L’inspecteur d’Hémery organise ses fiches : les instruments de la police du livre à Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle
p. 75-87
Texte intégral
1Le journal de la librairie parisienne produit par l’inspecteur Joseph d’Hémery entre 1750 et 1769 a attiré depuis longtemps l’intérêt des historiens de la littérature et de la culture qui l’ont utilisé comme source documentaire pour cette période centrale de la production du livre philosophique et de l’encyclopédisme, puisqu’elle s’étend du début de la publication de l’Encyclopédie aux premiers ouvrages dans lesquels d’Holbach présenta son « système ». C’est ainsi que Franco Venturi y puisa des informations pour Jeunesse de Diderot publiée en 1939 et que, plus récemment, Robert Shackleton et Robert Darnton y trouvèrent des éléments de leurs analyses : le premier sur les relations entre d’Hémery et son supérieur jusqu’en 1757 (le lieutenant de police Nicolas René Berryer), et le second pour l’étude du fichier des auteurs constitué lui aussi par d’Hémery1.
2Pour ma part, l’intérêt que je porte au journal de d’Hémery s’inscrit plus nettement dans une perspective d’histoire de la production et du commerce du livre à Paris au XVIIIe siècle qui m’a conduit à mettre en œuvre la transcription et l’édition de ce document en collaboration avec Sabine Juratic (Directeur de recherche au CNRS)2. Cette transcription est maintenant presque achevée et il me semble possible de l’interroger comme témoignage de l’activité de Joseph d’Hémery en tant qu’inspecteur de la librairie parisienne. Ainsi, je m’attacherai à mettre en lumière ce que le journal de la librairie peut apporter à la connaissance de la librairie parisienne dans le troisième quart du XVIIIe siècle, et ce qu’il peut révéler des pratiques de la police de la librairie.
Les origines d’un instrument administratif
3En effet, Joseph d’Hémery (1722-1806) entra dans la police parisienne en 1741 dans la compagnie de robe-courte, et il fut en charge de la librairie de 1748 à 1773, grâce à la réunion successive de plusieurs fonctions qui lui permirent de couvrir ce domaine3. Ce furent entre autres, en 1748, la fonction d’inspecteur sur les ports qui l’autorisait à intervenir sur les lieux d’entrée d’éditions provinciales ou étrangères (spécialement celles venues de Rouen) ; la même année 1748, d’Hémery devint inspecteur de police ; en 1755, ce fut l’inspection du quartier Sainte-Avoye qui lui donnait un regard sur l’enclos privilégié du Temple ; en 1757, l’inspection de la Chambre syndicale lui permit de participer au contrôle de l’importation et du commerce des livres au sein même de l’instance corporative ; enfin, en 1758, l’inspection du quartier du Luxembourg compléta ses pouvoirs sur les quartiers des imprimeurs4.
4Dès les débuts de ses responsabilités sur la librairie parisienne d’Hémery se constitua une documentation concernant ce milieu. Ce fut d’abord un ensemble de dossiers composés de 1748 à 1753 qui forment un fichier alphabétique de 500 auteurs (l’Historique des auteurs conservé à la Bibliothèque nationale de France sous les cotes nouv. acq. fr. 10781-10783), puis de 1749 à 1752 il s’agit d’un Historique des libraires et imprimeurs (Bibliothèque nationale de France cotes ms. fr. 22106-22107). Ces deux instruments, qui lui fournirent une topographie de la librairie parisienne, sont construits sur la base de rubriques dans lesquelles d’Hémery versait les informations qu’il avait recueillies. Ainsi, les fiches de l’Historique des auteurs comprennent six subdivisions qui ont été imprimées sur les feuillets que l’inspecteur utilisait : le nom, l’âge, le pays, le signalement, la demeure et l’histoire de l’auteur. En 1750, cette utilisation de formulaires imprimés est déjà une pratique ancienne de l’administration monarchique, mais l’emploi reste chez d’Hémery dans le domaine de la description et l’information réunie dans ses fiches est encore assez peu codée5. Par exemple, le signalement du personnage contient des appréciations (Robert Darnton6 relève que Diderot a « la physionomie assez décente »), et il en est de même pour l’historique qui se compose d’ailleurs de plusieurs strates, fruit des enrichissements au fil des années. Ces enrichissements provenaient pour partie du journal de la librairie qui procéda de ce premier travail de mise en fiches, mais qui répondait à d’autres buts. Sa forme sur laquelle nous allons nous arrêter maintenant peut éclairer sur sa destination et ses usages.
5Conservé parmi les manuscrits de la Bibliothèque nationale de France sous les cotes manuscrits français 22 156-22 165, ainsi que 22 038, le Journal de la librairie se présente comme une collection de bilans, en général hebdomadaires, qui furent rédigés par Joseph d’Hémery de 1750 à 1769 dans le cadre de ses fonctions d’inspection de la Librairie. Ces bilans ont le plus fréquemment été rédigés sur une feuille pliée en deux pour former un cahier de quatre pages, mais quelquefois ils ne remplissent qu’une demi-feuille, soit deux pages. Aussi le volume de ce document varie-t-il fortement d’une année à l’autre : autour de 400 pages en 1752 et en 1753, environ 80 pages en 1754, en 1755, et en 1756. Toutefois, le plus souvent une année du journal couvre quelques 160 pages, et au total les vingt années qui le constituent représentent près de 3 200 pages7.
