Les frères de Bourbon-Vendôme : Charles, duc de Bourbon-Vendôme (1489-1537) ; François, comte de Saint-Pol (1491-1545) ; Louis, cardinal de Bourbon (1493-1557)
p. 443-454
Texte intégral
Introduction. Les trois frères de Bourbon
1Le titre de Bourbon est porté par les descendants de Robert de Clermont, sixième fils de Saint Louis. Cette branche cadette de la famille royale n’accède au trône qu’avec Henri IV en 1589. Charles de Bourbon, duc de Vendôme (1489-1537), François II de Bourbon, comte de Saint-Pol (1491-1545), et Louis, cardinal de Bourbon (1493-1557), qui nous intéressent ici, sont donc respectivement les grand-père et grands-oncles d’Henri IV1. Ils sont les fils de François Ier de Bourbon (1470-1495), comte de la Marche et de Vendôme, et de Marie de Luxembourg, dame de Saint-Pol. L’influence des trois fils est de nature différente. Tous trois sont des princes du sang, mais le comte de Saint-Pol ajoute à son sang royal la faveur du roi, qu’il semble posséder jusqu’à sa mort en 1545, tandis que Louis y ajoute la pourpre cardinalice. Charles de son côté ne semble pas avoir su (ou ne pas avoir pu) transformer son statut de chef de famille en celui de conseiller important ou de favori. Les Bourbon allient donc une activité guerrière à une place d’héritier au sein des Conseils. Cela ne les impose pas comme des conseillers de premier plan, mais comme des conseillers réguliers. Leur force réside notamment dans leur nombre. Les Lorraine ne peuvent aligner que deux frères (Claude de Guise et Jean, cardinal), lorsque des favoris comme Anne de Montmorency, Philippe Chabot ou Claude d’Annebault restent isolés, leurs frères, lorsqu’ils en ont, restant des personnages tout à fait secondaires.
Une famille de guerriers de sang royal
Les sentinelles du nord du royaume
2Sous le règne de François Ier, les Bourbon-Vendôme, possessionnés dans le nord du royaume se partagent la défense de la Picardie et de l’Île-de-France, la défense des deux provinces étant coordonnée après 15212. François de Bourbon crée la tige des Saint-Pol. C’est lui qui hérite des biens de sa mère Marie de Luxembourg qui se situent de part et d’autre de la frontière picarde, notamment le comté de Saint-Pol dont l’intérêt stratégique ne saurait être surestimé. De son côté, Charles est gouverneur de l’Île-de-France de 1515 à 1519. Il devient cette année-là gouverneur de Picardie (jusqu’à sa mort en 1537, avec quelques interruptions). En 1523, il récupère le gouvernement de l’Île-de-France, qui a été occupé entre-temps par son frère François3. Saint-Pol devient également en 1526 gouverneur du Dauphiné, charge qu’il conserve jusqu’à sa mort4. Enfin, en 1543, à la mort de Chabot, il reçoit la charge de lieutenant au gouvernement de Normandie5. Toutefois, il est démis de cette charge dès le 6 décembre 1543, en faveur du maréchal d’Annebault, sans que cela ne semble être le fruit d’une quelconque disgrâce6. Dans le cas du comte de Saint-Pol, la fonction de gouverneur, importante, est toutefois moins importante que celle de commandant militaire, notamment dans les campagnes d’Italie.
Combattre au loin : les guerres d’Italie
3François de Bourbon, comte de Saint-Pol combat à Marignan et il est désigné par François Ier dans une lettre à sa mère comme étant l’un des deux combattants avec le connétable à s’être le plus distingué dans la bataille7. Saint-Pol se distingue de ce point de vue de son frère Charles, qui n’est pas considéré comme un commandant de premier ordre et qui donc n’est pas régulièrement appelé dans les campagnes italiennes8 ; François de Bourbon occupe des fonctions militaires importantes grâce auxquelles il s’illustre. Il secourt Mézières en 15219. En 1524, il est en Italie pour repousser l’armée de Lannoy. Au terme de cette campagne désastreuse du début de 1524, c’est lui qui commande la retraite10. Il franchit à nouveau les Alpes, avec le roi cette fois-ci, dans le cadre de la campagne qui mène à la bataille de Pavie, à l’issue de laquelle il est fait prisonnier11. Lors de la reprise des hostilités, le commandement de l’armée d’Italie du Nord lui est confié « au grand contentement de la noblesse de France12 ». Bien commencée, par la reprise de Pavie, la campagne se complique avec la défection de Gênes13. Au terme d’une campagne semée d’embûches, Saint-Pol est à nouveau fait prisonnier par les impériaux en juin 1529 près de Landriano, non sans avoir eu au cours des combats un comportement héroïque14. Il est fait prisonnier et libéré aux lendemains de la paix de Cambrai (août 1529). Il est à nouveau en Italie en 1536. Il attaque d’abord la Bresse et le Bugey, puis entre en Savoie15. Toutefois, c’est l’amiral Chabot qui est nommé lieutenant général du roi pour la guerre en Italie après une longue discussion au Conseil « per rispetto de San Polo » qui pouvait prétendre au titre16. Chabot quitte la cour le 6 mars 1536 et parvient à Suse à la fin du mois. Il semble que le comte de Saint-Pol, refusant de servir sous les ordres de Chabot, rentre alors en France le 23 mars.
4Trois éléments expliquent donc la présence ponctuelle et régulière des frères de Bourbon, et notamment de Saint-Pol, au Conseil du roi : ils sont de sang royal ; ils sont responsables de la défense de provinces clés ; enfin, dans le cas de Saint-Pol, on a affaire à l’un des tout premiers chefs de guerre du royaume. Logiquement, le roi juge donc pertinent de le consulter lors des sessions qui portent sur les questions militaires. Toutefois, avant de revenir sur la présence de la fratrie Bourbon au Conseil, il est essentiel de faire un détour par un événement qui aurait pu mettre en péril leur destin au Conseil et à la cour : la trahison de leur cousin le connétable de Bourbon dont Charles de Bourbon-Vendôme, aussi bien que François, comte de Saint-Pol, étaient très proches.
