La monarchie hispanique et l’islam
p. 337-348
Texte intégral
1L’Espagne ou plutôt la monarchie catholique est aux XVIe et XVIIe siècles une grande puissance atlantique. La place toujours grandissante du domaine américain, le rôle des Pays-Bas dans la politique et l’économie impériale, la réunion des deux Couronnes espagnole et portugaise entre 1580 et 1640 en sont les témoins les plus significatifs. Pour autant elle n’a pas cessé d’être très méditerranéenne comme Fernand Braudel l’a éloquemment rappelé. Et à cet égard elle n’a cessé d’entretenir des relations riches et complexes avec l’islam. Et ce pour deux raisons principales. D’une part les Habsbourg, héritiers de Ferdinand d’Aragón et d’Isabelle de Castille qui ont achevé l’entreprise multiséculaire de la Reconquista avec la prise de Grenade, ne cessent de s’opposer, en Méditerranée, aux Ottomans relayés dans la partie la plus occidentale par les régences barbaresques de Tunis et d’Alger et par le Maroc. D’autre part si l’histoire d’Al-Andalus prend fin avec la disparition de l’État nasride en 1492, les populations musulmanes établies en Espagne ne disparaissent pas pour autant et leur sort préoccupe en permanence les autorités.
2En effet Isabelle et Ferdinand ont le plus souvent par le biais de capitulations octroyées aux populations vaincues, du moins à celles qui comme à Grenade avaient livré leur ville, un statut garantissant toutes les libertés dont celle du culte. Sans doute les souverains cherchèrent à encourager l’émigration vers l’Afrique du Nord des élites musulmanes mais ce mouvement ne fut pas très étendu. Après de longues négociations Boabdil, l’émir déchu, s’embarqua avec des milliers de personnes appartenant à sa clientèle mais la majeure partie de la population musulmane du royaume de Grenade demeura sur place. Les conditions d’existence des musulmans grenadins ne différaient pas de celles des autres mudéjares des Couronnes de Castille et d’Aragón, particulièrement nombreux en Aragón, dans les vallées de l’Ebre et de ses affluents et dans le royaume de Valence. On estime que les mudéjares étaient de 350 000 à 450 000 autour de 1500 ; 50 000 environ en Aragón, 100 000 dans le royaume de Valence, 170 000 à 200 000 dans le royaume de Grenade, 20 000 à 30 000 dans le reste des territoires de la couronne de Castille. Mais alors que tous les autres mudéjares étaient placés depuis longtemps sous le joug castillan, l’intégration des mudéjares grenadins faisait problème. Vivant à proximité du monde musulman barbaresque, représentant nettement plus de la moitié de la population de leur territoire contre 30 % aux Valenciens et 20 % aux Aragonais, ils furent soumis à une surveillance de tous les instants et à une législation tatillonne. La couronne tenta de convaincre des notables de se convertir au christianisme mais les résultats furent très limités. Elle revint sur les dispositions souvent généreuses des Capitulations, par exemple en matière de port d’armes, et elle accrut sensiblement la fiscalité pesant sur les mudéjares. Le mécontentement était déjà vif parmi les minoritaires lorsque le cardinal Cisneros, archevêque de Tolède, partisan d’une politique coercitive devant favoriser les conversions à laquelle s’opposait Hernando de Talavera, archevêque de Grenade, arriva à Grenade à l’automne 1499.
3Les initiatives de Cisneros provoquèrent l’éclatement d’une révolte vite éteinte à Grenade à la suite de l’intervention de Talavera et du comte de Tendilla, capitaine général du royaume de Grenade mais qui s’étendit rapidement à la zone des Alpujarras (la sierra Nevada). Le soulèvement qui concerna aussi un temps les terres montagneuses au nord de Malaga ne prit fin qu’à l’automne 1501. Au fur et à mesure des dépositions d’armes, les mudéjares recevaient le baptême. Et le 12 février 1502, les souverains décidèrent d’expulser tous les mudéjares de plus de 12 ans pour les femmes, de 14 pour les hommes relevant de l’ensemble de la Couronne de Castille. La plupart préféra se convertir et demeurer sur place. Les textes officiels les désignent sous l’appellation de nouveaux convertis, de musulmans (moros) mais bientôt le terme de morisques (moriscos) leur fut appliqué.
