Salomon Reinach, un cadet en Dreyfusie
p. 171-178
Texte intégral
1Le rôle de Salomon Reinach (1858-1932) dans l’Affaire ne saurait être comparé à celui de son aîné, qui en fut l’un des principaux acteurs et le premier historien1. Mais le cadet des « frères Je-Sais-Tout » — comme les chansonniers appelaient Joseph, Salomon et Théodore depuis leurs succès au concours général — joua une part importante dans le combat pour la vérité et la justice. Léguée à la bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence) et accessible selon ses vœux depuis l’an 2000, la correspondance de Salomon, l’archéologue, éclaire cet engagement à la fois souterrain, méconnu et sous-estimé. Car dans l’ombre d’un frère dominateur, il ne fut pas toujours facile d’être un cadet en Dreyfusie2.
2Ces archives inédites, associées à celles de la Bibliothèque nationale de France, de la bibliothèque de l’Institut et de celle du Musée d’art et d’histoire du judaïsme, permettent de suivre les échanges de Salomon Reinach avec Mathieu Dreyfus, Alfred Dreyfus, Louis Havet, etc. Dans cet ensemble, se détachent une quarantaine de courriers que Joseph a adressés à son cadet et qui traitent de l’Affaire3. Ils ne sont que la partie émergée d’une relation que l’on devine beaucoup plus forte et qui avait comme compléments naturels — dont témoignent les lettres —, des conversations régulières lors de visites, de repas ou coups de téléphone. Tout en cherchant à tromper la surveillance policière, Joseph pratique dans ses lettres l’autocensure et l’art de l’euphémisme. Parler de l’Affaire, c’est « causer de ce que tu sais4 ». En cure à Vichy, au début septembre 1897, à la veille de « l’explosion » — c’est ainsi qu’il désigne le moment où Scheurer-Kestner prend publiquement parti — le député de Digne écrit : « J’aurai beaucoup de choses à te dire sur l’affaire D. que je ne veux pas écrire. »
3Salomon Reinach a acquis la conviction de l’innocence du capitaine dès le procès de 1894. Il est informé par un de ses anciens camarades de la rue d’Ulm, Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939)5, cousin d’Alfred Dreyfus. Salomon a bien conscience que l’affaire est « le dernier et le plus éclatant épisode d’une campagne qui semait partout la haine du juif, le soupçon du juif6 », mais reste confiant. Le jour de la condamnation, il confie même au rabbin Zadoc Kahn, allié à la famille Dreyfus : « Voilà une victoire dont l’antisémitisme crèvera ». Et d’ajouter : « Il n’était pas loin de partager mon optimisme, mais il n’entrevoyait le retour du bon sens public que dans un avenir très lointain7. » Quelles que soient ses illusions, elles ne détournent pas Salomon de l’action. Dès le verdict connu, il presse la famille d’adresser une protestation en faveur de Dreyfus à toutes les personnalités du pays8. Le 25 décembre, Lévy-Brühl répond à son ami :
[Demange] a passé hier plus d’une heure avec le capitaine, à lui persuader de vivre et de supporter. Il a une foi absolue en son innocence. Mais il n’en considère pas moins sa situation comme désespérée, pour le moment. Rien ne sert de dire qu’une erreur judiciaire a été commise : il faudrait le prouver. Et la preuve ne pourra être faite que dans un avenir peut-être éloigné, quand nous aurons découvert le vrai coupable, s’il y en a un, ou la machination. Tout ce que l’on peut espérer présentement, c’est d’entretenir un doute, auquel s’accrochera plus tard la démonstration de la vérité.
4Voulant ne point décourager son interlocuteur, il conclut :
Néanmoins il faut tout tenter, et, dès hier, Madame Dreyfus, qui avait eu la même idée que toi, a demandé à [Demange] de faire la démarche dont tu me parles. Il ne s’y refuse pas, mais il veut d’abord faire pressentir le Pr[ésident de la République] pour savoir quelles sont ses dispositions et s’il a quelque chance d’être reçu9.