La trahison du connétable de Bourbon et Pavie
La trahison du connétable de Bourbon
5En effet, au terme de plusieurs années d’affronts, le connétable de Bourbon franchit le pas et s’enfuit du royaume de France en septembre 152317. Alors même que le roi a clairement poussé le connétable à la faute, il semble qu’il y a un moment de flottement dans les semaines qui suivent la trahison et que le roi doute alors de tout le monde18. Une suspicion toute particulière pèse sur la personne de Charles de Bourbon-Vendôme. L’empereur, mais aussi Marguerite d’Autriche, parlent souvent de la clientèle du connétable de Bourbon et des principaux vassaux susceptibles de le suivre dans sa révolte. Parmi les noms qui reviennent le plus souvent, on trouve Antoine de Lorraine, Charles de Bourbon-Vendôme et le comte de Saint-Pol ainsi que le roi de Navarre, Henri d’Albret19. Le bruit court même un moment que Saint-Pol a fui avec le connétable et qu’en conséquence, le roi s’est assuré de la personne de son frère Charles20. Il est vrai que les liens familiaux et personnels entre les frères de Vendôme et le connétable plaident contre eux. Les deux Charles de Bourbon ont en commun de s’être trouvé à la tête de leur branche respective. Leurs pères, François de Vendôme et Gilbert de Montpensier étaient proches, compagnons d’armes des campagnes d’Italie de Charles VIII, tués au cours d’elles. Montpensier comme Vendôme sont des guerriers. Les liens matrimoniaux sont forts : Louise de Montpensier épouse un oncle de Charles de Vendôme, tandis que Renée de Montpensier et Antoinette de Vendôme épousent respectivement les deux frères Antoine de Lorraine et Claude de Guise. Le comte de Saint-Pol figure par ailleurs parmi les plus proches amis de Charles de Montpensier21.
6Et pourtant, Charles de Bourbon-Vendôme et ses frères restent fidèles à François Ier, contre leur cousin le connétable. D’ailleurs, si le roi a peut-être douté, aux lendemains immédiats de la révolte, de la fidélité des Vendôme, il ne tarde pas à leur réaffirmer sa confiance. Ainsi, Charles de Bourbon, après avoir été convoqué à la cour en août 1523, repart de Lyon dès octobre pour se rendre à Paris en compagnie de l’archevêque d’Aix Pierre Filleul et de Philippe Chabot de Brion à Paris pour annoncer aux Parisiens que le roi l’envoie pour défendre la ville. Durant toute l’année 1524, il est en charge de la défense de la Picardie22. De son côté, François de Bourbon, comte de Saint-Pol joue avant la trahison du connétable un rôle tout à fait original qui s’explique sans doute par l’étroitesse de ses liens avec son cousin le connétable. Il est ainsi le pivot des tentatives de réconciliation entre le connétable et François Ier entre décembre 1522 et avril 152323. D’ailleurs, en mars 1523, lorsque François Ier confie au connétable une mission de police en Bourgogne, Brie et Champagne qui consiste à poursuivre les bandes qui pillent ces régions, il lui associe le duc de Vendôme, Saint-Pol et La Tremoille24.
7Malgré un moment de flottement, la trahison du connétable de Bourbon est donc sans grande conséquence pour les frères Bourbon. On ne peut donc être surpris lorsque, deux ans plus tard, au moment de la captivité du roi en Espagne à la suite du désastre de Pavie, Charles de Bourbon-Vendôme est appelé comme prince du sang à occuper des fonctions de premier plan, symboliquement tout au moins, au sein du Conseil.
L’opportunité d’un moment Bourbon ? La captivité du roi (1525)
8Au moment du départ du roi pour l’Italie en septembre 1524, Charles de Bourbon se voit confier la défense de la Picardie. Apprenant le désastre de Pavie, il décide de se rendre à Lyon pour voir Louise de Savoie. Selon les Mémoires des frères Du Bellay, une coalition anti-Duprat constituée notamment de conseillers du parlement de Paris essaie alors de lui faire prendre la place de la régente :
« Le duc de Vendosme, partant de Picardie pour venir à Lion devers madite dame, arrivé à Paris, luy fust remonstré par quelques-uns de ladite ville, et mesmes par de gros personnages, conseillers de la cour de Parlement, que luy estant la première personne et plus proche du sang […] à luy seul appartenoit le gouvernement du royaume ; et que, s’il le vouloit entreprendre, la ville de Paris, avecques toutes les autres bonne villes d’iceluy, luy assisteroient à ceste fin […] Charles, duc de Vendosmois, considérant que ceste novalité ne seroit seulement la ruine du Roy, mais aussi du royaume, et que madame la régente, ayant pris le maniement de affaires depuis le partement du Roy, eust trouvé estrange de s’en désister, et que finablement il en sourderoit une partialité en ce royaume, qui causeroit la ruine entière de ceste monarchie françoise, à ceste cause, leur feit response qu’il se retireroit à Lion, où tous les princes se devoient assembler, et que là seroit avisé au faict du roy et du bien public25. »
9Il reçoit toutefois le titre honorifique de chef du Conseil, que la régente lui a offert au nom du roi, ce qu’il accepte pour « leur faire service et à la chose publicque de France26 ». Il y a alors clairement une opportunité pour lui à jouer de son nom et de ses réseaux pour s’imposer. Pourtant, il n’est pas sûr du tout qu’il en ait eu la volonté politique. D’ailleurs, s’il peut, à l’occasion, être porté par une coalition souhaitant l’instrumentaliser, il doit faire face à une rude concurrence. D’abord, celle de cette tête politique qu’est Louise de Savoie. Ensuite, celle des favoris du roi, notamment Lautrec27. Ainsi, selon les espions de William Fitzwilliam en avril 1525 « Vandosme is chosen chief governor of France, with a council of twenty-four », ce qui signifie qu’il ne commande pas grand-chose. Ce qui est confirmé par un propos de Duprat à un agent impérial en avril 1525 auquel il dit que Vendôme ne peut rien faire « sans l’advis et conseil de XXIV personnaiges28 ».
10Fin mai 1525, les informateurs du roi d’Angleterre font parvenir à ce dernier des informations sur les tensions entre Vendôme et Lautrec29. Il est question en effet de faire de Lautrec un lieutenant général du royaume, sans doute à l’instigation de Louise de Savoie30. Quoi qu’il en soit, il semble que Lautrec a alors une grande influence au sein du Conseil de la régente31. Il semble également que Charles de Bourbon-Vendôme soit furieux de ce que Duprat et la régente soient parvenus à convaincre le duc d’Alençon, sans enfants, de faire du duc d’Orléans, second fils du roi, son héritier, au détriment de sa sœur Françoise, femme du duc de Vendôme32. Son frère Saint-Pol, évadé de sa prison, après avoir été blessé à Pavie, ne peut lui être d’aucun secours « à cause des playes qu’il eult à la journée, dont il est du tout impotent33 ».