4Cependant les mudéjares de la Couronne d’Aragón pouvaient continuer à professer l’islam sans doute parce qu’ils ne s’étaient en rien manifestés, que Ferdinand les considérait indispensables à l’économie de ses territoires et que le souverain ne voulait pas mécontenter la noblesse, souvent maîtresse dans le cadre de seigneuries de très nombreux mudéjares. Ceux-ci n’obtinrent qu’un sursis d’une vingtaine d’années parce que les Valenciens, en révolte dès 1520 contre le souverain – les agermanats – s’en prirent au cours de l’été 1521 aux mudéjares victimes à la fois de la haine populaire et de leur fidélité à leurs seigneurs. La panique incita de nombreux mudéjares à recevoir de gré ou de force le baptême. La défaite des agermanats provoqua un fort mouvement de retour à l’islam. Dès lors était posée la question de la validité du baptême des mudéjares valenciens longuement débattue au cours des années 1523-1525, l’inquisition se heurtant à sa non-reconnaissance de la part de la noblesse. Finalement en février-mars 1525, une réunion de 25 conseillers royaux et évêques estima que le baptême était valide. Mais parallèlement avec l’appui de l’inquisiteur général Alonso Manrique, Charles Quint prépara le décret d’expulsion de tous les mudéjares de la Couronne d’Aragón s’ils n’acceptaient pas de se convertir au christianisme. Dès le 15 mai 1524 le roi avait obtenu une bulle papale l’autorisant à agir en ce sens. La décision fut prise au printemps 1525 et le 9 décembre elle fut solennellement proclamée à Valence. Les morisques valenciens devaient s’y conformer avant le 31 décembre et les autres morisques de la Couronne, aragonais et catalans devaient l’avoir fait avant le 31 janvier 1526. il y eut des résistances armées, en particulier dans la sierra de Espadán au nord de Valence. La mesure d’expulsion eut peu d’effet parce que l’immense majorité des mudéjares décida de demeurer sur place et donc de recevoir le baptême. Au début de 1526 Charles Quint avait réalisé l’unité religieuse des Espagnes.
5Les morisques ne devinrent pas de bons chrétiens du jour au lendemain. Beaucoup parmi eux professèrent l’islam en secret. Non sans difficultés, les mosquées ayant été immédiatement transformées en églises avant d’être, sauf rares exceptions, détruites. Il en alla de même des cimetières. Mais dans les villages où ils représentaient la quasi-totalité de la population, par exemple dans les zones montagneuses du royaume de Valence, au nord de la capitale ou au nord d’Alicante ou dans les Alpujarras, zone située au cœur de la sierra Nevada, ils cherchaient à maintenir leur foi sous la direction du chef religieux, l’alfaqui. L’essentiel des gestes de l’adhésion à l’islam, des prières et des ablutions quotidiennes à l’observance du jeûne de ramadan, était accompli au sein de la maison, à l’abri des regards des chrétiens.
6Les autorités cherchèrent à extirper ce crypto-islam de deux manières : d’une part en établissant un plan d’évangélisation reposant sur un réseau complet d’églises paroissiales, le contrôle de l’administration des sacrements et de la participation aux offices par le clergé séculier, l’organisation de missions confiées au clergé régulier (franciscains, dominicains, puis jésuites), la catéchèse spécifique des enfants ; d’autre part en recourant aux interdictions de pratiques considérées comme preuves d’attachement à l’islam et à la répression des écarts à laquelle participaient les tribunaux civils et ecclésiastiques et plus particulièrement les tribunaux inquisitoriaux. Parmi les pratiques prohibées figuraient aussi bien la possession de livres écrits en langue arabe que les rituels accompagnant les naissances, les mariages ou les enterrements ou encore le port de vêtements comme l’almalafa, grande tunique qui permettait aux femmes de couvrir leur visage.
7Les résultats de cette politique furent limités et inégaux. Là où les communautés morisques vivaient au contact de vieux-chrétiens, l’acculturation a été importante mais les communautés homogènes ont très lentement évolué. En raison de l’endogamie quasi générale des familles morisques, il fut difficile de pénétrer dans ce milieu qui savait se protéger. Toutefois l’impossibilité de maintenir certaines pratiques au grand jour (par exemple celle du pèlerinage à la Mecque est pratiquement inexistante), les contacts quotidiens avec les vieux-chrétiens pendant le travail, parfois l’adoption sans retour de la foi chrétienne ont provoqué un appauvrissement de l’islam espagnol. Celui-ci a été plus prononcé chez les hommes que chez les femmes gardiennes du foyer qui dans les royaumes de Valence et de Grenade ne connaissent que la seule langue arabe, et aussi plus parmi les élites que les autorités cherchent à attirer par le biais de charges, privilèges et gratifications que dans l’ensemble du petit peuple.
