« L’omme esgaré qui ne scet ou il va » : l’errance mentale chez Charles d’Orléans et les poètes de son temps
Moyen Àge
p. 37-50
Texte intégral
1Pour la société médiévale, errer, c’est être marginal. Les historiens ont bien étudié les rapports entre errance et marginalité1. Mais le nomadisme de certaines personnes n’est pas seulement un phénomène attesté historiquement dans la société médiévale. La littérature s’en empare également et parfois de façon métaphorique. Charles d’Orléans exprime la mélancolie douloureuse par des images renvoyant à l’errance. La métaphore la plus frappante, reprise par d’autres auteurs du xve siècle, est l’évocation de l’homme qui erre dans la forêt à la ballade 63.
2En ancien et moyen français, il existe deux verbes errer, l’un signifiant « voyager » et l’autre « se tromper2 ». Notre sens moderne d’« aller çà et là » étant apparu plus tard, par confusion et fusion des deux verbes errer3, les pérégrinations mentales que nous évoquons ne s’expriment pas par les mots de la famille d’errer dans les textes du xve siècle. C’est un autre vocabulaire qu’il nous faudra étudier. Toutes les notions utilisées par Charles d’Orléans ont un lien avec la marginalité : l’errance, nous en avons parlé au début ; la mélancolie douloureuse, qui pourrait être la cause d’une marginalité, car l’homme mélancolique n’a pas envie de prendre part aux activités de ceux qui l’entourent ; la forêt, qui constitue une sorte de marge d’un endroit habité et cultivé. La mélancolie demandera à être définie plus en détail, car plusieurs acceptions existent au Moyen Àge. De même, la forêt semble correspondre à des perceptions diverses faisant osciller ce lieu de l’intégration à l’exclusion. Charles d’Orléans évoque-t-il un état permanent ou a-t-il l’espoir de sortir de la forêt, ce qui serait une réintégration ? Ces moments de vagabondage mental ne risquent-ils pas d’exclure le mélancolique de la société, s’ils perdurent ou s’ils sont trop intenses ? On comprend que l’intérêt de la poésie de Charles d’Orléans est de nous amener à nous interroger sur des processus. Il s’agit d’une dynamique qui nous permettra de comprendre plus précisément les rapports qu’entretient l’errance avec la notion de marginalité.
3À la ballade 63, l’errance est inscrite dans le refrain et dans l’envoi4 :
En la forest d’ennuyeuse tristesse
Un jour m’avint qu’a par moy cheminoye ;
Si rencontray l’amoureuse deesse
Qui m’appella demandant ou j’aloye.
Je respondy que par Fortune estoye 5
Mis en exil en ce bois long temps a,
(…)
Me respondy : « Ami, se je savoye 10
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t’ayderoye,
Car ja pieça je mis ton cueur en voye
De tout plaisir ; ne sçay qui l’en osta.
Or me desplaist qu’a present je te voye 15
L’omme esgaré qui ne scet ou il va. »
« Helas ! », dis-je,
(…)
C’est par la mort qui fait a tous rudesse,
Qui m’a tollu celle que tant amoye, 20
En qui estoit tout l’espoir que j’avoye,
Qui me guidoit ; si bien m’acompaigna
En son vivant que point ne me trouvoye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va. »
Aveugle suy, ne sçay ou aler doye. 25
De mon baston, affin que ne forvoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C’est grant pitié qu’il convient que je soye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va.
4Les mots clés du refrain sont l’adjectif esgaré et la proposition subordonnée relative qui ne scet ou il va. Ils sont mis en valeur par le rythme du décasyllabe, car l’accent tombe sur esgaré après quatre syllabes et la proposition subordonnée forme à elle seule l’autre partie de six syllabes. L’expression ne pas savoir où on va revient dans l’envoi, qui contient aussi le verbe forvoyer à la rime et la locution adverbiale çà et là, rimant avec le verbe va du refrain. Cet envoi ajoute l’image de l’aveugle et de ce fait, le syntagme : Je vois tastant mon chemin. Toutes sortes de mots ou d’expressions signalent donc l’errance, l’idée centrale étant de ne pas s’y retrouver, d’être perdu.
5Le vagabondage mental a lieu dans une forêt qui se voit attribuer le sentiment qui submerge le poète : une ennuyeuse tristesse, c’est-à-dire une « tristesse douloureuse » se manifestant par une situation de destresse. Ces substantifs se trouvent à la rime et sont ainsi mis en valeur. Le poème est une allégorie, l’incipit est caractéristique du style de Charles d’Orléans qui associe souvent un nom concret et un terme abstrait au moyen de la préposition de. Une équivalence est posée : la forêt qu’est la tristesse5. L’adjectif ennuyeuse attire notre attention sur l’intensité de la sensation et nous permet de comprendre à sa juste mesure le nom qu’il accompagne, il s’agit d’un accablement profond, alors que le français moderne ne met plus autant de force dans le substantif tristesse. Ce sentiment s’oppose au plaisir que le poète connaissait auparavant et qui se matérialise sous la forme d’un chemin dans le poème. L’opposition est de ce fait très nette entre un chemin unique que l’on n’a qu’à suivre et l’espace d’une forêt où toutes sortes de directions sont possibles et où l’on se perd, d’où l’errance. Étant donné l’intensité de la tristesse ressentie, on peut se demander si ce sentiment laisse le poète simplement en marge des gens heureux ou s’il n’y a pas plutôt une mise à l’écart radicale du bonheur. Dans ce dernier cas, l’errance serait plus la manifestation d’une exclusion que d’une marginalité.