11Il semble que Vendôme soit resté à la cour la plupart du temps de 1525-1526, mais qu’il ait souhaité en partir, comme en témoigne une lettre au roi, non daté :
« Monseigneur, après que je vois votre Reaume en seureté et que tous vos voisins vous demende paix […] sy vous senble que vous puisse servir en aultre lieu que ycy, il vous plaira m’en faire commandement34. »
12De son côté, l’ambassadeur de Praet rapporte les difficultés rencontrées par la régente en novembre 1525 et évoque « divers entendemens en ce royaulme et plusieurs gens de toutes sortes quy luy veullent du mal ». Toutefois, pour contrer la régente il fallait promouvoir quelqu’un de la plus haute aristocratie. Or, selon de Praet « ces trois frères de Vendosme », mais aussi la maison de Lorraine ne feraient pas cela, en grande partie, selon de Praet à cause de « la grosse obéissance estant en ce royaulme35 ». Il semble donc que Charles de Bourbon n’ait pas eu les moyens de s’imposer politiquement, même avec un roi prisonnier (mais, encore une fois, rien n’indique qu’il ait eu le désir de le faire).
13De manière plus générale, quelle appréciation peut-on porter sur l’influence de la fratrie Bourbon au Conseil et quelles en sont les constantes ?
La fratrie Bourbon au Conseil du roi
Le lourd nom de Bourbon
14Même une fois la trahison du connétable devenue un mauvais souvenir, le nom de Bourbon reste un poids. Marguerite de Navarre notamment est très critique à l’égard du duc de Vendôme dans un entretien de 1533 avec le duc de Norfolk dans lequel elle accuse Vendôme de déloyauté, ou, 15 ans plus tard, en 1548, dans son opposition au mariage de sa fille Jeanne avec Antoine de Bourbon, le fils de Charles36. De surcroît, lors des manœuvres autour des biens de Louise de Bourbon, sœur du connétable, le duc de Vendôme est à nouveau regardé avec suspicion. L’empereur veut que des concessions soient faites à Louise de Bourbon avant qu’il ne libère les enfants de France. Jean Du Bellay affirme dans une lettre :
« Je suys après pour persuader monsr de Vendosme, ce que je croy qu’il fera, d’envoyer vers madame la Princesse (Louise de Bourbon) affin de la faire venir a toute la voulenté du Roy. Mais, voyant les choses en telle aigreur, je ne m’y ose fourrer trop avant de peur qu’on ne voulust faire entrer les gens en souspecçon que ce que j’en feroye seroyt pour favoriser ou aud. sr de Vendosme - pour avoir prins quelque partie de nourriture en sa maison et que je luy en communicasse trop avant-ou par ce respect vouloir favoriser lad. Princesse mesmes, car vous sçavez qu’aulcunes foix on interprete ainsi les choses. […] P.S. […] Monsr de Vendosme a envoyé ou je vous disoye et en espere bonne responce. Dedans quattre jours, elle se pourra avoir37. »
15Quoi qu’il en soit, la place des Bourbons dans la famille royale leur assure une présence à toutes les cérémonies importantes. Ainsi, au moment de la rencontre d’Amiens, Wolsey décrit l’arrivée au-devant de lui de François Ier, accompagné du roi de Navarre, du cardinal de Bourbon, du duc de Vendôme, du comte de Saint-Pol, de Monsieur de Guise, Monsieur de Vaudémont, du grand maître, du sénéchal de Normandie et d’autres archevêques, évêques etc. Wolsey est ensuite accompagné par le cardinal de Lorraine dans ses appartements. Une fois installé, ce sont le cardinal de Bourbon et le duc de Vendôme qui viennent le chercher avec d’autres pour l’amener en présence des dames. Au terme de la rencontre avec les dames, ce sont le cardinal de Bourbon et le duc de Vendôme qui le ramènent chez lui. Le lendemain, le roi envoie le comte de Saint-Pol chercher Wolsey. Lors de la rencontre, Wolsey mentionne près du roi les trois Bourbons et le cardinal de Lorraine. Ensuite, lorsque Wolsey quitte Compiègne, il est accompagné par François Ier et de nombreux conseillers dont les trois Bourbons38.
Présence respective des trois frères au Conseil
16Toutefois, Charles de Bourbon ne se signale pas simplement par son rôle dans le protocole. En dehors de l’année 1525, les traces de sa présence au Conseil sont nombreuses39. De son côté, Louis de Bourbon ne figure pas parmi les prélats les plus actifs au Conseil, mais mérite d’être signalé car il est régulièrement sollicité à partir de 1523. Cette année-là, il est chargé de négocier avec les ambassadeurs de Charles Quint et ceux d’Henri VIII40. Après la défaite de Pavie, il est appelé au Conseil41. Il semble toutefois avoir été un personnage plutôt effacé dans ces Conseils, se concentrant sur le gouvernement de l’Île-de-France, en l’absence de Saint-Pol, et confessant lui-même être davantage fait pour le conseil que pour l’exécution42. Par la suite, son activité s’accélère, surtout à partir de la décennie 1530. Il est alors, à l’occasion, l’interlocuteur des ambassadeurs43. Il participe régulièrement au Conseil44 et multiplie les commissions financières45. Toutefois, Louis de Bourbon ne prend sa pleine mesure qu’à la fin de sa vie, sous le règne d’Henri II46. Sous le règne de François Ier, il est avant tout un prélat de cour, qui donne de l’allure et du relief à l’entourage royal. Le jour du mariage de la fille du roi, Madeleine, avec le roi d’Écosse, Jacques V, il célèbre une messe47. Il fait partie du cercle des familiers du roi, avec les fils de François Ier, la duchesse d’Étampes, la reine et le roi de Navarre, le connétable, le cardinal de Lorraine et son frère Saint-Pol48. Presque toujours à la cour, son influence est manifestement largement due à ses origines familiales, plus qu’à la faveur du roi ou à ses compétences techniques49. On le voit essentiellement avec le comte de Saint-Pol et le reste de sa famille. Les ambassadeurs évoquent d’ailleurs régulièrement « la casa de vandomo » avec ses deux têtes, Louis de Bourbon et Saint-Pol50.
