Religion et « popular politics » sous les premiers Tudors
p. 179-192
Texte intégral
1Est-ce que l’on peut utiliser l’expression à la mode « popular politics », pour l’Angleterre de la première moitié du xvie siècle ? Le gouvernement est-il à l’époque simplement la chasse gardée du roi, de la noblesse, des évêques, des grands marchands et de la nation politique représentée au Parlement ? Dans quelle mesure « le peuple » a-t-il une influence quelconque sur le gouvernement du pays ? Dans quelle mesure ceux qui gouvernent tiennent-ils compte des opinions et des désirs du peuple ? Existe-t-il une opinion publique ? Les changements religieux du xvie siècle émanent-ils du désir du peuple, ou sont-ils imposés au peuple ? Et quelles sont les conséquences à long terme sur les « popular politics » du schisme des années 1530 ainsi que de l’apparition de la diversité religieuse ?
2Le problème de départ réside dans le fait qu’il n’existe pas de sources directes qui permettent de répondre à ces questions. La plupart du temps nous ne pouvons savoir que très peu de ce que le peuple savait et croyait. En période de trouble, on peut apprendre plus. Les guerres civiles des années 1640 accroissent énormément ce que nous savons du peuple ordinaire : la chute du gouvernent royal a comme conséquences que les gens du peuple prennent part aux guerres non seulement comme soldats conscrits mais aussi volontaires1 et aussi que le peuple est plus libre de s’exprimer et de publier des livres politiques et des journaux embryonnaires sans être censuré2. Les célèbres débats de Putney au cours desquels les officiers des armées parlementaires ont débattu de ce qu’il fallait faire, ont démontré un très remarquable niveau de compréhension des idées et des principes politiques3. La question qui se pose est de savoir si c’était la première fois que de tels hommes se posaient des questions politiques – ou si ces hommes, et leurs ancêtres, ont de longtemps été curieux et bien informés des événements politiques, mais sans que cette curiosité et ce savoir aient laissé des traces dans les sources qui ont survécu. Il me semble peu probable que tout ait changé dans les années 1640 ; il est beaucoup plus probable que ce sont les circonstances et les événements qui ont fait l’expression des opinions politiques quelque chose d’à la fois plus essentiel et possible. De surcroît, il y avait à cette époque des chances plus importantes que de telles opinions soient notées.
3Les rebellions sont un autre point de départ qui permet de comprendre les opinions des « ordinary people ». Beaucoup de monde y a participé. Et les rebellions ont fréquemment laissé de nombreux documents que l’historien peut exploiter : des récits de chroniqueurs, des comptes-rendus de ceux qui y ont participé, des lettres écrites par ceux qui ont démontré leur loyauté envers le gouvernement de l’époque. Evidemment, accorder un grand poids aux rebellions comme source des opinions et activités du peuple ordinaire n’est pas sans poser problème. Les rebellions furent assez rare et n’étaient pas typiques. Au xvie siècle il y eut des rebellions d’ampleur en 1497, 1525, 1536, 1549, 1554 et 1569. Plus tôt, il y eut des émeutes de grande étendue en 1450 et surtout en 1381. Mais il est quand même évident en lisant les dépositions d’une précision inhabituelle des rebelles de Lincolnshire en 1536 que des gens sans prétention, comme Nicholas Melton, cordonnier, étaient bien au courant de ce qui se passait dans le monde et avaient des opinions solides sur la question de savoir comment ils devaient être gouverné4. Ils ne formaient pas une foule hystérique ; ils étaient calmes et déterminés, gardant leur violence pour ce contre quoi ils s’opposaient ouvertement. Ils étaient d’habitude issus du peuple respectable, étant des personnages de qualités dans les villages ou les villes. Melton, le cordonnier, employait au moins deux domestiques, Richard Jennings et Richard Wood5. Philip Trotter était « mercer », c’est-à-dire un petit marchand6 ; George Huddeswell était un petit gentilhomme7. Thomas Foster, l’homme qui a fait plus que les autres pour déclencher la rébellion, était un yeoman8. Ces hommes étaient des gens d’importance dans leur voisinage, des coqs de village. Les dénonciations officielles des rebelles les présentaient comme ignorant, comme une foule dérangée, dont le devoir était d’obéir, et non pas d’essayer de gouverner9. Mais nous devons prendre soin de ne pas nous laisser duper par une propagande évidente (même s’il convient de noter ici que de temps en temps, surtout après les émeutes de 1549, les gouvernements étaient sincèrement inquiets de la menace de désordres renouvelés). Les rebelles savaient ce qu’ils désiraient et ils adressaient des pétitions au roi afin de l’obtenir. Ils savaient comment se comporter envers le roi et ses ministres. Cela engendre une question : jusqu’à quel niveau les insurgés avaient-ils conscience des objectifs ? Évidement il y a toujours des gens qui n’ont aucun intérêt pour la chose publique et concentrent leur attention sur leur vie à eux. Richard Cobb, invoquant Milan Kundera, a consacré un livre entier aux expériences des hommes et femmes qui ont vécu pendant la Révolution Française