6Pour trancher la question, il faut envisager les multiples perceptions de la forêt qui coexistent au Moyen Àge. Charles d’Orléans n’adopte pas toujours le même point de vue dans ses poèmes. À la ballade 63, le poète utilise le nom forest et le substantif bois comme un synonyme au vers 6, il n’emploie pas le terme de l’ancien français selve. Il existe dès le Moyen Àge une sylviculture qui intègre totalement la forêt à la société : les hommes vont dans la forêt et y travaillent en vue d’un profit6. Charles d’Orléans s’en fait l’écho au rondeau 194 en évoquant une tempête qui a dévasté la forêt, annulant ainsi son potentiel économique. La forêt est également au centre de la vie des seigneurs comme domaine de chasse, on le voit au rondeau 140. Ce qui transforme la forêt en un endroit marginal est qu’elle est un facteur de danger, car elle constitue un lieu d’opération pour les brigands qui ne fréquentent pas les villes de façon continue7. La forêt devient alors une sorte de marge de l’espace social habité, cultivé et davantage sécurisé. Le centre est l’endroit où vivent en majorité les hommes, la forêt, n’abritant que quelques individus, apparaît comme marginale. La situation du voyage, évoquée dans la ballade 79 et au rondeau 198, met en évidence la marginalité de la forêt perçue comme une zone sauvage et dangereuse qu’il faut parfois traverser. On retrouve l’opposition entre silvaticus et domesticus, vu son étymologie, la forêt, c’est-à-dire la selve, est forcément sauvage8. Enfin, dans le cas par exemple de l’ermite, on peut envisager la forêt comme une exclusion volontaire de la société si l’ermite vit sans contact avec d’autres hommes, situation extrême, certainement rarissime dans la réalité ; le schéma d’exclusion est le même pour le motif littéraire de la fuite des amants dans la forêt9.
7D’après ces trois grandes visions que nous proposons de dégager et en rapprochant la ballade 63 de la ballade 43, qui est plus évidente, nous comprenons ce qu’est la forêt d’ennuyeuse tristesse. Charles d’Orléans met en scène son cœur qui décide de devenir ermite dans le bois de mélancolie à la ballade 43. L’ermite s’exclut volontairement de la compagnie des hommes. Le bois de mélancolie devient la forêt d’ennuyeuse tristesse dans la ballade 63. Mélancolie et tristesse semblent synonymes, comme le montre aussi l’emploi, dans le même poème, de la personnification Tristesse et du nom mélancolie à la ballade 4310. Le lexique de Charles d’Orléans évolue, le mot tristesse laisse progressivement la place à mélancolie. Tristesse est une personnification qu’on trouve déjà dans le Roman de la Rose, alors que Mélancolie n’y figure pas. Charles d’Orléans utilise cette dernière dans les ballades et c’est la seule dans les rondeaux, Tristesse a disparu11. Dans l’ensemble, les rondeaux étant postérieurs aux ballades, on voit bien le processus d’élimination de tristesse au profit de mélancolie. Fortune est responsable du bannissement dans la ballade 43, de l’exil dans la ballade 63. Ce dernier substantif est mis en valeur par le rythme du décasyllabe qui lui fait porter l’accent au terme des quatre premières syllabes du vers 6. Dans les deux ballades, apparaît le nom détresse, personnifié ou non. À la ballade 43, le cœur ne peut échapper à son ennuy, son « tourment », repris par l’adjectif dans l’incipit de la ballade 63. Le substantif plaisir figure dans les deux poèmes, mais à la ballade 43, le cœur y renonce de lui-même, tandis qu’à la ballade 63, le cœur du poète a été ôté du chemin de plaisir. Le verbe oster va de pair avec le substantif exil, ce sont les deux mots clés d’une expulsion. La forêt de la ballade 63 est un lieu d’exclusion.
