Notes sur l’honneur, la dignité et la mort à propos d’un cours de Lucien Febvre
p. 175-186
Texte intégral
1En 1947, Lucien Febvre regrettait qu’on n’eût pas encore entrepris l’histoire du pain et de l’honneur : le Pain, l’Honneur, deux éléments vitaux1. « Quelle force en l’honneur, affirmait Bossuet, pour donner à la vie une satisfaction raisonnable […] et la privation de ce bien peut nous ôter tellement toute la douceur de vivre que la perte de la vie nous semble moins dure que celle de notre honneur2. » Burton disait de même : « Puisque la vie et l’honneur vont la main dans la main, […] un homme modeste préférerait perdre la vie plutôt que de savoir son honneur le moins du monde flétri3. » Et cela était vrai alors pour le tout venant comme pour les gens de Cour, nous pourrons le constater. Mais le sujet du livre qui nous occupe est plus complexe.
2Les rapports, les conflits de l’Honneur et de la Patrie, au moment où Ruth Benedict les découvre dans le domaine japonais, Lucien Febvre les prend comme sujet de son cours au Collège de France, de 1945 à 1947, vivement touché qu’il était par des cas de conscience survenus en 1942 dans son entourage. Ce sont ses notes de conférences, exhumées par François Furet, éditées sur ses directives en 1996, qui fournissent la matière de cet ouvrage peu connu : « Honneur et Patrie4. »
3Il ne serait pas juste de rendre compte de travaux d’un autre âge sans leur assurer tout leur dû ; commençons par le plus évident : Lucien Febvre fut le seul, après le philosophe Eugène Terraillon, en 1912, à saisir le sujet dans la longue durée5. Encore faut-il évaluer la pertinence de sa tentative, et mettre en lumière précisément ce que son livre offrait, et peut offrir encore aujourd’hui, d’original et de toujours neuf. Cela ne peut se faire que par la mise en lumière des apports et des tendances d’une historiographie, hélas trop sommairement visitée.
4On comparera, d’abord, la vision de l’honneur, donnée par Lucien Febvre, avec celle que procurent les perspectives actuelles, depuis l’antiquité jusqu’au XVIe siècle. La seconde partie, centrée sur le XVIIIe siècle, et qui concerne ce qui constituait le cœur de son sujet pour Lucien Febvre, évoquera les rapports entre l’honneur et les notions englobantes de la société (Patrie, Nation, état). Dans une troisième section on mettra en lumière les avantages et les difficultés de l’étude d’un sentiment sur la longue durée ; on soulignera, en dernier lieu, l’intérêt essentiel des questions relatives aux rapport de l’honneur et de la religion, que l’auteur n’a pas abordées.
5Les événements de la seconde guerre mondiale avaient placé au centre des préoccupations les sentiments d’honneur et de patrie. L’anthropologue Ruth Benedict, à la demande des autorités militaires américaines, entreprenait l’étude du Giri japonais. Lucien Febvre, ne disposant, dit-il, que de travaux « pauvres et rares », a exploité des sources littéraires ; c’était du reste la mode en ce genre de sujet : à l'époque du Cid au TNP, de L’Homme révolté (1951) ; Nadal, Bénichou, Goldmann publiaient leurs premiers ouvrages. Dans les années soixante l’influence dominante fut celle, avec Dumézil et Dumont, de l’anthropologie générale. On put lire alors Duby, Le Goff, Mandrou, Meyer ; Mousnier et ses élèves s’intéressaient aux hiérarchies, aux clientèles et aux fidélités. Pierre Bourdieu publiait sur la société kabyle des études très attentives aux effets de l’honneur. Puis les « seventies » apportèrent un supplément d’éclairage ethnologique et sociologique, grâce à Péristiany et Pitt-Rivers. Cette approche favorisa la réception des travaux d’Elias, en 1973 et 1975, décrivant des sentiments régulateurs de tendances et de gestes considérés comme initialement de nature animale, la pudeur étant essentielle ; l’honneur n’y était pas explicitement pris en compte.
6Les historiens côtoient journellement l’honneur puisque, Montesquieu l’a dit : « l’honneur, se mêlant partout, entre dans toutes les façons de penser et toutes les manières de sentir, et dirige même les principes6 ». Ils abordent le sujet avec circonspection, toutefois des travaux fondamentaux en économie, démographie, histoire sociale, explorant les conditions de vie, assurent le passage vers le « troisième niveau » ; on dispose maintenant de nombreux ouvrages qui traitent occasionnellement de l’honneur, tandis que, progressivement, sur plusieurs fronts, s’opère une reconnaissance ciblée et nuancée de l’implantation, de l’évolution, et des effets du sentiment de l’honneur.
7Pour les temps mérovingiens, Nira Pancer conclut à l’organisation, « faute de mieux », de l’aristocratie autour de la « notion » de l’honneur7. Au XIe et XIIe siècles, Dominique Barthélémy décrit une « culture » de l’honneur8. Pour Claude Gauvard, spécialiste des XIVe -XVe siècles, « L’honneur existe au cœur du tissu social » ; elle souligne d’autre part « la vitalité et la persistance d’une société d’honneur9 ». Montesquieu fournira le dernier terme : « l’état » d’honneur ; il décrit la force politique de « ce maître universel qui doit partout nous conduire », de cet honneur « qui règne comme un monarque sur le Prince et sur le peuple10 ».
