Chapitre 6. Aux premières heures de la guerre civile espagnole (juillet 1936-avril 1937)
p. 151-181
Texte intégral
1Le 18 juillet 1936, alors que l’Espagne vit les premières heures d’un coup d’État militaire, le lieutenant-colonel Henri Morel prend officiellement ses fonctions d’attaché militaire près l’ambassade de France en Espagne et de la légation de France au Portugal. La situation à laquelle il doit faire face est d’emblée difficile. Aux risques physiques (il manque de se faire fusiller dans les jours qui suivent son arrivée à Madrid) s’ajoutent de sérieuses dissensions avec sa hiérarchie. Dès ses premiers rapports adressés au ministre de la Guerre et de la Défense nationale, Morel ose des analyses pertinentes et engagées qui deviennent rapidement sujettes à caution dans les couloirs de l’EMA. En effet, alors qu’il s’emploie à démontrer qu’une victoire des militaires « rebelles » aux dépens du régime républicain espagnol ne peut que présenter un danger évident pour la France, Morel s’oppose à la plupart des membres du haut commandement français, certains allant jusqu’à lui reprocher ouvertement de « faire à Madrid de la politique de gauche1 ». L’appréciation que le général Maurice Gamelin porte sur sa proposition d’avancement pour l’année 1936 frise la sanction : « Il y a certaines réserves à faire en ce qui concerne cet officier. Les variations dans les renseignements qu’il envoie, l’imprudence de certaines de ses attitudes, font craindre qu’il ne soit dépassé par les événements actuels, non du point de vue intelligence, mais caractère et jugement2. » Ce procès de tendance prend, toutefois, temporairement fin au début 1937 après que Morel a adressé une dizaine de missives d’une étonnante virulence aux officiers généraux français les plus en vue, enfreignant une nouvelle fois les codes de comportement réglant les relations hiérarchiques au sein de l’institution. Doit-on encore s’étonner de ce comportement certes marginal mais, in fine, en aucun cas paradoxal ; même si comme l’écrit l’historien Éric Vial sa perception de la guerre d’Espagne peut malgré tout paraître « [emblématique] des contradictions et en même temps de la totale cohérence d’un homme que ses principes, sa conception de l’honneur et son attachement intransigeant à l’intérêt national ont amené à soutenir en pratique la cause républicaine espagnole alors qu’ils pouvaient sembler le vouer a priori au camp dit nationaliste3 ».
Une dénonciation sans concession (juillet-décembre 1936)
« Me référant à votre dépêche n ° 445 du 1er avril dernier, j’ai l’honneur de vous faire savoir que le chef de bataillon breveté d’état-major Morel a été nommé attaché militaire à Madrid et à Lisbonne par décret du 29 mai 1936 publié au Journal officiel du 12 juin dernier. En m’avisant de cette nomination, M. le ministre de la Guerre m’a indiqué que le commandant Morel prendra possession de son poste le 18 juillet prochain à Saint-Sébastien. M. Daladier ajoute que cet officier supérieur a été autorisé à passer quelques jours à Madrid au début de ce mois afin de permettre au colonel Jouart, son prédécesseur, de vous le présenter et de lui faire faire la connaissance des différentes autorités espagnoles. M. le ministre de la Guerre m’a fait savoir en outre, qu’en vue de faciliter la mission du commandant Morel il a décidé de lui accorder le grade de lieutenant-colonel à titre fictif en attendant sa promotion normale4. »
Juillet et août 1936, Saint-Sébastien et Madrid : une entrée en matière difficile
2C’est donc par pure coïncidence que le lieutenant-colonel Henri Morel prend officiellement ses fonctions d’attaché militaire près l’ambassade de France en Espagne et la légation de France au Portugal5 en ce 18 juillet 1936. Coïncidence, car ce jour marque le début d’un soulèvement militaire décisif contre le gouvernement de la IIe République espagnole ; un pronunciamiento préparé depuis de longs mois par le haut commandement de l’armée espagnole alors persuadé que l’ensemble des régiments suivra. Si les révoltes qui embrasent alors toute l’Espagne amènent certaines provinces à se ranger d’emblée du côté des militaires factieux, les principales villes résistent « en dehors même du gouvernement débordé6 » et annihilent les espoirs des « rebelles » quant à une destitution rapide du gouvernement de Front populaire. De son côté, la quasi-totalité du corps diplomatique étranger présent en Espagne suit les événements depuis la ville de Saint-Sébastien, au Pays basque, lieu de villégiature estivale7. Le 21 juillet alors qu’un vent de tempête souffle sur le pays, l’ambassadeur de France prévient le Quai d’Orsay de l’arrivée du nouvel attaché militaire : « Le lieutenant-colonel Morel est arrivé très opportunément ici ce matin8. » « Très opportunément » car, dans les rues de Saint-Sébastien, les combats font rage.
3Les deux premiers documents d’ordre personnel, dans lesquels Morel dresse un rapide état de la situation et livre ses premières impressions, sont des lettres manuscrites adressées au chef de bataillon Jean Armengaud, chef de la section des missions du 2e bureau de l’EMA9. Dans la première, datée du 29 juillet, l’attaché militaire décrit les précautions que nécessitent les déplacements en ville et les souvenirs de guerre que cela réveille chez lui : « Sans en exagérer le tragique en ce qui nous concerne, la situation a été fort pénible. Les moindres sorties rappelaient fort les plus mauvais moments de la guerre de mouvement. Pas de course, plat ventre etc. […]. Le pire, ce sont les obus qui n’ont pas de trajectoire logique. Un obus est tombé non éclaté dans le jardin et un autre a explosé contre le mur […]. J’avais une idée tout à fait différente de la vie diplomatique. » Une première analyse prédisant la chute de la capitale espagnole vient en conclusion : « Je crois que Madrid peut difficilement tenir étant coupé de ses sources normales de ravitaillement. Si les militaires tiennent le coup, Madrid doit tomber par la famine10. » Dans la seconde datée du 31 juillet, rédigée sur son propre papier à lettre et toujours adressée au commandant Armengaud, Morel justifie son « silence » officiel et évoque ses conditions de travail au cours des deux semaines écoulées : « Je n’écris rien d’officiel parce que je ne vois que des détails […], parce que je n’ai ni papier à en tête ni machine à écrire ni secrétaire. Je crois mieux faire en aidant et accompagnant l’ambassadeur dont vous pouvez par ailleurs avoir les papiers. […] Nous nous sommes trouvés avant-hier l’ambassadeur et moi entre deux feux. […] Mme Herbette a confiance en moi pour garder son mari dont l’indifférence au danger est totale, alors que moi vieux militaire j’ai une prudence technique. » Ses estimations concernant la perte de Madrid par le gouvernement s’avèrent plus nuancées et il semble déjà conscient de la durée du conflit : « Je ne vois plus ni un succès des militaires ni un succès du gouvernement. Madrid si les militaires coupaient la ligne du Levant pourrait changer de main, mais ni l’un ni l’autre parti n’est de force à conquérir et à pacifier l’Espagne11. » Ces deux lettres sont importantes car, outre le fait de révéler son excellente entente (toute provisoire) avec Jean Herbette, elles nous montrent un Morel déjà très au fait de la situation générale. Force est de constater qu’en dépit du contexte, ou peut-être grâce à lui, ses nouvelles fonctions d’attaché militaire semblent lui plaire. Probablement las de l’ambiance particulière de l’EMA, Morel retrouve une certaine forme d’action et s’en réjouit. « Mes amitiés à tous. Je crois que Valluy va en T. S. [Tchécoslovaquie]. C’est un voyage que j’ai désiré pendant 3 ans. On me réservait le voyage en Espagne qui est évidemment bien plus fascinant12. » conclut-il. En outre, il revient non sans dérision sur sa nomination au grade lieutenant-colonel à titre fictif. Nomination qui ne l’autorisait à faire état de son grade qu’une fois la frontière franchie : « Je vous préviens que je me fais appeler lieutenant-colonel à Hendaye. Donnez à cette usurpation de grade la suite que vous voudrez13. »
4Ses deux premiers rapports officiels adressés au ministre de la Défense nationale et de la Guerre14, comme le veut l’Instruction générale sur le service des attachés militaires et navals de 1903, ont été malgré les difficultés précédemment énoncées rédigés à Saint-Sébastien les 24 et 31 juillet. Celui du 31 juillet, long de huit pages, est déjà caractéristique du style incisif qu’adoptera la plupart des rapports qu’il sera amené à rédiger jusqu’en mars 1939. En dépit du peu d’information dont il dispose, Morel tente néanmoins de rendre compte de la situation de l’Espagne toute entière. Ce qu’il fait parfaitement dans une troisième partie intitulée « Réflexions générales », où il dégage les raisons qui ont conduit à l’échec du putsch :
« L’ordre vaut par rapport aux biens qu’il ordonne. On ne se fait pas tuer pour lui s’il ordonne le néant. Aussi doutons-nous de l’enthousiasme de la troupe espagnole dans la révolte entreprise par ses chefs. […] Normalement une troupe régulière, disciplinée et bien armée doit venir à bout rapidement de bandes inorganisées. Aussi a-t-on été tenté de pronostiquer dès le début le succès des militaires ; ils n’ont devant eux qu’une poussière de bonnes volontés intermittentes. Et les milices de Madrid ne doivent pas valoir plus cher que celles de Saint-Sébastien. Alors si l’armée n’a pas vaincu tout de suite, c’est qu’il y a quelque chose. […] Saint-Sébastien n’est pas l’Espagne. Mais certains facteurs humains sont peut-être les mêmes ailleurs. Si l’on mesure les forces en présence, les militaires doivent gagner : ils devaient gagner vite. Leur retard n’est pas une défaite. C’est une diminution de chances. Ils continuent à avoir, sur le papier, plus de chances que le Gouvernement : ils doivent faire tomber Madrid15. »
5Ce premier rapport faisant état de la situation générale en cette fin juillet 1936 était visiblement attendu tant au ministère qu’à l’EMA : si l’on en juge par le nombre de tampons et autres annotations manuscrites qu’il comporte. Ce document est, en effet, arrivé au ministère de la Guerre le 7 août 1936 via la valise diplomatique en provenance de Saint-Sébastien et, comme le stipule la mention ajoutée à l’encre par le chef du cabinet militaire du ministre Édouard Daladier, il a été « vu par le ministre16 ». Ce qui atteste de son importance puisque peu de rapports d’attachés militaires sont directement consultés par le ministre ; ce dernier se contentant le plus souvent d’une synthèse faite par son cabinet. Après exploitation par le cabinet du ministre, ce document a été transmis à l’EMA où il est arrivé, le 13 août, au « cabinet du général chef de l’EMA17 ». Sur le document, les passages cités ci-dessus ont été soulignés. Il est, de ce fait, probable que certaines des considérations formulées par Morel fassent d’ores et déjà l’objet d’une interprétation politique tant au cabinet du ministre qu’à l’EMA.