8L’errance n’est donc pas forcément liée à la marginalité et la mise à l’écart n’implique pas forcément un nomadisme, puisque l’ermite de la ballade 43 ne se déplace pas. Ce qui déclenche les images du vagabondage mental chez Charles d’Orléans est la mélancolie subie et non pas revendiquée. Le cœur qui s’enferme volontairement dans sa tristesse n’erre pas, il tient une position ferme et n’en sortira que s’il reçoit une lettre réconfortante de la dame aimée. La ballade 63 ne laisse même pas un espoir de retrouver son chemin et de sortir de la forêt, car la dame est morte. Rudesse continue la série des rimes signifiantes avec tristesse et destresse. La mort est mise en évidence par le rythme du décasyllabe, le terme étant accentué au vers 19. L’assonance en (we) dans les vers 20 à 23 permet d’associer l’espoir et le guide, c’est-à-dire la dame. Le verbe guidoit porte l’accent du fait du rythme du décasyllabe. Seul, le poète est perdu. Ce passage permet rétrospectivement d’attribuer toute son importance à la notation du vers 2 : le poète est seul. Déplacement et solitude sont déjà liés par l’assonance en (we) dans ce début du poème, la seconde partie du vers se partageant sur le rythme de trois et trois syllabes, ce qui accentue encore le phénomène sonore. La solitude semble être aussi une marque d’exclusion chez Charles d’Orléans et errer est une situation douloureuse et totalement subie. L’utilisation de la voie passive aux vers 5 et 6 est révélatrice, de même au vers 13 le cœur est en position d’objet et non de sujet, ce n’est pas lui qui a quitté le chemin de plaisir, c’est quelqu’un qui l’en a ôté. L’errance pourrait être transitoire, mais le désespoir du poète est tel à la ballade 63 qu’il ne laisse pas entrevoir comment sortir de la forêt.
9L’image de l’aveugle permet de bien montrer qu’il n’y a pas de repère possible, donc pas d’issue. À cet égard, la traduction de Jean-Claude Mühlethaler, au deuxième vers de l’envoi, ne paraît pas très heureuse. L’éditeur propose « pour ne pas m’égarer » pour rendre affin que ne forvoye. C’est prendre le verbe forvoyer dans un sens second qui nous semble être la conséquence d’une première acception « s’écarter du chemin12 ». Il nous semble que l’envoi doit se lire dans la continuité de l’allégorie mise en place dans les trois premières strophes. Peut-être l’idée d’obscurité constitue-t-elle d’ailleurs le lien entre la forêt et l’aveugle, car la première est communément perçue comme obscure13 et, pour le commun des mortels, l’aveugle est une personne qui vit dans le noir. À la suite des trois premières strophes, l’aveugle n’en est pas à essayer de ne pas s’égarer, car il est déjà perdu. Son bâton lui permet de tâter le chemin et de ne pas s’en écarter, c’est tout. Autrement dit, l’aveugle évite simplement de s’enfoncer dans les broussailles de la forêt en quittant le sentier sur lequel il se trouve. Gérard Gros, autre éditeur des poèmes de Charles d’Orléans a sans doute compris l’envoi de cette façon, car il donne la traduction « pour ne pas m’écarter14 ». L’image de l’aveugle apporte du pathétique, ce que marque bien l’emploi du terme pitié. L’émotion est à son comble si on comprend que l’aveugle est perdu, le personnage de l’aveugle serait moins pitoyable si le texte voulait dire qu’il réussit à s’orienter avec sa canne.
10Dans le manuscrit de Charles d’Orléans15, plusieurs textes d’autres poètes reprennent l’image de la forêt. Trois évoquent une errance dans la forêt à la manière de la ballade 63 de Charles d’Orléans : le rondeau 133 de Guiot Pot, le rondeau 134 de Gilles des Ormes et le rondeau 138 de Jacques, bâtard de La Trémoille16. Ces poèmes ont en commun l’incipit « En la forest de longue actente ». Ils n’ont donc pas repris le vers initial de la ballade 63, mais ont préféré l’ouverture de la ballade 79. Cette dernière n’évoquait pas l’errance, mais un voyage à travers la forêt. Le rondeau 227 de Fredet17 et la réponse de Charles d’Orléans18 utilisent ce même incipit et restent dans la thématique de cette ballade 79. Pierre Champion a voulu restituer un ordre chronologique dans son édition, ce qui laisse penser que les trois poèmes que nous retenons sont antérieurs aux deux rondeaux de Charles d’Orléans utilisant le vers « En la forest de longue actente » ; mais cette chronologie est peut-être discutable19.
11Pourquoi l’incipit « En la forest de longue actente » a-t-il été choisi et non le premier vers de la ballade 63 ? Difficile de répondre. Peut-être la notion temporelle qu’apporte ce début a-t-elle intéressé les poètes, alors que l’expression d’un sentiment de douleur leur semble aisée à transmettre tout au long du poème. On remarque d’ailleurs que certains rondeaux reprenant l’image de la forêt n’en tirent rien à part l’évocation de la souffrance, ce qui semble un peu facile et artificiel. Le rondeau 132 d’Antoine de Lussay ne fait allusion à aucun déplacement, il n’évoque que des sentiments abstraits de tristesse douloureuse, c’est dire que l’allégorie de la forêt est quasi annulée, n’ayant fourni qu’un vers inaugural. Le rondeau de Marie de Clèves étouffe de la même façon la puissance de l’image, seul le vers 2 prolonge légèrement l’allégorie, c’est bien peu20.
