciscaines, ainsi que l’écrit Guillaume Le Doyen dans sa chronique :
Et le vingt troisiesme jour
De juillet et sans grant séjour,
Monseigneur l’evesque de Rennes
Dedya, en bonnes etrennes,
La chapelle de Pacience
Des devotes en ma présence.
Et le endemain, sans tarder,
Cil evesque, sans rien fraulder,
Inhuma et fist le service,
A Sainct Tugal moult bien propice,
De Madame Anne de Laval,
Que Atropos avoit contre val
Mise, le jour de Sainct Pierre, a fin.
De Montmoransy, de cueur fin,
Estoit issue noblement.
A Comper print son finement.
Son corps à Sainct Francoys pousé
Fust par une nuyt repousé,
Et apporté à Sainct Tugal,
Par honneur comme estat royal,
En grant deuil de seigneurs et dames
De bourgeoises et maintes femmes.
Cent marchans illiec tous présens
D’ordre et cent torches portant.
En deuil vestu chascun reclame,
Priant Dieu pour la noble dame.
(éd. Morin de la Beauluère, 1858, p. 199-200).
Il faut aussi rappeler le rôle joué à la fin de l’épiscopat d’Yves Mahyeuc par François de Laval, fils naturel de Guy XVI, l’un des deux de ses six fils qui lui survécurent, l’autre étant Guy XVII (1522-1547).
4. La mort d’Yves Mahyeuc : à travers les délibérations du chapitre…
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 G 200/1
(texte original latin et traduction)
f° 234 verso
Martis XXa septembris (1541)
Hora quinta post meridiem illius diei obiit reverendus in Christo
pater dominus Yvo episcopus redonensis in suo manerio de Bruz
Veneris XXIIIa septembris
Corpus reverendi in Christo patris et domini domini Yvonis episcopi
redonensi a suo mannerio de Bruz in pontificalibus
indutum in lectica per duos equos pano nigro
usque in terram omnino obtectos ad manerium episcopale
redonense honorifice delatum fuit et in porta Omnium
Sanctorum domini canonici ecclesie redonensis unacum
clero parocchialium ecclesiarum urbis et suburbium
redonensium religiosis sancti Melanii et conventuum (?) unacum (aliis?)
judicibus et officiariis tam ecclesiasticis quam secularibus
ac civibus ( ?) obviarunt et corpus honorifice et
solemniter comitati fuerunt. Quod corpus eadem
die in aula magna manierii a cunctis illuc
affluentibus visendum reliquerunt et
sabati sequenti mane illud corpus cum pompa
in navi ecclesie detulerunt quod remansit eadem
die et in exitu vesperorum facta fuit ampla
informatio de intersigniis crucis sub pectore
et stomacho existentibus
postmodum dominica sequente (die) post magnam missam
honorifice servatis solemnibus canoniis sepultum fuit
in cruce dicte ecclesie in latere quo consistat representatio
Domini Sebastiani juxta murrum magne vitrine.
f° 236 verso
Luna septima novembris
Capitulum factum fuit per dominos Petrum Jouauld, Olivierum
Brunel, Guillelmum de Villebout, Johannem Le Mesnangier,
Petrum Colson qui domini canonici ordinarunt solvi
Guillelmo Le Meulnier apothecario triginta octo libras
cum decem solidos monn pro appothecariis traditis
deffuncto episcopo redonensi et pro tribus processionibus
religiosis Sancti Melanii, sex libras monn. Renato
le Bouscher quinquagenta quinque solidos turonenses pro
apertione corporis domini episcopi deffuncti.
f° 239 verso
XVIa mai 1542
Sebastianus Thome, Jo Jamoays, O. Brunel, Pierre
de Plesguen, G. de Villeboul, Jo. Agaice, Jac. Cadier,
canonici capitulantes ordinarunt fieri quadratam
ante altare prope sepulture quondam bone memorie
Yvonis presulis redonensis et quod anniversarium ( ?) domini Yvonis
apponatur ante dictum altare et de hoc mandatum
Chantebel fabricarius (sic) dederunt.
f° 247 recto
lunae XI decembris 1542
[…]
Ordinarunt fieri archam ( ?) juxta tumulum ( ?) quondam
bone memorie Yvonis episcopi redonensis.