6« Dès que la route de Madrid sera libre, je tacherai d’y aller. Mais quand le sera-t-elle18 ? » Le 4 août, Morel informe le 2e bureau qu’il s’apprête à rejoindre Madrid par la mer via Port-Vendres et Valence. Le périple dure trois jours. Le 8 août au soir, il se présente au ministère de la Guerre du gouvernement républicain espagnol, auprès duquel il est accrédité, et demande – selon les directives de l’ambassadeur – à « visiter un secteur du front19 », ce qu’on lui refuse. Prenant alors contact avec des journalistes français et se faisant passer pour l’un deux, il parvient « à étudier les trois points qu’[il] jugeait de première importance » : l’organisation des milices gouvernementales, le front de la Sierra et le front d’Extremadure. Cependant, le 20 août, il est victime du climat de suspicion qui habite le pays en ce milieu d’été. Par commodité, les journalistes voyagent en voiture ce qui ne va pas sans attirer l’attention des miliciens dans les villages qu’ils traversent. À Talavera de la Reina, la voiture est arrêtée et vidée de ses occupants. Menacé « d’être fusillé sur le champ » à l’instar de ses camarades d’infortune, l’attaché militaire fait alors état de « sa qualité diplomatique »20. Il reviendra implicitement sur cet incident dans une lettre envoyée à Jean de Lattre le mois suivant : « J’ai commencé par une dure semaine à Saint-Sébastien. Vingt-quatre heures après vous avoir quitté, j’étais en pleine bataille. Puis Saint-Sébastien se calmant, je suis venu ici. Chaleur, désordre, pouillerie. J’ai fait quelques excursions mais elles se sont révélées si risquées que je me tiens tranquille en attendant l’explosion finale. Je crois que nous resterons ou que je resterai jusqu’au bout21. »
7À partir de septembre 1936, le regard qu’il porte sur les deux belligérants s’affine. Restant fidèle aux analyses qu’il avait formulées avant sa prise de fonctions, Morel évoque les risques que ferait courir à la France une victoire des « rebelles ». « Je ne crois pas possible de remonter la situation, pour le gouvernement. Je le regrette en un sens : car l’intérêt de la France était qu’un gouvernement démocratique triomphât22. », écrit-il dans une lettre adressée personnellement au lieutenant-colonel Gauché. L’Instruction générale sur le service des attachés militaires et navals du 21 février 1903, contraignant les attachés militaires à soumettre, pour lecture, leurs rapports aux chefs de missions diplomatiques, il n’est pas étonnant de voir une correspondance « parallèle » se développer entre les attachés militaires et les officiers du 2e bureau. Elle permet, outre le fait de régler divers problèmes d’ordre administratif, de s’ouvrir de certaines analyses ou de communiquer certaines informations en dehors du ministère des Affaires étrangères23. Cependant, cette correspondance n’est pas sans risque et il n’est pas toujours opportun d’y livrer des commentaires d’ordre politique. Si Morel s’y abandonne ici, c’est probablement par souci de transparence. Il est étonnant, malgré tout, de le voir formuler ce style de remarque dans une lettre adressée au chef du 2e bureau, qui – faut-il le rappeler – n’a jamais partagé ses analyses concernant l’Italie fasciste.
8Dans les jours qui suivent, il développe un point de vue identique dans un rapport officiel intitulé : « Conséquences possibles d’une victoire des rebelles ». Par ailleurs, sans jamais aborder directement la délicate question de la non-intervention, Morel concède implicitement qu’une telle politique n’avait aucune chance d’être suivie par le « groupement actuel des Puissances en Europe24 » (comprendre Allemagne, Italie et Union soviétique). Même s’il émet de sérieuses réserves quant à l’influence à long terme de l’Italie et de l’Allemagne en Espagne nationaliste : « Le prétendu fascisme espagnol est tout le contraire d’un fascisme italien et d’un hitlérisme germanique. Essentiellement individualiste, à tendance nettement syndicale, il répugne profondément à cette déification de l’État, à ce développement monstrueux du collectif, à cette puissante vie grégaire qui est le fond du système fasciste et hitlérien25. » ; il souligne toutefois que le pays sera contraint de payer ses dettes au régime nazi26. Mais au-delà de ces propos antifascistes, l’attaché militaire conforte aussi le haut commandement français dans son approche de la guerre d’Espagne. Particulièrement lorsqu’il estime que l’influence allemande s’opérera sur un plan « économico-militaire » et non sur un plan purement militaire ; ou encore quand il affirme qu’une « dictature espagnole sera pour longtemps absorbée par ses préoccupations de politique intérieure27 ». Phrase qui, au demeurant, a été soulignée par l’un de ses lecteurs (probablement le lieutenant-colonel Gauché). Se faisant une haute idée de son travail, Morel s’attache à livrer des analyses prospectives les plus justes possibles ; quelle que soit l’utilisation qu’en fera le 2e bureau et la direction de l’EMA. Si, pour lui, il ne fait aucun doute que la France a tout à craindre d’une victoire « des généraux rebelles et des partis de droite28 » ; pour l’EMA et plus largement pour le haut commandement, il en va tout autrement.
« Si Madrid tombe, ce sera, je crois, fini29 »
9Dès les premiers jours de la guerre civile, Henri Morel est convaincu que la prise de la capitale par les militaires « rebelles » n’est qu’une question de temps. Aussi, dès la fin août 1936, il n’hésite pas à solliciter le général Louis Colson, chef de l’EMA, afin qu’on veuille bien lui donner les directives à suivre dans « chaque cas possible30 ». Il est vrai que la situation politique et militaire du gouvernement républicain espagnol mené par José Giral est devenue critique. Au plan international, en dépit de ses appels à l’aide répétés aux démocraties occidentales, Giral se trouve confronté à la politique de non-intervention pour laquelle ces dernières ont finalement optée et, au plan intérieur, son gouvernement qui « ne comprend que des ministres de la gauche modérée31 » est totalement débordé par les extrêmes. L’événement militaire décisif se produit le 3 septembre 1936. Les troupes des généraux « rebelles » Francisco Franco et Emilio Mola opèrent leur jonction à Talavera de la Reina à quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest de Madrid. Deux jours plus tard, le « vieux leader de l’aile gauche du PSOE32 » Francisco Largo Caballero, profitant d’une étonnante popularité, forme un nouveau gouvernement de Front populaire incluant socialistes, communistes et modérés.
« Le 14 septembre, j’avais l’honneur de vous rendre compte de la situation militaire, telle qu’elle m’apparaissait de Madrid. […] Le Cabinet Giral s’était effondré à la suite du désastre de Talavera. Monsieur Largo Caballero avait pris le pouvoir. Il s’appuyait sur l’UGT et sur les dirigeants du Parti communiste. Dès le 16 septembre, je croyais entrevoir les effets salutaires de ce changement de gouvernement. […] J’ai souligné l’énergie méritoire de M. Largo Caballero qui n’a pas voulu désespérer. Appuyé sur les chefs du Parti communiste, qui prêchaient l’ordre, la discipline, le retour à une hiérarchie militaire de Salut Public, il a sans cesse levé de nouvelles troupes. Il a alimenté, en hommes au moins, le front de la bataille. Il s’est efforcé, malgré cette hémorragie constante, d’organiser une armée. Il a fait appel aux officiers de complément dont les sentiments lui paraissaient sûrs. […] Il a décidé de fondre toutes les milices dont je vous avais dit l’hétérogénéité, dans une armée unique. […] Si ce mois n’a pas vu la chute de Madrid et la débâcle définitive, il faut en attribuer le mérite au chef de gouvernement et à l’appui efficace du Parti communiste dont les chefs personnifient, au milieu du désordre et de l’individualisme espagnols, des idées d’organisation et d’autorité, pour une part, d’importation étrangère33. »
10Pour autant, cette « organisation » et cette « autorité » soviétiques, conjuguées aux efforts « salutaires » du gouvernement Largo Caballero s’avèrent vains. En quelques semaines, l’armée républicaine recule à nouveau et la population madrilène se dérobe34. Les « militaires » sont aux portes de la ville : « Ils ont donc atteint, au Nord, à l’Ouest et au Sud-Ouest de la capitale, des positions de départ, en vue d’une offensive que l’on considère à Madrid dans tous les milieux comme imminente et que rien ne semble devoir arrêter35. » Et cette offensive, il l’affirme, sera fatale car l’armement des miliciens est déplorable, car ils ne savent pas combattre et cèdent facilement à la panique, car le moral de la population est au plus bas, car la famine guette, bref : « Tout porte à croire que Madrid, lassé de son effort, résigné à son destin, s’effondrera après quelques combats et après une dernière panique36. » À vrai dire, Morel est stupéfait par la passivité des madrilènes. À un point tel qu’il semble personnellement affecté par cet état d’esprit défaitiste, comme tend à le prouver une lettre envoyée au chef du 2e bureau qu’il prie de ne « pas laisser sortir de l’EMA », car c’est avec des mots très durs qu’il condamne « ce peuple » qui « ne veut pas mourir pour sa liberté37 ».
« La population de Madrid semble convaincue que les idées qu’elle prétendait défendre ne valent pas le risque de mort. “Puisque le Gouvernement n’a pas pu nous défendre qu’il se rende”. C’est dans cette lâcheté collective bien plus que dans le manque d’armement qu’il faut voir la raison de la défaite du Gouvernement. […] Madrid est las : las des 5 communiqués par jours, las des hauts parleurs, las des queues aux boutiques. La viande est difficile à trouver, le poisson rare et cher ; il n’y a plus d’œufs, plus de pommes de terre et c’était là l’essentiel de la nourriture madrilène. […] Si Madrid tombe, ce sera, je crois, fini. […] Il y a un désir de mieux-être dans le plan social, sérieux, profond, justifié : il n’y a pas de conviction profonde dans le plan politique38. »
11On notera cette étonnante dernière remarque. On notera aussi qu’une allusion du même type figure à la fin de son rapport du 14 octobre 193639 et on notera enfin que c’est au cours de ce même mois d’octobre qu’il est reçu par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Largo Caballero, Julio Álvarez del Vayo, dont la proximité avec le Parti communiste allait jusqu’à effrayer certains membres du PSOE40. Cet entretien n’a visiblement pas fait l’objet d’un rapport direct au ministère de la Guerre, puisque le document retrouvé est un télégramme du chargé d’affaires de l’ambassade (R. Bonjean) parvenu au Quai d’Orsay, le 22 octobre 1936, dont une copie a été transmise au 2e bureau. Alors en quête d’avis sur la situation militaire de la capitale, Álvarez del Vayo a sollicité les attachés militaires des pays favorables à son gouvernement et Morel a joué le jeu avec une évidente franchise. Voici quelques extraits du rapport qu’il a remis au chargé d’affaires :
« Comme au cours de cet exposé qui était un monologue, je croyais sentir la volonté de convaincre un incrédule, je me permis de lui dire que les dangers d’une victoire des rebelles pour la liberté de nos communications et la tranquillité à notre frontière pyrénéenne n’avaient jamais échappée à un Français soucieux de l’intérêt national […]. Monsieur le ministre aborda ensuite le sujet particulier de l’entretien auquel il m’avait confié : la situation militaire dans la région de Madrid. […] Je lui demandais alors de parler avec la plus entière franchise, franchise qui n’était nullement contradictoire avec la sympathie que j’ai sans cesse éprouvée pour l’effort militaire de la République.
Je lui dis que, techniquement, une ville aussi étendue que Madrid, en laissant de côté la question du ravitaillement était, en effet imprenable à moins d’un matériel et d’effectifs très supérieurs à ceux dont disposent les rebelles mais que la défense, non pas des lisières de Madrid, mais de la ville entière ; fortifiée en profondeur, avec des réduits successifs organisés, me paraissait présenter du point de vue psychologique des difficultés dont il y avait lieu de tenir compte.
D’abord, la bataille actuelle que l’on avouait perdue par les milices ne laisserait refluer sur Madrid que des troupes dont le moral serait plus ou moins atteint et dont l’encadrement dans une sorte de lutte qui impose une décentralisation très poussée, risquait d’être insuffisant.
D’autre part, ces troupes seraient, dès leur arrivée, noyées dans une population qui, sans être hostile au Gouvernement, était lassée de la lutte ; cette ambiance de lassitude d’énervement risquait d’influer sur le moral des défenseurs, de désagréger petit à petit la résistance et de la réduire à des foyers isolés qui seraient maîtrisés les uns après les autres.
