Annexes. Notices biographiques
p. 317-321
Texte intégral
1Davis Eugene (1857-1897) : journaliste et écrivain, né dans le comté de Cork au sein d’une famille catholique aisée. Il étudie entre 1878 et 1880 aux collèges irlandais de Louvain et de Paris, où il s’installe finalement pour s’engager dans une carrière de journaliste indépendant. Il rencontre au début des années 1880 les frères Casey, avec lesquels il se retrouve impliqué dans une affaire de fausses conspirations fenian à Paris, trompé à cette occasion par l’« agent provocateur » Caroll Tevis. C’est à la suite de cette affaire et après que la police a reconnue Patrick Casey et Davis dans une manifestation anarchiste, que ce dernier est expulsé de France en compagnie de James Stephens. Il revient à Paris dès 1887, et participe pour un temps à la Nouvelle Revue de Juliette Adam, mais repart bientôt pour l’Irlande où il reçoit un poste au Nation. À l’été 1890, Davis est renvoyé du journal et part s’installer à New York, d’où il continue à écrire pour différents journaux jusqu’à sa mort brutale en 1897.
2Davitt Michael (1846-1905) : responsable nationaliste, il rejoint le mouvement fenian en 1865, et est condamné à quinze années de prison pour trafic d’armes en 1870. Davitt est l’un des fondateurs de la « Land League » et l’un des activistes les plus connus au cours de la première phase de la « Land War ». Après son deuxième séjour en prison pour ses activités politiques, il reste un électron libre au sein de l’univers nationaliste irlandais, alors dominé par Parnell avec lequel il n’entretient pas toujours de bonnes relations. Après la scission du parti parlementaire en 1890, il se range dans le camp des anti-parnelliens, puis participe à la fondation de la « United Irish League » en 1898. Au cours des années 1890 et jusqu’aux dernières années de sa vie, il internationalise son discours, se préoccupant de plus en plus des questions d’Empire, et développant des liens privilégiés avec la Russie.
3Devoy John (1842-1928) : Républicain irlandais, il rejoint les fenians en 1861 et s’engage au sein de la légion étrangère. Il prend part à la conspiration pour la tentative de rébellion de 1867 et, après sa sortie de prison en 1871, s’exile aux États-Unis où il devient l’un des principaux activistes et responsables nationalistes et républicains. Il joue un rôle essentiel dans la définition de la politique du « nouveau départ », et dans les activités de la « Land League ». Au début des années 1880, c’est aussi le rédacteur en chef du journal républicain Irish Nation. Sa dimension internationale semble l’avoir conduit à considérer l’alliance avec une puissance étrangère comme un enjeu important des politiques républicaines irlandaises.
4Griffith Arthur (1871-1922) : journaliste et responsable nationaliste, fondateur du Sinn Féin en 1905. Il sera actif au sein de la « Gaelic League » et de l’IRB, une organisation qu’il quittera en 1910. Séparatiste, il ne promeut pas au début de sa carrière la fondation d’une république irlandaise, mais plutôt celle d’une double monarchie sur le modèle hongrois. En 1899, il fonde le United Irishman, journal qui a une grande influence sur le développement intellectuel de nombreux jeunes séparatistes. Il tente d’y élaborer un pont entre les traditions républicaines et constitutionnalistes, qu’il essaiera de matérialiser par la fondation du Sinn Féin. Après la victoire électorale du Sinn Féin en 1918, il devient le président actif du Dáil lorsque de Valera part aux États-Unis en juin 1919. Il négocie le traité anglo-irlandais de 1921, et est élu président du Dáil le 10 janvier 1922.
5Healy Timothy Michael (1855-1931) : parlementaire irlandais, avocat et journaliste, Healy commence sa carrière au parlement dans les années 1880. Lors de l’affaire du divorce, il attaque très violemment Parnell dans son National Press, utilisant une rhétorique cléricale, moralisatrice, chauvine et francophobe. Il restera toute sa carrière un politicien imprévisible, qui déteste la hiérarchie autoritaire du parti parlementaire, et souhaite réimposer le pouvoir des circonscriptions locales au cœur de la vie politique irlandaise. Il se trouve isolé après la réunification du parti parlementaire en 1900, et se lie avec William O’Brien et sa « All-for-Ireland-League ». Il se rapproche du Sinn Féin après 1916 et devient le premier gouverneur général de l’Etat Libre d’Irlande de 1922 à 1928.
