Les structures sociales des noblesses normande et bretonne à l’époque moderne
p. 35-50
Texte intégral
1Normandie et Bretagne, voisines, mais à peine limitrophes, et bien différentes : par les origines des migrations qui les ont peuplées, par la diversité de leur destin à partir du XIIIe siècle, l’une dans le domaine royal, l’autre en dehors, et qui de ce fait ont subi au XVe siècle des guerres diversement douloureuses. Les noblesses qui s’y sont formées étaient plurielles et diverses, et cependant présentent des structures sociales partiellement convergentes. Ce sont ces structures sociales qu’il s’agit ici de comparer et je m’en tiendrai donc à un point de vue strictement synchronique, sans aborder les questions d’évolutions ni la baisse des effectifs1 qui est de mieux en mieux attestée.
2Pour une comparaison aussi systématique que possible, il faut identifier les variables qui contribuaient à déterminer les caractéristiques de ces populations. La démarche scientifique idéale serait que ce fussent des variables indépendantes, mais ce n’est guère possible car les phénomènes que nous pouvons observer étaient interdépendants. Dans la présente analyse, les densités de population auront une importance centrale. La densité de population est toujours une variable fondamentale, parce qu’elle a des conséquences sur la vie de relations2 et parce que le peuplement, la répartition géographique de la population, est un fait structural en ce qu’il présente une grande inertie et reste relativement stable dans la longue durée. D’un point de vue méthodologique, les variations des densités seront utilisées ici comme une clef d’analyse.
3Nous chercherons à expliquer les variations du peuplement nobiliaire avec, d’abord, la situation géographique (situation littorale, qui permet des activités spécifiques, maritimes, par rapport à l’intérieur plus ou moins enclavé) et avec le droit successoral, qui conditionne la reproduction de la population. Il faudrait envisager aussi les structures foncières et seigneuriales (propriétés ecclésiastiques, etc.). Une densité nobiliaire élevée implique nécessairement une forte proportion de noblesse petite ou pauvre3, qui, du fait de sa proximité avec les élites du tiers état, pose la question du rapport à la fiscalité directe. Par ailleurs, la profession de la noblesse étant le service des armes, les modalités concrètes de celui-ci sont essentielles à cette catégorie sociale. L’urbanisation est fondamentale dans la vie de relation : nous proposerons quelques éléments de mesure de son niveau au XVIIIe siècle et en décrirons brièvement quelques modalités. Enfin se pose la question de la relation au pouvoir royal et de l’insertion des noblesses provinciales dans les institutions royales.
Des noblesses relativement nombreuses
4Pour étudier le peuplement nobiliaire, et comme l’a montré Jean-Marie Constant4, la meilleure méthode consiste à calculer des densités par km2. Les meilleures sources pour étudier la population nobiliaire5 sont les rôles de capitation du XVIIIe siècle, qui indiquent des ménages. L’intérêt de compter des ménages plutôt que des lignages, c’est que l’on évite ainsi une inconnue, le nombre de ménages par lignage. Les généralités pour lesquelles il existe des rôles de capitation couvrent de 55 à 60 % de la France, et notamment l’ensemble de la Normandie et de la Bretagne, tant pour le début du siècle que pour la fin de l’Ancien Régime6.
5Certes les rôles de capitation n’étaient pas absolument complets et j’ai pu vérifier, pour la Bretagne7, en comparant les rôles avec d’autres sources comme les registres paroissiaux, qu’un nombre non négligeable de nobles pauvres étaient omis dans les rôles dès 1710. Cependant ces omissions n’étaient pas nombreuses au point d’empêcher de fonder une approximation ; pour l’élection de Vire, Amaury Du Rosel a reconstitué tous les foyers nobles aux XVIIe et XVIIIe siècles d’après les sources les plus diverses8 ; la comparaison avec les chiffres fournis par la capitation montre que le rôle de 1789 est un peu incomplet, mais que l’ordre de grandeur de ces données est tout à fait convenable. Précisons enfin que les nobles qui étaient officiers de justice étaient capités avec les officiers et il reste à évaluer le nombre des officiers qui étaient nobles dans chaque juridiction. On retiendra donc que tous nos chiffres pour le XVIIIe siècle n’incluent pas les officiers et sont donc des approximations par défaut.
Vers 1700 | vers 1785 | |
France | 0,41 | 0,26 |
Bretagne | 0,46 | 0,42 |
Normandie | 0,89 | 0,55 |
Alençon | 0,88 | 0,59 |
Caen | 1,60 | 0,75 |
Tableau 1. – Densités de population (en nombre de nobles par km2).
6Il s’avère ainsi que, sans l’être comme celles de Castille et de Pologne, et de loin, les noblesses de Normandie et de Bretagne étaient en France les plus nombreuses, et dans cet ordre. À l’échelle de la France, il y avait une certaine corrélation entre le peuplement nobiliaire et l’ensemble de la population. Il est intéressant de sortir du cadre des deux provinces et d’observer le peuplement à l’échelle du nord de la France, en étant attentif à des phénomènes de continuité d’une province à l’autre.
7Une grande région de densités maximales était constituée par tout le littoral de la Manche, depuis le Boulonnais au nord jusqu’au Léon. La densité y était supérieure à 0,7 en 1700 et 0,32 vers 1780. Les densités les plus élevées se trouvaient dans l’élection de Rouen et en Basse-Normandie (plus de 1,4 et de 0,7 aux mêmes dates). En Bretagne, seule la côte nord avait des densités élevées, et seul l’évêché de Saint-Brieuc avait une noblesse aussi nombreuse que celle de la Basse-Normandie.
8Une seconde région de densités moins élevées (plus de 0,17 vers 1780) est constituée par le littoral atlantique, depuis Quimper jusqu’au Bordelais. C’est donc une curieuse dissymétrie entre la Manche et l’Atlantique qu’offre la situation littorale.
