Éléments d’une approche de l’histoire de la France Libre
p. 15-28
Texte intégral
1Dans le cadre de ce colloque, la question de l’émergence et de la constitution du gaullisme de guerre est posée à travers l’aventure de la France Libre surgie de l’appel fondateur du 18 juin 1940, du refus de la défaite française et du rejet du régime de Vichy. Le mouvement des Français Libres, créé de rien ou presque par le général de Gaulle, constitue l’un des deux versants d’une résistance française qui se développe dans un premier temps de manière séparée. Pendant longtemps, l’historiographie de la Résistance s’est concentrée sur l’étude de la Résistance intérieure française (RIF). Mais ces dernières années, plusieurs travaux importants ont été consacrés à la Résistance extérieure française (REF) traduisant une évolution importante de la réflexion historique que nous allons ici retracer.
2Nous essaierons d’abord de définir ce que recouvre l’expérience – l’épopée diront certains – de la France Libre, puis de rappeler quelques jalons de la construction de son historiographie, en terminant par la mise en perspective de l’apport des Bretons à la France Libre et à la France combattante.
Qu’est-ce que la France Libre ?
3Il s’agit d’abord de rappeler des éléments de définition et d’histoire de ce mouvement de résistance à la fois militaire et politique qui a eu très rapidement une composante coloniale importante. À partir du 18 juin 1940 une poignée d’hommes s’est rassemblée derrière le général de Gaulle pour poursuivre le combat contre l’envahisseur allemand et nazi et ses alliés, en Angleterre, dans l’Empire colonial et dans le pays, occupé ou non. Dans l’étude de l’histoire de la Résistance, on a longtemps séparé les deux résistances, la Résistance intérieure française, la RIF, et la Résistance extérieure française, la REF. Les historiens étaient plutôt spécialistes de l’une ou de l’autre et ils ont longtemps privilégié la première au détriment de la seconde. Ce choix correspondait d’ailleurs à des réalités différentes car si les deux résistances ont eu des cheminements parallèles, leur naissance et leur essor ont eu lieu dans des conditions et avec des modalités très spécifiques. D’un côté, il a fallu inventer des formes de lutte nouvelles dans un pays partiellement occupé par le vainqueur hitlérien avec toutes les difficultés et les risques encourus. De surcroît, l’existence du régime de Vichy qui a choisi dès l’entrevue de Montoire (24 octobre 1940), comme l’a expliqué le maréchal Philippe Pétain, d’entrer « volontairement dans la voie de la collaboration » d’État a compliqué la tâche des Résistants. Pour entraîner dans la lutte un peuple traumatisé par la défaite, il a d’abord fallu démystifier la politique du « vainqueur de Verdun », le chef respecté de l’État français. De l’autre, la France Libre naît à l’étranger, en Grande-Bretagne, avec une poignée de volontaires décidés à poursuivre la guerre sous les ordres du général de Gaulle qui pour beaucoup est un officier inconnu. Certes, dès la fin août 1940, grâce au ralliement de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), puis de territoires dans le Pacifique, la France Libre dispose d’importants territoires et d’un potentiel de soldats coloniaux, mais le général de Gaulle doit faire ses preuves comme chef politique et militaire face à Churchill et à l’opinion internationale.
4Même si de nombreux Français écoutent très tôt et massivement, notamment en Bretagne, le général de Gaulle et les émissions de la France Libre sur les ondes de la BBC, l’engagement résistant, c’est-à-dire l’action avec la conscience de résister, ne peut être par la force des choses que le choix de petites minorités1. En outre, pendant des mois, les deux résistances, coupées l’une de l’autre, se sont développées de manière séparée dans des environnements très différents. Pourtant très tôt, à l’été et à l’automne 19402, Londres a envoyé des agents et des missions, souvent convoyés par des pêcheurs bretons partis en Angleterre en juin 1940 et déposés sur les côtes bretonnes, pour y former des réseaux faisant du renseignement pour les services gaullistes (SR du 2e bureau à l’origine du BCRA). Jouant de leur enracinement familial, professionnel ou géographique, ces agents gaullistes ont cherché à s’appuyer sur les premiers groupes locaux de résistance et sur une population plus ou moins réceptive. Par exemple, en Bretagne, cette action donne naissance au réseau Johnny au printemps 1941. Des Français Libres travaillent parfois pour les Britanniques (mission Savannah en Bretagne sud en mars 19413). Mais des responsables sont rapidement arrêtés (Honoré d’Estienne d’Orves) et les premiers réseaux et groupes souvent démantelés. Le Vannetais Gilbert Renault, le futur colonel Rémy parti de Lorient le 18 juin 1940, revient rapidement par l’Espagne en zone sud puis en zone occupée (dans l’Ouest) pour y jeter les bases de ce qui sera le plus grand réseau gaulliste de renseignements et qui deviendra la Confrérie Notre-Dame (CND) en 1942.