8La résistance morisque a été multiforme. La plus répandue était fondée sur les pratiques clandestines. Dès la fin du XVe siècle, donc lorsque les musulmans d’Espagne disposaient du statut de mudéjares, la question du caractère licite de la vie sous domination de l’infidèle chrétien avait été posée. Elle a été longuement débattue en ce qui concerne les morisques au XVIe siècle. Il existe une fatwa recommandant de ne pas rester sous la tutelle chrétienne et d’émigrer en terre dont les maîtres étaient musulmans. Inversement une fatwa proclamée par Al Maghrawi, mufti d’Oran, autorisait les intéressés à demeurer sur place à condition d’accomplir tous les gestes possibles d’adhésion à l’islam.
9Les morisques partagés entre les deux exigences du maintien de leur foi et de l’attachement à leur sol choisissent très souvent cette deuxième voie, celle de la taqiyya (dissimulation). Les communautés s’organisaient du mieux qu’elles pouvaient derrière leurs alfaquis et recevaient quelquefois l’enseignement de lettrés itinérants venus de zones échappant mieux que d’autres à la surveillance chrétienne ou encore d’Afrique du Nord. Elles parvenaient d’autant mieux à se préserver qu’elles pouvaient bénéficier, le cas échéant, de la protection intéressée des seigneurs. Ces derniers dont dépendaient l’immense majorité des morisques du royaume d’Aragón et du royaume de Valence fermaient le plus souvent les yeux sur les pratiques prohibées parce qu’ils ne voulaient en aucune manière affronter une population dont le travail efficace leur assurait de substantielles rentes.
10Si le recours à la taqiyya est autorisé, il n’est qu’un pis-aller auquel d’autres formes de résistance sont préférables. Et de fait, malgré la surveillance constante dont les côtes méditerranéennes font l’objet – aux galères qui sillonnent la mer s’ajoute le système de défense constitué de forts et de tours de guet – nombreux sont les morisques qui gagnent l’Afrique du Nord. Le phénomène a une ampleur spectaculaire entre 1501 et 1510 pour les morisques du royaume de Grenade, entre 1526 et 1535 pour ceux du royaume de Valence, soit dans les années de conversions massives imposées. Les raisons économiques (échapper à une fiscalité accrue) rendent également compte de l’importance de l’émigration : on a relevé jusqu’à 124 opérations de fuites collectives concernant les morisques grenadins au cours de la première décennie du XVIe siècle.
11L’inquisition eut beau condamner lourdement aux galères ou au bannissement ceux qui échouaient dans leur tentative, le mouvement ne tarit jamais connaissant même une recrudescence certaine à la fin des années 1550. Et de ce fait non seulement la monarchie catholique perdait des sujets qui lui apportaient de substantielles ressources mais aussi était soumise aux ravages provoqués par les entreprises corsaires auxquelles les morisques émigrés prenaient une part active. La course connut plus particulièrement au XVIe siècle deux modalités. La première, la plus répandue, consistait à surprendre sur mer un navire ennemi et à s’emparer du butin humain et matériel qu’il possédait pour le convoyer jusqu’à un port du Maghreb, principalement Alger. On sait par exemple que à l’instar de dizaines et dizaines de milliers d’individus, soldats, marchands, administrateurs, simples particuliers, Cervantès fut fait prisonnier en 1575 alors que le navire qui le transportait allait de Naples à Barcelone. Il demeura cinq ans captif à Alger. Des morisques sont devenus de redoutables capitaines de course. Mais il existe une seconde modalité souvent ignorée, qui a eu aussi d’énormes répercussions. Il s’agit d’opérations brèves, un ou deux jours, parties de Tunis, d’Alger, de Tétouan ou de tout autre port maghrébin visant un ou deux villages européens. Le scénario ne variait guère. Les assaillants débarquaient à la nuit en un lieu désert et fondaient au lever du jour sur le village-cible. Ils saccageaient les maisons, tuaient les chrétiens qui s’opposaient à eux et emmenaient les autres en captivité. Si les côtes italiennes n’ont pas été épargnées, les raids ont surtout atteint les côtes espagnoles, surtout andalouses, valenciennes et Baléares. Fréquemment un ou deux morisques faisaient bénéficier l’expédition de leur connaissance des lieux. D’autres morisques profitaient de l’occasion pour s’embarquer avec les corsaires. On connaît, pour les seules côtes des royaumes de Valence et de Grenade, plus d’une centaine d’attaques de ce type au XVIe siècle. Toutes ne furent pas couronnées de succès mais quel qu’en fut le résultat, elles entretinrent la peur des populations et constituèrent un frein aux économies locales.
