L’obèse par continence de J. K. Huysmans
p. 131-139
Texte intégral
1Le corps, dans toutes les œuvres de Huysmans, est assez maltraité pour que la disgrâce de Folantin, le héros d’À vau l'eau, qui est boiteux, ne soit qu’un élément presque anecdotique dans la kyrielle des épreuves témoignant de la difficulté de vivre. Celle-ci s’exprime particulièrement par l’impossibilité de se nourrir normalement, par le besoin et le dégoût de la nourriture, et la dialectique de la convoitise et du rejet est métaphore privilégiée de Huysmans ; dans À vau l'eau, Folantin nous révèle qu’« ainsi que dans ses gargotes où son bel appétit lui faisait dévorer de basses viandes, sa faim charnelle lui permettait d’accepter les rebuts de l’amour1 ». La thématique de la nourriture immonde ou frelatée, des viandes « privées de suc2 », dépasse, qu’elle relève ou non de la paranoïa, le cadre du procès intenté aux « bouillons » et autres lieux dispensant de piètres mets. L’idée provocatrice que ceux qui ne peuvent manger faute d’appétit sont aussi à plaindre que les misérables affamés3 signale bien cette inaptitude au repas, et intéresse aussi plus profondément comme contre-béatitude. Et l’on retiendra aussi dans la perspective qui est la nôtre cette remarque que seules les tables d’hôtes, réservées aux ecclésiastiques, fourniraient une pitance acceptable : « Hors la religion, point de mangeaille4 ».
2Ni, non plus, de salut : à la religion Des Esseintes adresse comme on sait à la fin d’À rebours sa prière qui n’est qu’apparemment paradoxale tant nombre d’allusions l’annonçaient. Pour ne citer qu’un exemple mineur, mais révélateur, Des Esseintes qui soupçonne tout aliment contemporain d’être dénaturé (et l’effacement du naturel est une donnée non négligeable du culte de l’artificiel dans À rebours), voit comme un comble de cette générale altération dans la confection du pain de l’Eucharistie, lequel doit être « pétri avec la fine fleur des froments », au moyen d’autres substances, chimiques le cas échéant, dans lesquelles « Dieu se refusait à descendre5 » ; autrefois, selon la coutume de Cluny, des clercs à jeun, s’étant lavé le visage et les doigts, « triaient le froment, grain à grain, l’écrasaient sous la meule, pétrissaient la pâte dans une eau froide et pure et la cuisaient eux-mêmes sur un feu clair, en chantant des psaumes6 ». S’annonce donc là l’idée d’une nourriture toute naturelle et surnaturelle ; et la mention si fréquente chez Huysmans hagiographe des saints se sustentant, comme Lydwine, de la seule hostie consacrée.
3Or À rebours et Sainte Lydwine se font écho de manière plus précise encore. Des Esseintes condamné, pour n’en pas mourir, à abandonner sa solitude et sa réclusion, invoque les modes de vie religieux :
Et pourtant, se disait-il, il y a des gens qui vivent solitaires, sans parler à personne, qui s’absorbent à l’écart du monde, tels que les réclusionnaires ou les trappistes, et rien ne prouve que ces malheureux et que ces sages deviennent des déments ou des phtisiques7
4On sait combien les reclus intéresseront l’écrivain catholique. Déjà le héros d’À rebours avait rêvé « à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l’incessant déluge de la sottise humaine8 ». Nous apprécierons que c’est précisément là la démarche, exprimée dans les termes mêmes, de notre ermite de Sainte Lydwine.
