De la maison au « village ». Les origines de la morphologie de l'habitat dispersé dans les montagnes de la Savoie du Nord
p. 279-289
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Dans les hautes vallées savoyardes, le peuplement d'avant l'invasion touristique était caractérisé par une implantation en hameaux dispersés à travers le territoire communal. Dispersion relative en Savoie du sud (Maurienne, Tarentaise, Combe de Savoie) où les hameaux étaient fédérés par un « chef-lieu » qui était un véritable bourg ; dispersion fréquemment absolue en Savoie du nord (Faucigny, Chablais), où le chef-lieu n'avait souvent pas plus d'importance que les écarts. C'est aux massifs montagneux de la Savoie du nord que nous allons consacrer notre étude.
2Dans l'ensemble de cette zone, la dispersion récemment constatée par les ethnologues est une constante historique depuis le xive siècle au moins. à preuve deux documents qui énumèrent tous deux des listes de « villages », terme qui, en Savoie, désigne les hameaux. Le plus ancien est l'enquête que le dauphin Humbert II, alors possesseur du Faucigny, fit réaliser en 1339 afin d'évaluer ses biens. Elle nous fournit pour les 56 paroisses de la vallée de l'Arve, entre le Mont-Blanc et Genève, une description qui comprend notamment le nombre de feux et la liste des principaux hameaux (ville). Les paroisses comptent en moyenne 197 feux répartis en une douzaine de ville, soit un peu plus de 15 feux par hameau. Il est à noter que pour plus de la moitié des paroisses (31), le chef-lieu ne fait pas partie des hameaux mentionnés. Si l'on s'en tient aux 18 paroisses qui présentent un véritable caractère montagneux1 on obtient des chiffres supérieurs, avec une moyenne de 268 feux, 14 villages et 19 feux par village, le chef-lieu étant mentionné pour 11 paroisses2.
3Ces chiffres moyens masquent en fait une grande diversité d'une paroisse et d'un village à l'autre, laquelle apparaît bien, en revanche, dans un état des bénéfices dépendant de l'abbaye d'Abondance vers 1774, qui donne une description précise de douze paroisses chablaisiennes3. Sauf à Châtel où elle est absolue, la dispersion se fait en hameaux. Le nombre moyen de feux par hameau se situe à 15,7. À Saint-Gingolph, le bourg compte 150 feux, soit les 4/5e de la population paroissiale ; mais ailleurs, le chef-lieu n'est qu'un hameau parmi les autres, jamais le plus important. La paroisse de Publier, composée de dix hameaux, est typique de la diversité des situations qu'on rencontre d'un village à l'autre : on y trouve « le chef-lieu composé de neuf feux, Oncion trente-neuf feux, Avonex cinq, Avulligoz dix huit, Demais quatre, Baussinge cinq, Maiseriez onze, Sionnex deux, Bissinge deça et dela un torrent douze feux, plus dix maisons eparces ». Cette permanence de la structure du peuplement depuis le Moyen Âge donne une profondeur historique à la remarque d'Henri Raulin, pour lequel « il convient de distinguer le groupe de deux à trois maisons du village formé d'une ou plusieurs dizaines de maisons, qui constitue la véritable unité sociale des montagnes de Savoie4 ».
4La permanence est spécialement évidente en montagne, où elle se manifeste notamment dans la stabilité de la toponymie. C'est ainsi que dans les dix-huit paroisses de montagne décrites dans l'enquête delphinale de 1339, 85 % des noms de village du xive siècle se retrouvent sur l'actuelle carte au 1/25 000e. C'est que, sauf exception, ces montagnes n'ont pas connu les Wünstungen, malgré une crise démographique sévère à la mi-xive siècle. Dans les basses vallées, la situation est parfois un peu différente. La reprise démographique du xve siècle n'a pas toujours été aussi précoce et aussi vigoureuse qu'en montagne. Un cas extrême est représenté par la petite paroisse de Faucigny, située dans la moyenne vallée de l'Arve. Aucun des trois villages qui la composaient en 1339 n'est déjà plus localisable au début du xviiie siècle. Actuellement, douze noms de hameaux sur les quatorze que compte la commune ont la forme « Chez + anthroponyme », qui paraît typique, en Savoie du nord, des toponymes nés de la reconstruction de la fin du Moyen Âge et du début de la période moderne.
5Nous avons récemment tâché de montrer que l'organisation du peuplement de nos massifs remonte pour l'essentiel aux grands défrichements, qui s'étendent principalement entre la mi-xiie et la mi-xive siècle. En haut Faucigny, on trouve souvent à l'origine des hameaux une tenure familiale de défrichement concédée par un seigneur laïc ou ecclésiastique. Elle a été ensuite démembrée par les partages successoraux, mais les héritiers ou nouveaux acquéreurs ont gardé en commun une partie des terres, forêts et pâturages, ainsi devenus communia de hameaux5. D'autres villages ont pu naître d'une initiative seigneuriale. Ainsi, en bas Chablais, Excevenex ou Chavanex, qui se sont formés autour de granges de l'abbaye de Filly6.
6Notre propos est d'étudier la morphologie de l'habitat dans ses origines médiévales. Nous disposons, pour cet objet, d'une documentation écrite concernant essentiellement le haut Faucigny, c'est-à-dire les massifs du Mont-Blanc et du Giffre, actuellement occupés par les communes de Chamonix et Passy, Samoëns et Sixt, Saint-Gervais, Megève et les Contamines-Montjoie. La documentation est essentiellement formée du cartulaire du prieuré bénédictin de Chamonix, d'un minutier chamoniard de la fin du xve siècle, des comptes des trois châtellenies de Charousse, Samoëns et Montjoie, possédées aux xive-xve siècles par les comtes de Genève et de Savoie, et d'un dossier de 55 inventaires après décès du xve siècle.