6Murphy William Martin (1844-1919) : homme d’affaire et politicien, Murphy acquiert sa fortune par des contrats dans les chemins de fer et des investissements en Grande-Bretagne, en Amérique du Sud et en Irlande. Il fonde la compagnie unifiée des tramways de Dublin, avant d’acquérir l’Irish Catholic and Nation, puis l’Irish Independent en 1900. Murphy en fait un journal de faits divers, et permet à l’Independent de surpasser rapidement les ventes du Freeman’s Journal, s’attaquant du même coup au parti parlementaire. Conservateur catholique, il est l’un des plus fidèles alliés de Healy au cours des années 1890.
7O’Brien William (1852-1928) : éduqué dans l’un des Queen’s College, il devient l’un des plus proches collaborateurs de Parnell et obtient le poste de rédacteur en chef du United Ireland. L’une de ses contributions les plus importantes à la vie politique irlandaise est la création de la « United Irish League ». Menant une politique de conciliation avec les unionistes, il entre dans une période de conflit avec Redmond et Dillon jusqu’à la rupture de 1903. O’Brien épouse dans les années 1890 une riche héritière française d’origine russe. Née juive, Sophie Raffalovich O’Brien se convertit au catholicisme pour épouser O’Brien, qu’elle a rencontré dans la seconde moitié des années 1880. Sa richesse a permis à celui-ci de fonder plusieurs journaux, et d’établir la « United Irish League » et la « All-for-Ireland League ». Les coûts de fonctionnement occasionnés par cette dernière dévastent les finances de Sophie O’Brien. Elle revient en France dans les années 1930, échappant de justesse aux rafles et aux dénonciations de juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Elle vit ses dernières années dans la pauvreté.
8O’Donnell Frank Hugh (1846-1916) : journaliste et activiste nationaliste, éduqué au Queen’s College de Galway. Personnage très controversé, il se fait une petite réputation de journaliste et de propagandiste dans les années 1880. Après la mort de Parnell, il devient un anti-parnellien agressif, à la rhétorique impérialiste, xénophobe et antisémite. C’est là la seule véritable constante idéologique de O’Donnell. Dans la seconde moitié des années 1890, il rejoint l’organisation séparatiste de l’INA. Il y rencontre Maud Gonne et prend contact avec les autorités françaises et autrichiennes contre les intérêts britanniques. Il termine sa carrière au United Irishman.
9O’Kelly James Joseph (1845-1916) : il rejoint l’IRB dès 1861, dont il devient l’un des représentants à Londres. Il s’engage dans la légion étrangère en 1864. Il quitte l’armée en 1866, mais rejoint la France au cours de la guerre franco-prussienne. Il vit de nombreux mois à Paris au cours des années 1870 où il travaille comme journaliste. Il devient un parnellien convaincu au début des années 1880, et travaille à la politique du « nouveau départ ». Gardant des affinités républicaines sincères, il travaille au cours des années 1890 avec l’Irish Independent où il traite de nombreux sujets internationaux, dont ceux relatifs aux politiques coloniales françaises et anglaises. C’est à cette période qu’il rencontre Maud Gonne et participe à L’Irlande Libre, avant de perdre peu à peu de son influence.
10Redmond John (1856-1918) : responsable nationaliste, il naît dans une famille catholique aisée. Il est éduqué par les jésuites, puis à Trinity College. À la mort de Parnell, il devient le chef de fil du camp parnellien, échappant ainsi aux querelles intestines des années 1890, et continuant à travailler avec des fenians et des séparatistes comme Parnell avait tenté de le faire juste avant sa mort. Redmond devient le chef du parti parlementaire unifié à partir de 1900, travaillant main dans la main avec Dillon jusqu’au début de la guerre. Il soutient l’effort des alliés pendant la Première guerre mondiale, considérant que le sacrifice des Irlandais de toutes religions et tendances politiques au sein des mêmes tranchées établirait les fondations pour une Irlande unie. L’insurrection de 1916 et l’évolution des opinions nationalistes dans le pays le discréditent à l’égard de ses contemporains et de l’histoire, qui s’est montrée sans pitié envers un homme qui n’en méritait pas tant.
