Mathias Morhardt, un dreyfusard historique et problématique
p. 147-153
Texte intégral
1Mathias Morhardt (1863-1939) a été un dreyfusard particulièrement ardent, dont l’itinéraire ultérieur au sein de la Ligue des droits de l’Homme porte la marque d’un dreyfusisme que l’on peut qualifier à la fois d’historique et de problématique.
2Suisse, protestant — fils d’une personnalité politique et littéraire de Genève —, homme de lettres, critique d’art et journaliste lui-même, c’est à la rédaction du Temps, où il est entré en 1888, qu’il s’est lié d’une amitié indéfectible et admirative avec Francis de Pressensé, dont il sera le second dans la lutte dreyfusarde, puis le bras droit durant l’essentiel de sa présidence de la LDH (1903-1914)1.
3Morhardt, qui a acquis la nationalité française en 1888, s’est engagé de bonne heure dans l’Affaire. Dans une lettre du 30 décembre 1897, il se dit désespéré de voir la France, « ce malheureux pays, abdiquer si honteusement son droit à la justice et à la lumière », et se laisser gagner par « le mal, l’obscurité, le crime »2. C’est en des termes analogues qu’il a adjuré Pressensé de s’engager pour Dreyfus : « Fermez vos livres. L’heure n’est plus à la contemplation. Le crime est dans nos murs. Étudiez l’affaire Dreyfus3. » Morhardt signe en janvier 1898 la pétition demandant la révision de la condamnation de Dreyfus. Pressensé et lui signent celle en faveur de Zola, à qui ils écrivent leur soutien4. Au printemps 1898, Pressensé et Morhardt participent ensemble à tous les combats dreyfusards, souvent à leur initiative : campagne des meetings parisiens au cours de l’été et surtout de l’automne 1898, tournées en province souvent houleuses où on retrouve à leurs côtés Quillard, Mirbeau, Vaughan, etc., tandis que l’épouse de Morhardt signe « L’appel aux femmes de France » en soutien à Lucie Dreyfus.
4Dès le 17 juin 1898, Morhardt, jusqu’alors adjoint de Jean Psichari, devient secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme. Celui que Victor Basch traitait, en 1899, « d’imbécile »5 restera à ce poste sous Trarieux, puis pendant la plus grande partie de la présidence de Pressensé, de 1903 à 1911. Il a donné à ce poste toute la mesure de sa forte énergie organisatrice, dont on retrouve les traces dans le Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’Homme, qui dépasse largement, à partir de 1904, le millier de pages annuelles6.
5Pour Morhardt, qui avait cru en 1899 à l’acquittement de Dreyfus7, l’Affaire ne s’est pas arrêtée avec la grâce. On l’a retrouvé en 1902 à organiser la souscription pour l’érection du monument Zola8 ; en 1903 à orchestrer la campagne de la Ligue en faveur de l’engagement du processus de révision. C’est lui qui mobilise les sections et transmet à Combes, au printemps 1903, tous les vœux qu’elles adoptent en faveur de la révision. C’est lui encore qui, début 1906, obtient du président du conseil, Rouvier, la garantie que la procédure arrivera à son terme. C’est lui toujours, quand le jugement est prononcé et la réhabilitation effective, qui engage la Ligue dans une mobilisation pour faire respecter l’autorité de la chose jugée et constater par huissier la présence sur les murs d’affiches de l’Action française qui dénonçaient « la loi faussée par la Cour de cassation pour réhabiliter le juif Dreyfus9 ».
6Au cours de la première guerre mondiale, Mathias Morhardt est entré en dissidence, après avoir tenté vainement de faire prévaloir ses thèses10, contre la direction de la Ligue qui soutenait, avec Ferdinand Buisson, Victor Basch, Célestin Bouglé et Henri Guernut, la « guerre du droit » pour la défense nationale. Morhardt, qui craignait chaque jour d’être arrêté11, a défendu sans relâche12, y compris via un autre groupement placé sous le patronage et la « présidence » de Ferdinand Buisson13, un pacifisme absolu, fidèle, selon lui,
à l’esprit de la LDH, le bon, le pur, l’esprit de ceux qui ont lutté jadis pour la vérité et pour le droit contre la foule immense et trompée, comme aujourd’hui, par le mensonge officiel, contre les pouvoirs publics, contre tous. Quelle tristesse de voir cette grande, cette généreuse institution, qui était comme le disait Pressensé le commencement d’organisation de la conscience humaine, s’associer à un pareil moment aux pires brutalités14…
7Dans la guérilla qu’il a menée contre la direction de la Ligue et qui se terminera en 1925 par son éviction de sa direction, Morhardt a rappelé inlassablement les temps de l’Affaire. L’une de ses cibles fut Victor Basch, dont il écrivait au trésorier de la LDH, Alfred Westphal :
Les hommes réfléchis n’ont aucun crédit, surtout lorsqu’ils s’expriment avec la brusque franchise qui convient ! Mais que Basch, qui est parfaitement incohérent, fasse n’importe quelle proposition, même et surtout si elle est absurde, tout le monde s’y jette15 !