5Zadoc Kahn réunira quelques proches pour définir les grandes lignes d’une mobilisation et réfléchir sur la stratégie qu’il convient d’adopter face à la montée de l’antisémitisme. À une réunion qui se tient cinq jours avant la condamnation du capitaine, comme à celle du 17 janvier 1895, Salomon fut convoqué10. Il comprenait d’autant mieux l’enjeu que représentait ce comité de défense, que, dès 1892, il avait montré, dans un article érudit, quels étaient les mobiles de l’accusation portée contre les Juifs de meurtres d’enfants11. L’action judiciaire, conduite exclusivement à charge, avec des méthodes dignes de l’Inquisition, perpétuait la tradition des procès rituels de l’époque médiévale. La communauté juive devait se défendre et Reinach revendique avec fierté, dans ses lettres, d’appartenir à un tel « syndicat12 ». Le 30 septembre 1899, il rappellera à Dreyfus ce qui a toujours guidé sa conduite :
C’est une grande consolation, même dans les pires épreuves, de sentir qu’on proteste, qu’on résiste, qu’on conspire au besoin, sous les yeux de l’histoire attentive, dont le verdict final est toujours le vrai13.
6En acceptant sans protestation la communication d’un « dossier secret », les juges militaires réunis en conseil de guerre en décembre 1894 n’ont pas simplement failli, témoignant à la fois de leur incompétence et de leur servilité, ils ont participé à un complot d’État, encouragé par la haine antisémite. Ce point de vue sur l’Affaire divisa les trois frères : Joseph, le député des Basses-Alpes, Salomon, le conservateur du Musée de Saint-Germain-en-Laye, et Théodore, le numismate, professeur au Collège de France. Sans méconnaître un antisémitisme dont il faisait, chaque jour, les frais, Joseph n’attachait d’importance qu’à la violation du Droit. La justice de la République, malgré la Révolution de 1789, était restée féodale ; il fallait la réformer pour la mettre au niveau du modèle anglais. Les interventions du ministre de la Guerre en pleine instruction invalidaient la procédure contre Dreyfus. Quant à la publicité des débats pendant le procès de 1894, elle aurait suffi à démontrer l’innocence du capitaine. À elle seule, la communication d’un dossier secret aux juges, à l’insu de l’accusé et de son défenseur, impliquait l’annulation du jugement. C’est sur ce terrain que la révision devait d’abord être menée14. Théodore Reinach insistait, lui, sur le rôle de la presse, qui, en flattant « l’antisémitisme latent » de ses lecteurs et leurs sentiments patriotiques exacerbés par la défaite de 1870, avait précipité la condamnation d’un innocent. Pour sa part, Salomon partageait les analyses de Bernard Lazare et allait plus loin en identifiant l’ennemi qui agissait dans l’ombre : les Jésuites. En juin 1898, préparant pour le journal Le Siècle une étude sur la genèse de l’Affaire et l’implication de la Libre Parole, il écrivait à son amie, Mme de La Redorte :
Ma conviction s’affermit de plus en plus : il n’y a pas eu erreur (de la part de la Libre Parole et de certains grands chefs) ; il y a eu crime, crime dès le début, inspiré par les Jésuites. Il ne suffit pas d’affirmer des choses si graves : il faut les prouver. Je crois pouvoir apporter la preuve en juxtaposant les citations de journaux qui, depuis 1891, annoncent comme imminente une trahison d’officier juif15.
7Au sein des instances de l’Alliance israélite universelle, à la Jewish Colonization Association comme à l’Institut, dans le monde des arts, dans le milieu normalien et dans le cercle des hellénistes et antiquisants européens, Salomon Reinach sut constituer et mobiliser un réseau. Avançant masqué ou plutôt « travaillant avec discrétion », quand d’autres agissaient « à visage découvert », il sonda les dispositions des uns et des autres, pratiquant ce qu’il a appelé « la psychostasie16 », la pesée des âmes. Au risque de se brouiller définitivement avec plusieurs de ses intimes, dont Gustave Schlumberger qui a raconté dans ses Mémoires comment, dès le printemps 1897, Salomon chercha à sensibiliser ceux qu’il fréquentait17. Il multiplia les entretiens et les courriers en France et en Europe. Il diffusa les brochures de Bernard Lazare, puis ne cessa de répandre les fac-similés de l’écriture d’Esterhazy, avant de faire connaître les lettres — encore inédites — du capitaine Dreyfus à son épouse. Elles bouleversent Louis Havet qui écrit le 18 janvier 1898 :
L’émotion a été telle en lisant tout haut les fac-similés des lettres de Dreyfus, à ma famille, que j’ai été obligé de m’interrompre de peur de sangloter. Quant aux jambages, je ne pouvais m’imaginer qu’il s’agissait d’une évidence si grosse et si enfantine. Je suis tout prêt à témoigner demain, s’ils osent18.