11Stephens James (1824-1901) : responsable républicain, né dans la région de Kilkenny, il s’engage dans la tentative de rébellion de 1848. Il réussit à s’exiler à Paris, où il fait une partie de son apprentissage politique. Il établit à Dublin, en mars 1858, l’organisation de l’IRB, qui se développe rapidement dans les années 1860 en Irlande, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il créé l’Irish People à la même époque, mais son ascension connaît un brusque coup d’arrêt lorsqu’il abandonne en décembre 1866 la révolte qu’il avait promis pour la fin de l’année. Il reste en exil jusqu’à ce qu’il soit autorisé à rentrer en Irlande en 1891. Passant de nombreuses années à Paris au cours des années 1870 et 1880, il vit dans une grande pauvreté, échouant à retrouver un rôle d’importance au sein de la vie politique nationaliste irlandaise. Son nom sera même utilisé à ses dépens par Eugene Davis et ses compères les frères Casey, au cours d’une fausse campagne d’activités fenians dans la capitale française. Ces fréquentations provoqueront son expulsion du sol français pour quelques mois en mars 1885.
Notices historiques de quelques journaux
12Cork Examiner : publié pour la première fois en 1841, toujours diffusé aujourd’hui sous le nom d’Irish Examiner. Journal qui développe dès ses origines un regard nationaliste et catholique sur la vie politique irlandaise, et qui ne se départira jamais d’une certaine modération. Au début des années 1890, l’Examiner devient anti-parnellien, avant de soutenir Redmond à la suite de la réunification du parti. Il se montre tout à fait partisan de la politique de Redmond pendant la Première guerre mondiale et soutient le traité anglo-irlandais.
13Freeman’s Journal : publié pour la première fois en 1763. Il se montre très favorable au gouvernement britannique dans les premières années de sa publication et développe un ton plutôt anti-catholique. Cependant, à partir du début du XIXe siècle, il se range complètement en faveur de la cause irlandaise, soutenant les politiques de O’Connell et de Parnell. Journal s’adressant aux clercs et à la classe moyenne et aisée irlandaise, il développe une rhétorique modérée tout au long de son existence. À la mort de Parnell, il rejoint le camp de John Dillon, avant de devenir l’un des organes du parti réunifié à partir de 1900, et de soutenir avec beaucoup de ferveur la politique pro-alliés de Redmond au cours de la Première guerre mondiale. Il soutient l’accord anglo-irlandais, décision qui provoque la destruction de ses presses par l’IRA. Il se joint à l’Irish Independent en 1924.
14Irish Independent : publié pour la première fois pendant l’hiver 1891 en grande partie en raison de la défection du Freeman’s Journal, le journal devient le porte-parole de Redmond et de sa politique au cours des années 1890. Participant à la politique de rapprochement des partisans de Redmond avec les fenians, le journal devient un centre d’activité de l’IRB et compte de nombreux membres de l’organisation parmi ses employés. Il développe une rhétorique distinctivement séparatiste, notamment lors de tensions coloniales impliquant la France et l’Angleterre. Faisant face à des difficultés financières croissantes, l’Irish Independent est racheté par William Martin Murphy en 1900, qui en fait un journal aux vues de plus en plus commerciales et au ton de plus en plus conservateur et moralisateur. L’Independent est toujours publié aujourd’hui.
15Irish Nation : publié pour la première fois en 1881 à New York, le journal aurait été créé pour pallier le rachat par Parnell de l’Irishman. Le poste de rédacteur en chef de l’Irish Nation est donné à John Devoy. Diffusé majoritairement aux États-Unis, il est aussi exporté en Irlande. Si le journal propose une propagande républicaine traditionnelle dans le genre de celle développée généralement par l’IRB, au fil des mois et sous l’impulsion de Devoy, le journal présente des articles de plus en plus clairement favorables à la politique menée par Parnell. L’Irish Nation fait faillite et cesse sa publication en avril 1885.