8Plus fondamentalement, dans une lettre à Victor Basch du 7 septembre 1918, il reprend, mais contre la Ligue, les mots et la posture de Zola :
J’accuse la LDH d’avoir épousé sans discernement la légende officielle créée par les auteurs responsables de la guerre sur la cause même du conflit. Je l’accuse, elle qui ne doit et ne peut enseigner que la Vérité, d’avoir affirmé et de continuer d’affirmer que la France a été attaquée […], alors que si nous sommes entrés dans la guerre et si nous sommes allés jusqu’au sacrifice suprême, c’est pour servir la politique audacieuse et criminelle des tzars16.
9Plus tard, alors que le vice-président propose « d’exposer dès maintenant, dans un article général, quelle fut sur cette question des responsabilités la doctrine du comité central », Mathias Morhardt lui répond que « ce n’est pas un article de Basch qui peut résoudre ce grand problème des responsabilités17 ». On comprend pourquoi Mathias Morhardt ne fait pas d’emblée partie d’une commission des dommages créée au sein de la LDH, puis la quitte finalement18.
10À la suite d’un article de Basch dans les Cahiers des droits de l’Homme de novembre 1922 évoquant les « quelques Français qui […] se sont faits les avocats de l’Allemagne19 », que Morhardt interprète comme sous-entendant qu’il avait touché des fonds de l’Allemagne, il s’est laissé aller, dans une lettre au président de la LDH, Ferdinand Buisson, du 1er décembre suivant, à des propos xénophobes et antisémites à son égard : « Je ne lui reproche pas d’être hongrois, moins encore d’être juif. Mais j’ai le droit de lui dire que ce débat est institué strictement entre citoyens français », ajoutant qu’il ne veut permettre « à ce juif hongrois, dans les veines duquel il n’y a pas une goutte de notre sang, de se déguiser en patriote pur aux dépens de notre réputation d’intégrité ». Cette lettre a été lue aussitôt au comité central par Buisson, qui a qualifié ce passage d’« inadmissible20 », mais sans sanction du comité à son égard. L’un de ses membres, Émile Kahn, reviendra sur le sujet lors du congrès de 1923, où un violent incident l’oppose à Morhardt. Il a d’abord cité le procès-verbal d’une réunion où, Basch ayant évoqué le « fanatisme » de Morhardt, celui-ci lui avait répondu que
son fanatisme était acceptable et ne lui était pas reproché quand il défendait un officier juif et que, si la question des origines de la guerre s’appelait l’affaire Goldsky, par exemple, elle serait accueillie autrement par le comité central21.
11Le congrès a réagi par de « vives exclamations » et Kahn a demandé : « Savez-vous ce que signifie ce petit accès subi d’antisémitisme ? » Puis il a commencé à lire la lettre de Morhardt à Buisson, mais son auteur est monté à la tribune et l’a arrachée des mains de Kahn, ce qui lui a valu un blâme du congrès22. Autant de mots et de comportements révélateurs d’une propension de Morhardt, dès ces années 1920, à des dérapages antisémites.
12Dans le volume qu’il publie en 1924, intitulé Les Preuves, en hommage au « grand martyr », Jaurès, Morhardt continue à défendre la thèse de la culpabilité franco-russe en 1914. Très isolé au comité central, il se présente au secrétaire général Henri Guernut comme une victime :
S’il y a un membre du comité central qui ait le droit de se plaindre des violences de ses collègues, ce n’est pas M. Victor Basch, […] à plusieurs reprises le comité central m’a fait officiellement prier de ne plus assister aux séances, sa passion nationaliste exaspérée ne pouvant même plus supporter ma présence. Vous savez très bien qu’à différentes reprises, il m’a refusé ou retiré la parole, et dernièrement encore après un discours où M. Victor Basch me menaçait de voies de fait, vous savez très bien qu’un de nos collègues a déclaré qu’il quitterait la salle des séances chaque fois que je parlerais du problème des origines de la guerre. Vous savez très bien que, naguère, M. Bouglé, qui présidait notre réunion, a exprimé le vœu, plusieurs fois repris par d’autres de nos collègues, que je donne ma démission de membre du comité central23.