12Dans le rondeau 133 de Guiot Pot, les termes clés de l’errance sont : « la forest » (v. 1), « une sente » (v. 2), « esgaré » (v. 3), « s’il eschappe » (v. 1021). Le nom sente est un synonyme du substantif voye utilisé par Charles d’Orléans à la ballade 63 et le terme esgaré crée un effet d’écho entre les deux poèmes, de même que la mention de la personnification Fortune. Le mot « sente » fournit une rime avec « actente » et, par cette position en fin de vers, est mis en relief. Guiot Pot donne l’image d’un cœur souffrant perdu en forêt. Des adverbes de temps viennent prolonger l’idée de « longue actente » : « pieça », « depuis » qui introduit la deuxième strophe, répétition de « tousjours ». Mais l’errance qui en résulte ne va pas autant vers l’exclusion que chez Charles d’Orléans, car la proposition subordonnée d’hypothèse de la troisième strophe laisse un espoir : « s’il eschappe ». Le cœur pourrait réussir à sortir de la forêt.
13Le rondeau 134 de Gilles des Ormes signale l’errance par des termes clés déjà présents dans la ballade 63 de Charles d’Orléans : « la forest » (v. 1), la « voye » (v. 3) et le verbe « forvoye » (v. 822). Outre la rime en -ente, Gilles des Ormes choisit la rime en -oye. Les deux mots « voye » et « forvoye » sont donc à la rime, comme dans la ballade 63 de Charles d’Orléans. À la suite du duc, Gilles des Ormes utilise la rime équivoque entre le nom « voye » et le verbe « voye ». Les notions temporelles sont plus discrètes que chez Guiot Pot, mais on trouve tout de même les adverbes « jamais » (v. 5) et « tousjours » (v. 14). Comme chez Charles d’Orléans, cette errance dans la forêt est une exclusion durable, car le cœur ne semble pas pouvoir retrouver son chemin.
14Le rondeau 138 de Jacques, bâtard de La Trémoille est plus complexe23 :
En la forest de Longue Actente
J’ay couru, l’annee presente,
Tant que la saison a duré,
Mais j’ay esté plus maleuré
Que homme qui vive, je m’en vente.
La haye fut garnie de tente,
Et fis ma queste belle et gente,
Suivant les chiens, je m’esgaré
En la forest [de Longue Actente.]
Je cours, je corne, je tourmente ;
En traversant, sans trouver sente,
Me trouvay tresfort enserré ;
Tout seul, presque desesperé ;
Cuiday mourir des foiz soixante,
En la forest [de Longue Actente.]
15Au départ, la forêt n’est pas un signal d’errance ni de marginalité, car le début du poème évoque la chasse. Il s’agit donc d’une exploitation des ressources de la forêt intégrée à la société. Le substantif forest apparaît comme l’hyperonyme de haye au vers 6 qui désigne « la garenne, la partie de la forêt réservée à la chasse24 ». Le nom saison est à comprendre dans son deuxième sens de « moment opportun pour quelque chose, moment favorable à une activité25 », c’est-à-dire ici « période de chasse ». Les deux derniers vers de la première strophe annoncent que la chasse a mal tourné.
16La deuxième strophe explique ce qui s’est passé et un terme clé apparaît à la rime : « je m’esgaré ». On comprend alors que le verbe courir n’a pas la même valeur dans la première et la troisième strophe. Au début, il s’agissait de courir après les bêtes, c’est l’activité de la chasse. À la fin, la course n’a plus de direction précise. Le poète est perdu, ce que suggère l’accumulation des verbes dans le vers 10 avec la triple répétition du pronom je et les allitérations en (k) et (r) qui donnent un rythme fort au vers de façon à traduire la panique. On est passé de l’attente patiente du chasseur à l’attente angoissée. La dernière strophe est admirablement travaillée sur le plan du rythme et des sonorités. L’allitération en (r) amorcée au vers 10 se poursuit dans toute la strophe. Un mot clé de l’errance, « sente », est mis en valeur à la rime ; il a été préparé au vers 11 par l’assonance en (ã) et les allitérations en (t) et en (s), la première se prolongeant jusqu’au vers 13, la seconde jusqu’au vers 14. Le fait que le poète ne trouve même pas un sentier rappelle la peur qu’a l’aveugle de quitter le chemin à la ballade 63 de Charles d’Orléans, ce qui est pire que tout, car les chances de rencontrer quelqu’un qui puisse remettre le poète dans la bonne direction sont moindres. Un fait ressort, au vers 13, grâce aux allitérations et au rythme déséquilibré de deux, puis six syllabes : le poète est seul. Charles d’Orléans avait fait de sa solitude une cause directe de son errance. Guiot Pot et Gilles des Ormes n’en parlent pas explicitement, mais n’évoquent pas non plus de compagnon, c’est le pronom je qui apparaît pour désigner l’homme perdu et par conséquent isolé.
17Toutes ces expériences d’errance s’effectuent dans un isolement qui connote le risque d’exclusion, elles sont toutes subies et vécues comme pénibles, elles constituent l’expression allégorique d’une mélancolie profonde, d’un désespoir. Chez Jacques, bâtard de La Trémoille, ce vagabondage forcé pourrait aller jusqu’à l’élimination définitive : la mort. On relève le pathétique de l’hyperbole du vers 14. Mais comme le texte est au passé, on en déduit que le poète a trouvé finalement une issue à cette situation critique, que ce n’est plus qu’un affreux souvenir, la forêt n’a pas été une exclusion définitive.