5Néanmoins, pendant plusieurs mois la France Libre n’a pas de contacts directs avec les organisations de la RIF. Avant de chercher à unifier la Résistance française sous la houlette du général de Gaulle, il faut se connaître et développer des liaisons, ce qui signifie un certain volontarisme de la France Libre qui n’est mis en œuvre qu’à la fin de 1941. Du 11 au 12 mai 1941, le sergent puis sous-lieutenant Jean Forman, engagé en septembre 1940 dans les FFL et qui avait participé à la mission Savannah, est parachuté à Pessac, près de Bordeaux, pour une mission de sabotage réussie dans la nuit du 7 au 8 juin (opération Joséphine B)4. Durant son séjour en France, il entre en contact un peu par hasard avec des groupes de résistance dont « Liberté » sans en être chargé explicitement5. De retour en Angleterre par l’Espagne le 20 août, avec le Breton Joël Le Tac qui avait aussi participé à Savannah, Forman signale l’existence de nombreux groupes de résistance en formation. Dans son rapport du 5-6 septembre 1941, il montre les possibilités de travail en commun mais comme il a une vision militaire de la lutte, il perçoit assez négativement les mouvements de résistance en formation, assimilés à des partis politiques qui voudraient être reconnus par Londres et recevoir armes et argent. Cette représentation de la Résistance intérieure témoigne du fossé existant alors entre les deux résistances qui se développent séparément avec des logiques propres. Le 13 octobre 1941, Forman est à nouveau parachuté en zone sud pour assurer la liaison avec le groupe « Liberté », l’un des plus importants de zone sud, de Pierre-Henri Teitgen installé à Montpellier. Forman est rapidement grillé ; il passe en zone nord en novembre et parvient à regagner Londres.
6De fait, c’est le syndicaliste chrétien (JAC, CFTC, Jeune République) Yvon Morandat qui est parachuté près de Toulouse, dans la nuit du 6 au 7 novembre 1941, pour prendre contact au nom de la France Libre avec des syndicalistes et des Résistants de zone sud dont le Comité d’action socialiste, le CAS, qui reconstitue la SFIO6. Il va intégrer le mouvement Libération-Sud et préparer la voie au troisième homme chargé par le général de Gaulle d’unifier la Résistance de zone sud, l’ancien préfet Jean Moulin7.
7Après avoir été révoqué par Vichy, Jean Moulin a enquêté sur les premières organisations de résistance, surtout en zone sud, et il a gagné Londres par l’Espagne le 20 octobre 1941. Après avoir rencontré le général de Gaulle, il est parachuté en Provence le 2 janvier 1942 (mission Rex), accompagné d’un radio FFL originaire de Plouha (Côtes-du-Nord), Hervé Montjaret. Jean Moulin est envoyé en France par le général de Gaulle, au nom du Comité national français (CNF) qui vient d’être créé, pour développer les relations entre la France Libre et les chefs des mouvements qui sont en train de se structurer : Henri Frenay (Combat), Emmanuel d’Astier de la Vigerie (Libération-Sud) et Jean-Pierre Lévy (Franc-Tireur). Malgré des discussions difficiles, Jean Moulin parvient à leur faire reconnaître l’autorité du général de Gaulle. Le processus de rencontre des deux résistances, dans une France soumise à l’autorité de Vichy, morcelée et partiellement occupée, n’a pas été aisé et il a pris du temps. En outre, l’autorité du général de Gaulle n’a pas été acceptée d’emblée par les mouvements qui ont voulu préserver leur indépendance.
8On peut s’interroger sur les bornes chronologiques, de naissance et de fin de la France Libre, formation politique et militaire en devenir, qui s’est d’ailleurs transformée en France combattante le 14 juillet 1942. L’acte de naissance de la France Libre ne pose aucune difficulté : il est initié par l’appel du général de Gaulle à la « poursuite de la guerre » lancé à Londres sur les ondes de la BBC le 18 juin 1940. Accepté le 17 juin par Winston Churchill malgré des réticences, voire des oppositions de certains membres du Cabinet de guerre britannique, enregistré vers 18 heures dans les studios de la BBC, l’Appel est diffusé le soir du 18 juin vers 22 heures. Le lendemain, la radio britannique le rediffuse à quatre reprises et des journaux anglais le publient. Certains journaux français en France en font aussi état. Avec le recul, ce texte frappe par sa lucidité, son pari et la vision géopolitique globale d’un conflit appelé à devenir mondial. C’est aussi un appel à la résistance avec sa dernière phrase devenue célèbre : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. » Le général de Gaulle espère des ralliements de cadres politiques et militaires, en particulier des chefs de l’Empire, mais les principaux responsables choisissent Pétain. Le 22 juin, de Gaulle lance un nouvel appel à la BBC avec une formulation plus tranchante car les conditions de l’armistice, acceptées par le gouvernement du maréchal Pétain, sont désormais connues. Les Britanniques n’ont plus de raisons d’imposer à de Gaulle de ménager Pétain. L’expression de « Français Libres » est prononcée : « l’Honneur, le bon sens, l’intérêt de la Patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront ». L’allocution radiodiffusée s’achève sur : « Vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance. » Il reste à mettre en place un pouvoir reconnu d’abord par les Britanniques, puis par les Français.
9L’appel du 18 juin 1940 est bien l’acte fondateur de la France Libre, l’annonce de l’émergence d’une résistance organisée hors de métropole, et l’acte de naissance implicite du gaullisme politique qui veut maintenir la France et la représenter contre l’Allemagne nazie et contre le pouvoir qui s’installe bientôt à Vichy. Cette date fondatrice du 18 juin fut d’ailleurs célébrée par des discours prononcés le jour anniversaire par le général de Gaulle, pendant la guerre et après. Il en fit un événement quasi mythique de la geste gaulliste8. C’est le cas au Caire en 1941, à l’Albert Hall à Londres en 1942, à Alger en 1943 où le chef du CFLN en appelle à l’union (avec les giraudistes), non sans rappeler l’antériorité de l’Appel et de la Croix de Lorraine dans la lutte pour la liberté. C’est encore le cas à Alger le 18 juin 1944 devant l’Assemblée consultative provisoire et à Paris en 1945 où cette célébration donne lieu à un grand défilé ainsi qu’à deux jours de festivités.