13Guernut signe de ses initiales, dans les Cahiers des droits de l’Homme du 12 décembre 1924, un entrefilet où il explique que les historiens de la Ligue se sont tous récusés pour analyser ce livre, dont il précise : « À aucun degré, il n’a fait œuvre d’histoire24. » Cela rend plus véhémente encore la dénonciation par Morhardt d’une direction « dégénérée ». Il est mis en accusation au comité central du 25 mai 1925 par la quasi-totalité des présents. Une circulaire du bureau adressée aux sections lors du renouvellement, en 1925, de sa candidature au comité central dit son refus de la soutenir et met en cause son « système délibéré d’obstruction […] sans courtoisie, ni correction, ni bienséance, ni loyauté25 ». Morhardt, isolé, qui avait déjà échoué à se faire élire vice-président en 192226, finit par renoncer à l’été 1925 à se représenter. Il se drape encore dans le manteau dreyfusard :
Je m’accuse de remplir une besogne abominable parce que je sers la vérité contre les intérêts de notre pays. Je suis en effet un vieux dreyfusard qui place la vérité au-dessus de la France. C’est la vérité que je sers avec une impétuosité parfois gênante et je regrette d’être le plus souvent seul à la défendre27.
14Il faut probablement percevoir comme un signe de son rejet par les responsables de la LDH le fait que l’Histoire de la Ligue des droits de l’Homme que publie en 1927 un historien membre de son comité central, Henri Sée, avec une préface de Victor Basch, avec qui il avait fondé la section de Rennes en 1899, omet, de manière fort peu historienne, Mathias Morhardt dans la liste des membres du premier comité directeur de la LDH28.
15Comme l’a signalé Gerd Krumeich, les archives ouvertes aujourd’hui en Allemagne indiquent que Mathias Morhardt a effectivement reçu des subventions régulières d’une organisation créée par des industriels allemands, le « noyau de travail des fédérations allemandes » (Arbeitsaussschuss deutscher Verbände), alimentée par le département « responsabilité de la guerre » (Kriegsschuldreferat des Auswärtigen Amtes) du ministère des Affaires étrangères, destinée à encourager la diffusion des thèses sur l’absence de responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit29. Dans les années 1930, face à l’Allemagne nazie, il restera jusqu’au bout un « pacifiste intégral ». Cette posture le conduira, par exemple à adresser, le 19 mars 1936, une longue lettre à Georges Demartial pour le féliciter d’un article où il s’opposait à toute réaction française face à la remilitarisation de la Rhénanie : partant de l’idée qu’« on ne maintient pas un peuple de 65 millions d’êtres humains dans l’étroite prison d’un “chiffon de papier” imprévoyant et imbécile », il en vient à dire que, si la crise s’est dénouée, c’est grâce à « la sagesse et à la modération de 65 millions d’Allemands dont M. Hitler se borne, comme il le proclame lui-même, à incarner et à accomplir la volonté unanime ». Ce qui ne l’empêchera pas de terminer sa lettre sur une référence « dreyfusarde » :
Nous subissons, écrit-il à Demartial, vous et moi depuis 22 ans un indicible martyre intellectuel […] C’est que nous expions l’honneur d’appartenir à une classe de Français trop peu nombreux. Nous sommes de ceux, en effet, qui souffrent plus d’une injustice commise par la France que d’une injustice commise contre elle30.
16Morhardt s’est, en effet, perpétuellement référé à l’Affaire, mais avec la conviction que l’on a d’autant plus raison si on est seul et à contre-courant. Convaincu que sa thèse attribuant toute la responsabilité de la guerre de 1914-1918 à Poincaré et à la Russie était la vérité et qu’il l’avait scientifiquement établie, il ne percevait ses contradicteurs que comme des complices des faussaires et des criminels. Mais Victor Basch choisira, jusqu’à la mort de Morhardt en 1939, d’éviter la rupture avec lui, étant donné son passé de dreyfusard, son rôle essentiel dans les quinze premières années de la Ligue et aussi peut-être l’influence du courant ultrapacifiste dans lequel il s’inscrivait. Il a été élu membre honoraire du comité central en 1935, et, à sa mort, un hommage lui a été rendu dans les Cahiers des droits de l’Homme évoquant surtout son œuvre poétique et dramatique, et seulement de manière allusive ses travaux « sans prudence aucune » sur les origines de la guerre31. Sa disparition avant la défaite de 1940 lui a évité de s’exposer au risque d’une dérive collaborationniste comme en ont connue d’autres « pacifistes intégraux ».