5Des Esseintes mène d’ailleurs une vie réglée. Sa chambre simule sur le mode raffiné l’austérité d’une cellule monacale, ses domestiques doivent observer le « rigide silence de moines claustrés9 » ; il a réglé aussi « les heures immuables des repas : ils étaient il est vrai peu compliqués et très succincts, les défaillances de son estomac ne lui permettant pas d’absorber des mets variés ou lourds » ; il déjeune « légèrement » et « picore une petite dînette10 ». Sa perte d’appétit va s’aggravant, l’attirance momentanée pour des mets « altérés ou abjects11 » n’en étant qu’un avatar, le conduit d’abord à l’usage du sustenteur, prodiguant au terme d’une longue cuisson une « essence de nourriture » : « On pressait des filaments (de viande) et l’on buvait une cuillerée de jus bourbeux et salé, déposé au fond de la marmite. Alors, on sentait comme une tiède moelle, comme une caresse veloutée descendre12 ». Cette nourriture quintessenciée est la métaphore même du goût littéraire de Des Esseintes : la poésie de Mallarmé tend à « une littérature condensée, un coulis essentiel, un sublimé d’art13 » ; de même le poème en prose représente-t-il « le suc concret, l’osmazône de la littérature, l’huile essentielle de l’art14 ». L’étape dernière est l’alimentation par voie rectale, où Des Esseintes voit à la fois contradictoirement « la dernière déviation qu’on pût commettre » et « une énergique protestation contre le bas péché de la gourmandise » ; en fait surtout la « radicale délivrance de l’aversion qu’inspire aux gens sans appétit, la viande », le « définitif débarras de la lassitude qui découle toujours du choix forcément restreint des mets », bref la suppression de « l’ennuyeuse et vulgaire corvée du repas15 ». Sophistiquant le système à l’extrême, il se prendra à imaginer sur ce mode particulier d’ingestion des dîners maigres pour le vendredi en forçant sur la dose d’huile de foie de morue16…
6Maigre, Des Esseintes l’est assurément, à l’instar des personnages de Huysmans proches de l’auteur ; le « grêle jeune homme » du début du roman17 deviendra un être squelettique, effrayant de maigreur à ses propres yeux18. Il ne prise pas au demeurant l’excès de poids, qu’il dénonce plaisamment et figurément au sujet du style de Cicéron, « tourné à la graisse et privé de moelle et d’os19 » : le contraire d’une écriture substantifique. L’obésité, la monstrueuse grosseur sont à l’occasion stigmatisées par le héros des romans de Huysmans, chez les femmes particulièrement ; la « femme Voblat », dans Les sœurs Vatard est « un roulis de chairs molles, un monstre ignoblement gras20 » ; aux « goujats », dans ce même roman, est imputée la préférence pour « ces énormes truies dont les seins craquent sur les chairs massées et qui gouaillent, le bec en l’air, avec des rires qui leur secouent la gargoulette et leur font danser le ventre21 » ; la « femme obèse » d’une « bibine », balance le sien « sous un tablier gras22 », etc. C’est dans Là-bas que sont le plus singulièrement opposés les obèses aux maigres, dans un piquant discours de Des Hernies sur le devenir des cadavres, composant sur le mode ironique l’éloge de l’ascèse :
Sais-tu qu’après notre mort, nos charognes sont dépecées par des vers différents, suivant qu’elles sont obèses ou qu’elles sont maigres. Dans les cadavres des gens gros, l’on trouve une sorte de larves, les rhinophages ; dans les cadavres des gens secs, l’on ne découvre que des phoras ! Ceux-là sont évidemment les aristos de la vermine, les vers ascétiques qui méprisent les repas plantureux, dédaignent le carnage des copieuses mamelles et le ragoût des bons gros ventres23.