10La borne terminale de la France Libre est plus difficile à poser car il faut distinguer la dimension politique du mouvement de sa dimension militaire, tenir compte des lieux de résidence du général de Gaulle et des institutions politiques, allant du CNF créé à Londres le 24 septembre 1941 au Comité français de la libération nationale (CFLN) installé à Alger comme pouvoir central unifié et unique de la Résistance dont la légitimité est reconnue par toute la Résistance intérieure. L’installation à Alger du général de Gaulle le 3 juin 1943 instaurant une dyarchie provisoire avec le général Giraud à la tête du CFLN signifie-t-elle la fin de la France Libre ? Au sens strict oui, puisque les Français Libres ne sont que l’une des composantes politiques et militaires du CFLN à la suite de l’accord politique conclu entre giraudistes et gaullistes après plusieurs mois de tensions, accord rendu difficile par le jeu trouble des Américains en Afrique du Nord. Après avoir reconnu l’amiral Darlan, ancien numéro deux de Vichy assassiné à Alger en décembre 1942, les Américains n’ont-ils pas intronisé le général Giraud comme haut-commissaire en Afrique du Nord dès le 26 décembre 1942, puis comme commandant en chef civil et militaire le 5 février 1943 ? Ne se sont-ils pas appuyés sur un homme anti-allemand mais qui n’avait pas encore rompu tous les liens avec le maréchalisme et l’idéologie vichyste et surtout qui a tardé à supprimer la législation, notamment antisémite, de la Révolution nationale ?
11Sur le plan militaire, une date s’impose pour la clôture de l’appartenance à la France Libre dans le cadre de l’amalgame des armées françaises : le 31 juillet 1943. En fait, l’appartenance aux Forces françaises libres (FFL) signifie avoir signé son engagement avant cette date dans les FFL (armée de terre, environ 3 000 hommes en juillet 1940), les FNFL, la marine créée par l’amiral Muselier à partir du 30 juin 1940, ou les FAFL, l’aviation organisée en juin 1941. Le 31 juillet 1943 est la date de la fusion des FFL avec l’armée d’Afrique qui avait été vichyste, puis giraudiste, et donc de leur dissolution. Les FFL comptaient alors 54 100 hommes dont 17 000 originaires de métropole, mais aussi beaucoup de soldats coloniaux de l’Empire, et 4 000 étrangers (8 % dont 400 républicains espagnols). Selon Jean-François Muracciole, les FNFL rassemblaient alors 6 000 marins, une cinquantaine de bateaux, plus 2 000 marins servant dans la marine marchande, et les FAFL 4 500 hommes9.
12Sur un plan plus large, les historiens de la France Libre vont jusqu’en 1944, voire 1945. Ainsi, l’ouvrage de référence de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France Libre est sous-titré De l’appel du 18 juin à la Libération10, donc jusqu’en 1944, mais son épilogue va un peu au-delà de la libération de Paris. Quant au récent Dictionnaire de la France libre déjà cité, il choisit de s’arrêter le 2 septembre 1944 avec l’installation du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), soit avant son élargissement à la Résistance intérieure le 9 septembre.
13Il convient donc d’insister sur la double nature de la France Libre, sa vocation militaire et son action politique. C’est d’abord la dimension militaire qui justifie sa fondation et son combat contre le nazisme et les puissances de l’Axe pour la liberté, pour la libération de la France, de l’Europe et aussi du Pacifique. Les Français Libres se sont battus sur plusieurs fronts, de l’envoi des premiers agents du BCRA aux combats des parachutistes SAS en 1944, notamment en Bretagne. Ils ont aussi combattu en Afrique, à partir des bases de l’AEF et du Tchad. C’est le cas de l’épopée du général Leclerc et de sa 2e DB débarquée en Normandie en 1944, qui a participé à la libération de Paris et a poursuivi le combat pour libérer l’Europe jusqu’à Berchtesgaden. Des hommes se sont battus au Proche-Orient, en Syrie et au Liban en 1941 contre les troupes vichystes. Au regard des enjeux planétaires et du nombre d’hommes mobilisés, ces 54 100 combattants Français Libres ont sans doute peu pesé sur le plan militaire, même s’ils ont vaillamment combattu sur tous les fronts notamment à Bir Hakeim, et perdu beaucoup d’hommes. Ils ont participé aux combats en Italie, au débarquement de Provence, à la libération de la France jusqu’à l’écrasement de l’Allemagne nazie.
14Mais, comme pour la Résistance intérieure française, plus que le nombre ou les opérations militaires, c’est la nature politique du mouvement et le rôle de son chef et de ses collaborateurs à Londres qui ont été déterminants pour restaurer la souveraineté nationale de la France, lui permettre d’appartenir au camp des vainqueurs, et redevenir une puissance, certes moyenne après la guerre11. De Gaulle est parvenu, non sans mal, à unifier les deux résistances en s’imposant comme son unique chef, contre Vichy mais aussi contre les giraudistes, grâce notamment à l’appui de Léon Blum et des mouvements, tout en intégrant les communistes très engagés dans la Résistance et la lutte de libération nationale à partir de 1941.
