Dominique Combe : Dominique Combe commente Poésies, Une saison en enfer, Illuminations d’Arthur Rimbaud
Paris, Gallimard, coll. « Foliothèque » n° 118, 2004, 243 p.
p. 257-258
Texte intégral
1Écrire un ouvrage doté de quelque nouveauté sur Rimbaud, l’un des auteurs les plus commentés de la littérature française, est une véritable gageure, surtout lorsqu’il s’agit de tenter une synthèse de trois œuvres poétiques majeures, énigmatiques et polymorphes : Poésies (comprenant les Vers nouveaux), Une saison en enfer et Illuminations, réunies dans l’édition « Poésie/Gallimard » par Louis Forestier. Dominique Combe, professeur à l’université de Paris III, est pleinement conscient de la difficulté d’une telle entreprise, qui justifie et nécessite, comme il l’explique lui-même, l’élection d’une perspective particulière, ici délibérément poéticienne et stylistique. L’ouvrage procède d’abord d’une approche historique des genres et des formes poétiques, replaçant la problématique de l’écriture rimbaldienne dans l’ensemble des pratiques et des théories littéraires de son époque, dominé par l’héritage baudelairien et la réflexion mallarméenne, mais aussi, plus largement, par la crise du lyrisme ouverte dans le sillage du romantisme.
2Une fois les œuvres de Rimbaud replacées dans ce contexte, D. Combe, dans la lignée de ses précédents travaux (dont Poésie et récit, une rhétorique des genres, Paris, Corti, 1989), donne une orientation rhétorique à ses analyses, à partir notamment de la distinction entre narratif et descriptif et de notions génériques et stylistiques dont il ne dissimule jamais l’instabilité théorique : poème en prose, fragment (au sens romantique), verset… Bien au contraire, il met en relief le « cercle herméneutique » (p. 104) lié à la définition des genres : le poème en prose, par exemple, n’est pas tenu pour un genre au xixe siècle, mais est désormais défini en référence au Spleen de Paris et aux Illuminations, alors même que celles-ci déplacent et transgressent déjà fortement la pratique baudelairienne du genre. D. Combe privilégie l’étude des Illuminations, où se mêlent brouillage de la référence et virtuosité protéiforme de l’écriture, à telle enseigne que la conclusion suggère, sur le modèle de la « forme-sens » d’H. Meschonnic, le concept d’« œuvre-genre », c’est-à-dire d’hapax générique, pour Illuminations et pour la Saison en enfer (mixte inédit d’autobiographie et de fiction poétique).
3Ouvrage de vulgarisation suggestif, complété par un dossier documentaire très riche (intertextes, réflexions d’écrivains), il s’agit là d’une invitation éclairée à relire la poésie de Rimbaud, qui souligne avec force mais sans dogmatisme l’importance de son geste littéraire (et non de sa seule posture biographique) dans la modernité poétique.
Auteur
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