18Le rondeau 131 de Philippe Pot, ainsi qu’un rondeau de Thignonville, figurant dans un autre manuscrit, mais que Pierre Champion donne en note, font appel à l’image de la quête dans la forêt26. Dans ces deux textes, nous trouvons des déplacements dans toutes sortes de directions, mais avec un but, ce qui est très différent de ce que nous avons rencontré chez Charles d’Orléans qui met en scène l’errance radicale de l’homme perdu. De même, la ballade de Jacques, bâtard de La Trémoille, qui prend pour refrain « En la forest de longue Actente » évoque la « conqueste de Mercy27 ». Ce motif de la quête nous amène à mettre en évidence l’originalité de Charles d’Orléans. La quête, dont le terrain habituel est la forêt, constitue un lieu commun des romans et n’a rien de neuf au xve siècle28. Il nous semble que Charles d’Orléans a détourné ce topos en faisant de la forêt non plus le cadre de la quête et de l’aventure active, mais le lieu d’une véritable errance et d’une mélancolie passive. C’est un mécanisme de relecture d’un stéréotype sur le modèle de ce que Jacqueline Cerquiglini avait repéré pour le motif du matin. Ce dernier était un signal de l’aventure dans les romans des xiie et xiiie siècles et il devient un matin mélancolique, le moment du sommeil tourmenté et non de l’action aux xive et xve siècles29.
19Autre image originale de Charles d’Orléans qui exprime un sentiment de mélancolie par l’errance : le labyrinthe de Dédale. Le rondeau 331 met la métaphore en valeur, car elle constitue l’incipit et donc aussi le refrain30 :
C’est la prison Dedalus
Que de ma merencolie.
20Le poète croit pouvoir parfois en sortir, donc il marche dans ce dédale, mais il est en fait perdu. Le verbe « rentre » indique le déplacement. Implicitement, Charles d’Orléans se présente comme seul dans ce labyrinthe : c’est le pronom je qui apparaît, le poète ne mentionne pas de compagnon. L’aspect pénible de la situation est en revanche affirmé explicitement au vers 9 :
Onques ne fut Tantalus 8
En si trespeneuse vie,
Ne – quelque chose qu’on die –10
Chartreux, hermite ou reclus.
21La comparaison de ce sort avec la vie d’un chartreux, d’un ermite ou d’un reclus est révélatrice de l’exclusion que constitue cette errance, car les personnages mentionnés ont choisi ce mode de vie solitaire et sont plutôt en marge de la société que totalement coupés d’elle ; en effet quelques contacts existent avec d’autres hommes et leur retraite n’est même pas forcément solitaire. Il y a une différence de degré entre ces hommes au mode de vie marginal et le mélancolique qui est exclu. Là encore, l’errance est subie et constitue une exclusion, le terme prison ne laisse aucun doute. Ce substantif éclaire aussi l’adjectif enserré employé par Jacques, bâtard de La Trémoille, dans son rondeau, car de façon générale, le mot signifie « enfermé », mais en particulier « emprisonné »31. La forêt est une prison au même titre que le labyrinthe. L’idée d’emprisonnement sous-entend qu’il est impossible d’échapper à la mélancolie. L’exclusion est durable, la réintégration ne peut venir que d’un événement extérieur, indépendant de la volonté du poète, miracle pourrait-on dire, ce qui s’est produit dans le cas de Jacques, bâtard de La Trémoille.
22La parenté entre la forêt et le labyrinthe est évidente pour l’imaginaire32. Si la forêt est obscure, il est probable que Charles d’Orléans se représentait aussi la maison du Minotaure comme un dédale ténébreux. Le texte de l’Ovide moralisé qu’il a pu consulter mentionne l’obscurité du labyrinthe. L’éditeur Jean-Claude Mühlethaler note que le poète possédait dans sa bibliothèque un exemplaire en français des Métamorphoses d’Ovide, ce qui lui aurait permis de connaître la légende antique33. Les deux espaces, forêt et labyrinthe, traduisent une angoisse. Gaston Bachelard écrit34 :
(…) marcher dans le bois sombre ou dans la grotte ténébreuse, se perdre, être perdu, voilà des situations typiques qui donnent des images et des métaphores sans nombre dans l’activité la plus claire de l’esprit, bien que dans la vie moderne les expériences réelles soient, à cet égard, somme toute très rares. Aimant tant les forêts, je ne me souviens pas m’y être perdu. On a peur de se perdre, sans s’être jamais perdu.
23« Vie moderne » et époque médiévale se rejoignent dans la « peur de se perdre ». La forêt et le labyrinthe font surgir cette angoisse qui n’a pas forcément de lien avec la possibilité réelle de s’égarer. Chez Charles d’Orléans, Guiot Pot, Gilles des Ormes et Jacques, bâtard de la Trémoille, l’errance renvoie à une « expérience ancestrale de l’homme devant une situation typique, c’est-à-dire dans des circonstances qui ne sont pas particulières à un seul individu, mais qui peuvent s’imposer à tout homme35 ».