6Tel qu’il est conservé à la Bibliothèque nationale de France en onze volumes, ce document provient des archives réunies par Étienne-Alexandre-Jacques Anisson-Duperron, le dernier directeur de l’Imprimerie royale qui acquit en 1792 les archives de Joseph d’Hémery réunies en 78 portefeuilles8. Anisson-Duperron procéda très probablement à des reclassements de cette documentation, ce que suggère la séparation de certaines pièces qui devraient être réunies, l’interpolation d’autres documents parmi les rapports, et plus encore dans certains volumes du journal le déclassement des rapports hebdomadaires. Ces déclassements et ces interpolations imposent des précautions dans l’analyse et des confrontations avec les autres parties des archives de d’Hémery qui nous sont parvenues et qui constituaient pour l’inspecteur un ensemble d’instruments de travail organisés dès les débuts de ses fonctions de policier de la Librairie.
L’organisation des rapports de d’Hémery
7Les rapports qui constituent le Journal de la Librairie sont hebdomadaires, toujours datés d’un jeudi, jour de réunion de la police de la Librairie chez le lieutenant général de police et chez le directeur de la Librairie. Les ratures, les ajouts et diverses mentions montrent qu’il s’agit aussi d’un brouillon pour un rapport destiné « au magistrat » c’est-à-dire le supérieur de d’Hémery, le lieutenant de police (successivement Berryer, Bertin puis Sartine). On trouve ainsi dans le texte des indications destinées au secrétaire qui réalisait l’expédition qui témoignent d’un travail de vérification de certaines informations, par exemple dans le journal du 12 juin 1766 : « Je ne sais pas si cet article n’a pas déjà été inséré : si monsieur Vaillant le croit il ne faudra pas le mettre ». Ces ratures montrent que ces rapports sont une archive constituée dans l’instant et pour partie réservée à d’Hémery lui-même, et que l’information est destinée à divers usages : vérification de l’application d’une décision, ou même poursuites.
8Au cours des premières années, après le titre général de « Librairie » et l’indication de la date, ces rapports se divisent en trois rubriques intitulées « Livres nouveaux », « Nouvelles d’auteurs » et enfin « Nouvelles de libraires ». Même si la première de ces rubriques présente une organisation systématique de l’information, elle contient comme les deux autres des passages rédigés dans lesquels d’Hémery glisse des jugements et des appréciations, parfois d’un tour assez personnel. Il arrive aussi que le journal annonce des pièces annexes (« des vers qui ont paru au sujet de la reine et les voicy » mention du 29 avril 1751 parmi les « Nouvelles d’auteurs »), pièces qui ne figurent pas dans les recueils actuels, ce qui constitue probablement une preuve supplémentaire des remaniements opérés par Anisson-Duperron. Vers 1760, la quasi disparition des « Nouvelles d’auteurs » et des « Nouvelles de libraires » peut provenir d’une telle intervention, ou bien de l’évolution de la pratique de l’inspecteur.
9À la différence de la rubrique des « Livres nouveaux », celles des « Nouvelles d’auteurs » et des « Nouvelles de libraires » ne présentent pas d’encodage fixé, il s’agit de récits, et même à première vue d’anecdotes qui concernent divers acteurs du monde de la librairie. C’est aussi dans ces rubriques que d’Hémery introduit le plus de remarques dont certaines semblent répondre à un usage personnel.
10La rubrique « Livres nouveaux » contient des notices de ces publications sans qu’un ordre particulier apparaisse. Tout au plus trouve-t-on parfois une succession de plusieurs titres publiés par la même officine ce qui laisse supposer soit la présentation de cet ensemble par le libraire, soit une visite particulière. Ces notices commencent toujours par le titre de la publication, et des vérifications sur les catalogues actuels montrent que le plus souvent ce titre correspond à ce que les bibliothécaires professionnels ont relevé, ce qui suggère qu’à un moment ou un autre d’Hémery a travaillé sur les volumes eux-mêmes. L’inspecteur note d’ailleurs les citations latines placées en épigraphe ce qui pouvait servir à identifier l’ouvrage. La suite de ces notices des « Livres nouveaux » contient une indication du format de l’ouvrage, le nombre de pages, le nom du libraire éditeur, le statut de l’édition (privilège, permission, etc.), et l’auteur, tout ceci sans ordre strict et sans que tous ces éléments soient toujours fournis.
11Diverses remarques de d’Hémery témoignent que les libraires l’informent comme la réglementation les y oblige : par exemple le 24 décembre 1750, « Rasillon qui en a reçu cent exemplaires suivant l’avis qu’il m’en a donné » ; ou du 5 août 1751, « C’est une petite tricherie que le libraire Jorry m’a faite dans le temps pour me déguiser l’auteur qui ne voulait pas être connu de moi ». Par ces remarques l’inspecteur laisse entendre qu’il dispose d’informateurs pour tenter de percer de telles dissimulations ; d’ailleurs, d’autres documents de sa main dévoilent l’identité de certains informateurs (spécialement des colporteurs comme Bonin, ou Gauguery qu’il fera recevoir libraire en 1767) et dans le journal de 1753 on trouve des feuillets de nouvelles littéraires de la main même de Fréron dont la forme rédactionnelle et le contenu sont souvent identiques à celles de « nouvelles » d’auteur ou de libraire qu’enregistrait d’Hémery9. Enfin, l’inspecteur introduit dans ses notices des formules qui permettent d’évaluer l’information qu’il livre. Ainsi à propos des auteurs il distingue dans sa feuille datée du 4 avril 1754 ce qui est assuré « c’est l’abbé de Lattaignant qui en est l’auteur », de l’information (ou de la rumeur) à vérifier « on croit que c’est monsieur de Maupertuis qui en est l’auteur ».