7En l'absence de fouilles archéologiques et de vestiges apparents (les maisons les plus anciennes datent du xviiie siècle), l'historien doit interpréter ces textes à l'aveugle, ce qui ne va pas sans difficultés. D'où le choix d'une méthode régressive, qui se base sur les constatations des ethnologues, valables pour le xixe siècle et la première moitié du xxe, et tente d'en retrouver les origine historiques. À mi-chemin entre le xxe siècle et la fin du Moyen Âge, se présente, comme un jalon, le plus ancien cadastre savoyard, qui fut dessiné vers 1730. Cette célèbre « mappe sarde » donne un aperçu visuel de la morphologie des villages, à défaut de celle des habitations7.
Morphologie des maisons d'habitation
8Dans l'ensemble, la maison paysanne savoyarde traditionnelle se rattache plutôt à la maison-bloc regroupant toutes les fonctions sous le même toit. On trouve pourtant des différences entre la Savoie du nord, très boisée, et celle du sud, moins favorisée de ce point de vue, tant pour la chauffe que pour la construction. En Maurienne et en Tarentaise, la promiscuité avec les animaux peut être complète dans les hautes vallées où le bois fait défaut ; elle est inexistante en Faucigny et en Chablais. De même, à la « maison-chalet à dominante de pierre », de la Savoie du sud, les ethnologues opposent le « chalet de montagne à dominante de bois », typique des hautes vallées de la Savoie du nord8.
9Dans la Savoie du nord proprement dite, on note des différences d'une vallée à l'autre. Le plan le plus simple est typique du haut Faucigny : le niveau élémentaire, partiellement encrotté, est en pierres. Regroupant l'étable et les pièces d'habitation (deux le plus souvent), il est coiffé d'une grange de bois, elle-même couverte d'un toit de bardeaux. Cette disposition permet, grâce à des communications intérieures, de nourrir les bêtes sans sortir de la maison en hiver. La maison étant souvent adossée à la pente, la grange présente à l'arrière une ouverture de plain-pied qui permet d'y entrer facilement. Le haut Chablais présente une variante de ce modèle, avec trois niveaux. Le soubassement de pierre est réservé aux bêtes et à des usages secondaires. Les hommes occupent le niveau immédiatement plus élevé, fermé de murs de bois recouverts de plâtre. Le troisième niveau est formé d'une grange de bois. Certaines maisons sont extrêmement larges et présentent une structure parfaitement symétrique : ce sont des maisons doubles construites par deux propriétaires différents, souvent parents.
Une maison-bloc à plusieurs étages
10Dans les documents médiévaux, l'habitation paysanne est toujours qualifiée de « maison » (domus). Dans cet emploi, le terme « chalet » est d'usage récent et touristique. Au Moyen Âge, il désigne toujours un bâtiment d'alpage. Lorsqu'une domus est qualifiée, c'est par son nombre de spodia9. Le terme spodium (ypodium, expuerium) paraît une forme latinisée du franco-provençal epwé. Dans les textes médiévaux, il désigne manifestement un niveau d'habitation : on parle en effet de spodium superius et de spodium inferius10.
11Les inventaires après décès du haut Faucigny au xve siècle mentionnent 42 maisons. Pour 28 d'entre elles est indiqué le nombre de niveaux qu'elles comportent. L'immense majorité (82 %) ont deux ou trois niveaux. Le type à deux niveaux représente une maison sur trois ; le type à trois niveau est clairement prédominant dans cet échantillon, puisque plus d'une maison sur deux s'y rattache. Or les ethnologues nous affirment que s'il était présent en Chablais, il était inconnu en Faucigny à une époque récente.
12Il est tentant de faire le lien avec l'évolution des structures familiales. Dans le haut Faucigny en effet, on constate, après la crise consécutive aux pestes de 1349 et 1360, une précoce reprise démographique, appuyée sur une forte natalité. Or le nombre des feux n'augmente pas en conséquence, et la famille large se répand jusqu'à représenter un foyer sur deux vers 148011. Il existait donc nécessairement des foyers très chargés, qu'on voit mal se serrer, au même niveau que les bêtes, dans les deux pauvres pièces e la maison faucignerande du xixe siècle. Quelques textes font d'ailleurs état de pièces assez nombreuses. En 1471, nous voyons par exemple Pierre Cornut, deChamonix, louer trois pièces d'habitation (caméras) d'une maison qui en compte au moins quatre12. Lorsqu'un foyer s'élargit à un ascendant ou à un membre extérieur recueilli, il n'est pas rare que ceux-ci disposent d'une pièce individuelle, parfois fermant à clé13. Entre 1480 et 1520, le nombre de feux des paroisses du haut Faucigny augmente 60 %. Parallèlement, la proportion de familles larges retombe à un quart des foyers14. Il ne s'agit pas d'un brutal redressement de la courbe démographique, mais d'un éclatement des feux surchargés de la période précédente, de nombreux ménages conjugaux ayant décidé de faire feu séparément. On devine, au tournant des xve-xvie siècles, une véritable fièvre de construction. Les maisons nouvelles, bâtiesdans une certaine urgence, prévues pour des foyers qui rêvaient d'être indépendants, ont pu être plus petites, et ressembler davantage à celles que nous ont légués les xviiie et xixe siècles. Mais pour ce qui est de la période précédente, on posera comme une hypothèse fort probable que dans les maisons à trois étages du haut Faucigny, comme dans celles du haut Chablais au xixe siècle, l'étage des hommes se situait au-dessus decelui des bêtes.