[…]
D’après les traductions de l’abbé Poisson (op. cit., p. 133)
et de La Bigne-Villeneuve (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 156) :
Le mardi 20 septembre 1541. À cinq heures après midi ce jour mourut révérend père en Dieu et seigneur Yves évêque de Rennes dans son manoir de Bruz.
Le vendredi 23 septembre 1541, le corps du Révérend Père en Dieu Mgr Yves, évêque de Rennes, fut apporté avec tous les honneurs, en costume pontifical, de son manoir de Bruz au manoir épiscopal de Rennes, dans une litière conduite par deux chevaux couverts de housses noires traînant jusqu’à terre. À la porte de Toussaints les seigneurs chanoines de l’Église de Rennes vinrent le recevoir ; ils étaient accompagnés du clergé des paroisses de la ville et des faubourgs, des religieux de Saint-Melaine et des couvents, des juges et officiers tant ecclésiastiques que séculiers et des bourgeois ; tous ensemble formant un honorable et solennel cortège. Ce jour-là, on laissa le corps dans la grande salle du manoir exposé à la vue de tous ceux qui affluaient là.
Le samedi suivant, au matin, on transporta le corps avec pompe dans la nef de la cathédrale ; il y resta toute la journée et à l’issue des vêpres on procéda à une ample information des intersignes en forme de croix existant sur la poitrine et l’estomac.
Puis le dimanche suivant, après la grand’messe, on l’enterra avec toutes les cérémonies et solennités canoniques, dans la croisée de ladite église, du côté ou l’on voit la statue de saint Sébastien, au ras du mur de la grande verrière.
Lundi 7 novembre 1541
Le chapitre fut fait par maîtres… lesquels maîtres chanoines ordonnèrent de payer à Guillaume Le Meulnier, apothicaire, trente-huit livres avec dix sous monnaie pour les médicaments donnés au défunt évêque de Rennes et pour trois processions aux religieux de Saint Melaine six livres monnaie à René Le Boucher cinquante-cinq sous tournois pour l’ouverture du corps du maître évêque défunt.
16 mai 1542
Sébastien… les chanoines capitulants ordonnèrent de faire une plaque97 devant l’autel proche de la sépulture de feu de bonne mémoire Yves, évêque de Rennes, et ils ordonnèrent que l’épitaphe de maître Yves soit apposée devant ledit autel et ils donnèrent un mandat pour cela à Chantebel fabricien.
Lundi 11 décembre 1542
Ils ordonnèrent de faire une « voûte » devant le tombeau de feu de bonne mémoire Yves, évêque de Rennes.
5. … et le livre de raison des Becdelièvre
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2 Eb 15
f° 30 recto
Die decima (blanc) mensis septembris, anno redemptionis humane millesimo quingentesimo quadragesimo primo, jacta fuerunt fundamenta turris sacre domus ac superioris huius urbis ecclesie que Deo, Virgini sacre ac divo Petro dicata est. Et ad id convocata huius urbis multitudine non pauci affuere singulique vicissim lapidem construentes muneribus ac donis opus ipsum adornarunt.