Je lui dis enfin que l’échec des rebelles n’était pas loin de là, à exclure, mais que leur succès serait décisif. Jouer le sort du régime sur la défense de Madrid, c’était tout jouer sur une seule carte, dont il appréciait mieux que moi la valeur ; et qu’étant donné les difficultés intérieures auxquelles se heurteraient les militaires et qu’il m’avait lui-même exposées, il pouvait apparaître plus opportun à un esprit prudent de réserver l’avenir41. »
12Il ne fait aucun doute qu’en procédant de la sorte, le lieutenant-colonel Morel estime rester dans le cadre de sa mission. C’est, au surplus, la raison pour laquelle il a rendu un rapport aussi détaillé au chargé d’affaires. Deux jours après cette entrevue, Morel écrit au général Gérodias, sous-chef de l’EMA en charge du 2e bureau, pour lui dresser un rapide point de situation et expliciter certaines de ses conceptions. Cette lettre est surprenante car il s’y excuse d’avoir jugé durement l’armée républicaine et pense même avoir, pour cette raison précise, « déplu » à l’EMA : « Je crois que Madrid tombera et que le Levant et la Catalogne ne tiendront guère. J’ai dû dire quand je l’ai aperçu cette carence guerrière. Sans doute ai-je déplu. Je ne juge pas les idées que le peuple espagnol défend : mais la veulerie, le désordre, le bavardage, le génie de la fantaisie cocasse et une instabilité intellectuelle incroyable. Que vaudra ce qui viendra après ? En tout cas, ce qu’on voit maintenant n’est pas beau42. » Et c’est non sans une certaine candeur qu’il demande à être « orienté » : « J’ai demandé au lieutenant-colonel Gauché si ce que je faisais était bien ou mal, non par vanité, mais pour m’orienter43. » La réponse de Gérodias, en date du 28 octobre, a été retrouvée dans la rare correspondance conservée par la famille d’Henri Morel. Elle cache sous un ton plus ou moins catégorique de lourdes équivoques. Ce ne sont pas les avis qu’il a émis sur la valeur de l’armée républicaine qui ont fortement déplu, mais les propos qu’il a tenus à Álvarez del Vayo et, d’une manière plus générale, les analyses dans lesquelles il estime que l’intérêt de la France se trouve du côté de la République espagnole. Cela, cependant, il ne le devine pas encore. L’EMA a d’ores et déjà envisagé son rappel ; Gérodias tente même de le lui faire accepter en lui laissant entendre que les Affaires étrangères ne lui donneront aucune directive et le laisseront « patauger44 ». Enfin, cette lettre se conclut par une sérieuse mise en garde : « En tout cas efforcez-vous de rester neutre et impartial45. »
13Il faudra à Morel plusieurs semaines avant de saisir les raisons de ces préventions. Si les rares lettres retrouvées dans ses papiers prouvent qu’il a pris conscience assez tôt des difficultés d’ordre personnel qu’allait engendrer, pour lui, la situation de l’Espagne (séparation d’avec sa famille, problèmes financiers et inconfort matériel, analyse et approche des événements toujours délicates, etc.), les questions qu’il pose ici à Gauché et à Gérodias révèlent une réelle incompréhension. Même s’il semble que ses ex-camarades de l’EMA (Valluy probablement et un certain E. L., auteur d’une lettre46) l’aient prévenu des interprétations que suscitaient certains de ses commentaires, sans toutefois être en mesure de lui préciser ce qu’on lui reprochait exactement. Ce n’est qu’au cours du mois de décembre 1936 que Morel réalise qu’un fossé s’est creusé entre lui et l’EMA. Il sait désormais que ses rapports dérangent sur un plan politique. Dans une lettre adressée au général Gérodias, il revient sur son entrevue avec le ministre d’État espagnol :
« On me reproche paraît-il un entretien que j’ai eu avec M. del Vayo. Convoqué par lui, j’ai demandé à M. Bonjean son avis ; il a été d’accord que je ne pouvais me dérober. Comme on m’avait dit le sujet probable de l’entretien, je consultais aussi le colonel Fuqua, attaché militaire des États-Unis, doyen des attachés militaires. Nous fûmes d’accord pour que, si la question était posée, j’essayasse de détourner le gouvernement de défendre Madrid. Nous prévoyions un redoublement de terreur et des désastres que nous ne surestimions malheureusement pas. J’essayais, la question m’étant posée, de donner les raisons techniques qui militaient en faveur de l’abandon de Madrid : vous réalisez, mon général, si je l’avais persuadé le mal qui aurait été évité : cette chance valait bien que je sortisse légèrement de mon rôle. Une fois rentré je rédigeais pour M. Bonjean un compte rendu exact qu’il eut peut-être le tort de transmettre intégralement47. »
14Le dernier jour d’octobre 1936, l’adjoint du lieutenant-colonel Gauché, le chef d’escadron Joseph de Mierry, est contacté par le colonel Louis Jouart, prédécesseur de Morel à l’ambassade de France à Madrid. Ce dernier souhaite alors faire part au 2e bureau de certains renseignements qu’il tient de « la bouche de visiteurs autorisés » qu’il connaît personnellement. Victime d’un bombardement à la fin août dans la région de Ségovie alors qu’il tentait de regagner la France, Jouart vient tout juste d’être rapatrié à l’hôpital du Val de Grâce à Paris48. Ces renseignements sont jugés importants car dès son retour boulevard Saint-Germain, le commandant de Mierry s’empresse de rédiger un compte rendu en cinq points, les trois premiers étant consacrés à Morel, pour le lieutenant-colonel Gauché. Ce dernier s’empresse à son tour de le transmettre au général Gamelin.
« 1°) Le lieutenant-colonel Morel, attaché militaire près l’ambassade de France à Madrid, a produit, dès son arrivée en Espagne, une impression fâcheuse sur la colonie française par suite des déclarations qu’il a faites au sujet du mouvement Franco. Il a dit que le général Franco aboutirait à un échec total.
2°) Le lieutenant-colonel Morel a été reçu, récemment, par M. del Vayo qui l’a remercié vivement des conseils que le lieutenant-colonel Morel avait donnés pour la défense de Madrid par les gouvernementaux.
3°) Le général Franco est au courant des deux faits relatés ci-dessus et, dans ces conditions, la situation du lieutenant-colonel Morel, après la prise de Madrid par le parti Franco-Mola, pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les intérêts français.
4°) M. Herbette, ambassadeur de France, est entré en contact avec le général Franco, par personnalités interposées, pour assurer celui-ci de son absolue collaboration lorsqu’il aura remporté la victoire.
5°) Il y aurait actuellement, 70 équipages allemands dans l’aviation du parti Franco49. »
15Cependant l’EMA ne peut en aucun cas user de tels renseignements pour provoquer le rappel de Morel. La position du haut commandement est complexe : il était en effet difficile de demander au ministère des Affaires étrangères de faire relever un attaché militaire œuvrant dans le sens de ce que le président du Conseil, Léon Blum, a appelé la « non-intervention relâchée », c’est-à-dire l’aide officieuse du gouvernement français à la République espagnole. La meilleure solution aurait été que l’attaché militaire sollicite son propre rappel ; ce que le général Gérodias a tenté, en vain, d’obtenir. Le général Gamelin s’attache bien à saborder sa proposition d’avancement pour l’année 1936, même si cela reste sans effet (Morel bénéficie, malgré lui, de la bienveillance du cabinet du ministre et en particulier de celle du général Bourret)50. Au début novembre alors que le gouvernement républicain espagnol vient de quitter Madrid pour Valence, le Quai d’Orsay demande à son chargé d’affaires de rentrer en France mais prescrit le maintien de Morel à l’ambassade, conformément à la demande de ce dernier51. Pendant toute la durée du siège de la capitale espagnole, la représentation diplomatique française se limite donc à la présence d’un consul et d’un attaché militaire.
16L’ambassadeur Jean Herbette a depuis longtemps quitté l’Espagne, à l’instar de la quasi-totalité du corps diplomatique étranger accrédité auprès du gouvernement républicain espagnol, pour s’installer à Saint-Jean-de-Luz. La mission militaire de l’ambassade qui se compose de trois attachés est, elle aussi, totalement éclatée. L’attaché de l’air est en 1936 et jusqu’au début 1937 « en résidence à Paris52 », l’état-major de l’armée de l’air lui substitue temporairement, en Espagne, un officier issu du bureau « renseignement » de l’état-major particulier du ministre : le chef de bataillon Pierre Cahuzac. Ce dernier, comme le stipule l’historienne Sabine Jansen dans son ouvrage consacré à Pierre Cot, est un « fin connaisseur des matériels aéronautiques ». Il est, de ce fait, « la cheville ouvrière des livraisons françaises aux républicains espagnols53 » organisées depuis le ministère de l’Air. Quant à l’attaché naval, le lieutenant de vaisseau Raymond Moullec54, il est en poste à Saint-Jean-de-Luz et ses déplacements se limitent aux villes portuaires. Seul membre de l’ambassade, Morel est conscient des risques qu’il court. Si la prise de la ville par les « rebelles » entraîne l’effondrement du gouvernement républicain comme il l’envisage55, sa situation personnelle pourrait alors s’avérer très délicate. Il sollicite à plusieurs reprises l’envoi de directives écrites qui l’autorisent à entrer en contact, s’il le faut, avec les officiers « rebelles » afin de pouvoir quitter Madrid56. Mais le 2e bureau et le Quai d’Orsay s’abstiennent de lui transmettre la moindre consigne. Au reste, un court billet retrouvé dans les archives du 2e bureau rapatriées de Moscou prouve que cette situation n’a pas déplu au général Gérodias : « Le lieutenant-colonel Morel n’a pas suivi les conseils que je lui avais donnés et a persisté dans son désir de rester. Il en sent lui-même tout le danger d’après la lettre qu’il a écrite au chargé d’affaires auquel il pose des questions qui restent sans réponse. Tant pis pour lui57 ! » Si l’attaché militaire a demandé à rester à Madrid, c’est essentiellement pour organiser la défense du lycée français devenu « centre d’hébergement des français et asile des espagnols réfugiés58 ». Ce choix, humainement compréhensible, va s’avérer très problématique.
17Avant de quitter Madrid pour Valence, le président du Conseil Largo Caballero a confié la défense de la capitale à une junte aux ordres du général José Miaja. Tout anti-républicain qu’il ait été, Miaja est l’un des rares officiers de l’armée espagnole a être resté fidèle au gouvernement à l’instar d’un autre membre de cette junte : le colonel Vicente Rojo. Les forces dont ces deux hommes disposent pour défendre la capitale sont de l’ordre de 15 à 20 000 hommes sans compter les nombreux membres du PCE restés à Madrid. Très vite, Morel prend contact avec la junte et propose, après concertation avec le consul, « d’héberger dans le lycée français des blessés évacués des hôpitaux bombardés ». Cette proposition, dont l’attaché militaire estime qu’elle est une garantie pour la protection du lycée, va lui permettre d’entretenir d’excellentes relations avec « cet organisme révolutionnaire59 ». Mais, bien que soumettant ses décisions au consul comme il le stipule dans son rapport, Morel ne semble pas mesurer les commentaires que de telles démarches sont susceptibles de générer à Paris.
18Au plan stratégique, l’attaché militaire a depuis longtemps constaté la « faiblesse des conceptions60 » de l’état-major franquiste. Et comme aucun blocus des routes menant à la capitale n’a été entrepris, des milliers de miliciens étrangers affluent dans les rues de Madrid pour prendre part à la bataille. De fait, leur présence « a modifié la situation et […] pourrait, à la longue, la renverser61 ». Il y a parmi ces miliciens étrangers une majorité de Français et certains d’entre d’eux blessés ou dépassés par la violence des combats n’hésitent pas à venir se réfugier au lycée français où Morel les accueille avec « bienveillance62 ».
