Introduction de la troisième partie
p. 155
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Texte intégral
1Quelle réception les spectateurs du TNP ont-ils réservée aux dispositifs publics mis en place par Vilar ? Plus largement, que signifie pour l’art le fait d’être, pour partie, sinon démocratisé, du moins institutionnalisé ? En d’autres termes, une première question est de savoir si l’institution culturelle participe de la création d’une « positivité », c’est-à-dire de tout ce qui, par son caractère dogmatique et institutionnel, pourrait en faire une forme étrangère à la communauté, une idéologie extérieure à un peuple composé d’individus « libres » ou, à l’inverse, l’objet d’une culture partagée au sein d’un espace public critique.
2Une deuxième question devient alors décisive : celle de savoir si le public du TNP a été – ou non – populaire. Cette question fut l’objet d’âpres débats opposant Jean-Paul Sartre, puis Jean-Louis Barrault à Jean Vilar. Ces disputes ont véhiculé des représentations du théâtre populaire et des définitions du « peuple » qui leur étaient associées. Répondre à la question soulève une série de problèmes théoriques et méthodologiques.
3Une troisième question touche ainsi à l’évaluation de l’efficacité des dispositifs institutionnels mis en place par le TNP. Pour emprunter à Jean-Claude Passeron, « un processus – comme la démocratisation d’une pratique sociale – connaît des degrés et des disparités : seule la mesure permet d’en juger avec quelque exactitude1 ». Or, Jean Vilar livre et gagne la bataille des chiffres. Après des débuts timides, le succès de fréquentation du TNP se précise dès 1953 pour culminer entre 1963 et 1966. À l’inverse, le brusque affaissement de la fréquentation du TNP entre 1969 et 1971 oblige à se poser la question des déterminants de ce succès. La suppression des abonnements et des dispositifs de relation avec le public en 1968 ne démontrerait-elle pas négativement l’efficacité de ces mêmes politiques en direction du public ?
Notes de bas de page
1 Jean-Claude Passeron, « Consommation et réception de la culture : la démocratisation des publics », in Olivier Donnat & Paul Tolila dir., Le (s) public (s) de la culture, Presses de Sciences Po., 2003, p. 361-390 (p. 361).
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