8Augmentant chaque jour un fichier sur l’Affaire — une base de données que ses correspondants ne cessèrent d’interroger —, Salomon eut l’idée d’un Dictionnaire. S’il ne put faire aboutir ce projet, il encouragea plusieurs œuvres de propagande. Sans l’intervention et l’aide de Reinach, la brochure de Raoul Allier, Voltaire et Calas, n’aurait pas vu le jour. De même, il s’employa à relire et améliorer le manuscrit du Précis du docteur Gustave Oyon19. Il rédigea une sorte de catéchisme dreyfusard,
destiné à des gens qui voudraient bien comprendre, mais qui ne comprennent pas, soit parce qu’ils lisent des journaux qui mentent, soit parce qu’ils n’ont pas le temps de lire, à tête reposée, les journaux qui ne mentent pas.
9Répondant aux sollicitations de son frère qui le pressait de prendre la plume, Salomon collabora au Siècle. Au cours de l’été 1898, il s’attacha, en philologue, à lutter contre Drumont et La Libre Parole en démontant notamment la légende des aveux. Réunies en un volume, ces contributions parurent sous le pseudonyme l’Archiviste. En novembre 1898, alors que la Cour de cassation délibérait sur la révision, Reinach fit transmettre par l’entremise d’Alexandre Bertrand, son supérieur à la conservation du Musée des Antiquités nationales, un document confidentiel. Il était composé d’extraits des conversations qu’il avait eues avec l’un de ses informateurs privilégiés, Carlos Blacker, lui-même confident de Panizzardi20. Joseph resta toujours sceptique sur l’importance des révélations faites à Salomon. Il regrettait le silence de Blacker, alors qu’il fallait parler, notamment après le suicide de Henry. « Il est stupide de sa part [celle de Blacker] de croire que le coup de rasoir a converti tous les hommes de bonne foi21. » De même, Joseph ne cachait pas à son frère le peu de valeur des informations que lui livrait son ami le commandant Espérandieu, un militaire occupé à différents emplois archéologiques, d’abord en Tunisie, puis dans les musées français pour un répertoire des reliefs gallo-romains, enfin à Alésia.
10Aux yeux de Joseph, Salomon agissait avec une exaltation qui le conduisait à des imprudences ; son cadet « normalien » était trop peu soucieux du droit, convaincu, dévoué, il restait un naïf. Joseph le lui rappelle vertement, en 1902, alors qu’il tente de reconquérir son siège de député à Digne :
Je te remercie de corriger mes placards et suis enchanté que tu trouves « que cela se tient fort bien ». Jude, tu devrais comprendre que ma candidature ici fait corps avec l’Histoire de l’Affaire et qu’elle en est un épisode nécessaire. Drumont, lui, l’a très bien compris et toute la boue noire le comprend aussi22.