24La similitude entre la forêt et le labyrinthe ne conduit pas pour autant à une égale fortune littéraire. Aucun poète de l’entourage de Charles d’Orléans ne reprend la métaphore du dédale et Charles d’Orléans lui-même ne la réutilise pas. L’image de l’errance dans la forêt doit certainement son succès à son évidence. La forêt est un monde familier, alors que le labyrinthe est savant. Dans le rondeau 331, Charles d’Orléans fait appel aux légendes antiques. De l’ordre de l’expérience quotidienne, la forêt paraît sans doute plus suggestive aux poètes du xve siècle.
25Bien plus, on relève une différence fondamentale d’écriture qui semble aller de pair avec une plus grande puissance évocatrice de la forêt au détriment du labyrinthe. Les quatre textes présentant une errance en forêt sont allégoriques, alors que le rondeau 331 repose sur une métaphore in praesentia. En effet, les deux premiers vers du rondeau 331 donnent le comparé et le comparant dans une construction attributive. Charles d’Orléans pose donc de manière assertive une identité entre sa mélancolie et le labyrinthe de Dédale au moyen du verbe être. Catherine Fromilhague rappelle que « la métaphore n’est pas de soi figurative : elle organise une représentation symbolique du monde, fondée sur l’analogie, dans laquelle l’image du Ca reste “virtuelle” (dans tous les sens du terme36) ». Au contraire de la métaphore, l’allégorie propose du comparant une image qui se veut autonome et concrète. Il aurait fallu que Charles d’Orléans filât la métaphore du labyrinthe pour se rapprocher de la force figurative de l’allégorie. Mais justement, à comparer, les textes, on voit, dans le rondeau 331, que la métaphore avorte dès le départ. Une fois qu’il a lancé son affirmation, Charles d’Orléans a tout dit ou presque. Tout est clair, il n’y a rien à interpréter pour le lecteur. En revanche, l’allégorie, qui se rapproche d’une métaphore in absentia, a une richesse énigmatique qui laisse une place à l’imagination.
26L’incipit du rondeau 331 comprend les deux premiers vers qui forment une proposition entière, donc un ensemble clos, et qui constituent vraisemblablement le refrain pour les deux strophes suivantes. En revanche, l’incipit des rondeaux de Guiot Pot, Gilles des Ormes et Jacques, bâtard de La Trémoille se contente d’un vers qui ne correspond pas à une proposition, mais qui, au contraire, lance la phrase dans un véritable mouvement d’ouverture : « En la forest de longue actente ». Ce seul vers semble former le refrain. De même l’incipit de la ballade 63 de Charles d’Orléans « En la forest d’ennuyeuse tristesse » est ouvert et laisse la place à un prolongement. La force figurative de la forêt est alors développée par d’autres mots que ce seul substantif et sur eux repose l’allégorie. Dans le rondeau 331, une fois le labyrinthe mentionné au premier vers, les termes « faillie » et « rentre » soutiennent l’évocation de l’errance, mais elle ne réussit pas à s’étendre au-delà de la première strophe : l’imagination s’est essoufflée. La grande image des tourments de la mélancolie est l’errance dans la forêt.
27Reste que ce vagabondage forcé a plus de rapport avec l’exclusion qu’avec la marginalité, comme nous l’avons vu chez les quatre auteurs mentionnés. Charles d’Orléans se cherche un antidote à son état mélancolique et se trouve un remède personnel : le nonchaloir. Contre l’errance, c’est-à-dire contre le libre-cours laissé aux idées noires, Charles d’Orléans essaie de retrouver un point fixe où accrocher son esprit. La sagesse est de maintenir une stabilité et de ne pas se laisser errer, elle réside dans le nonchaloir, qui est une vraie marginalisation, car il s’agit d’un retrait en marge du monde ; la mélancolie, c’est le mouvement, tandis que le nonchaloir, c’est l’immobilité, le repos de l’âme. Le nonchaloir consiste en une sorte d’indifférence à tout. Par exemple, dans le rondeau 112, Charles d’Orléans proclame ne pas se soucier du temps qu’il fait au printemps :
Et de cela, quoy ?
En ce temps nouveau,
Soit ou laid ou beau,
Il m’en chault bien poy. 4
Ie demorray quoy 5
En ma vielle peau.
28Le ton se veut ferme dans la répétition de ou, qui permet de mettre à égalité les deux hypothèses climatiques en les exprimant par deux syllabes chacune. Tout est égal. Le poète ne sera pas particulièrement gai s’il fait beau, ni déçu s’il fait mauvais, ni même content malgré un éventuel mauvais temps, ce qu’on rencontre aussi dans la poésie évoquant le printemps. L’adjectif clé est « quoy », indiquant une tranquillité antonyme de l’errance mentale. C’est la sagesse de la vieillesse. Ce détachement vis-à-vis des contingences climatiques exprime clairement son caractère marginal, car le poème sous-entend que les gens, eux, réagissent par toutes sortes de sentiments au temps qu’il fait. Charles d’Orléans se met en marge des autres, il se fait observateur plus qu’acteur.