Quelques éléments de la construction historiographique de l’histoire de la France Libre
15Reflet d’une certaine réalité historique, pendant longtemps les historiens spécialistes de la période ont privilégié l’étude de la Résistance intérieure (mouvements, organisations, partis politiques, rapports avec la société) même s’ils étaient à un moment ou à un autre confrontés à la question des rapports entre la RIF et la REF. L’Autre Résistance, pour reprendre le titre d’un ouvrage récent de Jean-François Muracciole, avait moins attiré les chercheurs12. Cela tient à plusieurs raisons, en particulier à la difficulté d’accéder à certaines sources comme les archives du BCRA qui, après les ouvrages de Daniel Cordier, ont été systématiquement analysées par Sébastien Albertelli dans sa thèse soutenue en 2006 et publiée en 2009 chez Perrin sous le titre Les Services secrets du général de Gaulle. Le BCRA 1940-1944.
16En effet, pendant longtemps, les historiens ont été tributaires des mémoires et des souvenirs des acteurs, à commencer par les Mémoires de guerre du général de Gaulle lui-même (trois volumes publiés chez Plon de 1954 à 1959), sans pouvoir les confronter avec l’ensemble des sources produites pendant la guerre. Dans un premier temps, ces acteurs souvent de premier plan ont témoigné des débuts de la France Libre et de son évolution, mais leurs livres participaient parfois des combats politiques du moment – celui du RPF pour les gaullistes et bon nombre de Français Libres13. Le récent Dictionnaire de la France libre recense ainsi pas moins de 311 titres de mémoires14.
17Il faut y ajouter des ouvrages à visée historienne comme l’Histoire de la Résistance en France, une chronique en cinq volumes publiée par le Résistant socialiste Henri Noguères (avec deux collaborateurs) chez Robert Laffont de 1967 à 1981 ou La Résistance. Chronique illustrée (1930-1950) d’Alain Guérin publié par le Livre-Club Diderot de 1972 à 1976. Si ces deux ensembles sont centrés sur la RIF, ils évoquent bien sûr ses relations avec la France Libre mais le premier veut contrer l’historiographie gaulliste de la Résistance intérieure quand le second, écrit par une journaliste communiste, se veut une réponse à l’ouvrage de Henri Noguères15.
18De fait, l’historicisation de la Résistance a été entreprise dès la Libération sous l’égide d’un comité devenu rapidement le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale (CHDGM), dirigé par Henri Michel. Henri Michel a joué un rôle pionnier dans la mise en chantier de l’histoire des années de guerre dont il a été le principal historien français jusqu’aux années 1970 consacrant sa thèse d’État aux idées de la Résistance. Ses « Que sais-je ? » publiés aux Presses universitaires de France ont longtemps fait autorité depuis son Histoire de la Résistance en France parue en 1950 (7e édition en 1975) dont le premier chapitre était consacré à la « Naissance et [à l’]extension de la France libre », jusqu’à son Histoire de la France libre (3e édition en 1972), reprise et refondue par Jean-François Muracciole en 1996. Dans son livre Jean Moulin, l’unificateur16, il traitait des relations entre les deux résistances. C’est dans la seconde moitié des années 1960 et dans les années 1970 que l’étude scientifique de la Résistance a pris son essor alors que celle de la France Libre en restait le parent pauvre.
19En 1964, dans la Bibliographie annuelle de l’histoire de France qui inaugurait une rubrique consacrée à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Henri Michel répertoriait 1 200 publications dont 1 000 livres et brochures d’une part, 200 articles de revue ou de presse d’autre part. Il y avait 500 livres de souvenirs, 150 biographies et « seulement 100 études véritables, et 40 publications de documents17 ». Ainsi de 1964 à 2001, cette source recense 11 600 publications sur la période de 1939 à 1945 dont 3 250 portant sur la Résistance intérieure (28 % du total) et environ 1 070 sur la France Libre (9,2 %), ce qui n’est tout de même pas négligeable. Mais combien de titres relèvent-ils réellement d’un travail historique ? La publication de souvenirs a occupé la scène éditoriale dans un premier temps, de 1944 à 1951 d’abord, puis un reflux s’est fait sentir de 1952 à 1963, suivi d’une recrudescence de 1964 à 1975 après la célébration du 20e anniversaire de la Libération. Durant cette période s’affrontaient principalement deux mémoires structurées de la Résistance : une mémoire gaulliste et une mémoire communiste. Néanmoins, à partir des années 1970, le regard change car de plus en plus de thèses universitaires et de travaux de jeunes chercheurs n’ayant pas connu l’Occupation renouvellent les approches et les problématiques dans tous les domaines par des monographies (des mouvements, des réseaux, des partis, etc.) et des études départementales ou régionales en s’appuyant sur des sources écrites accessibles et de nouveaux questionnements. Mais, pour la France Libre, il faut attendre 1996 pour qu’un acteur devenu historien publie la première grande synthèse : Jean-Louis Crémieux-Brilhac avec La France Libre. De l’appel du 18 juin à la Libération18. De son côté, par ses ouvrages consacrés à Jean Moulin, et la publication d’archives, Daniel Cordier, un autre acteur devenu historien, enrichissait la connaissance de l’histoire des relations entre les deux résistances, sans nier les conflits et les luttes de pouvoir, et celle du processus d’unification de la RIF et de la reconnaissance du général de Gaulle comme chef de la Résistance française.