L’affaire des miliciens français (novembre 1936-janvier 1937)
Faits et accusations
19Il semble que Morel ait ouvert les portes du lycée français aux miliciens plusieurs jours avant d’en avoir fait mention dans un rapport. De son côté, l’ambassadeur Jean Herbette a été prévenu de ces agissements par deux télégrammes en provenance de Madrid, aussi le 27 novembre il télégraphie à Paris :
« Je me réfère aux tél. 199 et 208 de Madrid. Bien que le caractère du lieutenant-colonel Morel, [« pour qui j’ai une grande estime » a été rayé], ne permette pas de supposer un instant que cet officier supérieur [« ait pu tremper dans » a été rayé], se soit écarté de ses fonctions pour participer à l’organisation de détachements armés composés de Français combattant en Espagne, je crains que sa présence à Madrid, qui heureusement ne paraît pas avoir éveillé l’attention jusqu’à présent, soit faussement interprétée le jour où les forces du général Franco s’empareraient de la partie de la ville où est situé le lycée français, ne laissant à notre attaché militaire d’autre ressource que de leur demander l’autorisation de partir. […] il me semble que nous ne sommes pas en droit d’exposer notre attaché militaire aux éventualités qu’il risquerait d’avoir à affronter s’il se trouvait à la discrétion des troupes qui pénètreraient dans Madrid. Je me permets donc de suggérer que le lieutenant-colonel Morel soit invité à quitter la capitale espagnole dès la première occasion sûre qui s’offrira, en laissant la garde du lycée français à son secrétaire, l’adjudant Corsini, qui a les qualités nécessaires pour assurer la protection des réfugiés et dont la position ne serait pas plus dangereuse, semble-t-il que celle de n’importe quel fonctionnaire subalterne […]63. »
20Afin de mieux saisir les « craintes » de l’ambassadeur, il est utile de préciser que ce dernier est persuadé, depuis la chute du gouvernement Giral, du bien-fondé de la rébellion militaire et de sa victoire certaine. Il estime, en outre, que le gouvernement Largo Caballero « a cessé d’être constitutionnel64 ». Dans la biographie qu’il lui consacre, l’historien Yves Denéchère explique que ce revirement est le fruit du « pragmatisme » d’Herbette. De fait, comme il avait précédemment appelé à la reconnaissance des soviets, il était logique qu’il appelle à la reconnaissance des militaires en Espagne « quitte à oublier où sont la légalité et la légitimité du pouvoir et où sont les insurgés65 ». Les rapports entre Herbette et Morel se sont dégradés depuis la fin de l’été. À tel point que l’ambassadeur arrive à sous-entendre que l’attaché militaire aurait « participé à l’organisation de détachements armés » afin de prendre part à la défense de Madrid. Dès le lendemain, un télégramme du ministère des Affaires étrangères est bien adressé à Morel. Cependant, il ne fait que prescrire son départ pour Valence et ne comporte aucune remise à l’ordre particulière et surtout pas de rappel définitif (ce que n’aurait pas manqué d’entraîner une telle attitude)66. De fait, le Quai d’Orsay a pris ses distances avec son ambassadeur.
21Les Brigades internationales, constituées par l’Internationale communiste en septembre, ont officiellement été reconnues par le gouvernement espagnol le 13 octobre 1936. L’historien Guy Hermet estime leurs effectifs à près de 40 00067. Les Français y étant de loin les plus nombreux, les chiffres généralement admis allant de 10 à 15 00068. Après une première allusion, Morel consacre courant décembre un rapport de trois pages aux miliciens français engagés dans les Brigades internationales. Les problèmes qu’il soulève peuvent sembler, a priori, secondaires, puisqu’ils concernent outre sa propre attitude : « Je ne peux ni connaître ces Français, ni les ignorer. Je crois de mon devoir de leur faire savoir que le cas échéant un officier français, le seul représentant de l’armée française en Espagne, est prêt à accueillir avec bienveillance des Français qui, pour quelque cause que ce soit, ont été de bons soldats. Je ne puis faire plus sans directives nouvelles69. » ; le sort qu’il leur est réservé lorsqu’ils demandent à rentrer en France : « Je me permettrai aussi de vous signaler que ces hommes dont on autorise en France l’engagement volontaire, sous une forme que je n’ai pas à connaître, devraient rester libres de renoncer à une tâche qu’ils ont assumée de leur plein gré. […] Je sais bien que la question est plus complexe que ne la présente cette formule sommaire, et que le Gouvernement Espagnol est mené en cette affaire par des dirigeants communistes étrangers qui n’ont pour la liberté individuelle que peu de respect70. » Dans les faits, cette opinion est partagée par l’ambassadeur et par le « nouveau » chargé d’affaires71 mais pour des raisons bien plus politiques que le simple non respect de la liberté individuelle. Pour l’ambassadeur, la possibilité de réduire le nombre de Français combattants dans les rangs des Brigades internationales ne doit pas être négligé si la France et la Grande-Bretagne veulent que les gouvernements allemand et italien respectent les clauses de la non-intervention en Espagne et limitent (voire suspendent) leur propre intervention aux côtés du général Franco72. Un argumentaire pour le moins spécieux lorsque l’on connaît les positions d’Herbette vis-à-vis du gouvernement républicain espagnol.
22Dans les semaines qui suivent l’arrivée de son rapport à Paris, Morel est l’objet d’une véritable campagne de dénigrement au sein de l’état-major de l’armée. La « bienveillance » dont il fait preuve à l’égard des miliciens français étant perçue comme le reflet d’une attitude politique. Attitude politique qui, dans le microcosme du ministère de la Guerre de cette période, est synonyme d’appartenance à la clientèle des officiers du cabinet du ministre. De Valence, d’où on ne l’autorise pas à rentrer, Morel fait donc, entre autres, les frais de la querelle de pouvoir qui oppose cabinet et état-major. Il est alors de plus en plus évident pour l’EMA, comme pour l’ambassadeur, que l’attaché militaire fait en Espagne de « la politique de gauche73 ».
Un plaidoyer implacable
23La position de l’état-major de l’armée vis-à-vis de la politique de la France à l’égard de la République espagnole affleure littéralement dans ces accusations. D’abord chantre de la non-intervention, le haut commandement de l’armée française devient, dès la fin 1936, quasi-unanimement partisan d’une victoire franquiste74. Seuls les officiers appartenant – ou ayant appartenu – au cabinet du ministre, et parmi eux le plus influent est bien évidemment le général Victor Bourret, restent acquis à la défense de la République espagnole75. L’antagonisme qui règne alors entre le cabinet du ministre et l’EMA, entre les généraux Victor Bourret et Maurice Gamelin mérite d’être souligné76. Les ouvrages que tous deux écriront au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont très éloquents77. Tout porte à croire que l’EMA a rapidement cru que Morel obéissait à des directives secrètes données par le cabinet du ministre, comme tend à le prouver une annotation du général Henri Schweisguth dans l’un de ses « mémentos » : « 7 janvier 1937 : Rencontré le général Gamelin […]. Il n’est pas content que Morel corresponde directement avec Pierre Cot et Bourret78. » Si Morel a bien écrit à plusieurs reprises au général Bourret, l’assertion relative à une éventuelle correspondance entretenue « directement » avec le ministre de l’Air du Front populaire est, selon les explications données par l’attaché militaire, exagérée :
« 1) On me reproche d’avoir correspondu avec le général Bourret et avec lui seul. Je lui ai écrit 3 fois : voici dans quelles circonstances […]. Le général Bourret en me recevant me demanda de lui faire le point en ce qui concerne la situation politique. D’où mes deux premières lettres, ces [considérations] politiques ne pouvant passer par les AE, la seconde constituant un post-scriptum. Comme je craignais que cette correspondance prêtât à commentaire, j’envoyai le double de ces lettres au colonel Gauché. La 3e lettre est un court billet pour recommander (comme je le fis à Gauché et à vous) Corsini. Je croyais avoir agi correctement. J’ai écrit quasi officiellement à qui m’avait demandé de le faire et mis au courant mon chef direct hormis cette correspondance je n’ai envoyé aucune autre lettre privée à qui que ce fut : sauf copie de la première lettre au général Jauneaud qui m’avait fait la même demande79. »
24Il semble donc que la copie de lettre envoyée au chef de cabinet de Pierre Cot, le général Jean-Henri Jauneaud80, se soit transformée à l’EMA en une correspondance « directe » avec le ministre de l’Air en personne. Néanmoins, et bien qu’il s’en défende, Morel bénéficie du soutien du cabinet du ministre de la Guerre. Ainsi, il apprend courant décembre qu’il va être promu au grade de lieutenant-colonel à titre définitif « hors tour » (soit plus de trois mois avant la date officiellement prévue) suite à l’intervention du général Bourret. Parallèlement, l’état-major de l’armée lui interdit de rentrer en France alors qu’il en a fait la demande à plusieurs reprises : et Morel de percevoir dans cette interdiction, une condamnation. En outre, certains de ses anciens camarades du 2e bureau lui ont vraisemblablement fait part des « bruits qui circulent sur [son] compte81 ». Exaspéré par le procès qu’on lui intente, il bâtit un véritable plaidoyer au travers d’une dizaine de lettres adressées, entre autres, aux généraux Gamelin, Bourret, Georges, Colson, Gérodias et Schweisguth. La violence de son propos ne manque pas de surprendre :
« J’apprends par les premières nouvelles, autres que familiales qui m’arrivent depuis le 15 octobre d’une part que je dois être l’objet d’un hors tour le 25 décembre, d’autre part que le bruit court que cette faveur est le parement d’une certaine attitude politique. Je m’adresse à votre bienveillance et à votre justice pour écouter m’a réponse aux bruits qu’on me rapporte. Je serais heureux, si vous l’estimez possible d’éclairer mes supérieurs le général Colson, le général Georges, le général Gamelin, qui peuvent avoir me dit-on accueilli ces bruits. J’estime qu’à 47 ans changer d’attitude pour gagner une faveur est une faute contre l’honneur : puisqu’on m’interdit d’aller à Paris, vous m’excuserez de me défendre par lettre. […]
Je ne suis pas un homme de parti (je suis catholique et totalement apolitique). J’agis, faute de directive selon ma conscience et je rends compte. Au lieu de me condamner sans m’entendre, peut-être eut-on pu me dire ce que devais faire ou ne pas faire. […]
Je ne veux ni jouer sur le cabinet ni sur des appuis politiques que je n’ai d’ailleurs pas. Je suis reconnaissant au général Bourret de m’avoir bien accueilli, sachant qui j’étais. S’il me récompense, il ne récompense pas un partisan et il doit le savoir. C’est avec une grande amertume après 5 mois d’une tâche épuisante, seul, sans un mot de mon ambassadeur, soumis à un chargé d’affaires et à un consul sur lesquels je m’abstiens par correction de porter un jugement de me savoir attaqué dans le temps où on m’interdit d’aller à Paris exposer ce que j’ai fait. Restent mes rapports : on peut les lire et les relire on n’y trouvera pas un mot qui indique que j’ai pris parti82. »
« J’aurais fait à Madrid de la politique de gauche, en liaison avec le cabinet à l’insu de mes chefs. L’accusation est en tout point absurde et j’écris longuement au général Gérodias pour lui donner des précisions à ce sujet. Sans doute vous montrera-t-il ma lettre. Et je crois ma réponse si nette qu’elle doit satisfaire tout homme de bonne foi. Mais en dehors de ces faits particuliers, il y a procès de tendance ourdi en mon absence, qu’en m’interdisant de revenir, on m’interdit de réfuter. […]
Puisqu’on m’attaque, je dirai que les 5 mois que j’ai passés en Espagne sont ceux de ma vie dont je suis le plus fier83. »
25Les dernières lignes de la seconde lettre adressée au général Paul Gérodias sont sans appel : « Si l’on veut en Espagne un partisan, de droite ou de gauche, qu’on le dise et me rappelle. Je ne me défendrai pas. Si je reste, qu’on me comprenne et me fasse confiance84. » En usant d’une telle liberté de ton, Morel transgresse bien évidemment les codes de comportement réglant les relations hiérarchiques au sein l’institution, en général, et au sein de l’EMA, en particulier. Aussi, et en un sens paradoxalement, cette attitude inattendue semble avoir générée de la méfiance voire de la crainte chez certains officiers. Dans les jours qui suivent, le lieutenant-colonel Gauché adresse une longue réponse personnelle à Morel qui, bien que comportant quelques sérieuses injonctions, est sans conséquence :
« 1/ Tout le monde reconnaît les services que vous avez rendu dans la bagarre de Madrid et tout le monde sait dans quelles conditions de solitude et d’éloignement vous avez accompli une tâche exceptionnellement difficile. Pas besoin d’aller chercher d’autres témoignages que vos actes, ils n’y ajouteraient rien.