sans y jouer aucun rôle10. Et les plus pauvres, les laboureurs, les domestiques, les vieilles femmes qui vivaient des moments difficiles, sont moins faciles à intégrer parmi le corps des common people politiquement actif. Mais même à ce niveau il y a des indications laissées par les rebellions d’une détermination, peut-être née du désespoir mais authentique quand même, de résister aux demandes du pouvoir. En 1525 Henri VIII et le Cardinal Wolsey demandaient à leurs sujets des sommes énormes, le présentant méchamment comme un Amicable Grant, un don amical. Un refus général et de grandes manifestations en Suffolk s’ensuivirent qui amenèrent Henri à abandonner sa demande. Quelques 525 hommes furent poursuivis, inculpés de riot et unlawful assembly – émeute et assemblée illégale – mais le procureur du roi abandonna ces accusations. La catégorie la plus fréquente parmi ceux qui furent inculpés est celle de laboureur. On peut faire une comparaison entre ceux qui ont été inculpés en 1525 et ceux qui sont énumérés dans la liste de ceux qui ont payé l’impôt de 1524. Ceux qui ont été évalués à moins d’une livre ne sont pas imposables. Sur 525 hommes inculpés en 1525, 390 ne figuraient pas dans les listes ou bien étaient imposés à l’évaluation minimum de £ 1. Est-ce que ces nombres et ces proportions suggèrent que les protestations contre l’Amicable Grant étaient une manifestation authentique et spontanée de la grande majorité du peuple, y compris les pauvres, craignant non seulement le choc de cette demande, mais aussi l’effet que de tels paiements auraient sur l’emploi dans la région si les clothiers, les gens qui financent et organisent la production rurale des tissus, étaient contraints de réduire la production ? Est-ce donc un exemple de popular politics, dans lequel des gens relativement pauvres, menés par un homme qui s’appelait Captain Poverty, refusaient les demandes du roi ? Evidemment tout le monde peut très bien comprendre de quoi il s’agit quand le roi exige de grosses sommes. Et ce qui provoquait une émeute est surtout un sentiment d’injustice11.
4Mais que peut-on dire du rôle joué par le peuple en des temps plus calmes ? La monarchie anglaise n’était pas un état policier. Elle n’était pas non plus un état administratif dans lequel ceux qui gouvernaient au centre auraient pris toutes les décisions et auraient nommés des agents directement responsables avec la tâche d’administrer les régions. D’un côté, la monarchie n’était pas toute puissante. Il n’y avait pas d’armée permanente et active. Il y avait une classe d’officiers administratifs délégués par la couronne pour administrer les régions. Il n’y avait aucune police dirigée par l’État. Le gouvernement fonctionnait uniquement parce que c’était plus ou moins un partenariat, une association, aussi informelle que formelle, entre la couronne et les classes dirigeantes. Ces classes dirigeantes comprenaient beaucoup plus que les grands propriétaires fonciers. Il y avait un système de gouvernement sophistiqué et évolué en Angleterre. Dans les villages se trouvaient les parish constables, responsables du maintien de la loi et de l’ordre. Les églises paroissiales étaient administrées par les churchwardens – marguilliers – qui étaient en exercice pendant une année. Dans les villes se trouvaient des réseaux complexes de guildes, d’associations, qui avaient d’abord l’objectif de défendre les intérêts d’un métier ou d’un commerce, auquel s’ajoutaient souvent des responsabilités plus grandes dans le gouvernement de la ville. Donc un assez grand nombre de gens – une proportion assez large – était engagé à une tâche que l’on peut justement considérer comme local governement. La plupart du temps il s’agissait d’affaires routinières, banales, mais ils avaient également à traiter toutes sortes de conflits et tensions locales. Quand le roi demandait un impôt, ou exigeait qu’une politique soit mise en application, ces gens suivaient, ou peut-être de temps en temps modifiaient, ou beaucoup moins souvent résistaient, aux ordres qu’on leur avait envoyés. Ces gens-ci étaient aussi habitués à adresser des pétitions au roi ou à la reine, ou aux principaux ministres du roi, ou à des courtisans, le plus souvent dans la défense des intérêts professionnels ou locaux12. Et tout cela datait déjà de plusieurs siècles. Cela remontait aux derniers rois Anglo-Saxons, bien avant la conquête normande, alors qu’existait déjà un État en pleine possession de ses moyens, déjà complexe et sophistiqué, en raison de la nécessité de lever des sommes énormes afin de payer le Dangeld, ce qui présuppose qu’il y avait un système administratif capable de le faire13. Quand, dans les siècles qui suivent, des impôts ont étés demandés et payés, quand des armées ont envahi la France, ou défendu les frontières contre les Ecossais, ou ont dompté les rebellions, beaucoup d’hommes se sont réunis, en bon ordre – et au xvie siècle on a bien pris ces habitudes. Une tradition de self-government at the king’s command se dégageait et se développait14. En conséquence, l’Angleterre des Tudor était déjà un pays, un État, vieux, avec des acquis, des coutumes, des conventions, des habitudes politiques qui étaient fondés et établis depuis longtemps.