29Si errer signifie une certaine marginalité, d’un point de vue historique dans la société médiévale, il s’avère que l’image littéraire de l’errance relève davantage d’une exclusion dans la poésie du xve siècle. Chez Charles d’Orléans, Guiot Pot, Gilles des Ormes et Jacques, bâtard de La Trémoille, aller de-ci de-là, dans la forêt ou le labyrinthe de Dédale, est une façon d’exprimer le désespoir. Il s’agit d’un vagabondage subi et vécu comme pénible. Le sentiment d’être perdu traduit une douleur profonde qui absorbe totalement l’homme désespéré. Ce dernier est incapable de prendre part à ce qui l’entoure, sa détresse l’exclut. La solitude, explicite ou implicite dans les textes, est un signe de l’exclusion. La forêt et le labyrinthe sont des prisons. La mise à l’écart n’est pas forcément définitive. Charles d’Orléans et Gilles des Ormes ne laissent pas entrevoir la sortie de la forêt ou du labyrinthe, mais Guiot Pot émet l’hypothèse qu’il pourrait retrouver son chemin et Jacques, bâtard de La Trémoille évoque une errance passée, l’épreuve est terminée.
30L’image proposée par Charles d’Orléans est originale, car la forêt était traditionnellement, dans les romans des xiie et xiiie siècles, l’espace de la quête et quelques poètes ne font que reprendre ce stéréotype. Or, la quête a un but, elle se différencie nettement de l’errance radicale mise en scène par Charles d’Orléans et les trois auteurs qui le suivent. Charles d’Orléans a détourné un motif littéraire lié à l’aventure pour en faire une expression de la mélancolie. La forêt en tant que lieu d’exclusion semble correspondre à un phénomène plus littéraire, plus fantasmé que réel. La réalité de la fin du Moyen Àge est plutôt d’intégrer les bois par la sylviculture et par la chasse ou de les concevoir comme un espace en marge des endroits cultivés, plus densément habités et davantage sécurisés. Dans l’imaginaire, le lien entre la forêt et le labyrinthe est évident. Les deux lieux expriment la peur de se perdre. Mais c’est la forêt qui a été l’image la plus utilisée en littérature. On a vu sa puissance suggestive ; la différence d’écriture entre le rondeau 331 de Charles d’Orléans et les textes évoquant les bois va de pair avec ce pouvoir figuratif de l’espace forestier.
31Finalement, l’errance mentale étant une exclusion, si l’on veut trouver l’expression d’une marginalité psychologique chez Charles d’Orléans, c’est du côté de la notion de nonchaloir qu’il faut chercher. L’errance est subie, l’indifférence est volontaire. L’exercice du détachement ne coupe pas tous les liens avec la société, mais permet de se mettre en marge, d’observer plus que de participer. Le nonchaloir apporte une stabilité morale qui s’oppose à l’errance mélancolique. L’évolution sémantique du substantif égarement semble suivre les deux étapes de l’allégorie de Charles d’Orléans. Il signifiait en ancien français « le fait de s’égarer » au sens propre. Puis des sens figurés sont apparus, dont une acception qui s’applique au domaine psychologique, l’idée dominante étant la perturbation des facultés psychiques ; la signification se renforce même jusqu’à désigner un trouble mental important, « le délire, la démence37 ». Dans plusieurs expressions, le français moderne a retenu des échos de la traduction de la souffrance par des images d’errance. Les locutions ont seulement atténué le désespoir en douce mélancolie, mais elles sont la trace d’une association fondamentale, dans l’imaginaire, entre le déplacement et l’activité psychique. On parle parfois du labyrinthe des pensées. Et ne dit-on pas avoir du vague à l’âme ou être perdu dans ses pensées ?
Notes de bas de page
1 B. Geremek, « Le marginal », p. 381-387 in : L’Homme médiéval, dir. J. Le Goff, Paris, Seuil, 1994.
2 A. J. Greimas, Dictionnaire de l’ancien français, Paris, Larousse, 1992, deux articles « Errer ».
3 P. Robert, Le Grand Robert de la langue française, dir. A. Rey, Paris, Le Robert, 1988, article « Errer ».
4 Charles d’Orléans, Ballades et Rondeaux, éd. J.-C. Mühlethaler, Paris, Librairie Générale Française, 1992. Édition utilisée pour toutes les citations.
5 A. Strubel, « “En la forêt de longue actente” : réflexions sur le style allégorique de Charles d’Orléans », p. 167-186 in : Styles et Valeur, éd. D. Poirion, Paris, SEDES, 1990.
6 Pierre de Crescens, Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Paris, Vérard, 1486, VII, f° 144 r.-145 r.
7 B. Geremek, Les Marginaux parisiens aux xive et xve siècles, Paris, Flammarion, 1976, p. 140.
8 Sauvage, bas latin salvaticus, latin class. silvaticus, de silva « forêt », silva > selve, forêt a éliminé selve (A. Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1992, article « Forêt » et W. von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch, Bâle, R. G. Zbinden & Co., vol. 11, 1964, article « Silvaticus »).