2/ À aucun moment vous n’avez été oublié et je ne vous connais pas d’ennemis qui soient acharnés à votre personne ou à votre réputation. Quel curieux caractère vous avez tout de même ! Personnellement, je me suis occupé de vous en toutes circonstances et autant que j’ai pu. […]
3/ Sur ce qu’on peut vous reprocher, je n’en sais rien de direct et rien de précis. Je sais simplement (conversations de couloirs) qu’on a pu vous reprocher certains envois de correspondance. À cet égard il sera facile de vous expliquer sans rien dramatiser, […].
Mon cher ami, l’éloignement et votre extrême sensibilité vous font tout grossir, quand vous serez de retour ici je vous demanderai de refreiner certains élans de votre caractère, de rester calme si on vous demande une explication et vous verrez comme tout s’aplanira85. »
26Il semble, en effet, que l’attaché militaire ait bénéficié des retombées de l’affaire dite des « documents espagnols » ou encore « Gérodias ». Au début janvier 1937, un officier de l’état-major du maréchal Pétain au Conseil supérieur de la guerre transmet au général Gérodias des copies d’un feuillet d’instruction traduit du russe et visant à la liquidation des « officiers factieux » en France. Aussitôt, le général Gérodias envoie « sans en référer au cabinet, ni même d’ailleurs au général Colson86 » des copies de ces documents à toutes les régions militaires afin que ces dernières se tiennent prêtes à toute éventualité. Il s’agit en réalité d’une manipulation basée sur des instructions détournées et orchestrée par des partisans du général Franco relayés en France par certains officiers de l’état-major Pétain87. Lorsque la presse divulgue l’affaire, le remous est tel à l’Assemblée nationale qu’Édouard Daladier fait immédiatement procéder à la mutation du général Gérodias88.
Une erreur d’appréciation ?
27Au fond, le seul reproche que l’on puisse adresser à Morel est celui d’avoir commis une erreur d’appréciation non pas relative à la situation en Espagne mais à la perception de cette situation par l’EMA et, plus généralement, par le haut commandement. Cette erreur d’appréciation est d’autant plus surprenante que l’ancien chef de la section midi avait à plusieurs reprises fait part, dans sa correspondance personnelle, de ses divergences d’opinions avec la direction du 2e bureau. « Je n’ai pas l’esprit de la maison89 » confiait-il à de Lattre dès janvier 1934. Dès lors, son approche de la guerre d’Espagne pourrait être perçue comme la volonté d’imposer sa propre conception de l’intérêt national et ce, quelles qu’en soient les conséquences (comportement qu’il adoptera plus tard comme on le verra). Mais son incompréhension face aux premières préventions formulées par Gérodias est telle qu’il est impossible de retenir cette hypothèse. En outre, en décrivant précisément les reproches faits à son encontre dans ses différentes lettres, il démontre que son attitude n’était en aucun cas préméditée (comme s’il ressentait le besoin de se l’expliquer à lui-même). À titre d’exemple voici ce qu’il écrit à Jean Herbette : « Je crois savoir que mon attitude, mes rapports ont été mal compris à Paris. Il m’est revenu que pour n’avoir pas été partisan pour être resté sur le plan apolitique, qui convient à un militaire, j’ai été vivement critiqué. Justement parce que j’essayais seulement de comprendre, on a tenu l’absence d’esprit partisan pour une attitude politique90. »
28Par ailleurs, un autre aspect de cette correspondance semble illustrer cette même erreur d’appréciation. L’attaché militaire français a, en effet, contribué à sauver d’une mort certaine quelques officiers de l’armée espagnole, favorables à la rébellion, qui bloqués avec leur famille à Madrid n’avaient aucun espoir d’en réchapper sauf à demander la protection des ambassades étrangères.
« Par contre, j’ai d’ailleurs au nom de l’humanité non par esprit de parti, sauvé de nombreux militaires et civils menacés. Je citerai entre autres parce que le risque physique a été plus sensible, le colonel Ungria ami de Franco et de Mola ancien attaché militaire à Paris, le général Espinosa de los Monteros, directeur de l’école de guerre et son frère l’ancien ambassadeur à Berlin, le comte de Fontana, président de la compagnie du Norte, son fils et sa fille etc. Aucun doute qu’en face, on sache ce que j’ai fait pour les Espagnols de droite. J’ai la promesse formelle que si le général Franco l’emportait je serai demandé et remercié. D’autres ont pu écrire et parler, moi j’ai sauvé des vies. […] Avec tous les Français avec tous les Espagnols, je me suis efforcé d’être humain et digne de l’uniforme que je porte. Avec les journalistes de gauche, avec les religieuses menacées, avec les miliciens communistes, avec les officiers et gens de droite espagnole. J’ai agi mais avec une continuelle impartialité, dont, à Madrid on m’a su gré91. »
29Morel a probablement estimé que la mention de ces faits était suffisante pour convaincre l’EMA de sa « neutralité ». S’il était logique d’avoir recourt à ce type d’argument, ces informations non officielles n’avaient pourtant que peu de portée pour l’EMA comparativement au nombre de rapports officiels que l’attaché militaire envoyait au ministre de la Guerre ; lesquels étaient susceptibles d’influer sur les décisions du gouvernement français. Décisions qui, si elles s’orientaient vers une intervention militaire favorable à la République espagnole, risquaient d’aller à l’encontre des conceptions politiques et stratégiques de l’EMA.
30Il est, cependant, évident qu’en aidant un officier comme le lieutenant-colonel José Ungria Jimenez, Morel n’a pu qu’envisager une éventuelle contrepartie. Ancien attaché militaire espagnol en poste à Paris (février 1930-avril 1934), José Ungria est aussi un ancien élève de l’École de guerre92 ; où il s’était fait remarquer par sa francophilie. De retour en Espagne, Ungria devient l’aide de camp du général chef d’état-major général de l’armée puis est affecté au sous-secrétariat du ministère de la Guerre. Chef d’état-major de la division Caballeria jusqu’au 18 juillet 1936, il est démis de ses fonctions par l’état-major franquiste car il ne parvient pas à quitter Madrid. Le 15 octobre 1936, menacé de mort par les républicains, il se réfugie avec sa femme à l’ambassade de France93. Dans les jours qui suivent, Morel les fait héberger au lycée français. Le 3 avril 1937, ils parviennent à quitter la capitale et embarquent à Alicante à bord d’un navire français. Alors que l’attaché militaire n’avait, dans un premier temps, pas juger opportun de mentionner officiellement l’aide qu’il avait apportée au lieutenant-colonel Ungria, il en va tout autrement en avril 1937. Dans une note destinée au général Schweisguth, il écrit :
« Le lieutenant-colonel Ungria ancien attaché militaire à Paris que j’avais abrité au Lycée français de Madrid, a pu s’évader de la capitale : il s’est embarqué à Alicante à bord du Duguay Trouin qui doit le transporter en France. Je l’ai vu à son passage en rade de Valence : il se rend à Paris, puis s’efforcera de rejoindre le général Franco dont il est l’ami personnel. […] Aide de camp de Primo de Rivera, collaborateur au Maroc du général Franco, il occupait jusqu’aux élections d’Avril94 au ministère de la Guerre une place de premier plan, qu’il devait à la confiance du général Franco (secrétaire de la Junte de classement des généraux et colonels chargé officieusement de la surveillance des agissements politiques dans l’armée)95. »
31Ungria rejoint la ville de Burgos, capitale du gouvernement nationaliste, courant mai 1937 et devient le chef du Servicio de información y policía militar (service de renseignements et police politique) de l’état-major de Franco.
32Après cette note du 13 avril 1937, le nom de José Ungria Jimenez n’est plus jamais mentionné dans les papiers de l’attaché militaire français. La probabilité pour qu’ils soient restés en contact paraît nulle. En mars 1939, après la victoire des « nationalistes » espagnols, l’EMA n’est en aucun cas favorable à une accréditation de Morel auprès du gouvernement de Franco, en dépit de la caution qu’aurait éventuellement pu lui apporter Ungria, même si la question de l’attitude de ce dernier reste en suspens. Morel a donc commis deux erreurs d’appréciation : la première est relative à la perception de ses rapports par le haut commandement français et la seconde, à l’importance qu’il a donnée à la « dette de sang » qu’étaient susceptibles de lui devoir les « Espagnols de droite » après la victoire de Franco.
33À la fin décembre 1936 dans une lettre manuscrite adressée au lieutenant-colonel Gauché, Morel avoue poursuivre ses activités sans inquiétude pour l’avenir : « Je ne suis responsable ni des gens à qui j’ai déplu, ni des gens à qui j’ai plu. Mais assez sur cette affaire. J’ai écrit tout ce que j’avais à dire. J’attends sans crainte une réponse. Elle sera ce qu’elle sera96. » S’attendait-il à être rappelé ? Probablement, mais par orgueil il n’en souffle mot. Quoi qu’il en soit, cette affaire en reste officiellement là. Le scandale de l’affaire Gérodias a vraisemblablement amené le haut commandement à préférer le statu quo. De son côté, l’attaché militaire ne modifie en rien le ton de ses rapports ; même si cette mise en cause l’a profondément affectée. Il s’en ouvre d’ailleurs à de Lattre au début 1937 :
« Je suis resté pendant plus de deux mois seul de l’ambassade en Espagne, chargé des responsabilités qui n’étaient pas les miennes. J’ai été accueilli à Paris de façons diverses. Il ne pouvait pas en être autrement, les affaires d’Espagne, au lieu d’être considérées comme telles, ayant crée une espèce d’affaire Dreyfus. Moi qui me suis borné à un rôle d’observateur impartial et d’entomologiste sensible, j’ai été bien près de faire l’unanimité contre moi. C’est à toutes les périodes de lutte le destin de ceux que leur tolérance empêche de se ranger dans un parti. […] Le mois de novembre à Madrid a dépassé mes plus mauvais souvenirs de guerre. […] Écrivez-moi un mot. Vous me ferez plaisir97. »
34De Lattre est a priori resté silencieux à cette demande.
L’éventualité d’une paix de compromis (décembre 1936-avril 1937)
« Faiblesse manœuvrière » et « brutalité obtuse98 » : l’échec des « rebelles » à Madrid
35C’est donc de Valence qu’Henri Morel suit la fin du siège de Madrid, même s’il demande au 2e bureau l’autorisation de rejoindre la capitale espagnole à plusieurs reprises afin de recueillir quelques renseignements par lui-même99. Il lui est en effet difficile d’obtenir des informations précises quant à l’organisation militaire et les objectifs visés par les franquistes ou encore sur le matériel de guerre étranger, l’état-major républicain restant souvent silencieux à ses demandes de renseignements. Au début décembre 1936, il devient cependant évident que « l’offensive de grand style attendue des rebelles » sur Madrid n’aura pas lieu ; même si Morel estime « qu’en employant à fond tous leurs moyens, les rebelles pourraient encore emporter Madrid de vive force ; mais s’ils se dépensent en des poussées frontales successives et discontinues, comme ils semblent le faire, la résistance de Madrid, alimentée grâce aux routes, laissées libres par une extraordinaire aberration, peut durer longtemps100 ». Et l’attaché militaire d’insister sur « l’incapacité manœuvrière » de l’état-major franquiste et sur l’inutilité des bombardements aériens si ceux-ci ne sont pas suivis d’une « action terrestre101 ».