7Au demeurant les personnages en panne d’appétit sont hantés de rêves de festins, quitte à ne pouvoir plus « avaler une bouchée dés lors qu’ils sont à table24 », et envient la santé et les « solides mâchoires » de ceux qui « bâfrent25 » : la « Sainte joie » en était chantée dans « Sac au dos », nouvelle de jeunesse26, le narrateur « très maigre » y parlant à la première personne, y succombait de conserve avec l’ami « très gras » qu’il s’était fait27. La paire d’amis d’En ménage est plus complexe du point de vue de sa morphologie et de son rapport avec la nourriture ; car Cyprien est celui qui s’empiffre : or, déjà présent dans Les sœurs Vatard, ce peintre à la filiforme silhouette annonce par plus d’un trait Des Esseintes, tandis qu’André, celui qui chipote et dont l’estomac se délabre n’est « ni gras, ni maigre28 ». André et son amie Jeanne tomberont pourtant de manière éphémère dans le vice de la gourmandise29. Tout le monde communie, lors du dîner chez Cyprien, dans le plaisir d’un repas rustique, et s’enchante du fumet d’un « saucisson obèse30 » : remarquable transfert ! Mélie, l’amie de Cyprien, elle-même, « pétant d’embonpoint », éprouve pitié de « la maigreur délicate du peintre », et entend y remédier : « ‘Faudra que je l’engraisse’, se disait-elle souvent31 ». C’est ce que Gérard, dans Sainte Lydwine, fera fort bien tout seul.
8Le « curieux épisode » qui se trouve, nous dit Huysmans, chez tous les historiens de Lydwine32, y est, comme toutes les vies de saints rapportées par lui, sinon infidèle aux sources pour l’essentiel, fortement coloré, outré, par les préoccupations propres à l’auteur. L’itinéraire douloureux de sainte Lydwine (ou Lidwine) de Schiedam (1380-1433), selon le propre de sa fête « exemple de la souffrance humaine33 » était bien de nature à retenir Huysmans. A l’opposé des terribles supplices endurés par Lydwine, l’aventure de Gérard pourrait paraître marquée par la quiétude et la paisible ferveur, forçant le miracle… Gérard, « un jeune homme du diocèse de Cologne qui ardait de vivre de l’existence des anciens ermites », visite la sainte, éprouvant un scrupule : se retirer au désert, n’était-ce pas « sommer » Dieu de « le nourrir par miracle ». Lydwine le rassure : « Le Seigneur pourvoira à votre nourriture ». Ayant atteint en Égypte un lieu aride, il y découvre « un grand arbre dans les branches duquel était perchée, ainsi qu’un nid, une cellule formée avec des anneaux et des nattes » et s’y installe. « Faute d’aliments » il y jeûne pendant deux jours, mais le troisième, Lydwine l’avait prédit, Dieu lui envoie, « comme jadis aux Hébreux, des flocons de manne ». Ainsi vit-il « fondu en Dieu dans cette hutte aérienne34 ».
9Telle est l’histoire de Gérard, laquelle s’enrichit d’un second épisode lui donnant sens plus subtilement. Dix-sept ans après l’arrivée du jeune ermite dans son arbre, un évêque anglais passe par-là avec ses gens, voit la cabane, appelle, invoque le Christ :
À cet appel, au nom de Jésus, un être gras énorme, vêtu de guenilles et effroyablement sale, sortit du lacis des nattes. L’évêque, déconcerté, regardait cette masse qui ressemblait plus à une colossale bonbonne dont le goulot serait surmonté en guise de bouchon par une vessie de saindoux qu’à un corps et à un visage d’homme. Il commençait à être pris de peur quand la boule de cette face s’irradia en un sourire lumineux d’ange35.