8On aborde l’étude de l’honneur aujourd’hui en cernant les questions et en y ajustant scientifiquement les méthodes. Centrés, l’un sur le Haut, l’autre sur le Bas Moyen âge, deux courants principaux se dessinent : l’un, de nature théologico-« émotionnaliste », pourrait-on dire, étudie les mouvements de la sensibilité, les affects et pré-affects ; en définissant le statut épistémologique de la honte, de la vergogne, de la pudeur, on s’achemine vers une vue à la fois globale et précise des conditions de production du lien social11. L’autre a deux directions : d’une part, en dépouillant des sources administratives et judiciaires, sont distingués les types et les effets de la sanction politique et sociale, en soulignant la collaboration de l’honneur et de l’autorité, pour le maintien de la société, et de plus en plus pour la sauvegarde de l’honneur du Roi12. D’autre part sont opérés, dans la perspective de l’agressologie et de la victimologie, des relevés et des décryptages, de paroles et de gestes offensifs et défensifs, où l’on détecte les modes d’action de l’honneur pour une défense sociale qui tende à la réparation, et cherche à éviter l’humiliation. On voit ainsi peu à peu se recomposer l’esprit de la rhétorique implicite qui anime les explosions verbales, ou gestuelles, et s’ébaucher la forme d’une éloquence d’attaque et de riposte, élitiste ou populaire, qui porte une atteinte graduelle, ou un secours au contraire, à la renommée. Les « qualités » qu’on reconnaîtra dans ce discours éclaté, telles, sans doute : Facundia, Verba (ou, comme dit Ménage : Verba Dei – la Verve –), et encore : Contentio, Jactantia, Murmur, Blasphemia, pactisent souvent avec le péché, tandis que Clamor en appelle à Dieu ou au Roi13. C’est sur l’arrière-plan de cette floraison heuristique que nous examinerons les résultats des applications de la méthode linéaire de Lucien Febvre.
9Le contraste est frappant entre ses observations qui insistent sur le caractère évolutif de l’honneur, se construisant « pendant longtemps, des siècles parfois », et le fait qu’il refuse d’en reconnaître la véritable existence avant le XVIe siècle. Pourtant il souligne maintes fois l’hétéronomie de l’honneur : il précise qu’il prend naissance à partir d’une « pression acceptée » du groupe social, familial ou étendu, qui agit par son appui ou son approbation – on ne parle pas de contrainte ; l’honneur évolue en même temps que le groupe détenteur du code d’honneur ; ce sentiment « étrange » est à la fois interne et externe14. Et pourtant, l’auteur ne reconnaîtra comme vrai honneur qu’un sentiment « référentiel », intériorisé, doublé d’une « voix intérieure » qui dicte le devoir et commande le sacrifice15 : « Nous ne voyons pas, écrit-il, que l’honneur ait été le moteur des hommes au Moyen âge. » Les éléments dynamiques sont la force de la solidarité lignagère, et surtout la fidélité établie par les liens vassaliques : « Il y a là un sentiment simple, fort, capable de s’imposer par sa simplicité à des hommes simples. » Et plus loin : « Quand les hommes disposent d’un sentiment aussi fort, aussi simple que le sentiment de fidélité d’homme à homme, il n’est pas besoin de s’embarrasser d’un autre sentiment16. » En réalité c’est parce qu’il est évolutionniste que Lucien Febvre prend cette position : il est, avec Marc Bloch, opposé au holisme de Léon Gautier et de Paul Guibal ; le premier croyait que « l’honneur, sentiment inconnu de l’antiquité et créé par la chevalerie, est le résumé de toutes les vertus chevaleresques17 ». Le second voyait une correspondance exacte rentre les règles de l’idéal de l’honneur et l’organisation sociale et politique, « la féodalité tenant tout entière dans les mots d’honneur féodal et chevaleresque18 ».
10Lucien Febvre s’est escrimé à expulser l’honneur de la Chanson de Roland : chaque occurrence d’honor sera transférée au crédit de la fidélité. Si Charlemagne se plaint, après la mort de Roland, « que son honneur va décliner », c’est qu’il s’agit de son prestige, et non d’un sentiment « intérieur et référentiel19 ». Et si Ganelon peut affirmer que « l’honneur de Charles dépasse les louanges », c’est parce que l’Empereur est « couvert d’honneurs », c’est-à-dire qu’il a beaucoup de terres et de fonctions honorables20. Cependant, si, un peu après, l’Empereur évoque, à propos de son honneur, affaibli par la mort de Roland, sa propre baldur, sa propre ardeur entraînante, c’est bien que son honneur a rapport à sa valeur ; on ne voit pas non plus en quoi la disparition de Roland menacerait un honneur fondé seulement sur des honneurs.
11Pour André Burger, comme pour notre auteur, le thème essentiel de la Chanson est la fidélité21. Ian Short, quant à lui, considère que l’essentiel des conflits y est dû « au culte féroce de l’honneur personnel et familial22 ». Entre les hauts hommes, les liens qui s’entrecroisent sont à la fois d’honneur et de fidélité ; la distinction est aussi difficile ici qu’entre l’honneur et la dignité ; Dieu est en même temps le suzerain et celui qui donne l’honneur ; il en va de même pour Charles, qui se garde bien d’attenter à l’honneur de ses vassaux. Il faut voir comme Olivier se comporte en casuiste de l’honneur : par trois fois il conseille sagement à Roland d’appeler Charles au secours ; plusieurs fois ensuite, en revanche, il s’opposera durement à ce qu’on l’appelle : il est trop tard en ce point, la défaite est inévitable ; l’Empereur n’y a aucune part, puisque vous avez refusé, par orgueil, dit-il à Roland, de le prévenir à temps ; ne lui laissez pas envisager que son honneur ait pu être engagé ; du reste si vous appeliez maintenant, vos parents en porteraient « grand hunte » éternellement23. Son orgueil avait poussé Roland, follement, vers un honneur de « proesce » ; il meurt, mais avant, il a tourné sa tête vers l’ennemi, pour montrer qu’il n’est pas mort vaincu ; cependant Dieu ne lui a pas donné la victoire, et Roland sait bien pourquoi : il l’a offensé par sa présomption, dédaignant, entre autres, de crier « Montjoie ». Il lève son gant vers le ciel, par vrai remords d’honneur, même si c’est dans un geste traditionnel de fidélité. Saint Gabriel apporte le pardon divin. Ganelon aussi est largement conduit par l’honneur : sa haine envers Roland, qui l’a fait désigner pour une mission périlleuse, le conduit à faire en sorte, par vengeance, que le « Beau Neveu » ne puisse échapper à la mort.