12Les feuilles hebdomadaires du journal présentent donc une organisation générale qui distingue les produits de la librairie de ses acteurs. Pour les premiers, d’Hémery suit une forme inspirée des usages des libraires et aussi des journalistes : ainsi les catalogues, ou encore le Journal des savants, présentent toujours les livres par leurs titres, car le nom de l’auteur figurait encore le plus souvent dans le corps de la page de titre, ou même n’y était pas indiqué. Pour les seconds, l’inspecteur reproduit la présentation des nouvelles à la main, voire des gazettes.
L’administration de la Librairie parisienne
13Après avoir ainsi envisagé la forme de ces feuilles hebdomadaires, il est temps de considérer l’apport de ces documents à la connaissance de la librairie parisienne du point de vue de son administration, comme de celui de ses activités et de ses pratiques.
14Dans le corps des notices qui présentent les « livres nouveaux », d’Hémery se montre d’abord soucieux de bien établir le statut administratif de l’édition considérée, le journal est alors un instrument de vérification de l’exécution des décisions en matière de privilège. L’inspecteur de la Librairie fournit toujours une indication sur ce sujet qui pour lui est central comme en témoigne le cas exceptionnel d’une feuille consacrée à un mois entier, celui de juillet 1766. En effet, cette feuille regroupe les ouvrages parus au cours du mois selon le régime de leur édition, soit d’une part « ceux imprimés avec privilège ou permission » (c’est-à-dire permission simple), soit d’autre part « ceux imprimés avec permission tacite ou sans permission ».
15Cette distinction est fondamentale pour l’inspecteur comme le montrent des ratures et des corrections à ce propos, ainsi le 25 août 1769 une indication de « permission tacite » remplacée par l’indication « privilège ». Ceci laisse supposer que l’inspecteur, ou ses collaborateurs, réalisait des vérifications sur les ouvrages eux-mêmes qui doivent porter la nature de l’autorisation à publier, ou même sur les registres des privilèges. C’est d’ailleurs ce qu’indique le journal du 14 janvier 1751, « Cet ouvrage assez joli quoyque assez libre fut présenté au magistrat le 4 avril dernier ». D’Hémery fait aussi preuve de prudence et il lui arrive d’indiquer son ignorance à propos du statut d’une édition (« imprimées [...] sans doute avec permission tacite », 27 juin 1754), ou de marquer une situation ambiguë, ainsi celle de l’Histoire philosophique de l’homme10 mentionnée le 12 juin 1766 : « sur l’approbation d’un censeur et après l’examen qui en a été fait par le magistrat ». L’inspecteur note d’ailleurs fréquemment qu’il a conseillé à des libraires de présenter leurs projets d’édition à Malesherbes, ou que l’un d’entre eux a obtenu l’accord de celui-ci, mention qui est peut-être une façon de se couvrir, par exemple : « Il m’a assuré qu’il en avoit fait présenter un exemplaire à monsieur de Malesherbes », dans le journal du 29 avril 1751.
16Les indications du journal mettent donc en lumière les pratiques souples du directeur de la Librairie en matière d’édition. On notera d’abord des permissions tacites non pas à éditer mais à distribuer un ouvrage, lorsque celui-ci est imprimé à l’étranger ou en province. Par ailleurs, la mention assez fréquente « imprimé chez l’étranger » semble correspondre à deux situations différentes, soit l’autorisation de vendre à Paris un ouvrage importé, soit la pratique d’une adresse supposée. Enfin, les notices du journal montrent que Malesherbes avait introduit une catégorie hors règlement que d’Hémery désigne par la formule « une espèce de tolérance » ; la voici accordée le 16 janvier 1766 à une brochure janséniste intitulée Annales de la société des soi-disant jésuites11, et le 6 novembre de la même année à un poème d’Aimé Feutry, Les Ruines12 qui sont dites « imprimées et distribuées pour le compte de l’auteur qui les fait distribuer avec une espèce de tolérance ». Dans le premier cas, on peut envisager qu’il s’agit d’une application de la politique du moindre mal qui consiste à encadrer la polémique plutôt que de chercher à l’éteindre. En revanche, le deuxième cas semble de l’ordre de la faveur accordée à un auteur (au demeurant un versificateur plus qu’un poète) qui ne peut trouver un libraire, et pour lequel un privilège serait à la fois coûteux et inutile. Mais il peut parfois s’agir de laisser publier un conte poivré (à en juger par son titre) Le Pucelage, qui selon la feuille du 24 avril 1766 est produit par un libraire bien établi sur la place puisque « imprimé par Jorry avec une espèce de tolérance ».