12Les méthodes des corsaires étaient semblables à celles des monfies qui ont écumé les campagnes espagnoles. Le terme vient de l’arabe munfiqui désigne un homme banni ou exilé. Ces hommes en rupture de ban étaient considérés par les autorités espagnoles comme de dangereux bandits tandis que les communautés morisques dont ils étaient issus voyaient en eux des guerriers de la foi qui exprimaient le sentiment général. Là encore, grâce à leur expérience du milieu, surtout lorsqu’il s’agissait de zones montagnardes, ils ont tenu la dragée haute aux autorités. Dès le début du XVIe siècle, le capitaine général du royaume de Grenade se plaignait de leurs agissements. Ils s’en prenaient principalement aux marchands, aux ecclésiastiques et aux représentants de la monarchie. Certains devinrent célèbres comme Pedro Arroba dans les années 1530 dans la région de Grenade ou Solaya dans les années 1580 dans celle de Valence.
13J’ai jusqu’ici insisté sur le caractère quasi structurel des formes de résistance morisques. Il convient cependant de souligner l’existence de séquences déterminées par la plus ou moins grande pression des chrétiens et par la plus ou moins grande virulence de l’opposition morisque. Un premier temps, entre 1502 et 1526, fut celui de la mise en place du dispositif visant à éradiquer l’islam du territoire espagnol. Non seulement la religion musulmane fut officiellement interdite mais de surcroît un catalogue de mesures, de l’interdiction de la langue arabe à l’abattage rituel des animaux fut dressé par une assemblée de conseillers et d’ecclésiastiques en présence de Charles Quint à Grenade en 1526. Les trente années suivantes furent celles du respect d’un modus vivendi. Par la négociation et par le versement de diverses contributions, les morisques grenadins, valenciens, aragonais obtinrent la mise en veilleuse des dispositions acculturantes et de l’action des tribunaux inquisitoriaux. Ils firent l’objet d’une politique évangélisatrice privilégiant surtout la catéchèse des enfants.
14Un revirement total se produisit dans les dernières années du règne de l’empereur. Les moyens mis en œuvre pour attirer les morisques à la foi chrétienne avaient apporté de médiocres résultats si bien que les partisans de la voie répressive se faisaient progressivement davantage entendre. Si en Aragón les seigneurs réussissent à s’opposer au désarmement des morisques en 1559, celui-ci est effectué en 1563 dans le royaume de Valence. Deux ans plus tard un synode provincial réuni à Grenade réclame l’application des mesures envisagées en 1526. La demande des prélats est reprise par une assemblée de théologiens, juristes et militaires tenue à Madrid en 1566. Le texte que cette dernière a adopté est proclamé à Grenade le 1er janvier 1567 dans un climat très tendu car à l’impatience que suscite le maintien de l’attachement à l’islam se sont ajoutés d’autres facteurs ayant contribué à la dégradation des relations entre vieux-chrétiens et morisques. Ceux-ci étaient soumis à une pression fiscale accrue alors même qu’ils avaient à faire face à des difficultés économiques. Surtout le conflit en milieu méditerranéen s’était singulièrement intensifié depuis la fin des années 1550.