12Le siège de Lucien Febvre était fait de longue date : il n’y a pas selon lui de vrai honneur dans la Chanson. Cela montre, au fond, la prééminence des passions sur les convictions intellectuelles ; c’est la vie même, chez cet ancien combattant de 14-18, qui a soudé en lui les deux mots d’Honneur et Patrie : cet honneur, dit-il, « vivant dans nos cœurs24 ». Pour servir la Patrie, il faut un honneur parfait : sage, pur, désintéressé. Le principe étant posé, le processus évolutif qu’il prône, l’auteur ne l’a pas vraiment recherché ; pourtant, la tendance de l’honneur vers la prud’homie : prouesse et sagesse unies, avec variations subséquentes de l’Honneur de Dieu, sont bien sensibles de Chanson en Chanson, de 1090 à 1180, de Roland à Aliscans, en passant par Girart de Roussillon.
13On aura remarqué que Lucien Febvre néglige de contester la négation de l’existence de l’honneur dans les sociétés antiques. Léon Gautier s’appuyait pour le faire sur l’autorité gratuite de Viollet-le-Duc qui avait affirmé : « C’est bien à ces maximes de chevalerie que l’Europe doit le sens de l’honneur, ignoré de l’Antiquité25. » Qui pourrait croire que Lucien Febvre ignorât, quant à lui, l’emprise de l’honneur et de la gloire chez Cicéron ou chez Virgile ? La bibliographie l’a fait connaître surabondamment26. Jean-François Thomas, en prudent linguiste, précise qu’il étudie, dans la Rome classique, non pas en tant qu’idée, mais en tant que mode d’expression des termes, les mots qui traduisent les formes et les valeurs de la gloire et les modes de dégradation de l’image sociale ; il est conduit, lui aussi, à faire un sort à Pudor et à Verecundia27. Il est possible de voir, chez Nira Pancer, comment cet honneur romain, devenu Gallo-Romain, et l’honneur barbare, tous deux christianisés, se trouvent en commun à la racine de l’honneur mérovingien. D’un côté, subsistent des caractères honorables acquis dans une « vieille société hiérarchisée » : souci de la bonne gestion d’un grand domaine ; prédominance des Inermes sur les Milites (Cedant Arma Togae) ; prestige et charme de la Facundia, de la culture des lettres et de l’amitié, respect de la pudeur. D’autre part on voit des groupes sociaux qui ne se fondent pas sur l’honor de la terre, mais sur la disponibilité des hommes, et pour lesquels l’effroi de la Haunita, (le mot francique pour la honte), prédomine sur l’amour de la Gloire. L’affront y appelle la vengeance, au début sans rémission, autour de laquelle s’organise la Fehde, qui fonctionne grâce à la solidarité sans faille des parentèles. Devenue la Faide (Faida), elle évolue, depuis la Loi Salique, vers des pratiques qui constituent une sorte de code favorisant la composition en cas de crime ou d’offense, bien que la société ait prisé, comme plus honorable, la vengeance sanglante ; du coup, Facundia, la parèdre de l’antique Urbanitas, tourne à l’éloquence d’assaut ou de défense28 Dominique Barthélémy explique comment, aux Xe et XIe siècles, se négocient les compromis et s’établissent les règles qui endiguent la Faide, et en font le noyau d’une culture de la vengeance d’honneur29. « Jusqu’à la fin du IXe siècle, écrit Jean Flori, il n’y a pas d’idéologie propre aux Milites. L’éthique chevaleresque existe bien cependant, et le Roi s’appuie sur l’église pour la répandre. » Ce fut en effet le soin des Princes et des évêques, héritiers de l’idéologie royale carolingienne, aux Xe et XIe siècles30.
14Sautons deux siècles en suivant notre guide : les XIIe et XIIIe siècles, et même une bonne part du XIVe – beaux siècles pourtant de la « prud’homie » mûrissante – pour en arriver au chroniqueur Monstrelet (1390-1453), et au « Loyal Serviteur ». Toujours en quête d’un honneur ferme et profond, l’auteur cite trois textes, pour les récuser tous les trois, par la raison qu’on y parle d’un honneur qui s’acquiert, dont on craint toujours qu’il ne décline, et qui, par conséquent, n’est pas le vrai honneur. Yvonne Robreau pensera au contraire « qu’Honneur conquerre est, en permanence, le vrai jeu de l’honneur31 » La « vulnérabilité » à toute époque, a bien été en effet le lieu commun le plus « propre » à l’honneur.
15Lucien Febvre laissera éclater sa joie à la découverte, dans Rabelais, du programme des Thélémites : « Ils ont par nature un instinct et aiguillon qui les pousse à faits vertueux et retire de vice, lequel ils nomment Honneur » – « Le sentiment intérieur de l’Honneur, le voilà ! », s’écrie-t-il ; il est doublé, nous le savons, d’une capacité interne d’expression verbale, d’« une voix intérieure32 ».
16Afin de pouvoir célébrer pleinement une aussi heureuse découverte, l’auteur a d’emblée disqualifié le contenu des trois missives citées par Montrelet, qui donnaient pourtant certaines clés du mystère de « l’intériorisation de l’honneur » : trois jeunes gens présentent une demande, à un Prince ou à un Seigneur, pour avoir permission et occasion de « pratiquer le métier des armes », de « venir à Honneur », ou « d’acquerre Honneur ». Il s’agit de Louis, Duc d’Orléans, de Michel d’Orix, chevalier, et de Bayard, qui s’adresse à son père33. Leur discours traduit un espoir fort et sincère, une vocation personnelle à acquérir de l’honneur sous l’expresse protection de Dieu ; un honneur, sans doute, dont les principes sont, pour nous, des vertus : prouesse, largesse, courtoisie ; espoir défini comme « jeune désir », et localisé « dans le cœur » : « L’Honneur, écrira Marguerite de Navarre, demeure en la forteresse du Cœur34. » Lucien Febvre ne distingue, lui, dans ces textes, qu’un sentiment purement décoratif ; Bayard, dit-il, « ne parle pas de son honneur comme d’un sentiment qui vit en lui au fond de sa conscience ». L’honneur de Bayard pour Lucien Febvre n’est pas une vertu. C’est pourtant bien le cœur qu’on croyait entendre : un cœur qui désire, qui « pense » et qui veut.
