Chapitre II. Une dynamique urbaine
p. 53-75
Texte intégral
Une diversité catégorielle
1Les principales villes de Maine-et-Loire témoignent d’une vitalité musicale remarquable par rapport aux communes rurales du département. Les sociétés instrumentales d’Angers, de Cholet et de Saumur, qu’elles soient militaires ou civiles, s’inscrivent dans une dynamique typiquement urbaine et participent activement à l’animation musicale de ces villes.
Sociétés instrumentales régimentaires
Popularité des revues et retraites aux flambeaux
2Les habitants des grandes villes de Maine-et-Loire apprécient les prestations musicales des musiques régimentaires entretenues par les garnisons militaires. Outre les concerts hebdomadaires, ces musiques se font entendre durant les fêtes et les manifestations officielles.
3Les revues militaires et les retraites aux flambeaux sont, notamment, des occasions pendant lesquelles le public, attaché à ce type de divertissement, peut juger de la vigueur des régiments et les qualités musicales des fanfares ou des harmonies militaires qui s’y produisent.
« M. le général Bounetou, commandant les 7e et 8e subdivisions de la 9e région, a passé la revue de toutes les troupes de la garnison d’Angers hier dimanche 16 juin, à 1 heure après-midi au Champ-de-Mars. MM. les officiers et la troupe étaient en grande tenue […]. Toutes les troupes défilaient avec la Musique du 77e de ligne. Le service d’ordre était assuré par la gendarmerie à pied et à cheval en grande tenue. Le Mail, le boulevard et toutes les rues aboutissant au Champ-de-Mars étaient garnis d’une foule compacte ; la pluie avait cessé pour quelques heures, et la revue a été vraiment fort belle1. »
4Le cérémonial et l’organisation minutieuse décrits dans ce dernier récit s’affirment davantage encore dans les revues qui précèdent la célébration de la fête nationale. La revue du 14 juillet 1890 donne lieu à un véritable spectacle dont l’éclat enthousiasme le public qui peut s’y délecter de trois régiments accompagnés de leur musique respective. Les participants commencent par former un vaste quadrilatère, où le côté sud est occupé par les gendarmes à pied et la Compagnie des sapeurs-pompiers avec sa musique, le côté ouest, par le 2e régiment de pontonniers et sa musique, le côté nord par le 135e de ligne et sa musique et la compagnie de remonte, le côté est, par le 1er régiment de cuirassiers et sa fanfare. Un général procède ensuite à l’inspection des troupes et une remise de décorations, pendant que les musiques militaires exécutent La Marseillaise. La cérémonie terminée, les troupes s’avancent par compagnie. Les musiques du 2e pontonniers et du 135e jouent pendant le passage des gendarmes à pied et du régiment. Puis la fanfare des cuirassiers sonne et les gendarmes à cheval et les cuirassiers traversent à leur tour le Champ-de-Mars au pas de leurs montures2.
5S’il est une cérémonie militaire où la musique régimentaire s’impose comme un élément d’attraction incontournable, c’est bien la retraite aux flambeaux qui mêle musique et chant. La population apprécie particulièrement cette manifestation traditionnelle qui consiste à accompagner en musique la réintégration du régiment dans ses quartiers. Elle y exprime son admiration pour l’armée, parfois même s’y identifie. Accompagné de sa musique, de tambours et de clairons, un détachement du 135e de ligne effectue une retraite à travers les rues et les places de Cholet. Une foule compacte, où se mêlent hommes, femmes et enfants, suit le cortège avec entrain. On y voit notamment des couples, dont l’allure fait dire au rapporteur de l’événement qu’ils sont vainqueurs de la bataille de Lutzen et que la fête est en leur honneur3.
6Ce type de manifestation cultive ainsi le mélange des genres, comme le font les concerts hivernaux donnés par les sociétés civiles, en intégrant des épisodes ou des ensembles vocaux. Outre l’affirmation d’un attachement aux valeurs militaires, la retraite aux flambeaux, à l’inverse de la revue militaire davantage codifiée et encadrée, peut devenir occasionnellement un espace de contestation idéologique, notamment anticléricale durant la première décennie du XXe siècle. Celle du 14 juillet 1903 intègre, au côté de la Fanfare des dragons et la Musique du 6e génie, une chorale, la Chorale préfectorale, qui fait entendre durant tout le parcours des cris de « À bas la calotte ! Les agents à l’eau ». Cette société orphéonique avait, déjà auparavant, affirmé une couleur anticléricale en faisant entendre les refrains de l’Internationale et de La Carmagnole lors de la procession de la Fête-Dieu où elle fit ses premières armes4.
7Ces comportements dénotent une dérive civile d’une cérémonie, autrefois exclusivement militaire. Dès les années 1880, des comptes rendus journalistiques évoquent des fêtes publiques dans lesquelles les retraites aux flambeaux s’évadent du contexte militaire au profit d’une fonction divertissante. Cette dérogation à l’ordre militaire est d’autant plus paradoxale que le patriotisme s’affirme, tout au long de la Troisième République, au travers d’un idéal militaire qui atteint l’exacerbation que nous connaissons à la veille du premier conflit mondial. Un journal angevin relate ainsi le prêt, par l’autorité militaire conciliante, de matériels à un carnaval, divertissement populaire par excellence.
« Le soir, la retraite aux flambeaux a été exécutée, battue et sonnée par la fanfare des Pierrots, en compagnie de la Musique du 135e, des tambours et des trompettes de la garnison. Du reste, l’autorité militaire a fait voir, dans cette journée que les interdictions, qui naguère empêchaient de détourner de leur emploi habituel les hommes et le matériel de l’armée, ne se sont pas maintenues avec une rigueur inflexible. Dans le défilé “carnavalesque”, nombre de cavaliers et de chevaux, les fanfares de cavalerie, des voitures avaient été empruntés aux cuirassiers et aux pontonniers5. »
Tentatives de suppression
8La question de l’utilité des musiques régimentaires est récurrente tout au long du XIXe siècle. Animés par des soucis d’économie et une volonté de moderniser les corps militaires, des députés proposent des projets de loi visant à supprimer ces musiques, malgré l’intérêt constant que la population y accorde. Les débats sur la loi, projetant de raccourcir le service militaire de trois à deux ans, remettent à nouveau en question, en 1905, le bien-fondé des musiques militaires. Blasé par ces polémiques dont l’issue aboutit systématiquement au maintien de ces pratiques instrumentales, le journaliste C. Hurtault exprime un désabusement teinté d’ironie.
« Tout passe, tout casse, tout lasse, dit le proverbe. Il en est de même parfois des motions de la Chambre des députés. Ce qui plaît aujourd’hui passera demain inaperçu ; ainsi va le monde. Un député des plus en vue, déposait il y a quelque temps un projet de loi, tendant à la suppression totale des musiques militaires : dans un but d’économie, j’aime à le croire, d’où grand émoi dans le monde mélomane, habitué de longue date aux auditions de nos concerts de régiments.
– La sauce fait passer le poisson ! me disait à ce sujet un des plus fougueux adversaires du projet.
– Au moins, si nous, contribuables, payons à l’État les préparatifs d’une guerre éventuelle, qu’on nous laisse au moins la distraction chère à nos goûts, et qui, après tout, donne toujours un regain de popularité à nos braves petits soldats.