15Chrétiens et musulmans n’avaient cessé de s’affronter depuis la fin du XVe siècle dans le bassin occidental de la Méditerranée, tant sur terre que sur mer. Dans la prolongation de leur succès à Grenade en 1492 les Rois Catholiques avaient cherché à pénétrer en Afrique du Nord. Tour à tour furent pris Melilla en 1497, Mers el Kebir en 1505, le Peñon de Velez de Gomera en 1508, Oran en 1509, Bougie et Tripoli (de Tripolitaine) en 1510. Chacune de ces places servit de base à des razzias dans les campagnes environnantes qui permettaient d’obtenir un considérable butin en hommes, en animaux et en bijoux. Les razzias chrétiennes, homologues des opérations de course musulmane sur les côtes européennes étaient donc pourvoyeuses de captifs qui soit réussissaient rapidement à se racheter soit allaient alimenter les marchés d’esclaves de la péninsule Ibérique. La course, sous toutes ses formes, maritimes et terrestres, a été tout au long du XVIe et XVIIe siècle le vecteur essentiel d’un immense trafic d’hommes réalisé dans les deux sens.
16À la période 1490-1515 qui a permis aux Espagnols de contrôler une partie du littoral de la rive méridionale de la Méditerranée en a succédé une autre marquée par l’affirmation de la régence d’Alger qui sous l’impulsion des frères Barberousse et avec le soutien de la puissance ottomane a été capable de s’opposer aux initiatives espagnoles. Par exemple les Algérois reprennent le Peñon de Velez de la Gomera en 1522 et le défendent victorieusement en 1525. Et si l’expédition de Tunis en 1535 a été pour Charles Quint un succès retentissant, celle de 1541 à Alger s’est terminée par un désastre. Les forces chrétiennes et musulmanes se sont alors équilibrées ce qui n’est pas sans rapport avec le modus vivendi observé quant à la question morisque.
17En 1551, la ville de Tripoli est reprise par les Ottomans, en 1555, Bougie tombe à son tour. Les événements d’importance s’enchaînent alors. En 1558 le comte d’Alcaudete, gouverneur d’Oran, échoue dans sa tentative de s’emparer de Mostaganem. Entre morts et captifs, les Espagnols perdent 10 000 hommes. En 1560 l’énorme expédition visant l’île de Djerba que défendait Turgut Ra’īs (dit Dragut en Europe), l’un des plus fameux corsaires de son temps, est un autre cuisant échec pour la monarchie hispanique. En 1563, Oran est menacée. En 1565, les Espagnols arrivent in extremis à secourir l’île de Malte assiégée par les Ottomans. Oran et Malte ne sont pas tombées mais les événements, le second surtout, ont provoqué une immense inquiétude en milieu chrétien en général, en Espagne en particulier. Or les attaques de corsaires barbaresques sur les côtes sont plus nombreuses et plus efficaces que jamais. On en dénombre 42 ayant affecté les côtes baléare, valencienne et grenadine entre 1550 et 1567. Ayant débarqué le 23 août 1565 à 70 km au sud de Grenade, 400 hommes gagnèrent le village montagnard d’Orgiva et saccagèrent l’église et les maisons des vieux-chrétiens. Ils emmenèrent 25 personnes en captivité et furent suivis par plusieurs centaines de morisques désireux d’émigrer. Le 25 août les assaillants avaient rembarqué.
18Les autorités sont en alerte permanente. Elles s’attendent à un embrasement du royaume de Grenade qu’elles cherchent à prévenir par une surveillance de tous les instants. Plusieurs rapports font état de préparatifs d’un soulèvement prévu pour la semaine de Pâques 1568. C’est finalement la nuit de Noël que le monde morisque rural, à partir du versant méridional de la sierra Nevada, prend les armes.
19Étrangement cette guerre reste un événement aux dimensions méconnues ou mal appréciées pour deux raisons qui relèvent d’erreurs de perspectives. Nous faisons d’une part des morisques de 1568 des étrangers à l’Espagne. Fernand Braudel n’a-t-il pas intitulé son important article publié dans les Annales en 1947 intitulé « Conflits et refus de civilisation, espagnols et morisques au XVIe siècle ». À sa suite, nombreux sont ceux qui ont vu dans les rebelles des musulmans venus d’ailleurs. Or comme l’ont souligné les chroniqueurs contemporains de l’événement il s’agissait d’une guerre civile opposant des Espagnols entre eux, et une guerre de religion puisque face à face se trouvaient des vieux-chrétiens à des nouveaux-chrétiens professant secrètement l’islam. En mars 1570, le nonce Castagna dressait un bilan inquiétant de la monarchie catholique engagée sur de nombreux fronts mais surtout, dit-il, minée par la guerre intestine. D’autre part, l’attachement des morisques à leur foi ancestrale rendait crédible un soutien actif des puissances musulmanes méditerranéennes, marocaine, algéroise, ottomane. Le soutien des Barbaresques d’Alger a existé mais a été très limité et les Turcs, accaparés par la conquête de l’île de Chypre, ne sont pas intervenus. À quatre siècles et plus de distance, les historiens ont dès lors minimisé le danger représenté par une grande entreprise unissant crypto-musulmans de l’intérieur – c’est l’image de la cinquième colonne – et adversaires musulmans de l’extérieur. On oublie que si l’intervention des Ottomans ne s’est pas réalisée, tous, morisques et vieux-chrétiens, l’ont cru imminente, les uns parce qu’ils la souhaitaient, les autres parce qu’ils la redoutaient. Ainsi les morisques étaient à la fois considérés comme des apostats et des félons.