9 Voir J. Le Goff, « Le désert-forêt dans l’Occident médiéval », p. 495-510 in : J. Le Goff, Un autre Moyen Àge, Paris, Gallimard, 1999.
10 Sur mélancolie au sens d’« abattement profond, état d’esprit douloureux » qui apparaît à la fin du Moyen Àge, voir R. Klibansky, E. Panofsky, F. Saxl, Saturne et la mélancolie […], Paris, Gallimard, 1989, p. 351-355.
11 Charles d’Orléans, Ballades et Rondeaux, op. cit., index des personnifications p. 775-782.
12 W. von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch, op. cit., article « Via », p. 375 : sens de « sortir du chemin », « s’écarter », à côté de l’acception « s’égarer ».
13 Rappelons l’occurrence la plus célèbre : Dante Alighieri, La Divine Comédie, éd. J. Risset, Paris, Flammarion, 1990, « Enfer », chant I, v. 2.
14 Charles d’Orléans, En la forêt de longue attente et autres poèmes, éd. G. Gros, Paris, Gallimard, 2001, p. 129.
15 Le ms. 25458 du fonds français de la BNF.
16 Charles d’Orléans, Poésies, éd. P. Champion, Paris, Champion, t. II, 1927, p. 366-369.
17 Ibid., p. 420.
18 N° 198 éd. J.-C. Mühlethaler (op. cit.) et n° 228 éd. P. Champion (op. cit.).
19 Rondeaux de Ch. d’Orléans n° 225 et 228 éd. P. Champion (op. cit.). Sur la chronologie : Une Nouvelle Collection de poésies lyriques et courtoises du xve siècle, éd. B. L. S. Inglis, Genève/Paris, Slatkine, 1985, note de la pièce LX, p. 204-205.
20 Rondeau d’Antoine de Lussay, p. 365-366 et rondeau de Marie de Clèves n° 226 éd. P. Champion (op. cit.).
21 Ibid., p. 366.
22 Ibid., p. 367.
23 Ibid., p. 369.
24 A. J. Greimas, Dictionnaire de l’ancien français, op. cit., article « Haie ». Il est uniquement question de chasse et non de guerre, contrairement à ce qu’indique P. Champion dans son glossaire, op. cit., t. II, p. 654 « haye ».
25 F. Vigneron, Les Saisons dans la poésie française des xive et xve siècles, Paris, Champion, 2002, p. 19-29.
26 Op. cit., p. 365 (rondeau de Philippe Pot), p. 582, note du rondeau 134 (rondeau de Thignonville).
27 Ibid., t. I, ballade CIXa p. 170-171.
28 Dans le Livre du Cœur d’amour épris, éd. F. Bouchet, Paris, Librairie Générale Française, 2003, p. 104-148, René d’Anjou reprend ce motif de la quête dans la « forêt de Longue Attente », clin d’œil à Charles d’Orléans.
29 J. Cerquiglini, « Le matin mélancolique. Relecture d’un topos d’ouverture aux xive et xve siècles », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, mai 1993, n° 45, p. 7-22.
30 Sur ce poème, voir J. Starobinski, « L’encre de la mélancolie », La Nouvelle Revue Française, 11e année, n° 123, 1er mars 1963, p. 416-418.
31 A. J. Greimas et T. M. Keane, Dictionnaire du moyen français, Paris, Larousse, 1992, article « Enserrer ».
32 J. Ribard, Le Moyen Àge. Littérature et symbolisme, Paris, Champion, 1984, p. 95. Nous associons le petit Poucet et Thésée, les cailloux et le fil d’Ariane, la forêt et le labyrinthe. On se perd dans la maison du Minotaure et le petit Poucet se perd dans la forêt. Ch. Perrault écrit une scène d’errance (Contes, éd. J.-P. Collinet, Paris, Gallimard, 1981, p. 194).
33 Op. cit., note 1 pour la p. 729, p. 767. « Ovide moralisé », éd. C. de Boer, M. G. de Boer et J. Th. M. Van ’T Sant, vol. 3, Amsterdam, Uitgave Van de N. V. Noord-Hollandsche, 1931, livre VIII, p. 132, v. 973-985 : l’architecte « Dedalus » a construit une « prison » ; les v. 3 et 4 de Ch. d’Orléans sont proches des v. 982 et 983 (« […] qui plus tost cuide issir fors/ Et plus s’eslonge de l’issue »). Obscurité du labyrinthe : p. 135, v. 1116.
34 G. Bachelard, La Terre et les rêveries du repos, Paris, José Corti, 1992, p. 211-212.
35 Ibid., p. 211, G. Bachelard cite R. Desoille.
36 C. Fromilhague, Les Figures de style, Paris, Nathan, 1995, p. 75.
37 Trésor de la Langue Française, dir. P. Imbs, Paris, CNRS, 1979, vol. 7, article « Égarement ».
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