20Dans les années 1990, une équipe d’historiens universitaires, souvent issus du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et travaillant dans le cadre de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS) qui s’est surtout consacré entre autres chantiers à l’histoire de Vichy et des années noires, prend l’initiative de relancer l’étude de l’histoire de la Résistance19, quelque peu marginalisée, en renouvelant les problématiques. La réflexion est centrée sur les rapports entre la Résistance et la société tout en développant le comparatisme avec les résistances de l’Europe du Nord (colloque de Bruxelles en 1995) et celles de l’Europe du Sud (colloque d’Aix-en-Provence en 1997). Cette initiative collective a abouti à six colloques internationaux de 1993 à 1997 confrontant chercheurs français et étrangers, et à plus de 150 communications20. Elle a débouché sur un bilan lors du colloque d’Aix-en-Provence publié sous le titre : La Résistance et les Français. Nouvelles approches21. Si l’histoire de la France Libre est abordée dans ces colloques, elle ne l’est pas pour elle-même.
21Dans le prolongement des six colloques, partiellement publiés, l’équipe organisatrice souhaite élaborer une synthèse accessible qui, avec l’appui de la Fondation de la Résistance dirigée sur le plan scientifique par Bruno Leroux, élabore un Dictionnaire historique de la Résistance, publié en 2006, chez Robert Laffont, sous la direction de François Marcot avec la collaboration de Bruno Leroux et de Christine Levisse-Touzé22. L’ambition, clairement affirmée dans l’introduction « Regards sur la Résistance et la France libre », est d’écrire une histoire globale sinon totale de la Résistance française en abordant tous les aspects. Il s’agit bien de prendre en compte les deux résistances, non pas séparément mais dans leurs interrelations. En outre, avec ses chapitres de synthèse, cet ouvrage est plus qu’un dictionnaire classique.
22D’autres initiatives éditoriales prolongent cet ouvrage en centrant l’analyse sur le chef de la France Libre et son mouvement. D’une part, la Fondation Charles de Gaulle a publié 34 colloques depuis 1975 sur l’ensemble de la carrière et les idées du général dont le grand colloque de Paris en 1990, De Gaulle et son siècle, mais quatre seulement sur la période de la guerre dont un sur la France Libre en 2004 (avec la Fondation de la France Libre) et un sur De Gaulle chef de guerre. De l’Appel de Londres à la libération de Paris 1940-1944 (Plon, 2008)23. Publié aussi en 2006 chez Robert Laffont, sous la direction de Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty, le Dictionnaire de Gaulle comprend bien sûr un certain nombre d’entrées consacrées à l’histoire de la France Libre. Dans la même collection « Bouquins », il a été complété en 2010 par un troisième volume spécifique, le Dictionnaire de la France libre dirigé par François Broche, Georges Caïtucoli et Jean-François Muracciole (148 collaborateurs). Ces différents dictionnaires ont en commun d’avoir sollicité les principaux spécialistes de l’histoire de la Résistance de toutes les générations. Parallèlement, l’historien, s’inscrivant dans le renouvellement méthodologique et historiographique de l’histoire de la Résistance, Jean-François Muracciole a étudié non plus la France Libre mais le milieu des Français Libres dans son livre publié en 200924.
L’apport des Bretons à la France Libre : un bilan partiel25
23Dans la geste de la France Libre, depuis ses premiers jours, on savait que la participation des hommes et des marins venus de Bretagne avait été importante. Des travaux récents ont permis de le confirmer et d’aller au-delà de l’engagement héroïque et un peu mythifié des hommes de l’île de Sein26. Le cas unique des 136 îliens, non mobilisés ou mobilisés sur place (sur une population de 1 328 habitants en 1936), partis en Angleterre sur six bateaux dont cinq de pêche entre le 19 juin (Ar Zenith) et les 24 et 26 juin 1940, après avoir entendu l’appel du général de Gaulle à la radio le 22 juin, est bien connu. 129 hommes – il y eut sept retours en septembre 1940 –, de 14 à 54 ans s’engagent dans la France Libre pour la durée de la guerre, constituant le premier noyau des Forces navales françaises libres (FNFL) ou servant dans la marine marchande27. L’exemple des Sénans est emblématique du départ depuis les côtes bretonnes de nombreux pêcheurs et de jeunes gens qui veulent poursuivre la lutte au sein des FFL (marins, soldats ou agents du futur BCRA). De Paimpol à Carantec, de Camaret à Douarnenez et à Audierne, ces hommes vont poser les jalons des premières liaisons maritimes assurées par des pêcheurs bretons permettant à la France Libre d’envoyer des missions en France occupée en 1940 et aux premiers réseaux d’évasion par mer de se constituer28.
24Quelques exemples significatifs illustrent la précocité et la diversité des engagements de Bretons dans la France Libre. Ainsi, les deux frères Monjaret de Plouha (Côtes-du-Nord), Hervé devenu le radio de Jean Moulin en 1942, et Constant combattant des FFL. Lors de la débâcle, à la mi-juin 1940, ils se sont embarqués séparément à Loguivy, près de Paimpol, sur des chalutiers boulonnais en partance pour l’Angleterre29. À la fin 1942 et au début 1943, Hervé Monjaret qui assurait la liaison avec les mouvements devient officier régional d’opérations (pseudo Frit) du Service des opérations aériennes et maritimes (SOAM) du BCRA. Il est placé à la tête des régions R3 et R4 de zone sud où il est chargé de repérer des terrains et de coordonner des opérations aériennes (opérations Lysanders et parachutages)30. Autre cas original : le 15 novembre 1940, après avoir remonté son petit avion de tourisme, Maurice Halna du Fretay s’envole de son manoir près de Jugon31. Il emporte avec lui les premiers relevés côtiers de l’abbé Barré, un des pionniers de la résistance dinannaise qui appartient ensuite aux réseaux de renseignement Delbos, puis Centurie de l’OCM. Halna du Frenay combat comme pilote de la RAF ; il fut abattu en 1942 lors d’un raid sur Dieppe.