17Avec ce dernier on a affaire à un cas qui diffère de celui de ses deux frères. Il est en effet beaucoup plus proche du souverain qu’ils ne le sont. Ainsi, lors de la rencontre d’Aigues-Mortes entre le roi et l’empereur, il est aux côtés de François Ier avec le cardinal de Lorraine et le connétable lorsque la galère du roi aborde celle de l’empereur51. Il est également auprès de son souverain lorsqu’il assiste, du balcon de l’hôtel de Montmorency à l’entrée de l’empereur dans Paris et lors de la réception qui a lieu ensuite au Louvre, il est vu discutant près d’une fenêtre avec le roi, la duchesse d’Étampes et le cardinal de Lorraine52. En juin 1541, il fait partie de la petite bande qui, avec l’amiral Chabot et Annebault aide le roi à attaquer un bosquet tenu par le dauphin Henri, le duc d’Orléans et leurs familiers53. Quelques mois plus tard, les mêmes compagnons de François Ier défient les fils du roi de courir des lances contre eux54. Dans les cérémonies officielles, il est toujours au plus proche de ce qui compte. Ainsi, pour la procession du corps du Christ en juin 1539, il est aux côtés du connétable « con la bachetta regale55 ». C’est sans doute cette proximité de tous les instants qui fait de lui l’un des hommes les plus influents du Conseil à certains moments du règne.
Le comte de Saint-Pol conseiller de François Ier
Le temps de Montmorency
18Le comte de Saint-Pol est manifestement plus influent que ses frères au sein du Conseil du roi. Parfois, notamment sur les projets matrimoniaux, il n’hésite pas à s’opposer au souverain. Ainsi, les projets de mariage entre Madeleine, la fille de François Ier, et le roi d’Écosse rencontrent le soutien de Montmorency et de la reine de Navarre, mais la résistance du cardinal de Lorraine et du comte de Saint-Pol qui veulent chacun marier la fille du roi à leur neveu56. De son côté, le duc de Vendôme espère marier sa fille à Jacques V d’Écosse57. Au moment de la baisse d’influence de Montmorency, Saint-Pol participe avec d’autres comme la duchesse d’Étampes et Annebault à essayer d’obtenir le retour en grâce rapide de l’amiral Chabot58. Saint-Pol siège à la très importante réunion du Conseil secret du 22 mai 1540 au cours de laquelle est traitée la question du mariage de l’infante d’Espagne avec le duc d’Orléans qui aurait permis à ce dernier d’être investi du Milanais à la condition expresse que la Savoie et le Piémont fussent restitués au duc Charles. Sont présents à cette réunion du Conseil, outre le roi, le dauphin, le cardinal de Lorraine, le connétable, Tournon, le chancelier Poyet, d’Annebault et Villandry59. Quelques semaines plus tard, Saint-Pol dîne en compagnie de Montmorency et du prince de La Roche-sur-Yon avec le nonce60.
Saint-Pol et l’après Montmorency ou la concurrence des chefs
19Après la disgrâce de Montmorency, la question se pose de savoir par qui le roi de France va le remplacer : les noms qui circulent sont ceux de Poyet, d’Annebault, Tournon et Saint-Pol61. Quoi qu’il en soit, Saint-Pol semble jouer avec d’autres la carte Chabot. Après la condamnation dont, à la surprise générale, l’amiral est l’objet le 8 février 1540, Saint-Pol se rend avec le duc d’Orléans, Annebault et le roi de Navarre pour le réconforter dans sa prison et ne cesse par la suite de plaider en sa faveur. Lors du retour en grâce de Chabot, Saint-Pol est souvent sollicité par l’amiral62. Son influence est alors telle que Matignon l’évoque le 2 août 1541 comme chef du Conseil Secret63. Deux ans plus tard, en septembre 1543, en l’absence de l’amiral d’Annebault, Martin Du Bellay se rend au Conseil où il trouve le roi en compagnie du comte de Saint-Pol et du cardinal de Tournon « qui avoit le maniement de ses affaires en l’absence de monseigneur l’amiral [sic pour Annebault]64 ».
Saint-Pol au Conseil en mars 1544
20Nous disposons sur le comte de Saint-Pol au Conseil du témoignage très vivant de Blaise de Monluc. La scène se passe en mars 1544 :
« Et sur le midy, monsieur l’admiral d’Annebaut me manda aller trouver le Roy qui estoit desjà entré en Conseil, là où assistoient monsieur de Sainct Pol, monsieur l’admiral, monsieur le grand escuyer Galliot, monsieur de Boissy, qui depuis a esté grand escuyer et deux ou trois autres, desquels il ne me souvient, et monsieur le Dauphin qui estoit debout derrière la chaire du Roy ; et n’y avoit assis que le Roy, monsieur de Sainct Pol près de luy, monsieur l’admiral de l’autre costé de la table, vis-à-vis dudit sieur de Sainct Pol. Et comme je feus dans la chambre, le Roy me dict : “Monluc, je veux que vous en retourniez en Piedmont porter ma deliberation et de mon conseil à monsieur d’Anguyen, et veux que vous entendiez icy la difficulté que nous faisons pour ne luy pouvoir bailler congé de donner bataille, comme il demande.” Et sur ce commanda à monsieur de Sainct Pol de parler. Alors ledit sieur de Sainct Pol proposa l’entreprinse de l’Empereur et du roy d’Angleterre, lesquels dans cinq ou six sepmaines avoient resolu entrer dans le royaume, l’un par un costé et l’autre l’autre, et que, si monsieur d’Anguyen perdoit la bataille, le royaume seroit en peril d’estre perdu […] falloit seulement se tenir sur la défensive, sans mettre rien au hazard d’une bataille […] Monsieur l’admiral en dict de mesmes, et tous les autres aussi, discourant chacun comme il luy plaisoit. Je trepignois de parler ; et, voulant interrompre lorsque monsieur Galiot opinoit, monsieur de Sainct Pol me fit signe de la main et me dict : “Tout beau ! tout beau !” ce qui me feit taire ; et vis que le Roy se print à rire. Monsieur le Dauphin n’opina point, et croy que c’estoit la coustume ; mais le Roy l’y feist assister, afin qu’il apprint, car devant ces princes il y a tousjours de belles opinions, non pas toujours bonnes. On ne parle pas à demy et tousjours à l’humeur du maistre. Je ne serois pas bon là, car je dis tousjours ce qu’il m’en semble. Alors le Roy me dit ces mots : “Avez-vous bien entendu, Monluc, les raisons qui m’esmeuvent à ne donner congé à monsieur d’Anguyen de combattre ny de rien hazarder ?” Je luy