10Gérard apprend à l’évêque qu’il avait dix-neuf ans quand il a « fui le monde », et le renseigne sur son mode de nourriture. Le prélat s’y méprend un peu, croyant « qu’il ne s’agissait que de nutriment spirituel » et lui demande s’il connaît une autre créature humaine vivant également sans manger : « Oui, en Hollande, dans une petite ville appelée Schiedam, une vierge fort infirme vit depuis des années à jeun » ; selon lui celle-ci le « précède de très loin en perfection » ; cependant ils conversent « de longue date, ensemble, dans la lumière incréée ». Cette communication privilégiée connaît une parenthèse, car Lydwine est assaillie par des soucis trop humains (elle a perdu son frère), et Gérard, invitant l’évêque à rappeler à la bienheureuse par d’incisives questions, son existence, use lui-même du terme cher à Des Esseintes : « Depuis combien de temps votre ami Gérard s’est-il retiré dans sa thébaïde36 ? »
11Lydwine envie le sort de l’ermite : « Hélas ! Monseigneur, je suis obligée de séjourner au milieu des séculiers et bon gré mal gré, je suis mêlée aux affaires du monde et c’est à mon détriment ; je suis salie par cette poussière que répandent autour d’eux les gens du siècle » ; Gérard à l’inverse « habite seul avec les anges, aucun être terrestre ne le dérange37 ». Encore sa corpulence lui cause-t-elle quelque gêne. Lydwine elle-même apprend aux familiers de celui-ci que « son embonpoint dû aux qualités nutritives de la manne, était tel, que des rouleaux de chairs descendaient de son cou et coulaient en cascades sur son dos ; il ne pouvait ni se coucher, ni s’asseoir et il était forcé de se tenir constamment agenouillé ou debout dans son arbre38 ».
12C’est donc un être atteint d’infirmité qui nous est dépeint en Gérard, et l’un de ces monstres dont l’œuvre de Huysmans recèle de remarquables échantillons39. Lydwine, dont le corps semble avoir été par Dieu coupé et ouvert « dans tous les sens », échappe aussi à tout canon de normalité ; sa « coque charnelle » est devenue « quelque chose de monstrueux et d’informe, d’on ne sait quoi40 ». Elle a – ce n’est que la moindre de ses souffrances – perdu totalement le sommeil41. Et cette « vorace de l’immolation42 » se contente d’abord d’une nourriture plus que ténue, par impossibilité même de l’absorber ; quand « c’est trop encore » d’un émincé de pomme, son ordinaire se compose d’« une larme d’eau rougie sucrée, stimulée par un soupçon de cannelle ou de muscade, et d’une miette de datte », puis d’un peu de vin trempé d’eau ; elle passe ensuite à l’eau de la Meuse que, saumâtre, elle préfère car se changeant pour elle « en la plus savoureuse des boissons43 ». Et elle finit par ne plus s’alimenter du tout, vivant en effet, comme tant d’autres saints dont est fournie la liste, de la seule Eucharistie44. Elle a pourtant dans ses visions les festins du Paradis où « les viandes sont servies sur des nappes de soie verte dans des bassins d’orfèvrerie45 ». L’esthétisation du repas n’empêche pas en outre la finesse du goût proprement dite, au moins par délégation. Lydwine recommande aux femmes charitables qui la servent auprès des pauvres d’accommoder les poissons « avec de fringantes sauces pour réjouir un peu les membres souffrants du Christ46 ». Et comme nous l’avons vu, sa propre nourriture fut d’abord réduite à quelque chose comme une essence de nourriture : un raffinement suprême.