17C’est dans la zone cordiale, en effet, que s’est greffé l’honneur. Le Cœur, dès le XIIIe siècle, « est le centre de la vie corporelle, affective, éthique, intellectuelle et spirituelle ». La notion de Cœur comporte deux parties, l’une est enveloppe, matérielle et imaginaire en même temps, un contenant, qui bat, et oblige à éprouver en permanence la grâce du don de la vie par Dieu ; il symbolise ainsi pour sa part la crainte et la reconnaissance ; c’est à l’intérieur de ce Cœur que naissent et vivent les « pensées et couraiges », les inclinations et les volontés ; il y a des « couraiges » qui induisent des vertus, d’autres des vices ; le Cœur pense, veut et agit. Il ne restera pas toujours ce creuset au centre duquel l’honneur s’épure. L’entendement fera s’envoler presque tous ces « couraiges » ; il n’en restera qu’un au Cœur ; le « couraige de vaillance », celui que nous appelons, depuis bien longtemps, le Courage, et sur lequel le XVIIIe siècle ajustera un nouvel honneur, une nouvelle Patrie, et même, plus tard un nationalisme ; il reste, rappelle Anita Guerreau-Jalabert, que « la construction de la notion de sentiment, et la double dissociation pour nous implicite entre cœur et cerveau, ne nous permet plus de comprendre directement le dispositif sémantique de cette époque35.
18Pour ce qui est de la « voix intérieure » de Lucien Febvre, on se trouve projeté, pour percevoir les premiers murmures et la comprendre, entre Ockham et Wittgenstein, dans un air assez rare. Le Verbum in corde de Saint Augustin était une « voie » réservée à la connaissance de Dieu. Le discours interne s’est-il fondamentalement détaché du divin36 ? L’héraldique donne à croire que non, si l’on suit la devise irlandaise : « Non vox sed votum ! » La voix de l’honneur n’était-ce pas la voix de Dieu ?
19Vingt pages suffiront pour expédier, en deux leçons (X et Xbis37), les siècles qui vont de Montaigne à Montesquieu. Lucien Febvre portraiture Corneille « dont il est vrai que les idées qu’il manie, (particulièrement à propos de la Patrie, semble-t-il, dans Le Cid, dans Horace ?) ne sont pas parfaitement claires pour lui. » Corneille, identifié au « point d’honneur », sera donc renvoyé d’office au cercle de l’orgueil espagnol. L’auteur constate ensuite que Bossuet, combattant l’orgueil du siècle, appelle le règne d’un « véritable honneur », honneur à vivre selon la raison et la vertu chrétienne38. On passera ensuite, en vingt lignes, sur Montesquieu, dont le « faux honneur » n’aura pas mérité d’être retenu.
20Avec la seconde moitié du XVIIIe siècle, la Révolution et l’Empire, Lucien Febvre arrive enfin, avec passion, au vrai sujet de son livre : l’étude des rapports, étroits mais orageux, de l’honneur intérieur vrai avec les idées de Patrie et de Nation. L’honneur n’aura guère été pour lui jusqu’ici qu’accessoire. L’Honneur et la Patrie sont maintenant, séparément, les deux sources d’un sentiment national39. Un conflit fondamental est d’abord évoqué : celui des idées de Patrie et d’Humanité. Aussi bien d’Aguesseau que Montesquieu réservent la jouissance du sentiment patriotique aux seules républiques. Fénelon professe que « chacun doit infiniment plus au genre humain, qui est la grande Patrie, qu’à la Patrie particulière40 », et les philosophes, Montesquieu, Voltaire, soutiennent cette idée : « Ce qui est grave ! » prévient Lucien Febvre, qui se retrouve ainsi sur les positions de Georges Goyau41.
21Finalement, c’est l’honneur qui en viendrait à jouer le rôle de sentiment national pour les nobles, parce qu’il les relie à leur chef, le Roi. Chez Rousseau, ce qui fonde la Patrie, c’est le « système de gouvernement » (républicain), qui suscite la vertu politique chez les citoyens. La conclusion s’impose donc, comme une première version d’un débat identitaire dans la Révolution qui commence : « l’Honneur est dans un camp, la Patrie est dans l’autre42 ». Ce serait mieux dire peut-être qu’il y avait en présence une conception de la patrie liée à l’honneur, et une autre liée à la Dignité.
22Se pose alors la question de la réunion des deux mots : « Honneur et Patrie », à laquelle il ne sera pas fourni de franche solution. Le texte autorise trois hypothèses : la première, qui se dégage de l’ensemble du livre, comme de son titre définitif, c’est que l’Honneur et la Patrie sont en étroits rapports depuis très longtemps. La seconde, c’est celle que suggère la volonté de Bonaparte de sceller l’union des deux mots, et d’en faire la devise de la Légion d’Honneur. Robespierre avait banni l’honneur en 1791, en proclamant qu’il était « l’apanage des esclaves ». L’honneur c’est l’affaire des émigrés : « L’honneur est à Coblentz43 ! » Chateaubriand suggère que la jonction des deux mots symboliserait une intention de rassembler les deux France44 : Bonaparte a tenté à ce moment, en effet, un rapprochement avec la vieille noblesse, par une politique de restitution des biens séquestrés, d’inclusion dans l’armée, de fusion matrimoniale45. Le Senatus-Consulte d’amnistie est du 26 avril 1802, la fondation de la Légion d’Honneur du 19 mai. Toutefois il y a une troisième solution, car il existait une autre sorte d’honneur, né et nourri dans la classe militaire ; c’est celui que Marc Belissa a appelé « l’honneur national », et dont Saint-Just, lui aussi initialement hostile au principe d’honneur, estima qu’un responsable des armées devait le raviver. C’est cet « orgueil national » qui doit en effet, selon lui, inspirer aux jeunes soldats patriotes « l’amour de la Gloire », et la crainte du « déshonneur46 ». Bonaparte, qui avait par profession cet état d’esprit, prône justement cet honneur dans les Bulletins de la Grande Armée, très rigoureusement47. Le Premier Consul ayant observé que, pendant la Révolution, on ne distribuait plus assez d’armes d’honneur, il aurait donc créé la récompense nouvelle pour entretenir le dévouement des combattants, en redonnant force au vieux principe : « Decorum est pro Patria mori. »
23Compte tenu d’une meilleure conservation éventuelle des archives par rapport au Moyen âge notamment, des progrès en volume de l’écrit, de l’abondance des sources administratives, juridiques, religieuses et civiles, jusque pour les bourgs et les villages, la recherche sur l’honneur, directe ou annexe, apparaît, pour les Temps dits Modernes, ramifiée, en cinq ou six branches approximativement, et ne donne pas l’impression saisissante que peuvent produire les deux fronts offensifs des médiévistes.