respondis que je l’avois bien entendu, mais que, s’il plaisoit à Sa Majesté me permettre de luy en dire mon advis, je le ferois fort volontiers, non que pour ce Sa Majesté en fist autre chose, sinon ce qu’elle et son conseil en avoient déterminé. Sa Majesté me dit qu’il le vouloit et que je luy en disse librement ce que m’en sembloit […] [suit le discours de Monluc dont il affirme qu’il s’“en souvient comme s’il n’y avoit que trois jours”. Pendant le discours] M. le Dauphin, qui estoit derrière la chaire du Roy et vis-à-vis de moy, me faisoit signe de la teste, qui me fit penser qu’il vouloit que je parlasse hardiment, ce que me donnoit plus de hardiesse […] [il poursuit son discours avec entrain] […] Monsieur le Dauphin s’en rioit derrière la chaire du Roy, continuant tousjours à me faire signe de la teste ; car, à ma mine, il sembloit que je feusse desjà au combat […] Le Roy, qui m’avoit fort bien escouté et qui prenoit plaisir à voir mon impatience, tourna les yeux devers monsieur de Sainct Pol, lequel luy dit alors « Monsieur, voudriez-vous bien changer d’opinion pour le dire de ce fol, qui ne se soucie que de combattre et n’a nulle considération du mal’heur que ce vous seroit, si perdions la bataille. C’est chose trop importante pour la remettre à la cervelle d’un jeune Gascon […] [Monluc poursuit son discours en se justifiant] […] Monsieur le Dauphin continuoit plus fort en riant à me faire signe, qui me donnoit encores une grand’hardiesse de parler. Tous les autres parloient et disoient que le Roy ne se devoit aucunement arrester à mes paroles. Monsieur l’admiral ne dit jamais mot, mais se sousrioit, et croy qu’il s’estoit apperçeu des signes que monsieur le Daulphin me faisoit, estant presque vis-à-vis l’un de l’autre. Monsieur de Sainct-Pol recharge encor, disant au Roy : “Quoy ? Monsieur, il semble que vous voulez changer d’opinion et vous attendre aux paroles de ce fol enragé !” Auquel le Roy respondit, disant : “Foy de gentilhomme, mon cousin, il m’a dit de si grandes raisons et me représente si bien le bon cœur de mes gens que je ne sçay que faire.” Lors ledict seigneur de Sainct Pol luy dit : “Je voy bien que vous estes desjà tourné.” Il ne pouvoit voir les signes que Monsieur le Dauphin me faisoit, car il avoit le dos tourné à luy, comme faisoit monsieur l’admiral. Sur quoy le Roy, addressant sa parole audit sieur admiral, luy dict qu’est-ce que luy en sembloit. Monsieur l’admiral se print encores à sousrire et luy respondit : “Sire, voulez-vous dire la vérité ? Vous avez belle envie de leur donner congé de combattre. Je ne vous asseureray pas, s’ils combattent, du gain ni de la perte, car il n’y a que Dieu qui le puisse sçavoir ; mais je vous obligeray bien ma vie et mon honneur que tous ceux-là qu’il vous a nommez combattront, et en gens de bien ; car je sçay ce qu’ils valent, pour les avoir commandez. Faictes une chose : nous cognoissons bien que vous estes a demy gaigné et que vous pendez plus du costé du combat que au contraire. Faictes vostre requeste à Dieu et le priez que, à ce coup, vous vueille ayder et conseiller ce que vous devez faire.” Alors le Roy leva les yeux au ciel et, joignant les mains, jettant le bonet sur la table, dict : “Mon Dieu, je te supplie qu’il te plaise me donner aujourd’huy le conseil de ce que je dois faire pour la conservation de mon royaume, et que le tout soit à ton honneur et à ta gloire.” Sur quoy monsieur l’admiral lui demanda : “Sire, quelle opinion vous prent-il à present ?” Le Roy, après avoir demeuré quelque peu, se tourna vers moy, disant comme en s’escriant : “Qu’ils combatent ! Qu’ils combatent ! – Or doncques, il n’en faut plus parler, dit monsieur l’admiral ; si vous perdez, vous seul serez cause de la perte, et si vous gaignez, pareillement ; et tout seul en aurez le contentement, en ayant donné seul le congé.” Alors le Roy et tous se levèrent, et moy je tressaillois d’aise. Sa Majesté se met à parler avec monsieur l’admiral […] Monsieur de Sainct Pol m’accosta et me disoit en riant : “Fol enragé, tu seras cause du plus grand bien qu’il pourroit venir au Roy, ou du plus grand mal.” Ledict sieur de Sainct Pol ne m’avoit rien dict pour hayne qu’il me portast, car il m’aimoit autant que capitaine de France et de longue main, m’ayant cognu du temps que j’estois à monsieur le mareschal de Foix65. »
21Comme on le voit dans ce texte, « Claude d’Annebault adopte une attitude surprenante, qui laisse à penser qu’il plaçait son avenir politique et sa “survie” au sommet de l’État avant l’intérêt du royaume, invoqué par Saint-Pol avec tant de force, à moins qu’il n’ait été réellement convaincu par la détermination et les arguments du Gascon66 ».
Saint-Pol et l’après Chabot ou la concurrence des chefs bis
22Le titre de Saint-Pol et son expérience militaire l’imposent au Conseil en même temps qu’ils limitent son influence : il n’est pas consulté sur les affaires diplomatiques ou sur les affaires financières. Toutefois, il semble qu’il fasse figure de troisième homme fort du Conseil après Annebault et Tournon, mais devant les cardinaux de Lorraine et de Ferrare67. À sa mort, il laisse le champ libre à l’amiral et au cardinal :
« Le roy lors qu’il [Saint-Pol] mourut, se gouvernoit fort pour son Conseil, tant le tenoit bon capitaine pour le faict de la guerre, ainsy qu’il faisoit de M. l’admiral d’Annebaut ; car M. le connestable estoit retiré en sa maison ; et ces deux restarent fort les favoris du roy et grands conseillers, et M. Le cardinal de Tournon, sage prélat68. »
23Il est vraisemblable que Saint-Pol est souvent consulté sur les questions militaires ou sur celles qui touchent aux affaires de la famille royale, comme les mariages. En revanche, il est significatif qu’il ne soit pas dans la liste des conseillers que « le Roy veult entrer en son Conseil pour le fait de ses finances69 ». Il est également vraisemblable que François Ier s’est un peu méfié du nom de Bourbon. D’après Brantôme, il n’aurait pas hésité à l’humilier lorsqu’il se permit de l’appeler « Monsieur » comme le faisait son frère aîné Charles de Vendôme.