L'intégration des fonctions agricoles
13C'est qu'en effet des textes convergents montrent que, sans qu'il y ait cohabitation véritable, les bêtes vivent le plus souvent entre les mêmes quatre murs que les hommes, en d'autres termes que l'étable (bostar) est intégré à la maison-bloc. C'est notamment dans la maison des défunts que les notaires chargés d'établir les inventaires après décès retrouvent le bétail15. Seule la maison que Jean Ducroz possède à Maffray, dans le mandement de Samoëns, possède une étable extérieure à la maison. Mais cette maison, estimée à la somme élevée de 50 florins, la seule de notre échantillon qui s'élève sur quatre niveaux, ne paraît guère représentative du commun des habitations paysannes16. Dans ces dernières, on trouve parfois une porcherie, laquelle peut être un bâtiment isolé et facilement déplaçable, qui jouxte la maison d'habitation17.
14La grange, elle aussi, est normalement intégrée à la maison, comme en témoignent, là encore, les inventaires après décès18. On y conserve les produits non flagellés des moissons, qui y sont battus et vannés, à mesure de la consommation, durant les longs loisirs de l'hiver. On y garde surtout une partie du foin fauché durant l'été. Certains textes donnent au fenil son nom franco-provençal de « soleret » (solaris). La dernier élément à fonction agricole qui apparaisse dans les maisons paysannes de la fin du Moyen Âge est le cellier, en Savoie dénommé « sartò » (soturnum). Destiné notamment à la conservation du fromage, il ne se distingue des pièces d'habitation que par sa fonction, qui implique qu'il soit fréquemment fermé à clé19.
15L'habitation montagnarde typique de la Savoie du nord à la fin du Moyen Âge apparaît donc comme une maison-bloc à deux ou (plus souvent) trois niveaux, apte à abriter les foyers gonflés par la reprise démographique du xve siècle. Les éléments d'exploitation, grange, étable et cellier, y sont habituellement intégrés. Par comparaison avec les « chalets » des siècles plus récents, on peut penser que l'étable se trouve au niveau inférieur. Dans les maisons à deux niveaux, les pièces d'habitation lui sont juxtaposées, mais bien séparées. Dans celles qui comptent trois niveau, les hommes occupent l'étage intermédiaire. Dans les deux cas, une grange coiffe l'ensemble.
L'importance du bois dans la maison d'habitation
16Les textes qui nous renseignent sur les matériaux utilisés dans la construction des maisons paysannes à la fin du Moyen Âge ne sont pas légion. Incidemment pourtant, on apprend que le bois y entrait pour une bonne part : c'est par exemple un condamné de Charousse dont l'inventaire après décès signale la « justam unius domus » entreposée chez un voisin20. C'est encore un habitant de Montjoie qui vole les planches d'une habitation21. En 1562, le hameau du Châtelard, dans la vallée de Chamonix, est construit en « lattes » de bois22. Mais la pierre, elle aussi, est utilisée. Là encore, de rares textes le laissent entendre à l'occasion et d'ailleurs des carrières sont bien attestées dans les hautes vallées au xve siècle23. La riche habitation de Jean Ducroz, que nous évoquions tout à l'heure, comporte des éléments maçonnés. Dans les maisons plus modestes, il est logique d'imaginer la pierre employée préférentiellement dans les soubassements, ainsi qu'il en allait d'ailleurs en Valais occidental ou dans le Val d'Aoste à la fin du Moyen Âge24. Dans nos massifs pourtant, il faut attendre la période moderne pour trouver des textes qui le montrent clairement. En 1642 par exemple, de deux maisons du village du Tour, au sommet de la vallée de Chamonix, détruites par une avalanche, il ne reste plus que « les masures de pierres25 ».
17Quant à la couverture, on ne dispose d'aucun témoignage concernant les habitations paysannes à la fin du Moyen Âge. En revanche, les comptabilités seigneuriales nous donnent de nombreux renseignements relatifs aux bâtiments castraux et monastiques, qui sont universellement couverts de bardeaux de bois qualifiés de scinduli (ancelles) ou tavalliones (tavaillons). Maintenus sur la charpente et entre eux à l'aide de clous, ils sont normalement de mélèze26 Les bardeaux de bois étaient le mode de couverture normal des habitations paysannes de montagne aux époques moderne et contemporaines. On peut penser qu'il en était de même à la fin du Moyen Âge. Etait-ce un véritable monopole ? Ce n'est pas certain, car la fabrication de lauzes est attestée dans le mandement de Montjoie au xive siècle27.
18La forte présence du bois aux niveaux supérieurs des maisons de montagne facilite évidemment les incendies ; aux époques moderne et contemporaine, on craignait fort le feu. Il en allait de même au Moyen Âge28. S'il était impossible d'empêcher tout à fait les incendies, on essayait pourtant d'en limiter préventivement les conséquences.