13On ne sait pas toujours s’il s’agit pour Huysmans de provoquer l’aversion pour la nourriture ou l’appétence – du narrateur au premier chef, peut-être ! Dans Les sœurs Vatard où tout le monde ne pense qu’à manger, le père Vatard n’inspire pas nécessairement le dégoût, aspirant à ce que sa fille lui « fricote » pour le soir « une petite cervelle au vin47 », ou en souhaitant voir ailler ses gigots48. Préparé de diverses façons, il y a un gigot dans à peu près chaque livre de Huysmans ! La saveur absolue parait atteinte avec celui, cuit à l’anglaise, à l’étouffée, « cousu » que Durtal et ses amis savourent dans la tour de l’église Saint-Sulpice49. Là, chez Carhaix, le sonneur de cloches, et son épouse, « maman Carhaix », sont dégustés de simples et succulents mets : « purée de navets fondus », pour accompagner le gigot, « qu’édulcorait une sauce blanche aux câpres50 », « gelée d’orange confite et sûre51 » : quintessence ! Avec Carhaix, près des cloches qui, dit Gévingey, dissipent les fantômes et chassent les démons52, tout a goût sain et sainte odeur. On s’entretient cependant de satanisme. Durtal est à l’aube de sa conversion et Gilles de Rais sur qui il écrit un livre dans le livre s’adonne, ce « Des Esseintes du xve siècle53 », avant ses abominables orgies, à de terribles repas54. La tour de Saint-Sulpice, comme l’arbre de Gérard, est un lieu entre ciel et terre et Durtal en a tôt rêvé comme d’une thébaïde, bien que le terme ne soit pas prononcé :
Il se disait (…) : si l’on pouvait, en agençant cette chambre, s’installer ici, au-dessus de Paris, un séjour balsamique et douillet, un havre tiède. Alors on pourrait mener, seul, dans les nuages, là-haut, la réparante vie des solitudes et parfaire, pendant des années, son livre. Et puis, quel fabuleux bonheur ce serait que d’exister enfin, à l’écart du temps, et, alors que le raz de la sottise humaine viendrait déferler au bas des tours, de feuilleter de très vieux bouquins55…
14Outre la connotation ici nettement utérine de l’enceinte, la misanthropie qui justifie l’exil solitaire est explicite. Elle sera implicite dans Sainte Lydwine. L’on ne voit point là une invite à gloser sur la conversion de Huysmans, assurément sincère dans ses derniers livres et perceptible dès avant. Nous avons seulement désiré mettre en relief la continuité d’un aspect, le pathos, aux sens propre et dérivé, de la chère ou de la chair, annulée, sublimée, débordante. Le paroxysme de cette dialectique des excès nous paraît atteint en la personne de notre continent obèse, non un malheureux diminué par l’infirmité, mais le plus magnifique nourrisson qu’on puisse imaginer.
Notes de bas de page
1 À vau l'eau, Bruxelles, Kistemaecker, 1882, p. 22-23.
2 Cf. ibid., p. 44. Mais mention obsédante dans l’œuvre de Huysmans.
3 Cf. ibid., p. 127-28.
4 Ibid., p. 39.
5 À rebours, éd. Folio, p. 341.
6 Ibid., p. 341-42.
7 Ibid., p. 339.
8 Ibid., p. 84.
9 Ibid., p. 97.
10 Ibid., p. 98.
11 Ibid., p. 85. Un épisode remarquable à cet égard est bien sûr celui de la tartine de fromage blanc que Des Esseintes voit des gamins crasseux se disputer ; cette « immonde tartine » lui fit venir l’eau à la bouche. « Il lui sembla que son estomac, qui se refusait à toute nourriture, digèrerait cet affreux mets et que son palais en jouirait comme d’un régal » (Ibid., p. 281). L’issue piteuse était prévisible.
12 Ibid., p. 293-94.
13 Ibid., p. 317.
14 Ibid., p. 320 (l’osmazône étant le nom donné par Thénard au principe savoureux du bouillon de viande).
15 Ibid., p. 333.
16 Ibid., p. 334.
17 Ibid., p. 78.
18 Cf. ibid., p. 195.
19 Ibid., p. 111. Des Esseintes n’en manifeste pas moins son attirance pour les excès contraires en prisant spécieusement chez Apulée une « jovialité d’homme évidemment gras » (Ibid., p. 115).
20 Les sœurs Vatard, troisième édition, Paris, Charpentier, 1879, p. 11 ; et p. 16, à propos de la même : « un gabion de suif, une bombance de chairs mal retenues par les douves d’un corset » ; et p. 78-79, les femmes colosses, « pains de graisse, modèles en façon de femmes », « gigantesques berdouilles aux seins comme des boules d’haltères ».
21 Ibid., p. 47.
22 Ibid., p. 132.
23 Là-bas, éd. Folio, p. 54.
24 En Ménage, éd. de Paris, H. Jonquières, 1923, p. 105.
25 Cf. ibid., p. 44, p. 47 ; et l’extraordinaire description du repas des marins dans « A Hambourg » (De tout, 2° édition, Paris, Stock, 1902, pp. 191-92).