17Comme pour les privilèges et les permissions, ce genre d’autorisation peut donner lieu à des négociations avec le magistrat : en témoigne la notice qui figure dans la feuille du 14 janvier 1751 pour Les Preuves de l’obéissance due aux lois et aux souverains13, œuvre qui au jugement de l’inspecteur est « peu intéressante », et pour laquelle il précise « quoyque le magistrat en avoit refusé la permission et ensuite permis a ses risques et périls et fortunes ». Soit une forme de permission orale accordée à un ouvrage dont la qualité apparaît insuffisante pour qu’il soit publié. Il y a là une manifestation du souci de la qualité des productions de la librairie parisienne, une censure de jugement dans un but mercantiliste dont on trouve de nombreux exemples sous la plume de d’Hémery avec des appréciations de la qualité typographique d’une édition, ou de l’intérêt d’un ouvrage.
18Les indications réunies dans ces feuilles informent aussi sur les activités de la Librairie parisienne, sur la place relative des divers statuts d’édition, sur la nature des ouvrages édités et sur les pratiques éditoriales des libraires.
19L’analyse des années 1757, 1758 et 1759 du Journal de la Librairie réalisée à l’occasion d’un mémoire entrepris sous ma direction a permis de compter plus de 1 100 publications au cours de ces trois années. On notera qu’elles se répartissent presque également entre trois statuts : les privilèges et permissions simples, 310 ; les permissions tacites qui sont les plus nombreuses, 395 ; enfin, les publications sans permission, 27214.
20Ces données confirment l’importance de la pratique des permissions tacites sous la direction de Malesherbes, et elles montrent aussi que pendant ces trois années près des deux tiers des ouvrages mis en vente à Paris dont d’Hémery eut connaissance ne relevaient pas des statuts classiques du privilège ou de la permission simple. S’agissait-il d’ouvrages qui ne pouvaient supporter les frais de telles autorisations ? Le classement de ces publications par genre semble infirmer cette idée puisque près de la moitié de celles publiées sans permission relèvent de l’histoire ecclésiastique, et plus précisément des polémiques religieuses, spécialement jansénistes. Par ailleurs, les permissions tacites concernent pour un bon tiers des périodiques (il s’agit spécialement des journaux littéraires dont la publication contrevenait aux droits des périodiques privilégiés, au premier chef le Journal des savants). Enfin, pour les privilèges et les permissions simples, aucun genre ne domine de façon aussi écrasante et les premiers rangs sont occupés par l’histoire profane, le théâtre et les périodiques, avec 40 à 50 titres chaque fois.
21Une étude plus fine tenant compte des thèmes des ouvrages accentue l’idée d’une utilisation politique des diverses formes d’autorisation que suggèrent ces données globales : à côté de ce qui ne peut passer l’étape de la censure, nombre de livres ou de brochures susceptibles de troubler l’ordre sont soumis à un statut qui laisse au magistrat la possibilité de poursuites, ou qui détourne ou retarde sa diffusion (ainsi un ouvrage peut-il être autorisé à la condition de cantonner sa distribution à la province). Ce point est aussi illustré par l’utilisation très fréquente d’adresses supposées pour les ouvrages dotés de permissions tacites ; ce que révèlent des comparaisons avec les indications des catalogues de bibliothèques. Dans ce domaine, l’édition du journal devrait mettre au jour toute une production qui affiche une adresse étrangère, alors que d’Hémery indique un libraire de Paris ou de la province15.
L’observation des gens du livre et des gens de lettres
22Le marché de la librairie parisienne que présentent les rapports de d’Hémery comporte aussi, à côté des boutiques établies des libraires, des voies de diffusion mobiles. D’abord celle des colporteurs qui sont aussi encadrés et qui doivent se présenter régulièrement à l’inspecteur, une fois par mois précise d’Hémery dans un rapport qu’il rédigea à sa sortie de fonction, en 1773, alors que les imprimeries elles-mêmes ne sont visitées que tous les trois mois. Le journal montre que certains auteurs confient leurs ouvrages à des colporteurs pour qu’ils les distribuent, par exemple, en 1769, Le Temple du goût16 qui est « imprimé pour le compte de l’auteur et distribué par les colporteurs avec permission tacite », ou encore en 1751 le cas d’un auteur qui « a dédié cet ouvrage à Mademoiselle Caroline colporteuse, assez jolie fille qui vend dans les cafés ce roman ». On trouve aussi dans ces feuilles l’indication d’impressions pour le compte de colporteurs, terme qui peut alors désigner des libraires dépourvus de statut officiel du fait du numerus clausus imposé à la profession. Ainsi, la comédie de Desfontaines, La Bergère des Alpes17, en 1766 (le 30 janvier) réalisée pour le colporteur Le Jay, lequel aurait fait imprimer cette même année un roman licencieux les Mémoires d’une religieuse écrits par elle-même18.