5Mais ce qui se passait mériterait sans doute davantage d’être qualifié d’implication organisée (en anglais involvement) plutôt que de participation. Si ceux qui étaient impliqués dans le travail administratif du gouvernement étaient nombreux, cela ne signifie pas qu’ils étaient des participants actifs en ce sens qu’ils décidaient ce que les gouvernements faisaient. Les gens n’étaient pas consultés comme si leurs opinions devaient être prises en compte et qu’ils pouvaient exercer quelque influence sur les décisions qui seraient prises. Je me demande si la meilleure analogie n’est pas la façon dont il est demandé aujourd’hui aux salariés de prendre possession (take ownership) des décisions que les managers de nos institutions, qu’il s’agisse des universités, des bureaucraties ou des entreprises, ont déjà prises. On attend de nous que nous approuvions des décisions que nous n’avons pas prises et que nous fassions comme si elles venaient de nous-mêmes. Nous sommes comme les sujets du Leviathan de Thomas Hobbes qui « sont tenus, chacun envers chacun, de s’approprier tout ce que celui qui est leur souverain fera et jugera opportun de faire, et sont réputés en être les auteurs15 ». Mon intuition est qu’une bonne part de l’engagement du peuple dans le gouvernement de l’Angleterre des Tudors était vécue de cette manière. Beaucoup d’historiens d’aujourd’hui ne seraient pas d’accord. Dans leurs écrits le mot négociation est devenu une idée à la mode fréquemment employée dans les analyses de la politique de cette époque16. Ses avocats rejettent l’interprétation de haut en bas, une approche descendante, du gouvernement, l’argument selon lequel Henri VIII, ou la reine Élisabeth, ou leurs principaux ministres, n’avaient qu’à annoncer que quelque chose serait fait pour que l’on passe sans problèmes des mots aux actes. Ils mettent en doute le fait que des rois et leurs ministres aient développé franchement des politiques ; ils pensent que les remous des factions sont plus importants que les initiatives du roi ou des ministres. Pour ces historiens ce n’est pas tant Henri VIII que Thomas Cromwell qui a fait le schisme ou a dissout les abbayes. Les avocats de la théorie des « négociations » vont plus loin, d’abord avec raison, en affirmant qu’il n’était pas suffisant pour un gouvernement de simplement annoncer une politique ou de se procurer une loi du parlement. Il était aussi nécessaire d’appliquer et de faire respecter cette politique. Encore une fois, cela est indubitablement correct. Mais ensuite, ces historiens s’égarent en argumentant en faveur de négociations en deux sens. Premièrement, ils sont convaincus que le procédé de la mise en application d’une politique donnait à ceux qui la mettaient en application la possibilité d’avoir leur mot à dire non seulement sur le moment choisi mais aussi sur le contenu de la politique. Deuxièmement, que ceux qui étaient soumis à une politique pouvaient aussi la modifier d’une manière considérable. Or je n’en suis pas du tout convaincu. Il me paraît que, d’une part, les circonstances politiques, et d’autre part, les détails spécifiques des politiques proposées, étaient tout les deux tout à fait déterminantes. Certains gouvernements des Tudors étaient, il me semble, très puissants, en mesure de faire des choses audacieuses ; d’autres gouvernements étaient plus faibles ; d’autres ne se sont pas efforcés de faire des choses importantes. Quand le gouvernement considérait une politique comme très importante, un compromis volontaire était peu probable. Les questions comme les impôts étaient spécifiques : la négociation était inhérente au processus. D’habitude cette négociation avait lieu en parlement, non pas dans les localités, et non plus avec les contribuables individuels ou collectifs. Après qu’un parlement avait accédé à la demande du roi, la levée, la collecte, de l’impôt était presque toujours une simple question d’administration. Les difficultés qu’Henri VIII et Wolsey ont eues avec l’Amicable Grant en 1525 surgissaient en partie en raison du fait que ce n’était pas un impôt accordé par le parlement.
6La notion de « négociation » a aussi été utilisée pour discuter des développements religieux au XVIe siècle. Lorsqu’Henri VIII a rompu avec Rome dans les années 1530, peu d’Anglais avaient été gagnés par les enseignements de Martin Luther ou de Zwingli et poursuivaient une réforme semblable en Angleterre. Mais, comme l’ont montré les recherches de la génération passée, la plupart des Anglais et des Anglaises de l’époque étaient largement satisfaits des services spirituels offerts par l’Église du xve et du début du xvie siècle17. Il n’y avait aucune vague de fond de sentiments populaires à l’origine d’une telle réforme. Quelques-unes des révoltes, surtout le Pèlerinage de Grâce en 1536, étaient des révoltes défendant l’Église traditionnelle, dirigées contre la réforme religieuse. Il n’y a pas eu, au xvie siècle, de rébellions anglaises en faveur de la réforme religieuse et il y avait très peu d’iconoclasme populaire. Donc le défiposé aux historiens consiste à expliquer comment il était possible qu’une Église populaire et très estimée soit ainsi sapée et ébranlée. D’aucuns ont dit que c’était parce que les gouvernements avaient obtenu l’accord du peuple18. Mais ce n’est qu’une autre manière de poser la même question. Et on aurait du mal à maintenir qu’Henri a séduit le peuple en employant un processus de négociation. Quand Henri VIII a rompu avec Rome, il n’a supporté aucune opposition. Il n’y avait eu aucun processus de consultation. Henri a utilisé le Parlement comme un tampon de caoutchouc ou une simple chambre d’enregistrement pour adopter des lois qui lui permettaient de punir ceux qui différaient de lui. Chaque homme adulte, et peut-être aussi chaque femme, devait prêter serment a la loi de succession, ce qui en effet les engageait à accepter le bien fondé du schisme et la suprématie royale qui la suivit. Ni Thomas More ni John Fisher, évêque de Rochester, qui furent incarcérés parce qu’ils refusaient de prêter serment, puis qui furent jugés et exécutés après avoir été amenés par la ruse à révéler leur refus de la suprématie royale, avaient fait de gros efforts pour résister à la politique d’Henri VIII. Mais Henri ne trouvait pas suffisant qu’ils restent dans le silence : Henri n’acceptait aucun compromis. Sur de telles matières, les gouvernements pouvaient bien être durs et brutal, comme les Observant Friars et les moines de Charterhouse allaient le découvrir. Quand Henri commença à dissoudre les monastères, encore une fois, aucun compromis n’était acceptable. Pour Henri VIII le schisme, la suprématie royale, la dissolution des monastères, étaient tout simplement, en deux mots, non négociables. Ce qui de temps en temps prit l’apparence de « négociation » n’était qu’un autre moyen d’obtenir ce qu’il voulait et d’écraser toute opposition potentielle19.