[…] jour du mois de septembre, l’an de la Rédemption mil cinq cent quarante et un, furent jetés les fondements de la tour de la sacrée maison et première église de cette ville, laquelle est dédiée à Dieu, à la Vierge sainte et à saint Pierre. Et étant la multitude de cette ville à ce convoquée, il en vint en nombre non petit, et à leur tour, tous ceux qui bâtissaient ornèrent ledit ouvrage de leurs offrandes et dons.
f° 31 recto
Dominus Yvo Mayeuc episcopus ac pontifex redonensis [blanc] nobili Britannie minoris oppido natus. Vir sane cuius morum institutio et sanctitas tanquam lumen aliquod ardens ceteris extinctis elucebat. In cuius ingenium virtutum omnium semina Deus optimus maximus tam late et copiose diffudit et sparsit, ut animi sui ager eleganter consitus et dimensus undique virtutis arbores produxerit. In quibus quidem Deus per adorandum filium suum Jhesum Dominum nostrum et spiritum sanctum suavissimi divine philosophie
fructus surculos ac ramos defixit atque insevit. Nempe super eius pectus et stomachum arbor atque ymago crucis divinitus candore nimio impressa ab hinc vicennio a multis suis domesticis ac familiaribus clam atque eo renuente visa est. Cuius intersignii videndi postea eo deffuncto cuilibet additus patuit. Ibique convenit universa fere huius urbis multitudo eiusque rei consilio et sententia prudentum huius civitatis convocatis ad hoc testibus bone opinionis, confectum fuit publicum documentum quo magis tam divine rei apud posteros extaret memoria. Is autem nonagesimum sue etatis annum attingens magno sui gregis eiulatu diem suum obiit die martis circiter horam quintam vesperi vigesima prima mensis septembris anno salutis humane millesimo quingentesimo quadragesimo primo atque in ecclesia redonensi que Deo ac divo Petro dedicata est sepultus religiose fuit.
Traduction de La Bigne-Villeneuve (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 156) : Monseigneur Yves Mayeuc évêque et pontife de Rennes (blanc) né dans une ville de Basse Bretagne. C’était un personnage dont la vie édifiante et la sainteté brillait comme un flambeau ardent au sein de l’obscurité. Le Dieu très bon et très grand répandit et versa dans son âme les semences de toutes les vertus avec une telle abondance et profusion que le champ de son cœur entretenu et amélioré par la plus soigneuse culture produisit (à tous égards) les arbres de la vertu. Dieu y fixa et y enta les greffes et les rameaux du fruit délicieux de la divine philosophie, par son adorable Fils Notre Seigneur Jésus Christ et par le Saint Esprit.
Sur la poitrine et l’estomac du saint prélat était marquée (se trouva) l’empreinte miraculeuse de l’arbre et image de la croix d’une blancheur éclatante. Pendant (depuis) vingt ans plusieurs de ses domestiques et gens de sa maison familiers l’ont vue secrètement à son insu ; après sa mort, la vue de cet intersigne devint facile à tous. Presque toute la ville se rassembla pour contempler ces stigmates, et d’après l’avis et le conseil des notables de la cité, on convoqua des témoins graves et compétents pour constater le fait et on en dressa procès-verbal, pour conserver à la postérité la mémoire d’un pareil miracle.
Le saint pontife atteignait la 90e année lorsqu’il mourut, au milieu de son troupeau éploré, le mardi, vers cinq heures du soir, 21 du mois de septembre, l’an du salut du monde 1541. Il fut inhumé pieusement dans la cathédrale de Rennes dédiée à Dieu et à saint Pierre.
Notes de bas de page
1 Je remercie Georges Provost et Bruno Restif de m’avoir signalé leurs découvertes et le P. Augustin Pic, O. P., de m’avoir fait bénéficier de ses talents de latiniste.
2 Deux comptes : Bruz, 1519, Rannée, 1513 (cf. notes 26 et 27) ; deux autres documents (cf. notes 71 et 72) et une approbation, le 6 novembre 1520, de la fondation faite par Charles, duc d’Alençon, à la suite du testament de sa tante Marguerite, dans le fonds de la collégiale de La Guerche (archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 G 460).
3 Paul de La Bigne-Villeneuve, divers articles dans Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonnes, 2 vol. , Rennes-Paris, 1855-1858.
4 Amédée Guillotin de Corson, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Rennes-Paris, 6 tomes, 1880-1886.
5 Henri Poisson, Une lumière de l’Ordre des Frères Prêcheurs, Yves Mahyeuc, évêque de Rennes de 1506 à 1541, Chatelaudren, 1957.