La maison, son chosal et son grenier
19Dans les documents médiévaux, les maisons sont généralement associées à leur chosal, leurs cours et leurs aires. Si l'on en juge par la fréquence de l'apparition du mot casale dans les textes savoyards de la fin du Moyen Âge, la Savoie fait partie sans conteste de ce que Benoît Cursente appelait récemment « les pays du casal29 ». À la fin du Moyen Âge, le terme n'y a pourtant, comme en Valais ou en Queyras, que l'acception modeste de terrain bâti, ou apte à bâtir30, ce qui n'implique nullement la présence d'un enclos. Apte à bâtir, qu'est-ce à dire ? On a prétendu qu'au Moyen Âge, le chosal savoyard était un espace villageois exempt de taxes, sur lequel les paysans auraient regroupé leurs maisons afin de les faire échapper à la ponction seigneuriale31. Mais d'une telle exemption on n'a nulle preuve, bien au contraire32. Dans une région de montagne où la terre horizontale est rare et chère, on pourrait envisager une aptitude proprement physique à la construction. Mais les hameaux savoyards sont implantés sur des sites très divers, soit en fond de vallée, soit sur des replats, soit en pleine pente. Assez nombreux sont ceux dont le nom est formé sur la racine casale, comme « Les Chosalets » ou « Les Chosaux » ; on pourrait penser que ce sont des sites spécialement favorables qui ont attiré les constructions. À ceux-là même, il est bien difficile de trouver des points communs. En sorte qu'on est fondé à penser que le nom de casale, accolé à une terre, lui vient a posteriori de l'édifice qui y est bâti ou de celui qu'on s'apprête à y bâtir, plutôt que de la reconnaissance a priori d'une aptitude particulière à la construction. En tout état de cause, le chosal désigne toute la parcelle bâtie, non le seul emplacement occupé par la maison. Outre cette dernière, il englobe donc des espaces annexes qui portent le nom d'aires (platee) et/ou de cours (curtine) ; ces termes apparaissent fréquemment au pluriel et paraissent quasiment synonymes.
20Ces espaces vides comportent des éléments bâtis. On y trouve des fours, là où la coutume autorise les dépendants à en détenir à titre individuel33 Mais les fours paraissent plus fréquemment collectifs, communaux ou banaux. Ils se présentent, tel celui de Megève, comme des bâtiments de pierre couverts de tavaillons34.
21Mais le bâtiment qu'on trouve le plus systématiquement à côté des maisons d'habitation, celui dont les inventaires après décès font une mention presque constante, c'est le « grenier » (granerium, orreum). Ethnologues et géographes ont fréquemment décrit cet élément le plus connu de l'habitat savoyard « traditionnel »35, dont les plus anciens exemplaires conservés datent du xixe siècle. Ce petit bâtiment de bois, placé à l'écart de la maison principale et donc du foyer, permet de mettre à l'abri d'un éventuel incendie, mais aussi de l'humidité, les denrées et biens précieux. Particulièrement riche à cet égard, la documentation médiévale permet de voir que seigneurs et paysans possèdent des greniers, et que ceux-ci présentent alors les principales caractéristiques qu'on leur connaîtra à des époques plus récentes. Les inventaires après décès les comptent toujours dans les biens meubles et, de fait, bien que scellés ou à tout le moins enfoncés dans la terre, il sont transportables à l'aide de bêtes de sommes36. Ils sont normalement faits de bois, notamment de sapin. Le toit est couvert d'ancelles, probablement de mélèze, ce qui suppose un toit en pente, à un ou deux pents. Les plus importants ont d'ailleurs un double toit Comme on leur confie les biens les plus précieux de la famille, ils sont toujours fermés à clé37. C'est d'ailleurs parfois à l'occasion d'un cambriolage qu'on peut apprécier la diversité des biens qui y étaient conservés : grains, denrées alimentaires, vêtements et literie, documents, argent, outils, la liste n'est pas limitative38.
22Les greniers sont situés le plus souvent à proximité d'une maison d'habitation. Parfois, ils lui sont même contigus, ce qui peut paraître incompatible avec leur fonction première, qui est la prévention des incendies. Mais il faut bien bâtir « sur soi », là du moins où l'habitat est resserré39
Modalités de la dispersion
23Les ethnologues ont cru observer un lien entre le type de dispersion et le matériau utilisé pour l'habitation : en Savoie du nord, la dispersion se ferait préférentiellement « en nébuleuse », les maisons, quoique regroupées en hameaux, étant à quelques dizaines, voire quelques centaines de mètres les unes des autres ; dans les vallées méridionales en revanche, l'habitat serait plus resserré. Comme la pierre y domine, on est à nouveau tenté de faire le lien avec les risques d'incendie40. Par ailleurs on a fait valoir une tendance récente au desserrement L'habitat « ancien », correspondant au temps de la mappe sarde avant laquelle les ethnologues ne se sont pas aventurés, aurait été plus resserré qu'au commencement du xxe siècle, même là où le bois était dominant. Le fort de cette thèse, c'est qu'elle concorde bien avec ce que l'on sait de l'évolution des paysages de nos hautes vallées au xixe siècle : à la suite de l'abandon de l'économie de subsistance alliant céréaliculture et élevage qu'on pratiquait depuis le Moyen Âge, les emblavures ont largement reculé face aux prairies. Le manque de terre est donc devenu moins cnidal41. La crainte des incendies, qui était ancienne, a pu devenir prioritaire, en sorte que l'habitat se serait lentement desserré.
24Mais on rencontre encore aujourd'hui en Savoie du nord des villages présentant nombre de maisons jointives. En outre, les comparaisons entre la mappe et les cadastres du début du xxe siècle qu'on a pu avancer en faveur de la thèse d'un desserrement récent42 ne nous paraissent pas pourvoir entraîner l'adhésion. Sur la mappe sarde en effet, tout chosal, même partiellement bâti, est conventionnellement coloré en rose sur toute sa surface. S'il est fréquent de rencontrer des chosaux jointifs, rien ne dit que les bâtiments qu'ils comportent soient réellement contigus. Les registres qui accompagnent la mappe montrent même le contraire : les parcelles bâties sont le plus souvent qualifiées par une formule telle que « maison, cour et grenier ». Nous avons bien vu que c'est ce qui ressort de l'examen des textes médiévaux : les chosaux ne sont jamais bâtis sur toute leur surface, et les maisons proprement jointives paraissent rares.