7On peut donc se demander pourquoi et dans quelle mesure le peuple a acquiescé à ces politiques et ce que cela nous dit des « popular politics » ? Il est essentiel d’abord de rappeler que le peuple n’a pas si facilement acquiescé. En 1536 une grande rébellion a éclaté a travers l’Angleterre du nord. Le programme des rebelles était contre-révolutionnaire. Pendant quelques mois, il a même semblé que les rebelles avaient réussi. Mais, par habileté et par ruse, et aussi par le recours à une répression brutale, Henri a récupéré son pouvoir. Rien ne renforce autant l’autorité d’un gouvernement qu’une révolte qui a échoué. Et la mémoire de la répression rendait moins probable une nouvelle émeute. Evidemment Henri VIII a trouvé dans ces régions des hommes qui ont appliqué sa politique, qui ont dénoncé ceux qui n’étaient pas d’accord, qui ont lubrifié la machine de la répression. Cela n’est pas surprenant. Certains étaient sincèrement convaincus par la propagande du gouvernement ; d’autres ont peut-être subordonné leurs inquiétudes en ce qui concerne la politique du roi à cause de leur long engagement au service du gouvernement ; d’autres étaient des ambitieux, gagnés par des espoirs de profit et promotion ; et en sus, il y avait pas mal de peur. Les gouvernements Tudor n’étaient pas tout-puissants, mais de temps en temps, dans des circonstances particulières, les dirigeants pouvaient agir comme tyrans. Et les choix ouverts à ceux qui étaient malheureux étaient très restreints, très limités. Si vous voulez prier pour le pape, si vous voulez être moine, si vous souhaitez aller en pèlerinage, vous le faites à vos risques et périls pendant les dernières années du règne d’Henri VIII.
8Henri VIII n’a pas seulement émis des ordres. Il a fait des efforts énergiques pour expliquer et défendre sa politique, surtout pour les affaires qui prêtaient à controverse. Ici les preuves sont l’écriture et la publication de plusieurs pamphlets/tracts qui soutenaient son divorce. La plupart de ces pièces justificatives étaient profondément savantes et érudites, au moins dans la forme, car l’érudition était souvent subordonnée aux impératifs politiques. Plusieurs étaient écrites en latin et manifestement visaient une audience instruite, cultivée et internationale. De façon frappante, il y avait aussi quelques tracts imprimés qui, à juger du style dans lequel ils étaient écrits, visaient tout le monde. Ainsi de A Glass of the Truth – un verre de vérité – écrit en 1532, sans doute par le roi lui-même, en forme de dialogue, dans lequel les arguments de part et d’autre sont simplifiés, entre un théologien et un avocat de droit canon : l’effet est de justifier la cause du roi. Les Articles déterminés par le consentement entier du Conseil du roi en 1533, un tract bref, mettait en avant les griefs d’Henri VIII à l’encontre du pape. Un petit traité contre le bredouillement des papistes dans les coins essayait de contredire et discréditer les arguments du côté adverse. Ces tracts visaient ceux qui étaient impliqués dans les tâches du gouvernement local et proposaient les arguments qu’ils pourraient, à leur tour, diffuser, surtout en direction de ceux qui se trouvaient en-dessous d’eux dans la hiérarchie sociale. Ce que cette activité suggère, c’est qu’il y avait dans un certain sens une opinion publique qu’Henri VIII pensait valoir la peine de gagner par la présentation de preuves détaillées, par des arguments bien raisonnés, par des appels aux valeurs communes, par la dénonciation des ennemis corrompus et intéressés. Quand ils apprendraient que Henri VIII désirait divorcer de Catherine d’Aragon, plusieurs auraient pu diriger leur sympathie vers Catherine plutôt que vers le roi. Les raisons esquissées dans ces tracts pourraient, peut-être, leur donner à réfléchir. Ces arguments ne pouvaient convaincre quiconque s’était déjà formé une opinion définitive sur l’affaire. Mais ceux qui étaient engagés dans le gouvernement local, dont la sympathie allait au roi, pieux conventionnels, mais non pas grandement troublés par les grandes questions de foi, auraient pu apprécier des arguments présentés de façon sommaire, qu’ils pourraient facilement transmettre aux autres20. De la même façon, la publication des traductions de la Bible, montrant Henri en train de présenter la Bible à ses évêques qui, à leur tour, la présentaient au peuple qui criait vivat rex, illustra le principe de la suprématie royale. Encore une fois, ce qu’on demande au peuple, c’est qu’il « took ownership », qu’il prenne possession, de la politique royale, plutôt qu’il ne soit en aucune manière significative associé à une quelconque négociation.