17Le « cas Morhardt » incite à réfléchir. Son pacifisme absolu était sans doute avant tout suscité par sa révolte contre l’effroyable boucherie de 1914-1918, mais, chez lui, le « schéma mental dreyfusien » dans lequel il a inscrit ses engagements ultérieurs a fonctionné comme une grille d’interprétation figée des situations historiques32.
Notes de bas de page
1 Il avait dans son bureau du siège de la LDH, 1 rue Jacob, le portrait de Pressensé sur son piano (et celui du colonel Picquart sur la cheminée). Archives nationales, CARAN, F. 7 12 487, « Ligue des droits de l’Homme, 1898-1908 ».
2 Cité par Christian Follonnier, Catherine Lepdor, « Mathias Morhardt, “la bonne guerre en faveur des vrais artistes” », in Philippe Junod (dir.), Critique d’art de Suisse romande, Lausanne, Payot, 1993, p. 239.
3 « Discours de M. Victor Basch » (discours aux obsèques de Francis de Pressensé), Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’Homme, 1er février 1914, p. 138.
4 Lettre du 20 (ou du 26 ?) février 1898, sur papier à en-tête du Temps. BNF, département des manuscrits, NAF 24 523, f. 110.
5 Lettre de Victor Basch du 4 juillet 1899. Archives privées de Françoise Basch.
6 Le bilan du travail de plus d’une décennie a été dressé sous la forme d’un rapport, d’abord inséré dans le Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’Homme (15 septembre 1910, p. 1036-1265.) puis publié en brochure (L’Œuvre de la Ligue des droits de l’Homme, Paris, LDH, 1911).
7 Victor Basch, Le Procès de Rennes : dix ans après, Paris, Ligue des droits de l’Homme, 1909, p. 27-28.
8 Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’Homme, 15 août 1904, p. 896-897. Dans une réponse à Gustave Kahn, à l’occasion du congrès tenu à Nantes en 1922, Mathias Morhardt en revendique la paternité : « Bien avant que la Ligue des droits de l’Homme fût fondée, j’avais organisé, avec mon ami Francis de Pressensé, la première association dreyfusarde […], le Comité du monument Émile Zola. J’ai demandé à notre ami vénéré, M. Trarieux, de vouloir se joindre à nous. Il m’a convoqué chez lui, rue Logelbach, et m’a dit : “Je ne vous donne pas mon adhésion, vous êtes un peu trop révolutionnaires pour moi ; mais nous avons, mes amis et moi, l’intention de fonder une Ligue des Droits de l’Homme ; donnez-moi votre adhésion.” Et je la lui donnai immédiatement » (Le Congrès national de 1922, Paris, LDH, s. d. [1922], p. 113).
9 Les dossiers consacrés à l’affaire Dreyfus dans les archives de la LDH rendent compte des actions impulsées par Mathias Morhardt (BDIC, Fonds LDH F ∆ Rés. 798/29-35).
10 Selon Georges Demartial, La Guerre de 1914 : comment on mobilisa les consciences, Paris, Rieder et Cahiers internationaux, 1922, p. 233-234.
11 Romain Rolland, Journal des années de guerre. 1914-1919, texte établi par Maria Romain Rolland, Paris, Albin Michel-Cercle du Bibliophile, 1952, p. 925.
12 Même quand il ne recevait pas de réponse d’Henri Guernut (lettre à Oscar Bloch, 22 juin 1918, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7).
13 Emmanuel Naquet, « La Société d’études documentaires et critiques sur la guerre. Ou la naissance d’une minorité pacifiste au sein de la Ligue des droits de l’Homme », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n ° 30, janvier-mars 1993, p. 6-10 ; lettres de Mathias Morhardt à Ferdinand Buisson, 11 nov. 1921, et à Oscar Bloch, 22 juin 1918, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7. Les fondateurs sont Mathias Morhardt, Michel Alexandre, Jeanne Halbwachs, Charles Gide, Georges Demartial.
14 Lettre à Alfred Westphal, 19 janvier 1917, ibid., F ∆ Rés. 798/7.
15 Lettre à Alfred Westphal, 6 novembre 1917, ibid.
16 Lettre à Victor Basch du 7 septembre 1918, Ibid. Plus tard et dans le même registre, Morhardt attaquera « le sieur [Alphonse] Aulard » qui « ne sait pas ce que c’est [que d’être dreyfusard] » (lettre du 3 mai 1922, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7) et il s’exprimera dans la même posture devant le congrès (Le congrès national de 1922, op. cit., p. 95 et s. et Le congrès national de 1923, Paris, LDH, s. d. [1923], p. 109).