25Le parcours de Jeanne Bohec (Rateau) est aussi exceptionnel. Fille de marin du nord-Finistère, elle est étudiante en mathématiques à la faculté catholique d’Angers en 1939 et se fait embaucher comme aide-chimiste à la Poudrerie de Brest en mars 194032. Le 18 juin, elle embarque sur le remorqueur Abeille et s’engage le 6 janvier 1941 dans le corps féminin des volontaires françaises de la France Libre. De 1942 à 1944, elle travaille dans un laboratoire de recherche pour la fabrication d’engins de sabotage et elle forme à leur maniement les agents du BCRA envoyés en France. Malgré de fortes réticences, elle obtient d’être parachutée près d’Alençon le 20 février 1944. Dans le Morbihan, en prévision des plans de sabotage à exécuter au moment du débarquement, elle instruit des saboteurs FFI et se trouve au maquis de Saint-Marcel à la mi-juin. Jeanne Bohec a été l’une des cinq femmes Françaises Libres parachutées en France occupée et la première femme instructrice de sabotage.
26Des familles entières s’engagent dans la Résistance : des jeunes gens dans la France Libre, leurs parents voire d’autres enfants dans les réseaux en Bretagne. Les missions en France de Joël Le Tac (Savannah et Overcloud en 1941) ont déjà été évoquées. Mais quand il revient en Bretagne, il s’appuie sur sa famille installée à Saint-Pabu (Finistère). Sa mère Yvonne, institutrice républicaine retraitée, militante de gauche, s’engage dans la lutte clandestine en 1941 (renseignement, armes cachées dans le jardin) ainsi que son frère Yves qui part en Angleterre avec Joël en décembre 194133. L’Abwehr ayant infiltré le réseau, les parents et les deux fils sont arrêtés les 5, 6 et 7 février 1942. Trois sont déportés dont Yvonne (60 ans) l’une des doyennes des Résistantes déportées ; ils rentreront des camps. Le contact entre les deux résistances s’est établi dans ce cas sur une base familiale avant même de se mettre en place au niveau institutionnel des organisations.
27Un peu plus au sud, la famille du Dr Vourc’h de Plomodiern (Finistère), neuf enfants, allie elle aussi toutes les formes de résistance (évasions par mer, engagement dans les FFL, renseignement, hébergement d’aviateurs alliés)34. Le 22 octobre 1940, les deux frères aînés étudiants, Guy et Jean, gagnent l’Angleterre à bord de La Petite Anna partie de Douarnenez ; en novembre 1941, Paul vient les rejoindre dans les FFL. Tué dans la 2e DB le 29 août 1944, Jean est fait Compagnon de la Libération le 7 mars 1945. En Bretagne, le Dr Vourc’h et son épouse accueillent des agents du réseau Johnny au printemps 1941 mais le Dr Vourc’h doit se mettre à l’abri en avril 1942 quand le réseau est démantelé. Il part pour Lyon, non sans avoir convoyé un aviateur allié, passe en Tunisie, à Alger et en Angleterre. Son épouse et son fils Yves poursuivent l’hébergement d’agents du BCRA et préparent une évasion par mer par Camaret. Des filles font la liaison et ravitaillent les aviateurs qui partent sur la Suzanne-Renée le 23 octobre 1943. Yves s’embarque à son tour le 23 janvier 1944 et sa mère doit se cacher à Paris jusqu’à la Libération.
28Au-delà des exemples, l’engagement anonyme de nombreux Bretons dans la Résistance intérieure et extérieure n’est plus à démontrer. Leur apport considérable dans la France Libre vient d’être précisé par Jean-François Muracciole. En comptabilisant les hommes engagés dans les FFL avant le 31 juillet 1943, et sur les 32 641 Français, sans les combattants de l’Empire colonial, la Bretagne portant réduite statistiquement à quatre départements (sans la Loire-Inférieure) est la première région de France, avant l’Île-de-France (16,4 % du total)35. En effet, les Bretons sont au nombre de 5 620 : ils représentent 17,2 % des Free French alors que la région ne pesait que 6,13 % de la population française en 1921 et 5,5 % en 1936, ce qui donne le plus fort coefficient de pondération, de 3,80, quand la région parisienne est à 1,04 (moyenne nationale : 0,79). Le rapport est donc de près de 5 à 1. Plus de 14 % des FFL sont nés en Bretagne et même 21 % y résidaient durant l’entre-deux-guerres. Dans ce palmarès patriotique, le Finistère arrive largement en tête (2 860 FFL, 8,76 % du total hexagonal) devant les Côtes-du-Nord (1 418, 4,34 %), le Morbihan (792, 2,42 %) et l’Ille-et-Vilaine (550, 1,68 %). La Basse-Bretagne littorale et portuaire est surreprésentée : Brest (0,2 % de la population française en 1936) a fourni 4,7 % des Français Libres (environ 1 500 personnes). Seul Paris fait mieux. Et Douarnenez détient le record absolu (environ 700 pour une population d’environ 15 000 habitants en 1936). Or, c’est autant que les villes de Toulouse, Marseille et Lyon réunies. Pourtant, depuis 1921 Douarnenez a élu une municipalité communiste dirigée par le bouillant Le Flanchec, même si ce dernier a rompu avec le PCF en 1936. En 1943, le poids des Bretons dans la France Libre est tel qu’en Afrique du Nord, le Dr Vourc’h organise l’amicale Sao Breiz evit ar Vro gallek, « Debout Bretagne, pour la France », à la demande du général Sicé, un des pionniers de la France Libre lui aussi Breton. À cela s’ajoutent les agents P1 et P2 du BCRA travaillant dans les réseaux en France : ils sont au moins 248 sur 5 764 (4,3 %)36.