9L’impression que je vous offre du règne d’Henri VIII c’est donc que le peuple, et surtout ceux qui étaient engagés dans le travail de tous les jours de l’administration locale, mais aussi les pauvres, étaient assez bien informés des politiques financières et religieuses du roi, que le peuple était parfois incité démesurément à la révolte, mais d’habitude acquiesçait à, et mettait en application, ce que le roi et ses ministres demandaient.
10On pourrait interpréter cela comme si Henri VIII essayait de manipuler l’opinion publique, d’utiliser « le peuple » pour ses intérêts propres. Mais je ne crois pas que quand les dirigeants à cette époque justifiaient leur politique au peuple, ils le faisaient parce que le peuple constituait une force autonome qui pouvait renforcer leur pouvoir. Une telle proposition exagère le pouvoir du peuple. Les dirigeants Tudor ne poursuivaient pas la popularity – la popularité. Beaucoup plus tard cela devint réalité : dans les années 1750 Pitt l’ainé a fait appel a une clientèle plus vaste afin de renforcer sa situation vis-à-vis de ses rivaux politiques21. Plus tard encore, les discours de Gladstone en plein air devant des foules gigantesques avaient sûrement le but de lui redonner un élan politique22. Mais la politique du XVIe siècle n’était pas comme cela.
11Au cours de la minorité du roi Edouard VI, le Protector Somerset a essayé de soulever des paysans de la vallée de la Tamise quand ses collègues du Conseil du roi ont cherché à provoquer sa démission : si Somerset a vraiment fait cela – les sources ne sont pas tout à fait claires – il l’a fait comme un homme désespéré, et non pas parce qu’il croyait en un pouvoir populaire. Il levait des hommes de la même manière que les nobles levaient leurs tenanciers, serviteurs et amis, non des partisans ou des supporters politiques23. Quand un peu plus tôt, en juillet 1549, Somerset négociait avec les rebelles du Norfolk, il ne l’a pas fait parce qu’il les regardait comme des acteurs réguliers dans la politique de l’époque, comme des interlocuteurs valables : il n’avait simplement pas d’autre choix que de négocier avec eux. À aucun moment pendant sa domination, il n’a fait appel au peuple, à part au cours de ces situations extraordinaires. À la fin du règne d’Élisabeth, Robert Devereux, earl of Essex, craignant d’être arrêté, essayait de lever une force armée à Londres, a été perçu comme faisant un appel au peuple, mais ce raisonnement me semble une fois de plus erroné : ce qu’il faisait c’était un appel à la reine, non au peuple24.
12Est-ce que les changements religieux du milieu du siècle – l’adoption d’une réforme protestante solide et robuste au cours de la minorité d’Edouard VI et la restauration du catholicisme sous la reine Marie, tous les deux de courte durée – ont à leur tour provoqué des changements du rôle joué par les commons ? Est-ce que la réforme a accru le rôle politique du peuple ?
13Au cours du règne d’Edouard VI ce serait assez difficile de le soutenir. Evidemment, il y avait à ce moment davantage de gens qui ont accueilli favorablement les enseignements protestants, surtout ceux qui avaient fait des études à l’université, mais le nombre restait assez bas. Plus important étaient ceux qui en 1549 se révoltaient dans le sud-ouest contre le nouveau livre de prières. La plupart des Anglais ont simplement acquiescé aux réformes religieuses qui se sont imposés à eux, enlevant les roods – crucifix – les statues des saints, et les images religieuses, mais souvent les cachant au lieu de les détruire. Ce qui est maintenant vrai c’est que le fait même de l’émergence de la diversité religieuse avait comme conséquence que les gens étaient de plus en plus conscients des principes en jeu. La plupart, même les curés, se sont pliés à ce que l’on leur a demandé de faire, ils s’y sont conformés, et ils ont fait ce que le gouvernement leur a commandé. Toutefois, quand Marie succéda à Edouard, c’était trop pour quelques-uns. Plus de 300 furent brûlés comme hérétiques et plus de 500 partirent en exil parce qu’ils n’acceptaient point la contre-révolution catholique de Marie. Les victimes de persécutions comptaient des hommes et des femmes du peuple, et pas seulement de l’élite instruite. Et ce n’était pas un triomphe des « popular politics » : à l’époque ces martyres n’ont pas atteint grand-chose. Marie, plusieurs ouvrages récents l’ont bien indiqué, a effectué un début de règne puissant en rétablissant et renouvelant l’église catholique en Angleterre25. Il y avait des collaborateurs laïques enthousiastes qui ont persécuté les hérétiques26. Bien sûr, il y avait aussi, comme au temps de Henri VIII et d’Edouard VI, beaucoup d’acquiescement pragmatique aux différentes politiques royales, et pour les mêmes raisons. Il est bien possible qu’il y ait aussi eu un enthousiasme populaire pour le rétablissement du catholicisme. Le succès de Marie en 1553, quand elle a dû se battre afin de devenir reine, peut certainement être compris de cette manière, quoique les sources que l’on a de l’attachement religieux restent insaisissables27.