9Enfin une troisième tendance consiste en un phénomène de continentalisation, avec des densités moindres dans l’intérieur, à l’échelle de la France comme à l’échelle provinciale. Ainsi la densité de la généralité étudiée par Jean-Marie Constant, Alençon, était moindre que celle de Caen où elle était maximale.
10Le niveau élevé des densités avait des conséquences multiples. Les hautes densités de peuplement nobiliaire correspondent étroitement à la fréquence élevée des manoirs. Une forte densité nobiliaire avait surtout des conséquences sur la vie de relation, tant sur les relations entre nobles que sur celles entre nobles et roturiers. En Bretagne, chaque paroisse comptait plusieurs seigneuries et un nombre plus élevé encore de gentilshommes ; ceux-ci se rencontraient fréquemment et souvent de façon conflictuelle, notamment parce qu’ils entraient en compétition pour les prééminences honorifiques dans l’église paroissiale. Quant aux paysans, ils considéraient les nobles comme membres à part entière de la communauté, comme le montre le plus célèbre des textes revendicatifs de la révolte des Bonnets rouges en 1675.
11Cette nette supériorité des densités nobiliaires bretonnes et normandes dans l’espace français existait dès la fin du XVe siècle ; on la retrouve dans les rôles du ban et arrière-ban tant bretons que normands9 ; c’était donc une caractéristique de longue durée. En Bretagne, c’est pendant trois siècles, entre 1426 et 1710, que l’on peut observer la reproduction sensiblement à l’identique de la répartition géographique de la noblesse10. Une certaine densité de petits nobles dans l’évêché de Saint-Brieuc semble même apparaître déjà dans le rôle de l’ost de 1294. L’un des problèmes majeurs est donc d’expliquer ces densités élevées.
Périls et atouts : la situation littorale
12Une première explication de ce peuplement doit donc être recherchée en partie dans un passé lointain. L’opposition entre les fortes densités des littoraux de la Manche, d’une part, et les densités moindres du littoral atlantique, de l’autre, me suggère que les noblesses littorales septentrionales descendaient de populations de limitanei, expression que j’emprunte au Bas-Empire romain, c’est-à-dire de colons que jadis les grands seigneurs locaux auraient installés sur de petits fiefs littoraux pour assurer la défense de la côte.
13En outre, la densité du peuplement sur le littoral et sa progressive diminution vers l’intérieur des terres étaient directement déterminées par les atouts économiques qu’offrait cette situation. La mer favorisait l’exportation des grains et offrait des possibilités d’activités spécifiques, le commerce, la pêche, les carrières de marin. Les noblesses littorales s’y sont adonnées très tôt, mais inégalement selon les provinces.
14À Saint-Malo et Morlaix, dès la fin du XVe siècle, de petits feudataires11 avaient une activité de négoce maritime12 et savaient s’associer comme « parczonniers » dans la propriété d’un navire. Le problème est qu’il est difficile de préciser si ces négociants teneurs de fiefs étaient des nobles ou des roturiers en voie d’ascension sociale. Mais François Du Quelennec, issu d’une famille de moyenne noblesse, avait un navire de 200 tonneaux avec lequel il ne dédaignait pas de faire du commerce en Angleterre en 1492, ni de s’adonner à la piraterie13 en 1486.
15L’investissement des nobles dans les activités maritimes était sans doute facilité par le fait qu’au début du XVIe siècle, ces dernières n’étaient pas concentrées dans les villes. Sur le littoral, et un littoral rural, des nobles d’épée aussi possédaient des nefs, comme, en 1503, le sire du Guémadeuc14, un riche seigneur banneret de l’évêché de Saint-Brieuc. Vers 1516 près de Lannion, le seigneur de Coëtredrez faisait même construire, sur sa seigneurie, un « grant navire » de 1 200 tonneaux15, une caraque !
16Au nord du Cotentin de même, des cousins de Gouberville16 étaient armateurs et pratiquaient sans doute la pêche à la morue. Gouberville trouve sa cousine de Fermanville « sur le bort de la mer, dedens son navire qu’elle faisoit faire » (15 avril 1549), sans doute pour surveiller le chantier. Le mot « navire » désigne, comme la nef, un bâtiment d’un certain tonnage susceptible d’être renforcé de châteaux à la poupe et à la proue17 et celui-ci devait être destiné à la pêche à la morue, car Fermanville plus tard (25 août 1553) en donne à son cousin, qui lui-même avait et vendit un mât (28 août 1551).
17Ces activités maritimes avaient des prolongements guerriers. Le premier était la course, pratiquée par de petits nobles18 dès le XVIe siècle en Bretagne et en Normandie. Le filleul de Gouberville, Raffoville, a connu un grand succès comme corsaire, puisqu’en février 1557 il a fait des prises estimées à 200 000 ducats, sans doute sur un galion espagnol, ce qui lui permettait d’ailleurs d’exercer une véritable domination sur le pays.
18Le second prolongement militaire était le service militaire du ban et arrière-ban qu’en temps de guerre, des nobles du littoral breton effectuaient sur des navires, comme pendant la guerre contre Charles VIII, puis en 1513 lorsque des centaines de nobles19 de l’évêché de Léon périrent à bord de la fameuse caraque La Cordelière. Ainsi l’emploi dans l’armée régulière n’était-il pas la seule façon d’assumer la profession de la noblesse, le service des armes.
19Plus tard, avec la croissance des navires, en Bretagne les activités maritimes se sont concentrées dans de grands ports et maints nobles bretons ont pratiqué la course à Saint-Malo, où quelques-uns se sont enrichis, particulièrement le père de Chateaubriand. En revanche la noblesse bas-normande s’est détournée de ces activités, à cause notamment sans doute de l’absence de ports entre Granville et Honfleur.
Des droits successoraux diversement inégalitaires
20Le droit successoral conditionne la reproduction de la population. Or les droits successoraux normand et breton étaient d’esprits différents parce que ces coutumes étaient nées au Moyen Âge en de grands fiefs et des populations d’origines différentes.