23D’Hémery note aussi d’autres formes de distribution qui tournent la surveillance de la chambre syndicale. C’est d’abord l’intervention de personnes étrangères à la Librairie, des prêtres pour les brochures jansénistes, Damilaville pour des œuvres de Voltaire. C’est aussi l’expédition par la poste qui concerne principalement des brochures de Voltaire de petit format et comprenant peu de pages (« imprimé à Genève dont il y a icy quelques exemplaires venus par la poste. C’est encore une nouvelle production de Monsieur de Voltaire » indique le journal du 25 août 1769 à propos de Tout en Dieu. Commentaire sur Malebranche19). Enfin, si la polémique parlementaire emprunte souvent cette voie de distribution, elle utilise parfois une forme plus spectaculaire : « on m’a assuré qu’on les jettoit dans les carrosses » indique l’inspecteur en 1751 à propos d’une des multiples brochures intitulées Remontrances20.
24Surgit alors des rapports de d’Hémery un paysage très animé avec l’offre ambulante dans les lieux publics, les propositions à domicile, et même des feuillets jetés au vent. On voit aussi apparaître un jeu complexe engageant les libraires et l’administration, cette dernière jouant de toute une gamme de possibilités pour exercer une forme de censure visant à modérer les disputes, ou à canaliser les polémiques. On peut selon moi reconnaître ici une pratique administrative née au XVIIe siècle qui visait à fixer les limites dans lesquelles un débat pouvait s’exercer : exclusion de certains thèmes (c’est le rôle des censeurs et de la lecture par le magistrat lui-même), définition d’un espace (géographique et social) dans lequel le débat est autorisé, ce que j’ai autrefois proposé de désigner comme une « opinion cantonnée21 ».
25Le Journal de la Librairie constitue aussi pour d’Hémery un instrument pour son observation des acteurs du monde de la Librairie, les remarques qu’il y enregistre relèvent de thèmes particuliers qui suggèrent plus la topographie d’un milieu que le fichage d’individus, puisque l’inspecteur cherche à repérer des positions dans le jeu social, qu’il se soucie de questions d’honneur, et prétend évaluer les personnes.
26Si l’inspecteur de la Librairie s’attache d’abord à dévoiler l’identité de l’auteur d’un ouvrage, qu’il est (comme nous l’avons vu) parfois trompé par un libraire et qu’il indique ici encore le degré de validité de ses informations (« On croit que l’auteur de cette pièce est le chevalier de Mouhy », du 20 juin 1754), il note aussi très régulièrement tout ce qui peut manifester la position que l’auteur occupe dans la société, qu’il s’agisse d’une dédicace, ou bien d’un patronage avéré, information que d’Hémery relève aussi le cas échéant pour les libraires.
27À côté de cet intérêt policier classique sur les réseaux sociaux du milieu observé, d’Hémery parsème aussi les notices consacrées aux nouveaux ouvrages de notations sur les auteurs ou la qualité de leurs productions. On retrouve dans les notations sur les auteurs des préoccupations présentes dans l’Historique des auteurs qui est ici clairement le modèle du journal. Toutefois, il ne s’agit pas de décrire physiquement le personnage, mais d’en dresser un portrait moral : l’auteur des Lettres intéressantes sur diverses matières22, Isaac Étienne d’Argent « mériteroit d’être aux petites maisons » (23 janvier 1766), et d’Hémery n’a « pas grande idée » du Triomphe d’Astrée23, « l’auteur étant un pauvre sujet ». De même que dans les fiches de l’Historique des auteurs d’Hémery a consigné dans le Journal de la Librairie une série d’appréciations qui concernent soit les capacités intellectuelles d’un auteur, soit sa vie ou sa moralité.
28Les appréciations portent aussi quelquefois sur les ouvrages eux-mêmes : d’Hémery donnant son impression personnelle (« ce mandement qui est très bien fait » le 18 avril 1754), ou rapportant les opinions favorables dont il a eu connaissance (« cet ouvrage dont on dit du bien », 21 août 1766), de même qu’il fait état des succès d’une pièce au théâtre comme gage d’un succès de librairie, ou qu’il juge parfois que l’ouvrage n’aura pas de succès. Le souci de connaître le milieu me semble se doubler ici d’un souci de sa régulation économique d’inspiration mercantiliste. Certaines appréciations critiques évoquent le même souci de la qualité des ouvrages : « cet ouvrage qui n’est qu’une mauvaise compilation » à propos d’un livre intitulé Image du clergé24 (le 16 décembre 1751). Mais à côté de faiblesses, l’inspecteur note aussi des aspects forts, c’est-à-dire scandaleux : « c’est une réponse fort vive » (11 avril 1754), « c’est une brochure très forte contre les parlements » (5 juin 1766). Il apparaît que bien souvent d’Hémery suggère un rapprochement entre la qualité des ouvrages et les qualités de l’auteur, une perspective constante dans son Histoire des auteurs, comme si la moralité des personnes gageait la qualité de leurs écrits.
29C’est que le policier raisonne en terme d’honneur des personnes : celui du roi, des grands, et, à l’occasion, des acteurs de la Librairie. Ainsi, au cours des premières années du Journal de la Librairie, les nouvelles d’auteurs et celles de libraires sont-elles émaillées de textes satiriques ou diffamatoires qui circulent dans la capitale, que ce soient des chansons, des poésies, ou de simples histoires piquantes. Le décès du maréchal de Saxe est salué par un flot de poèmes qui mettent en parallèle ses succès sur les champs de bataille et dans ceux de l’amour. Certains épisodes des conflits opposant le Parlement à l’archevêque de Paris sont l’occasion d’épigrammes. L’attitude du roi devant ses obligations religieuses donne lieu à des spéculations ironiques sur la possibilité que la différence du calendrier des fêtes du jubilé entre Paris et Sens lui offre de rester éloigné des autels, coup de griffe à la sacralité du souverain que d’Hémery note très soigneusement.