36Il est cependant intéressant de remarquer qu’à aucun moment Morel n’envisage que cette « incapacité manœuvrière » aurait pu être le fruit de la volonté de Franco, lequel n’avait peut-être aucun intérêt à éliminer une partie de la population madrilène par la famine ou par des bombardements. Cette analyse apparaît, en revanche, dans la correspondance du capitaine Guy de Colbert Turgis, nouvel attaché militaire à Lisbonne102, dès sa prise de fonction en octobre103 puis à nouveau à la fin novembre 1936 : « Le général Franco […] serait très ennuyé de son arrêt devant Madrid où il perd beaucoup de monde. Son état-major composé en majeure partie d’étrangers (surtout d’Allemands) avait envisagé de l’empêcher d’attaquer Madrid voulant masquer cette ville et marcher rapidement sur la Catalogne. Aujourd’hui il voudrait que Franco fasse bombarder à bloc mais là encore le sentiment espagnol de Franco prédomine et il ne veut pas que son nom soit entaché par la destruction de Madrid104. » Morel, de son côté, ne fait montre d’aucune espèce d’indulgence à l’égard des « rebelles » dont il critique systématiquement les conceptions stratégiques. Doit-on y voir une forme – consciente ou inconsciente – de parti pris ?
37Dans les jours qui suivent l’envoi de son rapport de situation du 4 décembre, le lieutenant-colonel Morel revient sur l’échec « moral » des nationalistes, qui même s’ils parviennent à prendre Madrid, ne provoqueront pas l’effondrement du gouvernement républicain comme cela aurait été le cas au début de l’automne105. Cette analyse met une nouvelle fois en exergue les efforts du gouvernement Largo Caballero dont il n’hésite pas à saluer « l’énergie politique106 ». En outre, il rappelle que l’objet de son travail consiste bien à « déterminer la nature et la valeur de l’effort d’organisation de l’armée républicaine, c’est-à-dire l’avenir107 ». Ce rapport, daté du 7 décembre 1936, laisse indéniablement transparaître une approche favorable au gouvernement républicain qui, de fait, va l’amener à reconsidérer l’issue du conflit.
38Au cours de l’hiver 1937, l’état-major franquiste décide de tenter l’encerclement total de la capitale et monte une offensive de taille en direction de la ville de Guadalajara, située à 50 km au nord-est de Madrid. Si cet épisode est connu pour la déroute des unités blindées italiennes enlisées dans une terre argileuse devenue boue suite à des chutes de neige et à des pluies torrentielles, qui avaient aussi rendu impraticables les aérodromes utilisés par leur aviation108, l’attaché militaire voit dans ce nouveau sursaut républicain « les mérites personnels du général Miaja » : « élément essentiel de la défense de Madrid109 ». Si bien que, quelques semaines plus tard, dans son rapport intitulé « Conséquences politiques des récents succès militaires des Gouvernementaux », il parvient à la conclusion suivante :
« Il n’en reste pas moins que le jour où les deux partis seront convaincus de l’inutilité de la lutte, peut-être après s’être offert mutuellement la vie, rechercheront-ils les bases, encore impensables, d’un compromis. […] Si l’intelligence réaliste reprend ses droits, si l’on se met à parler économie et économie d’après guerre, peut-être est-il possible d’espérer la fin des piétinements sanglants en quoi se résolvent les opérations. Même Bilbao et Madrid prises péniblement, la solution purement militaire du conflit apparaît comme de moins en moins possible. Il faudra alors plus ou moins composer. Il ne faudrait sans doute pas pousser beaucoup M. Prieto pour lui faire dire que Madrid menacé “vaut bien une messe”. De l’autre côté, il faudrait aussi que les politiques l’emportent sur les croisés. Restera dans les deux camps à se défaire des frénétiques et surtout des créanciers110. »
39Au-delà de la dureté du ton, le scepticisme des premières semaines et l’évidence de la défaite républicaine ont donc cédé la place à l’éventualité d’une paix de compromis. Sa perception de la guerre d’Espagne a donc nettement évolué. Schématiquement, la faiblesse des conceptions tactiques de l’état-major nationaliste et des conceptions politiques de Franco, et parallèlement les efforts d’organisation du gouvernement Largo Caballero l’ont amené à envisager la possibilité d’un compromis. Un point de vue qui s’éloigne de la plupart des renseignements recueillis par le 2e bureau, pronostiquant une chute rapide du gouvernement républicain ainsi que des analyses réalisées par la SAE indiquant la nécessité d’établir des relations officieuses avec l’état-major franquiste à l’instar des Britanniques111.
Qualité du haut commandement républicain
40Dès son arrivée à Valence et comme en font foi un télégramme daté du 5 décembre et un rapport daté du 7 décembre 1936, l’attaché militaire français est reçu par le sous-secrétaire d’État à la guerre du gouvernement républicain, le général José Asencio et par son adjoint le lieutenant-colonel José Céron « ancien élève de notre École de guerre112 ». L’entretien, cordial, l’amène à « insister sur l’attention sympathique avec laquelle l’Armée Française en tant qu’armée démocratique et latine suivait les efforts de réorganisation de l’Armée républicaine113 ». On se souvient que Morel avait déjà noué d’excellents contacts avec la junte de défense de Madrid et avec son chef, le général José Miaja. En mars 1937, alors qu’il lui attribue le succès de la défense de la capitale, il décide de lui consacrer une partie de son rapport :
« C’est un gros homme, calme et malin qui ne perd pas la tête. Les circonstances l’ont amené à défendre Madrid : il a pesé avec flegme et les difficultés de la tâche et les risques plus grands pour lui qu’il avait à ne pas la remplir. Peut-être n’a-t-il jamais espéré : mais il n’a jamais désespéré. Il connaît ses camarades d’en face : il spécule sur leur manque d’imagination, sur l’incapacité espagnole à achever quelque chose. […] Il est politiquement adroit : son physique le recommande à ceux qui n’aiment pas les militaires. Il a fini par user les chefs étrangers, réduire au minimum le contrôle étranger ; il vient de subordonner à lui sans qu’on lui dise l’état-major de Valence. […] Tel qu’il est, sans envergure ni intellectuelle ni morale, il est l’élément essentiel de la défense de Madrid. Aussi est-il juste de s’étendre un peu sur sa personnalité114. »
41Cette description reflète tout l’intérêt que Morel porte – et va porter de manière récurrente – à certains membres du haut commandant républicain quitte à en surestimer quelques-uns (comme le général Miaja, par exemple, pendant un temps). On se souvient du goût qu’il affichait pour « la remise en question des principes communément admis » dans son article « Eloge du dogmatisme militaire » paru douze ans auparavant dans la Revue militaire française. En fait, il semblerait qu’Henri Morel ait apprécié l’attitude paradoxale de certains de ces hommes, qui, sans affinité aucune pour la République, se sont battus pour elle par pure fidélité à un engagement légaliste et ce même si les membres du gouvernement républicain se sont constamment méfiés d’eux115. Si Miaja compte parmi ceux-ci, il convient aussi de citer le général Asencio (conseiller militaire préféré du président du Conseil, Largo Caballero116) ainsi que les colonels Casado et Rojo. Le portrait qu’il dresse du général Asencio, à son retour de disgrâce (suite à la chute de Malaga) à l’été 1938, est très révélateur : « Quant au général Asencio, c’est sans doute, avec le colonel Casado la personnalité la plus forte de ce côté-ci. Avant la guerre civile, il était de loin le plus jeune colonel de l’armée. Très fin, très souple, remarquablement intelligent, très ambitieux, sachant travailler et sachant s’entourer, il a toujours fait un peu peur. […] Son ambition, son adresse le font paraître peu sûr. Les extrémistes lui reprochent des manières un peu hautaines, une élégance d’aristocrate, les exécutions de fuyards d’octobre 1936117. » Dans son ouvrage La guerre d’Espagne et ses lendemains, Bartolomé Bennassar estime, pour sa part, que le cas du colonel puis général Vincente Rojo Lluch compte parmi les plus atypiques118. Conservateur, bourgeois, catholique pratiquant et ami de Franco, Rojo avait toutes les raisons d’épouser la cause de ce dernier… Dans les rapports de Morel, Rojo s’impose rapidement comme étant l’élément essentiel de l’état-major républicain119. Au reste, il ne tarira jamais d’éloge à son sujet. Intellectuel énigmatique, est-ce trop s’avancer que d’écrire qu’il est le type même de personnage que Morel apprécie ?
L’affaire des mortiers Brandt et l’ingérence étrangère
42Les problématiques liées à la présence de matériel de guerre étranger du côté « nationaliste » focalisent particulièrement l’attention de l’attaché militaire français. Ses papiers prouvent, du reste, qu’il n’hésite pas à saisir toutes les opportunités pour obtenir de la part de l’état-major républicain des photographies ou encore des échantillons de matériel allemand ou italien capturé120. Cependant, le 14 décembre 1936, grâce au témoignage d’un « gradé » français des Brigades internationales, il découvre que les troupes nationalistes disposent d’obusiers français de la marque Brandt. Sans négliger l’éventualité d’une imitation d’origine allemande, Morel comprend vite qu’il s’agit bel et bien de matériel Brandt « fourni par le Portugal ou par toute autre voie ». Lui qui n’a jamais mentionné les livraisons d’armes organisées officieusement par le gouvernement français au profit des républicains espagnols semble ne pas oser formuler d’hypothèses sur la provenance de ce matériel. « J’ai l’honneur de vous signaler le fait à toutes fins utiles sans prendre parti dans une question dans laquelle les preuves matérielles me manquent121 », se borne-t-il à conclure ; or tous les éléments de réponse concernant l’origine de ces livraisons se trouvent dans la correspondance que le capitaine de Colbert, attaché militaire près la légation de France à Lisbonne, a échangé avec certains membres de l’EMA. Prouvant ainsi que les deux officiers ne communiquent pas directement entre eux et que l’EMA, au courant de toute l’affaire, s’est bien gardé d’informer son attaché militaire accrédité auprès du gouvernement républicain espagnol.
43Dans une lettre datée du 13 novembre 1936 adressée au général Colson, de Colbert se plaint la lenteur de la réponse du ministère des Affaires étrangères autorisant l’exportation du matériel Brandt au Portugal, estimant que cette situation défavorise la France face aux récentes conquêtes commerciales de l’Allemagne. Il précise, en outre, dans cette même lettre, avoir transmis « aux autorités de l’aviation portugaise une invitation de P. Cot à venir voir des prototypes [d’avions] le 23 novembre » et n’avoir rencontré « qu’une politesse froide et aucune acceptation122 ». Quelques jours plus tard, de Colbert renseigne le général Colson sur la quantité de mortiers effectivement commandée par l’armée portugaise : « Brandt vient d’avoir la commande de 240 mortiers123. » Cet achat de mortiers semble avoir été compris dans une commande plus importante comprenant d’autres matériels de la firme Brandt puisque de Colbert estime qu’elle représente « au moins 25 % de l’exportation française annuelle au Portugal124 ». Bien que la livraison de ce matériel ait officiellement embarrassé le gouvernement de Léon Blum, le témoignage du brigadiste français recueilli par Morel tend à prouver que les mortiers commandés ont bien été livrés au Portugal, plaque tournante de la revente d’armes aux « nationalistes » espagnols.