21En Bretagne, comme en d’autres provinces de l’Ouest, existait un droit de partage noble, c’est-à-dire un droit spécifique aux nobles, qui constituait donc une distinction personnelle. C’est pourquoi, lors de la réformation de la noblesse en 1668, la pratique du partage noble par les familles a pu être le principal critère de preuve de leur noblesse20.
22En Normandie en revanche, « tout ce qui était dit du partage valait sans distinction de nobles ou de roturiers21 ». La seule distinction y concernait les terres, partables ou impartables. La distinction privilégiée était donc en Bretagne de nature personnelle et en Normandie de nature réelle.
23En Bretagne, où il ne s’appliquait qu’aux biens nobles, le partage noble inégalitaire était un droit d’aînesse forte, car l’aîné, fils ou fille, emportait, outre « le château ou principal manoir », les deux tiers des biens nobles, et même leur totalité en succession collatérale. Les cadets se partageaient le tiers restant. Avant 1580, leur part leur était attribuée, soit seulement à titre d’usufruit, comme en Maine et Anjou, soit, quand ils étaient dits « juveigneurs d’aîné22 », en pouvant la transmettre à leurs héritiers. En 1580, la réformation de la coutume de Bretagne a généralisé pour les cadets le droit de tenir leur lot « à héritage », c’est-à-dire de le transmettre, ce qui était de nature à leur permettre de fonder un foyer. Comme d’autres au XVIe siècle, cette réformation a donc un peu limité l’inégalitarisme du partage noble.
24En Normandie, le droit successoral était égalitaire entre les fils. La part de ceux-ci n’était pas diminuée par les filles qui étaient exclues de l’héritage et n’avaient droit qu’à une dot quand elles étaient mariées. L’égalitarisme entre frères n’était modéré que par l’indivisibilité des fiefs. Le seul avantage de l’aîné était le préciput, le droit de choisir son lot le premier, et donc le fief principal.
25Le pays de Caux, enfin, constitue un intéressant cas particulier. La coutume de Caux prescrivait, entre frères, un droit d’aînesse forte : l’aîné héritant des deux tiers, les cadets se partageaient le dernier tiers, pour, jusqu’en 1583, ne tenir leur lot qu’en usufruit. Lors de la réforme en 1583, comme en Bretagne en 1580, la part usufruitière des cadets a été transformée en héritage, susceptible d’être transmise. En pays de Caux donc, le droit successoral était peu favorable aux cadets, qui n’étaient guère encouragés à avoir des enfants puisqu’ils n’auraient pas de fiefs à leur léguer.
26Or le peuplement nobiliaire y était moins dense qu’au sud de la Seine. Pour observer l’effet du seul droit successoral, indépendamment des autres facteurs, le gradient de décroissance vers l’intérieur des terres et l’attraction rouennaise, calculons les densités dans les seules élections littorales. En 1785, celles du pays de Caux avaient une densité moyenne de 0,383 (dont celle de Caudebec, de 0,191), celles de Basse-Normandie de 0,729, soit presque le double. Le droit successoral de Caux pourrait donc bien avoir été la cause de la faible densité de la population noble de ce pays.
27Il serait intéressant de reposer ce problème dès le XVIe siècle en étudiant les variations de densités et la structure des revenus dans les rôles du ban et arrière-ban, puisque l’on dispose entre autres de rôles de Caux23.
Noblesses et exercice des offices
28Une conséquence du niveau relativement élevé des densités nobiliaires, c’est qu’elles impliquent une proportion importante de noblesse petite ou pauvre, comme c’était le cas aussi en Castille. De ce fait, les relations avec les paysans étaient fréquentes et familières. En Bretagne, comme en Normandie, existait une plèbe nobiliaire dont les membres échangeaient des femmes avec les paysans aisés.
29C’est une erreur, en effet, d’associer à la noblesse l’idée de grande richesse et le second ordre était extraordinairement hétérogène du point de vue des fortunes foncières. Alors que les plus grandes familles ducales avaient un revenu de l’ordre de 100 000 livres, le revenu moyen des terres nobles24 était de 80 livres dans le bailliage de Caen en 1552, de 112 livres dans celui d’Évreux en 1562. C’est l’une des raisons pour lesquelles je situe Gouberville au bas de la moyenne noblesse, lequel avait environ 180 livres de revenus avec ses deux terres nobles, dont une seigneurie ayant juridiction. Dès 1469, bien des nobles normands étaient seigneurs seulement « d’une porcion de fief », un tiers ou un quart, dans la châtellenie de Gisors, un quart ou un huitième, dans la vicomté d’Évreux, où ils n’avaient ni « court ne usage25 ». En 1640 de même, dans le bailliage de Cotentin, Olivier Tréhet trouve 55 % de feudataires « peu riches », « hommes de peu », « hommes de rien » ( !) ; ces qualificatifs rejoignent la quantification faite dans l’élection de Bayeux où, en 1667, 36 % des teneurs de fiefs disposaient de moins de 500 livres.
30En Bretagne, l’importance de la petite noblesse est particulièrement illustrée par le fait que, lorsque le pouvoir royal a entrepris de réorganiser le ban et arrière-ban, il y a défini, en 1557, le service militaire d’une façon spécifique à cette province26, en y stipulant une forme de service « d’hommes de pied », alors que, de façon générale et pour une raison de dignité, la noblesse française préférait servir à cheval, fût-ce en formant une cavalerie légère. Cette réforme est d’autant plus significative qu’elle fit suite à une concertation avec une assemblée de la noblesse. Peu après effectivement, en 1569, nombre de feudataires du Porhoët27 se présentèrent comme arquebusiers à pied.