– Heureux, ajoutait mon interlocuteur, les centres pourvus d’un état-major avec musique ; ce qu’ils sont enviés6 ! »
9En 1886, les autorités officielles envisagent, dans cette perspective, de supprimer la retraite en musique. Cette décision soulève de vifs émois dans la population, et L’Écho saumurois publie un article dans lequel il s’insurge contre les méthodes expéditives du gouvernement et défend les bienfaits de cette tradition. Les habitants de toutes les villes se verraient contraints « de faire leur deuil de la retraite, qui était pour eux une distraction de chaque soir » à cause d’une décision ministérielle hâtive visant à effacer « une tradition vieille de plus d’un siècle7 ». Le journal poursuit ensuite sa démonstration en proposant une description d’une retraite en musique type, empreinte de théâtralité et de nostalgie, quelque peu exagérée. Il insiste en particulier sur l’impact visuel et sonore de la manifestation sur la foule.
« Il est huit heures vingt-cinq minutes. Les tambours sont réunis sur la place, alignés sur deux rangs, les clairons derrière ; le tambour-major en avant, calme et digne, appuyé sur sa grande canne. Les curieux, les oisifs se groupent alentour ; les anciens militaires retraités, boutonnés haut, scrutent en connaisseurs la tenue et l’attitude des hommes. Les petits rentiers, les boutiquiers que la beauté de la soirée a fait sortir de leurs demeures, arrivent avec femmes et enfants et circulent lentement sur les boulevards, dans la partie que la retraite doit traverser. Les gamins affluent, friands de tout ce qui est spectacle en plein vent et surtout spectacle militaire.
Le premier coup de la demie sonne à l’horloge de l’Hôtel de Ville. Tout le monde s’arrête, les yeux fixes sur le centre de la place.
Le tambour-major lève sa canne avec majesté. Des tambours s’élèvent, semblables à un grondement d’orage, un formidable roulement qui va « crescendo », s’enfle comme un mugissement d’orgue, et s’arrête subitement sur un nouveau signe de la canne, qui s’est brusquement abaissée. Alors, c’est au tour des trompettes dont la voix claire et cuivrée lance aux quatre coins de la place, posément, sans se presser, la vieille fanfare si connue de la retraite8. »
10Le quotidien énonce enfin les qualités morales et humaines de cette cérémonie. Non seulement garante de la tradition et du prestige militaires, elle exerce aussi une influence bénéfique sur le peuple en encourageant des vocations auprès des jeunes et en rassurant la population civile. Instituée à une époque où les horloges publiques étaient rares, la retraite musicale indiquait aux soldats dispersés dans la ville l’heure de regagner leur quartier. De ces enfants qui emboîtent le pas derrière les clairons, « combien en est-il chez lesquels ces fanfares éclatantes ont éveillé le goût du métier des armes ». La retraite établit entre la garnison et les habitants un contact journalier, et rappelle que l’armée, « cette gardienne vigilante et dévouée de l’ordre » assure leur protection9.
11Confronté alors à de vives protestations, le gouvernement reconsidère sa proposition d’organisation des armées et assouplit sa décision en autorisant les commandants d’armes à organiser des retraites en musique occasionnelles, une ou plusieurs fois par mois, après en avoir informé les autorités civiles.
Un attachement populaire
12La présence de garnisons militaires stimule ainsi les activités musicales des grands centres urbains de Maine-et-Loire. L’installation d’un régiment, accompagnée par sa musique, est toujours accueillie favorablement par la population et les autorités locales. Après 1870, la ville de Cholet envisage la construction d’une nouvelle caserne pour héberger un régiment dans le cadre de la réorganisation de l’armée. L’idée de la création d’une école d’artillerie en janvier 1872 est abandonnée au profit d’un régiment d’infanterie dont le premier contingent de 600 hommes est logé dans des locaux provisoires. Il n’est néanmoins pas encore question d’une musique régimentaire.
13Le 135e de ligne est finalement désigné pour la garnison de Cholet. Précédé par le bataillon d’instruction en juillet 1874, il faut attendre le 16 décembre 1875 pour que le 135e fasse son entrée officielle dans la ville. La Musique municipale de Cholet et la Musique du 135e, sous la direction du chef de musique Elfrique, font défiler, drapeau en tête, le régiment sous les yeux d’une foule nombreuse qui peut enfin entendre, pour la première fois de son histoire, une musique régimentaire dans sa ville10. Désormais, vont se créer des liens affectifs entre les Choletais et leur musique militaire. La population peut apprécier les progrès musicaux réalisés par la Musique du 135e à l’occasion de ses prestations hebdomadaires. Le colonel du régiment prend ainsi, en 1876, la décision d’organiser chaque jeudi une retraite en musique, avec seulement des fifres, et un concert dominical pendant lequel la musique, au grand complet, se fera entendre.
14En 1882, l’arrivée du 77e régiment, qui remplace le 135e, est également accompagnée d’une liesse populaire. Tandis que la Musique du 135e donne son dernier concert le dimanche 8 octobre, avant de rejoindre Angers, la Musique du 77e propose, au jardin du Mail, le 29 octobre, un premier concert particulièrement apprécié des connaisseurs. Tout Cholet, qui n’avait connu, depuis longtemps, une semblable animation, s’y donne rendez-vous. Les musiciens exécutent magistralement les cinq morceaux qui composent le programme. Une fantaisie pour saxophone alto y est particulièrement applaudie11.
15Le quotidien des Choletais est dès lors rythmé par des démonstrations et des concerts militaires.
« Beaucoup de Choletais et Choletaises […] se souviennent encore de l’époque où le 77e régiment d’infanterie tenait garnison à Cholet. La vie de notre petite cité en était profondément modifiée […]. Les retraites aux flambeaux du samedi – avec l’arrêt, devant les demeures du sous-préfet, du maire et du colonel, pour jouer le pas redoublé classique – créaient une effervescence joyeuse dans la ville […]. Les concerts dominicaux et, pendant la belle saison, les concerts du jeudi après-dîner réunissaient, sur le mail, un public nombreux et fidèle qui savait apprécier la musique militaire et ses solistes remarquables […]. De temps à autre, lors des grandes marches d’épreuve, au 14 juillet et quand un général en tournée d’inspection passait une revue sur la place Travot ou sur la place Victor-Hugo, le régiment défilait, musique en tête, avec la clique au grand complet. Dans nos rues étroites et pavées, si sonores, le bruit martial des tambours et clairons, le tumulte des cuivres – l’on comptait parfois jusqu’à 200 musiciens – retentissaient tellement que les femmes se bouchaient les oreilles et qu’en tremblaient les vitres des fenêtres. Toute la population se pressait, vibrante de sentiments patriotiques12. »
16Malgré sa tradition militaire – Saumur abrite une prestigieuse École de cavalerie dès 181413 –, la ville se voit privée d’une musique régimentaire régulière durant tout le dernier tiers du XIXe siècle. Pendant l’année 1866, suite au décret promulgué par le maréchal Niel supprimant dans l’armée toutes les musiques montées, les Saumurois assistent, impuissants, au démantèlement de leur chère fanfare militaire. En l’absence d’une musique militaire attitrée, les autorités de la ville sont non seulement contraintes de solliciter les sociétés civiles pour « organiser des retraites à l’instar de celles qui auront lieu une fois par semaine dans les villes voisines14 », mais louent aussi les services des Musiques du 135e et du 77e pour leurs fêtes estivales. Les musiques militaires d’Angers et de Cholet sont notamment conviées à la populaire fête du Carrousel qui se déroule à Saumur pendant le mois d’août de chaque année. Réminiscence des tournois moyenâgeux, les carrousels sont inaugurés officiellement en France sous Louis XIV et obtiennent immédiatement un vif succès. En perpétuant cette fête, les habitants de Saumur confirment leur penchant pour cette tradition équestre.