44D’une manière plus générale et au-delà des ventes de matériel, Morel juge durement les implications étrangères quelles qu’elles soient. Pourrait-il en être autrement pour un homme si fortement imprégné de nationalisme ? Dans un rapport du 12 décembre 1936, il ne cache pas son mépris pour ces ingérences, communiste ou fasciste, indécentes et brutales, dont il prévoit à terme l’échec en employant un vocabulaire qui ne va pas sans rappeler le lecteur de L’Action française : « Deux groupes de théoriciens cherchent à acclimater en Espagne le fascisme à l’italienne, le communisme à la russe. Je ne crois pas qu’ils aient l’avenir pour eux. Ceux qui à la longue l’emporteront, ce sont ceux qui représenteront un élément purement espagnol au-delà des discordes passagères. […] le parti communiste dont le Gouvernement est prisonnier a imposé de façon brutale ses volontés. […] Dans l’autre camp […] on ne doit pas attendre plus de tact d’Allemands imbus de leur grandeur et d’Italiens connus par leur jactance. Quand les Espagnols seront las de nourrir une guerre qui ne profite qu’aux étrangers, on peut prévoir qu’ils essayeront de s’unir contre ces parasites sans distinction d’idéologie125. »
45Il ressort de l’étude des documents produits par Henri Morel au cours de ces dix premiers mois passés en Espagne une réelle cohérence. Son approche de la guerre civile, bien qu’évoluant – à l’instar de la plupart des observateurs, il estime tout d’abord que la défaite de la République est imminente avant d’entrevoir la possibilité d’une paix de compromis – reste profondément fidèle aux conceptions qu’il avait préalablement développées sur la situation politique de l’Espagne la plus favorable à la France. Souvenons-nous du rapport qu’il avait adressé au début juin 1936 à la direction du 2e bureau :
« L’état de l’Espagne qui nous est le plus favorable est donc celui d’une force moyenne, qui la préserve des influences étrangères et la maintienne vraiment neutre. L’Espagne de Primo de Rivera, s’était orientée nettement vers un rapprochement italien qui eut étranglé nos communications. Nous avons intérêt à ce qu’aucun pouvoir fort ne s’installe en Espagne. […] les tendances politiques de gauche sont un antidote utile à des influences soit italiennes, soit allemandes considérées sous l’angle doctrinaire de l’hitlérisme et du fascisme. L’intérêt français peut donc momentanément tirer avantage de ses aversions et en profiter. Il y a des chances très grandes pour qu’un gouvernement de droite favorise dans l’armée les tendances germanophiles et italophiles. Sans voir dans l’attitude de la gauche une assurance durable et sincère, d’amitié, c’est déjà quelque chose que soient annulées au moins provisoirement des possibilités dangereuses126. »
Notes de bas de page
1 Fonds privé Morel, correspondance active, extrait du brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias.
2 SHD/DAT, 13 Yd 602, dossier du général de brigade Louis Henri Morel. Notation extraite du relevé de note destiné à l’avancement signée par le général Maurice Gamelin, chef d’état-major général et vice-président du CSG, le 9 novembre 1936.
3 Éric Vial, « Louis Henri Morel, attaché militaire français dans la guerre d’Espagne », La pierre et l’écrit, collection Patrimoine de l’Isère, Presses universitaires de Grenoble, no 12, 2001, p. 295.
4 CADN, ambassade de France en Espagne, C 15, le ministère des Affaires étrangères, direction des affaires politiques et commerciales, Europe, à monsieur Jean Herbette, ambassadeur de la République française à Madrid, Paris le 6 juillet 1936. « A/S du commandant Morel, nouvel attaché militaire à Madrid. » signé : Coulondre.
5 Du fait du peu d’intérêt géopolitique de la péninsule Ibérique, il n’existe pas de poste d’attaché militaire à Lisbonne au cours de l’entre-deux-guerres. Le déclenchement de la guerre d’Espagne va cependant contraindre les ministères de la Défense nationale et de la Guerre et des Affaires étrangères à ouvrir un poste à Lisbonne avant la fin de l’année 1936.
6 Guy Hermet, La guerre d’Espagne, Paris, Seuil « Points histoire », 1996, p. 96.
7 Voir Claude Bowers, Ma mission en Espagne (1933-1939), Paris, Flammarion, 1956, p. 229 et 231.
8 CADN, ambassade de France en Espagne, C 15, télégramme de l’ambassadeur Jean Herbette, par téléphone, à « Diplomatie Paris », Saint-Sébastien, le 21 juillet 1936.
9 Fonctions qu’il occupe depuis octobre 1933 et qu’il occupera jusqu’en septembre 1939. Il est, à ce titre, le principal interlocuteur des attachés militaires français en poste à l’étranger pour les problèmes d’ordre administratif.
10 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au commandant Jean Armengaud datée a priori du 29 juillet 1936.
11 SHD/DAT, ibid., lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au commandant Jean Armengaud datée a priori du 31 juillet 1936.
12 SHD/DAT, idem.
13 SHD/DAT, idem.
14 « Le lieutenant-colonel Morel, attaché militaire près l’ambassade de France en Espagne à monsieur le ministre de la Défense et de la Guerre ».
15 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire en Espagne », Saint-Sébastien, le 31 juillet 1936.
16 Cette annotation est signée par le général Victor Bourret, alors chef du cabinet militaire d’Édouard Daladier.
17 Concernant les modalités de transmission et de conservation des rapports d’attachés militaires pour la période de l’entre-deux-guerres se reporter à Anne-Aurore Inquimbert, « Considérations sur les attachés militaires… », p. 161 et suivantes.
18 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au commandant Jean Armengaud datée a priori du 31 juillet 1936.
19 SHD/DAT, ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Compte rendu de mission (au ministère de la Guerre espagnol) », Madrid, le 27 août 1936.
20 SHD/DAT, idem.
21 Fonds privé Morel, correspondance active Morel/de Lattre, lettre du 17 septembre 1936, ambassade de France à Madrid.
22 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Madrid, le 18 septembre 1936.
23 Anne-Aurore Inquimbert, « Considérations sur les attachés militaires… », p. 159 et suivantes.
24 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Conséquences possibles d’une victoire des rebelles », Madrid, le 26 septembre 1936, p. 1.
25 SHD/DAT, ibid., p. 2.
26 SHD/DAT, ibid., p. 9.
27 SHD/DAT, ibid., p. 6.
28 « En résumé : il faut s’attendre à ce qu’une victoire des généraux rebelles et des partis de droite crée au point de vue militaire une situation grave pour l’intérêt de la France, en annulant des amitiés françaises certaines dans les gouvernements au pouvoir depuis les dernières élections. » SHD/DAT, ibid., p. 8.
29 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Madrid, le 5 octobre 1936.
30 SHD/DAT, ibid., lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au général Colson, Madrid, le 24 août 1936.
31 Guy Hermet, La guerre d’Espagne…, p. 98.
32 Ibid., p. 139.
33 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire à la mi-octobre ». Madrid, le 14 octobre 1936, p. 1 et 2.
34 SHD/DAT, ibid., p. 3.
35 SHD/DAT, idem.
36 SHD/DAT, ibid., p. 5.
37 SHD/DAT, ibid., lettre manuscrite d’Henri Morel adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Madrid, le 5 octobre 1936.
38 SHD/DAT, idem.
39 « Il y aura un bilan à dresser de cet effort populaire qui, s’il avorte, n’en aura pas moins eu des côtés dignes d’admiration. Des héroïsmes ont été gaspillés, des bonnes volontés lassées. Peut-être le peuple espagnol n’était-il pas prêt encore à remplir le rôle qui lui était imposé. » Ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire à la mi-octobre ». Madrid, le 14 octobre 1936, p. 7.
40 Jean-François Berdah, La démocratie assassinée : la République espagnole et les grandes puissances, Paris, Berg international, 2000, p. 274. Voir aussi Julián Zugazagoitia, Guerra y vicisitudes de los españoles, Barcelone, 1977, p. 152.
41 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, télégramme du chargé d’affaires R. Bonjean, copie datée du 23 octobre 1936. Cet entretien a eu lieu le 21 octobre 1936 dans les bureaux du ministère de la Guerre de la République espagnole à Madrid.
42 SHD/DAT, fonds Moscou, 2e versement, lettre manuscrite du lieutenant-colonel Henri Morel adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Madrid, le 23 octobre 1936.
43 SHD/DAT, idem. Demande à laquelle Gauché ne répondra pas directement puisqu’il ne mentionne aucune directive dans sa courte lettre du 27 octobre 1936 et se borne à lui indiquer qu’il doit « rester dans une neutralité prudente ». Fonds privé Morel, correspondance passive, lettre du lieutenant-colonel Maurice Gauché, Paris, le 28 octobre 1936.
44 Fonds privé Morel, ibid., lettre du général Paul Gérodias, Paris, le 28 octobre 1936.
45 Fonds privé Morel, idem.
46 Fonds privé Morel, ibid., lettre d’E. L., datée du 29-VIII-1936 (ce qui paraît étonnant puisqu’elle contient une allusion à la ville de Valence que Morel ne rejoint qu’en décembre 1936).
47 Fonds privé Morel, ibid., correspondance active, extrait du brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias.
48 Jouart avait, par ailleurs, rédigé un long rapport à l’attention dans lequel il livrait, entre autres, ses analyses sur la finalité de la rébellion militaire. SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, « Rapport sur les événements d’Espagne (juillet-août 1936) et leur répercussion sur le passage des consignes du poste d’attaché militaire à Madrid » par le colonel Jouart, Ségovie, 25 août 1936, 32 pages.
49 SHD/DAT, fonds Moscou, 2e versement, EMA/2, « Compte rendu du chef d’escadron de Mierry au lt-colonel, chef du 2e bureau », Paris, le 31 octobre 1936.
50 SHD/DAT, 13 Yd 602, dossier du général de brigade Louis Henri Morel. Appréciation extraite du relevé de note destiné à l’avancement signée par le général Maurice Gamelin, chef d’état-major général et vice-président du CSG, le 9 novembre 1936. Pour sa promotion au grade de lieutenant-colonel à titre définitif, Morel va bénéficier de l’appui du cabinet du ministre.
51 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. Madrid, le 4 novembre 1936.
52 Annuaire diplomatique et consulaire de la République française pour 1937, Paris, Imprimerie nationale, 1937, p. 54 et 55.
53 Sabine Jansen, Pierre Cot, un antifasciste radical, Paris, Fayard, 2002, p. 280-281. Parlant couramment cinq langues, Pierre Cahuzac est un officier pour le moins étonnant. Né en 1886, il intègre Saint-Cyr en 1908. Tout d’abord cavalier, il passe dans l’aviation pour y devenir pilote en 1913. Il débute la guerre comme observateur dans l’armée d’Orient avant de rejoindre la France et l’infanterie. En 1917, il est réintégré dans l’aviation et prend le commandement d’une escadre de bombardement. Après la guerre, il se spécialise dans le matériel aéronautique et sert plusieurs années au service des fabrications. En 1923, il prend part à la mission militaire française au Brésil commandée, entre autre, par le général Gamelin. Après avoir contribué à la création de l’armée de l’air brésilienne, il quitte temporairement l’armée d’active pour devenir importateur des automobiles Citroën et des avions Breguet à Sao Paulo. Il regagne la France en 1929, réintègre l’armée de l’air et devient l’un des membres du bureau « renseignement » de l’état-major particulier de Pierre Cot. Colonel en 1939, il est affecté à la base aérienne 104. Mis en congé en 1940, il est victime de la répression antimaçonnique du gouvernement de Vichy et est exclu de l’armée en novembre 1941. Il gagne alors le réseau résistant « LEF ». Arrêté par la Gestapo en mai 1943, il est déporté au camp de Buchenwald. Il y décède le 29 juin 1944. SHD/Air, dossier du colonel Pierre, Gabriel, Cahuzac, 1 P 231 33.
54 Voir Jean-Paul Eyrard, « Attaché naval en Espagne pendant la guerre civile : l’itinéraire du lieutenant de vaisseau Raymond Moullec », Revue historique des armées, no 251, 2/2008, p. 104-111. Les prises de positions de Moullec en faveur de la République espagnole l’amènent à se rapprocher du Parti communiste français dès la fin de la guerre civile. Hélas, les sources manquent pour appréhender la nature des relations que Morel et Moullec ont pu entretenir. En juillet 1940, Raymond Moullec rejoint la France libre et devient le chef d’état-major du vice-amiral Émile Muselier, fondateur des Forces navales françaises libres.
55 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire au 1er novembre 1936 », Madrid, le 1er novembre 1936.
56 SHD/DAT, ibid., télégramme départ le 23 novembre 1936 par l’ambassade de la part de l’attaché militaire à ministre Guerre et M. Jean Herbette.
57 SHD/DAT, fonds Moscou, 2e versement, court billet manuscrit signé Paul Gérodias comportant, en outre, l’annotation « à rendre au lt-col Gauché » signé Gauché, (s.d.).