24Un courant d’études porte sur le statut d’honneur de la Noblesse, sur ses mythes, et sur leurs effets en matière de violence collective et individuelle, tels les révoltes et les duels. D’autres travaux se sont consacrés aux mondes ruraux et populaires, à leurs révoltes, à leurs fêtes ; aux honneurs d’états, au village précisément – où l’on a mis en évidence le rôle sacral et apotropaïque de l’honneur48. D’autres encore s’attachent à l’étude des sentiments nés de la pression sociale et de la crainte de Dieu, et ont réfléchi sur la peur, le pardon, les injures, le blasphème… Issus du groupe ancien de Denis Richet prospèrent deux courants : l’un s’intéresse à la régulation de la violence, de la colère sanglante, des émotions ; à l’histoire des larmes, comme aussi au gouvernement de l’honneur, de la Gloire de Dieu et à la faveur du Roi. L’autre étudie les modes d’attribution et de reconnaissance des statuts sociaux, d’après la titulature et les préséances, l’état d’esprit des officiers présidiaux, royaux, et les effets de l’honneur sur la vie affective : « Les souffrances du Moi », comme sur la production intellectuelle (notamment la Mathématique).
25L’ensemble des recherches se réfère, directement ou indirectement, à la production philosophique qui s’est intéressée à la construction du sujet, à l’évolution de l’honneur, à la naissance de la dignité, chez Montaigne, Descartes, Hobbes, Spinoza, Locke, Rousseau, Smith, Hume, Kant, Hegel, Fichte, Schopenhauer. Un courant spécifique se consacre à l’examen des manifestations et des répercussions, dans le for intérieur et dans la société, de la réprobation et de l’estime sociale, comme la considération, la déférence, l’humiliation, le ressentiment ; le respect aussi, et le viol ; les psychanalystes surtout s’interrogent sur la honte et à la haine. Ces travaux forment comme les registres d’un contrepoint où se distinguent encore nettement la voix et le message du livre de Lucien Febvre.
26Je tiendrais encore à évoquer brièvement la question de la dignité. Lucien Febvre pensait qu’elle pouvait être un avatar, une transformation de l’honneur, et qu’elle faisait comme partie de sa définition (c’est l’avis des dictionnaires qui, actuellement, définissent l’honneur par la dignité, et réciproquement) ; il est vrai que les liens de l’une à l’autre ont toujours été très étroits, au point qu’on peut soutenir que la dignité « universelle » s’est développée sur le terreau de l’honneur. Cependant celui-ci paraît s’être lentement constitué, à partir de ses formes frustes, en ayant subi, dans toutes ses composantes sociales, une forte influence religieuse, et, spécialement monastique : il est manifestement sous le contrôle divin. La dignité, tendant à la limite vers une justice terrestre, et la considération du « semblable », plus que du « prochain », ou du « frère », a une origine particulière et différente. Elle s’est développée, semble-t-il, depuis le XVe siécle, à partir de la dignité de religion49, et aussi de l’honneur, sous la protection de l’état, en étant soutenue par une Justice, indépendante de celui-ci par un effet de la vénalité des offices, tout en bénéficiant du prestige du pouvoir d’état50. Il paraît indispensable d’être en tout temps attentif aux rapports de ces deux sentiments.
27L’essentiel de la publication qui nous occupe étant des notes de cours, les ellipses et les grossissements se justifient ; le livre achevé eût été bien différent. La longue durée impose des contraintes ; elle oblige à choisir une idée-force, pour unifier les perspectives : ce fut ici, pour Lucien Febvre, la compréhension de la structure des idées morales et politiques entrant en collision. Ce grand cadre chronologique ouvre, en revanche, des perspectives imprévues : on peut se convaincre ainsi que l’histoire de l’honneur ne peut s’écrire sans avoir étudié celle de l’animalité. Si l’animal est proche de l’Homme au Moyen Âge, c’est par l’affectivité ; il n’en va plus de même au XVIIe siècle : Aristote s’est incliné devant Descartes. Les travaux d’Élias se fondent sur les préjugés du moment où le peuple se demandait légitimement si on le prenait pour une bête51 Le vilain n’est-il pas sans courage – donc sans honneur – puisque, comme une bête, il ne craint pas de s’enfuir ? Plus tard ce sera par la comparaison de sa stupidité et de son grégarisme avec ceux des animaux qu’on caractérisera le bas-peuple : « Le peuple est sans Honneur parce que sans raison », affirme alors le Père Bouhours52. Le « processus de civilisation » était donc bien congruent aux sentiments de l’époque étudiée53.
28Quant à son problème central : les rapports des idées englobantes de la société, Lucien Febvre a montré qu’ils ne sont pas pérennes ; il a consacré une grande part de son temps (plus du quart de son texte), à l’observation de ces forces qu’il savait immenses ; elles réapparaissent dans les crises avec des caractères rénovés. Il y a des corrélations, des alliances particulières entre elles à un moment donné ; chacune évolue spécifiquement tout en restant liée aux autres. Leurs réactions ont été notées, suivies chronologiquement, pour observer comment elles changent dans leurs contenus et dans leurs rapports, tout en restant des cadres de vie commune.