Sociétés instrumentales civiles
17Au côté des musiques militaires évolue un nombre encore plus élevé de sociétés civiles, témoignant d’une diversité catégorielle remarquable.
Sociétés officielles
18Les sociétés instrumentales, soutenues officiellement par les autorités municipales, cohabitent pacifiquement avec les musiques indépendantes. Les Notices historiques, scientifiques et économiques, rédigées en août 1903, à l’occasion du 32e congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences15, ne dénombrent pas moins d’une harmonie et de quatre fanfares subventionnées pour la seule ville d’Angers. Ces sociétés justifient leur ressource publique par des concerts qu’elles donnent, pendant l’été, selon une alternance rigoureuse et une occupation stratégique des différents endroits de la ville.
19Cette belle ordonnance musicale montre parfois ses limites lorsqu’elle répond aux seuls critères économiques. L’entretien de musiques subventionnées représente, en effet, un coût important pour une municipalité. Aussi, des conseillers municipaux suggèrent-ils un financement public relevant davantage d’une logique d’entreprise que d’un divertissement gratuit. En novembre 1900, à l’initiative de la commission des finances et du budget, le conseil municipal d’Angers charge quatre membres d’élaborer un projet de fusion des musiques subventionnées par la ville afin d’en réduire les coûts.
« Se faisant l’écho de l’opinion publique, un de nos collègues a fait remarquer qu’il serait plus agréable, et surtout plus utile pour l’art, de remplacer un dispersement aux quatre points cardinaux de notre Ville, de nos unités artistiques, en un groupement d’une bonne et excellente musique municipale. Ne voulant rien changer, pour cette année, aux dispositions budgétaires, votre Commission a décidé de vous prier de nommer quatre de vos membres qui seront chargés de résoudre cette importante question16. »
20Aucune suite favorable ne sera finalement donnée au projet. La ville d’Angers conservera ses cinq sociétés instrumentales subventionnées jusqu’en 1914 au moins.
21Cette tentative de fusion démontre que les agglomérations urbaines, voire rurales, ont conscience du potentiel médiatique et économique des sociétés. Lorsqu’une festivité se voit privée d’une fanfare ou d’une harmonie soutenue par une municipalité, les organisateurs suppléent cette absence en recherchant une autre société. Faute d’un nombre suffisant de sociétés, la ville de Saumur fait appel, pour ces fêtes, à des musiques opérant dans des communes voisines ou constituées, de manière informelle, par des amateurs. Il est difficile d’apprécier objectivement les qualités musicales et techniques de ce dernier type de formation instrumentale. En effet, les comptes rendus journalistiques suggèrent un certain décalage entre l’ampleur emphatique d’une réjouissance populaire et la participation d’une musique d’envergure plus modeste17. Certains journalistes dérogent même à leur impartialité et osent quelques flatteries en citant les noms des chefs qui dirigent temporairement ces musiques improvisées.
« Grâce au temps délicieusement joli que nous avons eu dimanche dernier, la fête du quartier de Nantilly a été de toute beauté. Il faut dire aussi qu’une entente à nulle autre pareille a présidé à l’organisation : en huit jours tout a été décidé et préparé ; les détails de la jolie cavalcade que nous avons tous admirée dimanche ont été réglés […]. Six chars avaient été organisés et décorés avec toutes les fleurs du quartier et dans l’intérieur s’était placé tout un régiment de garçons et de fillettes. La musique d’amateurs qui ne comprenait pas moins de vingt musiciens, dirigés par M. Robert, peintre, et M. Mabileau de la Maison Gratien et Meyer, était assez réussie […]. Le soir, une magnifique retraite aux flambeaux, à laquelle ont pris part les sapeurs-pompiers de Saumur et une musique d’amateurs, a parcouru tout le quartier de Nantilly18. »
Sociétés indépendantes
22Le dispositif musical officiel s’enrichit donc nécessairement de fanfares et sociétés instrumentales diverses, dites « libres », afin de pouvoir satisfaire la demande. Certaines, bien que ne bénéficiant pas de la manne financière municipale, sont enregistrées auprès des autorités préfectorales. Elles exercent principalement leur activité dans les quartiers des villes, tandis que d’autres relèvent d’établissements scolaires.
Musiques officielles | Musiques indépendantes | Musiques scolaires | |
Harmonies | 1 | 1 | |
Fanfares | 4 | 5 | |
Formations indéterminées | 4 | 3 |
23La formation instrumentale Angers-Fanfare est particulièrement représentative de ce type de société. Avant de devenir une fanfare municipale en 1886, elle fut une société indépendante, fondée par le marquis de Foucault. La prospérité de cette fanfare repose sur un mécénat dont l’exercice relève de pratiques propres à l’Ancien Régime.
« Cette société […], fut fondée, en 1886, avec les principaux éléments d’une fanfare créée antérieurement, à Angers, par M. le Marquis de Foucault, excellent musicien passionnément épris d’art qui, sans jamais compter, consacra une partie de sa fortune aux artistes et à la diffusion de la musique instrumentale, en créant un certain nombre de sociétés musicales qu’il dotait, généreusement, d’instruments les plus perfectionnés. Grâce aux libéralités de cet amateur fort distingué, Angers-Fanfare eut, en peu de temps, à sa disposition, un répertoire remarquable, varié, et d’excellents instruments19. »
24Le marquis de Foucault perpétue une tradition aristocratique en soutenant moralement et financièrement des activités artistiques. Ardent promoteur de l’Association artistique20, il est aussi le président et le créateur de plusieurs sociétés instrumentales aux succès retentissants. Collectionneur éclairé, il possède une bibliothèque musicale conséquente. L’érudition et la générosité de ce mécène émérite sont reconnues par les notables et les musiciens locaux.
25L’éclosion de sociétés indépendantes s’explique aussi par une souplesse structurelle, au contraire des musiques militaires dont la relative rigidité, à l’occasion des départs de classe, souffre du renouvellement des effectifs et provoque un arrêt temporaire des activités musicales. En juin 1884, le public saumurois assiste à l’ultime concert de la Musique du 135e avant que l’harmonie ne perd plusieurs de ses artistes. Plus de quinze musiciens doivent, en effet, regagner leurs foyers, l’organisation militaire du moment ne permettant pas de contracter de nouveaux engagements21.
Des formations instrumentales évolutives
26De nombreuses sociétés civiles témoignent de restructurations internes ou de reconstitutions sur la base d’anciennes musiques. L’évolution de leur structure se résume à deux cas de figure, très souvent imbriqués l’un dans l’autre. Nous pouvons la qualifier de statutaire lorsqu’une musique, à l’origine militaire ou appartenant à un corps de sapeurs-pompiers, adopte un profil civil22. En revanche, cette modification se révèle plutôt organique pour une fanfare qui, en s’adjoignant de bois, se transforme en harmonie.