58 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Compte rendu de mission ». Madrid, le 26 novembre 1936.
59 SHD/DAT, idem.
60 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire au 1er novembre 1936 », Madrid, le 1er novembre 1936.
61 SHD/DAT, ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Éléments étrangers dans la défense de Madrid », Madrid, le 26 novembre 1936.
62 SHD/DAT, ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Compte rendu de mission ». Madrid, le 26 novembre 1936.
63 CADN, ambassade de France en Espagne, B 570, télégramme de Jean Herbette à « Diplomatie-Paris », le 27 novembre 1936.
64 Yves Denéchère, Jean Herbette (1878-1960), journaliste et ambassadeur, Bruxelles, Peter Lang, 2003, p. 270.
65 Idem.
66 « Dans ces conditions, veuillez faire savoir au colonel Morel que M. le Ministre de la Guerre est d’accord avec moi pour qu’il se rende dès maintenant à Valence pour y continuer ses fonctions. » SHD/DAT, 7 N 2766, EMA/2, correspondance générale, télégramme de « Diplomatie-Paris » à Madrid, le 28 novembre 1936.
67 Guy Hermet, La guerre d’Espagne…, p. 229.
68 Voir Rémi Skoutelsky, L’espoir guidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades internationales (1936-1939), Paris, Grasset, 1998, 410 pages.
69 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Au sujet des miliciens français en Espagne », Valence, le 13 décembre 1936, p. 2.
70 SHD/DAT, idem.
71 Il s’agit, en fait, du conseiller d’ambassade Jean-Baptiste Barbier élevé au rang de chargé d’affaires. Voir Jean-Baptiste Barbier, Un frac de Nessus, hommes politiques et diplomates au décapage, La librairie française, Rome, 1951, p. 661-662.
72 Documents diplomatiques français (1936-1939), tome IV, 20 novembre 1936-19 février 1937, Paris, Imprimerie nationale, 1967, dépêche de M. Jean Herbette, ambassadeur, à M. Delbos, ministre, Ciboure le 26 janvier 1937, p. 615-617.
73 Fonds privé Morel, correspondance active, extrait du brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias.
74 L’historien canadien Peter Jackson écrit à ce sujet : « Une conscience aiguë de la situation militaire vulnérable de la France s’est combinée avec la sympathie pour les rebelles nationalistes et la crainte d’une révolution, pour modeler la vision des militaires sur la politique à l’égard de l’Espagne. Le commandement militaire a perçu le début de la guerre civile comme un désastre sans équivoque et s’est opposé à quelque intervention que ce soit aux côtés de la République. » Peter Jackson, « Stratégie et idéologie : le haut commandement français et la guerre civile espagnole », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 199, 2001, p. 111-133 (p. 119) ; voir aussi l’ouvrage de l’historien espagnol Jaime Martinez Parrilla, Las fuerzas armadas francesas ante la guerra civil española (1936-1939), Madrid, Ediciones Ejercito, 1987, 399 pages.
75 Outre Victor Bourret, citons : le lieutenant-colonel puis colonel Charles Stehlé qui est membre du cabinet de 1932 à 1934, puis à nouveau de juin à novembre 1936 comme adjoint de Bourret. Général, il est depuis le 1er décembre 1936 directeur de l’infanterie. (SHD/DAT, 13 Yd 1420, dossier du général de division Charles Stehlé). Le général Jean Ménard qui a en été le chef de mai 1935 à juin 1936 (SHD/DAT, 13 Yd 1232, dossier du général de division Jean Ménard) et le général Jules Decamp qui a été nommé chef adjoint du cabinet le 4 janvier 1937 et qui en sera le chef de juillet 1937 à juillet 1940 (SHD/DAT, 14 Yd 135, dossier du général de corps d’armée Jules Decamp).
76 Le général Schweisguth rapporte qu’au début 1937 (suite à l’affaire Gérodias), le général Bourret était prêt à « étrangler » tout l’EMA. AN, fonds Henri Victor Schweisguth, 351 AP 3, mémento daté du 18 janvier 1937.
77 Maurice Gamelin, Servir, tome 2, Le prologue du drame (1930-août 1939), Paris, Plon, 1946, p. 89 et Victor Bourret, La tragédie de l’armée française, Paris, La Table ronde, 1947, p. 127-131.
78 AN, fonds Henri Victor Schweisguth, 351 AP 3. Il s’agit d’une éphéméride.
79 Fonds privé Morel, correspondance active, brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias. Corsini est le secrétaire de Morel à l’ambassade, se reporter au chapitre 7.
80 Saint-cyrien passé dans l’aviation et homme de gauche déterminé, selon Sabine Jansen, Pierre Cot…, p. 150-151 et 166-167.
81 Fonds privé Morel, correspondance active, brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias. Voir aussi SHD/DAT, fonds Moscou, 2e versement, lettre manuscrite du lieutenant-colonel Henri Morel adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Valence, le 26 décembre 1936.
82 Fonds privé Morel, correspondance active, brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias.
83 Fonds privé Morel, ibid., brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Henri Schweisguth.
84 Fonds privé Morel, ibid., second brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias, intitulé « A/S des miliciens internationaux ».
85 Fonds privé Morel, ibid., lettre du lieutenant-colonel Maurice Gauché, Paris le 31 décembre 1936.
86 Maurice Gamelin, Servir, tome 2…, p. 259.
87 Attachés au réseau d’extrême droite « Corvignolles ». Se reporter à l’ouvrage de Georges Loustanau-Lacau, Mémoires d’un Français rebelle 1914-1948, Paris, Laffont, 1948, 368 pages. Loustanau-Lacau, organisateur du réseau, était le chef de l’état-major de Pétain au CSG. L’historien Georges Vidal a consacré un chapitre de son ouvrage (tiré de sa thèse) à la psychose du complot communiste développée par les militaires à cette époque. Georges Vidal, La Grande Illusion ? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l’époque du Front populaire, Lyon, Presses universitaires de Lyon, p. 315-350. Sur « l’affaire Gérodias », p. 318-319.
88 Voir notamment Peter Jackson, « Stratégie et idéologie… », p. 118.
89 Fonds privé Morel, correspondance active Morel/de Lattre, lettre du 30 janvier 1934.
90 Fonds privé Morel, ibid., brouillon d’une lettre envoyée à l’ambassadeur Jean Herbette, Valence, le 31 décembre 1936.
91 Fonds privé Morel, ibid., brouillon non daté (probablement rédigé dans la dernière quinzaine de décembre 1936) d’une lettre envoyée au général Paul Gérodias.
92 44e promotion de l’ESG (1922-1924) à laquelle appartenait, entre autres, parmi les plus célèbres : de Gaulle, Bridoux, Carrias, Conquet et Loustanau-Lacau.
93 Archivo general militar de Segovia, seccion 1°, legajo 4 199, état des services du général José Ungria Jimenez.
94 Élections qui ont porté le Front populaire au pouvoir.
95 SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, « Note au sujet d’un officier espagnol », porte la mention manuscrite suivante : « Gal Schweisguth pour son information personnelle », le 13 avril 1937.
96 SHD/DAT, fonds Moscou, 2e versement, EMA/2, lettre manuscrite adressée au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Valence, le 30 décembre 1936.
97 Fonds privé Morel, correspondance active Morel/de Lattre, lettre du 14 février 1937, Grand Hôtel, Banyuls-sur-Mer.
98 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Organisation de l’armée républicaine », Valence, le 7 décembre 1936, p. 2.
99 Début mars 1937, il signale même avoir fait l’objet d’une surveillance policière lors de l’un de ses voyages à Madrid. SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Compte rendu d’un voyage à Madrid ». Valence, le 14 mars 1937.
100 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Situation militaire le 4 décembre », Valence, le 4 décembre 1936, p. 1.
101 SHD/DAT, ibid., p. 2 et 3.
102 Rappelons qu’avant que la guerre civile éclate en Espagne, l’attaché militaire accrédité auprès du gouvernement espagnol l’était aussi auprès du gouvernement portugais. Les événements ont contraint l’EMA à demander l’ouverture d’un nouveau poste près la légation de France à Lisbonne.
103 SHD/DAT, 7 N 3040, EMA/2 Portugal, légation de France au Portugal, lettre manuscrite du capitaine Guy de Colbert au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Lisbonne, le 8 octobre 1936.
104 SHD/DAT, ibid., EMA/2 Portugal, légation de France au Portugal, lettre manuscrite du capitaine Guy de Colbert au général Louis Colson, Lisbonne, le 30 novembre 1936.
105 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Organisation de l’armée républicaine », Valence, le 7 décembre 1936, p. 2. Il est à noter qu’il substitue ici pour la première fois le terme « nationalistes » au terme « rebelles ».
106 SHD/DAT, ibid., conclusion, p. 3.
107 SHD/DAT, ibid., p. 1.
108 Se reporter à Bartolomé Bennassar, La guerre d’Espagne et ses lendemains, Paris, Perrin (Tempus), 2006, p. 161-164.
109 SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Envoi d’une note sur la bataille pour Guadalajara », Valence, le 22 mars 1937. Voir infra.
110 SHD/DAT, ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Conséquences politiques des récents succès militaire des Gouvernementaux », Valence, le 12 avril 1937.
111 SHD/DAT, 7 N 2758, EMA/2 SAE, « Note concernant l’évolution de la politique des Nationalistes espagnols à l’égard de la France et de l’Allemagne », (s.d. mais certainement printemps 1937), extrait de la conclusion.
112 54e promotion (1932-1934). SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Organisation de l’armée républicaine », Valence, le 7 décembre 1936, p. 1.
113 SHD/DAT, ibid., attaché militaire à ministère Guerre et monsieur Jean Herbette, télégramme départ le 5 décembre 1936.
114 SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Envoi d’une note sur la bataille pour Guadalajara », Valence, le 22 mars 1937.
115 SHD/DAT, ibid., EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Haut commandement », Valence, le 15 mars 1937.
116 Selon Pierre Vilar, La guerre d’Espagne, Paris, PUF, 2004, p. 73.
117 SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Haut commandement républicain ». Barcelone, le 2 juin 1938.
118 Bartholomé Bennassar, La guerre d’Espagne…, p. 199.
119 Analyse corroborée par l’historien espagnol Ricardo Miralles dans son ouvrage, Juan Negrin. La Republica en guerra (Madrid, Ediciones Temas de Hoy, 2003).
120 SHD/DAT, 7 N 2755, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Compte rendu d’un voyage à Madrid », Valence, le 15 mars 1937 et ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Au sujet du matériel étranger en Espagne », Valence, le 22 mai 1937.
121 SHD/DAT, ibid., ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « Obusier d’infanterie », Valence, le 14 décembre 1936.
122 SHD/DAT, 7 N 3040, EMA/2 Portugal, légation de France au Portugal, extrait dactylographié d’une lettre du capitaine Guy de Colbert au lieutenant-colonel Maurice Gauché, Lisbonne, le 13 novembre 1936.
123 SHD/DAT, ibid., légation de France au Portugal, lettre manuscrite du capitaine Guy de Colbert au général Louis Colson, Lisbonne, le 30 novembre 1936.
124 SHD/DAT, ibid., légation de France au Portugal, extrait dactylographié d’une lettre du capitaine Guy de Colbert au lieutenant-colonel Joseph de Mierry, Lisbonne, le 3 décembre 1936.
125 SHD/DAT, 7 N 2754, EMA/2 Espagne, ambassade de France en Espagne, le lieutenant-colonel Henri Morel, attaché militaire, au ministre de la Défense nationale et de la Guerre. « À propos des troupes étrangères d’Espagne », Valence, le 12 décembre 1936.
126 Fonds privé Morel, EMA/2e bureau, « Rapport du chef de bataillon Morel, désigné comme attaché militaire à Madrid, au sujet de la mission de l’attaché militaire en Espagne », 6 juin 1936, p. 9-10.
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