31Normands et Bretons28 exploitaient eux-mêmes leur terre. En Bretagne, des hommes de la noblesse moyenne ou petite exerçaient des offices de justice ou même de finances. Avant Charles IX, les offices supérieurs, royaux ou seigneuriaux, étaient à peu près monopolisés par la moyenne noblesse, les petits nobles étant souvent notaires. Aussi, dès la création du parlement de Bretagne en 1554, la majorité des conseillers bretons étaient-ils des nobles29. La formation de la noblesse parlementaire de Normandie n’est pas si différente, dont Jonathan Dewald30 montre que les nouveaux reçus sortaient de la noblesse rurale.
Noblesse pauvre, dérogeance et fiscalité directe
32Quant à la noblesse pauvre, la plèbe nobiliaire, on pourrait la définir comme la catégorie qui n’avait les moyens d’exercer aucune forme de service militaire, ni d’arborer aucun signe symbolique de supériorité. Mais la pertinence d’une telle définition est relativisée par la grande diversité des formes de service militaire. Après la création de la milice en 1688, les nobles pauvres ont pu y trouver d’humbles commandements. Au XVIe siècle, l’arrière-ban fournissait encore une opportunité de porter les armes même à ceux qui ne tenaient aucune terre noble, en faisant le service pour un feudataire inapte à servir lui-même. Ainsi l’homme de confiance de Gouberville, Cantepie, partit le 5 juin 1554 pour Coutances où « la monstre du ban » était convoquée le lendemain et où il cherchait à « fère le service pour quelque ung » ; et il dut trouver, car Gouberville ne le vit revenir « de la guerre » que le 31 août. Ce Cantepie est bien représentatif de la très petite noblesse du littoral de la Manche et des types d’activités qu’elle embrassait. Encore célibataire, il tenta sa chance sur un bateau corsaire ; marié à une bâtarde, sœur de son maître, il était assez aisé pour posséder un « harnais », un attelage de bœufs, et exploitait sans doute sa terre lui-même.
33On connaît comme une spécificité bretonne le droit d’exercer des activités dérogeantes sans perdre la noblesse, droit qu’on appelait la « noblesse dormante ». Ce droit avait été explicité par une constitution31 du duc Pierre en 1451, puis repris dans la coutume (art. 561). Pendant l’exercice d’une activité dérogeante, ces nobles devaient payer l’impôt direct, le fouage. Maints nobles bretons notaires étaient aussi greffiers ou même sergents32, activités qui impliquaient de faire de modestes débuts comme apprentis ou commis33. D’autres se faisaient marchands et fréquentaient, parfois avec leur épouse, les marchés et les tavernes34. Beaucoup étaient taverniers, activité qui nécessitait encore un capital35 non négligeable. D’autres prenaient des fermes de revenus à lever : de dîmes36, de seigneurie ou d’un devoir seigneurial37. Tous avaient des relations très proches avec les roturiers dont ils partageaient la sociabilité.
34En Normandie au XVIIe siècle, Antoine Follain observe une banalisation de l’état de dérogeance. Or ici non plus ce dernier ne faisait perdre la noblesse. En droit, non seulement un noble, qui pouvait montrer que c’était par erreur qu’il était inscrit sur le rôle de taille, s’en faisait rayer avec une sentence de l’élection38, mais, surtout, s’il avait exercé une activité dérogeante à laquelle il mettait un terme, il lui suffisait de prendre des lettres de « réhabilitation39 », de rappel, d’une façon que d’ailleurs on connaît mal. Ainsi les nobles normands avaient-ils finalement les mêmes avantages que ceux qu’assurait le droit breton de noblesse dormante, au prix sans doute d’une plus grande tracasserie administrative pour obtenir les lettres de réhabilitation. Pour ceux qui n’avaient pas un patrimoine suffisant, ces possibilités d’exercer des activités économiques les ont fortement aidés à se reproduire et réintégrer la noblesse, ce qui a contribué aux niveaux élevés de ses effectifs.
35L’existence de cette noblesse pauvre dans la longue durée impulsait deux sortes de flux entre la noblesse et les élites rurales roturières. D’une part, les nobles dérogeants perdaient leur privilège et s’intégraient à la roture pour plus ou moins longtemps. De l’autre, l’existence même des nobles dérogeants facilitait les tentatives des roturiers aisés à se faire passer pour nobles, puisqu’ils pouvaient présenter leurs activités passées pour une dérogeance provisoire. En Bretagne, c’est dès la fin du XVe et au début du XVIe siècle que les communautés d’habitants se plaignaient de ce que nombre de « partables » aisés s’exemptaient du paiement du fouage en se disant nobles. Le fouage, l’impôt direct ducal, avait, en effet, atteint son poids maximal à la fin de la période ducale à cause de l’effort de guerre face à la menace royale. C’est notamment ce désordre fiscal qui conduisit le pouvoir ducal à ordonner des « réformations » en 1478 et 1513. Antoine Follain observe des tentatives analogues de s’exempter de l’impôt direct au XVIIe siècle en Normandie, dont on sait combien l’imposition y était lourde. Selon la conjoncture, le poids de la fiscalité directe et le privilège nobiliaire ont ainsi pu être des causes d’un flux d’anoblissement par agrégation dans les deux provinces. Ces deux flux alimentaient une marche sociale intermédiaire entre le deuxième et le troisième ordre, surtout avant la recherche de noblesse de Colbert.
Un emploi très minoritaire dans l’armée royale
36C’est dans toutes les provinces que les nobles étaient trop nombreux pour être tous employés dans l’armée royale. La solde des compagnies d’ordonnance était un poids considérable pour les finances royales et il aurait été absolument impossible d’y employer tous les nobles. Cela ne signifie pas que les autres n’assumaient pas ce qui était la profession de la noblesse, le service des armes. C’est qu’au XVIe siècle encore, l’institution dans laquelle la noblesse effectuait normalement ce service n’était pas l’armée permanente, mais le ban et arrière-ban.