29La précocité de l’engagement des Bretons dans les FFL est notable puisqu’ils constituent 30,1 % des engagés de la première vague, celle de 1940, et encore 11,2 % de la seconde grande vague en 1943. Le concept explicatif de fonctionnalité élaboré par François Marcot37 est pertinent car la proximité géographique de l’Angleterre et les nombreux départs de navires des ports de Bretagne en juin 1940 ont facilité les passages, de même que la formation maritime de nombreux jeunes engagés bretons a sans doute pesé, mais l’intentionnalité, la volonté de poursuivre la guerre et le patriotisme, a sans doute été déterminante. En effet, des partants de la débâcle sont rentrés en France après l’armistice, et en particulier des officiers de marine et des marins qui se trouvaient avec leur navire dans les ports anglais au moment de Mers-el Kébir.
30Quoi qu’il en soit, avec 39 % de ses membres, la contribution bretonne aux FNFL est considérable. En outre, on recense aussi 20 % de Bretons dans la 1re DFL et la 2e DB de Leclerc. Dans les FNFL, il s’agit d’abord de Finistériens. Au 1er novembre 1940, ils représentent plus de 10 % des effectifs38. L’étude du fichier de l’Office départemental des anciens combattants (ONAC) du Finistère permet d’affiner leur origine sociologique, géographique et professionnelle. Ils sont originaires des ports et des communes littorales de la pointe de Bretagne39. Sur un corpus de 453 Finistériens, on trouve 33,6 % de marins-pêcheurs, 30 % de membres de la Marine nationale et 3,6 % de marins du commerce d’un âge moyen de 25 ans en 1940. Et il faudrait être en mesure de préciser la part des Bretons dans la marine marchande de la France Libre qui a sans doute été forte40. Fonctionnalité et intentionnalité se combinent pour expliquer la forte contribution des Bas-Bretons aux combats de la France Libre.
*
31Depuis quelques années, la connaissance de l’histoire de la France Libre et de la France combattante a beaucoup progressé gagnant le statut d’objet scientifique à part entière grâce à l’ouverture des archives et à l’investissement de jeunes chercheurs comme en témoignent les travaux et la présence de certains d’entre eux à ce colloque. Avec l’ouverture de nouveaux chantiers et de nouvelles problématiques, la connaissance de l’histoire de la Résistance française ne cesse de s’approfondir mais des travaux restent à mener, par exemple sur les départements bretons (composition, origine, contribution au combat des FFL, devenir et carrière professionnelle, engagements politiques et associatifs après la guerre, associations et réseaux des Français Libres…).
Notes de bas de page
1 Sur la définition du concept de résistance, voir Pierre Laborie, « L’idée de Résistance, entre définition et sens : retour sur un questionnement », Les Français des années troubles. De la guerre d’Espagne à la Libération, Paris, Le Seuil, coll. « Points », nouvelle édition, 2003, p. 65-80.
2 Christian Bougeard, Histoire de la Résistance en Bretagne, Paris, Éd. Jean-Paul Gisserot, 1992.
3 Cette mission commandée par le capitaine Bergé doit attaquer le car qui transporte les pilotes allemands vers l’aérodrome de Meucon près de Vannes. C’est un échec.
4 Sébastien Albertelli, « Jean Forman », François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), Dictionnaire de la France libre, Paris, Robert Laffont, 2010, p. 611-612.
5 Sur les missions de Forman, voir Daniel Cordier, Jean Moulin. L’inconnu du Panthéon, 3, Paris, Éd. JC Lattès, 1993.
6 Employé savoyard, Morandat a été mobilisé dans les chasseurs alpins. De retour de Narvik, il s’engage dans les FFL. Il sera après-guerre un gaulliste de gauche. Laurent Douzou, « Léon, dit Yvon, Morandat », Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty (dir.), Dictionnaire de Gaulle, Paris, Robert Laffont, 2006, p. 798-799.
7 Voir la magistrale biographie de Daniel Cordier, op. cit.
8 Guillame Piketty, « Appel du 18 juin 1940 », François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), Dictionnaire de Gaulle, op. cit., p. 47-51.
9 La question des effectifs des FFL n’est pas simple en dépit des engagements vérifiables. Par exemple, dans le Dictionnaire de Gaulle, op. cit., p. 486, Jean-François Muracciole donne 6 000 FNFL lors de la fusion, alors que dans le Dictionnaire de la France libre, op. cit., p. 589, Jean-Baptiste Bruneau annonce « environ 7 000 hommes lors de [la] fusion avec les forces maritimes d’Afrique du Nord, le 3 août 1943 ».
10 Publié chez Gallimard en 1996.
11 Le principal collaborateur du général de Gaulle de 1940 à 1944 a été le Breton René Pleven, ministre qui devient député de Dinan (Côtes-du-Nord) en 1945. Il joue un rôle politique important sous la IVe République. Voir Christian Bougeard, René Pleven. Un Français libre en politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1995.