26 « Sac au dos », Les soirées de Médan, éd. de Paris, Fasquelles, 1930, p. 146.
27 Cf. ibid., p. 141. Le « succulent repas » évoqué ibid., p. 146 étant au demeurant décrit non sans quelque ambiguïté, l’entrecôte y « saigne » dans un « lac de beurre ». Cette métaphore sanglante se trouve suggérée dans d’autres mentions de repas heureux, et participe donc indirectement du thème du repas supplice, présent par exemple dans En ménage, op. cit., p. 228 : Jeanne se force à manger les choux-fleurs qu’elle déteste. Sainte Angèle de Foligno ira plus loin : pour se punir d’une nausée devant les croûtes d’un lépreux qu’elle soigne, elle s’oblige à avaler l’eau dont elle les a lavées, et une croûte qui y était restée (En route, Paris, Tresse et Stock, 1895, p. 272). Des Esseintes n’a pas tant de mérite avec sa tartine de fromage blanc, non plus que de satisfaction.
28 Op. cit., p. 112.
29 Ibid., p. 249-50. Vice qui mourra comme il est né, après avoir atteint un moment tout le monde dans l’entourage d’André et de Jeanne (cf. ibid., p. 249 sq.) La description du repas et de la profusion de victuailles à la brasserie allemande constitue le surréaliste sommet de cette passagère boulimie.
30 Ibid., p. 306.
31 Ibid., p. 281.
32 Sainte Lydwine de Schiedam, Paris, Stock, 1901, p. 228.
33 Cf. le Dictionnaire hagiographique des Bénédictins de Ramsgate, Brepolo, 1991. Huysmans dans l’avant-propos de Sainte Lydwine indique les diverses études consacrées à la bienheureuse qu’il a pu consulter.
34 Ibid., p. 228-29.
35 Ibid., p. 230.
36 Ibid., p. 230-31.
37 Ibid., p. 232.
38 Ibid., p. 233.
39 À commencer par « Le Monstre » précisément, Certains, troisième édition, Paris, Stock, 1898, pp. 137 sq.
40 Op. cit., p. 72.
41 Cf. ibid., p. 115.
42 Ibid., p. 65.
43 Ibid., p. 114-45.
44 Ibid., p. 288. La question se pose de savoir si elle répond ainsi à la définition que donne Lacan de l’anorexie : ne rien manger, « manger rien », et savourer cette absence – vis-à-vis de la mère, en l’espèce. Ici dans une perspective mystique, il s’agirait soit d’obliger Dieu à suppléer à l’absence de nourriture (Gérard, avec l’aval de Lydwine) soit de l’amener à être lui-même unique nourriture (Lydwine). Cf. Lacan, Le Séminaire, Livre IV, 1956-57, La relation d’objet, Paris, Le Seuil, 1994, p. 184-85.
45 Ibid., p. 183.
46 Id.
47 Les sœurs Vatard, op. cit., p. 163.
48 Ibid., p. 302. Mais l’odeur d’ail de Céline qui en résulte provoquera sa brouille avec Cyprien.
49 Là-bas, op. cit., p. 160 sq.
50 Ibid., p. 163.
51 Ibid., p. 108, le goût pour les saveurs ambiguës – amère ou acide – étant très récurrent chez les personnages de Huysmans.
52 Ibid., p. 169.
53 Ibid., p. 74.
54 Cf. ibid., p. 146, ces plats « véhéments (…) parfumés, acides », « talonnant dans l’estomac comme des éperons à boire » ; et notons parmi les capiteuses boissons les « jus fermentés de mûres ». C’est au jus des mûres qu’est aussi comparé le sang du Christ horriblement supplicié de Grünewald (Ibid., p. 10.), dont la Crucifixion est l’occasion d’une métaphore des essentielles délices. Ce peintre « était allé aux deux extrêmes et il avait, d’une triomphale ordure, extrait les menthes les plus fines des dilections, les essences les plus acérées des pleurs » (Ibid., p. 14).
55 Ibid., p. 51-52.
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