37Les feudataires employés dans les troupes réglées sont indiqués dans les rôles de l’arrière-ban en principe de façon exhaustive, car cet emploi était un motif d’exemption du service féodal. Il s’avère ainsi que, du point de vue de l’emploi dans l’armée régulière, les variations sont grandes entre plusieurs types de provinces.
38La proportion des feudataires employés dans les troupes réglées était particulièrement basse en Bretagne et en Normandie : 2,8 % en Porhoët en 1569, 4,6 % dans le grand bailliage de Caen en 1552, beaucoup moins qu’en Champagne et en Bourgogne, provinces frontalières, où la proportion s’élevait à 15 % et 23 %. En 1666 dans l’élection de Bayeux40, seulement 13 % des nobles étaient des militaires de carrière. La moindre militarisation globale des noblesses normande et bretonne se retrouve au XVIIIe siècle lorsque l’on calcule des ratios par provinces entre un effectif d’officiers militaires et celui de la province41.
39Il ne s’agit pas seulement d’un simple effet arithmétique, dû à l’effectif élevé des noblesses normande et bretonne. Il s’explique par une offre d’emplois moindre, mais aussi peut-être par une moindre demande.
40Offre moindre : de compagnies d’ordonnance, le pouvoir royal n’en entretenait en Bretagne, avant les guerres de Religion, que trois42, et quatre en Normandie, sur un total de l’ordre de 60, soit seulement 7 % pour des provinces qui formaient le quart nord-ouest des frontières. C’est que pour la défense du littoral, le pouvoir royal faisait confiance aux milices territoriales, arrière-ban et garde-côtes. C’est une des raisons pour lesquelles, au XVIe siècle, les grandes maisons nobles bretonnes ont établi peu des leurs comme capitaines de compagnies d’ordonnance : trois, les Rieux, et seulement deux, les Rohan et les Tournemine, contre cinq ou sept à des maisons d’origine étrangère, sept les Gonzague et les La Marck, cinq les Clèves et les Luxembourg, cinq aussi des maisons du centre du domaine royal, Bueil, Chabannes, Foix, Gouffier, sans compter les quatorze capitaines de la maison de Lorraine.
41Or les compagnies d’ordonnance étaient, à côté des parlements, un des noyaux de l’État. Ce faible nombre de compagnies en Bretagne et en Normandie n’a pas contribué à resserrer les liens entre ces noblesses et le pouvoir royal.
42D’autres causes, il est vrai, furent l’extinction des Laval et la conversion des Rohan au protestantisme. Mais peut-être la demande d’emplois dans les troupes réglées a-t-elle été moindre aussi. Alors qu’en Bourgogne, nombreuses étaient les familles qui établissaient plusieurs fils dans l’armée, en Bretagne elles étaient rares, et nombreuses au contraire celles qui n’en établissaient aucun. C’est que le service dans les troupes réglées se faisait généralement au loin, dans les provinces frontalières continentales, loin de celles de l’Ouest. Or les déplacements étaient très coûteux, excessivement pour les familles de la petite et pauvre noblesse.
43À cette explication économique, faut-il en ajouter une autre, de l’ordre des mentalités, une répulsion à sortir de la Bretagne ? Brantôme porte au crédit de Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues, qui fut gouverneur de Bretagne de 1565 à sa mort en 1569, de s’être fait
« fort aymer à la noblesse de là ; si bien qu’on luy donna ceste réputation d’avoir eu le crédit de l’avoir faicte sortir hors de son pays, et de l’avoir menée où bon luy sembloit, et despaysée ; ce que gouverneur de longtemps n’avoit faict, ny sceu faire43 ».
44Les transformations du XVIIe siècle ont mis plus que jamais la plus petite noblesse dans l’impossibilité d’assumer toute forme de service militaire. S’engager comme simple soldat est devenu indigne de la condition de gentilhomme, surtout dans l’infanterie, en raison notamment de la sévère discipline imposée à partir de Louvois. Au XVIIIe siècle, quelques nobles s’engageaient encore comme soldats, même dans l’infanterie, en premier lieu des Normands44. Les commandements dans l’armée royale sont devenus plus nombreux mais plus coûteux que jamais. Ceux de la cavalerie n’étaient accessibles qu’à la moyenne noblesse ; la charge de capitaine d’infanterie ne l’était, à la petite noblesse, qu’avec beaucoup de difficultés, et la plèbe nobiliaire ne pouvait espérer un commandement que dans la milice. Ainsi la disparition de l’arrière-ban a-t-elle coupé la noblesse pauvre du service des armes.
Une faible urbanisation
45En France45 de façon générale, les nobles citadins étaient peu nombreux par rapport à la population nobiliaire totale, c’est-à-dire que la noblesse restait peu urbanisée. Les rôles de capitation permettent de mesurer le niveau d’urbanisation au XVIIIe siècle en calculant la proportion des nobles qui demeuraient dans la ville chef-lieu. Les nobles étaient peu nombreux dans les villes, mais spécialement en Normandie et plus encore en Bretagne46. La généralité de Caen47 avait un niveau d’urbanisation intermédiaire. Certes la proportion de population noble dans la ville pouvait être supérieure à ce qu’elle était dans l’ensemble de la population : 6 % à Alençon48. Mais les nobles citadins étaient peu nombreux par rapport aux élites urbaines, si bien que, généralement, ils ne participaient guère au pouvoir municipal.
46L’urbanisation de la noblesse dépendait d’abord de la force d’attraction des villes en raison de leurs fonctions. Rouen et Caen, chefs-lieux de généralités, étaient habités par plus de la moitié de la noblesse de leur élection. D’autant que, rappelons-le, les rôles de capitation des nobles ne comprennent pas les officiers, dont certains étaient nobles, si bien que l’urbanisation de la noblesse dans les sièges de cours souveraines était bien supérieure à ce qu’indiquent nos calculs. Le nombre des parlementaires normands nobles peut être évalué à 90 environ. À Rouen, la part des nobles de l’élection était de 73 %, 78 % avec les parlementaires. Les fonctions de cette très grande ville, port et siège d’un parlement, en ont fait une forte concentration nobiliaire. Il en a résulté, au XVIIe siècle, des hôtels aristocratiques49 qui ont été le modèle, au Temps des Lumières, de dizaines d’hôtels du riche négoce.