17 Séance du comité, 16 avril 1920 (Cahiers des droits de l’Homme, 5 juin 1920, p. 19).
18 Emmanuel Naquet, La Ligue des droits de l’Homme : une association en politique (1898-1940), thèse de doctorat, IEP de Paris, 2005, p. 444 et suiv.
19 Cahiers des droits de l’Homme, 25 novembre 1922, p. 539.
20 Comité central, séance du 6 décembre 1922, Cahiers des droits de l’Homme, 25 décembre 1922, p. 599. Notons au passage que Mathias Morhardt aurait facilité l’élection de Ferdinand Buisson à la présidence de la LDH (lettre non datée, incomplète et lettre du 5 juillet 1925 à Ferdinand Buisson, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7).
21 Procès-verbal de la séance du 22 mai 1922 de la commission des responsabilités de la guerre et Le congrès national de 1923, op. cit., p. 92.
22 Victor Basch a demandé à Émile Kahn d’arrêter de lire la lettre, cherchant à éviter une rupture avec Morhardt. C’est grâce à l’intervention de Louis Guétant, membre de la minorité et leader de la section de Lyon, que Morhardt accepte de quitter la tribune, alors que le congrès, lassé, se vide peu à peu (ibid., p. 93-99 et 110). Un premier incident avait eu lieu en 1921 entre Morhardt et Émile Kahn, le premier regrettant « ces manières inciviles […] qui témoignent d’un déplorable manque d’éducation […] inadmissibles de la part d’un membre du comité central » (lettre du 11 novembre 1921, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7). La polémique entraîne Morhardt à affirmer que « c’est par pitié qu’il [Kahn] l’a fait entrer au comité central » (compte rendu de la séance de la Commission des origines de la guerre, 26 mai 1922, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7).
23 Lettre du 23 avril 1924, BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/29-35, après la parution des Preuves, Paris, SEDCG et Librairie du travail, s. d. Voir aussi Les origines de la guerre. Lettres à la Ligue des droits de l’Homme, Paris, SEDCG, 1921. Le compte rendu de Théodore Ruyssen sur Les Preuves, très sévère à l’encontre de l’ancien secrétaire général de la LDH, n’a finalement pas été publié dans les Cahiers des droits de l’Homme. BDIC, Fonds LDH, F ∆ Rés. 798/7.
24 Guernut commente en latin : « Ridebis et licet rideas » [Tu riras et il t’est permis de rire]. Ibid.
25 Ibid. Alphonse Aulard parle de lettres écrites en des termes « intolérables » (séance du 3 janvier 1923, Cahiers des droits de l’Homme, 25 février 1923, p. 84) et Aline Ménard-Dorian évoque à son égard « la mauvaise foi même », tandis que Georges Bourdon qualifie son action de « besogne abominable non seulement contre le pays, mais aussi contre la vérité et contre les principes de la Ligue ». BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/7.
26 Malgré l’appui de Charles Gide, de Fernand Corcos et de Félicien Challaye. BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/7.
27 Paroles prononcées par Morhardt lors de la séance du comité central du 25 mai 1925, BDIC, Fonds LDH, ibid. Pour d’autres altercations avec Émile Kahn, voir les Cahiers des droits de l’Homme, 15 septembre 1925, p. 415-422 et 25 septembre 1925, p. 442-447.
28 Henri Sée, Histoire de la Ligue des droits de l’Homme, préface de Victor Basch, Paris, LDH, 1927, p. 12.
29 Gerd Krumeich, « 80 ans de recherche allemande sur la guerre de 14-18 », in Jules Maurin et Jean-Charles Jauffret (dir.), La Grande Guerre 1914-1918, 80 ans d’historiographie et de représentations, Montpellier, Éd. de l’Université Paul Valéry, 2002, p. 26.
30 Lettre à Georges Demartial du 19 mars 1936. BDIC, Fonds LDH, ibid. L’article de Demartial était paru dans la revue des pacifistes, Le Barrage, le 17 mars 1936.
31 André-Ferdinand Hérold, « Nos morts. Mathias Morhardt », Cahiers des droits de l’Homme, 15 mai 1939, p. 297-298.
32 Pour approfondir la biographie de Morhardt, il faudrait consulter ses papiers personnels déposés à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève. Cette contribution repose essentiellement sur les archives de la LDH revenues de Moscou en 2000 et déposées à la BDIC à Nanterre.
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