20Les deux camps se sont affrontés avec une violence inouïe. Dans les premiers jours de la révolte, les insurgés se sont rendus maîtres de toute la région des Alpujarras, entre Grenade et Almeria. Ils ont souvent mis le feu aux églises après avoir longuement supplicié les rares habitants vieux-chrétiens à commencer par les prêtres.
21Inversement, les soldats des armées royales n’hésitaient pas à tuer à l’arme blanche les femmes et les enfants des villages qu’ils emportaient. La guerre a duré parce que les morisques réfugiés dans leurs montagnes se sont bien gardés de livrer une bataille rangée. Philippe II dut dépêcher en avril 1569 son demi-frère don Juan d’Autriche à la tête des troupes chrétiennes et lui-même décida de s’installer à Cordoue, où il demeura de janvier à juillet 1570, pour être très proche du théâtre des opérations. Le séjour andalou de Philippe II correspondit avec un progressif ascendant pris par l’armée de don Juan d’Autriche. Une partie des rebelles négocia sa reddition mais le contrôle de la région ne fut effectif qu’après la déportation de plus de 50 000 personnes vers d’autres territoires de la Couronne de Castille (Andalousie occidentale, Extrémadure, Nouvelle-Castille, Vieille-Castille) à partir du 1er novembre 1570.
22La déportation a été le moyen principal de règlement du conflit. Très tôt – avant même le déclenchement des hostilités à en croire l’ambassadeur de France, Fourquevaux – avait germé l’idée d’une expulsion des morisques du royaume de Grenade et de leur remplacement par des repeuplants vieux-chrétiens. Une première application concerna en juin 1569 les morisques de la ville de Grenade qui ne s’étaient pourtant pas soulevés malgré les appels de leurs coreligionnaires. Craignant un revirement à tout moment possible, les autorités décidèrent de les écarter. D’autres expulsions partielles eurent lieu au cours de l’hiver 1569-1570. Et finalement fut organisé le grand exode dans des conditions épouvantables car les expulsés durent parcourir des centaines de kilomètres dans le froid et même partiellement sous la neige. Seuls furent exemptés des familles de notables, des individus qui exerçaient des professions jugées indispensables à l’économie régionales (tisserands de la soie, experts en irrigation…), des femmes et des enfants esclaves, etc., soit 10 000 à 15 000 des quelque 150 000 morisques qui étaient habitants du royaume de Grenade à la veille du soulèvement. Une centaine de milliers fut, à travers les diverses vagues, déportée. Les autres ou trouvèrent la mort pendant la guerre ou se réfugièrent en Afrique du Nord. Parmi les expulsés, comme parmi ceux qui purent demeurer sur place figuraient des esclaves, peut-être 25 000 à 30 000. En effet, une commission de théologiens et de juristes, réunie parce que des soldats faisaient de leurs prisonniers des esclaves, estima que les morisques bien qu’ils fussent chrétiens pouvaient en vertu du concept de « guerre juste » être réduits à cet état. Les seules restrictions concernaient les garçons de moins de dix ans et demi et les filles de moins de neuf ans et demi. Une telle mesure qui a affecté aussi des enfants en bas âge, au mépris des dispositions officielles, a renforcé l’éclatement des familles causé par la déportation.