29Honneur, Patrie, Nation, état, Lucien Febvre connaissait le pouvoir de ces mots qui peuvent libérer des énergies parfois effrayantes. Il a parlé de « maladies » de l’honneur, en pensant aux trahisons ; il n’a pas évoqué toutefois les grandes perversions propres à l’honneur ou à la dignité, ni la possible déviation de la trajectoire des notions composantes de tout un complexe, par une subite mutation corruptrice de leurs valeurs : c’est alors qu’on voit s’impatroniser le mépris, l’antisémitisme, l’intolérance, la xénophobie, le nationalisme exacerbé, le terrorisme, le totalitarisme. Le national-socialisme est un exemple d’une pathologie de l’honneur entraînant une dérive de l’idée de Nation54.
30Lucien Febvre voulait écrire un livre d’historien, et « j’espère, disait-il, de pure histoire55 ». On devrait sans doute aborder aujourd’hui un peu différemment le thème de l’honneur, sous l’influence jumelée de l’anthropologie générale et de la sociologie, qui nous ont appris à affiner la perception et l’analyse du lien et de l’organisation sociaux.
31En traitant le sujet dans cette perspective, on prend conscience de la déperdition que subit la recherche du fait de la segmentation délétère des temps historiques, que Jacques Le Goffa toujours si fermement dénoncée. Il est impossible de ne pas tenir compte des travaux éclairants qui concernent des périodes antérieurs, et même depuis la préhistoire.
32On bénéficie actuellement des avancées de l’anthropologie philosophique, avec l’apport d’Habermas et celui de son élève Honneth (La Reconnaissance, Le Mépris) ; dans la lignée d’Adam Smith, on reçoit les travaux de Gérard Jorland et Alain Berthoz, sur la faculté d’Empathie ; on relit prudemment Plessner (Le Rire et le pleurer) et Scheler (La Pudeur, incluant une petite annexe sur l’Honneur – l’ouvrage prévu par lui sur ce sujet n’ayant pas été écrit – et Le Ressentiment). On est attentif aux avancées de la sociologie britannique et américaine, à la pensée notamment de Bernard Williams, de Beitz, de Rawls, de Patricia Paperman, de Richard Senett, comme aux publications concernant l’honneur en Afrique du Nord : celles de Pierre Bourdieu, de Raymond Jamous (La Baraka), et de Marie-Luce Gélard56.
33Du livre de Lucien Febvre, Dieu est largement absent : c’est bien étonnant, si l’on pense à ses travaux d’histoire religieuse ; il parlera cependant une fois de l’Honneur de Dieu, lorsque, reprenant l’explication proposée par Marc Bloch du geste de la prière à mains jointes (« Le bon chrétien se voyait comme un vassal […] devant son Seigneur »), et pensant trouver chez Calvin des textes qui attestassent de la force du « lien vassalique » de l’Homme à Dieu, il s’aperçut « qu’il s’agit déjà […], dit-il, de l’honneur de Dieu […], La notion d’honneur s’est glissée dans ce vocabulaire de la fidélité, si fort qu’il inspire en plein XVIe siècle tous les martyrs de Crespin57 ». Il semblerait pourtant que l’honneur humain soit par nature comme un reflet de l’honneur de Dieu, et ait été pensé et vécu comme tel, du XIIe au XVIIe siècle. « Au plaisir de Dieu ! », soit ! ce plaisir qui, d’ailleurs, est une volonté… mais aussi : « Dieu et mon Droit ! » : la Providence de Dieu agit de telle sorte que sa main favorise celui qui est dans son droit, et dont il connaît la pureté de cœur. L’importance essentielle du rôle de la Providence de Dieu, qui dispense les succès selon la Justice, est reconnue avec éclat du XIIe au XVIIIe siècle – de la « Chanson de Roland » au traité « Du Pape ».
34Roland savait bien qu’il avait péché par orgueil et en demanda pardon à Dieu. Ouvrons maintenant Girart de Roussillon (vers 1160) ; comme Olivier affrontant Roland à Roncevaux, le Comte Landri de Nevers s’en prend violemment à son ami Girart, pour lui éviter de commettre une action déraisonnable et fatale à son honneur : le roi Charles exige des otages pour garantir la paix qu’il offre, mais Girart s’apprête à refuser leur départ pour la Cour, et à entrer en guerre – Landri (à Girart) : « Par le Dieu qui est l’auteur de vos jours, si vous ne renoncez pas à l’orgueil, à la suffisance, à l’injustice et à la mauvaise foi (à la bauzie, c’est-à-dire la fausseté du Démon) ; si vous n’avez point au Cœur la pensée de Dieu à qui vous devez l’honneur où l’on vous tient (‘‘E Damledeu de Cor ne mentevez/que vos tent en onor mentre vivez…’’) ; si vous ne servez pas mieux Charles notre Seigneur, alors vous perdrez les grands fiefs (unres = les ‘‘honneurs’’), que vous possédez. » – sous-entendu : parce que Dieu vous en privera58.