« Pour parler de M. de Sainct-Pol, frère de M. de Vandosme, qui a esté en son temps un très vaillant et hardy prince (car de ceste race de Bourbon il n’y en a point de poltrons, ils sont tous braves et vaillans, et n’ont jamais esté malades de la fiebvre poltronne) ; le roy François l’aymoit fort, et estoit de ses grandz favorys ; si que, voulant un jour un peu abuser de ceste faveur, il se mist à appeler le roy monsieur, ainsy que faisoit M. de Vandosme ; mais le roy luy dict que c’est tout ce qu’il pouvoit permettre à M. de Vandosme son aisné, et qu’il ne le pouvoit pas permettre au puisaisné ; et qu’il se contentast de la faveur qu’il en faisoit à l’aisné : dont plus il n’y retourna, car ce roy estoit fort scrupuleux et advisant de près sur les poincts de sa royauté, lesquels il entendoit mieux qu’homme du monde70. »
Conclusion
24Comme chef de la branche Bourbon-Vendôme, Charles se retrouve donc en première ligne du jeu politique, qu’il s’agisse de se méfier de lui comme prince du sang ou au contraire de lui confier des fonctions symboliques pour épauler une monarchie en crise dans le contexte de la captivité du roi en Espagne par exemple. Qu’il s’agisse de Charles, de François ou de Louis, leur présence régulière au Conseil ne doit pas masquer le fait qu’ils y sont présents de droit beaucoup plus qu’en raison de leurs mérites personnels. Par son nom, son sang et son rang, Charles est, avec ses frères appelé à être souvent dans l’entourage du roi, sans que pour autant on puisse attacher le personnage à une politique précise ou même à une faction identifiée. De ce point de vue, la trajectoire qui est la leur diffère sensiblement de celle d’un Jean de Lorraine, même s’il faut distinguer l’itinéraire de Charles de celui de François. La dynamique qui explique la présence du comte de Saint-Pol au Conseil du roi constitue en effet une sorte de mixte de celles qui y mènent son frère Charles ou son « cousin » le cardinal de Lorraine.
Notes de bas de page
1 En effet, Antoine de Bourbon, père du roi, est lui-même le fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme.
2 Sur le rôle de Charles de Bourbon comme gouverneur de Picardie et sur l’importance du comté de Saint-Pol dans ce dispositif, voir David Potter, War and Governement in the French provinces. Picardy 1470-1560, Cambridge, 1993.
3 CAF, IX, p. 225-226 et 228. Sur la succession de François à Charles devenu gouverneur de Picardie, comme gouverneur de l’Île-de-France, voir CAF, I, 202, 1124.
4 CAF, II, 206, 486 ; 223, 4943 ; 445, 5961 ; 653, 6944 ; CAF, IV, 117, 11531 ; 326, 12528 ; CAF, V, 761, 18629 ; CAF, VI, 121, 19517 ; 122, 19525 ; 126, 19544 ; 129, 19556 ; 131, 19568 ; 131, 19570 ; 134, 19583 ; 138, 19601 ; 141, 19618 ; 145, 19638 ; 147, 19648 ; 149, 19658 ; 151, 19669 ; 155, 19685 ; 179, 19811 ; 182, 19825 ; 183, 19827 ; 187, 19844 ; CAF, VII, 720, 28598.
5 CAF, VI, 694, 22528.
6 François Nawrocki, L’amiral Claude d’Annebault, thèse inédite de l’université Paris-IV, soutenue le 7 mars 2009, p. 321.
7 François Ier, Lettre de François Ier à la duchesse d’Angoulême, sur la bataille de Marignan. Collection complète, Petitot (éd.), vol. 17, Paris, 1827, p. 184-188.
8 David Potter, op. cit., p. 67. Son fils Antoine pâtit de la même réputation un peu mitigée de combattant.
9 Vincent J. Pitts, The Man Who Sacket Rome. Charles de Bourbon, Constable of France (1490-1527), New York, 1993, p. 227-229.
10 Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, t. I, p. 314. Le futur amiral d’Annebault est alors lieutenant de la compagnie de Saint-Pol.
11 Il est laissé pour mort jusqu’à ce qu’un maraudeur tente de lui couper le doigt pour récupérer une bague (Blaise de Monluc, Commentaires, Paris, 1964, p. 43 : « Lequel avoit esté laissé pour mort au camp, et despouillé tout en chemise ; mais un Espaignol, luy couppant un doigt pour avoir une bague, qu’il ne pouvoit luy arracher, le fit crier. ») Voir aussi Brantôme, Œuvres complètes, L. de Lalanne (éd.), Paris, 1864-1882, p. 203 : « A la bataille de Pavye, il se monstra tel qu’il estoit, car il y combattit si vaillamment qu’il fut trouvé après entre les morts, abboyant à la mort. Et, ainsy qu’un soldat commançoit à luy coupper un doigt pour en tirer une riche bague qu’il y avoit, sentit la douleur, et se mit à crier et se nommer ; dont le soldat le releva et mena à Pavye, où il fut sit bien pensé qu’il eschappa à la mort. Ainsy l’ay-je ouy conter à une dame de la court de ce temps-là. Et puis gaigna si bien ses gardes, qu’il sortit de prison et sauva sa rançon sans rien payer. »
12 ASV, Segr. Stato, Francia, 1, p. 210-222, Giovanni Salviati à Jacopo Salviati, 16 mai 1528.
13 Sur cette campagne, voir François Nawrocki, thèse citée, p. 97-102.
14 « [La victoire] ha dado prision San Polo y todos los coroneles y capitanos que con el estarran, y presa toda su artilleria y monicion que fraya y muertos. » (Antonio de Leyva à Marie de Hongrie, Milan, 25 juin 1529, AGR Belgique, Aud. 1518, liasse i, fo 84) et François Nawrocki, thèse citée, p. 100 qui évoque le témoignage de Claude d’Annebault sur l’héroïsme de Saint-Pol.
15 Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, t. II, p. 320.
16 ANG, I, p. 135, Carpi à Ricalcato, Lyon, 13 février 1536.
17 Sur le connétable de Bourbon, voir Vincent J. Pitts, op. cit., et Denis Crouzet, Charles de Bourbon, connétable de France, Paris, 2003.