27La Musique municipale d’Angers alterne périodes de stabilité et de crises profondes, dont elle sort, la plupart du temps, victorieuse en raison de sa capacité intrinsèque à intégrer les changements. Cette société n’a pas toujours été une musique municipale et a dû changer de statut à plusieurs reprises au cours de son existence. Sa création s’appuie, comme la plupart des harmonies civiles sous la Troisième République, sur des institutions musicales préexistantes. Fondée en 1852, sous le nom de Fanfare des sapeurs-pompiers, avec une partie des musiciens qui appartenaient précédemment à la Fanfare de la compagnie d’artillerie de la Garde nationale, elle est la plus ancienne des sociétés musicales d’Angers. Elle évolue, dans les années 1862, en une harmonie et remporte des succès éclatants dans les concours grâce au dynamisme de son chef, A. Maire. Le décès de A. Maire, en 1885, conduit la société à se libérer de l’emprise des sapeurs-pompiers, avec lesquels elle semble nourrir un différend.
28Dès lors, cette musique exerce ses activités musicales, sous la direction de Charles Martel, dans un cadre plus ou moins indépendant, dans la mesure où, partagée entre des velléités libertaires et une aspiration sécuritaire, elle obtient occasionnellement des subventions municipales.
« En 1885, par suite d’exigences mal fondées, la société musicale que l’Administration municipale avait à sa disposition, soit pour accompagner les pompiers dans certaines cérémonies solennelles, soit pour rehausser l’éclat des fêtes populaires de la Ville refusa péremptoirement son concours, particulièrement en ce qui concerne le corps des Sapeurs-Pompiers. La Musique municipale devint alors entièrement libre et prit le nom d’Harmonie angevine. Cette société musicale, présidée par notre honorable Collègue M. Cointreau, et dirigée par un chef habile et expérimenté, M. Martel, parfaitement secondé par des artistes de talent, continua, néanmoins de se prêter, dans certains cas, aux demandes de l’Administration et du Conseil municipal23. »
29Cette situation ne satisfait ni les membres de la société, ni les responsables municipaux. L’administration regrette de ne plus avoir, comme autrefois, à son service une musique municipale. En observant la situation des départements voisins, Angers serait la seule de toutes les grandes villes à ne pas posséder sa musique municipale24.
30Le conseiller municipal, Villard, présente alors, en 1888, un projet de reconstitution d’une musique municipale dans lequel il propose non seulement de transformer l’Harmonie angevine en Musique municipale « pour donner plus d’attraits aux fêtes de notre Ville25 », mais aussi de créer un « Conservatoire de musique qui formerait une pépinière d’artistes pour les diverses sociétés musicales de la Cité, comme aussi pour nos théâtres26 ». Aucune suite favorable n’est donnée à ses intentions.
31En 1893, la Commission administrative de l’Harmonie angevine soumet, à nouveau, la proposition de Villard aux conseillers municipaux qui accordent finalement, le 30 mars 1895, le statut de musique municipale à l’ensemble instrumental. Désormais, l’Harmonie angevine prend le nom de Musique municipale des sapeurs-pompiers et s’engage à fournir son concours aux grandes manœuvres des pompiers, ainsi qu’à les accompagner dans toutes les circonstances et fêtes officielles émanant de la municipalité27. Elle renoue ainsi avec une situation antérieure à 1885, mais, cette fois-ci, non plus en tant que modeste fanfare militaire, mais comme une harmonie assurée du soutien de la mairie et auréolée d’un prestige régional28.
32Le parcours de l’Harmonie choletaise ressemble, par bien des aspects, à celui de la Musique municipale d’Angers. Mais sa transformation en harmonie contribue davantage à son développement et à sa réputation que ses évolutions statutaires. Créée au lendemain des événements révolutionnaires de 1848, sous le nom de Fanfare de Cholet, cette société instrumentale serait la plus ancienne de Maine-et-Loire. En 1868, elle décide de se plier à la discipline militaire en adoptant l’uniforme des sapeurs-pompiers et rehausse, de ses « accents cuivrés », l’éclat des fêtes et des défilés.
« La Fanfare de Cholet prend des airs de « grande dame » ; ses musiciens vont avoir un uniforme, ils endosseront celui des sapeurs-pompiers. Et, dans quelques albums choletais, on retrouve avec plaisir une photo un peu jaunie qui représente nos musiciens dans leur tenue chamarrée, juchés dans les “breaks” de la maison Galand… en route pour le “champ de courses”29. »
33Elle se sépare, en 1875, des sapeurs-pompiers à l’initiative du capitaine, Charles Vauquelin, mécontent des trop nombreuses absences de l’ensemble instrumental aux manifestations festives de la compagnie30.
34Cette rupture aurait pu être fatale à la fanfare en la faisant disparaître à jamais du paysage choletais. Pourtant, cet événement va contribuer à sa pérennisation dans le temps. Elle se reconstitue presque immédiatement en une nouvelle musique, sous le nom de Musique municipale de Sainte-Cécile, puis de Musique municipale de Cholet, pour s’appeler définitivement, en 1894, Harmonie choletaise. Cette restructuration s’opère par l’intégration de bois aux cuivres existants31.
35À partir de cette date, forte de son dispositif instrumental enrichi, cette phalange prend part à de nombreux concours et obtient des premiers prix à Bordeaux, Cognac, Suresnes et Lorient. En 1910, son nouveau chef, M. Taupio, conduit la société, avec autant de succès que son prédécesseur, aux concours de Reims et de Paris. Cette évolution instrumentale concourt à sa remarquable longévité et lui donne une dimension, non plus locale, mais régionale32.
Une appropriation de l’espace urbain
36Nous savons que la croissance des villes et les nécessaires aménagements urbains qui l’accompagnent sont un phénomène majeur du XIXe siècle. Il est donc intéressant de se pencher sur les incidences que cette évolution a pu entraîner sur le développement des sociétés instrumentales.
Un espace en pleine mutation
37René Rémond constate certes que le développement des villes, et l’attraction qu’elles exercent sur les populations, n’est pas une exclusivité du monde contemporain. Leur existence est aussi ancienne que celle de l’homme dès lors que les groupements humains débordent les communautés fondées sur le lien familial et la parenté du sang. La ville aurait été ainsi toujours l’expression achevée et le lieu privilégié de la civilisation33.
38Mais la nouveauté de l’urbanisme du XIXe siècle réside dans ses mutations quantitatives et qualitatives. Même si la France reste profondément rurale, la progression démographique profite surtout aux villes. La population urbaine connaît notamment une croissance spectaculaire dans la seconde moitié du XIXe siècle. À une première partie du siècle durant laquelle l’extension des villes s’appuie davantage sur des éléments du réseau urbain ancien qu’une restructuration réelle de l’espace urbain succède un mouvement rapide et irrégulier d’urbanisation du Second Empire aux années 188034.
39Le doublement de la population citadine entre 1851 et 1911 nécessite de nouveaux agencements urbains. L’agrandissement de la surface des villes et l’augmentation du nombre de leurs habitants confrontent les autorités du Second Empire et de la Troisième République à de nouveaux défis, auxquels il faut apporter des réponses afin de garantir un minimum de cohésion sociale et réguler l’exode d’une population rurale qui ne parvient plus à assumer, faute de travail suffisant dans les campagnes, sa subsistance35.