L'habitat permanent : deux types de dispersion
25La mappe, d'ailleurs, atteste de la juxtaposition, à quelques kilomètres de distance, des deux modes de dispersion susmentionnés : en nébuleuse ou en hameaux plus resserrés. Les textes médiévaux donnent exactement la même impression.
26Dans notre échantillon faucigneran, le cas le plus fréquent est celui de maisons jouxtées, sur un ou plusieurs de leurs côtés, par des pièces de terre, de pré ou de vigne. Lorsque la maison est seulement localisée par rapport à un lieu-dit (locus), on peut la supposer passablement isolée. Mais beaucoup plus souvent, elle est explicitement située dans un « village » (villa ou villagium). Les habitations sont donc relativement desserrées, mais pourtant regroupées en hameaux disposant d'une individualité propre. Celle-ci, d'ailleurs, n'était peut-être pas toujours manifeste dans le paysage, tant certains hameaux étaient proches. C'est le cas, notamment, des douze villages qui, à la fin du xive siècle, se partagent la centaine d'hectares correspondant aujourd'hui à la petite agglomération de Saint-Gervais. Certains, sinon la plupart, devaient compter moins d'une dizaine de feux. Dans la documentation seigneuriale43 ils apparaissent pourtant comme autant de ville clairement identifiées : c'est qu'ils possèdent tous des communia et donc une communauté propre. Il s'agit en tout cas d'une dispersion « en nébuleuse ». Le cas des hameaux de Saint-Gervais correspond à un débouché de vallée suspendue, relativement large et plat. Mais on rencontre aussi ce type de dispersion sur certains versants point trop escarpés, comme le coteau de Passy, le seuil de Megève, ou le bas de l'adret de la vallée du Giffre, entre Samoëns et Verchaix.
27Mais on trouve aussi des hameaux dont les habitations sont beaucoup plus resserrées. Tel est le cas, par exemple, du village de Vallon, à quelques kilomètres à l'est de Samoëns : les documents seigneuriaux le présentent comme un seul village, car il ne forme qu'une seule communauté. Mais, dans le paysage, les habitations sont regroupées en deux hameaux, qui, en 1730, se présentent comme de véritables « villages-rue ». Dans ces villages resserrés, il arrive que les maisons soient tout à fait jointives44, mais ce n'est pas le cas le plus habituel. Le plus souvent, les chosaux sont contigus, non les maisons45. Des jardins potagers sont souvent intercalés entre les habitations46. Ailleurs pourtant, ils peuvent être regroupés à l'extérieur du village, comme à Mathonnex (haute vallée du Giffre)47. À Montroc, hameau situé au sommet de la vallée de l'Arve, les maisons de la fin du Moyen Âge sont indubitablement très proches48, comme encore aujourd'hui dans la partie ancienne du village. Or en février 1999, une avalanche a détruit une douzaine de chalets situés entre cette dernière et le village du Tour, tous âgés de moins d'un demi-siècle. Le « vieux » village, lui, a été entièrement épargné. Jusqu'à preuve du contraire, le resserrement des habitations, qui implique une acceptation raisonnée des risques d'incendie, nous paraît essentiellement motivé par des contraintes géographiques, dont il faut bien faire la part, en ces hautes vallées où la montagne rappelle régulièrement ses droits. La plus forte de ces contraintes, ce sont les risques d'avalanche. Là où les maisons se resserrent, c'est que l'espace manque entre deux couloirs d'avalanches. Il arrive d'ailleurs qu'on prenne soin de conserver un manteau forestier au-dessus des villages éventuellement menacés49
L'habitat temporaire : une forme d'habitat dispersé typique des zones de montagne
28Les villages de montagne des Alpes du nord s'organisent en trois parties : 1- les fonds de vallée et le bas des versants sont occupés par les emblavures et quelques prairies de fauche, 2- les milieux de versants des vallées glaciaires en auge, souvent très raides et donc impropres à la culture, sont occupés par des prairies et des forêts, 3- les zones d'altitude enfin, épaulement du sommet des versants de vallée en auge et revers des falaises calcaires, sont le domaine des alpages.
29Outre les bâtiments d'habitation, qui nous ont retenu jusqu'à présent, la zone des emblavures et des vignes compte un grand nombre de bâtiments isolés. La où les vignes sont présentes, là aussi des sartos (citurni), terme qui désigne, dans cette acception, non plus un cellier placé à l'intérieur d'une maison, mais un petit bâtiment dans lequel sont conservés les instruments nécessaires à la viticulture, pressoirs et cuves notamment50. Très souvent qualifiés de domus seu citurnus, il se pourrait bien que les sartòs soient en partie maçonnés.