6 Albert Le Grand, La vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretagne armorique…, Nantes, 1637, p. 278-285.
7 Sur ces questions, se reporter infra aux contributions de Bruno Restif et Philippe Hamon.
8 Voir supra la communication du P. Bernard Hodel.
9 Les bulles, conservées aux Arch. dép. Ille-et-Vilaine, sont toutes cotées 1 G 48/2 sauf celle adressée à Yves Mahyeuc, cotée 1 G 2/1. Voir l’édition qu’en donne ici-même le P. Hodel, supra.
10 Henri Poisson, op. cit., photographie avant la p. 41, transcription et traduction p. 46-47.
11 Pour François de Villemonteix, nommé évêque de Saint-Malo en 1658, il existe trois bulles : « ad regem », « ad populum », « ad vassalos » (1 G 54). D’après le Bullarium ordinis ff. praedicatorum… cité par le P. Hodel, il y en eut sept pour Yves Mahyeuc.
12 Archives municipales de Rennes, GG 276 (cf. publication en annexe).
13 Jean-Pierre Leguay, « Un aspect de la sociabilité urbaine : cadeaux et banquets dans les réceptions municipales dans la Bretagne ducale du XVe siècle », Charpiana. Mélanges offerts à Jacques Charpy, Rennes, 1991, p. 349-359, et Catherine Le Mée, Les manifestations publiques à Rennes au XVIe siècle, mémoire de maîtrise, université Rennes 2, 1997. La valeur de ces présents est à comparer avec celle de la maquette de la ville et de deux coquemars (brocs), offerts au roi François Ier lors de sa venue à Rennes en 1518, qui coûtèrent 1 030 livres (Mélanges d’histoire…, op. cit., t. 1, p. 264-266).
14 Arch. mun. Rennes, compte des miseurs de 1505, CC 861.
15 Un acte daté du 28 juillet 1507 pour le prieuré-cure de Chancé, conservé dans une liasse relative aux prieurés de la Roë situés dans le diocèse de Rennes (Arch. dép. de la Mayenne, H 161) confirme ce retard d’Y. Mahyeuc à occuper le siège de Rennes : il émane du chanoine Olivier Ferré, agissant à la place de l’évêque absent (« Yvonis Dei et apostolice sedis gratia Redonensis episcopi nunc a suis civitate et diocese notorie absentis et in remotis agentis »). Cf. aussi note 25. Un merci particulier à Lionel Rousselot qui m’a signalé cette découverte.
16 La Bretagne d’après l’itinéraire de monsieur Dubuisson Aubenay, éd. coord. par A. Croix, Rennes, 2006, p. 83-84.
17 Bruno Isbled, « Le manoir de Saint-Armel en Bruz », MSHAB, t. 68, 1991, p. 403-420. On ne peut que regretter l’absence pour la Bretagne d’un travail équivalent à celui de Marie Casset, Les évêques aux champs. Châteaux et manoirs des évêques normands au Moyen Âge (XIe-XVe s.), Publications des universités de Rouen et du Havre, Presses universitaires de Caen, 2007.
18 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 1/2.
19 Ibid., 1 G 13/1.
20 « Réserve dans un bois », F. Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, 1885.
21 « Éclat de bois », ibid.
22 « Partie du pressoir où le vin coule », ibid., voir l’article « met ».
23 « Treille disposée en berceau », ibid.
24 Dominique Le Page, Finances et politique en Bretagne au début des temps modernes, 1491-1547, Paris, 1997, p. 523.
25 Il s’agit du chanoine Olivier Ferré (cf. fondation de 1508, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 167).
26 D. Le Page, op. cit., p. 575.
27 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 1/2.
28 Bruz de B à Z, 1994, p. 38-39.
29 Jacques Martin, « Un château féodal à Bruz : le Pasty au XVe siècle », BMSAIV, t. 102, 1999, p. 115-138 (l’arrêt du conseil et chancellerie y est publié, p. 135-137).