Boulevards et avenues
40Les travaux de réaménagement de Paris, entrepris par le baron Haussman sous le Second Empire36, se généralisent aux villes de province sur une période allant de la Deuxième République jusqu’aux années 188037. Angers, Cholet et Saumur profitent de cette réorganisation de l’espace urbain. Les autorités locales reconsidèrent la morphologie de leur ville afin de désengorger les centres-villes et les quartiers populaires insalubres où s’entasse une population vivant dans des conditions de vie misérables. Il s’agit aussi de dégager de nouveaux axes de communication afin de relier le centre de la ville à sa périphérie.
41C’est à ce niveau que les sociétés instrumentales participent à la rénovation des cités. Elles n’interviennent pas, bien sûr, directement dans la politique urbaine du XIXe siècle, mais investissent les voies nouvellement dégagées ou créées. Les larges avenues rectilignes s’adaptent parfaitement aux déplacements des sociétés pendant les défilés, tout en accueillant simultanément un public nombreux. Le répertoire de plein air, marches et pas redoublés, y trouve aussi un terrain favorable en raison des conditions acoustiques générées par les hôtels particuliers qui bordent les boulevards, les « accents cuivrés » des sociétés acquérant probablement une résonance accrue. Les sociétés disposent ainsi d’une infrastructure urbaine propice à leur mouvement et leur musicalité, la rue devenant un espace scénique.
« Dès midi un quart, le pont du Centre, la rue Beaurepaire et le boulevard Descazeaux qu’on avait choisi comme point de départ, sont envahis par une masse énorme de curieux qui se hâtent, se pressent et s’échelonnent pêle-mêle sur les trottoirs ; toutes les fenêtres sont occupées. Enfin, vers une heure, le défilé s’ébranle aux sons joyeux de la Fanfare du 25e dragons, et du coin de rue où nous avons pu à grand’ peine nous frayer un passage, nous assistons au départ successif des chars, landaus et voitures de toutes sortes qu’on avait groupés, en attendant sur le boulevard de Nantes […]. La Société Sainte-Cécile apparaît sur un immense char en amphithéâtre, traîné par six chevaux. La Musique du 135e, la Fanfare de Trélazé, la Fanfare de la Doutre, la Musique du IVe arrondissement, Angers-Fanfare, l’Harmonie angevine et l’Union angevine (celle-ci sur un char monumental) jouent leurs morceaux les plus entraînants […]. Sur les quais, la foule est énorme ; elle grossit encore sur les boulevards, et quand on arrive devant la mairie, on se porte, on s’écrase littéralement […]. Le trajet, toutefois, se poursuit sans incident par les boulevards de Saumur, du Roi-René, la rue des Lices, la rue Voltaire, la rue Chaussée-Saint-Pierre, la place du Ralliement et la rue d’Alsace, pour aboutir devant le Cercle militaire où doit avoir lieu le grand corso final38. »
42À l’occasion des défilés et des manifestations festives, les sociétés instrumentales empruntent des itinéraires qui intègrent les grands axes urbains développés, tout au long du XIXe siècle, dans les principales métropoles de Maine-et-Loire. La ville d’Angers entreprend d’importants remaniements urbains dès le début du XIXe siècle. Les municipalités se préoccupent non seulement de tracer des boulevards, plantés d’arbres, sur l’emplacement des anciens fossés jouxtant les remparts, mais aussi d’élargir les principales rues et places centrales, notamment celle du Ralliement.
43Les itinéraires choisis par les organisateurs du Festival de musique de 1875, de la fête de la Mi-Carême de 1895 et de la Cavalcade historique39 de 1905 témoignent des influences bénéfiques de la politique d’urbanisation d’Angers sur les divertissements populaires auxquels sont associées étroitement les musiques de la ville et d’ailleurs. Le nombre de fanfares, parfaitement adaptées pour ce type de manifestation extérieure, dépasse largement celui des harmonies40.
Sociétés instrumentales | |
Festival de musique (1875) | 7 orphéons, 10 harmonies, 14 fanfares |
Fête de la Mi-Carême (1895) | 1 harmonie, 6 fanfares |
Cavalcade historique (1905) | 6 fanfares |
44Outre l’emprunt systématique des grandes artères, dont la plupart ont subi d’importantes modifications durant le XIXe siècle, les trajets s’allongent au fur et à mesure de l’extension de la ville. Ils investissent progressivement des secteurs urbains, notamment la rive droite, jusque-là délaissés par les autorités municipales davantage soucieuses de la haute ville où se concentrent les activités économiques et politiques41. Le cas du quartier de la Doutre est assez remarquable. Les années 1880 voient la revitalisation de ce quartier réputé insalubre et dangereux en raison de sa population ouvrière. Ce quartier se dote ainsi, à partir de 1885, d’une société régulière, l’Harmonie de la Doutre, qui contribue à sa rénovation morale. Le parcours de la cavalcade de 1905 a ainsi, non seulement, pour points de départ et d’arrivée le quai Monge et la place des Arts, mais fait aussi une halte en son centre emblématique, la place de la Laiterie.
45Angers n’est pas la seule ville de Maine-et-Loire qui modernise sa structure urbaine tout au long du XIXe siècle. La dynamique haussmannienne profite également aux manifestations populaires de Cholet. Les parcours de ses cavalcades et de ses carnavals établissent un équilibre entre le centre historique et les grandes artères récemment créées ou rénovées. Au début de la seconde moitié du XIXe siècle, les percées du boulevard Gustave-Richard, de la place Victor-Hugo et du boulevard Faidherbe marquent les limites de la ville. Son extension se poursuit par les créations, à la périphérie, de la rue de l’Étoile (1874), du boulevard Guy-Chouteau (1887), de la rue Marceau (1889) et par l’incorporation de tronçons de route dans le réseau urbain42.
46Les sociétés instrumentales s’approprient également les places et les jardins où elles se font entendre. Ces lieux sont tout aussi stratégiques que les rues dans lesquelles elles défilent, et occasionnent des aménagements spécifiques.
Places et jardins publics
47Ces agencements consistent en des modifications structurelles ou des équipements techniques afin de pourvoir au confort du public et des musiciens.
48Le concert nocturne, donné par la Musique du 135e de ligne pendant les fêtes équestres de Saumur en août 1903, montre un nombre insuffisant de chaises et un espace trop restreint pour accueillir le public dans de bonnes conditions. La Petite Loire suggère alors aux autorités municipales un nouvel aménagement de la place qui accueille habituellement les musiques de la ville.
« Lorsque la Ville devra, suivant les nouveaux plans dressés par son architecte, aménager un terre-plein planté de deux rangées d’arbres sur la place de la République, comme elle l’a fait sur la place du Roi-René, il sera bon de dégager le kiosque de la musique de la grille qui l’emprisonne du côté de la place, en ménageant autour un vaste espace libre, afin de pouvoir y placer plusieurs rangées de chaises. On pourrait supprimer la pelouse jusqu’au cèdre et faire disparaître les petits massifs et la grille bordant le quai et la rue de la Comédie, jusqu’à la hauteur du cèdre, pour former un vaste quadrilatère macadamisé jusqu’à la rue de la Tonnelle, ce qui ferait une jolie promenade avec quelques candélabres pour l’orner et surtout quelques bancs pour permettre aux ouvriers de s’asseoir pendant la musique […]. En diminuant le square du Théâtre, sans le déparer, on pourrait ainsi agrandir la place de la République43. »
49L’occupation des places soulève également la question de leur éclairage. À la demande de la municipalité angevine, l’entreprise Jeanneau établit, en 1913, un devis dans lequel elle propose un éclairage à l’acétiphène des places de la ville sur lesquelles les sociétés donnent un concert. Elle s’engage à fournir du carbure pour huit foyers à quarante bougies pour un prix de dix francs par soir si le nombre de concerts est supérieur à dix durant la saison estivale. La société doit aussi s’occuper d’agrandir les espaces destinés aux musiciens afin d’éviter que le public ne heurte et éteigne involontairement les appareils d’éclairage pendant le concert.