30Les granges, elles, ne sont jamais assimilées à des maisons : c'est qu'elles sont intégralement en bois. Les inventaires après décès de notre échantillon en mentionnent trente-trois, qui comptent un, deux ou trois niveaux. Elles sont toujours associées à une pièce de terrain, généralement un pré. En effet, les granges se situent le plus souvent dans la zone de mi-versant La principale activité qu'on y pratique est la fauche. Or les réserves de foin, abondantes dans ces vallées qui ne connaissent pas la transhumance inverse, ne sont pas toujours descendues immédiatement vers la grange principale de l'exploitation, celle qui coiffe la maison d'habitation. Une partie est entreposée sur place et ne sera descendue qu'à l'automne, voire durant l'hiver, sur des luges, lorsque de la place sera faite dans la grange principale. En outre, le foin achève ainsi de sécher à l'écart de l'habitation, ce qui est encore un moyen de prévenir les incendies. Par ailleurs, cette zone de mi-versant comporte également des pâturages intermédiaires, dans lesquels les bêtes sont placées au printemps en attendant le mûrissement de l'herbe des alpages. C'est pourquoi l'on y trouve aussi, mais en moins grand nombre que les granges, des abris pour les bêtes (bostar) et les pâtres (cabanna). Ces bâtiments étaient souvent détenus en indivision, comme les prairies sur lesquelles ils se trouvaient51. C'est ainsi qu'à la fin du Moyen Âge l'étage intermédiaire des hautes vallées était semé de centaines de bâtiments isolés, de facture assez sommaire probablement Trois siècles et demi plus tard, le cadastre sarde en donne encore 'exemple. En certains lieux, ils disparaîtront au cours du xixe siècle.
31Quant aux bâtiments d'alpage proprement dits, leur morphologie nous est mal connue. Le bâtiment principal, celui qui sert au logement des hommes et à la fabrication du fromage porte également le nom de cabanna ou chavanna, qui donnera le moderne chavanne. Outre les inévitables granges52 car on fauche sur le bas des alpages, la chavanne comporte en annexe un frédier (frederium) où l'on entrepose les fromages, et un enclos (par ou parum) où les vaches peuvent passer la nuit. Elle est couverte d'ancelles53.
32De même que la structure du peuplement de nos massifs nous a paru stable entre la fin du Moyen Âge et le commencement du xxe siècle, de même on conclura que la morphologie de l’habitat n'a guère varié. C'est vrai pour la structure des maisons d'habitation : moyennant les aménagements liés à l'évolution des structures familiales, on trouve, du xve au xxe siècle, les mêmes maisons-bloc à soubassement de pierre, superstructure et couverture de bois. C'est encore plus manifeste pour la morphologie et la disposition des greniers.
33En ce qui concerne, enfin, la disposition de l'habitat à l'intérieur du terroir villageois, la stabilité nous paraît l'emporter entre le xive et le xviiie siècle. Au siècle suivant, on constate parfois la disparition de certains habitats temporaires de mi-versant Quant à l'hypothèse d'un desserrement général des maisons d'habitation, il nous semble qu'elle reste à prouver.
Notes de bas de page
1 Elles se situent dans les massifs du Mont-Blanc (N.-D. du Lac, N. D. de la Gorge, Saint-Nicolas-de-Véroce, Saint-Gervais), du Giffre (Sixt, Samoëns, Arâches), du Chablais (Mégevette, Boëge, Saint-Jean-d'Aulps, Les Gets), et des Bornes-Aravis (Mont-Saxonnex, Cordon, Combloux), ainsi que dans le Val d'Arly (Megève, Flumet, N.-D. de Bellecombe, Saint-Nicolas-la-Chapelle).
2 Archives vaticanes, Coll. 259.
3 Piccard, Chanoine L.-E., « L'abbaye d'Abondance. Documents », Mémoires et Documents de l'Académie chablaisienne, 19,1905, doc. 22, p. 85-135.
4 Raulin, Henri, L'Architecture rurale française. Savoie, rééd. Montmélian, La Fontaine de Siloé, 1993, p. 25.
5 Carrier, Nicolas, La Vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 244-249.
6 Piccard, Chanoine L.-E., « L'abbaye de Filly », Mémoires et Documents de l'Académie chahlaisienne, 7, 1893, p. 42-43.
7 Les feuilles concernant les paroisses étudiées se trouvent aux Arch. dép. de Haute-Savoie.
8 Raulin, Henri, op. cit., p. 21.
9 Voir note suivante.
10 Raymond Payot, de Chamonix, hypothèque « ypodium inferius domus sue » (Arch. dép. de Haute-Savoie, 2E 3012, fol. 144 (1463)).
11 Carrier, Nicolas, op. cit., p. 96-99, 216-218,231-243.
12 Arch. dép. de Haute-Savoie, 2E 3015, fol. 7 (1471).
13 Pierre Michalle possède dans la maison de ses fils « unam cameram seu soturum cum clave decenter claudentem » (Arch. dép. de Haute-Savoie, 2E 3012, fol. 81 (1462)).
14 Carrier, Nicolas, op. cit., p. 81, 256.
15 Le bétail de Michaud Pyon est inventorié « infra domum supra fonte dou Perreyt situatam » (Compte de châtellenie de Charousse (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute).
16 « Quandam domum moraturam quatuor spodiorum cum plateis et curtinis ejusdem, cum quodam granerio nemoris sapini, una cum medietate cujusdam granerii seu freyderii mirati (sic) cum bostare et edificio dicto granerio murato contiguo, una cum etiam quodam parvo curtili continentem unam fosseratam, juxta itinera publica superius et inferius ». (Compte de châtellenie de Charousse (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute).
17 « A Johanne Ros des Mianz quia transmutavit porcheriam existentem inter murum domus morative dicti Johannis et terram liberorum Peroneti Tinet ultra ipsorum voluntatem : VI s. » (Compte de châtellenie de Samoëns (1429-1430), Arch. dép. de Savoie, SA 14437, banna concordata).