14Au moment de l’accession de la reine Élisabeth, les divisions religieuses partout en Europe s’étaient durcies et polarisées. Les hommes et les femmes avaient grandi dans un monde religieux divisé. Auparavant, les hommes et les femmes avaient été baptisés et élevés comme de simples chrétiens ; maintenant, ils se considéraient comme des chrétiens, sûrement, mais des chrétiens qui vénéraient Dieu en des formes diverses ; et de temps en temps les hommes et les femmes ont fait le choix de ne pas continuer de croire et de pratiquer leur religion a la façon que l’État dans lequel il vivaient a déterminé, ou de refuser de suivre l’État quand son dirigeant a changé de direction, mais de suivre ce qu’ils avaient compris comme étant le commandement de Dieu. Puisque la religion était si fondamentale, mettant en cause le sort des âmes chrétiennes dans l’éternité, cela devenait un défi très difficile à résoudre pour les rois. Déjà en 1536 quand ils se sont soulevés contre la dissolution par Henri VIII des petits monastères, les Pilgrims of Grace ont placé le service de Dieu comme ils le percevaient au-dessus de leur devoir d’obéir paisiblement à leur roi (même s’ils affirmaient être des suppléants et non pas des rebelles) : un curé a promis à son troupeau que s’ils mourraient en défendant l’Église, leurs âmes iraient directement au ciel28. Au cours du règne de Marie, quelques uns sont devenus martyrs. Je ne crois pas, cependant, que tout cela constituait des « popular politics » nouveau. Il y a une abondance de preuves que les commons s’intéressaient à ce que nous appelons des sujets politiques bien avant le xvie siècle29 ; et des gens ordinaires s’intéressaient certainement aux questions religieuses à l’époque de John Wyclif. Ce qu’il y avait de neuf après 1550 c’était la profondeur et la permanence des divisions religieuses.
15Et ce qui se fait jour, ce n’était pas tout à fait des « popular politics » mais plutôt des « religious politics », c’est-à-dire un monde dans lequel la tâche d’imposer l’uniformité religieuse deviendrait de plus en plus difficile, parce qu’il y avait un nombre important de gens pour lesquels l’allégeance religieuse était d’une importance beaucoup plus grande que la loyauté politique. Mais l’expérience de l’Espagne, de la Pologne et des terres des Habsbourg en Europe centrale et orientale montre que des rois résolus pouvaient à temps réimposer l’uniformité religieuse et écraser la dissidence.
16Ce qui me semble remarquable dans le cas de l’Angleterre, c’est que la reine Élisabeth n’a pas fait de grands efforts dans ce domaine. L’accord religieux de 1559 était et reste très contesté. À mon avis il était ambigu dès le départ. Élisabeth préférait, je pense, un accord plus conservateur. Mais elle a été contrecarrée non pas par le peuple mais par le refus des évêques catholiques de la reine Marie d’accepter un compromis quelconque. Élisabeth, comme fille d’Henri VIII et Anne Boleyn, n’avait pas grande envie de rester soumise a l’obédience papale. Sa religion s’est formée pendant les dernières années de son père et les premières années de son frère, et elle paraît préférer une version assez conservatrice de ce qu’on a fait faire à cette époque. Nous n’avons pas de déclarations détaillées de ce qu’elle en pensait. Mais sa dévotion persistante à des pratiques conservatrices comme le crucifix dans sa chapelle privée, son patronage de compositeurs catholiques, son refus absolu et rigide de toute réforme dans une direction protestante, sont des témoignages éloquents de ses croyances fondamentales. Et de bien des manières elle a réussi, non pas à les imposer à tout le monde, mais au moins, en façonnant un espace qu’ils peuvent occuper dans l’Église d’Angleterre30. Peut-être Élisabeth a-t-elle été forcée. Peut-être comme femme, il lui manquait l’autorité brutale de son père. Peut-être n’avait-elle d’autre choix que de traiter avec une nation politique dont beaucoup de membres sont allés plus loin qu’elle vers le protestantisme. Peut-être sa tâche a-t-elle été compliquée par la présence persistante de catholiques potentiellement plus fidèles au pape et au monarque catholique de remplacement qu’à elle-même. Peut-être la nation politique et les milieux politiques locales de connétables et overseers of the peace – responsables de paix – ont-ils crée une autonomie qui mitigeait le pouvoir royal31. Il y a certes quelque chose d’intéressant dans ces propositions. Mais à mon avis, ses actions, et ses non-actions, ce qu’elle a fait, et ce qu’elle n’a pas fait, sont plus délibérées. Elle avait des croyances fermes, plutôt néo-catholiques que protestantes. Mais elle incarnait une politique qui déplorait les effets du fanatisme religieux. Elle essayait de temps en temps d’imposer l’ordre – par exemple les vêtements que les curés doivent porter, ou quand son archevêque refusait de continuer de tenir les prophesyings, assemblées de curés – mais la plupart de temps, Élisabeth a refusé, délibérément, exprès, d’imposer ses opinions et ses pratiques directement. La persécution n’a pas échoué ; on ne l’a pas essayée. Peut-être cela était-il de la faiblesse. Mais je crois plutôt que cette décision était plus délibérée et plus mesurée. À l’encontre des normes européennes de cette époque, Élisabeth était beaucoup moins anxieuse d’imposer une série de croyances et de pratiques : elle réalisait ainsi quelques-unes des idées ocuméniques qui deviendraient à la mode sous Henri IV ou Jacques Ier, dont le contexte français a été si suggestivement exploré par Thierry Wanegffelen, mots que j’avais écris avant d’apprendre en lisant Le Monde son décès récent à l’âge de 44 ans32. Parce que le règne d’Élisabeth fut