« La demande de Monsieur le Maire concernant l’agrandissement des emplacements destinés aux musiciens est approuvée par l’entreprise d’éclairage qui fera le nécessaire. L’entrepreneur fait observer qu’une surveillance plus active serait nécessaire pour empêcher les personnes entourant les musiciens de toucher les appareils, et de provoquer par ce fait des extinctions désagréables. Les caoutchoucs notamment sont l’objet d’attouchements qui nuisent à l’éclairage44. »
50Le colonel du 135e régiment de ligne obtient également, en 1881, de la municipalité choletaise l’amélioration de l’éclairage de la musique régimentaire lorsque celle-ci joue, chaque jeudi soir, sur la place Travot. Pour une somme de 250 francs, l’administration municipale acquiert, en 1881, trente lanternes pouvant contenir une bougie d’un gros calibre45.
51Ces quelques exemples montrent finalement que les sociétés intègrent les innovations techniques de l’époque et tendent à se fondre dans un environnement moderne. Le premier éclairage public d’Angers date de 1784 et compte cent quatre-vingts lanternes. C’est en 1858 que la ville confie la concession d’un éclairage par le gaz à la Compagnie lyonnaise pour une durée de cinquante ans46. Saumur se dote de son installation au gaz en 1841, tandis que Cholet éclaire ses rues en 1833 avec vingt-cinq réverbères à huile, remplacés par l’éclairage au gaz en 185847.
52L’électricité exerce un impact encore plus important sur la vie artistique locale. Angers établit son usine électrique en 1900, qui alimente près de soixante lampes à arc à travers la ville dès 1902. En revanche, sous la Belle Époque, Cholet se contente d’apporter le courant électrique aux habitations. La commune ne se munira d’un éclairage public électrique qu’en 1952. Les fêtes, bien que ponctuellement valorisées par l’éclairage électrique, gagnent néanmoins en éclat et attractivité. Les illuminations du concours de gymnastique, organisé à Cholet en 1913, fascinent particulièrement les spectateurs.
« Ce fut vraiment le clou de la journée. Rarement, les Choletais n’avaient assisté à plus beau spectacle. La Maison Paz et Silva, chargée d’illuminer l’immense arène, avait fait des merveilles. Tout autour du Vélodrome, des guirlandes de tulipes multicolores, des motifs lumineux d’un magnifique effet, répandaient sur la piste une éblouissante clarté. La tribune d’honneur était ornée de girandoles, où les couleurs les plus variées se mêlaient et se fondaient dans une gamme d’une richesse de tons incomparable […]. Pendant toute la soirée, l’Harmonie choletaise n’a cessé de jouer les meilleurs airs de son répertoire ou d’accompagner les danses, rehaussant ainsi l’éclat d’une fête à laquelle elle a collaboré avec un dévouement de tous les instants48. »
53Enfin, les sociétés instrumentales investissent également les mails. Lieu de promenade et de détente, le mail s’inscrit activement dans la politique urbaine du XIXe siècle. Les larges avenues rectilignes, encadrées d’arbres et de massifs, répondent non seulement au concept haussmannien du boulevard, mais proposent aussi à la population citadine un espace naturel et culturel appréciable. On aime s’y distraire au son des sociétés qui y donnent leur concert dominical49. Dans les années 1881 et 1882, la municipalité de Cholet impose ainsi à son jardin public des modifications déterminées par l’activité musicale de ses sociétés. Les concerts donnés par la Musique du 135e nécessitent une amélioration de l’éclairage, tandis que de nouvelles allées sont dessinées50.
Un profil socioprofessionnel caractéristique
Participation des classes moyennes
54Les professions des membres des sociétés urbaines permettent d’apprécier l’implication de cette pratique musicale dans le tissu social du département. Les sociétés de musique sont, en effet, invitées à déposer, chaque année, une liste de leurs membres auprès de la préfecture. Ces documents, qui précisent leur nombre et le métier exercé par chacun des musiciens, se révèlent des outils pertinents lorsqu’il s’agit d’évaluer la contribution des sociétés aux mutations sociales de la Troisième République. Ils témoignent notamment de l’émergence des classes moyennes.
55Ce tableau montre que les sociétés instrumentales recrutent principalement dans deux secteurs professionnels, les employés et les artisans dont certains dirigent une petite entreprise. Ce mouvement musical s’entoure des compétences d’une population active plutôt éduquée, et probablement acquise aux préceptes républicains. En revanche, la Société musicale de Saint-Léonard s’écarte de ce modèle dans la mesure où elle n’accueille que des carriers et des professions agricoles. En effet, ce quartier d’Angers se situe dans une zone périphérique encore fortement ruralisée et jouxte des carrières situées sur les communes avoisinantes. Ce cas est donc exceptionnel et s’explique par un contexte économique et géographique particulier.
56Le profil socioprofessionnel des sociétés urbaines de Maine-et-Loire divergerait ainsi radicalement de celui des sociétés musicales du Nord de la France recrutant leurs effectifs presque exclusivement dans les centres miniers et sidérurgiques. L’absence d’exécutants issus du prolétariat local a probablement contribué à la stabilité sociale des sociétés, les isolant des revendications ouvrières particulièrement virulentes à la fin XIXe siècle. Corporatisme ? Élitisme ? Toujours est-il que les grèves de 1893, 1904 et 1906, qui sévissent dans l’industrie de la chaussure et textile à Angers, ne perturbent en rien le déroulement des activités musicales des sociétés angevines. Aucune des grandes manifestations ouvrières de 1893, sans précédent dans l’histoire de la ville, ne semble émouvoir les membres de la Musique municipale d’Angers, pourtant paradoxalement soucieux de leur protection sociale. Les musiciens de la Musique municipale d’Angers conditionnent, en 1909, leur rattachement définitif à la Compagnie des sapeurs-pompiers par l’accès aux mêmes avantages sociaux. Une commission, spécialement formée pour la gestion de ce projet de fusion, justifie sa requête par les services musicaux rendus gratuitement à la Compagnie des sapeurs-pompiers.
« Les membres de la Musique municipale ont l’honneur de soumettre à votre appréciation la requête suivante. Ainsi que vous le savez et avez pu en juger, la Musique municipale des sapeurs-Pompiers (de nom seulement), qui en dehors de ses concerts du mail dont elle est subventionnée et des services supplémentaires à la disposition de la Municipalité […], a encore à assurer la lourde charge des services concernant la Compagnie des sapeurs-pompiers tels que revues, nominations, etc., et cela sans aucune rétribution. Ne serait-il pas juste (tel serait du reste le désir de tous ses membres) que notre société jouisse tout au moins des mêmes avantages que les sapeurs eux-mêmes, c’est-à-dire sa participation en bloc à la caisse de secours et de retraite, vous faisant observer à ce sujet que la majorité des musiciens n’ont pas cessé de faire partie de la société depuis 1895, époque où l’Harmonie angevine a pris définitivement le nom de Musique municipale des sapeurs-pompiers52. »
57L’analyse de ce phénomène dans l’ensemble des sociétés instrumentales de Maine-et-Loire conforte les résultats observés pour les sociétés urbaines.