18 « De frumento reperto in domo seu grangia dicti Johannis Servagii ». Il s'agit d'une maison à trois niveaux (Compte de châtellenie de Charousse (1434-1435), Arch. dép. de Savoie, SA 13095(3), excheute criminosorum).
19 « A Glaudio [...] Addam, inculpato citurnum Martini Gentilis fregisse, in coque octo caseos robasse : V fl. » (Compte de châtellenie de Montjoie (1482-1483), Arch. dép. de Savoie, SA 14103(1), banna concordata).
20 Compte de châtellenie de Charousse (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute.
21 Compte de châtellenie de Montjoie (1470-1471), Arch. dép. de Savoie, SA 14092, banna concordata.
22 Le Roy Ladurie, Emmanuel, Histoire du climat depuis l'an Mil, rééd. Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1983,1.1, p. 185.
23 Carrier, Nicolas, op.cit., p. 292.
24 Valais : Dubuis, Pierre, Une Économie alpine à la fin du Moyen Âge. Orsières, l"Entremont et les régions voisines, 1250-1500, Sion, Cahiers de Vallesia, 1990, t 1, p. 95. Val d'Aoste : Remacle, Claudine, « Les Maisons rurales en pierre au Val d'Aoste : diversité fonctionnelle et caractères architecturaux (xve-xvie siècles) », dans Le village médiéval et son environnement. Études offertes à Jean-Marie Pesez Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 206.
25 Cité dans Le Roy Ladurie, Emmanuel, op. cit., t. 1, p. 220.
26 Le châtelain de Montjoie achète « sex milliares et tres centos grossorum scindulorum, (...) longtudinis duorum pedum et dirmdii vel circa, et latitudinis unius pedis, (...) incluso pretio undecim milliarium et dimidii grossorum clavinorum longitudinis unius palmate » (Compte de châtellenie de Montjoie (1356-1357), Arch. dép. de Savoie, SA 14002, opera castri). En 1387, le prieur de Chamonix fait acheter « XIC cindulli larsie » (Arch. dép. Haute-Savoie, 10 G 226, dépenses). La « larze » est le mélèze.
27 Compte de châtellenie de Montjoie (1389-1392), Arch. dép. de Savoie, SA 14022, banna concordata.
28 Un curieux acte notarié chamoniard témoigne et de la crainte qu'on avait des incendies, et du risque réel qu'ils représentaient : « Peronetus Fabri ex una parte et Raymondus Paviot parte ex altera invicem loquentibus et murmurantibus de quadam fabrica quam dictus Raymondus in Rota furnorum edifficare et construrere volebat, dictus Peronetus Fabri dixit et protulit bec verba sequentia vel in effectu similia, quod de fabrica exierat ignis qui combuxit (...) villam Campi Muniti vocatam Rota furnorum et propter fabricam combusta extitit dicta villa. De quibus premissis dictus Raymundus Paviot sibi fieri petiit (...) litteram testimonialem » (Arch. dép. Haute-Savoie, 2E 3014, fol 26).
29 Cursente, Benoît, Des Maisons et des hommes. La Gascogne médiévale (xie-xve siècles), Toulouse, 1998, p. 47.
30 Arch. dép. de Savoie, 2E 3013, fol. 31v (1466) : Nobles Angelon et Amédée de la Ravoire vendent à Raymond Payot, de Chamonix, « quoddam casale domus seu quandam peciam terre » sur lequel l'acheteur doit construire une maison. Valais : Dubuis, Pierre, op. cit., t. 1, p. 95. Queyras : Mouthon, Fabrice, art. cit., p. 51.
31 Perillat, Jean-Claude, « Les Paysages agraires du Bas-Chablais », Mémoires et Documents de l'Académie chablaisienne, 57,1966, p. 88.
32 « Recepit à Bosone Cornerii (...) pro quodam casali domus sito in villa Baptitorii, sibi pro tanto albergato et pro usagiis consuetis: XII s. » (Compte de châtellenie de Montjoie (1383-1385), Arch. dép. de Savoie, SA 14018, introgia).
33 « Quandam domum trium spodiorum moraturam cum quodam granerio et furno retro predictam domum situatis » (Compte de châtellenie de Charousse (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute hereticorum, Johannet Belleys).
34 Compte de châtellenie de Montjoie (1410-1411, 1415-1416), Arch. dép. de Savoie, SA 14037, 14039, dépenses.
35 Robert, Jean, « Le Grenier isolé dans la zone intra-alpine du nord », Revue de Géographie Alpine, 21, 1933, p. 471-495.
36 En 1426, le châtelain de Charousse achète un grenier à un habitant de Saint-Gervais. Deux charpentiers passent une journée « ad dismergendum ipsum granerium pro ipso portando a dicto loco Sancti Gervasii apud Passiacum [Passy] ubi portatum fuit et situatum in platea ale antique mercati dicti loci Passiaci ». Le transport nécessite l'emploi de deux bœufs et probablement d'une charrette (Compte de châtellenie de Charousse (1426-1427), Arch. dép. de Savoie, SA 13087).
37 « Libravit in emptione unius miliarii sandulli grossi et largi pro dicto granerio recoperiendo » (Compte de châtellenie de Montjoie (1375-1377), Arch. dép. de Savoie, SA 14015). « Libravit Legerio de Pratis, fabro, pro pretio unius granerii novi et garniti de grossa et larga fera cum grosso ferrollio et bonis esparris in hostio, videlicet de ferro, cum tecto et tecti edifficio » (Compte de châtellenie de Montjoie (1410-1414), Arch. dép. de Savoie, SA 14037, opera granerii).