16Irishman : le journal est publié pour la première fois à Belfast en 1858, avant d’être relocalisé à Dublin en 1859. Il devient un organe fenian dans la seconde moitié des années 1860. Le journal reste jusqu’en 1885 un moyen d’expression pour de nombreux séparatistes irlandais, dont le ton général est républicain. Mais c’est aussi, au moins jusqu’en 1881, une entreprise commerciale, qui obéit à la nécessité du marché et aux demandes d’un lectorat que Pigott souhaite avoir le plus large possible. 1881 est l’année du rachat par Parnell du journal. Cela n’empêche pas ce dernier de perpétuer une rhétorique distinctement séparatiste, utilisant en particulier les politiques coloniales françaises comme un objet de propagande. Parnell décide finalement d’en arrêter la publication en 1885.
17Nation : publié pour la première fois en 1842, le journal devient l’organe du mouvement Jeune Irlande. Il est supprimé à la suite de la tentative de rébellion de William Smith O’Brien, mais refondé par Gavan Duffy en octobre 1849. Dans les années 1880, sous l’ère de Timothy Daniel Sullivan, le journal devient un fidèle soutien de Parnell, tout en développant un ton et une morale distinctivement catholique. Après la mort de Parnell, le journal devient agressivement anti-parnellien promouvant des thèmes proches de ceux de Timothy Healy. En difficulté financière, il fusionne en 1891 avec l’Irish Catholic. En 1897, le Nation est repris par William Martin Murphy, et devient ainsi le journal dublinois le plus proche de Healy, avant de fusionner une nouvelle fois avec l’Irish Independent, au tout début des années 1900.
18United Ireland : le journal est directement issu du Flag of Ireland, qui est publié pour la première fois en 1868 et développe une rhétorique clairement républicaine et francophile. Le United Ireland paraît pour la première fois en 1881, et se présente comme l’organe semi-officiel du parti parlementaire de Parnell. Son rédacteur en chef, William O’Brien, en fait un journal à la rhétorique agressive et populiste, dont il fait évoluer la ligne éditoriale au fil de l’évolution des politiques parnelliennes. La bonne santé financière et éditoriale du journal s’estompe avec la scission de 1890. Le journal choisit le camp de Redmond mais son propriétaire, Timothy Harrington, entretient des relations très tendues avec celui-ci. Dépassé par l’Irish Independent et perdant peu à peu de son influence, United Ireland survit bon an mal an jusqu’en 1898.
19United Irishman : publié pour la première fois en 1899 à la suite du Shan Van Vocht par Arthur Griffith, il reprend largement les mêmes thèmes, celui d’un séparatisme culturel perpétuant la rhétorique élaborée pendant les célébrations du centenaire en 1898. En fait, le journal est le meilleur représentant des nouvelles idées apparues au cours de la renaissance littéraire, des célébrations de 1898, puis de la guerre des Boers. Le journal survit grâce au soutien financier de Maud Gonne. L’IRB accueille avec satisfaction sa publication, et peut donc compter sur un lectorat de séparatistes plus ou moins radicaux et de nombreux membres de la « Gaelic League ». Jusqu’à la fin de la guerre des Boers, le journal propose une rhétorique très francophile influencée par Maud Gonne, mais aussi par un contexte de fortes tensions franco-britanniques. En avril 1906, le Sinn Féin remplace le United Irishman. Griffith veut faire du nouveau journal l’organe du mouvement du même nom, même s’il doit faire face à de nombreuses critiques venues de l’aile radicale. Celle-ci, sous l’impulsion de Bulmer Hobson notamment, fonde l’Irish Freedom, journal au républicanisme plus affirmé. Dans le Sinn Féin, Griffith continue à développer ses idées, en insistant entre autre sur la place que l’Irlande devrait avoir en Europe, celle d’une petite nation qui doit prendre modèle sur la Roumanie, la Serbie ou encore la Norvège. Griffith se droitise à la fin des années 1900 et démontre de nombreuses affinités avec les nationalistes conservateurs et catholiques français. À l’annonce de la guerre, le Sinn Féin, prenant position contre le recrutement d’Irlandais au sein des troupes britanniques, est encore édité quelques mois avant de cesser sa publication.
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