47Nantes, grand port et siège d’une chambre des comptes, était un peu analogue et rassemblait 45 % de la noblesse de l’évêché. La noblesse, composée pour l’essentiel de vieux lignages de magistrats, y participait à l’exercice du pouvoir municipal et détenait fréquemment la charge de maire50. Ports dynamiques, Nantes et Saint-Malo attirèrent au XVIIIe siècle de jeunes nobles pauvres qui venaient y tenter leur chance dans les carrières de la marine.
48Une population assez nombreuse à venir habiter en ville enfin était celle des femmes « seules », c’est-à-dire en fait veuves ou célibataires, parmi lesquelles des femmes nobles. Leurs requêtes pour obtenir un dégrèvement fiscal décrivent leur situation parfois difficile, comme, à Caen, cette veuve d’un écuyer qui a dû se retirer dans une chambre « où elle travaille journellement51 ».
Insertion dans les institutions royales
49Une institution royale, comme Saint-Cyr, peut devenir un indice de l’insertion d’une noblesse provinciale quand on rapporte, par province, les effectifs de ses membres ou de ses pensionnaires à l’effectif total. Ainsi des 3 260 filles nobles placées à Saint-Cyr, leurs origines géographiques52 se répartissent selon un modèle centre-périphérie centré sur Versailles, mais qui présente plusieurs distorsions très significatives. Dans le Bassin parisien tout d’abord, les Normandes et les Picardes y furent beaucoup plus nombreuses que les filles des provinces au sud et au sud-est de Paris, ce qui est bien conforme à la décroissance des densités nobiliaires dans ces directions. Sur l’axe ouest-est, à égales distances du centre, la noblesse bretonne n’avait pas plus de filles à Saint-Cyr que les noblesses de l’Est, aux densités pourtant beaucoup plus faibles. C’est que les demoiselles devaient être filles de militaires ; or la noblesse bretonne, on vient de le voir, eu égard à ses effectifs, établissait peu de fils dans l’armée. La plèbe nobiliaire ne satisfaisait pas aux conditions d’accès à Saint-Cyr parce qu’elle n’avait pas les moyens d’établir des fils comme militaires et, au surplus, parce qu’elle devait manquer d’appuis pour présenter la demande. On pourrait s’étonner alors que la noblesse normande, qu’on vient de voir relativement peu militarisée, ait pu placer tant de fillettes à Saint-Cyr : or justement, la prépondérance normande dans cette institution a diminué progressivement tout au long de la période. Du moins, juste après la fondation de l’École, la noblesse normande a-t-elle réussi à y placer nombre de ses filles, à la différence de la noblesse bretonne. Cette dernière paraît ainsi avoir été moins franchement liée au pouvoir royal.
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50Pour conclure, les noblesses de Normandie et de Bretagne avaient en commun plusieurs caractères qui étaient liés. Elles avaient les densités les plus élevées et une forte proportion de noblesse petite et pauvre. Ces densités étaient permises par les atouts de la situation littorale et par des possibilités d’accommodement avec l’interdiction de dérogeance. Leurs variations s’expliquent en partie par les droits successoraux. C’étaient ces noblesses qui établissaient le moins d’hommes comme officiers militaires, à la fois parce que le pouvoir royal offrait des emplois surtout dans les provinces frontalières continentales et parce que beaucoup de familles ne pouvaient faire face aux coûts, ni d’un service lointain, ni de celui de la marine de guerre. Enfin elles étaient peu urbanisées, particulièrement en Bretagne. Ces deux dernières caractéristiques ont contribué à les relier au pouvoir central de façon relativement lâche et lointaine.
Annexe
ANNEXE
Densités et taux de variation annuels en Normandie et en Bretagne (vers 1700-vers 1785)

Sup. : superficies (km2) ; d : densité de population nobiliaire ; t : taux de variation annuels.
Notes de bas de page
1 On en trouvera cependant une mesure en annexe avec, à partir des cotes de capitation, les taux annuels de variation par élections ou diocèses. Au XVIIIe siècle, les noblesses de toutes les circonscriptions présentent une baisse, sauf deux évêchés bretons.
2 Pierre Chaunu, La civilisation de l’Europe classique, Paris, Arthaud, 1984, chap. v.
3 Annie Molinie-Bertrand, « Les “hidalgos” dans le royaume de Castille à la fin du XVIe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, vol. 52, no 1, 1974, p. 51-82.
4 Jean-Marie Constant, « Une voie nouvelle pour connaître le nombre des nobles aux XVIe et XVIIe siècles : les notions de “densité et d’espace” nobiliaires », La France d’Ancien Régime. Études réunies en l’honneur de Pierre Goubert, Paris-Toulouse, Société de démographie historique-Privat, 1984.
5 Pour une synthèse récente, Michel Nassiet, « Les effectifs de la noblesse en France sous l’Ancien Régime », Michel Figeac et Jaroslaw Dumanowski (dir.) Noblesse française et noblesse polonaise. Mémoire, identité, culture, XVIe-XXe siècles, actes du colloque de Torun, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2006, p. 19-43. Pour une critique des sources, Michel Nassiet, « Le problème des effectifs de la noblesse dans la France du XVIIIe siècle », Association des historiens modernistes des universités, Bulletin, no 18, 1995, p. 97-121.
6 AD Loire-Atlantique, B 3484 ; AD Ille-et-Vilaine, C 4257-4274. AN, P 5269, P 5765. AD Seine-Maritime, C 311. Musée de Caen, coll. Mancel, ms. 275. Jacques Dupâquier, Statistiques démographiques du Bassin parisien, 1636-1720, Paris, Gauthier-Villars, 1977.