12 Jean-François Muracciole, Les Français libres. L’Autre Résistance, Paris, Tallandier, 2009.
13 Citons par exemple Jacques Soustelle, Envers et contre tout : souvenirs et documents sur la France Libre, 1940-1944, Robert Laffont, 2 vol., 1947-1950 ; Colonel Passy, Souvenirs, 2 vol., Monaco, Éd. Raoul Solar, 1947-1948 ; Colonel Rémy, plusieurs ouvrages dont Les Mémoires d’un agent secret de la France Libre, France-Empire, 1946-1947, plusieurs éditions, et plus tardivement René Cassin, Les hommes partis de rien, le réveil de la France abattue, 1940-1941, Plon, 1975.
14 Robert Laffont, 2010.
15 Bruno Leroux, « Des historiographies parallèles et concurrentes du comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale : l’Histoire de la Résistance en France d’Henri Noguères et La Résistance d’Alain Guérin », Laurent Douzou (dir.), Faire l’histoire de la Résistance, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 95-115.
16 Publié chez Hachette (2e édition en 1970).
17 Laurent Douzou, La Résistance française : une histoire périlleuse, Paris, Le Seuil, 2005, p. 12-13.
18 Signalons toutefois le petit livre de Jean-Paul et Michèle Cointet, la France à Londres 1940-1943, Bruxelles, Éditions Complexe, 1990, dont la problématique est celle de la construction et de « la renaissance d’un État », sous-titre de l’ouvrage.
19 C’est une initiative de Jean-Marie Guillon (Aix-en-Provence) et Pierre Laborie (Toulouse), acceptée par Robert Frank (Paris 1, alors directeur de l’IHTP après François Bédarida), appuyée par François Marcot (Besançon), Jacqueline Sainclivier (Rennes 2), Dominique Veillon (IHTP) et nous-mêmes (Brest), des historiens ayant participé aux enquêtes du CHDGM. S’y ajoutent Denis Peschanski (IHTP), puis Laurent Douzou (Lyon) et Robert Mencherini (Avignon-Aix).
20 La thématique centrale est la Résistance et les Français ; les colloques se tiennent à Toulouse (1993), Rennes (1994), Bruxelles (1994), Besançon (1995), Paris (1995), Aix-en-Provence (1997).
21 Cahiers de l’IHTP, no 37, déc. 1997.
22 Le conseil scientifique est élargi à Claire Andrieu et à Guillaume Piketty, de l’IEP de Paris. L’ouvrage rassemble plus d’une centaine de collaborateurs.
23 Les deux autres portent sur La Conférence de Brazzaville (1988) et sur Le rétablissement de la légalité républicaine en 1944 (1994). En juin 2010, la Fondation de Gaulle a organisé un colloque : « Les 18 juin, combats et commémorations. »
24 Jean-François Muracciole, Les Français libres. L’Autre Résistance, op. cit.
25 Il n’est pas aisé de définir le corpus des Bretons. Le terme qui n’a évidemment aucun sens ethnique désigne les hommes et quelques femmes nés ou vivant en Bretagne avant 1939 ou après 1945.
26 Il y a sept Finistériens sur les 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain à Vichy le 10 juillet 1940. Ils s’engagent ensuite dans la Résistance.
27 On prête au général de Gaulle en juillet 1940 cette remarque : « Mais Sein, c’est donc le quart de la France. » 22 Sénans meurent pendant la guerre. Le 1er janvier 1946, Sein est la 5e commune de France à devenir Compagnon de la Libération. Nantes l’avait été dès le 11 novembre 1941 à la suite de l’exécution des otages par les Allemands le 22 octobre, en même temps que ceux de Châteaubriant.
28 Roger Huguen, Par les nuits les plus longues, 1976, Réédition Coop Breizh, 2001.
29 Constant Monjaret (18 ans en 1940) est député MRP des Côtes-du-Nord de novembre 1946 à
30 1951.
Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « officiers d’opérations » et Sébastien Albertelli, « SOAM », François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), Dictionnaire de la France libre, op. cit., p. 1083-1085 et p. 1333-1335. En mars 1943, Hervé Monjaret est remplacé. Il est ensuite arrêté et déporté.
31 Christian Bougeard, Le Choc de la guerre dans les Côtes-du-Nord 1939-1945, Paris, Éd. Jean-Paul Gisserot, 1995, p. 76, et la communication de Erwan Le Gall.
32 Christine Levissse-Touzé, « Jeanne Bohec », François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 367-368.
33 Claire Andrieu, « Le Tac Yvonne », Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 464-465.
34 Christian Bougeard, « Vourc’h (Famille) », Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 550.
35 Jean-François Muracciole, Les Français libres. L’Autre Résistance, op. cit., p. 34-35, 74-75 et 81-87.
36 119 pour le Finistère, 47 pour les Côtes-du-Nord, 46 pour le Morbihan, 36 pour l’Ille-et-Vilaine.
37 François Marcot, « Pour une sociologie de la Résistance : intentionnalité et fonctionnalité », Antoine Prost (dir.), La Résistance, une histoire sociale, Paris, Éditions de l’Atelier, 1997.
38 Serge Ribault, Les marins FNFL du Finistère. Etude sociologique, maîtrise d’histoire, université de Bretagne occidentale, Brest, 2000. L’auteur fait référence à un total de 9 307 FNFL recensés en juillet 1943 dont près de 1 100 nés dans le Finistère ou domiciliés dans ce département en 1940 ou après 1945. On peut constater que les chiffres des FNFL sont fort variables.
39 Dans son échantillon, Serge Ribault a recensé les Sénans, une cinquantaine de Brestois et autant de Douarnenistes.
40 Voir la communication de Joseph Zimet, « La marine marchande de la France libre ».
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