38 « A Johanne (...) Coudrey (...) super eo quod intitulabatur (...) fregisse (...) seram granerii Colleti Rubini, illudque intrasse et cepisse certa linteamina, farinam frumenti, butirum, certa capitegia, caseos, candelas et vinginti grossos monete : XXV fl. pp. » (Arch. dép. de Savoie, 7 Mi 16 (R 12), recepta compositionum (1487)).
39 « Quandam domum trium spodiorum moraturam cum plateis et curtinis ejusdem, cum quodam granerio sapini et furno dicte domui contiguis » (Compte de châtellenie de Charousse (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute hereticorum, François Freppaz).
40 Raulin, Henri, op. cit., p. 23-24.
41 Blanchard, Raoul, Lis Alpes occidentales, t. 3, Les grandes Alpes françaises du nord, Grenoble, Artaud, 1943, p. 134.
42 Abry, Christian, Devos, Roger, Raulin, Henri, Les Sources régionales de la Savoie, une approche ethnologique, Paris, Fayard, 1979, p. 74-77, le cas du village du Mont (paroisse de Sixt, haut Giffre).
43 Compte de châtellenie de Montjoie (1377-1379), Arch. dép. de Savoie, SA 14016.
44 Ainsi dans le village (aujourd'hui disparu) de Bonneville au-dessus de Chamonix : Jean Terceys vend « medietatem cujusdam domus site (...) juxta domum heredum Johannis Landruz ex vento, juxta domum qui fuit Perreti Rochex ex bisia, juxta domum Francisa et Johannis Ravanel, itinere intermedio » (Arch. dép. Haute-Savoie, 2E 3012, fol 39 (1461)).
45 Deux maisons peuvent être assez proches pour partager la même cour : Dans les biens de Jean Massy l'on trouve « quandam domum trium spodiorum cum medietate curtinarum ibidem sitarum, (...) juxta plateas alterius domus qui dudum fuit dicti Johannis Massy » (Compte de châtellenie de Charousse (1431-1432), Arch. dép. de Savoie, SA 13096(1), nova sufferta).
46 Fréquentes mentions telles que : « Unam domum (...) sitam in villa de Comba, unacum quodam curtili dicte domui contiguo » (Reconnaissances Bellegarde (1472), Arch. dép. Haute-Savoie, SA 18659, fol. 54).
47 Laurent Chevallier possède une demi-fosserée de terre « subtus ortos de Mathonay » (Compte de châtellenie de Samoëns (1412-1414), Arch. dép. de Savoie, SA 14421, excheute).
48 D'où d'inévitables problèmes de servitudes : Johannette Pache vend « quandam grangiam sitam in villa de Mont Ros, juxta possessiones liberorum Johannis Mugnerii ex oriente et vento et bisia et juxta possessiones (...) Johannis Folliguet et ejus liberorum ex occidente, cum casali et curtinis, cum introitibus, transsitibus et exitibus, ad eundum et redeundum ad eandem grangiam, videlicet per aream liberorum Johannis Mugnerii ex parte venti et etiam per ante domum eorumdem liberorum ex eadem parte venti ; et per inter domos Peronete uxoris Francisci Vouterii et domum [...] liberorum Johannis Vuchardi ex parte bisie, cum suis animalibus omni tempore in toto anno » (Arch. dép. Haute-Savoie, 2E 3012, fol. 132 (1463)).
49 Cf. cet article des franchises de Salvan (Valais occidental) en 1324 : « Quicumque cindit vel destructat lignum viride vel sicum de nemore dicto "Bannum" supra villam dt Salvans est in banno sexaginta solidorum » (Original perdu, connu par une copie de 1438, Arch. de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, T 15/1/2. Je remercie M. Raymond Lonfat de m'avoir communiqué ce texte).
50 Albergement d'une pièce de vigne « cum quodam citurno, torculari et tinis in eadem pecia vinee sitis et existentibus » (Compte de châtellenie de Charousse (1428-1429), Arch. dép. de Savoie, SA 13089(2), excheute).
51 « In clauso de Sougenex, circa tres seyturutas prati, nemoris et riparii cum quadam grangie duorum spodiorum in dicta pecia situata. [...] Due seytorate prati site loco dicto en Rytors, cum quodam bostare infra dictam peciam situato » (Compte de châtellenie de Samoëns (1465-1466), Arch. dép. de Savoie, SA 13126, excheute hereticorum). « De tertia parte [pro] indiviso [...] cujusdam pecie prati, jorie, exerti ac pasqueragiorum site infra montem de Cuydex [...] cum tertia parte indivisa ut supra duarum grangiarum et unius cabane intro. » (Ibid (1484-1485), Arch. dép. de Savoie, SA 14492, excheute).
52 En 1487, les consorts de l'alpage de Rontine obtiennent la liberté de « edifficare cabannas et grangias ubi voluerint » (Compte de châtellenie de Samoëns (1487-1488), Arch. dép. de Savoie, SA 14495, de bannis missilerie montis Rontine).
53 « Libravit in operibus et reparatione cabane montis domini de Villier : [...] primo fieri facere seu elargiare par vacharum, ad finem quod dum reponuntur, omnes vache interesse possint insimul [...]. Item tres centum scindulorum et totidem de clavino ad coperiendum seu reparandum tectum freyderii dicte cabane in quoquidem reponuntur casei » (Compte de châtellenie de Charousse (1458-1459), Arch. dép. de Savoie, SA 13119, dépenses).
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008