58Le secteur secondaire domine largement les secteurs primaire et tertiaire, qui se concurrencent mutuellement. C’est bien, non seulement le reflet d’une démocratisation de la culture, mais aussi le témoignage d’une diversification des classes sociales. En proposant des transcriptions et des arrangements d’extraits d’opéra, les sociétés permettent aux couches intermédiaires, petite et moyenne bourgeoisie, de s’approprier une forme de divertissement, qui s’adressait jusque-là à l’aristocratie et la grande bourgeoisie. L’équilibre des groupes sociaux urbains relève d’une organisation autrement plus complexe que la seule conception binaire proposée par les théories marxistes. Les professions tertiaires prennent notamment leur essor sous la Troisième République53.
59La répartition des professions exercées par les membres des sociétés à l’échelle des arrondissements de Maine-et-Loire nous conduit néanmoins à nuancer certains points de vue. Le secteur primaire est fortement représenté dans les sociétés de l’arrondissement d’Angers. Les activités viticole et maraîchère font, en effet, appel à une main-d’œuvre rurale tandis que l’exploitation des ardoisières nécessite un personnel aguerri aux travaux de la mine. D’un autre côté, les sociétés de l’arrondissement de Segré intègrent dans leur rang très peu d’agriculteurs, dans une zone pourtant dominée par la ruralité. Enfin, Saumur confirme sa tradition rentière et bourgeoise en accueillant, dans ses sociétés, des propriétaires immobiliers et une élite sociale (médecin, juge, notaire, entrepreneur).
60Malgré ces exceptions, les sociétés instrumentales de Maine-et-Loire participent activement au renouvellement des équilibres sociaux de la Troisième République en s’adressant essentiellement aux classes moyennes. Leur développement s’inscrit ainsi pleinement dans une perspective de « modernisation » de la société française de la fin du XIXe siècle. Au côté de ruraux, dont le nombre domine encore la société française en 1900, et d’une haute société, représentée par la noblesse et la grande bourgeoisie, Michel Winock constate l’émergence d’une petite bourgeoisie, composée d’entrepreneurs et de fonctionnaires, et surtout d’une bourgeoisie populaire de « boutiquiers, artisans, employés, demoiselles de magasin54 ». Dominique Lejeune affine cette perception en distinguant, au sein des classes moyennes, les indépendants des salariés, et les « couches nouvelles » qui accueillent aussi bien les entrepreneurs et les petits commerçants que les divers employés de l’industrie et du commerce55.
Un instrument de valorisation sociale
61Ces catégories socioprofessionnelles investissent ainsi massivement ce type de pratique musicale dans la mesure où elles y trouvent un moyen de différenciation sociale, voire d’ascension56. Cette considération sociale est d’autant plus accentuée que les élites locales s’associent étroitement au devenir des sociétés en y exerçant des fonctions dirigeante ou représentative. Ces notables, généralement issus du monde politique et économique, président les commissions administratives des sociétés ou bénéficient de marques de sympathie appuyées lorsqu’ils en sont un membre honoraire influent. Le cas de Stéphane Milon est particulièrement significatif.
62Stéphane Aimé Auguste Milon est né le 14 décembre 1849, dans la commune de Noyant (Maine-et-Loire). En 1858, son père, Étienne, ouvre une librairie à Saumur dans laquelle il y travaille comme commis avant d’être mobilisé. Son service militaire accompli, il devient éditeur et prend la succession paternelle vers 1883. Son parcours militaire lui attirera d’ailleurs le respect des musiciens de la Musique municipale de Saumur. D’abord simple soldat au 7e bataillon pendant le conflit de 1870, il est ensuite élevé au grade de sous-lieutenant au 29e régiment de mobiles. Il sera membre de l’Union saumuroise des Anciens Combattants en janvier 1894.
63De retour à Saumur, il se fait le porte-parole d’un groupe de jeunes musiciens pour demander la création de la Musique municipale. Il est soutenu par ses professeurs, dont Victor Meyer, chef de musique de l’École de cavalerie, avec lequel il apprend à jouer du trombone. Musicien assidu, Milon est élu président de la société de 1907 à 1912. Son érudition et son esprit d’ouverture le destinent tout naturellement à prendre part à la vie publique. Il sera conseiller municipal de la ville de Saumur de 1884 à 1904, conseiller général du canton de Saumur-Sud de 1897 à 1925 et maire de Brissac de 1908 à 1919. Stéphane Milon est également promu Officier d’Académie le 30 septembre 1889 et fait Chevalier de la Légion d’honneur.
64Au contact de ces mécènes souvent charismatiques, les membres des sociétés éprouvent une grande fierté et se sentent investis d’une noble mission auprès de la population locale. Aussi, les occasions ne manquent-elles pas pour les musiciens de manifester leur attachement à leurs représentants. Ces festivités privées entretiennent finalement l’illusion d’un pouvoir accessible à tous et confortent, probablement, certains dirigeants dans leur paternalisme. Lorsque Cointreau envisage, en 1893, de démissionner de son poste de président de l’Harmonie angevine, les membres de la société tentent de l’en dissuader en vain. Après la lecture d’un courrier annonçant les intentions de Cointreau, la commission, réunie en séance extraordinaire, décide d’en informer immédiatement les sociétaires. Consultés par vote, ils prient le président de revenir sur sa décision. Une délégation est alors formée pour se rendre au domicile de l’industriel afin de le persuader de conserver cette place qu’il occupe depuis près de 10 ans. L’ensemble des membres reconnaît unanimement, au-delà des clivages ou des désaccords ponctuels, le zèle et le désintéressement du notable à chaque fois qu’il a fallu défendre les intérêts de l’Harmonie angevine auprès de l’administration municipale57.
65La célébration des fêtes et des anniversaires des responsables administratifs et musicaux des sociétés apparaît encore plus emblématique du poids que ces derniers exercent sur la vie musicale locale et des hommages qui leur sont rendus. En de maintes occasions, la presse, qui se plaît à qualifier ce type de manifestations « fêtes de famille », relate l’ambiance « bon enfant » qui y règne. Pas moins de deux réjouissances de ce type ponctuent la vie de l’Harmonie saumuroise durant l’année 1903. Une première festivité célèbre, le 28 mars 1903, la fête des vice-présidents de la société, durant laquelle des toasts sont portés non seulement à leur gloire, mais aussi aux protecteurs de l’ensemble instrumental.
66Le mois suivant, une seconde réjouissance, encore plus flatteuse, rassemble les membres de l’Harmonie saumuroise autour de son président, Georges de Grandmaison, et son vice-président, Jules Bouvet, à Saint-Hilaire-Saint-Florent. Congratulations et toasts sont à nouveau à l’honneur.