30Ce souci de l’honneur concerne aussi les familles, ainsi de cette notation du 18 mars 1751 : « Monsieur le duc de Valentinois est fort mal depuis quelque-temps. Il a fait pendant sa maladie les couplets que j’ai eu l’honneur d’envoyer au magistrat où il dit beaucoup de mal de sa femme défunte et de son fils aîné le Prince de Monaco ». Ici l’information doit servir à prévenir le scandale par une intervention appropriée, comme celle qu’entreprit Malesherbes lorsqu’un libraire lui communiqua, en juillet 1751, un manuscrit contenant « une satire affreuse contre monsieur de Voltaire et contre monsieur d’Argens ». Le magistrat transmit ce manuscrit à d’Argens qui en retour le supplia « d’empêcher qu’il parut ce que monsieur de Malesherbes lui a promis » (journal du 15 juillet 1751).
31Il me semble donc que l’action de police dont témoigne le Journal de la Librairie ne relève que partiellement de la perspective surveillance-répression. Il y est certes question d’interventions, visite d’un atelier, interdiction souhaitée, ou intervention de Malesherbes auprès des libraires Le Prieur et Prault pour qu’ils cessent de vendre une nouvelle édition de l’Histoire du concile de Trente25 qui fait « trop de bruit à la cour » (indication du 30 décembre 1751). Mais bon nombre des aspects de ce document se situent plutôt du côté d’une police d’observation qui servirait la gestion négociée des disputes, et des scandales politiques ou en matière de mœurs.
32Au total il me semble que l’étude de l’ensemble du Journal de la Librairie permettra en premier lieu d’apporter un nouvel éclairage sur les pratiques des libraires parisiens dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
33Comme je l’ai esquissé, l’analyse statistique des notices rédigées par d’Hémery donnera des précisions sur le statut et la nature des publications réalisées à Paris et de celles qui y furent mises officiellement en circulation. Ces comptages permettront de mieux évaluer l’importance des brochures qui alimentèrent les polémiques religieuses, ou celles du conflit entre les parlements et le souverain, et ils donneront aussi une vue sur les moments et les rythmes de leur mise en circulation. D’autre part, une telle analyse statistique offrira la possibilité de mieux établir l’importance des permissions simples comme celle des permissions tacites, et, surtout, la confrontation systématique du contenu des notices avec les catalogues des bibliothèques donnera un éclairage nouveau sur l’utilisation par la Librairie parisienne des adresses supposées comme couverture d’impressions produites en réalité dans le royaume.
34Au delà de ce qui constituera un complément ou des précisions sur la pratique du système des permissions, cette confrontation des notices avec les données des catalogues mettra en lumière l’existence de diverses adresses pour une même publication, témoignage d’une pratique du partage des éditions qu’il est fort difficile de saisir par les autres documentations, soit que les registres de privilèges n’en fassent pas mention, soit que la trace notariale soit inaccessible, si ce n’est inexistante26. Ce travail aboutira d’ailleurs à réviser un certain nombre d’affirmations en matière d’éditions originales, ainsi qu’à considérer l’intrication des intérêts qui liaient certains libraires parisiens à travers les éditions partagées, ou la vente d’éditions en cours à un confrère ; sans compter les relations des libraires de la capitale avec ceux des villes de province27.
35En deuxième lieu, l’étude du contenu du Journal de la Librairie, et sa confrontation avec les autres instruments et archives produits par Joseph d’Hémery dans l’exercice de ses charges, devrait permettre d’affiner notre réflexion sur les pratiques de la police du livre à Paris au milieu du XVIIIe siècle28. Le Journal témoigne d’actions de police qui sont postérieures à la censure exercée dans le cadre des privilèges, et il s’agit pour l’inspecteur d’enregistrer le statut administratif des éditions dont il a connaissance par les libraires eux-mêmes ou par ses propres enquêtes, ou encore grâce à ses informateurs. Ces vérifications pourront aussi débusquer des impressions qui ne sont pas entrées dans le cadre réglementaire, quelquefois avec l’aveu du magistrat, souvent sans son accord. La surveillance servait alors à la censure dans son sens actuel, celui de répression de l’expression des idées29.
36L’étude systématique du Journal selon cette perspective pourrait conduire à nuancer notre conception de la police du livre, d’abord en tenant compte des soucis mercantilistes qui peuvent inspirer ses agents. Témoignent d’un tel souci toutes les mentions de d’Hémery concernant la qualité matérielle des impressions dont il rend compte, ainsi que la plupart de ses jugements sur leur valeur intellectuelle. En témoignent aussi l’intérêt de cet inspecteur pour le succès des ouvrages, et les indications qu’en raison de ses particularités une nouvelle publication ne fera pas directement concurrence à une édition de la même œuvre déjà mise sur le marché. Une telle préoccupation mercantiliste suppose une observation attentive du terrain de la Librairie (ses activités et son milieu) pour disposer des éléments qui permettront d’intervenir par la gestion des autorisations d’imprimer et par des sollicitations auprès des libraires, selon les procédés classiques de la négociation propres à la monarchie administrative30.