si long, parce que la stabilité politique a été largement préservée, ce qu’Élisabeth a fait, et ce qu’elle n’a pas fait, allait engendrer des conséquences profondes. Ce que sa tolérance bienveillante – pas tout à fait complète, mais quand même étendue – a permis, c’est le développement d’une grande variété de pratiques au sein de l’Église d’Angleterre. Des crypto-papistes pratiquaient dans les églises dont la liturgie était solennellement et de plus en plus cérémonieusement accomplis ; les godly – les pieux protestants – pratiquaient dans des églises démembrés des objets religieux où les prédicateurs énonceraient la parole de Dieu. Les réalités étaient encore plus nuancées que cette polarité simplifiée. Un exemple détaillé afin d’illustrer ce que j’affirme. L’accord religieux de 1559 prescrit l’enlèvement des autels et leur remplacement par des tables de communion de bois rectangulaires. Elles devaient tenir debout en direction nord-sud contre le mur est du chœur : pendant la communion elles devaient être déplacées et tenir debout au fond du chœur. Une telle pratique était peu commode et peu réaliste : était-ce un reflet des divisions parmi ceux qui ont fait l’accord de 1559, offrant au moins quelque chose à la fois à ceux qui voulaient purger l’Église de l’idolâtrie et à ceux qui préféraient garder un autel traditionnel ? On n’a pas essayé une mise en application uniforme. Donc ce qui c’est passé, c’est une diversité extraordinaire relevée par un rapport que William Cecil, le principal ministre d’Élisabeth, a fait faire en 1566. « La table tient debout au fond de l’église en certains lieux ; en d’autres, elle tient debout dans le chœur ; en d’autres endroits, la table tient debout comme un autel, éloigné du mur d’un mètre ; en d’autres au milieu du chœur, nord et sud ; en quelques endroits la table est jointe, en d’autres elle reste sur des tréteaux33. » Ce rapport évoque de façon très vivante une image de désordre, d’une variété désordonnée des réponses aux ordres de 1559. Le rapport de Cecil montre sans appel qu’il n’y avait pas une seule pratique, claire et générale. Et on n’avait rien fait en direction de l’uniformité. Une telle diversité n’était pas le fruit d’une négociation quelconque avec la nation politique ou des machinations de « popular politics ». C’était plutôt le fruit des préférences de la reine, surtout de sa réticence à imposer l’uniformité. Les conséquences en seraient significatives et durables.
17Que le peuple ait été informé et que les gens ordinaires aient eu des opinions sur les questions politiques n’étaient point une nouveauté du XVIe siècle. Les Elisabéthains débattaient et discutaient, mais ce n’était pas neuf. La nouveauté était ailleurs. Ils étaient bien conscients des différences fondamentales qui existaient à propos de la religion, à propos des buts de la vie, et ils les débattaient avec vigueur34. Ce n’était pas que les gens se disputaient pour la première fois, mais qu’il y avait une intensification de telles querelles, provoquées et excitées par le fait sans précèdent de la division religieuse, tolérée à un degré remarquable par la reine. Ces divisions religieuses ont facilement pu mener à des guerres civiles amères, comme en France, et peut-être les guerres religieuses et civiles étaient-elles seulement ajournées, mais jusqu’à la fin des années 1630, les divisions religieuses n’avaient pas une profondeur dangereuse. Donc l’époque de l’accession d’Élisabeth jusqu’aux années 1620 était un temps de tensions créatives, non destructrices. La tolérance de facto dans des limites larges mais pas sans bornes, permettait le développement et l’intensification d’un monde intellectuellement vivant et pluriel, dont la causticité de la prose élisabéthaine n’est que l’exemple le plus évident. Les pièces de Shakespeare seraient sensationnelles dans n’importe quel milieu, mais il n’est pas surprenant qu’on le trouve écrivant dans un tel contexte. Je ne veux pas présenter tout cela comme irréversible, comme une longue marche vers le monde moderne. Un monarque déterminé et astucieux aurait pu tenter de renverser ces tendances, même si ce que s’est passé, et ce qui se n’est pas passé, sous Élisabeth aurait fait d’une telle ambition un grand défi. Et je tiens à conclure en soulignant le paradoxe qui réside dans le fait que ce sont les attitudes et les approches de la reine qui ont renforcé la nation politique et les popular politics au cours de son long règne.
Notes de bas de page
1 Les meilleures études du role du peuple sont V. Pearl, London And The Outbreak Of The Puritan Revolution. City Government And National Politics, 1625-43, Oxford, Oxford University Press, 1961 ; J. Walter, Understanding popular violence in the English Revolution : the Colchester Plunderers, Cambridge, Cambridge University Press, 1999) ; id., Crowds and Popular Politics in Early Modern England, Manchester, Manchester University Press, 2006 ; M. J. Stoyle, Loyalty and Locality : Popular Allegiance in Devon during the English Civil War, Exeter, 1994.
2 I. Atherton, « The Press and Popular Public Opinion », dans B. Coward, A Companion to Stuart Britain, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 88-110. Il y avait déjà des libels, des pamphlets, des tracts, depuis l’époque de Chaucer et de Langland ; dans quelle mesure ces libels reflètent-ils une opinion publique plutôt que l’opinion à la cour royale ? P. Croft, « Libels, Popular Literacy and Public opinion in early modern England », Historical Research, LXVIII, 1995, p. 266-85.
3 L’édition la plus célèbre, est celle de A. S. P. Woodhouse, Puritanism and Liberty : being the army debates from the Clarke Manuscripts, Londres, 1938.