18 LP, III, 3380, Brian Tuke à Surrey, The More, 1er octobre 1523 : « The French king heard this at Lyons, and was so afraid, he did not know whether to move or stay. He has kept the gates shut and watched continually. France is in “a marvellous rore” and they cannot tell who is on one side, and who on the other. There are daily arrests of lords. »
19 Vincent J. Pitts, op. cit., p. 271. Sur la mention des frères de Bourbon-Vendôme comme étant susceptibles de suivre leur cousin en raison de leurs possessions dans le nord du royaume, voir LP, III, ii, 2907 et 3308.
20 SP, VI, p. 194. Sampson et Jerningham à Henri VIII, Pampelune, 12 novembre 1523 : « It is allso seyd that Monsr de Seyntpoull is now with Monsr de Burbon, and allso for feare onlesse he wold the sam, the Frence King deteynith with Hym Monsr de Vandom. »
21 Sur ce parallèle entre les Bourbon-Montpensier et les Bourbon-Vendôme, voir Vincent J. Pitts, op. cit., p. 38.
22 Les Du Bellay se trompent sans doute sur les raisons qui conduisent au remplacement du duc de Vendôme par La Tremoille à la tête du gouvernement de Picardie en 1522 : « Le Roy […] parce qu’il sçavoit monseigneur de Vendosme estre de la maison de Bourbon (chose qui luy pouvoit engendre souspeçon), le voulut bien mener quand et luy en Italie. A ceste occasion, le tirant de Picardie, qui estoit son gouvernement, y envoya le seigneur de La Trimouille pour son lieutenant général. » (Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay,, p. 172.) Voir aussi SP, VI, p. 91. Thomas Cheyne à Wolsey, Lyon, 6 mai 1522 qui n’évoque pas cette suspicion : « Monsire De la Trimoyle is gon into Picardy to be as Governour ther, and Monsir de Vandome is put out of his rome for givyng the Maire of Amyas a blow, and bycause he wold not delyver hym the keyes of towne. Notwithstondyng he was fayn to fle, or elis it had cost hym his life, for they of the said towne rose to a greate nombre ; and whan they cowld not fynd hym, they set fire on his lodging. This was done, as I herd say, almost a moneth agon. »
23 Brantôme, Œuvres complétes, L.J.N. Monmerqué (éd.), Paris, 1822, vol. 1, “Le connétable de Bourbon”, p. 160-161 ; G. de Marillac, Histoire de la Maison de Bourbon… La vie de Monseigneur Charles dernier duc de Bourbonnais, Antoine de Laval (éd.), Paris, 1605, p. 268-270 ; Robert Macquereau, Chroniques de la Maison de Bourgoigne, de 1500 à 1527, Panthéon littéraire, J.A.C. Buchon (éd.), Paris, 1838, vol. 9, chapitres 8 et 9 (en particulier p. 112-113) ; CSPSpanish, Garrett Mattingly (éd.), Londres, 1940, p. 216-217 ; LP, III, 2939, Robert Wingfield à Thomas Wolsey, 10 avril 1523, p. 1238-1239 ; Jean-Marie de La Mure, Histoire des Ducs de Bourbon et Comtes de Forez, M. Chantelauze et al. (éd.), Paris, 1860-1868, vol. 2, p. 608-609 et Vincent J. Pitts, op. cit., p. 232-233.
24 LP, III, 2907, Robert Wingfield à Thomas Wolsey, 22 mars 1523, p. 1227 et Vincent J. Pitts, op. cit., p. 253.
25 Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, p. 199.
26 AN, X1A 1527, fo 179 (Discours du duc de Vendôme au Parlement, le 10 mars 1525 ; Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, p. 199). Voir aussi AM Péronne, BB 7, fo 274 ; AN, X1A 1527, fo 261 vo ; LP IV, i, 1275 et David Potter, op. cit., p. 71.
27 Voir article « Lautrec » du présent livre.
28 LP, IV, 1275, Fitzwilliam à Wolsey, de Gravelines, 20 avril 1525.
29 « Avis donné en Angleterre de ce qui se passait en France pendant la captivité du roi [octobre 1525-il y a là sans doute une erreur de Champollion-Figeac : ce texte est plus vraisemblablement du printemps 1525 (mai peut-être)] », (publié dans Aimé Champollion-Figeac, Paris, 1847, p. 372-373 ; original PRO, SP Henry VIII, 34, fo 238 vo) et LP, IV, no 1365 : « She is much perplexed by a dispute between Vendôme and Lautrec. She and the Chancellor are on the side of the latter ; Robertet and others hold with the former. Vendôme, however, is to remain governor of Picardy, with Brienne conte de Roussy for his lieutenant. » Voir aussi LP, IV, no 1401 qui dit à peu près la même chose.
30 LP, IV, 1401. Marino Sanuto, I Diarii dal 1496 al 1532, F. Stefani et al. (éd.), Venise, 1879-1903, 58 vol., t. XXXVII, col. 133 ; Bertrand de Chanterac, Odet de Foix, vicomte de Lautrec, Paris, 1930, p. 84.
31 Marino Sanuto, op. cit., t. XXXVIII, passim.
32 Sur cette affaire, qui dure de nombreuses années, voir Joos Lauwerens à Marguerite d’Autriche, avril 1525, PRO, 31/18/1, fo 1400 (CSP SPanish, Supplement, p. 438), Pierre Jourda, Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, reine de Navarre, Paris, 1930, I, p. 148-149 et CCJDB, I, p. 155.
33 « Avis donné en Angleterre de ce qui se passait en France pendant la captivité du roi » publié dans Aimé Champollion-Figeac (éd.), op. cit., p. 374. Robert Knecht, op. cit., p. 231.
34 BnF, ms frçs 20648, fo 11. Cité par David Potter, op. cit., p. 72. Détails sur son séjour à la cour et notamment sur une blessure reçue à la chasse dans SP, VI, p. 544, Clerk et Taylor à Wolsey, d’Amboise, le 5 septembre 1526 ; éléments aussi sur la préparation de repas pour le roi de retour de chasse sous le contrôle du duc de Vendôme dans SP, VI, p. 599, et enfin, information sur l’attention portée par François Ier à une suivante de Madame de Vendôme « called Hely ; whose bewty, after my mynd, is not highly to be praysed » (lettre de Sir Anthony Browne à Henri VIII, d’Amiens, le 21 août 1527). C’est à cette époque qu’il accueille « très honorablement » les ambassadeurs du roi d’Angleterre (LP, IV, 1819, Robert Wingfield à Thomas Wolsey, 13 décembre 1525).