23Le fossé entre les deux communautés provoqué par la rébellion et l’expulsion de 1568-1570 n’a jamais été comblé. Certes après la victoire de la Sainte Ligue à Lépante en 1571, à vrai dire sans grande conséquence, l’espace de la Méditerranée occidentale a été dans l’ensemble relativement plus pacifié. Une trêve durable a été établie en 1581 entre la Monarchie Catholique et la Sublime Porte. Mais les opérations de course n’ont nullement disparu et l’on prêtait aux morisques les plus noirs desseins. En 1580 à Séville fut découvert un étrange complot impliquant des morisques de diverses villes andalouses. Ils auraient projeté de s’emparer de la cité puis de se fortifier dans les montagnes du royaume de Grenade. On les soupçonna d’intelligence avec les Barbaresques et aussi avec les Portugais opposés à l’ascension au trône de Philippe II. L’affaire dont Thérèse d’Ávila se fit l’écho dans sa correspondance fut éventée quelques jours avant le jour prévu du déclenchement et une cinquantaine de personnes furent arrêtées. Des habitants de Séville, secondés par des soldats des galères relâchant au port, saccagèrent les maisons des morisques et prirent en chasse leurs habitants. L’année suivante la société sévillane était à nouveau en alerte. En 1600 encore le bruit d’un danger morisque imminent courut à Cordoue et à Séville. La méfiance n’était pas moins grande dans les territoires de la Couronne d’Aragon. De fait des tractations ont existé au tout début du XVIIe siècle entre des morisques et le duc de la Force, gouverneur du Béarn, mais un premier projet de soulèvement fut vite abandonné en 1603 et un second fut découvert en 1605. Les protagonistes furent exécutés. Et parmi les morisques, surtout valenciens, circulaient des prophéties qui annonçaient la venue des Turcs.
24Ce lourd climat n’a pas empêché la mise sur pied de nouvelles campagnes d’évangélisation car il était difficile au monde vieux-chrétien, surtout aux hommes d’église, de renoncer à sauver tant d’âmes. Mais les résultats de ces efforts demeurant médiocres, les propositions de résolutions de la question morisque ont fleuri. Certains comme les arbitristes Martín Gonzalez de Cellorigo et Pedro de Valencia proposent d’assigner les morisques à des tâches fixées par les autorités dans des zones de regroupement déterminées. Cela revenait à utiliser avec efficacité la main-d’œuvre fournie par les minoritaires tout en les surveillant étroitement. Entre les divers moyens préconisés par l’arbitriste Bernardo de Avila figure le travail dans les mines qui ne manquerait de provoquer la mort rapide des ouvriers. La disparition des morisques à court ou à moyen terme est envisagée par les biais les plus variés. Le plus bénin serait l’imposition du mariage mixte car les enfants du couple seraient obligatoirement élevés dans la religion chrétienne, ou l’imposition d’un mariage tardif, pas avant vingt-cinq ans, ce qui limiterait la descendance. D’autres sont plus radicaux : dès 1573, un prêtre fils d’une mère morisque et d’un père vieux-chrétien envisage de confier les enfants morisques à des vieux-chrétiens qui veilleraient à ce qu’ils restent célibataires. L’idée est reprise à la fin du siècle, par exemple par l’archevêque de Valence, Juan de Ribera. Un Sévillan, Alonso Gutierez, préconise la division des minoritaires en groupes de 200 personnes et songe à l’esclavage systématique et même à la castration. D’autres enfin suggèrent de déporter tous les morisques et de les installer sous un climat qu’ils ne connaissent pas et supporteront mal. Terre-Neuve a les préférences de beaucoup, par exemple de l’évêque de Segorbe, Martín de Salvatierra, mais la Guinée est aussi citée.
25Cependant aucune des solutions visant à l’extermination ne fut retenue. En revanche l’idée de l’expulsion a prospéré au point d’être imposée en avril 1609. Il faut rappeler qu’expulser les minoritaires relève d’une pratique courante dans les pays d’Europe occidentale. Les communautés juives en avaient été les victimes en Angleterre à la fin du XIIIe siècle, en France à la fin du XIVe siècle, dans de nombreux états d’Allemagne et d’Italie à la fin du XVe siècle. Et aussi bien sûr en Espagne au Portugal. Nous avons déjà vu que les mudéjares avaient été soumis au même sort en Castille en 1502 et en Aragón en 1526. Enfin l’immense majorité des morisques grenadins avait été déportée en 1569-1570. Ces précédents multiples ont évidemment été médités. En 1570, 1574 et 1577 Philippe II, inquiet devant la pression ottomane en Méditerranée, a examiné la possibilité de répartir les morisques vivant près des côtes valenciennes dans des terres plus intérieures. Bernard de Bolea, vice-chancelier d’Aragón, réussit à convaincre le souverain d’ordonner seulement le désarmement des morisques du royaume d’Aragón. En septembre 1582 une junte propose d’expulser tous les morisques valenciens en Afrique du Nord, mesure fortement recommandée par l’archevêque de Valence mais finalement écartée par Philippe II. La mort du roi Prudent qui s’est toujours montré hostile à l’expulsion permit aux partisans de la mesure de la relancer. Il semble que Philippe III s’y soit rallié assez vite, peut être après l’échec d’une énorme expédition contre Alger en 1601.