11Joseph sait, au demeurant, qu’il peut toujours compter sur Salomon. À Pâques 1899, alors que leur père vient de mourir, il l’envoie en Suisse prospecter la piste russe. Au moment de la constitution du cabinet Waldeck-Rousseau, c’est Salomon qui fut, le 21 juin 1899, auprès du général Galliffet, l’émissaire de son aîné, étroitement surveillé23. Toujours pour le compte de son frère, Salomon — à la fois messager, porteur de valises et boîte aux lettres — sert d’intermédiaire avec Bernard Lazare, dont il fut intellectuellement et affectivement proche24. C’est à ce dernier, qui loge à l’Hôtel moderne, que Salomon téléphone à la veille du verdict de Rennes — le samedi 9 septembre 1899 —, pour être au courant des derniers développements judiciaires. Et il fait le compte rendu de cet appel à Joseph, qui dîne ce soir-là, avec Gast et Picquart à Ville-d’Avray25. Après le procès de Rennes, Salomon déploie une énergie sans limites pour débusquer « un fait nouveau », rédigeant un gros mémoire resté inédit26. Cela suscita l’ironie de Mathieu Dreyfus, auquel Salomon répondit : « Ne dites pas que je m’agite comme un hanneton ; mon seul but est de convaincre. »
12Ce virtuose du thème et de la version composa, avec l’espoir que le XXIe siècle reconnaîtrait leur valeur, de nombreuses pièces poétiques latines à la gloire des dreyfusards, de leur cause et de leurs héros : Dreyfus et Picquart. L’intérêt en est anecdotique. Sans apporter de révélations ni régler on ne sait quelle énigme, les courriers de Joseph à Salomon renseignent en revanche sur trois points : la genèse de L’Histoire de l’Affaire Dreyfus, la stratégie suivie par Joseph pour faire reconnaître l’erreur judiciaire, et la division du clan dreyfusard après le procès de Rennes.
13Les lettres de Joseph à son cadet permettent de reconstituer l’histoire de l’Histoire. On y suit, mois après mois, tout au long des huit années que demanda la réalisation de ce monument, la rédaction des six volumes de la première des chroniques de l’Affaire Dreyfus27. Elles soulignent combien l’accomplissement de ce projet éditorial, qui prit forme autour d’une thèse — la complicité d’Esterhazy et d’Henry — fut inséparable de la recherche continue d’informations nouvelles et guidée par l’espoir que faisaient naître des rencontres, y compris — et surtout — celle de Reinach avec Schwartzkoppen en août 1901.
14Déterminé, mais préférant, jusqu’en 1897, la voix du droit et de l’annulation à la révision, Joseph cherche à mobiliser, alors que chacun s’est employé à oublier le procès de 1894 et le sort du capitaine. À l’automne, Joseph veut tirer le meilleur parti possible de ce qu’il appelle « l’affaire Scheurer ». Mais il attire l’attention de Salomon sur le fait qu’il ne faut pas tomber « dans le piège tendu par l’antisémitisme à des esprits naïfs et irréfléchis ». À la veille de la prise de position publique de Scheurer-Kestner sur l’innocence de Dreyfus, il met en garde son frère : il ne faut pas répondre aux sollicitations de journalistes (mal intentionnés) qui demandent à qui veut répondre leur opinion sur le Congrès de Bâle en Suisse et la question du sionisme. Le journaliste, ancien directeur de La République française, perçoit d’emblée le procès Zola comme un tournant : « L’Affaire Zola est un gros coup ». Elle le conduit à s’engager financièrement — pour plus de trente mille francs — dans la publication de la sténographie du procès. Joseph a de même compris que s’imposaient, pour émouvoir et convaincre, la préparation et la diffusion du recueil des Lettres d’un Innocent. Ce fut Salomon qui donna, en juillet 1898, le bon à tirer du volume28.
15Enfin, la correspondance entre les deux aînés des Reinach permet de juger de la division du camp dreyfusard. Elle compose à sa manière un chapitre de cette histoire que Péguy, dans ses Cahiers, jugeait indispensable d’écrire, celle de la décomposition du dreyfusisme. Quand la mystique se transforme en politique. Au risque d’introduire la division entre deux hommes fraternellement solidaires. Le désaccord porte sur la conduite à tenir après la grâce et l’amnistie ; il se focalise sur la personnalité de Georges Picquart. Joseph se méfie de « son antisémitisme latent », qu’Esterhazy, lui-même, a tenté d’exploiter. Mais ce sont les articles de Picquart dans La Gazette de Lausanne, en 1903, qui fournissent à Joseph l’occasion d’une rupture définitive. Salomon continue de fréquenter Picquart, ce qui inquiète son aîné : « Tu aurais mieux fait de ne pas écrire à P. Tu es trop humble envers lui, après ce qu’il a écrit à G., un peu de réserve serait convenable. Un jour ou l’autre, il te jouera une perfidie à sa manière. » Le point de vue de Salomon était plus nuancé, comme en témoigne ce courrier de mars 1904 à Louis Havet :
Il y a des amis du colonel, tout imprégnés encore des légendes pieuses de leur enfance, qui voudraient faire de lui une sorte de Saint Georges, observant du ciel sur un cheval blanc pour terrasser l’injustice. En l’exaltant ainsi, on lui fait injure. Il a été mieux que cela, parce qu’il a été naturel et humain. L’histoire verra en lui l’honnête homme épris de vérité — première qualité qui a été mère de toutes les autres —, qui s’est élevé par degrés à l’héroïsme et au sacrifice de lui-même. Mais comment vous, historien, philologue, fils et frère de critiques éminents, ne voyez-vous pas l’évolution d’un caractère et d’une conscience, là où d’autres admirent ou détestent un envoyé du Ciel ou un suppôt de l’Enfer29 ?