37Enfin, le jeu de l’administration sur les garanties attachées aux autorisations, sur les lieux d’édition fictifs, sur le détour des publications par la province, ou sur l’entrée d’une quantité limitée de certaines impressions étrangères nous semblent aussi illustrer en plein milieu du XVIIIe siècle la volonté de maintenir une opinion cantonnée, soit une pratique de la monarchie que nous avons cru discerner au XVIIe siècle. Toutefois, les observations réunies dans le Journal suggèrent que les règles tacites imposées par l’administration commencent à être largement contournées par des acteurs de la Librairie qui échappent aux prises qu’offrent les libraires établis31. C’est le cas des réseaux jansénistes, d’une partie des polémiques parlementaires, d’impressions réalisées à l’initiative d’acteurs extérieurs à la profession (par exemple des auteurs), ou encore de certains colporteurs. Devant ce développement d’un débridement de l’opinion qui révèle un affaiblissement des règles tacites, la police de la Librairie aurait développé l’observation pour permettre des interventions qui, me semble-t-il, ne visaient plus tant à cantonner l’opinion qu’à la contenir32.
Notes de bas de page
1 Franco Venturi, Jeunesse de Diderot, Paris, A. Skira, 1939 ; Robert Shackleton, « Deux policiers du XVIIIe siècle : Berryer et d’Hémery », dans Thèmes et figures du siècle des Lumières. Mélanges offert à Roland Mortier, éd. par Raymond Trousson, Genève, Droz, 1980, p. 251-258 ; Robert Darnton, « La République des Lettres : les intellectuels dans les dossiers de la police », dans Le grand massacre des chats, Paris, R. Laffont, 1985, p. 167-217, « Les encyclopédistes et la police », Recherches sur Diderot, 1986, I, p. 94-109 et « Policing Writers in Paris circa 1750 », Representations 5, Spring, 1984, p. 1-31. On notera aussi la thèse d’A. Rogers, References to Voltaire and Rousseau in the Journals of Joseph d’Hémery (1750-1769), State University of New York at Albany, 1969.
2 Sabine Juratic et Jean-Pierre Vittu, « Surveiller et connaître, le Journal de la librairie de Joseph d’Hémery, instrument de la police du livre à Paris au XVIIIe siècle », « Censure et statut du livre imprimé au siècle des Lumières en Russie et en France », dans Jean-Dominique Mellot et Sergueï Kapp (dir.), Vek Prosvechtchenia II, Moscou, 2008, p. 90-107. Notons que les années 1750 et 1751 du journal ont fait l’objet d’une thèse : M. R. Bruno, The journal d’Hémery, 1750-1751 : an edition, Ph. D., Vanderbilt University, 1977.
3 Ernest Coyecque, « Introduction » à l’Inventaire de la collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et la librairie principalement à Paris, Paris, E. Leroux, 1900, t. I, p. I-CVI. ; Jean-Dominique Mellot, notice « Hémery », dans Pascal Fouché, Daniel Péchoin, Philippe Schuwer (dir.), Dictionnaire encyclopédique du livre, t. II, Paris, éd du Cercle de la Librairie, 2005 ; Sabine Juratic et Jean-Pierre Vittu, op. cit.
4 Catherine Denys, « Logiques territoriales. La territorialisation policière dans les villes du XVIIIe siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2003/1 (no 50-1), p. 13-26.
5 Vincent Denis et Vincent Milliot, « Police et identification dans la France des Lumières », Genèses. Sciences sociales et histoire, 5, 2004, p. 4-27 ; Vincent Denis, « Comment le savoir vient aux policiers : l’exemple des techniques d’identification en France, des Lumières à la Restauration », Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 2008/2 (no 19), p. 91-105.
6 Robert Darnton, op. cit.
7 La répartition des années du Journal de la Librairie est la suivante : Ms. fr. 22156 : 1750 et 1751 ; Ms. fr. 22157 : 1752 ; Ms. fr. 22158 : 1753 ; Ms. fr. 22159 : 1754 rt 1755 ; Ms. fr. 22160 : 1756,1757 et 1758 ; Ms. fr. 22161 : 1759 et 1760 ; Ms. fr. 22162 : 1761 ; Ms. fr. 22038 : 1762 ; Ms. fr. 22163 : 1763, 1764 et 1765 ; Ms. fr. 22164 : 1766 et 1767 ; Ms. fr. 22165 : 1768 et 1769.
8 Ernest Coyecque, op. cit.
9 Jean Balcou, Le Dossier Fréron : correspondances et documents, Genève, Droz, 1975 ; M. R. Bruno, « Fréron, police spy », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, cxlviii, 1976, p. 177-199 ; François Moureau, Répertoire des nouvelles à la main. Dictionnaire de la presse clandestine, XVIe-XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire foundation, 1999, p. 249-250.
10 Claude-François-Xavier Millot, Histoire philosophique de l’homme, Londres, Nourse, 1766. D’après Bibliothèque nationale de France, cote R 12204.
11 Annales de la Société des soi-disans jésuites, ou Recueil historico-chronologique de tous les actes... [par l’abbé J.-A. Gazaignes, dit Emmanuel-Robert Philibert], Paris, 1764-1771, 5 vol. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote 4-LD 39-506.