7 Michel Nassiet, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, XVe-XVIIIe siècles, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1993, p. 210 et p. 384 sq.
8 Amaury Du Rosel, La noblesse de la région de Vire, 1598-1789. Étude sociologique et démographique, thèse, université de Rennes 2, 2002, p. 50 et p. 39-44.
9 Michel Nassiet, « La noblesse en France au XVIe siècle d’après l’arrière-ban », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 46, no 1, janvier-mars 1999, p. 86-116.
10 Jean Kerhervé, L’État breton aux XIVe et XVe siècles, les ducs, l’argent et les hommes, Paris, Maloine, 1987, carte no 28. Jean Meyer, La noblesse bretonne au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1966. M. Nassiet, Noblesse et pauvreté […], op. cit., cartes p. 240-241.
11 Michel Nassiet, « Dictionnaire des feudataires de l’évêché de Tréguier », Société d’Émulation des Côtes-d’Armor, 1999, p. 3-76.
12 A. Dupuy, « Les Coatanlem », Bulletin de la Société académique de Brest, t. 5, 1877-1878 ; R. F. Le Men, « Coëtanlem », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 8, 1880-1881. Henri Touchard, Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967, p. 360 et 326.
13 H. Touchard, op. cit., p. 323 note 14 et p. 340 note 287.
14 D’après les lettres royales instituant le convoi, publiées par Arthur de La borderie, « Hervé de Porzmoguer », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 12, 1885, p. 117-128 (p. 124).
15 D’après le suppliant d’une lettre de rémission (AD Loire-Atlantique, B 23, fo 162 ro). En 1531, François Du Coin sieur de Kerengar posséde un navire à Camaret (ibid., B 33, fo 148).
16 Gilles de Gouberville, Le journal du sire de Gouberville, 4 vol., Bricqueboscq, les Éditions des Champs, 1993. Madeleine Foisil, Le sire de Gouberville, Paris, Aubier, 1981.
17 H. Touchard, op. cit., p. 317.
18 En août 1522, Olivier de Trevegat et Richard de Louenan avaient, dans la rivière d’Auray, « une barque equippee pour debvoir aller en guerre contre noz ennemys » (AD Loire-Atlantique, B 27, lettres de rémission à Pierre de Kerguiguin, gentilhomme de trente ans qui avait accepté de monter à bord).
19 François-Marie Luzel, « Documents inédits. Extrait d’un cahier appartenant à Hamon Du Louet », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 21, 1894, p. 426-457 (p. 428).
20 J. Meyer, op. cit., p. 108.
21 Jean Yver, cité par Laurent Bourquin, « Partage noble et droit d’aînesse dans les coutumes du royaume de France à l’époque moderne », L’identité nobiliaire. Dix siècles de métamorphoses (IXe-XIXe siècles), université du Maine (LHAMANS), Le Mans, Impr. Brunet, 1997, p. 136-165 (p. 141, 146). Pour les textes des coutumes, Bourdot de Richebourg, Nouveau Coutumier général, t. 4, Paris, 1724.
22 M. Nassiet, Noblesse et pauvreté […], op. cit., p. 61.
23 Sont conservés, pour 1567, les rôles des taxes du bailliage de Caen et des vicomtés de Coutances et Valognes (BNF, ms. fr. 21 540), et le rôle des taxes de Caux (BNF, ms. fr. 24 118). Pour 1568, le rôle de Caen (BNF, ms. fr. 24 115). Pour 1587, des rôles de Caux, Arques et Neuchâtel (BNF, ms. fr. 5355). Sur cette notion de rôles des taxes depuis 1556, M. Nassiet, « La noblesse en France au XVIe siècle d’après l’arrière-ban », op. cit., p. 102.
24 Ibid., M. Nassiet, p. 108. Émile Travers, Rôle du ban et de l’arrière-ban du bailliage de Caen en 1552, Rouen-Paris, 1901. P. F. Lebeurier., Rôle des taxes de l’arrière-ban du bailliage d’Évreux en 1562, Paris-Évreux-Rouen, 1861.
25 Théodose Bonnin, Monstres généralles de la noblesse du bailliage d’Évreux en MCCCCLXIX, Paris-Rouen, 1853. E. A. de La Roque, Traité du ban et arrière-ban, de son origine et de ses convocations anciennes et nouvelles […], Rouen, 1676.
26 Dom Hyacinthe Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1742, t. 3, 1187.
27 Gérard Sevegrand, « Le ban et l’arrière-ban du Porhoët au temps des guerres de religion », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, t. 99, 1996.
28 Comme Jean de Launay, seigneur du Val, près de Dinan, qui, à la fin août 1531, était en la cour de sa maison et surveillait le déchargement des gerbes de froment lorsqu’il tua un ennemi venu l’attaquer (AD Loire-Atlantique, B 35).
29 Michel Nassiet, « Noblesse et offices de justice en Bretagne au XVIe siècle », Bulletin de la Société d’Histoire moderne et contemporaine, no 3-4, p. 9-16. Michel Nassiet, Gérard Sèvegrand, « Les montres de l’archidiaconé de Dinan en 1534-1535 », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 105, p. 43-57.
30 Jonathan Dewald, The Formation of a Provincial Nobility. The Magistrates of the Parlement of Rouen (1499-1610), Princeton, Princeton University Press, 1980.
31 H. Morice, op. cit., t. 2, 1590. M. Nassiet, Noblesse et pauvreté […], op. cit., p. 82 et p. 434. J. Meyer, op. cit., p. 135.
32 Comme ces deux suppliants ayant commis un homicide et obtenu des lettres de rémission ; en 1518, Olivier Flouric, « jeune gentilhomme », est « tabellion et sergent » de la cour de Moncontour (AD Loire-Atlantique B 24, fo 299) ; Christophe Kerpenflec a été notaire de la cour de Saint-Renan, « et par aucun temps greffier d’icelle […] et de plusieurs cours inférieures […] hantant la pratique » (ibid., B 35, 29 octobre 1533).
