Introduction
p. 203-204
Texte intégral
1Les sociétés instrumentales disposent d’un matériel musical favorisant leur développement. Leur dynamisme s’explique par une constitution instrumentale et un répertoire musical originaux qui, au terme d’une rapide et spectaculaire évolution, atteignent, à l’orée du XXe siècle, un équilibre prévalant encore aujourd’hui. En moins de cent cinquante ans, les sociétés se dotent d’instruments performants, tandis que le répertoire ne cesse de s’enrichir.
2Les sociétés des chefs-lieux angevins ne comportent que des instruments à vent, auxquels s’adjoignent une éventuelle contrebasse à cordes et des percussions afin de renforcer la basse. Ce point commun ne réduit pas pour autant les sociétés aux seuls fanfares et orchestres d’harmonie, même si ces modèles dominent. Ces formations instrumentales cultivent en fait une diversité qui va de la simple « clique » à l’ambiguë formation philharmonique. La composition instrumentale des sociétés reste néanmoins aléatoire en raison d’un recrutement qualitatif et quantitatif inégal. Les sociétés parviennent également à une homogénéité sonore en se référant à l’orchestre symphonique et au chœur. L’organisation instrumentale d’une partition pour fanfare ou harmonie résulte d’une identification à la nomenclature symphonique, tandis que la hiérarchisation des registres, voire parfois le timbre de certains instruments à vent, se réclament des dispositifs vocaux. Les facteurs ont enfin apporté de notables améliorations aux instruments à vent. La généralisation des pistons et des clés a, par exemple, non seulement facilité le jeu et l’apprentissage des instruments à vent, mais aussi permis l’exécution de notes chromatiques ouvrant la voie à un répertoire plus élaboré. Les découvertes d’Adolphe Sax ont fait en particulier accomplir de remarquables progrès à la lutherie à vent et se sont traduites par l’invention de nouveaux instruments dont se sont emparées les sociétés militaires et civiles.
3Le répertoire consiste essentiellement en des marches, allegros et pas redoublés fonctionnels issus de la tradition militaire, mais rapidement concurrencés par les transcriptions et les arrangements divertissants d’œuvres lyriques contemporaines. Les danses représentent également une part importante des morceaux joués par les sociétés instrumentales de Maine-et-Loire, témoignant du goût de la population pour cette pratique. Une question s’impose, celle de savoir si le public se livrait à quelques « mouvements chorégraphiques » sur ces danses de genre pendant le concert. Dans ce cas, les prestations des sociétés prolongeraient les bals et « dancing » fréquentés par les populations citadines. Les auteurs, les arrangeurs, et les éditeurs de ces musiques appartiennent enfin majoritairement à la mouvance militaire1.
4L’organisation des œuvres dans les programmes de concert s’appuie en général sur un modèle invariable. Des contextes spécifiques peuvent cependant contraindre les sociétés à se détacher de la structure type et adopter un nombre d’œuvres et un ordre particuliers. Les titres des pas redoublés et des danses se réfèrent davantage à des événements historiques et techniques, consistant même parfois à des appréciations affectives des auteurs, qu’à des modes d’écriture originaux. Seuls les morceaux descriptifs semblent établir une certaine corrélation entre le titre et le contenu musical. Le répertoire use, en général, de stéréotypes générés par les instruments et les catégories musicales.
Notes de bas de page
1 Les musicologues se réfèrent principalement aux musiques régimentaires lorsqu’ils abordent la constitution instrumentale et le répertoire des formations à vent. Cette démarche confirme donc la thèse de l’origine militaire des sociétés instrumentales. La création de la Garde nationale par La Fayette concourt, en effet, à la création, dans les grandes villes, de musiques semblables à celles de l’armée. Dirigées par des artistes de valeur, ces premières musiques civiles diffusent essentiellement un répertoire de musique militaire. Soyer M.-A., op. cit., p. 2145.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008