« Dimanche dernier, l’Harmonie saumuroise a célébré la Saint-Georges et la Saint-Jules, fête de son président, M. Georges de Grandmaison, député, et de son vice-président, M. Jules Bouvet. À dix heures du matin, l’Harmonie saumuroise s’est rendue au domicile de M. Jules Bouvet, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, aux accents d’un brillant pas redoublé, égrenant à travers nos rues ses notes les plus entraînantes […]. M. Jules Bouvet a accueilli les musiciens avec l’amabilité et la sympathie qui le caractérisent et que tous les Saumurois connaissent et apprécient […]. M. Léon Boutin a présenté, au nom de la société, un magnifique bouquet à M. Jules Bouvet, et s’est, fort aimablement, fait des sentiments de l’Harmonie saumuroise à l’égard de M. Georges de Grandmaison, son dévoué et généreux président […]. Ainsi s’est terminée, au milieu d’une cordialité familiale, cette charmante fête, dont tous les musiciens ont emporté le meilleur souvenir, heureux de l’aimable accueil qu’ils avaient reçu de M. Jules Bouvet et de son inestimable et sympathique famille. En quittant la Maison Bouvet, l’Harmonie saumuroise s’est rendue dans le quartier des Ponts, chez M. Guénault fils, le distingué sous-chef de cette société, pour lui souhaiter également sa fête58. »
67Ces deux témoignages montrent que l’institution orphéonique peut faillir à son ambition populaire et démocratique au profit d’un système fortement hiérarchisé s’inspirant du modèle économique libéral de l’époque, et tend à reproduire une certaine forme d’élitisme. Nous retrouvons ainsi à la tête des sociétés instrumentales ceux qui occupent des responsabilités économiques et politiques locales. C’est peut-être là une singularité propre au Maine-et-Loire qui mériterait une confrontation à la vie musicale d’autres régions françaises. L’implication des sociétés dans le tissu urbain, et les formes de sociabilité qu’elles génèrent posent la question de leur intégration dans le projet républicain de la Troisième République.
Notes de bas de page
1 Le Journal de Maine-et-Loire, 17 juin 1878.
2 Le Journal de Maine-et-Loire, 15 juillet 1890.
3 Le Journal de Maine-et-Loire, 2 mai 1889.
4 Le Journal de Maine-et-Loire, 14 juillet 1903.
5 L’Écho saumurois, 26 mars 1884.
6 La Petite Loire, 6 août 1905.
7 L’Écho saumurois, 27 février 1886.
8 Ibid.
9 Ibid.
10 Chamard Élie, 20 siècles d’histoire de Cholet, Cholet, Farré et fils, 1970, p. 241 et 242.
11 L’Intérêt public, 5 novembre 1882.
12 Chamard Élie, op. cit., p. 252 et 253.
13 Voir Bois Jean-Pierre, « L’âge d’or de la cavalerie militaire », in Landais Hubert (dir.), Histoire de Saumur, Toulouse, Privat, 1997, p. 287-290.
14 L’Écho saumurois, 27 mars 1886.
15 Association française pour l’Avancement des Sciences, Angers et l’Anjou « Notices historiques, scientifiques et économiques », Angers, Germain et Grassin, 1903.
16 Délibérations du conseil municipal d’Angers, 6 novembre 1900.
17 La Petite Loire, 28 juin 1898.
18 La Petite Loire, 8 septembre 1908.
19 Association française pour l’avancement des sciences, op. cit., p. 479.
20 Voir Simon Yannick, op. cit.
21 L’Écho saumurois, 18 juin 1884.
22 Cela est moins vrai pour une société de musique, dont la catégorie relève déjà d’un statut civil, se reconstituant en une nouvelle société suite à une dissolution. Dans la plupart des cas, cette opération s’accompagne seulement d’un changement de nom et conserve un règlement à peu près identique au précédent.
23 Délibérations du conseil municipal d’Angers, 19 novembre 1888.
24 Idem.
25 Idem.
26 Idem.
27 Registre de la Musique municipale d’Angers, 3 mars 1895, p. 326.
28 Délibérations du conseil municipal d’Angers, 30 mars 1895.
29 Programme officiel du Centenaire de l’Harmonie choletaise, Historique de l’Harmonie choletaise, 12 et 13 juin 1848.
30 L’Intérêt public, 15 août 1875.
31 Programme officiel du Centenaire de l’Harmonie choletaise, op. cit.
32 Olivier Bellier constate néanmoins que le passage d’une fanfare à une harmonie est loin d’être un mouvement naturel. En vigueur dans le milieu citadin, il l’est moins dans les zones rurales où des harmonies, une dizaine d’années après leur création, deviennent des fanfares (Les Sociétés de musique dans le Maine-et-Loire au XIXe siècle, p. 173). Nous nuançons cependant cette analyse, au demeurant juste, en précisant que les qualificatifs terminologiques adoptés par les ensembles instrumentaux – société philharmonique ou même harmonie – ne relèvent que rarement d’une véritable harmonie. Il suffit de la présence de quelques clarinettes ou de flûtes traversières pour qu’une société instrumentale rurale hérite de cette appellation.
33 Rémond René, Introduction à l’histoire de notre temps : le XIXe siècle (1815-1914), Paris, Le Seuil, 1974, p. 159.
34 Voir Bourillon Florence, Les villes en France au XIXe siècle, Paris, Ophrys, 1992.
35 Ibid., p. 8.
36 Voir Pinol Jean-Luc, Le monde des villes au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1991, p. 82-84.
37 Bourillon Florence, op. cit., p. 123-127.
38 Le Journal de Maine-et-Loire, 1er et 2 avril 1895.
39 Les cavalcades sont des défilés de type carnavalesque. Les chars et les costumes adoptent un thème commun emprunté à l’histoire locale.
40 Les harmonies sont cependant presque aussi nombreuses que les fanfares au Festival de musique de 1875, cette manifestation consistant en un concours qui oppose les sociétés instrumentales et vocales les unes aux autres. Les sociétés concourantes sont présentées au public angevin à l’occasion d’un unique défilé.
41 Romain Nadia, op. cit., p. 7-11.
42 Port Célestin, op. cit., vol. 1, p. 761.
43 La Petite Loire, 11 août 1903.
44 Archives municipales d’Angers, 1 I 538, lettre adressée au service d’architecture de la ville d’Angers, 21 juin 1913.
45 Délibérations municipales de Cholet, 1881.
46 Port Célestin, op. cit., vol. 1, p. 158.
47 Ibid., p. 761.
48 L’Intérêt public, 6 juillet 1913.
49 Corbin Alain, op. cit., p. 139.
50 L’Intérêt public, 24 juillet 1881.
51 Archives départementales de Maine-et-Loire, 40 M 24.
52 Registre de la Musique municipale d’Angers, lettre de la Musique municipale d’Angers adressée à Monsieur Goujon, commandant et président de la Société de secours mutuel des sapeurs-pompiers, vol. 2, 5 et 9 novembre 1909, p. 238.
53 Pinol Jean-Luc, op. cit., p. 191.
54 Winock Michel, La Belle Époque, la France de 1900 à 1914, Paris, Perrin, 2002, p. 114.
55 Lejeune Dominique, La France des débuts de la IIIe République 1870-1896, op. cit., p. 96-107.
56 Bellier Olivier, op. cit., p. 141.
57 Registre de la Musique municipale d’Angers, vol. 1, 22 septembre 1893, p. 298 et 299.
58 La Petite Loire, 29 mars 1903.
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