35Après Boileau, et la chute de sa satire XI : « Je conclus qu’en Dieu seul est l’honneur véritable59 ! », Joseph de Maistre synthétisera ce point de vue : « à la Souveraineté seule, dit-il – et pour l’auteur du Pape, la Souveraineté c’est la Divinité même – appartient l’Honneur par excellence (‘‘l’Honneur de Dieu’’, qui en principe est distinct de sa Gloire) ; c’est d’elle, comme d’un vaste réservoir, qu’il (l’honneur) est dérivé, avec nombre poids et mesure, sur les Ordres et sur les individus60. »
36Inventant le sujet qui nous réunit, et dont nous imaginons encore difficilement l’ampleur, Lucien Febvre l’a établi naturellement dans une perspective exclusivement historique ; si sa lecture de l’honneur a été quelque peu entravée par son intérêt pour la « fidélité », chère à Marc Bloch, constatons qu’en 1969 encore, pour Roland Mousnier, la société des XVIe et XVIIe siècles était une « société de fidélités » ; il parlait aussi de « société d’ordres », de hiérarchies, mais non directement de l’honneur61. Lucien Febvre a placé au centre de son sujet les liaisons de l’honneur avec les référents englobants : Patrie, Nation, état, et les a traités en « pur historien » : s’il est vrai que les aspects et les fonctions complexes de l’honneur n’étaient pas toutes perceptibles en 1945, avant les apports de l’anthropologie, les avancées que ceux-ci ont permises, n’ont pas mis en cause les vertus spécifiques de l’éclairage historique ; elles n’ont pas éclipsé les mérites du traitement chronologique.
37On sait maintenant que l’honneur est l’un des grands régulateurs internes de la société, produisant et justifiant l’ordre ; considéré à l’origine comme un don de Dieu, il le reste pour beaucoup, et soutient à ce titre, dans l’ordre mondial, une concurrence farouche, maintenant traditionnelle, avec la dignité qui, elle, est un droit, et le cœur même de la Déclaration des Droits de l’Homme : « droit », certes, mais paradoxalement, et comme le sentiment de l’honneur, toujours à construire et à défendre : l’ouvrage récent de Malka Marcovitch prouve que ces deux notions sont maintenant stratégiques, et que tout le monde n’a sans doute pas intérêt à ce que leur histoire soit bien connue62 !
Notes de bas de page
1 Febvre Lucien, Amour sacré, amour profane, Paris, Gallimard, 1971 [1947], p. 284-285.
2 Bossuet, « Sermon sur l’Honneur », Œuvres complètes, Bausset (éd.), Tours 1862, t. VII, 1667, p. 171-198 (p. 173).
3 Burton Thomas. Anatomie de la Mélancolie, Paris, José Corti, 2000, 3 vol., Ire partie, section 2, subdivision 6, t. I, p. 443.
4 Benedict Ruth, Le Chrysanthème et le Sabre, Paris, Picquier, 1987 (1946) ; Febvre Lucien, « Honneur et Patrie ». Une enquête sur le sentiment de l’Honneur et de l’attachement à la Patrie, Paris, Agora-Poche, 2001 ; Perrin, 1996.
5 Terraillon Eugène, L’Honneur, sentiment et principe moral, Paris, 1912.
6 Montesquieu, L’Esprit des Lois, L. IV, ch. 2, Paris, 1951, Gallimard, Pléiade, p. 264.
7 Pancer Nira, Sans peur et sans vergogne, Paris, Albin Michel, 2001, p. 121.
8 Barthélémy Dominique, La Violence et le sacré dans la société féodale, Paris, Armand Colin, 2004, p. 122 ; et p. 288 : « une Culture de l’honneur et de la vengeance ».
9 Gauvard Claude, Violence et ordre public au Moyen âge, Paris, Picard, 2005, p. 275 ; Gauvard Claude, Bourreau Alain, Jacob Robert, « Les Normes », in J. C. Schmitt, O. G. Oexle (dir.), Les Tendances actuelles de l’histoire du Moyen âge en France et en Allemagne, Paris, Presses de la Sorbonne, 2002, p. 476.
10 Montesquieu, Esprit des Lois, op. cit., L. IV, ch. 10, t. II, p. 260.
11 Les émotions médiévales, Critique, janv.-fév. 2007, 716-717 ; Nagy Piroska, Boquet Damien (dir.), Le Sujet des émotions au Moyen âge, Paris, Beauchesne, 2008.
12 Gauvard Claude, « De grâce especial ». Crime, état et Société en France à la fin du Moyen âge, Paris, 1991
13 Gauvard Claude (dir.). La Renommée, Médiévales, 1993, 14 ; Leveleux Corinne, La parole interdite : le blasphème dans la France médiévale, XIIIe-XVIe siècles : du péché au crime, Paris, De Boccard, 2001 ; Boone Marc, Lecupre-Desjardins élodie, Soson J. P. (dir.), Le Verbe, l’image et les représentations dans la société urbaine au Moyen âge, Louvain/Apeldoorn, 2004.
14 Febvre Lucien, « Honneur et Patrie », op. cit., p. 77, p. 187, p. 234, p. 236. ; « étrangeté », p. 85.
15 Ibid., p. 69.
16 Ibid., p. 115, 124.
17 Gautier Léon, La Chevalerie, Paris, 1883. p. 821, cité par Febvre L., « Honneur et Patrie ». op. cit., p. 115.
18 Guibal Paul, Le Poème de la Croisade contre les Albigeois, Toulouse, 1863, cité par Terraillon, op. cit., p. 160.
19 Febvre Lucien, « Honneur et Patrie », op. cit., p. 120.
20 Ibid., p. 122.
21 Burger André, Turold poète de la fidélité, Genève, Droz, 1977.
22 Chanson de Roland, édition et traduction Ian Short, Paris, Livre de Poche, 1990, introduction.
23 Ibid., p. 130.
24 Febvre Lucien « Honneur et Patrie », p. 33.
25 Viollet-le-Duc. Dictionnaire raisonné du mobilier, Paris, Bance (Vve A. Morel), 1858-1875, V, 7.
26 Boquet Damien (dir.), Histoire de la vergogne. Revue Rives-Nord Méditerranéenne, nov. 2008, Introduction, notes 3 à 10.
27 Thomas Jean-François, Gloria et Laus, Louvain ; Peeters, 2002 ; id., Déshonneur et honte en latin, Paris, Dudley MA, 2007.