16Pour mettre la vérité en marche dans le domaine de l’archéologie, Salomon, directeur de la Revue archéologique — avec moins de succès et en des combats douteux —, régla son action sur son engagement dreyfusard. L’affaire, contemporaine de la tiare de Saïtaphernès30 — un achat malheureux du Louvre dans lequel Salomon n’était pas véritablement impliqué, mais la presse antisémite lui fit porter le chapeau —, comme plus tard la controverse de Glozel, illustraient à ses yeux des mécanismes et des comportements comparables à ceux dont Dreyfus avait été victime. Joseph Reinach s’effraya de cette confusion des genres. Il y avait quelque inconséquence à parler dans un article du Temps du « flair d’artilleur » de Clermont-Ganneau, l’expert chargé par le gouvernement d’instruire le dossier de la tiare. Agir ainsi, c’était tomber « dans le panneau des antisémites31 ». Joseph voyait juste. Lorsque parut le livre Joseph Reinach, historien, signé Henry Dutrait-Crozon et préfacé par Charles Maurras, sa couverture s’ornait d’un médaillon montrant l’aîné des Reinach coiffé de la tiare de Saïtaphernès, comme d’un bonnet d’âne. Piètre revanche sur les « frères Je-Sais-Tout. »
Notes de bas de page
1 Voir Joseph Reinach, Histoire de l’Affaire Dreyfus, édition et introduction par Hervé Duchêne, préface de Pierre Vidal-Naquet, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2006. Je prépare une monographie sur Salomon Reinach, archéologue de l’Affaire, qui aborde en détail ce qui est ici évoqué.
2 C’est Salomon Reinach qui a inventé ce néologisme. Il l’emploie dans une lettre à Mathieu Dreyfus, en 1901, alors que Picquart et Dreyfus tentent de se réconcilier : « Je ne crois pas à la durée des brouillards en Dreyfusie ; pays où l’on aime à voir clair », BNF, NAF 14381, fo 180.
3 Écrites entre 1896 et 1908, date de l’achèvement de la rédaction de l’Histoire de l’Affaire Dreyfus, les lettres sont plus nombreuses en 1898 et en 1903, année où Joseph fulmine contre les articles de Picquart dans la Gazette de Lausanne.
4 Boîte 134, « Joseph Reinach », Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence, comme toutes les lettres de Joseph à Salomon citées ici. Je remercie Philippe Ferrand, conservateur à la Méjanes, de m’avoir permis de travailler dans les meilleures conditions sur ces archives.
5 Sur les relations entre les deux adolescents, voir Hervé Duchêne, Notre École normale, Paris, Les Belles Lettres, 1996, Paris, p. 193-194.
6 Salomon Reinach, « Zadoc Kahn », in Cultes, mythes et religions, Paris, Orpheus, 1909, t. V, p. 437.
7 Ibid.
8 Histoire de l’Affaire Dreyfus, op. cit., vol. 1, p. 416, n. 1.
9 Boîte 99/2, LEV-LIM. Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.
10 Le courrier de Zadoc Kahn, grand rabbin du Consistoire central des Israélites de France, daté « Paris, le 15 janvier 1895 », donne « la composition de notre petite commission d’études : MM. Crémieux, député ; Dreyfus Ferdinand ; Leven Narcisse ; Lévy Léon ; Mayer Gaston ; Neymarch Alfred ; Reinach Salomon », et fixe « sa première réunion au jeudi 17 janvier à 3 h 1/2, rue de la Victoire, 44 » (Boîte 92, KA-KE, Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence).