30 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 2/4.
31 Ibid., 1 G 2/2.
32 Ibid., 1 G 2/1, privilèges.
33 Ce magistrat avait épousé une fille de Julien Thierry, le Jacques Cœur breton, seigneur de Bois-Orcan ; c’est l’un des négociateurs de l’union de 1532. Cf. D. Le Page, op. cit., p. 311-312.
34 Cet usage est signalé par P. de La Bigne-Villeneuve, op. cit., t. 2, p. 246.
35 A. Guillotin de Corson, op. cit., t. 1, p. 123-126 ; Paul de La Bigne-Villeneuve, op. cit., t. 2, p. 74-78.
36 Christiane Plessix-Buisset, Le criminel devant ses juges en Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, 1988, p. 366.
37 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 760. Ce document provient vraisemblablement du fonds Boishamon (125 J) non inventorié.
38 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 F 1622 (133).
39 Sous l’épiscopat d’Yves Mahyeuc, n’ont été promulgués en 1510, en son absence, par ses vicaires généraux, que de très courts statuts synodaux, simple complément à ceux de ses prédécesseurs, Jacques d’Épinay et Michel Guibé. Ces statuts précisent les conditions de validité du sacrement de mariage (Bibliothèque municipale de Nantes, collection Nicolas Travers, Concilia provincie turonensis, ms 37, f° 305 ro -vo. Voir infra la contribution de Bruno Restif).
40 On notera qu’en tant qu’évêque, il signe « f. Yves ».
41 Arch. mun. Rennes, BB 465, registre des délibérations de 1512 à 1528, f° 263 vo.
42 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 9 H 47.
43 Hervé Martin, Les ordres mendiants en Bretagne vers 1230 – vers 1530, Rennes, 1975, p. 155, 210 et 332.
44 Ibid., 17 H 62, histoire du couvent de 1500 à 1549 : Anno autem domini 1531 reverendus in Christo pater Yvo episcopus redonensis die vero divi Mathei dedicavit huius conventus capitulum qui quidem homo Dei pro suis laboribus duos aureos conventui tribuit. […] Idem anno Domini 1538 ( ?) mensis maii V die ipse episcopus Yvo prefatus altaria sancte nostre domine pietatis et sancti Andree nec non sancte Katharine consecravit.… On peut aussi comprendre que l’évêque au jour de Saint-Matthieu dédicaça la salle capitulaire de ce couvent, lequel homme de Dieu donna même (quidem) au couvent deux écus d’or pour ses travaux, etc.
45 Ibid., « amicissimus fuit conventus et alluit unum juvenem in Parisi studio ».
46 Ibid., 18 H 1, p. 504.
47 Ibid., 18 H 13.
48 Ibid., 1 G 200/1, délibération du 21 juin 1527 (f° 23 ro), décidant le don de « decem solidos aureos ». Le gouverneur ordonna par ailleurs à la ville de payer aux religieux une somme de 70 livres pour un banquet organisé à cette occasion, Arch. mun. Rennes, BB 465, registre des délibérations de 1512 à 1528, f° 269.
49 Cf. sur ce personnage la contribution de Sarah Toulouse, supra.
50 Ibid., 18 H 1, p. 106.
51 Ibid., 18 H 3, contrat du 14 septembre 1530 par Louvel et Lestang, passes, approuvé par l’évêque et signé par Hervé Mahyeuc le 9 novembre 1530.
52 Yves Mahyeuc approuve le 13 janvier 1527 le legs d’une maison, ancienne buanderie, et d’un jardin rue Basse Saint-Étienne, ainsi que d’une petite maison voisine, dite de la chapellenie de Saint-Antoine, fait au couvent des Dominicains par Antoine Bernard, qualifié de chanoine et recteur de Cys ( ?), le 9 novembre 1526. Antoine Bernard meurt le 4 janvier 1527. Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 18 H 1, inventaire des archives du couvent, p. 22. L’acte lui-même est curieusement conservé à l’abbaye de Landévennec dans la collection du docteur Lebreton, sous la cote 53/96.