4 Londres, T[he] N[ational] A[rchives], P[ublic] R[ecord] O[ffice], SP1/109 fos. 1-2, Letters and Papers, Foreign and Domestic of the reign of Henri VIII, J. S. Brewer, J. Gairdner et R. H. Brodie éd., Londres, 1862-1910 [désormais LP], XI 828 (i) (1) ; TNA, PRO, SP1/110 f ° 134r-136 (LP, XI 968).
5 TNA, PRO, SP1/110 f ° 133 (LP, XI 968).
6 TNA, PRO SP1/119 f ° 2-3 (LP, XI 828 [i] [2]) ; TNA, PRO, SP1/109 f ° 56 (LP, XI 842 [4]).
7 LP, XII, I 734.
8 TNA, PRO, SP1/109 f ° 4-5v (LP, XI 828 [i] [1]).
9 LP, XI 569.
10 R. Cobb, Reactions to the French Revolution, Oxford, Oxford University Press, 1972.
11 G. W. Bernard, War, Taxation and Rebellion in Early Tudor Enland : Henri VIII, Wolsey and the Amicable Grant of 1525, Brighton, 1986.
12 L’étude la plus perspicace reste celle de P. Williams, The Tudor Regime, Oxford, Oxford University Press, 1979.
13 J. Campbell, « The late Anglo-Saxon state : a maximum view », in id. The Anglo-Saxon State, Londres, 2000, p. 1-30 ; J. Maddicott, The Origins of the English Parliament, Oxford, Oxford University Press, 2010.
14 A. B. White, Self-Government at the King’s Command : a Study in the Beginnings of English Democracy, Minneapolis, 1933.
15 Thomas Hobbes, Leviathan, Paris, Gallimard, 2000, p. 291 – traduction de Gérard Mairet, « are bound, every man to every man, to own, and be reputed author of all, that he that already is their sovereign, shall do, and judge fit to be done », Thomas Hobbes, Leviathan, M. Oakeshott éd., Oxford, Oxford University Press, n. d., p. 113-4.
16 M. Braddick, State Formation in early modern England c. 1550-1700, Cambridge, Cambridge University Press, 2000 et S. Hindle, The State and Social Change in early modern England, Basingstoke, 1999, sont representatifs.
17 E. Duffy, The Stripping of the Altars, Londres, 1992 ; C. Haigh, « Anticlericalism and the English Reformation », History, LXVIII, 1983, p. 391-407.
18 E. H. Shagan, Popular Politics and the English Reformation, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
19 G. W. Bernard, The King’s Reformation : Henri VIII and the remaking of the English Church, Londres, Yale University Press, 2005.
20 G. R. Elton, Policy and Police : the enforcement of the Reformation in the age of Thomas Cromwell, Cambridge, Cambridge University Press, 1972, p. 171-216.
21 M. Peters, Pitt and Popularity, Oxford, Oxford University Press, 1980.
22 E. F. Biagini, Liberty, Retrenchment and Reform. Popular Liberalism in the Age of Gladstone. 1860-1880, Cambridge, Cambridge University Press, 1992.
23 Calendar of State Papers, Spanish, G.A. Bergenroth, P. De Gayangos et M.A.S. Hume éd., 12 vols., Londres, 1862-1895, IX. 457.
24 J. Dickinson, Court Politics and the Earl of Essex, 1589-1601 (à paraître, Londres, 2011).
25 E. Duffy, Fires of Faith, Londres, 2009 ; E. Duffy and D. Loades, éd., The Church of Mary Tudor Aldershot, Ashgate, 2006 ; J. Loach, « Mary Tudor and the recatholicisation of England », History Today (Nov. 1994), p. 16-22.
26 R. A. Houlbrooke, « Mary Tudor’s persecuting justices », presentation au seminaire a St John’s College, Oxford, février 1972.
27 J. Loach, Edward VI, Londres, 1999, p. 170-9.
28 London, The National Archives, Public Record Office, SP1/118 fo 138-43v (LP, XII, I, 914).
29 I. Harvey, Jack Cade’s Rebellion of 1450, Oxford, Oxford University Press, 1991 ; A. J. Pollard, « Popular politics », presentation au colloque, Rochester University, Rochester, NY, avril 2009.
30 P. Collinson, « Elizabeth I (1533-1603), queen of England and Ireland », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, Oxford University Press, 2004.
31 P. Collinson, « The monarchical republic of Queen Elizabeth I », Bulletin of the John Rylands Library, lxix, 1987, p. 394-424, reprinted in id., Essays in Elizabethan Essays (1994), p. 31-57 ; J. F. Mcdiarmid (éd.), The monarchical republic of early modern England, Manchester, Manchester University Press, 2007.
32 T. Wanegffelen, Ni Rome ni Genève : Des fidèles entre deux chaires en France au XVIe siècle, Paris, 1997 ; voir aussi O. Christin, Le Monde, 26 mai 2009, p. 23.
33 K. Fincham and N. Tyacke, Altars Restored : the changing face of English religious worship, 1547-c. 1700, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 44-45, citant British Library, Lansdowne MS 8, fo 16 (« The table standeth in the body of the church in some places, in other hit standeth in the chauncell ; in some places the table standeth altarlyke, distant from the walle a yarde, in some others in the middest of the chauncell, north and south ; in some places the table is joined, in others hit standeth upon trestells »).
34 K. Thomas, The Ends of Life : Roads to Fulfilment in early modern England, Oxford, Oxford University Press, 2009.
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