26Toutefois les réticences du confesseur royal et de plusieurs membres du conseil d’état le dissuadent de la mettre à exécution. Un nouvel échec devant la ville marocaine de Larache et la préparation de la trêve avec les Provinces-Unies conduisent à réexaminer le destin des morisques. C’est le 4 avril 1609 qu’il est décidé d’expulser tous les morisques en procédant par étapes et en commençant par les Valenciens.
27Les opérations tardèrent jusqu’en 1614. Des Valenciens retranchés dans leurs montagnes tentèrent de résister mais en vain. Au total environ, 275 000 personnes que quelques milliers d’autres avaient volontairement précédé afin d’émigrer dans de bonnes conditions, prirent le chemin de l’exil. La plupart s’installèrent en Afrique du Nord ; au Maroc autour de Rabat-Salé où ils constituèrent une république corsaire et au Nord dans la région de Tétouan, en Algérie principalement autour d’Alger, en Tunisie, à Tunis et dans la vallée de la Medjerda. D’autres trouvèrent refuge à Istanbul et à Alexandrie, d’autres encore en Provence, en Béarn ou à Bordeaux. En Espagne ne purent rester que quelques dizaines de milliers de personnes (époux et épouses de vieux-chrétiens, morisques considérés comme authentiques chrétiens, enfants de moins de sept ans surtout).
28Avec les morisques disparaissait une dimension importante du conflit entre la Monarchie catholique et ses rivaux musulmans méditerranéens. De même il n’y eut plus de grande bataille entre puissance ottomane et puissance espagnole. Cependant le nombre élevé de captifs et d’esclaves à Tunis, Alger ou Tétouan, la multiplication des opérations de rachat de captifs par les ordres spécialisés, Trinitaires et Mercédaires, que narre par exemple le père Pierre Dan dans son Histoire de la Barbarie et de ses corsaires, publiée à Paris en 1637, les récits de captivité tel celui du portugais João Mascarenhas, demeuré de 1621 à 1626 à Alger, attestent de l’importance du phénomène tout au long de la première moitié du XVIIe siècle et au-delà. Les attaques sur les côtes persistent, en 1617 tous les hommes travaillant dans les madragues de la côte proche de Cadix sont capturés, en 1620 la ville d’Adra près d’Almería est saccagée. Il en va de même dans l’autre sens : à Oran les razzias sont aussi fréquentes qu’au XVIe siècle et les esclaves originaires du Maghreb sont légion à Valence, Carthagène ou Malaga. La concentration d’esclaves et affranchis barbaresques est si forte dans les zones côtières que les autorités craignant une fois encore leurs contacts avec la rive méridionale de la Méditerranée cherchent à les en éloigner, ainsi en 1621 et en 1629. La figure du captif est alors tellement commune qu’elle peuple les œuvres du Siècle d’Or romans, nouvelles, pièces de théâtre, de Cervantes à Lope de Vega.
Chronologie
1492 | Prise de Grenade par les chrétiens. Expulsion des Juifs d’Espagne. |
1502 | Expulsion des mudéjares de la Couronne de Castille. |
1526 | Expulsion des mudéjares de la Couronne d’Aragon. Révoltes des mudéjares du royaume de Valence (sierra de Espadan). Programme d’acculturation des morisques grenadins (aussitôt mis en suspens). |
1563 | Désarmement des morisques valenciens. |
1566 | Junte de Madrid imposant les mesures définies à Grenade en 1526. |
1568-1570 | Rébellion des morisques grenadins. |
1575 | Désarmement des morisques d’Aragon. |
1582 | Junte de Lisbonne examinant la possibilité de l’expulsion des morisques. |
1609 | Décret d’expulsion des morisques. |
Bibliographie
Bibliographie
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