53 Les fondations de Bernard et Abguillerm figurent à la rubrique « fondations dont le fonds est sur les maisons », p. 27 de la table des fondations de 1710, Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 18 H 1. Cf. note 74.
54 Ibid., 18 H 7.
55 Ibid., 1 G 200/1, f° 185.
56 Olivier Charles, Chanoines de Bretagne. Carrière et cultures d’une élite cléricale au siècle des Lumières, Rennes, PUR, 2004.
57 L’ordre du jour semble parfois bien maigre et deux séances, les 7 et 17 février 1538, ne portent que la mention « nihil egerunt » (f° 185 ro et vo).
58 Il existe trois copies (« transumpts ») de la publication de la bulle le 4 juin 1521 et un « consentement de l’évêque » sous la cote 1 G 2/2, ainsi qu’une version imprimée à la bibliothèque municipale de Rennes, 2749/77 res, intitulée Transumptum Bullae Sanctissimi DD. Nostri Pape Leonis decimi, pro Capitulo et Canonicis Ecclesiae Rhedonensis cum publicatione ejusdem et fulminatione.
59 Sur les origines de ces prieurés, voir André Chédeville, « Les chanoines réguliers en Bretagne au XIIe siècle : des proto-mendiants », dans Sophie Cassagnes-Brouquet, Amaury Chauou, Daniel Pichot, Lionel Rousselot (dir.), Religion et mentalités au Moyen Âge, Mélanges en l’honneur d’Hervé Martin, Rennes, 2003, p. 133-144, et sur leur suppression, Michel Duval, « Les anciens prieurés réguliers de la métropole et leur union au chapitre de Rennes (1728-1729) », BMSAIV, 1983, t. 85, p. 53-64. Voir aussi Yves Breton, Les Génovéfains en Haute-Bretagne, en Anjou et dans le Maine aux XVIIe et XVIIIe siècles, Maulévrier, 2006.
60 Abbé [Louis] Raison, « La psalette de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes », BMSAIV, t. 63, 1937, p. 8.
61 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 2/2. « Residuum dictorum fructuum quod supererit in augmentum dicte psallete ut prefertur ac suos et dicte parrochialis usus et utilitatem convertere et ad effectum augmenti psallete huiusmodi unum bonum tenoristam, duos alios contratenoristas, unum organistam et dictos sex pueros ac unum magistrum in grammatica qui in illius arte et bonis moribus ipsos sex pueros edocere et instruere habeat continuo pro tempore tenere ac ipsos pueros quolibet anno vestibus honestis cum caputiis foderatis vestiri. »
62 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, ibid., consentement de 1520, « juris presentendi et seu nominandi personas ydoneas ut pote (version imprimée)/ ut puta (version manuscrite) actu sacerdotes qui in eadem ecclesia musicam saltem quoad planum cantum noverint et in eadem musica ac ritibus et ceremoniis eiusdem ecclesie eruditi et instructi fuerint ad quatuor maiores capellanias semiprebendas nuncupatas et sacristiam et succentoriam dicte ecclesie ».
63 A. Guillotin de Corson, op. cit., p. 699.
64 Abbé Raison, art. cit., p. 14.
65 Notons à propos du scolastique, primitivement chargé des écoles, l’absence de toute indication dans le fonds de l’évêché ou du chapitre de la fondation en 1536 du collège de Rennes, sous la tutelle de la municipalité, dans le prieuré Saint-Thomas. Cf. l’étude de Geneviève Durtelle de Saint-Sauveur, « Le collège de Rennes depuis sa fondation jusqu’au départ des jésuites, 1536-1762 », BMSAIV, t. 46, 1918, p. 1-242.