28 Pancer Nira, Sans Peur et sans Vergogne, cit.
29 Barthélémy Dominique, L’An Mil et la Paix de Dieu (980-1060), Paris, Fayard, 1999.
30 Flori Jean, L’Idéologie du Glaive, Genève, Droz, 1983.
31 Robreau Yvonne, L’Honneur et la honte, Genève, Droz, 1981, p. 31.
32 Febvre L., Honneur et patrie, cit. p. 140 ; sur l’honneur chez Rabelais voir aussi Jean Nagle, Un Orgueil français, Paris, Odile Jacob, 2008, p. 84.
33 Febvre L., Honneur et patrie, op. cit., p. 126-134.
34 Navarre Marguerite de, Heptameron, Paris, Garnier, s. d., p. 141.
35 Guerreau-jalabert Anita, « ‘‘Aimer de fin cuer.’’ Le cœur dans la thématique courtoise », Micrologus, XI, Il Cuore, 2003, p. 343-372 (p. 360) ; Pastoureau Michel, « Héraldique du Cœur », Micrologus, XI, 2003, p. 145-157 (p. 154) ; Nagle Jean, La Civilisation du Cœur, Paris, Fayard. 1998.
36 Koch Isabelle, « Le Verbum in Corde chez Saint Augustin », in Joël Biard (dir.), Le Langage mental du Moyen âge à l’âge classique. Louvain-Paris, Peeters, 2009, p. 1-28. Panaccio Claude, Le Discours intérieur de Platon à Guillaume d’Ockham, Paris, Le Seuil, 1999.
37 Febvre L., Honneur et patrie, op. cit., p. 143-162.
38 Sur l’opposition entre vrai et faux honneur, voir ci-dessus Venturino Diego, « Ni dieu ni roi. Avatars de l’honneur dans la France moderne », p. 91-108.
39 Febvre Lucien, Honneur et patrie, op. cit., p. 164 ; p. 183.
40 Fénelon, Dialogue des morts…, cité par Febvre L., Honneur et patrie, op. cit., p. 177.
41 Goyau Georges, L’Idée de Patrie et l’humanitarisme (1866-1901), Paris, Perrin, 1902, p. XXIII ; voir aussi Wessel Marleen, « Honneur et Patrie. Lucien Febvre et la question du sentiment national », Genesis. Sciences Sociales et Histoire, 1996, no 25, p. 128-142.
42 Febvre Lucien, Honneur et patrie, op. cit., p. 178-179 ; p. 193.
43 Texte cité par Jaurès, in Histoire socialiste, 6 vol., t. II, p. 886-887. Ce texte se retrouve dans L. Febvre, Honneur et patrie, op. cit., p. 193.
44 Châteaubriand. Mémoires d’Outre-tombe, M. Levaillant (éd.), Paris, Flammarion, 2 vol., 1949, t. 1, p. 382-383 ; p. 395.
45 Nagle Jean. Le Faubourg Saint-Germain et l’argent, Paris, Perrin, 1994.
46 Saint-Just, Œuvres, éd. de la Cité universelle, 1946, p. 181.
47 Febvre Lucien, Honneur et patrie, op. cit., p. 194 ; p. 314.
48 Diedler Jean-Claude, Démons et sorciers en Lorraine. Le Bien et le Mal dans les communautés rurales, éd. Messene, 1996 ; Muchembled Robert, « Les humbles aussi », in L’Honneur, Marie Gautheron (dir.), Autrement, Série « Morales », 9, 1991, p. 61-68.
49 La Dignité de religion, par définition privilège du croyant, est différente de la Dignité universelle.
50 Nagle Jean, Un Orgueil français. La vénalité des offices dans la France d’Ancien Régime, Paris, Odile Jacob, 2008.
51 À propos d’Elias, voir Burguière André, préface au livre de Hans-Peter Duerr : Nudité et Pudeur, Paris, MSH, 1998, p. IX-XXXI ; Burguière André, « L’œuvre de Norbert Elias, son contenu, sa réception », in Cahiers internationaux de Sociologie, 1995, 99, p. 213-235. Heinrich Nathalie, La Sociologie de Norbert élias, Paris, La Découverte, 2007 [1997].
52 Bouhours Père, Nouvelles remarques, art. « Peuple ».
53 L’histoire de l’honneur s’inscrit dans un rapport dialectique entre Animalité et Divinité. Sur le concept d’animalité et sur son histoire, voir entre autres : Foucault Michel, Histoire de la Folie, Paris, Plon, 1961, p. 24 ; Bichon J. L’Animal dans la littérature française au XIIe et XIIIe siècles, Paris, 1978. Delort Robert, Les Animaux ont une histoire, Paris, Le Seuil, 1984 ; Fontenay Elisabeth de, Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité, Paris, Fayard, 1998 ; Cyrulnik Boris (dir.), Si les Lions pouvaient parler. Essais sur la condition animale, Paris, PUF, 1998.
54 Ziebura Gilbert, « Nous n’irons plus au Bois », in Gautheron Marie (dir.), L’Honneur, cit., p. 81-86.
55 Febvre Lucien, Honneur et patrie, op. cit., p. 29.
56 Gélard Marie-Luce, Rituels et représentations de l’Honneur chez les Aït Kabbach (Tafilalt), Paris, MSH, Ibiss Press, 2003.
57 Febvre Lucien, Honneur et patrie, op. cit., p. 110 ; p. 286.
58 La Chanson de Girart de Roussillon. Coll. Lettres Gothiques, éd. et trad. Combarieu du Grès Micheline de et Gouse Gérard, Paris, Livre de Poche, 1993, v. 4206-4211, p. 328-329.
59 Boileau Nicolas, Satires, Satire XI, « Sur l’Honneur ».
60 Maistre Joseph de, Considérations sur la France, Jean Tulard (éd.), Paris, Garnier. 1980, ch. VII, p. 61.
61 Mousnier Roland, Les Hiérarchies sociales de 1450 à nos jours, Paris, PUF, 1969 ; id., Les Institutions de la France d’Ancien Régime, Paris, PUF, 1974-1980, 2 vol.
62 Marcovich Malka, Les Nations désunies. Comment l’ONU enterre les Droits de l’Homme, Paris, Jacob-Duvernet, 2008.
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