11 Salomon Reinach, « L’accusation du meurtre rituel », Revue des études juives, 1892, p. 161-180. Le texte de cette conférence est repris en brochure l’année suivante, Paris, Durlacher, puis réédité en 1923 in Cultes, mythes et religions, op. cit, t. V, p. 451-479.
12 Voir, par exemple, la lettre de Salomon Reinach à Louis Havet, que je date du mardi 18 janvier 1898, BNF, département des manuscrits, NAF 24504 (2), fo 81.
13 Lettre conservée au Musée d’art et d’histoire du judaïsme.
14 Voir Hervé Duchêne, « Joseph Reinach, historien de l’Affaire », introduction à l’Histoire de l’affaire Dreyfus, op. cit.
15 BNF, département des manuscrits, NAF 12626 fo 78. Lettre datée de dimanche soir [5 juin 1898]. Sur cette dreyfusarde rochelaise, veuve du général Caillier, devenue par son remariage comtesse de la Redorte, voir ma communication en juin 2008, à l’Académie de la Rochelle (sous presse).
16 Reinach la pratique à l’occasion de la rédaction des notices nécrologiques de ses collègues dans la Revue archéologique. Voir aussi « L’Américanisme », in Cultes, mythes et religions, t. III, p. 511.
17 Gustave Schlumberger, Mes souvenirs (1844-1928), Paris, Plon, 1934, p. 309-310.
18 Boîte 78 HAR-HAZ, Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.
19 Le docteur Oyon le remercie le 18 avril 1902. Boîte 117, O. Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.
20 Voir Hervé Duchêne, « Un dimanche à Baden-Baden. Salomon Reinach, Carlos Blacker et l’Affaire », Les Cahiers naturalistes, no 83, 2008, p. 49-77.
21 Mardi, [le 13 septembre 1898].
22 « Bureau des Messageries, Riez, Jeudi ». Très probablement, le 27 mars 1902, et sûrement avant le premier tour des élections du 27 avril.
23 Sur cet épisode, voir l’Histoire de l’Affaire Dreyfus, op. cit., vol. 2, p. 441 et p. 441, n. 2.
24 Péguy, si dur par ailleurs à l’égard de Salomon Reinach, ne manque pas de le souligner.
25 Voir l’Histoire de l’Affaire Dreyfus, op. cit., vol. 2, p. 637.
26 Hervé Duchêne, « Joseph et Salomon Reinach dans l’Affaire. À propos d’une correspondance inédite avec Ludovic Trarieux », in Bertrand Favreau (dir.), Dreyfus réhabilité, cent ans après, Lormont (33310), Le Bord de l’eau, 2007, p. 118-147.
27 Voir Hervé Duchêne, « Joseph Reinach, historien de l’Affaire », introduction à L’Histoire de l’Affaire Dreyfus, op. cit.
28 Le volume ne parut pas « quatre mois après » la publication des lettres du capitaine dans Le Siècle du 19 janvier 1898. Sur ce point, il faut corriger la présentation de Vincent Duclert dans Dreyfus est innocent !, Paris, Larousse, 2006, p. 58 et dans Écris-moi souvent, écris-moi longuement… Correspondance de l’île du Diable (1894-1899), avant-propos de Michelle Perrot, Paris, Mille et une nuits, 2005, p. 44.
29 BNF, département des manuscrits, NAF 24504 (2), fos 83-84.
30 Voir Hervé Duchêne, « Nous n’étions pourtant pas si bêtes de croire à la tiare ! Edmond Pottier, Salomon Reinach : deux amis dans l’épreuve », Journal des savants, no 1, 2005, p. 165-210.
31 Courriers du mercredi 15 avril 1903 et du vendredi 17 avril 1903, ibid., p. 198 et n. 71 et 72.
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