66 N ° d’inventaire : 905.0012.1.
67 Par exemple tous les mandements destinés aux Carmes cités plus haut (9 H 47), tel mandement pour l’abbaye Saint-Melaine (1 F 1622), le legs évoqué supra conservé à Landévennec, la fondation Le Coutelier (18 H 3) ou l’acte relatif aux indulgences de 1515 (18 H 13).
68 Septembre 1526 (f° 4 vo) ; février 1531 (n. st.), « post prandium presul confirmavit … » (après le déjeuner, l’évêque confirma…), (f° 85 ro) ; 6 août 1533 (f° 128 ro).
69 Henri Gautier (juin 1529, f° 61 ro), Julien Bourdinaye (oct. 1538, f° 181 vo).
70 Paganus Couyaires (18 oct. 1527, f° 33 ro), Theobaldus Jaby (13 novembre 1531, f° 95), mais Julien Guillard, recteur de Pancé (janv. 1532, f° 98 vo) ne paraît pas être institué par l’évêque.
71 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 194/2.
72 Archives diocésaines de Rennes, nécrologe du chapitre, A2, non folioté. La signature est ici : f. Yvo e. redonen.
73 Le prénom est celui d’un des rares saints de Basse-Bretagne honorés à Rennes : les reliques de saint Goulven sont conservées à la cathédrale de Rennes, sa châsse est portée en procession tous les ans. En 1533, Yves Mahyeuc fit prélever un os qu’il donna à la paroisse éponyme du Léon (A. Guillotin de Corson, op. cit., p. 322-323). C’est le seul événement de son épiscopat qui, à notre connaissance, ait trait à son diocèse natal, compte non tenu de son rôle présumé, et antérieur à 1507, dans la composition d’un Veni Creator latin-breton lors du pèlerinage d’Anne de Bretagne au Folgoët (supra, contribution de Jean-Christophe Cassard).
74 Sur ce jardin, donné par contrat devant Ménigot et Lagrée, notaire, le 9 novembre 1546, les religieux firent construire un « logis avis la porte de Saint-Aubin » en 1555 (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 18 H 1, « tables des fondations », 1709, partie non paginée, in fine, et inventaire des archives, p. 19). Goulven Aguillerm est qualifié de seigneur de la Pommeraie (paroisse de Brie), puis de Champeaux. On y apprend qu’il a épousé la fille de Jean Mousset, sieur de Mainmenier. Jean Mousset est le père de Pierre Mousset, recteur du Châtelier, chanoine et promoteur de l’officialité de Rennes, qui fait une fondation en 1547. Jean et Pierre Mousset sont tous deux enterrés en la chapelle de la Sainte Vierge du couvent (Ibid., p. 108 et 279). Un certain François Mousset est cité comme titulaire de la huitième prébende en 1560 (A. Guillotin de Corson, op. cit., t. 1, p. 217).
75 Guillotin de Corson (op. cit., p. 226) cite dans sa liste des chanoines un mystérieux Yves Le Maieuc, titulaire du quinzième canonicat, au début du XVIe siècle. Les recherches dans le fonds du chapitre sont restées vaines. N’y-a-t-il pas confusion avec un chanoine Yves Le Vayer, titulaire du troisième canonicat, reçu en 1488 ou faut-il verser cette donnée au dossier de l’éventuelle existence de deux Mahyeuc ?
76 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 2/2.
77 Ibid., 1 G 172, fondation de 1508.
78 « Ordinarunt cibaria domini presulis esse visitanda ex quo fertur publice quod ejus servitores male tractant eum. »
79 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 48/2, « considerantes quod nostra ecclesia redonensis prima et noblior ceteris huius ducatus ecclesiis in aliquibus partibus ruinosa reparatione non modica eget ».
80 Marché publié dans Mélanges d’histoire…, op. cit., t. 2, p. 220-222.
81 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1 G 260.
82 Elles sont citées dans le livre des usages de l’église de Rennes, rédigé par le chanoine Jean de Beaumont en 1415 (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1F 1606), scrupuleusement analysé par Guillotin de Corson, op. cit., chapitre 8.