35 Louis de Praet à Charles Quint, 4 novembre 1525 (Vienne, Belgien P.A. 92, PRO 31/18/1 fo 1436, CSP Spanish Supplement, p. 448).
36 « Since coming here (Paris) I have been twice with the queen of Navarre, and both times for at least five hours. She is one of the most wisest frank women, and best setter forth of her purpose, that I have spoken with, and as affectionate to your Highness as if she were your own sister, and likewise to the Queen […] The Duke [de Vendôme] is and ever will be fast imperial, as the greatest part of his living is in the Emperor’s dominions. » (LP, VI, 692, juin 1533.)
37 Jean Du Bellay à Nicolas Berthereau, Angoulême, 26 avril 1530 (CCJDB, I, p. 146). Sur cette affaires des biens de Louise de Bourbon et des difficultés qui les entourent (et qui viennent davantage des ambassadeurs de Charles Quint que de Louise de Bourbon elle-même, voir CCJDB, I, p. 146-149).
38 SP, I, p. 236. Thomas Wolsey à Henri VIII, Amiens, juin 1527.
39 Quelques exemples : en 1515 (Roger Doucet, Les institutions de la France au XVIe siècle, Paris, 1948, I, p. 136) ; en 1523 (AN, X1a 8612, fos 5-6 vo et 10 vo -13 vo) ; en 1526 (LP, IV, 2254, John Taylor à Thomas Wolsey, Angoulême, 17 juin 1526) ; en 1527 (SP, VII, p. 2. William Knight à Henri VIII, de Compiègne, 12 septembre 1527 ; LP, IV, 3543, Angoulême, 2 novembre 1527) ; en 1531 (SP, VII, p. 276. Francis Bryan à Henri VIII, Paris, 20 janvier 1531) ; en 1536 (ANG, I, p. 211, Carpi à Ricalcato, Évreux, 15 mars 1536). Par ailleurs, dans l’ensemble des ORF, il est mentionné à 19 reprises comme ayant participé au Conseil.
40 CAF, I, 368, 1962.
41 AN, X1A 1528, fos 466 vo à 468 vo et 483 vo à 484 vo.
42 AN, X1A 1527, fo 179 vo (Discours du cardinal de Bourbon au Parlement, le 10 mars 1525).
43 ASModena, busta 11, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Amiens, 14 juin 1535 ; ibid., 24 juin 1535, 27 juin 1535 ; busta 13, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Compiègne, 9 mars 1537.
44 ORF, V, p. 96 ; ORF, à la séance du 16 octobre 1530 ; AN, X1a 8612, fos 349-349 vo (séance du 6 février 1535) ; AN, X1a 8613. fos 26 vo -29 (séance du 25 février 1537), fos 68-76 (séance du mois d’août 1537), fos 77-79 (séance de février 1538), fo 484 vo (séance d’août 1543) ; BnF, ms frçs 3005, fo 109 (participation au Conseil de l’après-midi en février 1543).
45 CAF, III, 362, 9180 (6 juillet 1537) ; CAF, III, 350, 12643 (25 juillet 1542) ; CAF, III, 351, 12648 (26 juillet 1542).
46 Il est lieutenant général à Paris et en Île-de-France en l’absence du roi (Catalogue des Actes de Henri II, Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek [éd.], Paris, 2001, 10419, 10644, 10569, 11879) et participe régulièrement au Conseil (ibid., 11692, 11710, 11753, 11815).
47 ASModena, busta 13, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Paris, 1er janvier 1537.
48 ASModena, busta 16, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Vatteville, 25 août 1540.
49 ASModena, busta 16, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Saint-Prix, 18 octobre 1540.
50 ASModena, busta 17, H. Ferruffino au duc de Ferrare, Dijon, 2 novembre 1541.
51 ANG, I, p. 211, Ferrerio au cardinal Farnèse, Aigues-Mortes, 14 juillet 1538.
52 Entrée de l’empereur dans Paris : BnF, ms frçs 3050, fo 31 ; Clairambault, 337, 6947 ; Dupuy, 357, fo 67, et Francis Decrue, op. cit., p. 379 ; Arch. di Stato di Mantova, A.G. 639, pour la discussion avec le roi.
53 ASModena, busta 16, Lodovico Thiene au duc de Ferrare, Châtellerault, 10 juin 1541.
54 ASModena, busta 17, Lodovico Thiene au duc de Ferrare, Paris, 6 février 1542.
55 ASModena, busta 15, Cavalerio Sacrato au duc de Ferrare, Paris, 12 juin 1539.
56 ANG, I, p. 211, Carpi à Dandino ( ?), Chambord, 21 novembre 1536.
57 ANG, I, p. 211, Carpi à Ricalcato, Falvy, 24 juin 1535 et du même au même, La Fère, 4 juillet 1535 (p. 48).
58 ASMantova, 639, Gian Battista Gambara au cardinal et à la duchesse de Mantoue, Paris, 30 octobre 1540.
59 ANG, I, p. 560-561, Ferrerio au cardinal de Santa Fiora, Paris, 22 mai 1540.
60 ANG, I, p. 580, Ferrerio au cardinal Farnèse, Sainte-Colombe, 13 juillet 1540.
61 François Nawrocki, thèse citée, p. 218.
62 Ibid., p. 221-222, 252.
63 Joachim de Matignon, Correspondance, Léon Honoré Labande (éd.), Paris-Monaco, 1914, p. XXXIV.
64 Mémoires de Martin et Guillaume Du Bellay, t. IV, p. 160. Vers la même époque, Saint-Pol participe avec Annebault à la campagne militaire dans le nord du royaume au moment de Landrecies.
65 Blaise de Monluc, Commentaires, Paul Courteault (éd.), Paris, Gallimard, 1964, p. 142-148.
66 François Nawrocki, thèse citée, p. 329.
67 Ibid., p. 311.
68 P. de Brantôme, Œuvres complètes, L. de Lalanne (éd.), Paris, 1864-1882, p. 205.
69 BnF, ms frçs 3005, fo 109 et Francis Decrue, De consilio Regis Francisci I, Paris, 1885, p. 91-92.
70 Brantôme, op. cit., p. 202-203.
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