33 En 1532, Jehan de Places, « gentilhomme » âgé de vingt-cinq ans, est commis de l’alloué de Montfort (ibid., B 34 fo 115 vo). Vers 1533, Guillaume Mallenffent avait seize ou dix-sept ans quand il fut « envoyé a pension » à Rennes pour apprendre la « praticque » auprès d’un procureur (ibid., B 36).
34 En 1538 à Locminé, Bernard de Coëtlagat, « gentilhomme » ayant femme et enfants, fait « traficque de marchandie, et ne sont ses biens suffizans pour autrement les povoir nourrir » ; il est mêlé à l’homicide d’un homme qui a agressé sa femme (ibid., B 38 fo 107 ro).
35 Michel Nassiet, « Les activités d’un petit noble au début du XVIe siècle d’après son inventaire après décès », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 100, 1993, p. 165-178. En 1521, Marc de Lourme tient « taverne et hostelerie » à Pipriac (AD Loire-Atlantique, B 26, rémission à Jacques Georges). Vers 1524 au port du Guildo, Maury de La Rivière vend du « vin en taverne en une maison » appartenant à son beau-père (ibid., B 29, rémission à lui). En 1523, Roland Harcouët, seigneur de Saint-Onen, et sa femme vendent du vin au bourg de Plenée dans la maison du seigneur de la Ville-Pierre et élèvent des vaches (ibid., B 29, rémission à Jean Sauvaget). En 1532, Charles Ramart vend du vin au bourg de Romillé (ibid., B 34 fo 116 ro). Azenore Penandreff, demoiselle, tient taverne « en une petite maison » après avoir été abandonnée par son mari vers 1505 (ibid., B 23 fo 193 vo).
36 En 1526, Gilles Sauvaiget, en Saint-Lourmel, se rend à Plancouët « en espoir d’affermer un troict de disme » appartenant à un seigneur (ibid., B 30, 21 juillet 1526).
37 Gilles Le Coainte, sieur de Quillien, afferma en 1528 la recette du droit de guet du château de La Chèze, dont la contestation par des tenanciers provoqua mort d’homme (ibid., B 32, 2 novembre 1530). Julien de La Saudraye sieur de Kerloes, écuyer, après avoir été homme d’armes dans une compagnie d’ordonnance, était en 1571 fermier général de la seigneurie de la Roche-Moyan (ibid., B 44, 21 février 1573).
38 Comme celle obtenue en 1542 de l’élection de Lisieux par deux fils cadets d’un bâtard de Harcourt : père Anselme, Histoire des grands officiers de la Couronne de France, Paris, 1726-1733, t. 5, p. 156.
39 Edmond Esmonin, La taille en Normandie au temps de Colbert, 1661-1683, Paris, 1913, Genève, Mégariotis Reprints, 1978, p. 231.
40 James B. Wood, The Nobility of the Election of Bayeux (1463-1666). Continuity through Change, Princeton, Princeton University Press, 1980.
41 Michel Nassiet, « La noblesse à l’époque moderne : une “démilitarisation” ? », Enquêtes et Documents, revue du CRHMA, Université de Nantes, 1998, p. 91-103.
42 1. – La compagnie du gouverneur, Jean de Laval baron de Chateaubriant, mort en 1543. 2. – Guy XVI comte de Laval, capitaine de gendarmes en 1527, mort en 1531, auquel succéda son fils Guy XVII, mort en 1547, puis René vicomte de Rohan, tué en 1552. 3. – Claude de Rieux, capitaine de gendarmes en 1527, mort en 1532 (Fleury Vindry, Dictionnaire de l’état-major français au XVIe siècle. I Gendarmerie, Paris, Cabinet de l’historiographe, 1901, p. 263, 338, 403).
43 Brantôme, Œuvres complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme, Paris, Société de l’Histoire de France, 1869-1876, t. 6, p. 50.
44 André Corvisier, L’armée française, Paris, PUF, 1964.
45 Pour une synthèse sur ce sujet, Laurent Bourquin, « La noblesse dans les villes françaises », Jean-Pierre Poussou (dir.), Les sociétés urbaines au XVIIe siècle. Angleterre, France, Espagne, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2007, p. 15-26.
46 Saint-Pol-de-Léon, 17 % ; Vannes, 9,6 % ; Tréguier, 6,7 % ; Saint-Malo et Dol 4,1 % ; Quimper 2,1 %.
47 Caen, 34 % ; Bayeux, 31 % ; Valognes, 26 % ; Coutances, 25 % ; Vire, 20 % ; Saint-Lô, 19 % ; Mortain, 7,4 % ; Carentan 7,2 %.
48 Sur cette ville moyenne, François-Joseph Ruggiu, Les élites et les villes moyennes en France et en Angleterre (XVIIe-XVIIIe siècles), L’Harmattan, Paris, 1997.
49 Jean-Pierre Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les mutations d’un espace social, Paris, SEDES, 1983, p. 92-93 et t. 2, tab. 46.
50 Guy Saupin, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, p. 320-321.
51 Arch. dép. Calvados, C 4681.
52 Dominique Picco, « Origines géographiques des demoiselles de Saint-Cyr (1686-1793) », Chantal Grell et Arnaud Ramière de Fortanier (dir.), L’Éducation des jeunes filles nobles en Europe, XVIIe-XVIIIe siècles, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2004, p. 107-126. Dominique Picco, « L’intégration des Aquitains aux structures royales à l’époque moderne », J. Pontet, J.-P. Jourdan, M. Boisson (dir.), À la recherche de l’Aquitaine, Centre aquitain d’Histoire moderne et contemporaine, 2003, p. 205-239. Fleury Vindry, Les demoiselles de Saint-Cyr (1686-1793), Champion, Paris, 1908.
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