83 Arch. mun. Rennes, registre des délibérations, 28 mai 1523 et 27 mai 1526 ; en 1541, la communauté paye des trompettes.
84 A. Guillotin de Corson, op. cit., p. 307-313. Cf. en annexe les délibérations du chapitre relatives aux deux cérémonies de 1532. Signalons de plus qu’une troisième, la fête des Innocents, n’apparaît jamais dans les délibérations du chapitre sous Yves Mahyeuc. On en trouve toutefois une mention en 1562 (Ibid., p. 298). L’abbé Raison, art. cit., signale d’autres occurrences jusqu’en 1596.
85 Dans la Correspondance de Joachim de Matignon, lieutenant général du roi en Normandie (1516-1548), éditée en 1914 par l’archiviste du palais princier de Monaco, une lettre de Jacqueline d’Estouteville du 28 juillet 1537 fait état, p. 43, de la résignation d’Yves Mahyeuc en faveur de Robert d’Épinay, chantre : « Le roi a donné le consentement à Monsieur le chantre de Rennes de la résignation que l’évêque dudit Rennes lui a faite, pourvu que l’évêque de Périgueux soit mort. » Elle ajoute : « Ledit chantre est encore à Montpellier ou en chemin pour s’en revenir. »
86 Charles de la Lande de Calan, Documents inédits relatifs aux États de Bretagne de 1491 à 1589, 1908-1909, passim.
87 Sur les relations entre Yves Mahyeuc et Guy XVI de Laval, cf. infra, documents publiés en annexe.
88 Une inscription rappela l’événement : « Jacta fuerunt molis hujus fundamenta XV Septemb. Anno Xi MDXLI – Paulo III Pont. Max. Francis. I. Gall. Rege Henrico Brit. Duce Yvone prœsule » selon la transcription de Dubuisson-Aubenay (La Bretagne d’après l’itinéraire…, op. cit., p. 118) : Les fondements de cet édifice ont été jetés le 15 septembre de l’an du Christ 1541, Paul III étant pape, François Ier roi de France, Henri duc de Bretagne, Yves évêque » ; voir également A. Guillotin de Corson, op. cit., p. 269. Cette inscription a disparu en 1683, comme le rapporte dans son livre de raison le notaire René Duchemin : « Le 15 juillet, on a achevé de démolir l’ancien portail de la tour Saint-Pierre et ôté les inscriptions qui y étaient portant date de 1541 » (Moi Claude Bordeaux, journal d’un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle, éd. Bruno Isbled, Rennes, 1992, p. 199-200).
89 Deux témoignages ont rapproché le début des travaux à la cathédrale et la mort de l’évêque une semaine plus tard : c’est le cas du journal de Gilles de Becdelièvre cité ensuite, mais aussi de l’histoire du couvent des Cordeliers déjà cité : « Anno vero 1541 regnante domino Yvone episcopo redonense incepta fuit divi Petri ecclesi huiusmet civitatis turris, qui quidem bone memorie Yvo nonnullo tempore post deffunctus est in cuius pectore reperta [sic] est vestigium crusis [sic]. »
90 Cf. le texte publié en annexe, traduit par Paul de la Bigne-Villeneuve, dans Mélanges d’histoire…, op. cit., t. 1, p. 193-194 et l’abbé Poisson, op. cit., p. 133.
91 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 Eb 15/1, texte publié en annexe.
92 Paul Parfouru, Anciens livres de raison de familles bretonnes conservées aux archives d’Ille-et-Vilaine, Saint-Brieuc, 1898, p. 19.
93 Cf. texte publié en annexe.
94 Signifie coupe mais aussi panier tressé, d’où grille. Craticula signifie, en cuisine, petit gril.
95 Citra signifie en deçà mais aussi sans.
96 En 1531, à la même cérémonie, il avait fait de même, disant vouloir observer la concorde, dicens velle observare concordiam, f° 89 ro.
97 Quadrata : pierre ou plaque carrée, souvent en marbre.
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