12 Aimé-Ambroise-Joseph Feutry, Les Ruines, poème, Londres, E. Kermarneck, 1767. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote P 92/1621.
13 Bibliothèque nationale de France, cote 8-LD 4-2355.
14 Franck Ferric, La Police du livre à Paris au milieu du XVIIIe siècle, d’après les années 1757, 1758 et 1759 du Journal de la librairie de l’inspecteur Joseph d’Hémery, mémoire de Maîtrise d’Histoire moderne, Université d’Orléans, Faculté des Lettres, Langues et Sciences humaines, juin 2003.
15 Voir supra l’Histoire philosophique de l’homme qui porte comme adresse : « Londres, Nourse ». Sur les « adresses supposées » cf. Emil Ottokar Weller, Die Falschen und fingirten Druckorte. Repertorium der seit Erfindung der Buchdruckerkunst unter falscher Firma erschienenen deutschen, lateinischen und französischen Schriften, 2e éd., Leipzig, 1864.
16 Il s’agit de l’œuvre de Voltaire.
17 François-Georges Desfontaines, La Bergère des Alpes, comédie en un acte et en vers libres, Paris, L’Esclapant le Jeune, 1766. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote 8-YTH-1952.
18 [Pierre Charpentier de Longchamps], Mémoires d’une religieuse écrits par elle-même, Amsterdam et Paris, L’Esclapant le Jeune, Veuve Duchesne, 1766. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote RES-Y2-1789-1790.
19 Tout en Dieu, commentaire sur Mallebranche [signé par l’abbé de Tilladet] [Genève], [Cramer], 1769. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote Z-Bengesco-334.
20 Sabine Juratic, Le Monde du livre à Paris entre Absolutisme et Lumières : recherches sur l’économie de l’imprimé et sur ses acteurs, thèse de doctorat sous la direction de Frédéric Barbier, EPHE, 4e section (Paris), 2003.
21 Jean-Pierre Vittu, « Instruments of political information in France », dans Brendan Dooley et Sabrina Baron (éd.), The Politics of Information in Early Modern Europe, London: New York, Routledge, 2001, p. 160-178.
22 Lettres intéressantes sur différentes matières écrites de Paris à un magistrat de Province par M. Isaac-Étienne d’Argent, Londres, chez Chrysilogue ; Paris, Vallat La Chapelle, 1765. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote Z 15663.
23 Le Triomphe d’Astrée, idylle et ballet héroïque en un acte composé par M. Degardein de Ville Maire [Paris], impr. de Montalant, 1754. D’après l’Arsenal, cote GD-48637.
24 Images du clergé pendant tous les siècles de l’Église, S.l.n.d., in 12. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote 8-LD 4-2344.
25 Paolo Sarpi, Histoire du Concile de Trente... et traduite de nouveau en françois... par Pierre-François Le Courayer, Amsterdam, J. Wetstein et G. Smith, 1751, 3 vol. D’après la Bibliothèque nationale de France, cote FB-27272.
26 Raymond Birn, « Malesherbes and the call for a free press », dans Robert Darnton et Daniel Roche (éd.), Revolution in Print. The Press in France 1775-1800, Berkeley: Los Angeles, University of California Press, 1989, p. 50-66.
27 Jean-Paul Belin, Le Commerce des livres prohibés à Paris de 1750 à 1789, Paris, Belin, 1913 ; Jean-Dominique Mellot, « Pour une “cote” des fausses adresses au XVIIIe siècle : le témoignage des éditions sous permission tacite en France », Revue française d’histoire du livre, nos 100-101, 3e et 4e trimestre 1998, p. 323-348 ; François Moureau, « Le libraire imaginaire ou les fausses adresses », Corps écrit, no 33, 1991, p. 45-56.
28 Jean-Dominique Mellot, « “Police moderne” et police du livre, du “siècle de Louis XIV” au siècle des Lumières : points de départ et évolution, principalement à Paris », « Censure et statut du livre imprimé au siècle des Lumières en Russie et en France », op. cit., p. 54-89.
29 Nicole Herrmann-mascard, La Censure des livres à Paris à la fin de l’Ancien Régime, 1750-1789, Paris, Presses universitaires de France, 1968 ; Raymond Birn, La Censure royale des livres dans la France des Lumières, Paris, O. Jacob, 2007.
30 Pierre Grosclaude, Malesherbes, témoin et interprète de son temps, Paris, Fischbacher, 1961 ; Roger Chartier, « Présentation », Malesherbes, Mémoires sur la librairie. Mémoire sur la liberté de la presse, Paris, Imprimerie nationale, 1994, p. 7-41.
31 Vincent Milliot, « L’œil et la mémoire : réflexions sur les compétences et les savoirs policiers à la fin du XVIIIe siècle, d’après les « papiers » du lieutenant général Lenoir », Revue d’Histoire des Sciences Humaines 2008/2 (no 19), p. 51-73.
32 Nous avons présenté une première version de ce texte au colloque international L’Usage de la censure de l’Age classique aux Lumières – The Use of Censorship from the Age of Reason to the Enlightenment, organisé par Mogens Lærke, Københavns Universitets, 12-13 mai 2006.
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